![]() |
||
Rapport du Secrétaire
général
|
Les États Membres devraient reconnaître que l’aide publique au développement permet dans une mesure essentielle de répercuter les avantages de la mondialisation jusqu’aux populations pauvres de nombreux pays à faible revenu et qu’elle devrait viser à réduire la pauvreté en créant une croissance soutenue et équitable. En vue de cet objectif, il s’impose, d’une part, de resserrer les partenariats qui lient les bailleurs de l’aide publique au développement aux pays bénéficiaires et, d’autre part, de fonder cette aide sur les stratégies de réduction et d’élimination de la pauvreté adoptées par les pays bénéficiaires euxmêmes, dans le cadre de leurs grands objectifs de développement. |
90. Les objectifs de développement énoncés lors
des grandes conférences et des sommets des années 90 et
réaffirmés avec force dans la Déclaration du Millénaire
– en particulier l’objectif de la réduction de la pauvreté
d’ici à 2015 – pourraient donc favoriser une relance de l’aide
publique au développement. En effet, en les maintenant sous les
feux des projecteurs, on pourrait obtenir deux résultats : premièrement,
tout progrès et toute absence de progrès vers lesdits objectifs
pourraient ainsi être suivis, des drapeaux seraient levés
à la moindre déviation hors de l’itinéraire souhaité
et il pourrait y avoir des incidences sur les apports de ressources et
les changements d’orientation pour les secteurs ou les pays qui prendraient
du retard; deuxièmement, les pays donateurs seraient peutêtre
plus motivés pour l’aide au développement si celleci était
liée à des activités particulières propres
à susciter l’intérêt du public en général
et, notamment, celui des contribuables et de l’opinion publique dans les
pays donateurs.
91.
Il serait irréaliste d’espérer que l’on puisse faire des
estimations fiables des ressources nécessaires à un si grand
nombre de pays sur 15 ans et que les bailleurs d’aide puissent s’engager
pour une période aussi longue. C’est pourquoi il faudrait mettre
en place un processus interactif permettant d’évaluer les besoins
et de déterminer les ressources nécessaires à la
réalisation des deux objectifs, à savoir le suivi des progrès
et la mobilisation des ressources. L’initiative interinstitutions prise
au cours du premier semestre 2000 (qui a mis à contribution l’Organisation
des Nations Unies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international
et l’Organisation de coopération et de développement économiques)
a constitué une première expérience intéressante
allant dans ce sens, qui a également fait ressortir la nécessité
d’une approche encore plus ouverte en terme de participants et d’objectifs.
On pourrait lancer une campagne vigoureuse, menée tambour battant,
qui permettrait de faire valoir avec plus d’énergie les besoins
en matière d’aide publique au développement dans les capitales
des pays donateurs et d’obtenir des mesures plus constructives de la part
des organismes internationaux d’exécution concernés.
Il faudrait lancer une campagne en faveur des objectifs de développement du millénaire, d’une durée limitée à cinq ans. Le but serait de rassembler les informations recueillies par divers organismes et par les gouvernements concernant les progrès accomplis dans différents pays en vue de ces objectifs, les implications de chaque phase de ces progrès en termes de coûts et les ressources dont on dispose pour les financer. |
92. La réalisation des objectifs de développement exige
l’adoption de politiques intérieures adéquates, le renforcement
des capacités nationales et de la cohérence des politiques
internationales, et l’amélioration des mécanismes d’acheminement
et de coordination de l’aide. Il faudra également : a) accroître
et les transferts de ressources et en assouplir les modalités;
b) adapter le degré de libéralité de l’aide (en prévoyant
notamment des subventions) aux objectifs et à la situation des
pays bénéficiaires; c) diversifier les modalités
de l’aide afin de donner aux pays bénéficiaires des options
variées adaptées à leurs besoins (y compris l’aide
d’urgence et l’aide humanitaire). À cet égard, la baisse
des contributions volontaires aux fonds et programmes des organismes des
Nations Unies qui s’occupent du développement est extrêmement
préoccupante.
