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Rapport du Secrétaire
général
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Les réformes mises en chantier par les organes directeurs des institutions financières internationales devraient être favorablement accueillies et poursuivies sans relâche et de façon prioritaire en vue notamment d’aider ces institutions à mieux accompagner le changement découlant de la mondialisation et à mieux relever les nouveaux défis en matière de développement, d’améliorer la représentation et la participation de tous les pays, en particulier les pays en développement, et de favoriser responsabilité et transparence. |
135. Les organisations gouvernementales et multilatérales sont
parfois « auditées » ou contrôlées à
intervalles réguliers par des organes indépendants, qui
sont chargés, d’une part, de superviser la mise en oeuvre par la
direction des politiques, principes et directives arrêtés
par les organes directeurs et, d’autre part, d’aider ceuxci à évaluer
les politiques ellesmêmes. Dans certaines institutions, cette fonction
est déjà assurée, par exemple au Secrétariat
de l’Organisation des Nations Unies par le Bureau des services de contrôle
interne ou à la Banque mondiale par le Département de l’évaluation
des opérations et le Panel d’inspection. Le FMI a récemment
créé un bureau d’évaluation indépendant qui
deviendra opérationnel en 2001. En règle générale,
ces organes relèvent directement des organes délibérants
ou de l’exécutif de l’organisation et disposent de leur propre
secrétariat technique. Ils procèdent à un examen
ex post des politiques de l’organisation telles qu’appliquées dans
des cas d’espèce, aident à déceler les erreurs dans
l’application des politiques officielles et à faire apparaître,
le cas échéant, la nécessité de repenser les
politiques elles mêmes.
Les institutions financières multilatérales devraient disposer d’organes de contrôle indépendants qui procéderaient régulièrement à l’évaluation externe de leurs opérations conformément au mandat arrêté par les organes directeurs respectifs; ces organes de contrôle indépendants pourraient être habilités à répondre à certains types de demande d’évaluation émanant de gouvernements membres, de la société civile, du secteur privé et des syndicats, et pourraient s’autosaisir. |
136.
S’il est compréhensible que des comités ou instances internationaux
ad hoc soient constitués en période de crise mondiale, il
n’est pas normal que de telles entités acquièrent un caractère
institutionnel en l’absence d’une représentation géographique
équitable ou de contrôles et se mettent, régulièrement
et sur le long terme, à arrêter des politiques et faire des
recommandations – y compris sur des questions de politique macroéconomique
– qui ont des incidences pour l’ensemble du monde. C’est là une
pratique à l’égard de laquelle la communauté internationale
est devenue méfiante, ce qui a entraîné la mise en
place de divers mécanismes permettant des consultations ad hoc
et un regard extérieur. Il faudrait toutefois des mécanismes
plus systématiques, dont, le cas échéant, un resserrement
des liens avec les processus du système des Nations Unies. Cela
est d’autant plus impérieux à un moment où un nombre
croissant de voix, y compris dans les pays industrialisés, proclament
qu’une représentation élargie dans ces organes contribuerait
en fait à en renforcer l’efficacité et qu’on devrait poser
en principe que les entités qui régulent l’économie
internationale devraient avoir des modes d’opération transparents
et ouverts à la participation de tous.
Les groupements et instances ad hoc dans lesquels toute la planète n’est pas dûment représentée mais qui dans les faits font des recommandations de politique générale qui ont des répercutions pour le monde entier devraient être utilisés essentiellement à titre complémentaire pour dynamiser les débats d’instances plus représentatives et dotées de mandats intergouvernementaux émanant d’une large part de la communauté internationale et clairement définis, tels que le Comité monétaire et financier international, le Comité du développement, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social. |
137. Même dans les cas particuliers dans lesquels une composition
limitée peut se justifier, les raisons de cet état de choses
doivent apparaître clairement et les groupes sousreprésentés
doivent se voir donner, selon des modalités clairement définies,
la possibilité de répondre aux initiatives prises par les
membres et de soumettre des propositions à l’examen de ces derniers.
Parmi ces modalités, on peut envisager l’institutionnalisation
de contacts de périodicité annuelle ou autre avec une instance
universelle et des organes consultatifs aux fins du dialogue et de la
coopération avec les pays non membres, la société
civile et le secteur privé. On songe, par exemple, au Forum sur
la stabilité financière, qui a été institué
pour permettre la collaboration entre diverses entités et qui a
participé activement aux travaux sur de nombreux aspects du problème
de l’instabilité financière internationale – essentiellement
à titre consultatif.
Les organes à composition limitée dont les attributions ont des incidences sur la gouvernance mondiale devraient mettre en oeuvre des moyens aux fins d’établir des procédures claires leur permettant de pratiquer une plus grande ouverture et de consulter régulièrement toutes les parties prenantes non membres intéressées. Le Forum sur la stabilité financière et les autres organes internationaux constitués pour envisager des normes, codes et directives universels dans le secteur financier devraient établir de telles procédures et mettre au point des modes d’opération qui bannissent l’exclusion et privilégient la participation, la responsabilisation et l’ouverture. Les recommandations de ces organes devraient être débattues au sein des organes compétents du système des Nations Unies. |
138. La communauté internationale appelle depuis longtemps
de ses voeux la cohérence et la compatibilité, d’une part,
des politiques monétaires et financières internationales
et des politiques commerciales internationales et, d’autre part, de ces
deux séries de politiques et des objectifs et choix de développement.
Bien que des liens de coopération formels aient été
institués entre l’OMC et les deux institutions de Bretton Woods
dans les années 90 en vue de favoriser la cohérence des
politiques et mesures adoptées dans leurs domaines de responsabilité
respectifs, le fait que les États membres aient décidé
de ne pas intégrer l’OMC au système des Nations Unies a
posé de gros problèmes au plan de la cohérence et
de la compatibilité des systèmes pris dans leur ensemble.
139.
Même si des progrès considérables en matière
de coopération interinstitutions ont été réalisés
ces dernières années – en particulier au niveau des directions
et des personnels – et si le Directeur général de l’OMC
a participé au débat de politique générale
annuel du Conseil économique et social, il faudrait encore approfondir
cette collaboration. L’OMC devrait être invitée à
tirer pleinement profit de toutes les possibilités qui existent
de renforcer sa collaboration et sa coopération avec le système
des Nations Unies. Elle pourrait dès à présent participer
plus activement aux débats qui ont lieu au sein d’instances des
Nations Unies sur des sujets dont elle s’occupe, à l’instar en
particulier de ce qui s’est fait récemment au Conseil économique
et social, et coopérer plus étroitement avec le Secrétariat
de l’Organisation des Nations Unies. Les liens tissés récemment
entre l’OMC, par l’entremise de son comité du commerce et du développement,
et le Bureau du Comité préparatoire de la réunion
devant être consacrée à la question du financement
du développement méritent aussi d’être relevés.
