TOGO
STATEMENT BY
H.E. MR GNASSINGBE EYADEMA
Monsieur le Président de la République Sud-Africaine,
Monsieur le Secrétaire
Général de l'ONU,
Messieurs les Chefs d'Etat
et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les
Chefs de Délégations,
Monsieur le Président
de l'Assemblée Générale de l'ONU,
Madame la Présidente
de la Conférence
Mondiale Contre le Racisme,
la Discrimination Raciale, la Xénophobie
et l'Intolérance,
Madame le Haut Commissaire
des Nations Unies aux droits de l'Homme, Secrétaire Générale
de la Conférence,
Mesdames et Messieurs les
Ministres,
Mesdames et Messieurs les
Ambassadeurs et Représentants des Organisations Internationales,
Honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,
Qu'il me soit tout d'abord
permis de renouveler, au nom du peuple togolais, au nom de son gouvernement
et en mon nom personnel, mes sincères condoléances au Président
de la République Sud-Africaine, Son Excellence M. Thabo MBEKI à
la suite du décès de son père.
Je voudrais également
lui exprimer mes plus vifs remerciements pour m'avoir invité à
prendre part à cette Sème Conférence Mondiale sur le racisme,
la discrimination raciale, la xénophobie et les autres formes d'intolérance
connexes.
Je voudrais saisir la même
occasion pour exprimer aux autorités et au peuple frère sud-africains,
mes sentiments de vive gratitude pour l'accueil chaleureux qu'ils m'ont réservé
ainsi qu'à la délégation qui m'accompagne, depuis notre
arrivée à Durban qui a le privilège d'abriter cette Conférence
dont l'importance atteste de la présence ici d'éminentes personnalités
venues des quatre coins du monde.
Enfin, j'adresse mes très
vives et chaleureuses félicitations au Secrétaire Général
de l'Organisa tion des Nations Unies, pour l'heureuse initiative qu'il a prise
de faire tenir à Durban, cette rencontre dont l'objectif est d'éclairer
davantage l'opinion internationale sur les méfaits du racisme et de poursuivre
la lutte engagée depuis trois décennies contre la discrimination
raciale.
En effet, 1e racisme, que
rien ne peut étayer, ni dans son fondement, ni dans son essence, a été
et demeure un ensemble incohérent d'opinions et de comportements qui
ont fait trop c? e tort à nos peuples et à notre continent.
C'est parce que le racisme
est Lin crime contre l'humanité dont 1`s peuples noirs ont été
les victimes que le devoir de mémoire nous impose l'obligation de rétablir
la vérité et de faire prendre conscience à la communauté
internationale de la nécessité de réparer 1e préjudice
causé à l'Afrique.
Au nom du racisme, combien
d'hommes, combien de femmes et combien d'enfants ont été arrachés
de force à l'Afrique et embarqués dans les soutes des caravelles
à destination du nouveau monde ?
Au nom du racisme, combien
de nos ancêtres ont eu les chaînes rivées au cou, aux pieds
et aux bras ?
Messieurs les Chefs d'Etat
et de Gouvernement,
Mesdames. et Messieurs,
A l'aube du Sème
millénaire, la communauté internationale doit se mobiliser pour
combattre le racisme et effacer de la mémoire et du subconscient des
hommes, le concept de la supériorité d'une race sur l'autre.
Car cette idée,
malheureusement, a servi pendant trop longtemps, de prétexte pour justifier
l'esclavage, la négation de 1a dignité des peuples noirs et légitimer
la colonisation.
La déclaration universelle
des droits de l'homme des Nations Unies du 10 décembre 1948, en réaffirmant
la non discrimination raciale, a posé les premiers jalons dans la voie
du nouveau combat contre le racisme sous toutes ses formes.
Les conventions qui ont
été adoptées par les Etats, sous les auspices de l'ONU,
pour la ~~rotection et la promotion des droits de l'homme, pour l'élimination
et la répression des crimes d'apartheid, des crimes contre d'humanité,
etc.. etc.., constituent des progrès significatifs dont nous pouvons
nous féliciter.
Mais, nous devons rester vigilants et discerner les formes pernicieuses que
prend le racisme, depuis qu'il est ouvertement combattu.
L'exclusion sociale, l'extrême
pauvreté, la prostitution des jeunes filles, le travail forcé
des enfants et leur enrôlement dans les guerres, sont d'autres formes
de racisme et d'esclavage.
La condition des peuples
déshérités qui ont contracté des prêts à
des taux usuraires et qui n'arrivent pas à s'acquitter de leurs dettes,
n'est pas différente de la servitude qu'engendrent le racisme et l'esclavage.
C'est pourquoi, le devoir de mémoire nous impose l'obligation de mettre
constamment l'accent sur 1a dépendance économique et le sous-développement
de l'Afrique qui résultent, en partie, du racisme et de cinq siècles
d'esclavage.
Le devoir de mémoire
nous impose également l'obligation de rappeler à la communauté
internationale la nécessité de consentir des réparations
à l'Afrique, en considérant l'annulation des dettes africaines
comme une partie de ces réparations.
La vérité, le pardon, la réconciliation, la solidarité
sociale et la lutte contre la pauvreté qui gou vernent la politique sud-africaine
après l'apartheid, doivent animer et guider nos réflexions, pour
déboucher sur un plan d'actions cohérent.
Le peuple noir n'a pas
oublié, mais il a pardonné. Nous voulons ici clamer haut et fort
la volonté de l'Afrique de contribuer à l'édification d'un
monde plus tolérant et plus uni, où vivront en parfaite symbiose,
les peuples de tous les horizons, de toutes les familles ethniques, de toutes
les cultures, de toutes les religions et de toues les civilisations.
Dans ce monde nouveau, tous unis, nous combattrons la hiérarchisation
des hommes par leur couleur de peau et leur morphologie. Nous ferons renaître
une civilisation de métissage et de partage. Ainsi, nous bannirons les
préjugés, la haine, le mépris, la vengeance et le rej et
de l'autre qui sont les sources des conflits.
Dans la paix et la sécurité
retrouvées, nous réaliserons aisément la prospérité
et l'épanouissement de nos peuples.
Je souhaite plein succès à nos travaux.
Je vous remercie.