SG/SM/14778

Conférence de presse mensuelle du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon

22/01/2013
Secrétaire généralSG/SM/14778
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE MENSUELLE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES NATIONS UNIES, M. BAN KI-MOON


Au cours de sa première conférence de presse de l’année 2013, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a présenté ce matin aux correspondants des médias accrédités auprès de l’ONU ses « priorités stratégiques » pour l’année qui commence, tout en mettant un accent particulier sur les trois questions de préoccupation immédiate que sont la Syrie, le Mali et le développement durable.  « Nous avons fait de solides progrès l’an dernier sur un certain nombre de situations de crise et de recherche de la paix et d’un développement durable.  Je me sens encouragé, mais néanmoins pas satisfait », a déclaré M. Ban.


En ouvrant cette première conférence de presse mensuelle de l’année 2013, M. Ban a indiqué avoir informé un peu plus tôt l’Assemblée générale « des défis qui se posent et des opportunités qui se présentent à l’Organisation des Nations Unies cette année et au-delà ».  « Jai également indiqué à l’Assemblée générale quelles allaient être nos priorités », a ajouté M. Ban.  Pour justifier le choix de ces priorités, le Secrétaire général a souligné que sa principale crainte est que, « au vu du grand nombre de défis auxquels il faut faire face aujourd’hui, nos actions amènent les gens, dans 10 ou 20 ans, à se demander pourquoi les dirigeants n’ont pas accordé de l’importance à ces questions, et quels intérêts égoïstes pourraient bien les avoir empêchés de prendre avant tout en considération le bien commun de toute l’humanité ».


Le Secrétaire général a déclaré que la première priorité qu’il a identifiée en cette nouvelle année est la situation qui prévaut en Syrie, et qui est « sans aucun doute notre préoccupation la plus immédiate ».  Il a relevé que la situation humanitaire en Syrie est désastreuse et empire chaque jour.  Des millions de personnes luttent pour leur survie.  Quatre millions de personnes sont affectées par le conflit, tandis que plus de 650 000 personnes ont dû fuir le pays, a déploré Ban Ki-moon.  Le manque de nourriture, le blocage de l’accès aux soins médicaux, l’absence de logement décent et de chauffage en cette période marquée par un hiver rigoureux font des ravages, a-t-il regretté.

Nous continuons à assister en Syrie, au déferlement d’une violence incessante et à des violations des droits de l’homme, a indiqué M. Ban.  L’utilisation d’armes lourdes dans les centres urbains cause de terribles dégâts, et des villes entières et des quartiers sont vidés de leurs habitants ou détruits.  En prime, la violence sexuelle est très répandue à travers tout le pays, a-t-il signalé.  « Je tiens à souligner qu’il est indispensable que les auteurs des crimes que nous voyons en Syrie en soient tenus responsables et soient traduits en justice.  Il devra en être de même pour les crimes qui pourraient encore avoir lieu si les tensions sectaires, qui sont déjà assez fortes, venaient à exploser en actes de représailles massives et en meurtres », a prévenu le Secrétaire général.


Pour venir en aide aux nombreux Syriens qui vivent dans une situation d’urgence extrême, M. Ban a dit avoir convoqué, en collaboration avec le Gouvernement du Koweït, une conférence des donateurs qui aura lieu au Koweït le 30 janvier prochain.  Il a rappelé que la communauté humanitaire a besoin de 1,5 milliard de dollars pour porter assistance aux populations qui sont dans le besoin au cours des six prochains mois en Syrie, cette somme étant la plus importante qui ait jamais été demandée pour une situation d’urgence.


Le Secrétaire général a ensuite salué le rôle de l’Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes pur la Syrie, M. Lakhdar Brahimi.  Il a par ailleurs répondu aux questions posées par la presse au sujet de M. Brahimi qui aurait déclaré que « le peuple syrien ne voulait plus de Bashar El-Assad au pouvoir ».  Le Secrétaire général a précisé que M. Brahimi n’a fait que rapporter des propos tenus par des populations syriennes qu’il a rencontrées sur le terrain, et que cela n’avait rien à voir avec son point de vue personnel.


M. Ban a en outre indiqué que la communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité, ont une responsabilité majeure d’agir pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien.  Le Conseil de sécurité doit trouver l’unité dont le peuple syrien a besoin, a-t-il souligné, tout en appelant à nouveau tous les États à cesser de fournir des armes aux parties en conflit en Syrie.


Parlant du Mali, le Secrétaire général a souligné que le pays est sous la menace grave d’insurgés extrémistes armés.  Trouver une solution à la crise qui affecte le Mali fait partie des priorités, a déclaré M. Ban, en rappelant que le Mali réclame et a besoin de l’aide de la communauté internationale.  « Je félicite la France pour sa décision courageuse de déployer des troupes à la suite des mouvements qu’ont opéré les groupes extrémistes pour se diriger vers le sud du pays », a indiqué M. Ban.  Il a également indiqué qu’il appréciait les efforts déployés par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine et tous les pays fournisseurs de contingents à la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA).