Ils pourraient inspirer d’autres initiatives du même genre, par
exemple entre le Conseil du commerce et du développement de la
CNUCED et le Comité du commerce et du développement de l’OMC,
lesquels pourraient aller audelà du statut d’observateur dont chacun
de ces organes dispose auprès de l’autre. De même, comme
on l’a déjà indiqué plus haut, la coopération
entre l’OMC, la CNUCED, le Centre du commerce international (CCI), le
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le FMI
et la Banque mondiale au sein du Cadre intégré pour le développement
des échanges des pays les moins développés et les
enseignements qui en ont été tirés pourraient déboucher
sur de nouvelles opérations conjointes. Enfin, la Conférence
ministérielle de l’OMC pourrait souhaiter maintenir à son
ordre du jour permanent l’examen plus poussé de la question de
ses liens institutionnels avec les Nations Unies.
L’Organisation des Nations Unies et l’Organisation du commerce mondial devraient continuer de travailler ensemble de façon innovante et constructive aux fins d’assurer la cohérence et la compatibilité des systèmes monétaire, financier et commercial internationaux, en particulier pour ce qui a trait à l’appui au développement. Dans ce contexte, le Conseil du commerce et du développement de la CNUCED devrait, par le biais de contacts réguliers, approfondir encore sa concertation avec le Comité du commerce et du développement du Conseil général de l’OMC. L’interaction et les échanges entre hauts fonctionnaires, présidents d’organes et représentants des gouvernements intéressés, aux réunions intergouvernementales de l’Organisation des Nations Unies et de l’OMC, devraient de même être facilités. |
140. Il est de plus en plus nécessaire d’améliorer les
modalités de coopération entre les autorités fiscales
nationales. L’interdépendance économique et financière
accrue au niveau international entrave la capacité d’assurer, au
niveau national, le respect de divers instruments fiscaux. La concurrence
internationale restreint de plus en plus la marge de manoeuvre des gouvernements
pour ce qui est à la fois des formes et des taux d’imposition qu’ils
peuvent appliquer. Une meilleure coopération internationale entre
autorités fiscales servirait notamment à réduire
les possibilités d’évasion et de fraude fiscales, à
contribuer à réduire l’instabilité des flux de capitaux
que connaissent parfois les pays en développement et à prendre
des mesures fiscales incitatives ou dissuasives dans l’intérêt
de tous, par exemple pour éviter une exploitation abusive du patrimoine
commun.
141.
Ces objectifs ne seront atteints qu’au prix d’améliorations majeures
de la coopération internationale en matière fiscale. Ces
questions sont traitées au sein d’organisations à vocation
non universelle, du point de vue des membres de cellesci, en particulier
l’OCDE. Elles retiennent aussi l’attention d’experts dans des instances
relevant de l’ONU, notamment le Groupe spécial d’experts de la
coopération internationale en matière fiscale et certains
groupes d’experts traitant de la comptabilité et de questions connexes
convoqués par la CNUCED. Mais, même si l’OCDE, par exemple,
a pris un certain nombre d’initiatives pour impliquer les pays non membres,
il n’existe pas à ce jour d’instance intergouvernementale mondiale
qui maintienne en permanence à l’étude les questions fiscales
et qui soit vraiment en mesure de replacer le débat fiscal dans
un contexte plus large, notamment celui du développement.
142.
Pour combler cette lacune, on pourrait instaurer une organisation internationale
de coopération en matière fiscale qui reprendrait les diverses
activités déployées au niveau international sur la
question. Une telle organisation internationale pourrait servir d’enceinte,
ouverte à tous, pour débattre des questions fiscales et
pour la coopération dans ce domaine, notamment l’échange
des données d’expérience nationales; la mise au point de
définitions, normes et règles concernant la politique et
l’administration fiscales et des questions connexes; le recensement des
tendances et problèmes fiscaux au niveau national; les déclarations
au fisc; et l’apport d’une assistance technique aux autorités fiscales
nationales, en particulier celles des pays en développement et
des pays en transition. Des propositions moins ambitieuses ont aussi été
avancées, dont le renforcement du Groupe spécial d’experts
de la coopération internationale en matière fiscale.
La manifestation de haut niveau devrait demander la réalisation, en coopération avec le FMI et d’autres institutions financières internationales compétentes, d’une étude méthodique et approfondie des moyens propres à renforcer la coopération internationale en matière fiscale, notamment un processus de négociations spécifiquement consacré aux accords internationaux sur le sujet et la possibilité de créer une organisation ou une instance internationale aux fins de la coopération en matière fiscale. |
143. Face aux défis de la mondialisation, on a observé un renouveau d’intérêt pour la coopération économique et financière au sein de groupes régionaux et autres, notamment dans les domaines ciaprès : commerce international, investissements, questions monétaires et contrôle du secteur financier. On estime en particulier que cette coopération offre des possibilités de consultation et de coordination macroéconomiques, permet de disposer de liquidités en période de crise, de services bancaires au service du développement, etc. Dans des domaines – élaboration, adoption et mise en oeuvre de codes et de normes prudentiels dans le secteur financier notamment – où le principe de subsidiarité pourrait être convenablement appliqué, ces initiatives pourraient donner aux petits pays une participation plus active dans la fixation de normes que cela n’est possible à l’échelon mondial. Les arrangements régionaux et sousrégionaux peuvent être des instruments très efficaces au service du développement et les pays intéressés devraient étudier les moyens d’accroître leur intégration, avec l’appui de la communauté internationale.
Il conviendrait de renforcer l’appui international à la coopération régionale et sousrégionale pour les questions financières aussi bien que commerciales, de manière à compléter l’effet des accords mondiaux et à être en harmonie avec eux. À cet égard, les commissions régionales des Nations Unies devraient intensifier leur collaboration avec d’autres organes sousrégionaux et régionaux dans ces domaines, par exemple en facilitant les échanges de données d’information sur l’expérience et les pratiques pertinentes. |
Renforcement des structures financières internationales à l’appui du développement : amélioration de la stabilité financière; amélioration des capacités d’alerte rapide, de prévention et d’intervention face aux crises financières par le biais notamment de renforcement des filets de protection sociale; liquidités et prêts de dernier recours
144. En matière de financement à l’échelle
mondiale, le défi pour la communauté mondiale consiste à
mettre en place un système financier international aussi favorable
que possible au développement dans un environnement mondialisé
et interdépendant. Seul un système ouvert, efficace, novateur,
équitable et dans lequel les possibilités sont ouvertes
à tous, raisonnablement stable et permettant de faire face efficacement
et équitablement à toutes les crises qui surviennent, permettra
d’atteindre cet objectif. Cela nécessite également des efforts
accrus en vue de renforcer les capacités des pays en développement
et des pays en transition pour les aider à participer pleinement
aux échanges internationaux dans les domaines du commerce et des
finances. L’existence, partout dans le monde, de structures financières
solides à l’échelon national est un élément
indispensable dans un système international de cette nature.
