TAD/2033

À ACCRA, LA CNUCED XII ANALYSE LES PERSPECTIVES ET LES ENJEUX DE LA MONDIALISATION POUR LE DÉVELOPPEMENT SOUS UN CIEL ASSOMBRI PAR LA CRISE ALIMENTAIRE ET LE PRIX DU PÉTROLE

21/04/2008
Conseil économique et socialTAD/2033
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À ACCRA, LA CNUCED XII ANALYSE LES PERSPECTIVES ET LES ENJEUX DE LA MONDIALISATION POUR LE DÉVELOPPEMENT SOUS UN CIEL ASSOMBRI PAR LA CRISE ALIMENTAIRE ET LE PRIX DU PÉTROLE


(Publié tel que reçu)


Accra, 20 avril –  La douzième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XII) a ouvert aujourd’hui ses portes à Accra, au Ghana, jusqu’au 25 avril, marquant ainsi, 12 ans après la session qu’elle avait tenue dans la ville sud-africaine de Midrand, son retour en Afrique, un continent où le thème général de sa session « les perspectives et les enjeux de la mondialisation pour le développement » trouve toute sa signification.  Il trouve d’autant plus sa signification que le monde est frappé par une crise alimentaire et la hausse du prix des produits pétroliers qui risquent de réduire à néant les résultats des efforts de mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 


Vis-à-vis d’un continent, l’Afrique, dont la plupart des États restent enfermés dans la catégorie des pays en développement et qui a connu les affres de la colonisation, il est essentiel que la mondialisation se fonde sur les impératifs moraux les plus élevés pour s’assurer qu’elle ne laisse derrière elle aucun perdant, a déclaré aujourd’hui le Président du Ghana, M. John Agyekum Kufuor, en inaugurant la session aux côtés du Président du Brésil, M. Luiz Inácio Lula da Silva, représentant du pays hôte de la CNUCED XI; et du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.


Car jusqu’ici, a poursuivi le Président ghanéen, les pays développés ont fait preuve de frilosité et de cynisme, réduisant le monde en développement à la résignation et au scepticisme.  Une concurrence « sauvage » rend des pays comme le Ghana incapables de contrôler les prix des produits de base ou de défendre leurs agriculteurs, a déploré M. Kufuor.  Entamées le 1er janvier 2005, pour changer les priorités du système commercial multilatéral, les négociations de Doha, a encore accusé le Président du Ghana, n’ont toujours pas abouti.


Le Président a cité les priorités du continent africain que sont l’élargissement de l’accès aux marchés grâce à des traitements spéciaux et différenciés, la mise en œuvre de l’initiative de l’aide pour le commerce, l’augmentation des montants de l’aide publique du développement (APD), l’accroissement des investissements étrangers directs (IED) et le renforcement de la coopération Sud-Sud.  Nous avons, s’est-il expliqué, des enseignements importants à tirer de l’impact considérable qu’ont des pays comme l’Inde, la Chine et le Brésil sur le commerce international et les flux d’investissements.  Cet impact témoigne du fait que l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale profite à tous. 


La création même du G-20 au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) reflète la détermination du Brésil à changer la géographie du commerce international, a acquiescé le Président brésilien, M. Lula da Silva, en qualifiant d’« indispensable » le succès du Cycle de Doha.  Le G-20, a-t-il insisté, est un exemple important du renforcement de la coopération Sud-Sud. 


Le monde subit une crise de gouvernance financière déclenchée dans les économies les plus riches, a-t-il poursuivi, en refusant que la mondialisation, déjà à l’origine de tant d’asymétries, ne devienne un moyen de faire porter aux pays en développement le poids des pertes engendrées par les pays développés, d’autant qu’ils sont ceux qui ont le plus contribué au niveau actuel de la croissance économique.  Nous devons donc, a conseillé le Président brésilien, rester vigilants face à la tentation des pays riches de vouloir renforcer leurs pratiques protectionnistes et aux initiatives visant à créer des barrières à l’expansion du commerce Sud-Sud, pour perpétuer les liens de dépendance.


Le Président du Brésil a rappelé que c’est la force de la coopération Sud-Sud qui a permis le lancement, lors de la CNUCED XI à Sao Paolo, du troisième cycle des négociations du Système mondial de préférences commerciales entre les pays en développement.  Les négociations devraient connaître très prochainement une issue heureuse, a rassuré le Président Lula da Silva, en faisant d’ores et déjà connaître l’intention de son gouvernement d’accorder un accès sans franchise et sans contingentement à son marché aux marchandises des pays les moins avancés (PMA). 


Il est temps que les pays les plus riches déploient les mêmes efforts, et ils devraient le faire en commençant par revoir leurs politiques obsolètes de subventions agricoles, a souligné le Secrétaire général de l’ONU.  Si nous ne pouvons pas nous débarrasser, pendant cette crise alimentaire, de ces vestiges d’un autre temps, quand le pourrons-nous? s’est-il demandé.  Le Secrétaire général n’a pas caché ses inquiétudes face à « l’urgence » qui existe dans le domaine du développement.  Dans 142 pays, les pauvres sont certes entraînés par la croissance mondiale de l’économie, mais dans 50 autres pays, qui sont les plus pauvres parmi les pauvres, il n’en va pas de même, a-t-il déploré. 


