Résumé

Assemblée générale des Nations Unies
Session extraordinaire consacrée au problème mondial de la drogue

New York, 8-10 juin 1998

La régularité avec laquelle les médias du monde entier mentionnent les drogues a créé l'impression trompeuse de bien les connaître. En réalité, le fond de nos connaissances solides est terriblement insuffisant, car toutes les activités liées aux drogues illicites production, trafic, consommation - sont conduites en secret. Le caractère clandestin du trafic des drogues entrave l'établissement de tout compte-rendu. Les données sur le secteur des drogues illicites, qu'elles soient d'ordre financier, sanitaire ou répressif, sont nécessairement faussées et permettent rarement des comparaisons d'un pays à l'autre,

L'un des principaux objectifs du premier Rapport mondial sur les drogues, publié en 1997 par le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues, est donc de mettre en relief ce que l'on sait aussi bien que ce que l'on ignore concernant la production, l'utilisation et le trafic illicites des substances psychoactives soumises à un contrôle international et de porter ces informations à la connaissance d'un vaste public de profanes. En considération du fait que de nombreux pays qui n'ont encore qu'une faible expérience des problèmes liés aux drogues sont désormais confrontés à un besoin urgent de formuler des politiques et des stratégies, le Rapport vise également à offrir une vue générale de la situation des drogues dans le monde et à aider le lecteur à évaluer un éventail d'options et leurs conséquences potentielles dans un contexte qui s'étend au-delà des horizons nationaux.

A un niveau plus général, le Rapport mondial sur les drogues cherche à faire prendre conscience de l'étendue et de la complexité des problèmes liés à la drogue de manière objective, sans rhétorique ni préjugés politiques.

Le Rapport commence par les données de base, en considérant ce que sont les drogues, les types de drogues soumises au contrôle international et une définition de termes tels que «dépendance» et«abus».Il comprend sept parties, et un résumé de chacune est présenté ci-après.

Première partie: Tendances récentes et données nouvelles concernant la culture, la production, le trafic et la consommation - aperçu général

Le Rapport offre d'abord un aperçu général des tendances les plus importantes en matière de production, de trafic et de consommation des drogues dans les différentes régions du monde. Une grande partie du matériel est présentée à l'aide de graphiques, le texte interprétant ces évolutions en fonction des données économiques, géopolitiques et sociales actuelles. Des problèmes de gravité croissante, comme la consommation de stimulants du type amphétamine et la relation entre l'injection de drogues et le VIH/sida, y sont examinés.

La première partie comprend une étude du docteur Barbara Remberg, intitulée «Abus des stimulants: de l'amphétamine à l'extase» (Stimulant abuse: from amphétamine to ecstasy).

Deuxième partie: Théories et interprétations de l'usage de drogues illicites

Le Rapport mondial sur les drogues fait la synthèse des recherches existantes sur les raisons qui poussent les individus à prendre des drogues, ce qui est peut-être l'aspect le plus complexe et le plus discuté du problème. En distinguant entre les facteurs causals et corrélatifs qui influent sur les schémas de consommation et de dépendance, le Rapport identifie les «modèles» les plus courants en décrivant les théories qui cherchent à expliquer la dépendance: maladie, faiblesse morale, imitation sociale ou un modèle de comportement. Le Rapport décrit les distinctions entre le premier (et peut-être unique) usage, l'usage ultérieur qui peut être occasionnel ou récréatif, régulier et/ou compulsif et l'usage qui répond à une situation de dépendance. Les motivations sont réparties en trois catégories principales: constitution/caractère individuel (influence possible du fonctionnement biologique et des variables de la personnalité); interpersonnelles (influence de la famille, des compagnons d'âge et des êtres chers); et socio-environnementales (facteurs environnementaux et culturels au sens large). L'effet des contrôles sociaux formels et informels est analysé, puis une discussion sur les théories relatives aux raisons de ne plus prendre de drogues termine cette section du Rapport.

La deuxième partie est complétée par la contribution du docteur Nick Crofts, intitulée «La première dose: circonstances entourant l'initiation aux injections de drogues» (The First Hit : circumstances surrounding initiation into injecting).