145.
Le système financier international fait appel à des acteurs
privés et publics dont les rôles sont complémentaires.
Les détenteurs de capitaux privés sont à la recherche
de débouchés et réagissent aux conditions observées
dans les pays ou dans le monde en fournissant des ressources financières
dont le volume et les modalités varient donc considérablement.
Ainsi qu’il a été noté au chapitre premier, le rôle
fondamental des gouvernements, séparément et conjointement,
consiste à mettre en place les cadres réglementaires, les
institutions, les règles de droit et les règlements qui
définissent l’infrastructure et le cadre normatif dans lesquels
ont lieu les mouvements de fonds privés. C’est par ces moyens que
le secteur public devrait faciliter le fonctionnement du secteur privé,
en limiter les excès et l’accompagner d’une aide financière
publique.
146.
Ainsi qu’on l’a vu plus haut, afin d’encourager le développement,
tous les pays devraient s’efforcer de mettre en place un ensemble de politiques
macroéconomiques et financières et d’institutions économiquement
et socialement viables et adaptées à la situation du pays
et à ses rapports avec l’économie mondiale. Cela exige notamment
un système de protection sociale renforcé parallèlement
à une intégration croissante dans l’économie mondiale.
Cet impératif national est également souhaitable dans la
perspective du système financier international. Vue sous cet angle
international, la gestion prudentielle des capitaux et la réglementation
des banques et autres intermédiaires financiers revêtent
aussi une importance particulière.
147.
C’est ainsi par exemple, comme on l’a noté au chapitre premier,
que si les pays décident de libéraliser leurs opérations
en capital avec l’extérieur, ils devraient le faire dans un ordre
et à un rythme soigneusement coordonnés. Dans le cadre de
ce processus, plusieurs types de mesures peuvent être appliqués
aux flux de capitaux fluctuants afin de limiter les risques qu’ils peuvent
poser pour de nombreux pays à faible revenu et à revenu
moyen. En règle générale, les pays devraient s’efforcer
d’appliquer les mesures qui correspondent aux « meilleures pratiques
» et, afin d’affermir la confiance des marchés financiers,
devraient faire preuve de transparence. Par exemple, les pays qui envisagent
de soumettre les sorties de capitaux à des mesures de contrôle
du type « coupecircuit » pendant un moment de panique financière
devraient préciser les directives à suivre pour appliquer
ces contrôles et les assouplir par la suite.
148.
Dans toute une gamme de domaines économiques et financiers, les
normes internationales peuvent fournir des indications cohérentes
sur ce que sont de « bonnes pratiques ». Avec la collaboration
d’organes internationaux et nationaux, des normes internationales ont
été élaborées ou sont en cours d’élaboration
ou d’amélioration dans les domaines ciaprès : diffusion
de données; surveillance des banques; transparence des politiques
budgétaires, monétaires et financières; réglementation
boursière; comptabilité et audit; réglementation
de l’assurance; systèmes de paiement. La participation effective
des pays en développement dans ces opérations de normalisation
est indispensable.
149.
Bon nombre de ces normes et codes de bonne pratique internationaux ont
été mis au point en vue d’être appliqués dans
le monde entier, mais d’autres ont été arrêtés
pour les opérations et les institutions financières plus
élaborées des pays développés. Dans ce dernier
cas, l’applicabilité des normes est liée au stade de développement
atteint par un pays. Les pays peuvent souhaiter attribuer des priorités
différentes à la mise en oeuvre des diverses normes internationales
en fonction de leurs conditions économiques, statutaires et institutionnelles
particulières. Les différents pays ou des organes régionaux
ou autres pourraient examiner ces questions, la méthode d’évaluation
mutuelle par les pays intéressés pouvant constituer un mécanisme
utile pour vérifier la bonne application des normes. Parallèlement,
les capacités de contrôle du secteur financier ont grand
besoin d’être renforcées dans les pays en développement
et dans les pays en transition. Un appui international accru dans ce domaine
ne contribuerait ainsi pas seulement à renforcer la stabilité
financière dans le monde, mais témoignerait aussi d’un engagement
accru au service du développement. Il conviendrait d’éviter
d’appliquer dans tous les cas une méthode unique. La reconnaissance
de ces différences par le FMI et d’autres institutions chargées
de fixer et d’évaluer les normes dans ce domaine devrait être
favorablement accueillie et encouragée.
La communauté internationale devrait reconnaître que l’application de normes et de règles prudentielles internationales aux systèmes financiers nationaux devrait tenir compte des différents degrés de développement économique et administratifs atteints dans les différents pays, de même que la diversité de leurs traditions culturelles et juridiques. Dans les pays développés, tous les marchés financiers et toutes les institutions financières concernés, y compris les institutions à fort effet de levier, devraient être soumis à des normes et des règles prudentielles. Dans les pays où le secteur financier est moins développé, toutes les normes ne sont pas forcément pleinement applicables en raison de l’absence ou du développement insuffisant de certains secteurs. Afin d’améliorer l’application des normes, il conviendrait d’apporter un appui international accru au renforcement des capacités de contrôle du secteur financier dans les pays en développement et les pays en transition. Des dispositions spéciales devraient être formulées pour permettre à ces pays de surmonter les difficultés structurelles ou systémiques qui s’opposent à leur participation générale aux mécanismes financiers et commerciaux internationaux. |
150. Pour juger de la validité des politiques et des mesures
économiques et financières, il faut soumettre la situation
économique et financière ainsi que les perspectives de l’économie
nationale à un contrôle public et privé. Pour cela,
il faut de même disposer de données solides, à jour
et largement disponibles au sujet notamment de la balance des paiements,
de la position nette des investissements internationaux, des flux financiers
à destination et en provenance des pays ainsi que des flux et des
risques sur les grands marchés financiers. C’est la raison pour
laquelle le FMI a élaboré la Norme générale
de diffusion des données et le Système général
de diffusion des données. En outre, la complexité croissante
des marchés financiers dans le monde exige que les institutions
financières privées qui opèrent sur la scène
internationale, de même que les autorités nationales, procèdent
à une diffusion plus large et mieux harmonisée de l’information.