Il faudrait demander aux pays donateurs de tout mettre en oeuvre pour augmenter l’aide publique au développement et honorer sans plus tarder les engagements pris dans ce domaine sur le plan international. Les donateurs devraient s’engager immédiatement à éviter toute baisse de l’aide publique au développement, et les pays où celleci reste encore très inférieure à 0,7 % du PNB devraient s’engager à honorer les résolutions qu’ils ont prises d’accroître régulièrement les montants en termes réels de l’aide publique au développement suivant un calendrier précis. En outre, il faudrait prier instamment les pays donateurs d’étudier systématiquement et avec détermination non seulement comment accroître les montants de l’aide publique au développement, mais également comment assouplir les modalités de la prestation de cette aide. |
93. Compte tenu de la diversité des situations respectives
des pays, l’APD ne peut apporter de solutions satisfaisantes que si elle
propose un ensemble équilibré de modalités et d’instruments,
notamment financiers. En raison de l’importante baisse des ressources
de base des organismes des Nations Unies s’occupant du développement,
le système de l’aide ne parvient plus parfois à faire face
et l’éventail d’options offertes aux pays en développement
et aux pays en transition se rétrécit.
Il faudrait prier instamment les pays donateurs d’accorder des moyens suffisants aux différentes institutions d’aide multilatérale pour qu’elles puissent s’acquitter de leur mandat et mettre en place plusieurs dispositifs de prestation et d’acheminement de l’APD. Ces dispositifs doivent être suffisamment variés pour répondre aux besoins des pays en développement et en transition tout en assurant un juste équilibre entre la diversité et l’efficacité de la prestation de l’aide. |
94. Ainsi qu’il est indiqué plus haut, l’APD ne peut apporter
de réponses satisfaisantes, compte tenu de la diversité
des situations des pays, qu’en proposant des instruments variés,
notamment financiers. Elle doit être suffisante, non seulement du
point de vue du montant global, mais également dans chaque catégorie
de ressources afin de répondre aux différentes demandes
d’aide. Ainsi, elle doit pouvoir répondre à des situations
où les subventions représentent la seule solution (situations
d’urgence, catastrophes naturelles et situations postérieures à
des conflits, coopération technique en vue de la création
d’un environnement favorable et assistance technique visant à développer
la capacité de gérer les apports d’aide). Elle doit également
prévoir le soutien à la balance des paiements, pour aider
les pays à surmonter les chocs causés par la détérioration
des termes de l’échange, le financement des dépenses publiques
pour les PMA et les autres pays à faible revenu, des aides spécifiques
pour les régions défavorisées des pays à revenu
moyen inférieur et le soutien, financier et autre, à des
initiatives régionales ou sousrégionales.
Il faudrait étudier régulièrement le volume et la composition de l’aide publique au développement et des apports connexes en essayant, notamment, de faire apparaître les déficits importants. Les organisations internationales compétentes devraient analyser les différents besoins et instruments relatifs au développement et essayer ensemble de voir où cette aide est insuffisante. Il importe tout particulièrement de faire ressortir les cas où l’aide au développement ne parvient pas aux régions ayant de vastes concentrations de populations vivant dans la pauvreté. Compte tenu des résultats de cette analyse et avec l’assistance du Conseil économique et social, il conviendrait de proposer aux organes directeurs des institutions compétentes des mesures coordonnées visant à remédier à l’insuffisance de l’aide dans les domaines les plus directement liés aux mandats et aux capacités de chacune. |
95. L’efficacité de l’aide dépend de deux types de facteurs. Le premier est lié aux conditions préalables logistiques et institutionnelles dans les pays bénéficiaires (notamment l’affectation des dépenses publiques à des domaines prioritaires se rapportant aux objectifs de réduction de la pauvreté). Le second concerne le montant et la nature des coûts de transaction du système de prestation d’aide. Des progrès considérables ont été réalisés ces dernières années pour comprendre les conditions préalables garantissant l’efficacité de l’aide. Elles relèvent des mêmes facteurs qui sont à l’origine de la mobilisation des ressources nationales et montrent que l’aide au développement ne peut être qu’un complément des efforts nationaux. Une politique nationale saine n’est pas seulement essentielle pour une utilisation efficace des ressources, elle fournit également la base sur laquelle l’assistance des donateurs doit être organisée. À cet égard, on peut mentionner deux conditions importantes pour l’efficacité de l’aide :
a)
Faire en sorte que les gouvernements bénéficiaires de l’aide
aient un rôle central dans la formulation des programmes qui seront
appuyés par les donateurs et les institutions internationales,
et qu’ils agissent de façon participative et transparente pour
contrôler l’incidence de l’assistance extérieure;
b)
Garantir que la réduction de la pauvreté soit effectivement
l’objectif principal de l’aide publique internationale, les politiques
macroéconomiques orientées sur la croissance et permettant
le développement étant l’un des principaux moyens pour ce
faire, ainsi que des mesures d’ajustement fiscal adaptées à
la situation de chaque pays.
