Droits fondamentaux des handicapés
Cinquante-sixième session
Point 131 b) de lordre du jour provisoire*
Questions relatives aux droits de lhomme :
questions relatives aux droits de lhomme,
y compris les divers moyens de mieux assurer
lexercice effectif des droits de lhomme
et des libertés fondamentales
Note du Secrétaire général**
I. Introduction
1. La présente note est soumise conformément à la résolution2000/51 de la
Commission des droits de lhomme, en date du 25 avril 2000[1], dans laquelle la Commission priait le
Secrétaire général de rendre compte tous les deux ans à lAssemblée générale
de létat davancement de laction engagée pour assurer aux handicapés
la pleine reconnaissance et lexercice sans réserve de leurs droits fondamentaux.
Cette demande a été approuvée par le Conseil économique et social dans sa décision
2000/268 du 28juillet 2000.
2. Le but de cette note est dinformer lAssemblée générale des faits
nouveaux importants dans ce domaine.
II. Organes de surveillance de lapplication des traités
A. Comité des droits de lenfant
3. Le Comité des droits de lenfant a systématiquement soulevé la question des
enfants handicapés. À la lumière des Règles pour légalisation des chances des
handicapés[2] et des
recommandations quil a adoptées lors de sa journée de débat général sur les
droits des enfants handicapés, le 6octobre 1997 (voir CRC/C/69, par. 338), le Comité a
recommandé la mise en place de programmes de dépistage précoce pour prévenir les
handicaps, la recherche de solutions de rechange au placement en institution des enfants
handicapés et lorganisation de campagnes de sensibilisation pour faire diminuer la
discrimination à lencontre de ces enfants et les intégrer dans la société.
4. Sagissant de la mise en oeuvre de larticle2 de la Convention relative
aux droits de lenfant[3], le
Comité a noté linsuffisance des mesures adoptées pour veiller à ce que tous les
enfants exercent pleinement les droits reconnus dans la Convention, notamment en ce qui
concerne laccès des groupes vulnérables à léducation et aux services de
santé.
5. À la lumière de larticle23 de la Convention, qui concerne les enfants
mentalement ou physiquement handicapés et qui repose sur le principe suivant lequel ces
enfants doivent mener une vie pleine et décente, dans des conditions qui garantissent
leur dignité, favorisent leur autonomie et facilitent leur participation active à la vie
de la collectivité, le Comité a déclaré que les États parties devraient élaborer des
programmes destinés à faciliter la participation active des enfants handicapés à la
vie de la collectivité. Il a encouragé ladoption dune approche axée sur
linsertion, permettant aux enfants handicapés de profiter de tous les services
offerts et de sépanouir dans leur milieu naturel, tout en disposant de services et
de programmes spécialisés adaptés à leurs besoins. Le Comité sest déclaré
préoccupé par linsuffisance dinfrastructures adéquates ainsi que par le
manque de personnel qualifié et détablissements spécialisés pour ces enfants.
6. Le Comité a aussi recommandé la collecte systématique, dans lensemble des
domaines couverts par la Convention, de données qualitatives et quantitatives
désagrégées sur toutes les catégories denfants, y compris les enfants
handicapés, afin dévaluer et de mesurer les progrès accomplis et de déterminer
limpact des politiques adoptées.
7. Dans lune de ses observations finales, le Comité a noté que, si le
pourcentage de handicapés parmi la population enfantine était faible, les enfants
handicapés étaient fréquemment abandonnés et en butte à la discrimination. À cet
égard, le Comité a recommandé que les États parties à la Convention étudient plus
avant les mesures nécessaires pour lutter contre la discrimination fondée sur le
handicap.
8. Le Comité sest par ailleurs déclaré préoccupé du fait que, dans certains
cas, un grand nombre de naissances ont lieu en labsence de travailleurs de la santé
compétents et a exprimé sa vive inquiétude devant les conséquences quune telle
situation pouvait avoir en aggravant les risques de maladie et de handicap découlant de
problèmes évitables liés à laccouchement.