Les autorités nationales de tous les pays et les institutions internationales concernées devraient renforcer la collecte et la publication de données économiques et financières par les services gouvernementaux, les banques centrales et les autorités financières aux niveaux national et international, en tenant compte des normes définies par les organismes internationaux. Il s’agit là d’une nouvelle nécessité à laquelle il faudra faire face en raison du nouvel environnement économique mondial et la communauté internationale devrait répondre favorablement aux demandes d’aide dans ce domaine émanant de pays en développement et de pays en transition. |
151.
Le bon fonctionnement de l’économie mondiale et du système
financier international n’étant pas automatique, il est indispensable
de prévoir un contrôle multilatéral du système
dans son ensemble et de ses principaux éléments, de même
que des larges répercussions économiques et sociales de
son utilisation. Ce contrôle devrait avoir pour objectif de garantir
dans tous les pays une croissance économique suffisante et durable,
conformément aux engagements qui ont déjà été
pris à l’égard du développement durable et de l’élimination
de la pauvreté. Cela exige à son tour, comme il a été
noté plus haut, un environnement international favorable, notamment
des débouchés commerciaux dynamiques et des transferts nets
de ressources substantiels, stables et soutenus à destination des
pays en développement et des pays en transition à faible
revenu. Le suivi et l’évaluation de la conjoncture économique
mondiale devraient se faire dans la perspective de ces objectifs et devraient
porter notamment sur la croissance économique, le chômage,
l’inflation, la balance des paiements, les taux de change et d’intérêt
(en particulier dans les grands pays), les flux financiers dans le monde,
les cours internationaux des produits de base, la croissance du commerce
mondial et les facteurs mondiaux de « risque ».
Afin de mettre à la disposition des décideurs toute une gamme de perspectives, le suivi et l’évaluation de l’économie mondiale devraient continuer d’être confiés aux institutions financières internationales, à l’Organisation des Nations Unies, à l’Organisation mondiale du commerce et à d’autres organismes mondiaux et régionaux représentatifs. |
152. La surveillance multilatérale des politiques économiques
et financières à l’échelon des pays et des régions,
en particulier celle assurée par le Fonds monétaire international,
sert les intérêts des différents États Membres,
mais aussi du monde entier. En permettant de repérer les points
faibles dans les économies et politiques nationales, cette surveillance
permet de prévenir les différents gouvernements de l’imminence
de difficultés économiques et de crises financières.
Toutefois, le monde tout entier bénéficie aussi d’une surveillance
multilatérale car l’évolution économique et les choix
politiques dans un pays donné peuvent avoir sur les marchés
mondiaux des répercussions de nature à affecter d’autres
pays et l’économie mondiale dans son ensemble. Les changements
apportés aux taux d’intérêt par le Conseil de la Réserve
fédérale des ÉtatsUnis est un exemple souvent cité
à cet égard.
153.
Pour répondre à ces objectifs, la surveillance économique
et financière multilatérale devrait s’attacher aux principaux
facteurs de « fermeté », étant entendu que des
conditions nationales différentes pourraient nécessiter
une approche modifiée en conséquence. Les principaux domaines
d’intérêt sont les suivants : publication de données
d’information précises et suffisantes, pratiques transparentes,
adhésion sans faille à des politiques judicieuses et application,
conformément aux principes indiqués plus haut, de normes
et de codes économiques et financiers internationaux. Par ailleurs,
il est capital d’exercer une surveillance efficace sur les marchés
financiers internationaux, en mettant l’accent sur les questions de prudence
et de compétitivité, de transparence et d’accès non
discriminatoire pour tous les bénéficiaires et prêteurs
de fonds.
154.
C’est le Fonds monétaire international qui est essentiellement
chargé de la surveillance multilatérale et qui s’intéresse
au premier chef à la stabilité macroéconomique sur
les plans mondial et national, à une croissance économique
marquée et également répartie, à des comptes
extérieurs sains et à des taux de change appropriés.
Pour comprendre l’économie de ses membres et les besoins de leur
gouvernement, le FMI doit procéder à des analyses et des
mises à jour régulières, notamment pour faire face
à une mondialisation et à une interdépendance croissantes.
La surveillance multilatérale des économies nationales –
en particulier des plus grandes d’entre elles – devrait faire une plus
large place aux répercussions d’événements nationaux
sur d’autres pays et sur l’économie mondiale en général,
de même que sur l’instabilité financière internationale.
La réunion de haut niveau devrait souligner l’importance d’une surveillance complète et symétrique de toutes les économies nationales et régionales par le FMI agissant au nom de la communauté internationale. Cette surveillance devrait continuer à souligner les répercussions systémiques de la conjoncture et de la politique économique dans les différents pays, compte tenu des conditions différentes que connaissent les différents pays. La portée et la nature de cette surveillance multilatérale devraient continuer à être révisées, adaptées et renforcées en permanence, au fil de l’évolution des conditions économiques et financières dans le monde. |
155. Bien souvent, ainsi qu’il a été indiqué
dans la section précédente, les pays ont constitué
des groupes au sein desquels ils ont élargi le dialogue sur leurs
orientations économiques et leur compatibilité. C’est ainsi
par exemple que les gouvernements des grandes puissances économiques
ont cherché, dans le Groupe des Sept, à coordonner leurs
politiques macroéconomiques, politiques qui peuvent avoir une forte
incidence sur la situation économique et financière dans
le monde, et peuvent notamment entraîner de fortes fluctuations
des taux de change des principales devises et modifier brusquement le
volume et la destination des flux internationaux de capitaux. De même,
des groupements régionaux de pays en développement, par
exemple le Conseil de coopération du Golfe, le Manila Framework
et, d’une manière plus générale, le Groupe des VingtQuatre,
ont aussi délibéré de leurs diverses politiques macroéconomiques.
La surveillance mutuelle exercée par des groupes de pays à
participation limitée peut compléter la surveillance multilatérale
dont il a été question plus haut.
La réunion de haut niveau devrait entériner le principe selon lequel des arrangements de surveillance mutuelle entre groupes de pays peuvent utilement compléter la surveillance multilatérale, et devrait encourager les pays en développement et les pays en transition à en conclure. Les institutions financières internationales et autres organismes intéressés devraient collaborer étroitement afin de renforcer mutuellement leurs efforts respectifs de surveillance et de coordination des politiques. |
156.
