a) Activités liées à la gestion
15.5 Avec la coopération des organismes compétents des Nations Unies,
et le cas échéant des organisations intergouvernementales, et avec le
concours des populations autochtones et des collectivités locales, des
organisations non gouvernementales et d'autres groupes, notamment les
milieux d'affaires et les milieux scientifiques, les autorités
nationales aux échelons appropriés devraient, selon ce qui leur
convient et en respectant les politiques et pratiques nationales et les
règles du droit international :
a) Etablir ou renforcer les stratégies, plans ou programmes
d'action qui sont nécessaires pour préserver la diversité biologique et
assurer une exploitation non déprédatrice de la biosphère, en tenant
compte des impératifs en matière d'enseignement et de formation dans ce
domaine 4/;
b) Intégrer dans les plans, programmes et politiques sectoriels
ou intersectoriels pertinents des stratégies permettant de préserver la
diversité biologique et d'exploiter sans la détruire la richesse
biologique et génétique, en tenant tout particulièrement compte de
l'importance que revêtent les biotes terrestres et aquatiques dans la
production alimentaire et l'agriculture 5/;
c) Entreprendre, en réalisant des études de pays ou par d'autres
méthodes, de recenser les éléments qui jouent un rôle important dans la
préservation de la diversité biologique et permettent d'exploiter sans
les détruire les ressources de la biosphère, attribuer des valeurs aux
richesses biologiques et génétiques, recenser les processus et
activités qui ont des incidences notables sur la diversité biologique,
apprécier les effets économiques que peuvent avoir la préservation de
celle-ci et l'exploitation prolongée des ressources biologiques et
génétiques et proposer les mesures à prendre en priorité;
d) Prendre les mesures d'incitation qui conviennent -
économiques, sociales et autres - pour encourager la préservation de la
diversité biologique et une exploitation non déprédatrice de la
biosphère, notamment des modes de production durable, par exemple les
méthodes d'agriculture, d'agroforesterie, de sylviculture et de gestion
des zones de pacage et de la faune, qui exploitent, entretiennent ou
augmentent la diversité biologique 5/;
e) Prendre les mesures nécessaires, en conformité avec la
législation nationale, pour que soient respectés, gardés en mémoire,
protégés et largement adoptés ailleurs les savoirs, innovations et
pratiques qui constituent le mode de vie traditionnel des collectivités
autochtones et locales et qui permettent de préserver la diversité
biologique et d'exploiter durablement la biosphère, afin qu'il y ait
juste et équitable répartition des bienfaits en découlant, et
promouvoir des dispositifs qui permettent de faire participer ces
collectivités, y compris les femmes, à la conservation et à la gestion
des écosystèmes 1/;
f) Entreprendre des travaux de recherche à long terme pour
déterminer l'importance de la diversité biologique dans le
fonctionnement des écosystèmes et le rôle de ceux-ci dans la production
des biens, bienfaits et valeurs sur lesquels s'appuie un développement
durable. Les recherches devraient notamment porter sur la biologie et
la reproductivité des principales espèces terrestres et aquatiques,
notamment naturelles, domestiques et sélectionnées, les nouvelles
techniques d'observation et d'inventaire, les conditions écologiques
nécessaires pour que la diversité biologique puisse être préservée et
continue d'évoluer, et les comportements sociaux et habitudes
alimentaires qui sont conditionnés par les écosystèmes naturels et dans
lesquels les femmes jouent un rôle capital. Ces travaux devraient
faire appel à tous les concours possibles, en particulier celui des
populations autochtones et leurs collectivités, et sans oublier les
femmes 1/;
g) Prendre les mesures qui peuvent être nécessaires pour assurer
la préservation de la diversité biologique : mesures in situ, pour la
conservation des écosystèmes et des habitats naturels et celle des
cultivars d'origine et des espèces sauvages qui leur sont apparentées,
préservation ou reconstitution dans leur milieu naturel de populations
viables d'espèces; mesures ex situ, à prendre de préférence dans le
pays d'origine. Parmi les mesures in situ, on devrait notamment
renforcer les systèmes de zones protégées (zones terrestres, marines ou
aquatiques), et préserver, entre autres éléments, les zones
dulçaquicoles et autres zones humides vulnérables et les écosystèmes
côtiers, tels qu'estuaires, récifs coralliens et mangroves 6/;
h) Favoriser la remise en état ou la reconstitution des
écosystèmes endommagés et la régénération des espèces menacées ou en
voie de disparition;
i) Définir des politiques qui encouragent sur les terres privées
la préservation de la diversité biologique et une exploitation non
déprédatrice de la richesse biologique et génétique;
j) Promouvoir dans les secteurs adjacents aux zones protégées un
développement sans danger pour l'environnement et qui puisse s'inscrire
dans la durée, afin de mieux protéger ces zones;
k) Lorsque l'on projette des opérations susceptible d'avoir
d'importantes répercussions sur la diversité biologique, introduire les
méthodes qui conviennent pour évaluer l'impact sur l'environnement, en
faisant en sorte d'assurer un large accès à l'information appropriée et
la participation du public s'il y a lieu, et encourager les évaluations
de l'impact des politiques et programmes conçus pour favoriser la
préservation de la diversité biologique;
l) Promouvoir, lorsqu'il y a lieu, l'établissement ou le
renforcement de systèmes d'inventaire, de réglementation ou de gestion
et de contrôle pour qu'ils contribuent à préserver la richesse
biologique au niveau qui convient;
m) Encourager à mieux comprendre et apprécier la valeur de la
diversité biologique, telle qu'elle se manifeste dans ses composantes
et dans les bienfaits des écosystèmes.