M. Ban a indiqué avoir envoyé à Bamako, en fin de semaine dernière, une équipe précédant le déploiement de l’équipe multidisciplinaire des Nations Unies qui devrait s’y rendre, conformément aux termes de la résolution 2085 du Conseil de sécurité.  Il a souligné que d’autres personnels seront déployés dans les jours à venir au Mali.  Le Secrétaire général a en outre noté que son Représentant spécial pour l’Afrique occidentale est en concertation étroite avec les autorités maliennes et les partenaires régionaux.  « Nos agences humanitaires s’efforcent de répondre aux besoins croissants créés par une crise qui a contraint 350 000 personnes à fuir leur foyer », a-t-il ajouté.


M. Ban a ajouté qu’hier, il a écrit au Conseil de sécurité afin de décrire les options possibles pour la constitution d’un ensemble d’éléments de soutien logistique que les Nations Unies peuvent fournir à la MISMA.  « Il ne fait aucun doute que nous sommes fermement engagés à aider le Mali en ce moment crucial », a-t-il souligné.  Il a toutefois précisé que toute aide doit s’inscrire dans les lignes directrices régissant l’action de l’ONU, y compris le principe de respect inconditionnel des droits de l’homme.  M. Ban a ensuite rappelé que le Mali représente également un défi politique.  « Ce sont le coup d’État et l’effondrement de la démocratie au Mali qui ont ouvert la voie aux extrémistes », a-t-il déploré.  Les succès militaires doivent s’accompagner d’efforts visant à rétablir pleinement l’ordre constitutionnel et la légitimité à Bamako, tout en laissant la porte ouverte à des négociations avec les groupes qui renoncent au terrorisme, a expliqué le Secrétaire général.

« En ce qui concerne la situation dans l’ensemble du Sahel et en Afrique du Nord, j’ai été profondément attristé par le nombre de morts consécutives à l’attaque terroriste lancée à In Amenas en Algérie », a poursuivi M. Ban.  Après avoir exprimé sa tristesse et envoyé ses condoléances aux familles des victimes, le Secrétaire général a souligné que les actes de terrorisme ne peuvent jamais être justifiés.  Il a indiqué que leurs responsables doivent être traduits en justice, et a également adressé ses condoléances au peuple et au Gouvernement d’Algérie et à tous les pays dont les ressortissants ont fait partie des victimes de cette attaque.


Évoquant les conflits qui ont cours sur le continent africain, le Secrétaire général a relevé que les défis auxquels fait face l’Afrique ont été toujours au premier rang des priorités des Nations Unies.  Il a indiqué que les conflits en Afrique ont souvent leur source dans le déficit de gouvernance, et il a appelé les dirigeants du continent à mettre en œuvre les principes de bonne gouvernance et de l’état de droit, ce qui pourrait conduire à un meilleur avenir économique, a-t-il plaidé.  M. Ban a en outre indiqué que les conflits sociaux conduisent parfois à des conflits armés.  Il a souhaité que plus de moyens soient octroyés à la promotion de la diplomatie préventive, afin d’éviter que les situations ne dégénèrent et ne nécessitent des interventions armées. 

Le Secrétaire général a plaidé en faveur du développement durable, qui est la troisième priorité de son programme de travail de l’année 2013.  Il a rappelé que l’année 2015 marquera la date butoir de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), mais qu’elle sera également l’année au cours de laquelle les États Membres se sont engagés à atteindre un accord solide et juridiquement contraignant sur la lutte contre les changements climatiques.  Il a ajouté que c’est après 2015 que « nous devrions mettre au point un nouveau programme de développement qui s’appuiera sur la réalisation des OMD, et qui aura pour base un ensemble d’objectifs de développement durable ».  Il a précisé que des consultations mondiales sont en cours sur la question, et a annoncé qu’il fera une présentation sur ce sujet au mois de septembre prochain devant l’Assemblée générale.


Le Secrétaire général a ensuite évoqué le déplacement qu’il entame demain et dont la première étape sera sa participation au Forum économique mondial de Davos, en Suisse.  « Je vais y rencontrer le Premier Ministre du Liban et d’autres dirigeants », a-t-il noté.  En plus de la Syrie, des questions telles que la santé, l’éducation, l’eau, la nutrition, la croissance verte et le cadre de développement de la période post-2015 seront au centre de mes entretiens, a précisé le Secrétaire général.