L’un des rôles de la communauté financière internationale
consiste à aider les pays à faire face et à s’adapter
aux crises économiques et financières et à maintenir
ou rétablir leur stabilité macroéconomique et leur
croissance. Il est particulièrement important si l’on considère
la prédominance des flux financiers privés sur les flux
financiers publics et les coûts sociaux élevés du
mauvais fonctionnement des marchés financiers. Les institutions
multilatérales pertinentes devraient donc continuer à consentir
des facilités de crédit à des conditions appropriées,
notamment des facilités de financement à moyen terme, pour
favoriser la croissance et faciliter la mise en oeuvre de programmes d’ajustement
propices au développement. Elles devraient aussi continuer à
étudier la possibilité de créer de nouveaux instruments
financiers ou de modifier les instruments existants pour que les crises
puissent être plus vigoureusement circonscrites.
157.
Dans certains cas, grâce aux dispositifs en place, un appui financier
multilatéral semiautomatique peut être consenti rapidement
aux pays en crise. Dans d’autres, le pays emprunteur doit commencer par
négocier un ensemble convenu d’ajustements économiques.
Ces ajustements, qui conditionnent l’obtention de ressources multilatérales,
devraient être conformes aux mandats et aux responsabilités
des organismes de crédit et ne pas les outrepasser. Ils devraient
en outre, comme on s’accorde de plus en plus à le reconnaître,
dûment tenir compte des problèmes et objectifs sociaux. Lorsque
la balance des paiements d’un pays est en déséquilibre,
tout devrait être fait pour que celuici puisse continuer à
importer les produits qui lui sont indispensables et pour que la pénurie
de crédit intérieur n’entraîne pas un effondrement
de l’activité économique. Dans certaines situations extrêmes,
il pourrait même être nécessaire de suspendre temporairement
le paiement du service de la dette – c’estàdire d’instaurer un
moratoire sur le remboursement de la dette – en attendant que des dispositions
plus durables soient prises entre le pays et ses créanciers (voir
aussi chap. V).
158.
Comme l’indique également le chapitre V, le fait que le secteur
privé soit en mesure de prévoir et de surmonter les crises
financières peut contribuer sensiblement à renforcer le
système financier international. Les progrès accomplis récemment
par le FMI dans la mise en service d’un ensemble de mécanismes
qui permette au secteur privé de jouer ce rôle sont importants
à cet égard. Cela étant, les flux de capitaux privés
à long terme tendent à se raréfier ou à cesser
en période de crise et les institutions financières officielles
peuvent jouer un rôle de catalyseur dans leur reprise, qui peut
éviter aux gouvernements de prendre des mesures d’austérité
et d’avoir à enrayer les conséquences sociales négatives
de la crise. La Banque mondiale, les banques régionales de développement
et les donateurs bilatéraux mais surtout le FMI, grâce à
ses facilités de paiement et plus encore à son rôle
de catalyseur, peuvent aider à neutraliser les conséquences
d’une crise en maintenant ou en accroissant leur aide financière
au développement à long terme.
La réunion de haut niveau devrait rappeler que les programmes d’ajustement financés par la communauté internationale devraient viser à sauvegarder l’emploi et la croissance et à minimiser leurs coûts sociaux, en particulier à ne pas accroître la pauvreté et à ne pas restreindre l’accès aux services sociaux de base. Ces programmes devraient être financés intégralement de manière à permettre une restructuration suffisante du service de la dette extérieure. À cette fin, la communauté internationale devrait continuer à étudier la possibilité de créer des mécanismes qui puissent s’ajouter aux instruments financiers et politiques existants. |
159. La peur qui s’empare parfois des marchés financiers les
uns après les autres ou la panique mondiale qu’engendre une perte
généralisée de confiance dans certains marchés
financiers et certaines devises peut entraîner des crises financières
simultanées susceptibles d’aboutir à une cessation des paiements
extérieurs au niveau national. Dans une telle situation, il pourrait
être nécessaire de renflouer sans délai les pays en
crise. Savoir qu’un mécanisme capable de jouer ce rôle –
un créancier de la dernière chance – existe pourrait renforcer
la confiance du public et des investisseurs dans le système financier
international. D’importantes ressources peuvent être débloquées
par divers mécanismes du FMI, notamment celui visant à accorder
rapidement des lignes de crédit préventives, mais elles
ne seraient peutêtre pas suffisantes si une crise mondiale éclatait.
Il faut donc examiner de manière approfondie comment il est possible
de fournir sans délai suffisamment de liquidités à
l’échelle internationale pour enrayer une crise économique
susceptible de prendre une envergure mondiale. Donner suite à la
proposition du FMI tendant à accorder des droits de tirage spéciaux
temporaires préapprouvés pourrait être un bon moyen
d’y parvenir.
Des crises financières multiples pouvant se produire simultanément, la réunion de haut niveau devrait proposer que le FMI, agissant en coopération avec d’autres institutions internationales compétentes, évalue la capacité de la communauté internationale de répondre aux besoins de liquidités internationales en cas d’urgence et étudie notamment la possibilité d’accorder des droits de tirage spéciaux à titre temporaire. |
160. Dans un pays, des échanges d’informations réguliers et un dialogue soutenu entre investisseurs et créanciers, qu’ils soient nationaux ou internationaux, officiels ou privés, et d’autres agents du développement peuvent stimuler la confiance des agents économiques. Ils peuvent également permettre d’anticiper les difficultés et de les résoudre plus facilement lorsqu’elles surgissent. Étant présent dans la plupart des pays en développement et en transition, le système des Nations Unies est particulièrement bien placé pour les aider à faciliter ces échanges et ce dialogue. L’ONU en particulier pourrait, en collaboration avec les institutions financières internationales, les aider à rassembler des représentants de diverses collectivités pour qu’ils débattent du développement économique national et de son financement. Cela ne leur permettrait pas seulement de nourrir le débat public sur le développement national mais aussi de cerner les causes de leurs problèmes financiers et d’approfondir l’analyse de leur situation financière, voire d’anticiper les difficultés, de redonner confiance et de prendre des mesures préventives en temps voulu si une crise financière menaçait de les frapper.
