![]() |
||
Rapport du Secrétaire
général
|
Les créanciers bilatéraux et multilatéraux devraient rechercher énergiquement et rapidement les moyens d’alléger la dette, notamment d’accorder immédiatement un allégement substantiel de la dette aux pays les plus pauvres. Il y aurait lieu aussi d’envisager, en situation exceptionnelle et lorsqu’elle le justifie, un moratoire ou même l’annulation de la dette. De même, il faudrait continuer à faire preuve de souplesse face à l’endettement des pays à faible revenu et formuler le cas échéant de nouvelles propositions en complément de l’Initiative en faveur des PPTE. |
119. Qu’il s’agisse de la réalisation de l’Initiative en faveur
des PPTE ou de la recherche d’autres moyens d’alléger la dette
d’autres pays à faible revenu peu solvables, ou de voies qui offriraient
une solution définitive à leur endettement, il y a trois
objectifs importants à poursuivre : le financement doit s’ajouter
à l’APD en place; l’allégement de la dette doit manifestement
bénéficier à la croissance et aux programmes de réduction
de la misère; enfin, il faut moduler le processus de manière
à éviter de susciter des goulets d’étranglement institutionnels.
120.
L’endettement n’étant qu’un aspect des problèmes que pose
le financement du développement, il est crucial de faire en sorte
que le financement visant l’allégement de la dette vienne s’ajouter
aux autres formes d’aide au développement, sans les remplacer.
Il faudra aussi que les bénéficiaires des mesures d’allégement
veillent à mener des politiques nationales et à mettre en
place des modalités de gouvernance qui permettent d’utiliser au
mieux les économies résultant de ces mesures – et toutes
leurs autres ressources – pour stimuler la croissance et réduire
la pauvreté. Il importe aussi que le financement nouveau procède
d’une vue plus réaliste de ce qui constitue une dette viable, et
que l’aide financière nouvelle prenne donc la forme de dons ou
de prêts fortement subventionnés. Il est particulièrement
important que le financement correspondant à un allégement
de la dette ne soit pas déduit du financement libéral consenti
aux pays à faible revenu dont l’endettement ne pose pas de problèmes
aussi urgents.
Il faudra engager les donateurs à offrir des ressources pour alléger la dette sans pour autant puiser dans celles qu’ils comptaient consacrer à l’aide au développement des pays à faible revenu. Les pays débiteurs, pour leur part, auront à utiliser les ressources libérées par les mesures d’allégement de la dette pour stimuler la croissance et réduire la pauvreté. Pour que l’endettement ne suscite pas de nouveaux problèmes, il faudra s’efforcer d’améliorer la gestion de la dette; en outre, le financement nouveau accordé à tous les pays à faible revenu devra être fortement subventionné, ou, s’agissant des pays dont la capacité de paiement est extrêmement limitée, prendre la forme de dons. |
121.
Pour ce qui est des pays à revenu intermédiaire et des quelques
pays à faible revenu qui ont eu accès aux marchés
internationaux des capitaux, et ont donc des créanciers publics,
quasi officiels et privés, la situation est plus complexe et on
ne peut guère généraliser. Il n’en reste pas moins
que les situations rencontrées ces dernières années
ne seront sans doute pas les dernières crises de la dette auxquelles
la communauté internationale aura à faire face, et qu’il
est donc nécessaire d’être beaucoup mieux préparé
à l’avenir, en se prémunissant dès maintenant.
122.
Mais il ne faut pas oublier que les aléas de moralité existent
bel et bien, et que l’allégement de la dette de certains pays risque
d’entraîner une réduction des ressources disponibles pour
d’autres pays en développement. On évitera donc de «
faire payer » indirectement aux autres pays en développement
et aux pays en transition le réaménagement de la dette de
quelques pays à revenu intermédiaire par l’effet de facteurs
qui pourraient entrer en jeu (coûts d’emprunt plus élevés
pour les banques de développement multilatérales si la dette
multilatérale non concessionnelle était touchée,
ou si le statut de créancier privilégié des institutions
financières internationales n’était pas protégé).
123.
Le Club de Paris est généralement au centre des opérations
de réaménagement de la dette, et il y a de fortes chances
qu’il conserve un rôle crucial. Il s’efforce de livrer plus d’information
sur ses débats, mais la nécessité demeure de principes
plus clairs et de mécanismes plus transparents pour la recherche
de solutions aux problèmes d’endettement, et il faudra peutêtre
y ajouter des méthodes novatrices. Il serait important surtout
de faire en sorte que tous les créanciers bilatéraux participent
pleinement aux négociations sur la dette, autrement dit qu’on leur
donne à tous des motifs de souhaiter la concertation.
124.
Il faudrait aussi assurer une meilleure coordination entre les créanciers
publics et privés. Les créanciers ont sembletil souvent
sousestimé les risques associés à leurs prêts.
