GREECE
RÉPUBLIQUE HELLÉNIQUE
COMMISSION NATIONALE POUR LES DROITS DE L' HOMME
Allocution prononcée par le professeur L.-A. Sicilianos Vice-président,
première section
Durban, le 4 septembre 2001
Madame la Présidente,
La Grèce compte parmi les rares pays au monde qui ont pu percevoir les
deux côtés de la médaille du phénomène xénophobe
: de pays d'émigration, la Grèce est devenue progressivement un
pays d'immigration, voire un pays de transit dans une des régions chaudes
de la planète. A titre indicatif, on relève qu' ici même,
dans la région de Durban, la communauté hellénique compte
près de 5000 membres, au même moment où en Grèce
les immigrés atteignent au moins 8% de la population totale du pays.
On aurait donc attendu que la société hellénique soit très
sensibilisée et tolérante vis-à-vis les immigrés,
les réfugiés et les demandeurs d'asile. Et pourtant, toutes les
statistiques montrent que tel est malheureusement de moins en moins le cas.
C'est précisément pour cette raison que la Commission nationale
hellénique pour les droits de l'homme s'est attelée à ce
problème depuis le début de ses travaux, en avril 2000. La Commission
a entrepris des études pour combattre le discours discriminatoire et
les stéréotypes xénophobes propagés par les média.
Par ailleurs, elle a soumis au gouvernement une série de propositions
en vue d'harmoniser pleinement le cadre législatif et la pratique administrative
concernant les réfugiés avec les standards internationaux. Dans
le même contexte, elle examinera très prochainement des propositions
relatives à la protection des droits sociaux des réfugiés
et des demandeurs d'asile, ainsi que les moyens de mise en oeuvre de la récente
directive communautaire sur l' égalité de traitement des personnes
indépendamment de leur origine racial ou ethnique.
Cependant, notre apport le plus important jusqu' ici dans le domaine qui nous
intéresse est la série d'observations et de propositions sur le
projet de loi concernant l'immigration des étrangers non communautaires.
Votée par le Parlement hellénique en avril 2001, cette loi vise
principalement à l'octroi de titres de séjour, selon des procédures
simplifiées, à plusieurs centaines de milliers d'immigrés
vivant actuellement en Grèce dans des conditions pour le moins précaires.
Devant la montée dangereuse des tendances xénophobes, il était
grand temps que la Grèce adopte une législation pour endiguer
ces phénomènes et intégrer les immigrés dans le
tissu social du pays. Malgré ses lacunes et ses défauts, la nouvelle
loi constitue un pas constructif, répondant, en partie du moins, aux
préoccupations exprimées récenunent par le Comité
sur l' élimination de la discrimination raciale. La Commission nationale
hellénique pour les droits de l'homme veille et continuera à être
vigilante sur l'application correcte de cette loi, ayant à l'esprit les
observations et les recommandations du CERD.
Ceci nous amène à évoquer un autre point, à savoir
la coordination et la coopération entre les instances de l'ONU et les
institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de l'homme.
La Commission grecque s' associe pleinement à la Déclaration prononcée,
au nom de toutes les institutions nationales, par le Président de la
Commission sud-africaine et salue vivement les efforts inlassables de S.E. Madame
Mary Robinson et de son Bureau pour promouvoir, entres autres, l'interaction
entre les mécanismes de l'ONU et nos institutions respectives. Les institutions
nationales disposent les informations et les compétences nécessaires
pour devenir des interlocuteurs privilégiés des différents
comités de contrôle et du CERD en particulier. Nous pouvons et
nous devons faire mieux pour assurer le suivi des recommandations de ces comités
et des autres instances et conférences des NU sur le plan national.
C'est dans cet esprit que la Commission nationale hellénique aura l'honneur
et le plaisir d'organiser à Athènes, en novembre prochain, l'atelier
euroméditerranéen des institutions nationales. Suite à
des consultations fructueuses avec la présidence marocaine et avec d'autres
collègues et amis qui représentent les institutions méditerranéennes,
nous nous proposons de centrer nos travaux sur l'immigration et l'asile. Ce
thème non seulement intéresse vivement l'ensemble des pays du
pourtour méditerranéen , mais il s'inscrit dans le droit fil de
la présente Conférence mondiale. Nous nous efforcerons ainsi,
avec les moyens dont nous disposons, d' apporter une contribution à la
mise en oeuvre de la Déclaration et du Plan d'action qui sera adopté
par cette Conférence.
Avant de terminer, permettez-moi, Madame la Présidente, d'exprimer notre
gratitude au Gouvernement et à la Commission nationale de l'Afrique du
Sud pour l'excellente organisation de la Conférence.
Je vous remercie.