La
réunion de haut niveau devrait demander que le système
des Nations Unies ait les capacités professionnelles et opérationnelles
voulues pour aider tous les pays en développement et en transition
intéressés à élaborer et à faire
fonctionner des mécanismes nationaux et internationaux de concertation
au sujet du développement et de son financement avec tous les
agents compétents, et s’en serve. Renforcement de l’action menée par l’ONU pour compléter les travaux entrepris par les institutions monétaires, financières et commerciales internationales appropriées, conformément à leurs mandats respectifs, en vue de donner davantage de cohérence à l’aide au développement |
161. Le Sommet du Millénaire n’a pas seulement reconnu
la nécessité d’une bonne gouvernance sur le plan international
et de la transparence des systèmes financier, monétaire
et commercial, il a également montré tout l’intérêt
d’un dialogue politique ouvert et démocratique au plus haut niveau
sur la question clef de la mondialisation, qui serait axé sur la
finance, le commerce, les technologies et la dette.
162.
Comme l’indiquent les sections précédentes du présent
chapitre, l’un des principaux problèmes que pose l’intégration
croissante du commerce international et des marchés financiers
est la nécessité de neutraliser les risques qui en découlent
et de réduire les inégalités du système commercial
et financier susceptibles de remettre en cause son équité,
son ouverture et sa stabilité à long terme. Ces problèmes
et la nature des mesures prises pour y remédier amènent
à s’interroger sur la question de la gouvernance internationale
– et de la nécessité d’agir avec cohérence au niveau
mondial pour combler les fossés existants – ainsi que sur le rôle
crucial que l’ONU peut et doit jouer pour donner davantage de cohérence
à l’action entreprise dans ce domaine.
163.
Le récent Sommet du Millénaire est l’exemple le plus significatif
de la capacité qu’a l’ONU d’organiser un dialogue démocratique
et ouvert sur toutes les questions d’intérêt mondial relatives
à la paix et au développement. Les conférences des
Nations Unies des 10 dernières années et les sessions extraordinaires
que l’Assemblée générale a consacrées à
leur suivi ont contribué à dégager un consensus sur
les normes et politiques à adopter pour résoudre les nouvelles
questions économiques, environnementales et sociales. L’ONU a également
montré qu’elle acceptait d’ouvrir le dialogue à d’autres
acteurs, à savoir la société civile et le secteur
privé.
164.
Dans ce contexte, les dirigeants mondiaux réunis au Sommet du Millénaire
ont décidé « de garantir une plus grande cohérence
des politiques et d’améliorer la coopération entre l’Organisation
des Nations Unies, les organismes, les institutions de Bretton Woods et
l’Organisation mondiale du commerce, ainsi que d’autres organismes multilatéraux,
afin de suivre une démarche pleinement coordonnée visàvis
des problèmes de paix et de développement ». L’ONU
peut et devrait donner à la communauté internationale les
moyens de parvenir à ces fins – en particulier d’aider à
compléter les travaux menés par les institutions monétaires,
financières et commerciales internationales compétentes,
dans le cadre de leurs mandats respectifs.
La réunion de haut niveau devrait demander que l’on renforce l’Organisation des Nations Unies afin qu’elle puisse, en collaboration avec les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce, jouer le rôle clef qui lui revient en tant que pilier du système international dans l’intégration économique mondiale et l’élaboration de mesures qui permettent de satisfaire aux impératifs de croissance, d’équité, de stabilité et de cohérence. Elle devrait en particulier engager instamment les États Membres à renforcer la capacité de l’ONU de promouvoir un dialogue ouvert et participatif et, sur cette base, d’appuyer efficacement les efforts internationaux qui sont faits pour que la mondialisation favorise le développement et profite à tous les peuples ainsi que d’élaborer un système commercial et financier multilatéral normatif, ouvert, équitable, prévisible et non discriminatoire. |
165.
Au fil des années, dans le cadre des stratégies internationales
de développement adoptées à l’occasion des décennies
des Nations Unies en faveur du développement, des 10 conférences
de la CNUCED, des diverses sessions extraordinaires consacrées
aux questions de développement, de l’Agenda pour le développement
de 1997, des conférences spécialisées des années
90 et, plus récemment, de la session extraordinaire consacrée
au suivi du Sommet mondial pour le développement social, tenu en
1995 à Copenhague, et du Sommet du Millénaire luimême,
l’Assemblée générale a établi des politiques
générales relatives au développement et aux questions
de coopération économique internationale. Toute initiative
tendant à intensifier l’action de l’ONU en faveur du développement
doit donc commencer par renforcer l’Assemblée générale
ellemême et ses travaux, processus qui est en voie de réalisation.
Il faudrait trouver de nouveaux moyens de renforcer encore l’efficacité
des travaux de la Commission économique et financière de
l’Assemblée (Deuxième Commission) et les relations de travail
entre cette dernière, le Conseil économique et social et
ses organismes subsidiaires et diverses organisations. L’examen de la
question du renouvellement du dialogue sur le renforcement de la coopération
économique internationale par le partenariat auquel l’Assemblée
procède tous les deux ans devrait être axé sur les
questions relatives à la mondialisation qui exigent une concertation
au plus haut niveau.
166.
Lors du Sommet du Millénaire, les dirigeants mondiaux ont décidé
« de réaffirmer le rôle central de l’Assemblée
générale en tant que principal organe délibérant
et représentatif de l’Organisation des Nations Unies et de
lui permettre de s’en acquitter efficacement ». L’Assemblée
générale, en tant que premier organe délibérant
de l’Organisation, a le pouvoir de fixer des normes et exerce des responsabilités
dans les très nombreux domaines d’activité de l’Organisation,
notamment celui du développement. Les chefs d’État et de
gouvernement qui ont participé aux tables rondes organisées
pendant le Sommet du Millénaire ont trouvé leurs échanges
si intéressants qu’ils ont manifesté le souhait de les renouveler
dans le cadre de réunions plus régulières.
Les Etats membres devraient envisager de convoquer périodiquement des tables rondes au plus haut niveau dans le cadre des sessions de l'Assemblée générale poue examiner les grandes questions politiques intersectorielles liées à la croissance, à la stabilité et à l'intégration économiques mondiales et à l'équité. Les préparatifs de ces tables rondes devraient etre ouverts et participatifs, ce qui signifie que les institutions multilatérales pertinentes, les organisations de la société civile et le secteur privé devraient y etre pleinement associé |
167. Comme cela a été indiqué précédemment,
l’économie internationale est gouvernée par un ensemble
d’institutions multilatérales, de groupements régionaux
de pays, d’instances intergouvernementales temporaires de consultation
et de réseaux d’organismes privés. La mondialisation de
l’activité économique et financière a eu des conséquences
particulièrement lourdes sur les économies nationales et,
par voie de conséquence, sur les efforts qui sont faits aux niveaux
intergouvernemental et multilatéral pour en assurer une bonne gestion.