96.
Un nombre croissant de pays bénéficiaires d’aide organisent
leurs plans et programmes nationaux de développement dans des cadres
globaux et attendent que les organismes extérieurs (y compris les
donateurs multilatéraux et bilatéraux) fassent en sorte
que leurs propres stratégies d’assistance fassent partie du système
de mise en oeuvre. Par ailleurs, il est important que les activités
d’analyse et de formulation de politiques se rapportant à des objectifs
de réduction de la pauvreté et à leurs liens avec
les stratégies nationales de développement. Les stratégies
de réduction de la pauvreté et le Plancadre des Nations
Unies pour l’aide au développement représentent des mesures
importantes dans cette voie et il convient d’analyser avec soin les premiers
résultats de leur mise en oeuvre.
Les pays en développement doivent adopter des cadres globaux favorisant une croissance équitable et formuler des stratégies de réduction de la pauvreté qui, en plus de guider les efforts nationaux, fourniraient l’orientation de l’aide extérieure et serviraient de base à partir de laquelle les donateurs individuels pourront formuler des stratégies d’assistance pour le pays. De même, les organismes donateurs doivent coopérer entre eux et avec le gouvernement du pays bénéficiaire afin de réduire le nombre de diagnostic et de programmation nécessaires. |
97. Tous les organismes bilatéraux et multilatéraux
de développement disposent de politiques opérationnelles
et sont soumis à des conditions de procédure qui régissent
leur intervention dans les pays en développement et en transition.
Elles portent sur des domaines aussi divers que l’évaluation environnementale
et sociale, les achats, la gestion et l’analyse financières, l’exécution
et l’évaluation des projets, ainsi que la formulation de stratégies
par pays et par secteur. L’un des problèmes majeurs est que, même
lorsque des organismes ont des objectifs similaires, leurs contraintes
particulières peuvent être différentes. En conséquence,
les bénéficiaires d’APD, en particulier les emprunteurs
plus pauvres et plus petits dont la capacité de mise en oeuvre
est limitée, font face à des difficultés administratives
majeures et à des coûts de transaction élevés
lorsqu’ils ont à faire avec des donateurs multiples.
98.
Le souci de réduire ces frais et complications et d’améliorer
les incidences du développement a conduit à une tentative
d’harmonisation. Il s’agit d’initiatives prises par les banques multilatérales
de développement, les fonds et programmes des Nations Unies et
d’autres donateurs, notamment la table ronde sur les politiques, les stratégies
et les pratiques faisant intervenir les banques multilatérales
de développement et le Groupe spécial du Comité d’aide
au développement de l’OCDE sur l’harmonisation des procédures
des donateurs. La solution la plus efficace et durable est toutefois que
les pays disposent de politiques opérationnelles saines et de cadres
de procédure pouvant servir de fondement à la gestion de
toutes les dépenses du développement, qu’elles soient financées
par les donateurs ou non. L’établissement d’une capacité
dans le pays à cet égard est donc essentiel pour garantir
l’efficacité de l’aide apportée.
