8 septembre 2000

QUATRIEME TABLE RONDE :
CONFERENCE DE PRESSE DE M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, PRESIDENT DE L’ALGERIE

"Cela a été la réunion la plus passionnante à laquelle il m’ait été donné d’assister, y compris au cours des seize années où j’ai été ministre des Affaires étrangères", a déclaré, M. Abdelaziz Bouteflika, Président d’Algérie, à propos de la quatrième table ronde qui s’est tenue ce matin et qu’il présidait. Le débat a porté, a-t-il indiqué, principalement sur trois questions : la mondialisation, les problèmes de sécurité et le devenir des Nations Unies. Le Danemark et la Nouvelle-Zélande ont notamment développé des thèses très intéressantes sur les pays en développement : Venant de pays du Nord, cela traduit un frémissement qui peut faire de ces deux pays des traits d’union entre le Nord et le Sud"

A propos de la mondialisation, il a semblé évident à tous que "la gestion planétaire en cours peut accoucher dans la douleur". Elle se fera au profit des uns et au détriment des autres. L’opinion dominante a été qu’il faut trouver la passerelle évitant que les autres soient lésés. Il faut prendre en compte l’héritage du passé et un avenir façonné par ces technologies hallucinantes alors que certains ne sont toujours pas alphabétisés. Les participants les plus pragmatiques ont proposé que les pays du Sud se réunissent pour évaluer les effets positifs et négatifs de la mondialisation.

En ce qui concerne la dette, le débat a produit une réflexion décisive : qui doit quoi à qui ?, a indiqué M. Bouteflika. Interrogé sur les propositions concrètes qui avaient pu être formulées pour réformer le système financier notamment par la création de taux fixes de change, il a répondu que la table ronde n'était pas allée dans le détail des mécanismes mais qu’elle avait débattu à un niveau plus fondamental, presque métaphysique en insistant pour que soient pris en compte les cinq siècles de colonialisme, le pillage des ressources, les guerres de libération et leur coût, la déculturation, le pillage des cerveaux.

La réforme des Nations Unies a été envisagée comme devant concerner le système dans son ensemble : Le fait que le Conseil de sécurité soit composé de quatre membres permanents européens et un seul membre permanent non européen et, qu’en tant que tel, il soit censé représenter l’ensemble du monde, a été trouvé "difficile à comprendre". Un journaliste ayant demandé si l’attribution d’un siège de membre permanent aux pays arabes avait été évoquée, M. Bouteflika a répondu qu’il n’avait pas été question de représentation spécifique. La nécessité de réformer le système de Bretton Woods et, notamment, le FMI, "dont le rôle doit devenir celui d’une banque et cesser d’être un organisme qui contribue à appauvrir encore les pays pauvres" a été par ailleurs soulignée.

L’accélération du désarmement nucléaire, la ratification des traités, l’interdépendance entre démocratie et terrorisme ont également fait partie des idées exprimées au cours de la table ronde. Interrogé sur les critiques dont le rapport Brahimi ferait l’objet, le Président a indiqué qu’il n’avait entendu au cours de la table ronde que des manifestations de soutien.

Pays inscrits à cette quatrième table ronde : Bahamas, Bahreïn, Bélarus, Cameroun, Commission européenne, République centrafricaine, Chypre, République tchèque, Danemark, Dominique, Grenade, Haïti, Libéria, Lituanie, Madagascar, Maroc, Maurice, Mauritanie, Nouvelle-Zélande, Oman, Ouzbékistan, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sri Lanka, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Tanzanie, Togo, Turkménistan, Vanuatu, le Saint-Siège.

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