Article de fond
Assemblée Générale des Nations UniesDans le village vietnamien de Keo Pratu, Xai Kur, âgé de 67 ans, se dit «dégoûté» de la culture de l'opium que sa famille pratique depuis un siècle. «D'abord, il devient de plus en plus difficile à vendre. Et récemment, les autorités de district ont fait savoir que tout vendeur d'opium irait en prison», dit-il. «En somme, les risques deviennent trop grands.»
Dans la région de Chapare, en Bolivie, où il vit depuis 16 ans, l'agriculteur Luis Choque Flores a cessé de cultiver du coca et produit maintenant des ananas. «Je suis venu ici à cause de la feuille de coca. Tout le monde m'a dit qu'avec le coca on gagnait de l'argent. J'ai abandonné en 1992 quand nous avions tous à faire la queue pour être payés», dit-il.
Dans des villages du monde entier, des agriculteurs de plus en plus nombreux abandonnent la culture des drogues, certains volontairement, en raison de la chute des prix, et d'autres sous la pression et avec l'assistance du gouvernement. Selon Pino Arlacchi, directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID), les prix payés aux agriculteurs pour la feuille de coca et le pavot d'opium ne sont plus si séduisants que jadis.
Et beaucoup se lassent de la peur, de la violence, de l'intimidation et des incertitudes qui sont inséparables du commerce des drogues.
Les programmes actuellement destinés à promouvoir d'autres modalités possibles de développement, conçus pour empêcher et éliminer les cultures de drogues, vont bien au-delà d'une substitution de cultures. Des projets sont mis au point, avec l'apport et la participation des communautés, pour aider les exploitants à accroître leurs revenus, commercialiser leurs produits, obtenir un revenu additionnel et élever leur niveau de vie grâce à un meilleur accès aux soins de santé, à l'éducation et à l'eau potable.
Du 8 au 10 juin, à New York, l'Assemblée générale des Nations Unies tiendra une session extraordinaire sur le problème mondial de la drogue. La question des autres modalités possibles de développement et celle de l'éradication des cultures illicites figurent en bonne place à son ordre du jour. La réunion espère déclencher les initiatives et la collecte des ressources nécessaires pour réduire au niveau mondial la demande et l'offre de drogues.
Des programmes assurant d'autres modalités possibles de développement sont en cours dans de nombreux pays. Les pays qui figurent en tête de liste sont, d'une part, l'Afghanistan et le Myanmar, où poussent environ 90 % du pavot d'opium et où les combats ont favorisé l'extension de cultures illicites, et, d'autre part, la Bolivie, la Colombie et le Pérou, qui comptent ensemble pour la plus grande partie de la récolte mondiale de coca.
Le coca et le pavot d'opium sont la matière première de la cocaïne et de l'héroïne, que consomment dans le monde entier plus de 21 millions de personnes, devenues incapables de s'en affranchir.
Réduire la culture du pavot d'opium en Asie
Dans la région de Palavek, au Laos, la culture de l'opium a été presque éliminée. En 1989, le PNUCID, le Gouvernement lao et les villageois se sont engagés dans un projet destiné à offrir de nouvelles sources de revenu. Des cultures hautement profitables, comme celles de l'asperge et du café, ont été introduites, et des programmes d'irrigation simples ont permis d'augmenter le rendement du riz. De nouvelles routes ont été construites, donnant accès aux marchés. Une éducation dont le contenu, par exemple couture et agriculture, était en rapport avec le mode de vie réel de la population a été introduite, les soins de santé et l'accès à l'eau potable ont été améliorés. Six ans après le début du projet, la production annuelle d'opium est tombée de 3,5 tonnes à 100 kilogrammes. La proportion des habitants atteints de paludisme, principale cause de décès et d'invalidité dans la région, est tombée de 48 à 4 %, et le nombre de toxicomanes a diminué de moitié.
Des projets tels que celui-ci, introduits au cours des 10 dernières années, ont fait reculer la culture du pavot dans plusieurs pays. «Nous avons presque éliminé la production de drogues au Pakistan et en Thaïlande», déclare M. Arlacchi.
Afghanistan
Selon le PNUCID, la production d'opium est passée en Afghanistan de 200 tonnes en 1972 à 2 800 tonnes aujourd'hui. Pour l'essentiel, elle a commencé d'augmenter durant la période d'occupation soviétique et de guerre. Seuls quelques exploitants le cultivaient auparavant, surtout à des fins médicinales ou pour enrichir la saveur du pain avec la graine de pavot.