Les organismes de donateurs doivent poursuivre en priorité leurs initiatives visant à simplifier et harmoniser les politiques et procédures opérationnelles. À cet égard, les donateurs multilatéraux et bilatéraux doivent s’efforcer d’aider les pays en développement et en transition à renforcer leurs propres capacités de conception et de gestion de politiques et procédures opérationnelles. |
99. En plus d’harmoniser les procédures et d’accroître
la souplesse des mécanismes d’aide, il est nécessaire pour
réduire les coûts de transaction de coordonner les interventions
des donateurs tout au long du cycle de participation. Le système
actuel de réunions de groupes consultatifs et de tables rondes
a évolué pour rendre compte de l’importance de plus en plus
reconnue d’un accroissement du contrôle local. Des mesures plus
énergiques sont désormais nécessaires à cet
égard, dans la droite ligne du Cadre intégré de développement
et autres initiatives similaires, afin de garantir que le contrôle
local n’est pas seulement assuré par le gouvernement du pays bénéficiaire
mais également par la société civile.
La manifestation de haut niveau doit faire sien le principe que les pays bénéficiaires doivent être non seulement les principaux architectes des programmes de développement mais également la pierre angulaire des mécanismes de coordination de l’aide, avec l’appui, selon qu’il convient, des organisations internationales et des donateurs bilatéraux concernés. La coordination des donateurs doit se faire dans le pays, sous la direction du gouvernement bénéficiaire. |
100. Alors que les enseignements en matière d’efficacité
de l’aide ont été systématiquement analysés,
les donateurs ont entrepris de concentrer les ressources dans les pays
demandeurs où l’environnement semble favoriser une aide efficace.
Ils ont cessé les flux financiers vers des destinations où,
du fait des politiques socioéconomiques ou des régimes de
gouvernement en vigueur, l’aide n’aurait sans doute pas eu des effets
positifs. Ils n’ont toutefois pas réussi à augmenter suffisamment
les transferts de ressources à l’appui des efforts de pays qui
ont adopté des politiques saines et ont régulièrement
amélioré leur gestion des affaires publiques en général.
101.
Les programmes traditionnels d’assistance sous forme de projets ne suffisent
pas pour transférer les ressources et les enseignements tirés
en matière d’efficacité de l’aide risquent par conséquent
de devenir un obstacle aux flux d’APD et non un critère pour augmenter
les flux vers des pays où l’efficacité est probable. Les
tentatives visant à organiser l’appui des donateurs autour d’ensembles
de projets et de programmes sectoriels ont généralement
eu des effets limités et ne semblent pas résoudre convenablement
ce problème.
102.
Il convient d’envisager d’autres démarches pour garantir que les
mécanismes de prestation d’aide des donateurs et les procédures
de remboursement ne pèsent pas de façon excessive ou irréaliste
sur les institutions du pays donateur mais viennent à l’appui de
l’exécution de programmes prometteurs formulés et adoptés
par les pays bénéficiaires. Une plus grande flexibilité
des donateurs en ce qui concerne l’APD destinée à des pays
dont les politiques sont saines et appropriées et qui disposent
de structures et d’institutions améliorées permettrait d’inciter
d’autres pays à mettre en oeuvre des programmes adéquats
de réforme et de développement pour pouvoir bénéficier
d’une telle flexibilité.
Les donateurs doivent faire correspondre les progrès accomplis dans les politiques et programmes des pays bénéficiaires avec une plus grande souplesse dans leurs systèmes de prestation d’aide et de remboursement. Les approches spéciales des donateurs pour permettre un appui budgétaire coordonné, un financement commun des programmes sectoriels et d’autres améliorations de la flexibilité en matière de remboursement sont nécessaires, en particulier pour des pays qui ont adopté des politiques de meilleures pratiques et s’efforcent d’améliorer leurs structures et institutions. |
103.