L’amélioration de la gouvernance mondiale passe par un élargissement
et une intensification des échanges intergouvernementaux, aux niveaux
tant régional qu’international.
Le Président de l’Assemblée générale devrait être invité à mettre au point, en collaboration avec les présidents des groupements régionaux de pays pertinents, les organisations financières et commerciales internationales et les entités des Nations Unies qui s’occupent de questions économiques, des modalités de concertation entre eux et avec tous les acteurs concernés qui permettent de recenser et de combler les lacunes politiques d’ordre institutionnel et d’orienter l’attention sur les questions politiques mondiales liées au développement. |
168.
À l’heure actuelle, le système économique mondial
est caractérisé par un ensemble décentralisé
d’institutions spécialisées, d’instances et de réseaux
s’occupant non seulement de l’élaboration des politiques, mais
aussi de leur coordination. Il n’existe pas de processus automatique garantissant
que les décisions adoptées par un organe sont compatibles
avec celles prises par un autre organe. Même dans les cas où
il s’agit d’institutions multilatérales publiques, les représentants
dans diverses entités du même gouvernement n’adoptent pas
toujours systématiquement une position concertée, surtout
s’ils relèvent de différents ministères.
169.
Au Chapitre IX de la Charte des Nations Unies, l’Organisation s’est vu
confier de vastes responsabilités en ce qui concerne la promotion
du progrès et du développement dans l’ordre économique
et social et une approche participative a été proposée
pour l’exercice de ces responsabilités, faisant appel à
un système d’institutions spécialisées qui apporteraient
chacune une contribution dans leur propre domaine de compétence,
tel qu’il est défini dans leurs mandats respectifs. Le Chapitre
X de la Charte place le Conseil économique et social au coeur d’un
tel système. L’Article 63 prévoit expressément que
le Conseil « ... peut coordonner l’activité des institutions
spécialisées en se concertant avec elles, en leur adressant
des recommandations, ainsi qu’en adressant des recommandations à
l’Assemblée générale et aux membres des Nations Unies
». L’Article 64 stipule en outre que le Conseil « peut prendre
toutes mesures utiles pour recevoir des rapports réguliers des
institutions spécialisées. Il peut s’entendre avec les membres
de l’Organisation et avec les institutions spécialisées
afin de recevoir des rapports sur les mesures prises en exécution
de ses propres recommandations et des recommandations de l’Assemblée
générale sur des objets relevant de sa compétence
». Ce sont sur ces dispositions générales que sont
fondées les modalités précises de coopération
définies dans les accords conclus avec les différentes institutions
spécialisées et autres organismes, tels que les institutions
issues des accords de Bretton Woods.
170.
En conséquence, compte tenu de la nécessité de renforcer
la cohérence et la compatibilité des politiques à
l’échelon mondial tout en respectant les attributions et responsabilités
individuelles des organismes monétaires financiers et commerciaux
internationaux compétents, le mandat du Conseil économique
et social de même que le succès qu’il a récemment
remporté dans ses efforts visant à amener tous les partenaires
à dialoguer font du Conseil un organe idéalement placé
pour promouvoir la coordination, la cohérence et la compatibilité
des politiques à l’échelon international et aborder les
problèmes connexes, notamment ceux pouvant nécessiter un
examen détaillé dans des instances plus spécialisées.
Les États Membres, tout comme les organismes du système,
peuvent et doivent tirer un meilleur parti du Conseil comme tribune de
dialogue, en particulier pour les questions ayant trait à la cohérence
et à la coordination des politiques.
171.
Comme on l’a vu plus haut, le Conseil économique et social est
progressivement devenu un organe stratégique qui aide à
élaborer des directives générales et facilite la
coordination des politiques au sein du système des Nations Unies.
Il offre un lieu naturel de rencontre et de dialogue constructif entre
entités, secteurs et institutions, où les diverses composantes
intéressées du système mondial peuvent communiquer
leurs préoccupations mutuelles et aussi communiquer avec le reste
du monde. Lors du Sommet du Millénaire, les dirigeants du monde
entier ont d’ailleurs décidé « de renforcer encore
le Conseil économique et social, en faisant fond sur ses récents
succès, afin qu’il puisse être en mesure de remplir le rôle
qui lui est confié dans la Charte » (voir résolution
52/2 de l’Assemblée générale, par. 30).
La réunion intergouvernementale de haut niveau devrait convenir qu’il faut redoubler d’efforts pour tirer plus efficacement parti du Conseil économique et social en tant qu’organe permettant de déceler les domaines où il existe un manque de cohérence et d’étudier les problèmes de coordination des politiques générales touchant les questions économiques, sociales et connexes, ainsi que ceux liés au renforcement de la cohérence et de la compatibilité des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux aux fins du développement. |
172. Dès le début de l’action expressément engagée
dans les années 80 pour « restructurer et revitaliser l’Organisation
des Nations Unies dans les domaines économique et social et les
domaines connexes », des progrès considérables ont
été accomplis en vue de renforcer et de revitaliser le Conseil
et ses méthodes de travail. Il convient de citer notamment les
progrès réalisés dans la mise en oeuvre de la résolution
50/227 de l’Assemblée générale et des mesures énoncées
au chapitre III de l’Agenda pour le développement relatif aux questions
institutionnelles et aux mesures de suivi. Le Conseil économique
et social a déjà procédé à de nombreuses
réformes novatrices pour accroître son efficacité,
en particulier pour améliorer et enrichir ses relations avec les
organismes financiers et commerciaux internationaux ainsi que d’autres
institutions et organismes spécialisés. La « concertation
» annuelle, tenue au début du débat de haut niveau
des sessions du Conseil, qui réunit les chefs de secrétariat
des principaux organismes financiers et commerciaux internationaux, a
suscité un intérêt croissant et une participation
de plus en plus large.
173.
De même, la rencontre qui a désormais lieu chaque printemps
entre le Conseil et les représentants – en particulier des hauts
fonctionnaires des ministères des finances – participant aux réunions
semiannuelles des institutions de Bretton Woods a été saluée
comme une initiative constructive permettant de réunir les décideurs
dans les domaines des finances, de la coopération pour le développement
et des affaires étrangères (cette initiative peut être
rapprochée des échanges officieux organisés périodiquement
pour faciliter les contacts et communications entre les membres du Conseil
et les administrateurs des conseils des institutions de Bretton Woods).
