Un monde plus sûr : notre affaire à tousRapport du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement

 



Le panel va annoncer son projet qui s’attaque aux menaces du 21è siècle, ainsi qu’à rendre le monde plus sûr et à renforcer les Nations unies

Plus de 100 recommandations de réforme couvrent les questions du terrorisme, de la pauvreté et des maladies infectieuses, des armes de destruction massive, de la violence civile, de la réforme des Nations unies et autres.

New York, 30 novembre : Un panel réuni l’année dernière par le Secrétaire général des Nations unies Kofi Annan pour réfléchir aux moyens de renforcer la sécurité internationale annoncera officiellement ses ‘recommandations’ le 2 décembre. Elle presse l’adoption de lois nouvelles et approfondies afin d’aider le monde à affronter de nouvelles menaces qui évoluent au 21è siècle, et afin de renforcer les Nations unies.

Selon les termes du Président du panel, l’ancien Premier ministre thaïlandais Anand Panyarachun, ce rapport de 95 pages, intitulé « Un monde plus sûr : Une responsabilité à partager », ‘met en avant une nouvelle vision de sécurité collective, telle qu’elle s’adresse à toutes les menaces majeures à la paix internationale et à la sécurité apparues dans le monde’. Le panel, constitué de 16 anciens chefs d’Etat, ministres des Affaires étrangères, et hauts fonctionnaires pour la sécurité, militaires, diplomates, et pour le développement, réaffirme le droit des Etats à se défendre – même de manière préventive, quand l’attaque est imminente - et soutient qu’en cas de ‘scénarios cauchemars’ – des cas combinant par exemple des terroristes et des armes de destruction massive – le Conseil de sécurité des Nations Unies pourra avoir à intervenir plus tôt, de manière plus anticipatrice et décisive que dans le passé.

Ces propositions de réforme s’adressent à quelques-uns des problèmes mondiaux les plus controversés, tel que l’utilisation de la force lorsqu’elle est justifiée, et aux problèmes les plus complexes – dont les efforts de lutte contre la pauvreté et la maladie. Ce rapport défend le fait qu’aujourd’hui – à l’âge du commerce mondial, du terrorisme et des armes de destruction massive – une menace adressée à une seule nation est une menace pour toutes, et ces nations doivent travailler ensemble pour maintenir la sécurité. Tandis qu’il souligne la nécessité d’une sécurité collective, le panel soutient que les Etats souverains « demeurent les premiers répondants aux menaces actuelles », mais que beaucoup d’entre eux ont besoin d’être mieux équipés « pour exercer leur souveraineté de manière responsable ».

Il y a un an, quand il a établi ce panel, le Secrétaire général a affirmé que les Nations Unies étaient arrivées à un carrefour : elles pouvaient alors s’élever à l’encontre de nouvelles menaces, ou risquer l’érosion face à un désordre croissant entre les Etats et leurs actions unilatérales. M. Annan projette de prendre en compte les recommandations du panel dans son propre rapport en mars. Cela favorisera la mise en place d’un agenda pour un sommet spécial des Nations Unies, prévu en septembre prochain, avec les dirigeants mondiaux.

L’utilisation de la force

Hormis la réaffirmation du droit à l’autodéfense et le fait que les « scénarios cauchemars » peuvent appeler à des mesures plus proactives et décisives par le Conseil de sécurité, le rapport endosse l’idée d’‘une responsabilité collective pour protéger les civils des génocides, nettoyages ethniques et autres atrocités comparables. Cette responsabilité, affirme le panel, appartient d’abord et surtout aux Etats souverains mais, quand ceux-ci s’en trouvent incapables ou refusent de la remplir, une plus large communauté internationale devrait intervenir – agissant de manière préventive quand cela est possible, répondant à la violence si besoin est, et travaillant à reconstruire des sociétés détruites après les événements.
L’objectif principal serait d’arrêter toute violence par la voie diplomatique et de protéger les personnes par des actions telles que l’humanitaire, les droits de l’homme et les missions de police. « La force, si elle doit être employée, doit être utilisée comme ultime moyen » et devrait recevoir l’autorisation du Conseil de sécurité.

Le panel propose cinq critères pour guider le Conseil afin de savoir s’il doit autoriser ou non l’usage de la force : la gravité de la menace, l’objectif réel, le dernier recours, les moyens proportionnels et la balance des conséquences (à savoir si l’action militaire apporte de meilleurs ou de pires résultats par rapport à l’inaction).

Établissement de la paix

Le rapport s’attaque également à des problèmes survenant pendant et après de violents conflits, y compris ceux relatifs au renforcement, au maintien et à l’établissement de la paix ainsi qu’à la protection de civils. Selon le rapport, les soldats de la paix disponibles font gravement défaut, et les pays sont appelés à se tenir prêts pour fournir et soutenir des déploiements militaires. Les Etats développés devraient prendre plus de mesures quant aux contingents destinés aux opérations de paix, et fournir les ressources financières et logistiques pour les mobiliser à l’endroit et au moment nécessaires.