B. Comité des droits économiques, sociaux et culturels
9. Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels a réalisé un important
travail en ce qui concerne linterprétation à donner aux principes juridiques
internationaux applicables aux handicapés. Dans son Observation générale No5 (1994)
relative aux personnes souffrant dun handicap, le Comité a défini les droits des
personnes souffrant de handicap et a mentionné explicitement leur droit à la santé
physique et mentale, à savoir notamment le droit aux services médicaux et sociaux leur
permettant datteindre et de conserver un niveau optimal dindépendance et
dactivité. Dans son Observation générale No 14 (2000), le Comité a donné une
interprétation opérationnelle du droit au meilleur état de santé susceptible
dêtre atteint, en réaffirmant les dispositions de lObservation générale No
5 concernant notamment le droit à la santé physique et mentale. Le Comité a souligné
la nécessité de veiller à ce que non seulement le secteur public de la santé, mais
également les fournisseurs privés de services et déquipements sanitaires
respectent le principe de la non-discrimination à légard des personnes souffrant
dun handicap.
10. Dans une observation finale, le Comité des droits économiques, sociaux et
culturels a noté que les déclarations des Nations Unies relatives à certains groupes de
personnes, tels que les minorités, les populations autochtones, les détenus et les
personnes handicapées nétaient pas encore traduites dans des instruments
juridiquement contraignants et que les dispositions relatives à certains de ces groupes
figuraient cependant dans dautres instruments universels tels que le Pacte
international relatif aux droits civils et politiques, la Convention de
lOrganisation internationale du Travail (OIT) concernant les peuples autochtones et
tribaux dans les pays indépendants ou la Convention de lOrganisation des Nations
Unies pour léducation, la science et la culture (UNESCO) concernant la lutte contre
la discrimination dans le domaine de lenseignement (E/C.12/1998/23, par. 117).
11. Le Comité a par ailleurs appelé lattention sur la situation particulière
des personnes atteintes de maladie mentale ou de handicap et sur la nécessité
dadopter une législation pour garantir que les droits qui leur sont reconnus par le
Pacte soient pleinement protégés (E/C.12/1/Add.10, par. 43).
C. Comité pour lélimination de la discrimination à légard des femmes
12. Dans un certain nombre dobservations finales, le Comité pour
lélimination de la discrimination à légard des femmes a noté que, bien
quil soit difficile de rassembler des données sur le rapport entre handicap et
droits fondamentaux, on peut facilement conclure que les handicapés vivent souvent dans
des conditions précaires. Parmi les principales causes de handicap, on trouve la
malnutrition, ainsi que linsuffisance des soins de santé, notamment les soins
prénatals, obstétricaux et postnatals et labsence de programmes
dimmunisation.
III.Mécanismes de la Commission des droits de lhomme
13. La Commission des droits de lhomme a continué de mettre laccent sur
les droits fondamentaux des handicapés. En outre, à la cinquante-septième session de la
Commission, en 2001, certains rapporteurs chargés denquêtes par thème ont établi
un lien entre la situation des handicapés et le non-respect des droits de lhomme.
14. Dans son premier rapport à la Commission, le Rapporteur spécial sur le droit à
un logement convenable a examiné les liens entre le non-respect des droits de
lhomme et la situation des handicapés. Sagissant des travaux des organes de
surveillance de lapplication des traités sur la question du logement convenable, le
Rapporteur spécial a noté diverses mentions du droit à un logement convenable dans
lObservation générale No5 (1994) du Comité des droits économiques, sociaux et
culturels, en ce qui concerne les personnes souffrant dun handicap. Dans cette
observation générale, le Comité mentionne les effets en matière de logement de la
discrimination fondée sur le handicap. Mentionnant la règle4 des Règles pour
légalisation des chances des handicapés[4],
le Comité a déclaré quoutre la nécessité de garantir aux personnes souffrant
dun handicap le droit à une alimentation suffisante et à un logement accessible et
de répondre à leurs autres besoins fondamentaux, il était aussi indispensable de
veiller à ce que ces personnes disposent de services dappui, aides techniques
comprises, pour les aider à acquérir une plus grande indépendance dans la vie
quotidienne et à exercer leurs droits. Par ailleurs, dans son rapport (E/CN.4/2001/53),
le Rapporteur spécial de la Commission sur le droit à lalimentation a noté
quune étude interorganisations[5]
réaffirmait que la sous-alimentation et la malnutrition permanentes graves menaient à la
mort précoce et étaient causes de nombreuses maladies entraînant presque toujours de
graves lésions comme un manque de développement des cellules cérébrales chez les
nourrissons ou la cécité par carence de vitamine A. Daprès cette étude, la faim
et la malnutrition permanentes et graves constituent aussi une malédiction héréditaire:
chaque année des dizaines de millions de mères gravement sous-alimentées mettent au
monde des dizaines de millions denfants gravement atteints.