Aujourd'hui, environ un million d'Afghans participent directement ou indirectement à la culture d'opium. En 1997, quelque 200 000 agriculteurs cultivaient le pavot sur 58 000 hectares. L'opium produit en Afghanistan provient pour l'essentiel (96,4 %) des provinces placées sous le contrôle des Taliban, groupe nationaliste islamique dont l'autorité s'étend désormais à la plus grande partie du pays.
En octobre 1997, à l'issue de négociations avec l'ONU, les Taliban ont confirmé qu'ils étaient prêts à interdire la production du pavot. Ils reconnaissent toutefois qu'il leur est impossible d'en limiter la culture sans l'aide de donateurs.
Un projet pilote promouvant d'autres modalités possibles de développement, actuellement en cours, porte sur 5 000 hectares plantés de pavot dans deux provinces, Nangarhar et Qandahar, situées dans le sud du pays, près de la frontière pakistanaise.
Le PNUCID est en train de tester à petite échelle le degré de détermination des Taliban. Si ceux-ci tiennent leur parole, il proposera ensuite d'élargir le programme. Des blocs d'assistance sont élaborés avec la participation des communautés villageoises et des autorités locales dans quatre districts. Le plan d'action fait partie d'un accord qui oblige les agriculteurs à accepter une interdiction progressive de la culture de l'opium et les autorités à la faire respecter.
Les pavots d'opium seront en fin de compte remplacés par des fruits et légumes, cultures qui ont été pratiquées ici pendant des siècles. Les Afghans avaient la réputation dans les années 70 de produire des fruits de qualité exceptionnelle, qu'ils exportaient en Europe.
Le PNUCID travaille avec d'autres institutions des Nations Unies en Afghanistan, les encourageant à acheminer leur aide vers les zones de culture de l'opium. La communauté internationale s'efforce aussi de suivre et évaluer les activités de contrôle des drogues, s'assurant de la superficie occupée par la culture du pavot, étudiant le degré de diffusion locale d'abus des drogues et établissant 12 équipes communautaires de traitement et d'intervention.
Le contrôle des zones frontalières est resserré pour arrêter la circulation des drogues à travers les pays limitrophes en direction de l'Europe occidentale. Ce trafic a engendré un abus croissant de l'héroïne en Afghanistan, introduit par les réfugiés rapatriés, de même qu'au Pakistan et en Inde. En outre, le trafic qui transite par l'Iran et les républiques d'Asie centrale semble à l'origine de l'abus croissant des drogues constaté dans ces pays.
«Le but est de créer une ceinture de sécurité autour de l'Afghanistan afin de couper les routes du trafic des drogues à destination des pays voisins», dit M. Arlacchi. L'Iran, l'Ouzbékistan, le Pakistan, le Tadjikistan et le Turkménistan, qui partagent ensemble une frontière longue de 5 000 kilomètres avec l'Afghanistan, participent à cet effort. «Les pays limitrophes font preuve de coopération, parce que l'Iran et le Pakistan ont un problème de la drogue et que les pays d'Asie centrale comprennent fort bien que, en tant que pays de transit, ils deviendront aussi des pays de consommation à moins de prendre sérieusement la situation en mains», déclare M. Arlacchi.
Le coût estimatif total du programme de contrôle des drogues en Afghanistan est de 250 millions de dollars pour une période de 10 ans. Si les fonds nécessaires sont dégagés, il est prévu que son exécution contribuera à l'éradication de la culture du pavot, ainsi qu'à la stabilité politique et à l'amélioration des niveaux de vie.
Myanmar
Sur les hauteurs qui marquent la frontière du Myanmar, la culture illicite du pavot est pratiquée en raison des revenus élevés qu'elle assure; c'est l'une des principales zones mondiales de production d'opium et de fabrication d'héroïne. La consommation d'héroïne et les cas de VIH/sida y sont en progression.
On estime qu'une superficie comprise entre 40 000 et 150 000 hectares est consacrée à la culture du pavot. Les seuls chiffres disponibles quant à la production d'opium sont ceux du Gouvernement américain, basés sur des photos par satellite, et ceux du Gouvernement du Myanmar, qui sont extrêmement éloignés. Le Gouvernement du Myanmar entreprend cette année pour la première fois une enquête nationale sur l'opium, dans l'espoir qu'elle permettra d'établir des chiffres plus fiables que les diverses parties pourront utiliser en vue d'un solide plan de réduction de la culture du pavot.