Ces mécanismes peuvent être encore renforcés et adaptés
afin que le dialogue au sein du Conseil économique et social alimente
les débats dans d’autres instances compétentes, et les ordres
du jour de ces rencontres peuvent et doivent être élaborés
plus en détail. Il a été suggéré que
le Conseil tienne plus souvent des réunions brèves et axées
sur des thèmes hautement prioritaires, selon que de besoin.
Les États Membres devraient poursuivre et développer les initiatives du type de celles qui ont été lancées ces dernières années pour faciliter les échanges du Conseil économique et social avec les représentants des organismes monétaires, financiers et commerciaux internationaux. La « concertation » annuelle et la rencontre du Conseil avec les représentants participant aux réunions semiannuelles des institutions de Bretton Woods devraient être considérées comme des possibilités de promouvoir en permanence la coordination et la cohérence des politiques, et leurs ordres du jour devraient donc être développés et des préparatifs entrepris en vue d’obtenir des résultats plus précisément définis. |
174. Outre ses propres sessions ordinaires, le Conseil est doté
d’un solide réseau de commissions techniques et d’organes d’experts
qui traitent de toute une gamme de problèmes d’ordre économique
et social (développement durable, développement social,
environnement, sexospécificités, droits de l’homme, administration
publique, habitat, criminalité). Ces commissions et organes suscitent
habituellement une participation au niveau ministériel et entretiennent
un dialogue avec le mécanisme interorganisations compétent.
Leurs rapports alimentent les travaux du Conseil et des mesures sont actuellement
prises pour faire en sorte que ce dernier puisse les examiner dans une
optique globale et cohérente. Par ailleurs, le Conseil a luimême
intensifié son dialogue et ses échanges avec le Comité
administratif de coordination (CAC) et s’efforce d’associer plus étroitement
à ses activités les chefs de secrétariat des organismes
du système. Le Conseil dispose donc de très nombreuses possibilités
de réunir les composantes du système et promouvoir le dialogue
sur les questions de coordination des politiques, notamment l’amélioration
de la cohérence et de la compatibilité des approches du
système pour ce qui touche aux problèmes financiers, commerciaux,
environnementaux et sociaux.
175.
Dans le cadre des progrès réalisés dans ce sens ces
dernières années, le Conseil a adopté des communiqués
ministériels sur des questions aussi diverses que l’accès
aux marchés, l’élimination de la pauvreté, l’emploi
et les femmes ainsi que les technologies de l’information au service du
développement. Il a réussi à faire participer les
organismes multilatéraux de développement et de financement
et d’autres institutions spécialisées de même que
la société civile et le secteur privé à un
dialogue réunissant des partenaires multiples, qui contribue à
transformer la nature même du Conseil. Il reste néanmoins
beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir affirmer que le
Conseil économique et social a donné la pleine mesure de
ses capacités et il faut continuer d’examiner activement d’autres
suggestions émises pour renforcer encore l’impact de ses travaux.
176. Les efforts récemment déployés par le Conseil pour promouvoir une approche intégrée du suivi des conférences mondiales ont contribué à appeler l’attention de la communauté internationale sur un ensemble de buts et objectifs de développement convenus à l’échelon international et approuvés lors du Sommet du Millénaire ainsi que sur les modalités à adopter pour les atteindre. Le Conseil pourrait maintenant faire un pas de plus dans ce sens en mettant en place, avec le concours du CAC et de son mécanisme subsidiaire et avec la participation des organismes multilatéraux chargés du développement, du financement et du commerce ainsi que de la société civile, des mécanismes d’examen et d’évaluation périodiques des progrès accomplis dans la réalisation de ces buts et objectifs ainsi que de l’évolution des politiques et pratiques en matière de coopération pour le développement, et en procédant à une analyse et un bilan plus systématiques de l’impact général sur le développement des politiques dans les domaines de la coopération pour le développement, des finances et du commerce. Il faudrait confier au CAC, organe composé des chefs de secrétariat des organismes du système, la responsabilité d’analyser et d’évaluer ces évolutions et politiques, de définir les mesures à prendre à l’échelle du système pour traiter des principaux problèmes de politique générale et aider le Conseil à entreprendre l’examen et l’évaluation susmentionnés.
Le
Conseil économique et social devrait entreprendre, dans le
cadre du suivi des conférences mondiales et de la réunion
internationale de haut niveau chargée d’examiner la question
du financement du développement à l’échelon intergouvernemental,
un examen et une évaluation périodiques et systématiques
: a) Des progrès accomplis dans la réalisation des buts et objectifs convenus à l’échelon international; b) De l’évolution des politiques et pratiques en matière de coopération pour le développement; c) De l’impact général sur le développement des politiques dans les domaines de la coopération pour le développement, des finances et du commerce. |
177.
Ces dernières années, la participation active de tous les
partenaires concernés, en particulier des représentants
de la société civile et du secteur privé, a été
au centre des préoccupations des États Membres de l’ONU,
surtout dans le contexte de l’initiative de financement du développement.
Cela étant et audelà des modalités novatrices mises
en place pour faciliter une large participation au processus même
de financement du développement, il a été proposé
que, dans le cadre du suivi de la réunion intergouvernementale
de haut niveau, le Conseil économique et social consacre une partie
de ses sessions à un débat complémentaire sur le
financement du développement, selon une structure souple et largement
ouverte qui permettrait d’y associer, outre les membres du Conseil, des
représentants des institutions spécialisées et d’autres
organes intergouvernementaux compétents, des organisations non
gouvernementales dotées du statut consultatif auprès du
Conseil et des associations financières, commerciales et professionnelles
intéressées. Ces débats, qui pourraient avoir lieu
tous les deux ans pour ne pas donner un surcroît de travail au Conseil,
devraient avoir un caractère essentiellement ouvert et informel,
et le dialogue entre les participants pourrait être enrichi par
l’organisation de tables rondes et d’activités connexes. Comme
indiqué dans la recommandation précédente, les débats
pourraient aussi être reliés à ceux consacrés
à la mise en oeuvre des résultats des grandes conférences
des Nations Unies et du Sommet du Millénaire.
Le Conseil économique et social devrait être prié d’envisager de consacrer périodiquement une partie de ses sessions à un vaste débat sur les questions liées au suivi de la réunion internationale chargée d’examiner la question du financement du développement et à la mise en oeuvre des décisions prises à cette occasion, lequel prévoirait, grâce à l’adoption de nouveaux mécanismes novateurs et souples, la participation active de tous les partenaires institutionnels et non institutionnels intéressés. |
Notes
1 Voir Documents officiels de l’Assemblée générale, cinquante -cinquième session, Supplément No 28 (A/55/28), deuxième partie, chap. VI, sect. B.
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15 janvier 2002
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