La communauté internationale est désormais déterminée
à faire mieux mesurer ces risques en présumant que le secteur
privé participera à l’avenir à la restructuration
de la dette des pays touchés par une crise. Pour faciliter ce type
d’intervention dans le financement d’obligations, on débat actuellement
dans diverses instances compétentes de l’introduction de clauses
d’« action collective » dans les contrats d’émission
d’obligations. Mais il n’est pas si aisé de prédire les
crises. Pour en atténuer le risque, la communauté internationale
devrait s’employer vigoureusement, par le biais des institutions compétentes,
à promouvoir des politiques économiques saines et une bonne
gestion de la dette, à surveiller les courants de capitaux et à
obtenir un partage équitable des coûts entre tous les créanciers
intéressés.
125.
Les décideurs devront se ménager une marge de manoeuvre
suffisante pour réagir aux différentes situations qui se
présenteront : il faut un bon équilibre entre des règles
claires et un élément d’appréciation. On pourrait,
pour déterminer ce qui est efficace en matière de restructuration,
faire le point des modalités acceptées précédemment
et étudier ce qu’on pourrait mettre au point comme trains de mesures
d’allégement mieux coordonnés. Une possibilité serait
d’ajouter aux options offertes aux pays débiteurs un mécanisme
qui permette de traiter simultanément, en toute équité,
l’ensemble des obligations assumées par un pays au titre de la
dette extérieure, tout en obtenant les fonds nouveaux nécessaires
de la communauté internationale ou d’autres créanciers.
Le fonctionnement d’un tel mécanisme, auquel un pays coopérant
déjà avec le FMI et les autres institutions financières
internationales pourrait recourir dans certaines conditions prédéfinies,
mettrait en présence les comités représentant les
banques créancières, les détenteurs d’obligations,
le Club de Paris et les autres créanciers officiels bilatéraux,
ainsi que le gouvernement du pays débiteur. On pourrait envisager
par exemple de confier à un médiateur indépendant,
assisté par le FMI et d’autres experts, de négocier un montage
financier convenu. Le but serait de garantir l’équité, de
réduire rapidement les incertitudes financières et d’abaisser
les coûts qu’entraîne pour les créanciers et le débiteur
la recherche d’un accord définitif de restructuration de la dette.
On pourrait envisager aussi d’ajouter d’autres mécanismes de «
dernier recours » à la gamme des modalités dont la
communauté internationale dispose pour résoudre rapidement
et en toute équité les crises de la dette.
Les créanciers des pays en développement et des pays en transition devraient tous soutenir les mesures susceptibles de garantir que le financement de la dette s’inscrive dans l’effort de développement au lieu de le compromettre. En complément des autres initiatives en cours, il faudrait étudier avec la plus grande attention un mécanisme faisant appel à la médiation. On pourrait l’offrir aux pays débiteurs comme option facultative s’ajoutant aux autres modalités de restructuration de la dette auprès des créanciers privés et des créanciers officiels bilatéraux. |
126. Il est indispensable d’éviter l’accumulation d’un endettement
excessif ou celle d’obligations de service de la dette trop lourdes sur
une période courte, car il est impossible autrement de faire que
le financement de la dette joue un rôle constructif dans le financement
du développement. Or, les pays en développement peuvent
agir en ce sens en mettant en place des mécanismes offrant une
meilleure gestion de la dette. Il serait aussi fort utile, pour prévenir
les crises de la dette et faciliter l’action engagée par la communauté
internationale pour aider les pays en développement et les pays
en transition à gérer leur endettement, de communiquer sans
tarder aux étrangers toute information supplémentaire sur
les engagements souscrits, et d’améliorer la transparence des transactions
financières par d’autres moyens.
Les organisations internationales devraient veiller à disposer des moyens voulus pour réagir efficacement lorsqu’un pays en développement ou un pays en transition leur demande de les aider à perfectionner leur système de gestion de la dette. Il faudrait aussi inciter les institutions financières internationales à améliorer la transparence des transactions financières afin de donner aux autorités nationales de meilleurs moyens de gérer leur endettement. |
| Retour en haut de page | Retour à la page principale |
[Introduction]
[Chapitre 1] [Chapitre
2] [Chapitre 3] [Chapitre
4] [Chapitre 6]
[Format pdf]
Secrétariat
de la Conférence sur le financement du développement
2 U.N. Plaza (DC2-2386)
New York, N.Y. 10017
Téléphone : 212-963-2587, Télécopie
: 212-963-0443
Site Internet : www.un.org/french/esa/ffd
Courrier électronique : ffd@un.org
Copyright © Nations Unies
Département des
affaires économiques et sociales *
En cas de problème technique, s'adresser à
: vannote@un.org
15 janvier 2002
Adapté
en français pour Internet par la Section de la technologie
de l'information
du Département de l'information