Après Davos, il a indiqué qu’il se rendra à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour y prendre part au Sommet de l’Union africaine.  Il a dit qu’il allait y rencontrer de nombreux dirigeants et discuter d’un certain nombre de situations de crises, y compris le Mali, la République centrafricaine et la République démocratique du Congo.  « Je vais également prendre part à des événements axés sur le paludisme, la mortalité maternelle et les moyens à mettre en œuvre pour soutenir l’impressionnante croissance économique africaine », a-t-il poursuivi.  Le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine est solide et ne cesse de se renforcer, s’est félicité M. Ban.


Le Secrétaire général a par la suite annoncé que la dernière étape de son voyage sera le Koweït, où il prendra part à la Conférence d’annonces de contributions pour la cause humanitaire en Syrie, réunion qu’il a convoqué en collaboration avec l’Émir du Koweït.  Il a remercié le Gouvernement du Koweït d’avoir accepté d’accueillir cet événement, et a exhorté les donateurs à s’y rendre avec de généreuses promesses de soutien.


Concernant la question relative au tir, par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), d’une fusée de longue portée, le Secrétaire général a rappelé qu’il s’était joint à la communauté internationale pour condamner cet acte.  Il a ensuite relevé que le Conseil de sécurité est en voie d’adopter une résolution sur la question, ceci après que les États Membres trouvent un accord sur la formulation du texte.  M. Ban a dit qu’il espérait qu’un accord serait bientôt trouvé afin que le Conseil agisse aussitôt que possible.  En tant que Secrétaire général, a-t-il indiqué, j’exhorte de nouveau tous les États à se soumettre aux résolutions du Conseil de sécurité et à les respecter.


Répondant à une question ayant trait aux pourparlers entre la Grèce et l’ex-République yougoslave de Macédoine, qui portent sur un différend concernant le nom d’une des parties, le Secrétaire général a indiqué que son Envoyé spécial sur cette question, M. Matthwew Nimetz, a rencontré les Premiers Ministres des deux pays, et qu’il envisage de continuer ses consultations afin de résoudre ce différend qui n’a que trop duré.


Concernant les réformes en cours au sein des Nations Unies, notamment les réductions budgétaires et les risques de voir des coupes être effectuées dans les effectifs du personnel, le Secrétaire général a tenu à rappeler qu’il ne fait que mettre en œuvre des recommandations faites par les États Membres.  Il a expliqué que l’objectif est d’adapter l’ONU à un monde qui change sur les plans politique et financier.  Il a ajouté que les Nations ne peuvent être une exception dans un contexte où la plupart de ses États Membres font face à des difficultés financières, certains de ces États étant aussi les principaux bailleurs de fonds de l’Organisation.


M. Ban a ensuite indiqué qu’il a engagé, il y a trois ans, une série de mesures visant à réduire de 2% le budget de l’Organisation.  Ceci a été fait.  Ensuite, en ce qui concerne le budget biennal qui a suivi, la réduction a été portée à 5%.  Cette démarche a été douloureuse, et j’apprécie la patience dont a fait preuve le personnel, a dit le Secrétaire général.  Par la suite, a-t-il poursuivi, l’Assemblée générale a recommandé que le montant du budget biennal 2014-2015 soit réduit de 100 millions de dollars, ceci en dépit des efforts de réduction déjà engagés.  C’est difficile et délicat, a dit M. Ban, tout en indiquant qu’il a invité les États Membres à se joindre au Secrétariat en vue de trouver les voies et moyens de parvenir à la réduction de 100 millions de dollars suggérée par l’Assemblée générale.  Il n’est ni logique ni raisonnable qu’on demande au Secrétariat de réduire son budget tout en lui demandant de faire toujours plus en terme de travail et de remplir de nouvelles missions et de nouveaux mandats, a estimé le Secrétaire général. 


Au sujet des propositions concernant la mobilité des employés des Nations Unies, M. Ban a dit qu’il voulait une ONU qui bouge et qu’il souhaitait créer un « Secrétariat global ».  Il a déploré le fait que des personnels occupent parfois le même poste pendant 10, voire 15 ans.  Si notre Organisation est stagnante, comment pourra-t-elle s’adapter efficacement à un monde qui bouge? s’est interrogé le Secrétaire général.  Il a en outre rappelé que de nombreux personnels des Nations Unies sont en poste sur le terrain, parfois dans des zones à risques comme l’Afghanistan ou l’Iraq, et méritent de changer de lieu d’affectation.  « En tant que Secrétaire général, c’est une situation que je trouve injuste », a-t-il ajouté.  Il s’est par ailleurs étonné du fait que certains États Membres soient contre les propositions relatives à la mobilité alors même que les plénipotentiaires de ces pays sont des fonctionnaires rompus aux changements de poste d’affectation.


Le Secrétaire général a indiqué qu’il comptait mener à terme ces missions.  « Je suis déterminé, grâce à notre programme commun, et en coopération étroite avec les États Membres, à faire mieux, tout au long de l’année 2013 et au cours des quatre prochaines années de mon mandat », a-t-il conclu.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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