b) Données et informations
15.6 Avec la coopération des organismes compétents des Nations Unies et
éventuellement des organisations intergouvernementales et avec le
concours des populations autochtones et de leurs collectivités, des
organisations non gouvernementales et d'autres groupes, notamment les
milieux d'affaires et les milieux scientifiques, les autorités
nationales aux échelons appropriés devraient selon ce qui leur convient
et en respectant les politiques et pratiques nationales et les règles
du droit international 7/ :
a) Rassembler, évaluer et échanger régulièrement des éléments
d'information sur la préservation de la diversité biologique et
l'exploitation non déprédatrice de la biosphère;
b) Elaborer des méthodes qui permettent de recueillir et
d'évaluer systématiquement, à l'échelle nationale, des échantillons des
éléments qui composent la diversité biologique tels qu'ils ont été
recensés par des études de pays;
c) Introduire ou développer des méthodes pour entreprendre ou
continuer d'effectuer au niveau approprié des enquêtes sur l'état des
écosystèmes, et établir un fonds de données de base sur la richesse
biologique et génétique, y compris celle des écosystèmes terrestres,
aquatiques, côtiers et marins, ainsi que des inventaires, ceux-ci avec
la participation des populations autochtones et de leurs collectivités;
d) Déterminer et évaluer, en s'appuyant sur les études de pays,
les incidences et les bienfaits que peuvent avoir sur les plans
économique et social, dans les pays considérés individuellement, la
conservation et l'exploitation non déprédatrice des espèces terrestres
et aquatiques;
e) Entreprendre de mettre à jour, analyser et interpréter les
données que les activités d'identification, d'échantillonnage et
d'évaluation mentionnées ci-dessus auront permis d'établir;
f) Rassembler, évaluer et communiquer des éléments d'information
utiles et fiables en temps voulu et sous la forme qui convient pour que
les responsables à tous les niveaux puissent les exploiter et prendre
les décisions avec l'adhésion et la participation sans restriction des
populations autochtones et de leurs collectivités.
c) Coopération et coordination internationales et régionales
15.7 A l'échelon approprié, les gouvernements, avec la coopération des
organes compétents des Nations Unies et, le cas échéant, avec celle
d'organisations intergouvernementales et avec l'appui des populations
autochtones et de leurs collectivités locales, des organisations non
gouvernementales et d'autres groupes, y compris les milieux d'affaires
et les communautés scientifiques, et conformément au droit
international, devraient, au besoin :
a) Envisager la création ou le renforcement de capacités et de
réseaux nationaux ou internationaux pour l'échange de données et
d'informations sur la préservation de la diversité biologique et
l'utilisation durable des ressources biologiques et génétiques 7/;
b) Produire des rapports mondiaux, à mettre à jour régulièrement,
sur la diversité biologique, sur la base d'études nationales faites
dans tous les pays;
c) Encourager la coopération technique et scientifique dans le
domaine de la préservation de la diversité biologique et l'utilisation
durable des ressources biologiques et génétiques. On prêtera
spécialement attention à l'élaboration et au renforcement des capacités
nationales par la mise en valeur des ressources humaines et la création
d'institutions, y compris le transfert de technologie et le
développement des installations de recherche et de gestion tels que les
herbariums, les muséums, les banques de gènes et les laboratoires
s'occupant de préservation de la diversité biologique 8/;
d) Sous réserve des dispositions pertinentes de la Convention sur
la diversité biologique, faciliter, au titre de ce chapitre, le
transfert de technologie dans le domaine de la préservation de la
diversité biologique et de l'utilisation durable des ressources
biologiques ou de techniques qui utilisent des ressources génétiques
sans causer de dommage important à l'environnement, et ce conformément
aux dispositions du chapitre 34, en reconnaissant
que la technologie inclut la biotechnologie 2/, 8/;
e) Encourager la coopération entre les parties aux conventions et
plans d'action internationaux pertinents dans le but de renforcer et de
coordonner les efforts déployés pour préserver la diversité biologique
et pour assurer l'utilisation durable des ressources biologiques;
f) Renforcer l'appui donné aux instruments, programmes et plans
d'action internationaux et régionaux concernant la préservation de la
diversité biologique et l'utilisation durable des ressources
biologiques;
g) Encourager une meilleure coordination internationale des
mesures prises pour assurer une conservation et une gestion efficace
des espèces migratoires non parasites menacées d'extinction, avec un
appui, d'un niveau approprié, à la création et à la gestion de zones
protégées dans des régions transfrontalières;
h) Encourager les efforts nationaux faits pour établir des
enquêtes, la collecte de données, les échantillonnages et les
évaluations, et l'organisation de banques de gènes.
