IOM International Organisation for Migration
OIM Organisation Internationale pour les Migrations
OIM Organizacion Internacional para las Migraciones
Conférence mondiale contre le Racisme,
la Xénophobie et l'Intolérance qui y est
associée
Intervention de l'Organisation
internationale pour les migrations (OIM)
DURBAN
31
août - 7 septembre 2001
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Délégués,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi, Madame la Présidente, de vous féliciter
d'avoir été choisie pour diriger les débats de cette Conférence
dont l'importance ne saurait être sous-estimée ; en effet, le racisme,
la xénophobie et l'intolérance sont des phénomènes
indignes de notre temps et nous devons les éradiquer. J'adresse également
mes remerciements à Mme Mary Robinson pour le travail de préparation
difficile et semé d'embûches qu'elle a accompli avec fermeté
et doigté.
Tout au long de la préparation de cette Conférence,
l'OIM a joué un rôle actif par sa participation et ses propositions
soumises lors des différentes Conférences régionales et
des commissions préparatoires. C'est avec satisfaction que l'OIM constate
que la plupart de ses suggestions ont trouvé leur place dans le texte
de la Déclaration et le Plan d'action présentés ici à
Durban. Le racisme et la xénophobie à l'encontre des migrants
constituent un souci permanent pour l'OIM qui, en collaboration avec le Bureau
international du Travail et l'Office du Haut Commissaire aux Droits de l'homme,
publie, en marge de cette Conférence, un document intitulé : «
International Migration, Racism and Xenophobla ».
Madame la Présidente, au cours des dernières décennies,
la migration est devenue un sujet d'une actualité politique brûlante,
soulevant des passions, provoquant des abus, déchaînant des réactions
parfois violentes ; aucun pays n'a été épargné par
les problèmes dont est saisie notre Conférence. Déjà
à l'époque du plein essor économique, on assistait à
des actes de rejet et d'agression : qu'en sera-t-il en cette période
de tassement économique qui se profile en filigrane ? Force nous est
de constater que la réalité quotidienne est ponctuée de
manifestations à caractère raciste et xénophobe, dont sont
victimes au premier chef les migrants.
Dénoncer les écarts, les excès et les violences
est une chose nécessaire ; cependant, nous notons que l'ambiguïté
des situations et un certain laxisme, voire un manque de volonté politique,
confortent les milieux xénophobes et racistes dans leurs égarements,
faisant ainsi des migrants les boucs émissaires de leurs frustrations
et de leurs échecs. N'en arrive-t-on pas à assimiler les migrants
à leurs passeurs et trafiquants ? L'amalgame est aisé entre la
victime et son exploiteur.
Dire que les migrants ne migrent pas toujours de bon cceur serait
un truisme, mais la radicalisation de certains régimes pousse de plus
en plus les forces vives de ces pays à la migration. Ailleurs, les effets
pervers de la mondialisation qui font que le développement des pays riches
s'effectue au détriment des pays pauvres multiplient les flux migratoires.
Ailleurs encore, les conditions d'admission et les délais imposés
par les autorités des pays concernés développent tout un
processus qui pousse vers une clandestinité qui, invariablement, aboutit
soit à la dégradation de la dignité humaine soit à
la violence. Ailleurs enfin, le manque de concertation entre pays d'origine
et de destination ainsi que le non-respect par les migrants des modalités
d'entrée aboutissent aux mêmes résultats.
On en vient ainsi à oublier que les migrations, si elles sont bien organisées,
sont un facteur de développement non seulement pour le pays d'accueil
et le pays d'origine, ruais aussi pour le migrant lui-même. Or, dans toutes
les régions du monde, le migrant est de plus en plus perçu comme
un parasite ou un prédateur : dans les régions pauvres, car il
y a peu de choses à partager ; dans les régions riches, où
il sert de bouc émissaire à.tous les maux et tous les extrémismes.
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs,
L'OIM, depuis de nombreuses années, lutte contre ce fléau
tant au plan des principes que de l'action.
Au plan des principes, nous préconisons la cohésion
des actions dans la légalité et dans le respect de l'individu.
Nous demandons la ratification de la Convention internationale sur la protection
des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille,
ainsi que son application effective. Nous sommes pour le développement
de modèles et de cadres spécifiques ou généraux
permettant des flux migratoires ordonnés et humains. Nous appuyons tout
projet conçu réellement pour l'accueil et l'intégration
des migrants en situation régulière et de leurs familles et prenant
en compte l "individu en tant qu'être humain, ainsi que son origine
culturelle, ethnique et socio-économique. Nous soutenons le retour dans
la dignité et la sécurité des migrants en situation irrégulière.
Au plan de l'action, l'OIM intervient dans tous les domaines
où les migrants ont besoin d'appui et de sécurité, et les
pays de conseils et de cadres qualifiés ; à titre illustratif,
mentionnons les activités suivantes
Information du public par la diffusion de programmes de protection et de prévention contre le racisme et la xénophobie.
Trait d'union entre le droit et le fait : l'OIM, par sa présence et ses actions, protège les migrants en s'appuyant sur les normes garantissant les droits de tous les migrants, quel que soit leur statut.
Appui aux Etats pour gérer les flux migratoires, dans le respect des normes internationales en vigueur.
Programmes de retour et de réinsertion.
Facilitation de la migration de la main d'oeuvre et appui aux migrants dans les pays d'accueil.
Mesures contre la traite des personnes et contre le trafic illicite des migrants.
Formation et renforcement des capacités des fonctionnaires nationaux.
Protection et assistance particulières aux populations migrantes vulnérables, notamment dans des situations d'urgence.
En conclusion, Madame la Présidente, FOIM souhaite émettre
les recommandations suivantes, simples mais essentielles, qui permettront de
réaliser des progrès substantiels en la matière
Tout d'abord, la ratification de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.
Deuxièmement, la ratification du Protocole des Nations Unies contre le trafic des migrants par terre, air et mer, et du Protocole des Nations Unies visant à prévenir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants.
Troisièmement, l'extension de la mise en ceuvre d'approches régionales encouragées par l'OIM, favorisant ainsi une gestion harmonieuse des flux basée sur la concertation entre les pays d'origine, de transit et d'accueil.
Enfin, l'adhésion à l'OIM de tous les Etats confrontés aux défis de la migration, afin qu'ils puissent élaborer des solutions concertées et équitables aux problèmes posés par la migration.
Ces mesures sont simples, mais leur mise en ceuvre n'apportera
une réponse durable à l'éradication des problèmes
dont nous sommes saisis que si le migrant ne sera pas ou plus perçu par
la collectivité d'accueil comme un individu taillable et corvéable
à merci, sujet à la discrimination, au racisme rampant ou déclaré,
et aux autres formes d'intolérance. Ces mesures ne seront un instrument
de progrès et de civilisation que si nos sociétés sont
désireuses de faire ceuvre de progrès et de civilisation.
Je vous remercie.