Dans le cadre d'un programme décennal, le PNUCID commence actuellement un important projet ouvrant d'autres modalités de développement dans la région Wa, au nord-est du pays, près de la frontière chinoise, région qui représenterait 70 % de l'ensemble des cultures de pavot au Myanmar.
Ce projet, le premier dans la région, mettra l'accent sur le développement communautaire, sur les autres sources de revenu possibles pour les agriculteurs, sur la construction de routes qui permettraient d'acheminer les fruits et légumes et autres marchandises vers les marchés, sur l'extension de l'agriculture et de l'élevage, les services de vulgarisation destinés aux agriculteurs et les programmes de santé et d'éducation.
Le projet quinquennal, d'une valeur de 15,5 millions de dollars, a pris environ deux ans à concevoir et négocier. Il a été signé par les gouvernements du Myanmar et de la Chine et par le PNUCID. Les dirigeants de la communauté Wa qui contrôlent ce secteur ont approuvé le document et se sont engagés à éliminer progressivement l'industrie de l'opium pourvu que d'autres sources de revenu possibles puissent être assurées en remplacement de la culture du pavot. Ces cultures seront le riz et peut-être le blé noir et le sucre.
«Les dirigeants de la communauté Wa peuvent se déplacer et ils ont constaté que d'autres parties du pays tirent profit du développement. Ils ont aussi vu que le développement est en cours de l'autre côté de la frontière, en Chine», explique un représentant du PNUCID en poste au Myanmar. «Ils ont d'autre part quelque idée de la manière dont la communauté internationale voit le commerce illicite de l'opium et de l'héroïne. Et la région est très pauvre. Je crois qu'ils souhaitent sincèrement qu'elle se développe par des voies licites.»
Réduire la culture du coca en Amérique latine
La production mondiale de cocaïne, soit 850 tonnes par an, provient à peu près en totalité de Bolivie, de Colombie et du Pérou ou de régions proches de ces trois pays. Une superficie d'environ 180 000 hectares y est consacrée à la culture du coca.
Les trafiquants de drogues colombiens groupent 60 à 70 % de la production de cocaïne, tandis que le reste est raffiné en Bolivie et au Pérou.
Bolivie
Le Gouvernement bolivien a affirmé sa détermination d'éliminer d'ici à 2002 toutes les plantations illicites de coca, sur la base d'un programme d'éradication volontaire et d'un dialogue permanent avec les cultivateurs de coca. L'objectif fait partie d'un nouveau plan national de contrôle des drogues approuvé en décembre 1997. «C'est la première fois qu'il existe en Bolivie une stratégie détaillée, assortie d'un objectif clair et limité dans le temps, visant à éliminer les cultures illicites de coca», déclare un représentant du PNUCID en poste dans le pays.
Une superficie d'environ 50 000 hectares est consacrée au coca dans la région tropicale de Cochabamba et dans celle d'Yungas (comté de La Paz).
La situation de la Bolivie est unique en Amérique latine, en ceci que les paysans y ont reçu une indemnisation à titre personnel pour éliminer la culture du coca. En 1986 et 1987, le montant en était de 350 dollars par hectare; il a grimpé à 2 000 dollars de 1988 à 1993, pour atteindre 2 900 dollars au début de 1998. Cependant, beaucoup de cultivateurs se sont bornés à prendre l'argent, sont allés s'installer ailleurs et ont commencé à replanter du coca.
De 1993 à 1996, environ 17 600 hectares de coca ont été éliminés, tandis que 19 060 nouveaux hectares en étaient plantés, selon les évaluations du Gouvernement bolivien et de l'Agency for International Development des Etats-Unis (USAID).
Le Gouvernement est en train de mettre progressivement fin au programme d'indemnisation, renforçant son contrôle sur les cultures illicites et exigeant des exploitants qu'ils adoptent bientôt des cultures de remplacement.
La loi bolivienne prévoit que le coca peut être cultivé légalement à des fins traditionnelles sur 12 000 hectares. Le surplus doit disparaître. Selon les prévisions, le programme national de réduction du coca coûtera 808 millions de dollars pendant la période 1998-2002. Le coca est remplacé par une combinaison de plusieurs cultures, dont l'ananas, la banane, les agrumes, le fruit de la passion, le poivron et du fourrage. Le programme, soutenu par le PNUCID, s'inspire des principes de l'agroforesterie afin de garantir que le progrès économique ne se fasse pas au dépens de l'environnement. Selon le PNUCID, la commercialisation fait de moins en moins problème, parce qu'il existe de bonnes routes et que la coopération internationale s'affirme avec vigueur.