Moyens d'exécution
a) Financement et évaluation des coûts
15.8 Le secrétariat de la Conférence a estimé que le montant total des
dépenses afférentes à la mise en oeuvre des activités relevant du
présent domaine pour la période 1993-2000 se chiffrerait en moyenne à
environ 3,5 milliards de dollars par an, montant qui serait financé à
hauteur de 1 milliard 750 millions de dollars environ par la communauté
internationale sous forme de dons ou à des conditions concessionnelles.
Il ne s'agit que d'estimations approximatives données à titre
indicatif, qui n'ont pas été examinées par les gouvernements. Les
dépenses effectives et les conditions financières, y compris les
conditions non concessionnelles, dépendront notamment des stratégies et
programmes spécifiques que les gouvernements décideront de mettre en
oeuvre.
b) Moyens scientifiques et techniques
15.9 Les aspects spécifiques à examiner comprennent la nécessité de
mettre au point :
a) Des méthodes efficaces pour la réalisation d'enquêtes et
d'inventaires de référence, ainsi que l'échantillonnage et l'évaluation
systématiques des ressources biologiques;
b) Des méthodes et des techniques de préservation de la diversité
biologique et de l'utilisation durable des ressources biologiques;
c) Des méthodes améliorées et diversifiées pour la conservation
ex situ à long terme des ressources génétiques importantes pour la
recherche et le développement.
c) Mise en valeur des ressources humaines
15.10 Il faut selon que de besoin :
a) Accroître le nombre et utiliser plus efficacement les
scientifiques et techniciens qualifiés dans les disciplines utiles pour
la préservation de la diversité biologique et l'utilisation durable des
ressources biologiques;
b) Lancer ou poursuivre des programmes d'éducation et de
formation scientifique et technique des cadres, en particulier dans les
pays en développement, portant sur les mesures à prendre pour
identifier les ressources biologiques, conserver leur diversité et
assurer leur utilisation durable;
c) Faire mieux comprendre l'importance des mesures qu'appellent
la préservation de la diversité biologique et l'utilisation durable des
ressources biologiques au niveau de la décision politique et à tous les
niveaux de décision dans les administrations, les entreprises privées
et les institutions financières et encourager l'inclusion de ces
questions dans les programmes d'enseignement.
d) Renforcement des capacités
15.11 Il faut selon que de besoin :
a) Renforcer les institutions existantes responsables de la
préservation de la diversité biologique ou en établir de nouvelles, et
envisager la création d'instituts ou de centres nationaux de
préservation de la diversité biologique;
b) Continuer à augmenter la capacité de préservation de la
diversité biologique et d'utilisation durable des ressources
biologiques dans tous les secteurs pertinents;
c) Créer des capacités, en particulier au sein des
administrations, des entreprises et des organismes bilatéraux et
multilatéraux de développement, afin d'intégrer le souci de préserver
la diversité biologique, les avantages à en attendre et le calcul du
coût d'opportunité dans la conception, l'exécution et l'évaluation des
projets, ainsi que pour mesurer l'incidence des projets de
développement sur la diversité biologique;
d) Augmenter la capacité des organismes publics et privés, à
l'échelon approprié, responsables de la planification et de la gestion
des zones protégées, d'entreprendre une coordination et une
planification intersectorielles, avec d'autres organismes publics, des
organisations non gouvernementales et, le cas échéant, les populations
autochtones et leurs collectivités.