Au fil des ans, de nombreuses mesures ont été prises pour
améliorer l’efficacité de la prestation de services et concevoir
des projets ayant un effet maximal sur le développement. La restructuration
et le renforcement des capacités des prestataires du service public
peuvent nettement améliorer l’efficacité. Pour certains
types de services, d’autres méthodes que les mécanismes
publics peuvent offrir les meilleures perspectives d’amélioration
des résultats. Les contrats « en fonction des résultats
» constituent l’un de ces mécanismes, ayant recours au secteur
privé pour la prestation de services (par exemple la vaccination
des enfants) que les gouvernements et les donateurs souhaitent financer,
la rémunération étant liée aux résultats.
Ils tirent parti de l’expérience acquise en matière de réformes
et de participation du secteur privé dans les secteurs de l’infrastructure
afin d’éliminer les engorgements dans les domaines ayant une importance
pour le développement. Cette approche, que l’on pourrait appeler
« assistance axée sur les résultats », lie les
flux de ressources par des contrats et des incitations monétaires
avec les résultats obtenus au niveau du développement.
Afin d’améliorer l’efficacité de l’aide apportée et des dépenses publiques de façon générale, les gouvernements des pays en développement doivent envisager de faire en sorte que leur système réglementaire soit ouvert à des mécanismes de prestation de services qui complètent les capacités publiques, comme des mécanismes axés sur les résultats, notamment par la mise en place d’indicateurs de contrôle garantissant le succès de ce type d’assistance. En parallèle, les organismes multilatéraux devraient s’efforcer de venir à l’appui du développement des capacités réglementaires pour faciliter les mécanismes axés sur les résultats, alors que les donateurs bilatéraux doivent modifier leurs procédures afin de pouvoir financer et appuyer de toute autre façon de telles modalités de prestation d’aide, lorsque les gouvernements des pays bénéficiaires le demandent. |
104. Des mesures similaires visant à accroître le contrôle
local et garantir des partenariats d’aide efficaces doivent être
prises au niveau international. Les pays donateurs estiment que le Comité
d’aide au développement de l’OCDE est une instance utile pour examiner
et promouvoir les améliorations possibles des politiques d’aide.
Un rassemblement similaire de pays bénéficiaires d’APD doit
désormais être institué pour faciliter les échanges
de vues entre pays en développement et pays en transition au sujet
de l’APD, et pourrait garantir que les pays bénéficiaires
soient convenablement représentés dans les débats
internationaux consacrés aux politiques d’aide.
Les États Membres doivent se mettre d’accord sur un processus permettant de faciliter la participation effective des pays bénéficiaires d’APD, en tant que groupe, aux débats internationaux consacrés aux politiques d’aide et visant à forger des partenariats solides et à améliorer l’efficacité de l’aide apportée. |
Chercher des sources novatrices de financement du développement : réfléchir à des instruments financiers internationaux novateurs, y compris des mécanismes de coopération dans le domaine fiscal et des mécanismes de financement des biens collectifs; renforcer la contribution des institutions multilatérales de développement, notamment de la Banque mondiale et des banques régionales de développement, aux politiques novatrices en matière de financement du développement; promouvoir les partenariats publics/privés nationaux et internationaux
105.
L’un des aspects importants de la mondialisation est l’ouverture des frontières
nationales, qui favorise les échanges internationaux dans les domaines
du commerce, de la finance, des voyages et des communications et qui donne
à bon nombre de biens et services collectifs, traditionnellement
nationaux, une dimension internationale : des biens et services collectifs
tels que le contrôle des stupéfiants, des maladies et de
la qualité de l’air et le maintien de la paix, de l’ordre public
et de la stabilité financière ne relèvent plus désormais
des seules autorités nationales concernées.
106.