Un grand nombre d'associations d'agriculteurs ont surgi dans la région de Chapare pour soutenir les autres modalités possibles de développement. Citons par exemple l'Association des producteurs de thé, AGROTE, formée en 1989 et qui compte désormais plus de 30 membres. Grâce à son action, la production de thé vert est passée de 8 300 kilogrammes en 1990 à plus de 145 000 kilogrammes en 1996. Son thé noir, considéré comme l'un des meilleurs d'Amérique latine, a obtenu la caution du London Tea Institute.
L'investissement privé, qui est passé de 50 000 dollars environ en 1992 à un montant global de 4 millions de dollars aujourd'hui, favorise le développement de l'agro-industrie et du tourisme dans la région tropicale de Cochabamba. Selon le PNUCID, la difficulté est désormais d'obtenir un renforcement de l'investissement privé dans les zones productrices de coca afin de soutenir les autres modalités possibles de développement.
Colombie
Si la production de coca a diminué au Pérou ces dernières années, elle augmente en Colombie. La plupart des zones de culture du coca n'y sont pas sous le contrôle de l'Etat, mais se trouvent plutôt dans des secteurs contestés ou des secteurs placés sous le contrôle des guérilleros et de groupes paramilitaires. Comme les premiers ne reçoivent plus d'appui de Cuba ni de Moscou, ils doivent suffire à leurs propres besoins. Leurs deux sources de revenu consistent à obtenir des rançons en échange de la mise en liberté de victimes d'enlèvement et à protéger les laboratoires de cocaïne et les pistes d'atterrissage des trafiquants.
En présence de cette situation complexe, une double approche a été élaborée, qui repose sur les autres modalités possibles de développement et l'éradication forcée des cultures illicites. Selon le PNUCID, la moitié du coca et plus de la moitié du pavot sont cultivés par les cartels ou par des personnes proches de ceux-ci sur des plantations commerciales. Dans le cadre du plan de contrôle des drogues, les plantations commerciales seront détruites par la police nationale antistupéfiants avec l'aide du Gouvernement américain.
Le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues, agissant en collaboration avec un organisme colombien, PLANTE, aide les exploitants à renoncer aux cultures illicites. Des projets sont mis au point pour répondre aux besoins des différentes zones.
«Certains des producteurs de coca se sont récemment installés dans ces zones; ils viennent des hautes terres, où existe une pénurie de sol arable pour bien des raisons, l'une étant que les trafiquants de drogues ont acheté les meilleures terres. Certains ont été chassés par la violence», explique un représentant du PNUCID en Colombie. «Beaucoup d'entre eux viennent sans rien connaître du secteur dans lequel ils s'installent et sachant seulement cultiver le coca. Il est beaucoup plus difficile de travailler avec eux parce qu'il faut d'abord leur enseigner les rudiments de toute autre culture. Dans certains autres secteurs, on trouve des paysans installés de longue date qui ont l'expérience d'autres cultures.»
Le café, le yucca, le caoutchouc et divers arbres fruitiers sont plantés pour remplacer le coca. L'élevage et l'aquaculture sont également possibles.
Le PNUCID affirme que la plus grande difficulté, dont la solution ne relève pas de lui, est d'instaurer la paix dans des zones perturbées pour que les programmes relatifs à d'autres modalités possibles de développement puissent y commencer.
Pérou
«Le PNUCID estime qu'au Pérou, en 1990, plus de 200 000 hectares étaient plantés de coca. Sept ans plus tard, ce ne sont plus que 70 000 hectares», déclare Pino Arlacchi. Durant les deux dernières années, la culture du coca a reculé au Pérou de 40 % environ.
Une raison en est la baisse du prix de la feuille de coca, conséquence d'une moindre demande au niveau des fermes. Cette baisse des prix résulte d'un contrôle accru du trafic des stupéfiants entre le Pérou et les pays voisins et de l'extension de la culture du coca en Colombie. Un autre facteur réside dans l'offre d'autres modalités possibles de développement : les paysans ont désormais accès à des options économiques viables en remplacement de la culture du coca.
Le Gouvernement péruvien a donné aux autres modalités possibles de développement une place centrale dans sa stratégie, qui tend à réduire de 50 % dans les cinq prochaines années la superficie consacrée au coca et à en éliminer la culture illicite d'ici 10 ans. Le programme national donne priorité aux secteurs du Haut Huallaga, d'Aguaytia et d'Apurimac-Ene, qui groupent 65 % des plantations de coca.