Le rapport insiste sur la création d’un nouvel organe de l’ONU, la Commission pour l’établissement de la Paix, qui identifierait les pays à risque de conflits violents, organiserait des nitiatives en matière de prévention, et maintiendrait les initiatives de la Communauté internationale pour l’établissement de la paix après les conflits.

Prévention

Le rapport contient plusieurs propositions pour prévenir les conflits et d’autres menaces et promeut le développement en tant que réponse. Selon le rapport, le développement a de multiples fonctions : il aide à lutter contre la pauvreté, les maladies et la dégradation de l’environnement qui tue des millions de personnes et menace la sécurité mondiale. Il est impératif d’aider les Etats à prévenir ou à empêcher l’érosion du pouvoir des Etats, la clé pour combattre toute sorte de menace. Cela fait partie d’une stratégie à long-terme afin de prévenir une guerre civile et de s’attaquer aux milieux dans lesquels baignent le terrorisme et le crime organisé.

Le panel critique la réponse apportée à la lutte contre le VIH/SIDA, une réponse qui choque par son retard et la pauvreté des ressources, et appelle la Communauté internationale à reconstruire un schéma de santé publique mondiale, de contrôle et de réaction aux maladies, comme moyen de défense contre les épidémies naturelles et les terroristes faisant usage d’armes biologiques. Le panel attire également l’attention sur le « fossé entre la promesse du protocole de Kyoto et ses résultats » et pousse les nouvelles négociations envers une stratégie à long terme pour réduire le réchauffement planétaire d’ici 2012, date à laquelle expireront les obligations du protocole.

Le rapport comprend également des propositions détaillées pour renforcer le régime de non-prolifération nucléaire ainsi que des étapes supplémentaires pour empêcher l’expansion des armes biologiques et chimiques. Il expose les principaux éléments d’une stratégie efficace de lutte contre le terrorisme qui aura à sa tête le Secrétaire général. Le panel a réussi à trouver un consensus sur la définition du terrorisme – dont l’absence a, jusqu’à présent, empêché les Nations unies « d’exercer leur autorité morale et d’envoyer un message sans équivoque, à savoir que le terrorisme n’est jamais acceptable ».

Réforme des Nations Unies

Le panel en déduit que l’ONU a été beaucoup plus efficace à traiter les principales menaces contre la paix et à la sécurité que ce qui a été dit de son action. Quoi qu’il en soit, des changements majeurs sont nécessaires si elle est destinée à être « effective, efficace et équitable pour organiser la sécurité collective pour tous » au 21ème siècle. Parmi les changements les plus significatifs recommandés, il y a l’élargissement du Conseil de sécurité de 15 à 24 membres. Le panel suggère deux options : l’une, comprenant six nouveaux membres permanents sans veto, l’autre, basée sur de nouveaux sièges de quatre ans renouvelables qui seraient distribués de manière régionale.

De plus, le rapport recommande des changements au sein de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC et de la Commission des Droits de l’Homme, et dans les relations des Nations Unies avec les organisations régionales. Il propose également de renforcer le rôle critique du Secrétaire général vis-à-vis de la paix et la sécurité. Afin d’être plus effectif, note le rapport, le Secrétaire général devrait recevoir une plus grande marge de manœuvre pour gérer le Secrétariat, et devrait être tenu pour responsable. Il recommande aussi d’ajouter un second Vice- Secrétaire général, qui se focaliserait sur la paix et la sécurité, et préparerait des rapports de prévention et des options de stratégie pour les décisions prises par le Secrétaire général – en complément aux réalisations du Vice-Secrétaire général actuel (dont le poste fut créé en 1996) pour « apporter beaucoup plus de cohérence au travail de l’ONU dans les domaines sociaux, économiques et du développement ».

Le rapport contient au total 101 recommandations. Aux côtés de la présidence, les autres membres du Panel de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement sont : Robert Badinter (France), Gro Harlem Brundtland (Norvège), Mary Chinery-Hesse (Ghana), Gareth Evans (Australie), David Hannay (Grande-Bretagne), Enrique Iglesias (Uruguay), Amr Moussa (Egypt), Satish Nambiar (Inde), Sadako Ogata (Japon), Yevgeny M. Primakov (Russie), Qian Qichen (Chine), Nafis Sadiq (Pakistan), Salim Ahmed Salim (Tanzanie), Brent Scowcroft (Etats-Unis) et Joao Baena Soares (Brésil). Le professeur Stephen Stedman de l’Université de Stanford a guidé leurs recherches et compilé le rapport.

 

Pour plus d’informations, contactez Tim Wall du Département de l’information publique des Nations Unies, au 1-212-963-5851, portable 1-646-479-4593, e-mail mediainfo@un.org
Bruce Jones de l’équipe de recherche du Panel de haut niveau, 1-212-457-1843, bruce.jones@nyu.edu; ou visitez le site, www.un.org/french/secureworld


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