Conférence Mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée
Déclaration de la Délégation de la République Islaminique de Mauritanie
Son Excellence Monsieur
Dah Ould Abdi
Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération
Durban, le 1" septembre 2001
Madame le Président,
Mme le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, MM. Les Ministres,
MM. les Ambassadeurs, Excellences Mesdames, Messieurs;
Permettez-moi tout d'abord de vous adresser mes vives et fraternelles félicitations
pour Votre élection à la présidence de cette Conférence.
Cette élection et le choix de votre pays frère pour abriter
cette importante rencontre constituent un hommage mérité à
la lutte héroïque menée par le peuple sud-africain contre
le système d'apartheid et un témoignage d'estime de la communauté
internationale tout entière à la nouvelle Afrique du Sud unie,
démocratique-.ex non raciale.
Nul doute que ce choix, à forte charge symbolique, aura un effet positif
sur nos travaux.
Les thèmes de cette Conférence sont d'une importance majeure
pour l'humanité. Le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie
et l'intolérance qui y est associée sont des fléaux qui
menacent les valeurs morales de solidarité et de tolérance ainsi
que l'unité et la cohésion des peuples, c'est pourquoi nous
devons les combattre collectivement et sans relâche.
Notre présente Conférence qui s'inscrit dans la suite logique
de celles organisées en 1978 et 1983 a, en plus, la particularité
de se tenir à l'aube d'un nouveau millénaire et suscite par-là
une nouvelle espérance de voir la Communauté internationale
jeter les bases d'un nouveau monde uni, solidaire et plus équitable.
Mon pays croit fermement à l'avènement d'un tel monde et estime
que cette Conférence pourrait y contribuer sérieusement.
C'est pour
cette raison que nous avons accordé un intérêt majeur
à sa préparation. En effet, une Journée nationale préparatoire
a été organisée à la veille de la Conférence
régionale africaine de Dakar, le 20 janvier 2001, et un séminaire
de restitution des Actes de cette réunion régionale a suivi
au mois de mai.
Ces deux
manifestations ont été l'occasion d'un dialogue fécond
avec la société civile dont la participation est encouragée
par la politique élaborée par notre gouvernement pour la promotion
et la protection des droits de l'homme, en conformité avec notre Constitution.
Se réclamant,
en effet, dans son préambule, de la Déclaration Universelle
des droits de l'homme et de la Charte Africaine des droits de l'homme et des
peuples, la Constitution Mauritanienne consacre, dans son article premier,
les droits fondamentaux de l'homme, affirme l'engagement de la République
à assurer l'égalité de tousles citoyens sans distinction
aucune et punit toute propagande à caractère racial ou ethnique.
Elle instaure
la primauté des Conventions internationales sur les lois nationales
et ouvre aux citoyens la possibilité d'invoquer directement leurs dispositions
devant les juridictions nationales.
Soucieux
par ailleurs de consolider davantage l'Etat de droit et conscient de l'interdépendance
des droits de l'homme, le gouvernement a mis en place, en 1998, un Commissariat
aux droits de l'homme, à la lutte contre la pauvreté et à
l'insertion.
La création
de cet organe reflète l'indivisibilité des droits de l'homme
et découle d'une conception unifiée du développement
selon laquelle progrès économiques et progrès politiques
doivent aller de pair.
L'une des
vocations de cette institution est aussi de renforcer le dialogue et la concertation
avec la société civile. A son bilan s'inscrit déjà
l'adoption d'un Cadre Stratégique de lutte contre la pauvreté
dont la mise en aeuvre permettra d'atteindre, notamment, les objectifs internationaux
en matière d'éducation, de santé et d'alimentation.
Ces efforts
viennent d'être complétés par la signature d'un Accord
de coopération technique avec le Haut Commissariat des Nations Unies
aux droits de l'homme qui vise à promouvoir un Plan National d'Action
en matière de droits de l'homme.
Madame le
Président,
Cette conférence
se tient à un moment où, au Moyen-Orient, la situation dans
les territoires occupés constitue une source de préoccupation
pour nous tous. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire
baisser la tension, assurer la protection au peuple palestinien frère,
aux lieux et à tous ses symboles identitaires, en demandant à
cet égard le retrait d'Israël sans conditions de la Maison d'Orient.
Epris de
paix, mon pays considère que l'option de paix est un choix stratégique
dont les conditions ont été fixées par la légalité
internationale.
Cette paix
doit être fondée sur le recouvrement par le peuple palestinien
de ses droits nationaux inaliénables, y compris l'établissement
d'un Etat indépendant avec pour capitale la ville sainte d'El Qods,
et le retrait d'Israël de tous les territoires arabes occupés.
Nous sommes
persuadés que la voie de la négociation reste le meilleur moyen
d'éliminer les sources de tension et d'affrontements dans la région
et donc de parvenir à cette paix juste; globale et durable.
Madame le
Président,
En conclusion,
je voudrai souligner encore l'immense responsabilité devant laquelle
nous sommes placés. Celle d'imaginer des mesures appropriées
pour que les sociétés d'aujourd'hui et de demain soient débarrassées
à jamais du fléau du racisme, de la discrimination raciale,
de la xénophobie et de l'intolérance qui y est associée.
Dans ce
combat, la Mauritanie exprime sa disponibilité et sa volonté
de continuer à aeuvrer en vue de créer une synergie d'actions
porteuses de résultats positifs qui traduisent en actes concrets les
engagements pris par les Etats membres des Nations Unies, en vertu de la Charte,
d'instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.
La Conférence
de Durban sera jugée sur la base de son apport concret à l'instauration
de telles conditions. Elle devra inventer les ressorts d'une véritable
solidarité internationale et adopter un Agenda constructif pour le
XXIème siècle, pour que s'ouvre une nouvelle ère d'épanouissement,
de prospérité et de paix pour tous.
Je vous
remercie, Madame le Président