DSG/SM/757-SC/11330

Ukraine: le Vice-Secrétaire général souligne la nécessité d’un dialogue direct entre Moscou et Kiev sur des mesures qui ouvriraient la voie à une solution diplomatique

19/3/2014
Vice-Secrétaire généralDSG/SM/757
SC/11330
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UKRAINE: LE VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE LA NÉCESSITÉ D’UN DIALOGUE DIRECT ENTRE MOSCOU ET KIEV SUR DES MESURES QUI OUVRIRAIENT LA VOIE À UNE SOLUTION DIPLOMATIQUE


      On trouvera ci-après le discours du Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, à la réunion d’information que le Conseil de sécurité a tenue aujourd’hui sur l’Ukraine:


Ma déclaration aujourd’hui portera brièvement sur les efforts que ne cesse de mener l’ONU en ce qui concerne la crise en Ukraine et sur les faits nouveaux survenus en Ukraine depuis l’exposé présenté au Conseil par le Secrétaire général adjoint, M. Feltman, le 13 mars.


Le Secrétaire général est aujourd’hui en route pour Moscou et Kiev dans le cadre de l’intensification de ses bons offices.  Ses discussions dans les deux capitales porteront sur des solutions politiques et diplomatiques à la crise.  Avant son départ, ce matin, il s’est entretenu avec le Premier Ministre ukrainien, M. Yatsenyuk.


Depuis le dernier exposé qui a été fait au Conseil de sécurité sur cette question (voir S/PV.7134), le Secrétaire général est resté en contact avec les acteurs clefs dans le but de désamorcer la situation.  Il n’a cessé de les exhorter à engager le dialogue et à promouvoir le respect des principes fondamentaux inscrits dans la Charte des Nations Unies s’agissant de l’Ukraine, comme le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale et la garantie de l’exercice des droits de l’homme pour tous, en accordant une attention particulière aux minorités. 


Lors de la mission que j’ai effectuée récemment en Ukraine, j’ai insisté auprès de tous mes interlocuteurs sur l’importance de mettre en place un gouvernement associant toutes les parties et sur la nécessité de préserver une Ukraine multiethnique, multiculturelle et multilingue.  Comme le Conseil a pu le constater, dans ses déclarations publiques, le Secrétaire général n’a de cesse de déconseiller la prise de mesures hâtives susceptibles d’exacerber les tensions et de conduire à des erreurs d’appréciation et des conséquences inattendues. 


Ma mission en Ukraine a été suivie par celle du Sous-Secrétaire général adjoint aux droits de l’homme, M. Ivan Šimonović.  À la demande du Secrétaire général, compte tenu de la situation précaire sur le terrain, M. Šimonović a prolongé son séjour en Ukraine jusqu’à hier, le 18 mars.


Dans l’intervalle, une mission des Nations Unies de surveillance des droits de l’homme est en train d’être déployée en Ukraine, afin de procéder à une évaluation objective de ce qui se passe sur le terrain.  M. Šimonović prendra la parole après moi pour faire un exposé au Conseil sur sa visite en Ukraine et fournir de plus amples informations sur les travaux de la mission de surveillance.  Je voudrais ajouter que l’ONU a étroitement coordonné ses efforts avec ceux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui envisage également de déployer des observateurs en Ukraine.


Je voudrais rappeler que, pendant ma mission en Ukraine, j’ai fait un exposé au Conseil le 4 mars à partir de Kiev.  J’ai indiqué avoir constaté que ce pays était confronté à une série de graves défis politiques, économiques et de sécurité, qui évoluent sans cesse.


Depuis lors, la crise n’a fait que s’aggraver.  Au lieu de s’atténuer, les tensions en Crimée et dans l’est de l’Ukraine continuent de s’exacerber.  Les autorités de la Crimée ont décidé d’organiser un référendum sur le statut de la Crimée, le 16 mars; après quoi, elles ont annoncé que près de 97 % de ceux qui se sont rendus aux urnes avaient voté en faveur de la sécession de la Crimée de l’Ukraine.  Le Secrétaire général a exprimé sa profonde déception et ses vives préoccupations devant cette décision hâtive d’organiser un référendum sur une question qui a de lourdes conséquences pour l’Ukraine, la région et au-delà.  Par la suite, la Crimée a proclamé son indépendance, qui a été reconnue par la Fédération de Russie. 