La crise du développement, a-t-il poursuivi, se manifeste de bien des manières.  Au premier plan de l’actualité, il y a la flambée des prix des denrées alimentaires.  Cette année, le Programme alimentaire mondial (PAM), qui compte nourrir 73 millions de personnes, a besoin de 755 millions de dollars supplémentaires.  Ce « tsunami » de la faim n’est pas l’événement d’un jour.  Il va poursuivre sa course et risque de provoquer des dégâts dévastateurs, a prévenu M. Ban Ki-moon.


À long terme, il faut augmenter la production agricole, et, selon les experts, il n’y a aucune raison pour que l’Afrique ne connaisse pas une « révolution verte ».  Le Secrétaire général s’est ainsi réjoui de ce que la Banque mondiale compte augmenter l’enveloppe des crédits agricoles versés à l’Afrique pour la faire passer de 400 à 800 millions de dollars en 2009, ce qui constituera la première étape du « New Deal » approuvé par les États membres des institutions de Bretton Woods lors de leur dernière réunion de printemps.  Il s’est aussi félicité d’une aide de 200 millions de dollars octroyée par les États-Unis et de la volonté du G-8 de faire figurer la crise alimentaire mondiale parmi ses priorités.


L’ONU doit se pencher sur la façon de remplacer l’aide alimentaire classique par une aide à la production alimentaire, qui vise à renforcer les capacités locales et nationales dans le domaine de l’agriculture, a dit M. Ban Ki-moon.  Sauf à repenser nos stratégies, en dépassant le discours stérile qui consiste à dire que « nous devons redoubler d’efforts », nous trahirons nos engagements à l’égard de millions de pauvres, a-t-il prévenu. 


Le Cycle de Doha doit aboutir, a déclaré le Secrétaire général.  Par aboutir, a-t-il précisé, « j’entends au minimum permettre aux pays à faible revenu d’exporter leurs biens et services agricoles et non agricoles sur des marchés nouveaux et importants ».  Le Secrétaire général a reconnu que de nombreux pays font face à des choix difficiles.  La première fonction de tout gouvernement est, bien sûr, de nourrir sa population, mais il faut rester sourd aux sirènes du protectionnisme, a-t-il prévenu. 


Les marchés internationaux des céréales doivent rester libres et fonctionner sans entrave.  Les guerres protectionnistes qui s’engagent sur les marchés des denrées alimentaires ne profitent, à long terme, à personne.  La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement est peut-être notre meilleur espoir de collaborer dans le cadre d’un partenariat mondial en faveur du développement, a-t-il estimé.


Après la cérémonie d’ouverture, les chefs d’État et de gouvernement, les ministres, les représentants des organisations internationales, du monde universitaire, du secteur privé et des ONG entameront leurs discussions dans différents forums.  Outre le Forum mondial de l’investissement, celui de la société civile, le débat de haut niveau et le débat général, la CNUCED a prévu pas moins de neuf tables rondes ministérielles s’articulant autour de quatre thèmes subsidiaires relatifs au renforcement de la cohérence, à la nouvelle géographie de l’économique mondiale, au renforcement des capacités productives et à l’efficacité institutionnelle de la CNUCED.


Le monde attend de la CNUCED qu’elle nous donne des idées nouvelles pour influencer la manière de penser et de formuler les politiques de développement et pour traiter du paradigme changeant du commerce et du développement.  Les peuples du monde attendent une action limitée dans le temps qui aura un impact sur leurs conditions de vie, a conclu le Président ghanéen, avant que son Ministre du commerce et Président de la CNUCED XII, Jo Baidoo-Ansah, n’estime qu’afin de donner plus de perspectives aux délibérations, les pays en développement et des pays développés doivent travailler conjointement.  Il a encouragé les États membres à rechercher le consensus à chaque fois que cela est possible.  Le représentant du Qatar a annoncé la proposition de son pays d’accueillir la CNUCED XIII, en 2012.


La CNUCED XII a complété son Bureau en élisant Petko Dragavoc, le Président du Conseil du commerce et du développement et du Comité préparatoire de la CNUCED XII, comme Président du Comité plénier chargé de finaliser le document final de la session.  Elle a également élu 32 vice-présidents selon le principe d’une distribution géographique équitable.  Elle a enfin élu les neuf membres de la Commission de vérification des pouvoirs, qui sont les mêmes que ceux de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale des Nations Unies. 


Dans les faits, les travaux de la CNUCED XII ont commencé dès vendredi 18 avril, avec le Forum mondial de l’investissement, les réunions de l’Association mondiale des organismes de promotion et de l’investissement (WAIPA), la réunion ministérielle du Groupe des 77 et l’initiative « L’Afrique créative », qui vise à valoriser les industries africaines de la création, comme la peinture, la danse, la musique et la mode.  Un jury d’experts choisira parmi les propriétaires d’entreprises ayant bénéficié des cours de formation des 27 centres Empretec de la CNUCED, la gagnante du Prix 2008 de la femme chef d’entreprise.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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