15. Le Rapporteur spécial de la Commission sur la situation des droits de lhomme
en Afghanistan a mentionné dans son rapport (E/CN.4/2001/43 et Add.1) que le conflit
actuel faisait chaque jour de nouvelles victimes, tant en raison de la violence physique
que du stress psychologique et que, selon des estimations, de 3% à 4% des Afghans
étaient handicapés, au point davoir besoin dun certain type de service ou
dassistance.
16. Dans le rapport du Secrétaire général sur la protection des droits de
lhomme dans le contexte du VIH/sida (E/CN.4/2001/80), il a été noté que toute
nouvelle législation devrait explicitement mentionner linterdiction de
discrimination fondée sur la situation de handicapé.
IV. Activités du Haut Commissariat des Nations Nations aux droits de lhomme
17. Le Rapporteur spécial de la Commission du développement social sur la situation
des handicapés a été nommé en 1994 pour suivre lapplication des Règles pour
légalisation des chances des handicapés. Le mandat du Rapporteur spécial prévoit
quil fait rapport tous les deux ans sur ses activités à la Commission des droits
de lhomme. En conséquence, le Rapporteur spécial a présenté des rapports à la
Commission en 1996, 1998 et 2000. Dans la résolution 2000/51, la Commission a invité le
Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de lhomme, en coopération avec le
Rapporteur spécial sur la situation des handicapés, à examiner des mesures visant à
renforcer la protection et la surveillance des droits fondamentaux des personnes
handicapées et à solliciter des contributions et des propositions des parties
intéressées. Par cette résolution, la Commission a invité le Rapporteur spécial et
les personnes concernées par les droits de lhomme à traduire les normes
internationales en mesures concrètes susceptibles dinfluer sur les activités de la
Commission et sur les mécanismes quelle a mis en place, comme les rapporteurs de
pays et les rapporteurs chargés denquêtes par thème.
18. Comme suite à la résolution susmentionnée, le Rapporteur spécial a organisé un
séminaire pour examiner des moyens dappliquer la résolution et de faire une plus
large place aux droits de lhomme dans le débat sur la situation des handicapés.
Lobjectif du séminaire, qui sest tenu à Stockholm en novembre 2000, était
délaborer des directives pour recenser les violations des droits de lhomme et
les abus dont sont victimes les personnes handicapées et den rendre compte. Le
séminaire a présenté des recommandations à lintention des personnes concernées
par les droits de lhomme et des handicapés.
19. En outre, comme suite à la résolution de la Commission, le Haut Commissariat aux
droits de lhomme a décidé de renforcer ses travaux concernant la situation des
handicapés. Il a déjà renforcé son appui aux activités du Rapporteur spécial et a
décidé de mettre davantage laccent sur la question de la situation des
handicapés, notamment a)en encourageant les mécanismes mis en place par les Nations
Unies pour la défense des droits de lhomme, y compris les rapporteurs spéciaux et
les responsables des organes de surveillance de lapplication des traités, à
sintéresser davantage aux droits des handicapés et b)en encourageant des
organisations non gouvernementales soccupant de la question de la situation des
handicapés à développer leurs relations avec les mécanismes des Nations Unies
concernant les droits de lhomme.
20. Cest ainsi que le Bureau du Haut Commissariat au Cambodge a participé à un
groupe de travail non gouvernemental sintéressant à la situation des handicapés
qui a suivi lélaboration dun projet de loi sur la situation des personnes
handicapées, qui traite des droits de ces personnes, notamment sous langle de la
non-discrimination, de la santé et de la sécurité. Dans le cadre dun projet de
coopération technique entrepris en Ouganda par le Haut Commissariat (voir
E/CN.4/2001/104, annexe I), des préparatifs ont eu lieu en vue du lancement de
laudition publique sur la situation des handicapés le 23octobre 2000.