Le 17 mars, l’Union européenne et les États-Unis ont décidé d’imposer des sanctions ciblées contre des dirigeants russes et de la Crimée.  Le 18 mars, le Président Poutine a signé un traité, que le Parlement de la Fédération de Russie devrait bientôt ratifier, rattachant la Crimée à la Fédération de Russie.  Dans le même temps, le Gouvernement à Kiev s’est dit résolu à ne jamais accepter l’indépendance ou l’annexion de la Crimée, en déclarant que la Crimée faisait partie intégrante de l’Ukraine.


Hier, le Premier Ministre ukrainien s’est dit préoccupé par le fait que le conflit dans la péninsule de Crimée était en train de « passer d’une phase politique à une phase militaire ».  Cette déclaration faisait suite à des informations selon lesquelles un soldat ukrainien avait été tué devant une base militaire ukrainienne à la périphérie de Simféropol.


Après cet incident, le Vice-Premier Ministre et Ministre de la défense de l’Ukraine a annoncé son intention de se rendre en Crimée aujourd’hui.  Les dirigeants de la Crimée auraient déclaré que les dirigeants ukrainiens ne seraient pas autorisés à entrer en Crimée.  Cela montre bien combien il importe d’ouvrir d’urgence un dialogue direct entre Moscou et Kiev.


Aujourd’hui, nous avons reçu des informations selon lesquelles les forces pro-russes ou des groupes non identifiés se seraient emparés de deux bases navales ukrainiennes en Crimée.  Même si les premières informations laissent entendre que jusqu’à présent la saisie de ces bases s’est faite sans effusion de sang, il est évident qu’une telle évolution de la situation comporte des risques graves.  Le Secrétaire général n’a cessé d’insister sur le fait qu’il était essentiel d’éviter d’autres actes de provocation et de s’abstenir de toute incitation.


Ces derniers événements ont exacerbé les tensions et rendu encore plus complexe une situation déjà précaire.  Nous sommes maintenant confrontés au risque d’une nouvelle escalade dangereuse, qui pourrait avoir des répercussions sur la paix et la sécurité internationales et revêtir une grande importance pour le Conseil et pour l’Organisation des Nations Unies.


Dans un contexte plus large, il convient de rappeler que la Fédération de Russie et l’Ukraine restent des pays voisins, avec des liens historiques, culturels, économiques et politiques étroits et souvent complexes.  Nous estimons qu’il est dans notre intérêt à tous que ces deux nations entretiennent de bonnes relations entre elles et avec l’ensemble de la région.  Cependant, le premier pas dans cette direction consiste à désamorcer immédiatement la situation et à faire preuve de retenue face à la crise actuelle.


Je voudrais terminer en citant quelques messages importants récents du Secrétaire général: « Il est clair que nous sommes à la croisée des chemins.  Si les positions continuent de se durcir et la guerre des mots continue de s’intensifier, nous risquons de rentrer dans un engrenage dangereux.  Il faut privilégier un dialogue direct entre Moscou et Kiev afin de définir des mesures spécifiques qui ouvriraient la voie à une solution diplomatique.  Même si jusqu’à présent il a été difficile de trouver une voie vers la paix, elle demeure une possibilité. »


C’est dans cet esprit et dans l’esprit de la Charte des Nations Unies qu’il entame aujourd’hui sa mission à Moscou et à Kiev.


Je voudrais seulement ajouter que notre outil diplomatique de choix est un dialogue constructif sur la base du Chapitre VI de la Charte qui porte sur le règlement pacifique des différends.  L’ONU continuera à jouer son rôle en promouvant le dialogue en faveur d’une solution pacifique et concertée à la crise, qui est désormais plus grave que jamais.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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