Troisième partie: Conséquences sanitaires et sociales de l'abus des drogues

Les diverses catégories de drogues sont définies par leurs effets sur l'esprit, le corps et le comportement, qui sont décrits en détail, compte tenu de variables telles que le dosage, la fréquence de l'usage et le mode de prise. L'influence du sexe, de l'âge et des facteurs socio-économiques sur l'usage des drogues est expliquée. L'abus des drogues chez les jeunes, l'un des segments de population les plus vulnérables, est étudié dans le contexte de régions et de pays spécifiques et en fonction de substances spécifiques. Le Rapport analyse aussi les conséquences de l'abus des drogues chez les enfants des rues. Il passe ensuite à une étude détaillée de l'un des problèmes de santé les plus importants aujourd'hui: la relation entre l'usage des drogues et la transmission de maladies infectieuses comme l'hépatite et le VIH/sida. Les coûts supportés par le toxicomane et la société sur les plans des dommages physiques, de l'augmentation de la charge fiscale (par exemple, pour fournir des soins de santé et entretenir l'appareil de la justice pénale) et de la baisse de la productivité sont exposés, de même que les conséquences de l'usage des drogues dans la famille et la communauté et sur les lieux de travail.

La troisième partie comprend deux contributions spéciales, à savoir les études du docteur Paul Goidstein, «Relation entre drogues et violence aux Etats-Unis» (The relationship between drugs and violence in the United States), et du docteur Roberto Lerner, «L'impact social et sanitaire de la consommation des drogues sur la jeunesse: le cas du Pérou» (The social and heaith impact of drug consomption among youth: the Peruvion case).

Quatrième partie: l'industrie des drogues illicites: production, trafic et distribution

Les tendances et faits nouveaux sont examinés dans une perspective économique en décrivant «l'industrie des drogues» et en jetant un regard impartial sur ses incidences macro-économiques et financières. La quatrième partie décrit les principaux secteurs financiers associés au marché des drogues illicites, l'interaction entre les diverses phases et activités dont se compose l'industrie et les relations entre ces dernières et le produit final. A l'aide d'exemples empruntés aux économies nationales sur lesquelles le commerce des drogues illicites a des répercussions marquées, les auteurs conduisent le lecteur à travers le processus de production, de trafic et de distribution de ces activités illégales lucratives. On y trouvera enfin une définition du blanchiment de l'argent et une analyse détaillée de l'impact possible des bénéfices du trafic des drogues sur les économies nationales, aussi bien qu'un exposé du rôle, des phases, des techniques et des tendances du blanchiment de l'argent.

La quatrième partie comprend une étude du professeur Amartya Sen, intitulée «Corruption et criminalité organisées (On corruption and organized crime).

On trouvera ici une introduction aux principaux points de controverse en matière de législation du contrôle des drogues: relation entre loi et moralité; limite entre domaine public et domaine privé; et essai d'universaliser la législation. Le rôle que jouent les gouvernements dans la mise au point, l'application et la coordination des politiques de lutte contre la drogue sont décrits. Au niveau international, le rôle de l'Organisation des Nations Unies et de ses organes directeurs est examiné et les divers accords bilatéraux et multilatéraux relatifs au contrôle des drogues sont décrits. Le rôle directeur, les responsabilités et les activités du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues sont décrits ainsi que son rôle de catalyseur de la coopération internationale et de coordonnateur de toutes les activités de l'ONU en matière de contrôle des drogues. Un autre exposé concerne l'impact de certaines tendances, comme la diffusion du VIH/sida et l'intensification du trafic et des violences associées à celui-ci. sur l'élaboration et l'application des politiques.

On a inclus ici une section relative au débat sur la réglementation/légalisation des drogues afin de souligner à l'intention du profane le vaste éventail des options qui s'offrent entre la prohibition et la légalisation, comme la réduction des dommages causés et la décriminalisation. L'impact de la légalisation sur les pays en développement est examiné pour la première fois dans le Rapport.

La cinquième partie se termine par une étude du docteur David Musto, intitulée «Contrôle international des drogues: aspects classiques et défis de l'avenir» (International Drug Contrat. Historical Aspects and Future Challenges).

Le Rapport mondial sur les drogues décrit les programmes nationaux et internationaux en cours qui sont conçus pour aider les pays à faire face à des problèmes liés aux drogues tels que l'éducation préventive, la prise de conscience collective, le traitement et la réadaptation des toxicomanes. Il prête également attention aux programmes visant à réduire l'offre de drogues, comme ceux qui portent sur les autres modes possibles de développement, les récoltes de substitution et les stratégies financières dont le but est d'empêcher le blanchiment de l'argent.

Huit «profils de pays» concluent le Rapport, examinant de plus près le cas des pays suivants: Australie, Colombie, Etats-Unis, Italie, Pakistan, Royaume-Uni, Suède et Thaïlande. Une synthèse de l'information, quand elle existe, fournit certains aperçus sur la situation du pays considéré en ce qui concerne la drogue, ses problèmes et ses politiques.