En raison de la baisse du cours du coca, de nombreux agriculteurs se sont mis à en traiter les feuilles pour compenser la perte de revenu.
La baisse des prix et la difficulté accrue d'exporter le coca ont décidé les trafiquants à exploiter le marché local de la drogue. L'ouverture de nouvelles routes du trafic qui passent par les grandes villes du littoral et le fait qu'il est maintenant plus facile de se procurer des drogues ont contribué à en accroître rapidement la consommation au cours des trois ou quatre dernières années.
Cette augmentation même a modifié l'attitude des Péruviens à l'égard de la culture du coca. L'opinion publique a évolué et soutient désormais la lutte contre les drogues, selon le PNUCID, parce que les problèmes liés à l'abus et au trafic des drogues sont de plus en plus visibles.
Au cours des 12 dernières années, le PNUCID a versé au Gouvernement péruvien environ 48 millions de dollars pour soutenir ces efforts. Les projets ont permis de diversifier considérablement les cultures de remplacement, de créer et renforcer des associations de producteurs et de commercialiser les produits agro-industriels.
«Le coca pousse ordinairement dans des vallées où le cacao et le café ont été traditionnellement cultivés avec succès», expose un représentant du PNUCID au Pérou. «Il est plus facile de commencer par quelque chose qui existait auparavant et que les paysans savent cultiver. C'est pourquoi la première intervention est toujours basée sur des cultures encore pratiquées ou qui l'ont été, comme le café et le cacao. Mais nous avons aussi introduit d'autres cultures, selon le secteur, comme celle du cœur de palmier, qui peut devenir un excellent produit d'exportation et qui est déjà exporté en France.» La culture du palmier, pour la production de l'huile de palme, a également pris de l'extension.
Toutes les cultures actuellement introduites pourront s'écouler facilement et s'avérer aussi rentables que le cocao. Les exploitants tirent plus de profit de la culture du cacao et du café que de celle du coca. En 1997, le Pérou a exporté 386 millions de dollars de café, soit une augmentation de 77 % par rapport au chiffre de 1996.
Rôle de la communauté internationale
Les projets relatifs à d'autres modalités possibles de développement font partie intégrante de la lutte mondiale contre les drogues. Le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues est l'organisation qui mobilise les efforts dans le monde entier. L'expérience a montré que, pour comporter des avantages durables, les projets doivent se compléter de mesures coercitives et de programmes visant à réduire la demande de drogues.
Un autre aspect crucial de la lutte consiste à surveiller les cultures au moyen d'enquêtes sur le sol et de reconnaissances par satellite, afin de garantir que les anciennes cultures illicites ne sont pas remplacées par de nouvelles.
Un enseignement capital de la mise en route d'autres modalités possibles de développement est que la participation communautaire joue un rôle essentiel. L'approche verticale à partir du haut, courante dans les années 80, a été perfectionnée. Un dialogue est établi avec les communautés, les groupes de femmes et les autorités locales afin de les aider à élaborer leurs propres plans en la matière.
A la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies qui se tiendra en juin sur le problème mondial des drogues, on espère que les gouvernements adopteront une déclaration politique par laquelle ils s'engageront à prendre des mesures concrètes pour réduire l'offre et la demande de drogues illicites. Cette déclaration exige notamment l'élimination, ou au moins la réduction substantielle, de toutes les cultures de drogues illicites d'ici à 2008.
«La stratégie est basée sur la coopération. Nous demanderons la coopération de l'assistance bilatérale et multilatérale, d'autres institutions des Nations Unies et des ONG associées», dit M. Arlacchi. «Nous perfectionnerons le plan dans les détails en coopération avec nos partenaires.»
Certains experts estiment que le moment est arrivé de prendre une initiative aussi hardie. «Aujourd'hui, les pays sont plus sensibles aux problèmes liés aux drogues. Ils savent que les drogues créent des problèmes pour les pays où les cultures sont situées, pour la région, et aussi pour la communauté internationale», dit M. Arlacchi. «Cette prise de conscience ne s'était pas encore opérée voici quelques années et vous ne pouviez donc pas alors compter sur la coopération des pays voisins comme vous le pouvez aujourd'hui.»
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Sandro Tucci, porte-parole du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des
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Tél. : (431) 21345-5629
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Publié par le Département de l'information de l'ONU - DPI/1984 - Mai 1998