La fourniture de ces biens et services est partiellement fonction de la
coopération internationale, comme en témoigne l’action menée
par le Groupe consultatif de la recherche agricole internationale (GCRAI),
qui a réussi à obtenir la mise au point de semences améliorées
pour les pays en développement. De plus en plus de biens collectifs
nationaux deviennent des biens collectifs internationaux (régionaux
et mondiaux) et viceversa. La tâche importante à laquelle
la communauté internationale doit maintenant s’atteler consiste
à mettre au point les modalités voulues pour résoudre
ce nouveau problème qu’est la production des biens « collectifs
mondiaux ».
107.
L’augmentation croissante de la demande de biens et services collectifs
mondiaux trouve son expression dans un nombre rapidement croissant d’accords
internationaux sur la question, dont on peut craindre qu’ils ne mobilisent
l’attention des décideurs et ne les dissuadent de consacrer moins
de ressources à l’APD classique et à l’élimination
de la pauvreté et de faire en sorte que les bénéfices
de la mondialisation soient partagés par tous les pays et tous
les peuples.
La communauté internationale devrait convenir de la nécessité d’inscrire à l’ordre du jour de la coopération internationale les questions relatives aux biens collectifs mondiaux et d’en débattre dans le cadre des instances existantes, en particulier celles de l’ONU, et, s’il y a lieu, dans le cadre d’instances nouvelles, qu’il lui faudrait alors mettre en place. |
108. La communauté internationale a pris graduellement conscience
du problème nouveau et de plus en plus important que posent les
biens collectifs mondiaux et leur incidence sur le montant des dépenses
que les pays à faible revenu consacrent à leur développement.
Le moyen le plus simple de le résoudre que l’on ait trouvé
à ce jour consiste à financer les dépenses liées
à la production de biens collectifs mondiaux par les fonds de coopération
internationale existants, en particulier ceux servant à financer
l’APD, et à faire appel à l’aide internationale. Selon des
estimations récentes, 15 % du montant total des fonds consacrés
à l’APD servent à financer la production de biens collectifs
mondiaux.
109.
Maintenant que l’on s’accorde sur la nécessité d’inscrire
la question à l’ordre du jour de la coopération internationale,
il y a lieu de trouver sans délai d’autres moyens de financer les
biens collectifs mondiaux. L’une des principales mesures à prendre
à cette fin et sur laquelle il faut axer les débats est
de faire en sorte que les ressources consacrées aux biens collectifs
mondiaux s’ajoutent à celles destinées aux programmes d’APD
en cours. Afin d’éviter que les ressources consacrées à
l’APD ne soient détournées au profit des biens collectifs
mondiaux, il importerait également de maintenir une distinction
très nette entre ces deux éléments de la coopération
internationale au service du développement dans les rapports correspondants.
Les pays donateurs devraient trouver des moyens efficaces de dégager des ressources pour financer les biens collectifs mondiaux en sus de celles qu’ils consacrent à l’APD. L’une des possibilités qui s’offrent à eux en la matière consiste à accroître le budget de leurs ministères compétents afin que ceuxci puissent financer la coopération internationale relative aux biens collectifs mondiaux, les ressources qu’ils consacrent à l’APD devant rester axées sur le financement de programmes nationaux. |
110. Vu l’ampleur et la complexité des nombreux problèmes
que posent les biens collectifs mondiaux, aucun acteur ne peut les résoudre
seul. Il faudrait donc utiliser les fonds publics qui leur sont consacrés
avec prudence et mobiliser des fonds privés de manière à
accroître sensiblement le montant des ressources disponibles. Les
fonds publics devraient servir dans certains cas à créer
un bien collectif mondial et à accélérer le développement
et dans d’autres, à lever des fonds privés. Le financement
par le secteur privé des dépenses liées aux biens
collectifs mondiaux exige la mise en place de cadres réglementaires
fondés sur les marchés. De manière générale,
ce type de financement est une solution viable lorsqu’il y a une certaine
exclusivité des avantages produits ou lorsqu’un régime de
subventions est en place.