21. Le 17avril 2001, lors de la cinquante-septième session de la Commission des droits
de lhomme, le Haut Commissariat a organisé une réunion consultative rassemblant
gouvernements, organisations intergouvernementales et non gouvernementales, institutions
spécialisées et organes des Nations Unies et institutions nationales, commissions
nationales des droits de lhomme notamment, sur les droits de lhomme et la
situation des handicapés. Les consultations ont réaffirmé limportance des droits
de lhomme dans la situation des handicapés et la nécessité de renforcer les liens
entre le Rapporteur spécial de la Commission du développement social, le Haut
Commissariat aux droits de lhomme et la Commission des droits de lhomme. Elles
ont permis aux organisations non gouvernementales soccupant des personnes
handicapées de se déclarer prêtes à collaborer étroitement avec les mécanismes
internationaux des droits de lhomme et les institutions nationales de protection des
droits de lhomme et de réaffirmer leur engagement à accorder lattention
voulue, dans leurs activités, à la question des droits fondamentaux des personnes
handicapées. Elles ont également permis aux institutions nationales déchanger
leurs données dexpérience en ce qui concerne les pratiques visant à protéger et
à promouvoir les droits des handicapés.
22. La réunion consultative, ouverte par le Haut Commissaire aux droits de
lhomme, a été présidée par le Rapporteur spécial de la Commission du
développement social sur la situation des handicapés. Le Rapporteur spécial a rappelé
quil devait soumettre son rapport final à la Commission du développement social à
sa quarantième session, en 2002, et que lannée qui commençait représentait une
étape décisive dans la redéfinition dune politique internationale à
légard de la situation des handicapés. Les participants à la
réunion ont invité les gouvernements à sinvestir dans la promotion et la
protection des droits fondamentaux des handicapés et à prendre des mesures concrètes à
ce sujet. Ils se sont par ailleurs demandé sil y avait lieu dentreprendre la
rédaction dune convention internationale sur la situation des handicapés. En
dépit de divergences de vue sur ce point, un consensus sest dégagé sur la
nécessité daccorder plus dimportance à la situation des handicapés au
niveau international, notamment sous langle des droits de lhomme.
23. À la suite de ladoption de la résolution 2000/51 de la Commission des
droits de lhomme, dans laquelle la Commission a invité le Rapporteur spécial et le
Haut Commissaire à examiner des mesures qui permettraient de renforcer la protection et
le suivi des droits fondamentaux des handicapés, le Haut Commissariat a élaboré un
projet visant notamment à établir un cadre de travail permettant de tenir compte de
limportance des droits de lhomme dans la situation des handicapés et à aider
le Haut Commissaire à renforcer les engagements internationaux et nationaux en ce qui
concerne la situation des handicapés. La première activité entreprise dans le cadre de
ce projet devrait être la publication dune étude sur les droits de lhomme et
la situation des handicapés qui présenterait un inventaire et une évaluation des normes
et institutions existantes dans ce domaine et qui proposerait des choix pour
lavenir. Cette étude examinerait aussi la façon dont les mécanismes concernant
les droits de lhomme, y compris les organes de surveillance de lapplication
des traités, abordent la situation des handicapés.
* A/56/150.
** La note explicative demandée par lAssemblée générale dans
sa résolution 54/248 na pas été jointe au présent document.
[1] Voir Documents officiels
du Conseil économique et social, 2000, Supplément No 3 et rectificatif (E/2000/E et
Corr.1), chap. II, sect. A.
[2] Résolution 48/96 de
lAssemblée générale, annexe.
[3] Résolution 44/25 de
lAssemblée générale, annexe.
[4] Résolution 48/96 de
lAssemblée générale, annexe.
[5] Sous-Comité de la nutrition
du Comité administratif de coordination en collaboration avec lInstitut
international de recherche sur les politiques alimentaires, Fourth Report on the World
Nutrition Situation: Nutrition Throughout the Life Cycle, Genève, janvier 2000
(anglais seulement).
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