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Conférence de presse du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon

Guerres, réfugiés, changements climatiques, M. Ban Ki-moon a constaté que la soixante-dixième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, la neuvième en sa qualité de Secrétaire général, s’ouvrait cette année « dans une période de turbulences et d’espoir ».

« Turbulences, parce que les conflits se sont aggravés dans de nombreux endroits, et que les civils en paient le prix.  Espoir, parce qu’un nombre historique de dirigeants du monde se réuniront ici, à l’ONU, pour forger des solutions et adopter un nouveau programme de développement encourageant », a déclaré M. Ban, lors d’une conférence de presse au Siège de l’ONU, à New York.

Le Secrétaire général a rappelé que cette session débuterait par la visite, le 25 septembre, du pape François, la première, dans le cadre d’un sommet, d’un souverain pontife, saluant celui dont « l’appel à l’action climatique et à une mobilisation éthique mondiale a retenti à travers le monde, parmi les gens de toutes confessions ».

« Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 incarne les aspirations des gens de partout à vivre dans la dignité sur une planète saine » et « montre ce que les États Membres peuvent obtenir quand ils travaillent ensemble dans la solidarité », s’est félicité M. Ban, dans sa déclaration liminaire.

Alors que s’échafaude dans la perspective du rendez-vous de Paris, à la fin de l’année, un « accord universel sur les changements climatiques », il s’est dit « encouragé » par les « changements phénoménaux » en cours.  En revanche, il a exprimé sa crainte face au manque d’efforts pour maintenir l’élévation de la température sous le seuil de 2 degrés Celsius, priant « instamment les dirigeants du monde à placer plus haut leur ambition, puis à traduire cette ambition en action ».

En Syrie, « la responsabilité de mettre fin à cette horreur repose sur les parties, ainsi que sur les voisins et les forces externes qui alimentent le conflit », a poursuivi le Secrétaire général.  S’agissant du Yémen, il « prie instamment » les parties à « rejoindre immédiatement le processus politique » sous la facilitation de son Envoyé spécial. 

En Libye, si « les dernières semaines ont connu des progrès », un cadre politique est « essentiel pour mettre en place de toute urgence des arrangements de sécurité durable ».  Au Soudan du Sud, « tous les efforts doivent maintenant se concentrer sur la mise en œuvre du nouvel accord de paix », a-t-il déclaré, demandant « instamment aux deux dirigeants de respecter les engagements qu’ils ont pris en vue de mettre fin à ce conflit brutal ».

Relevant que, « partout dans le monde, 100 millions de personnes, soit environ une sur 70, ont besoin d’un appui », et que « tous nos appels humanitaires sont de façon chronique sous-financés », M. Ban a mis l’accent sur la question brûlante d’actualité des réfugiés et des migrants.

Au nombre de 60 millions, ces « hommes, femmes et enfants qui fuient la guerre et la persécution » méritent un réel soutien, y compris l’asile », a-t-il affirmé, demandant à ceux qui empêchent les réfugiés d’exercer leurs droits de se mettre à leur place et félicitant en particulier « les pays qui ont admirablement fait tout ce qu’ils peuvent ».

Le Secrétaire général a rappelé que, le 30 septembre, il convoquerait une Réunion de haut niveau pour « mobiliser une réponse humaine, efficace et fondée sur les droits » à la crise des réfugiés.  Il a demandé « instamment à tous les États d’assumer leurs responsabilités et d’être à la hauteur de leurs obligations juridiques ».

Au sujet de l’avenir des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le Secrétaire général a plaidé pour « trois changements majeurs »: « un accent d’urgence sur la prévention et la médiation des conflits; des mesures pour améliorer la rapidité et la souplesse des missions de maintien de la paix et des missions politiques des Nations Unies; et des partenariats plus étroits avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine ».

M. Ban a jugé « essentiel que nous agissions de toute urgence et collectivement ».  « Beaucoup dépend de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité », a-t-il dit, exhortant les États Membres à « donner leur plein soutien à cet effort ».  De même, il a indiqué qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir « pour éradiquer ce comportement inacceptable » que sont l’exploitation et les abus sexuels commis par des Casques bleus.  « Les États Membres doivent également faire davantage pour former leur personnel et les tenir comptables de leurs actes », a-t-il ajouté.

Enfin, évoquant la succession à son poste de secrétaire général, en 2016, et assurant entendre les nombreuses voix militant en vue de le confier, pour la première fois, à une femme, M. Ban a affirmé que « le moment est venu pour une femme qualifiée de diriger les Nations Unies ».  « Il est plus que temps de discuter et d’envisager de répondre aux aspirations d’un très grand nombre », a-t-il dit, précisant néanmoins que ce choix revenait d’abord aux États Membres de l’Organisation. 

Revenant, lors de l’échange avec les journalistes, sur la question des réfugiés, le Secrétaire général s’est dit « choqué » de voir la façon dont ils sont traités.  « C’est inacceptable », a-t-il dit.  « Tous les pays ont leurs problèmes internes, mais ici nous parlons de personnes qui fuient les persécutions, la guerre.  Nous devons faire montre de compassion, les accueillir, les aider, les protéger, les abriter en tant qu’êtres humains. »

La situation « triste et tragique » en Syrie est, pour lui, un véritable « crève-cœur », déplorant l’absence d’unité du Conseil de sécurité, « en particulier parmi ses membres permanents ».  M. Ban a exhorté « l’ensemble des parties, notamment les membres du Conseil de sécurité, à faire montre de solidarité ».  « En 5 ans, plus de 250 000 personnes ont perdu la vie, plus de 4 millions de personnes sont devenues des réfugiées et la moitié de la population a besoin d’une assistance humanitaire d’urgence.  Nous devons agir maintenant. »

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