Les gouvernements et les organisations internationales devraient échanger leurs données d’expérience sur la question et concevoir des mécanismes gouvernementaux d’incitation qui encouragent plus efficacement les acteurs privés à contribuer au financement des biens collectifs mondiaux. |
111. Faute de nouveaux instruments adaptés, les décideurs
et experts qui organisent la coopération au service du développement
international s’appuient souvent, pour financer les biens collectifs mondiaux,
sur les modalités d’aide en place. Certains problèmes internationaux
étant prévisibles à long terme et d’autres totalement
imprévisibles, la communauté internationale a besoin d’un
cadre institutionnel/organisationnel capable de s’acquitter de fonctions
de base et de lancer des initiatives spéciales et qui, dans un
cas comme dans l’autre, aurait donc besoin de fonds. Il serait donc temps
d’évaluer les arrangements spéciaux et autres innovations
destinés à faciliter le financement des dépenses
liées aux biens collectifs mondiaux.
Les banques de développement multilatéral et les fonds, programmes et autres entités pertinentes des Nations Unies devraient revoir conjointement, avec l’aide du Conseil économique et social, les modalités de financement et de production des biens collectifs mondiaux, évaluer l’expérience acquise en la matière, étudier de nouvelles méthodes de financement et proposer des mécanismes de financement et de coordination spécifiques. Il faudrait pour cela qu’ils se concertent étroitement avec toutes les parties concernées, notamment les donateurs bilatéraux, les acteurs des pays en développement et en transition et le secteur privé international. |
112. Les fonds d’aide publique au développement devant être plus importants et plus prévisibles et la production de biens collectifs mondiaux exigeant des fonds supplémentaires, il faut redoubler d’efforts pour trouver de nouvelles sources d’aide internationale au développement, en particulier des « sources novatrices ». Comme cela a été indiqué, les fonds consacrés au développement sont très insuffisants et continueront probablement à être très inférieurs aux besoins.
113.
À sa vingtquatrième session extraordinaire, qui portait
sur le thème « Le Sommet mondial pour le développement
social et audelà : le développement social pour tous à
l’heure de la mondialisation », l’Assemblée générale
a demandé que l’on analyse de façon rigoureuse les avantages,
les inconvénients et les autres aspects des propositions tendant
à exploiter des sources nouvelles et originales de financement
du développement social et des programmes d’élimination
de la pauvreté, tant publiques que privées [voir résolution
S24/2 de l’Assemblée générale, annexe, par. 142 g)].
Pour certaines des délégations coauteurs de ce paragraphe,
les propositions en question devraient comprendre celle relative à
la taxe sur les transactions en devises. De plus, les représentants
de la société civile qui ont participé aux auditions
relatives au financement du développement, tenues les 6 et 7 novembre
2000, ont accordé une large attention à la question de la
mise en place de mécanismes de ce type (qui viseraient non seulement
à lever des fonds publics mais aussi à atténuer certains
des effets négatifs des fluctuations importantes et soudaines des
entrées et sorties de capitaux).
La réunion internationale de haut niveau chargée d’examiner la question du financement du développement à l’échelon intergouvernemental devrait débattre des résultats de l’analyse rigoureuse des avantages, inconvénients et autres aspects des propositions tendant à exploiter des sources nouvelles et originales de financement du développement social et des programmes d’élimination de la pauvreté que le Secrétaire général doit commander, conformément à la demande que lui a faite l’Assemblée générale dans sa résolutionS/242. |
| Retour en haut de page | Retour à la page principale |
[Introduction]
[Chapitre 1] [Chapitre
2] [Chapitre 3] [Chapitre
5] [Chapitre 6]
[Format pdf]
Secrétariat
de la Conférence sur le financement du développement
2 U.N. Plaza (DC2-2386)
New York, N.Y. 10017
Téléphone : 212-963-2587, Télécopie
: 212-963-0443
Site Internet : www.un.org/french/esa/ffd
Courrier électronique : ffd@un.org
Copyright © Nations Unies
Département des affaires
économiques et sociales *
En cas de problème technique, s'adresser à
: vannote@un.org
15 janvier 2002
Adapté
en français pour Internet par la Section de la technologie
de l'information
du Département de l'information