DSG/SM/1026-AFR/3479

Le Vice-Secrétaire général rappelle aux parlementaires centrafricains leur pouvoir de contrôler la gestion du pays, de répondre aux besoins des citoyens et de promouvoir la réconciliation

On trouvera ci-après le discours prononcé par le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, devant l’Assemblée nationale de la République centrafricaine, le 2 novembre: 

C’est pour moi un grand honneur et un réel plaisir de visiter la République centrafricaine au nom des Nations unies et du Secrétaire générale Ban Ki-moon et de me trouver ici, devant votre haute Assemblée nationale.  Je vous remercie vivement de me donner, aujourd’hui, l’occasion de m’adresser à vous.

J’apprécie beaucoup les mots très aimables que vous avez eu à mon endroit et à l’endroit des Nations Unies et de la MINUSCA.

Plus tôt ce matin, j’ai eu l’honneur de rencontrer Son Excellence le Président Touadéra.  Il m’a fait part de sa vision lucide pour l’avenir du pays.  Pour venir ici, j’ai traversé la ville et j’ai été frappé de constater les progrès considérables accomplis par la RCA (République centrafricaine) et la vitalité de son peuple.

Le succès des élections peut servir d’exemple pour l’Afrique centrale et tant d’autres pays du monde.  Votre élection à cette Assemblée et le rétablissement de l’ordre constitutionnel n’auraient pas été possibles si les forces de la paix n’avaient pas vaincu les forces de la haine.  Un nombre sans précédent de Centrafricains se sont inscrits sur les listes électorales pour décider de l’avenir de leur pays.

Les Centrafricains ont ainsi clairement exprimé leur désir de paix et de prospérité pour l’avenir.  Félicitations à vous tous!

Le mois d’octobre a été particulièrement violent.  Cela a résulté à la mort tragique de nombreuses personnes et plusieurs blessés, notamment ici à Bangui, à Bambari ou à Kaga Bandoro.

Nous avons tiré les leçons de ces évènements douloureux et ferons tout ce qui est en nos capacités pour prévenir de telles atrocités.

Je condamne fortement ces violences.  Je tiens aussi à exprimer toute ma compassion et mes condoléances à votre peuple et aux familles de toutes les victimes.

Je vous assure que nous sommes déterminés à faire toute la lumière sur l’incident regrettable de lundi dernier à Bangui.  La MINUSCA soutiendra toute demande formulée par les autorités judiciaires de la RCA à cet effet.

J’affirme sans ambiguïté que la Mission est là pour protéger la population centrafricaine et elle le fera en toute impartialité.  Nous respectons le droit de chacun de manifester pacifiquement et protégerons ce droit si nécessaire.

Mais, je vous appelle aussi à ne pas céder aux discours provocateurs ou aux tentatives de déstabilisation de vos nouvelles institutions démocratiques par les ennemis de la paix.  Nous devons ensemble faire front contre ceux qui veulent empêcher la marche résolue et pacifique du pays vers plus de progrès et prospérité partagée.

Le peuple centrafricain vous a donné un mandat clair, un mandat de paix, un mandat de changement.  Un parlement dynamique et actif est l’un des piliers de la démocratie.  Je vous engage à vous acquitter de votre mandat de bonne foi, à défendre les intérêts de vos électeurs et à œuvrer dans l’intérêt supérieur du pays et son peuple.

La réconciliation devrait être au cœur de tous vos efforts.  Pour guider le pays sur la voie de la paix, de la réconciliation et du développement, il est indispensable d’œuvrer ensemble.

Les problèmes que connaît la République centrafricaine sont redoutables.  Près d’un million de Centrafricains sont déplacés.  La moitié de la population a besoin d’aide humanitaire comme vous le savez.  Pratiquement toute l’infrastructure et les services essentiels doivent être reconstruits.

Pour aller de l’avant, il faudra traiter les causes profondes du conflit, mettre fin à l’impunité, favoriser l’ouverture politique et lutter contre la marginalisation de certains groupes et de certaines communautés.

En votre qualité de parlementaires, vous jouez un rôle crucial.  Vous avez le pouvoir d’adopter des lois propres à garantir l’égalité et le bien-être de tous les Centrafricains.  Vous avez le pouvoir de demander des comptes au gouvernement sur sa gestion du pays, et de répondre aux besoins et aux aspirations des hommes, femmes et enfants que vous représentez.

Je vous engage vivement à unir vos efforts pour atteindre ces objectifs communs.  L’Histoire retiendra les noms des dirigeants qui font passer les intérêts de la nation avant les leurs.

Je vous conjure non seulement de jouer votre rôle traditionnel de parlementaires, mais également de vous faire les défenseurs du dialogue et de la réconciliation, en vous appuyant sur les résultats importants du Forum de Bangui.

Devant vous aujourd’hui, je réaffirme la profonde détermination de l’Organisation des Nations Unies et de la communauté internationale à honorer pleinement leur partenariat avec la République centrafricaine.

En ce qui concerne l’ONU, l’appui que nous avons fourni dans les domaines de l’aide humanitaire, de la réconciliation, du relèvement et du développement, et bien entendu, la présence de la MINUSCA, sont les preuves de notre engagement.

Dans l’accomplissement de notre mission dans votre pays, nous continuerons à faire de la protection des populations civiles une préoccupation fondamentale.  À cet égard, le Secrétaire général et moi-même continuerons à exiger de nos Casques bleus et de tous nos personnels une conduite exemplaire et un respect strict de notre politique de tolérance zéro contre l’exploitation sexuelle et les abus sexuels.

Avec le Gouvernement centrafricain, l’Union européenne, l’ONU, et la Banque mondiale, nous avons élaboré un « plan national pour le relèvement ».  Ce plan sera présenté et examiné à la Conférence des donateurs à Bruxelles le 17 novembre, à laquelle je participerai et je dirigerai la délégation des Nations Unies.

Je suis certain que les autorités centrafricaines sauront montrer au peuple et à la communauté internationale qu’elles se sont durablement engagées à faire ce qu’il faut.

C’est à dire entreprendre les transformations nécessaires pour rétablir la sécurité à long terme et la justice pour tous les centrafricains, en instituant une gouvernance inclusive, dans le respect de l’état de droit.

Ensemble, nous devons bâtir, et nous bâtirons, un avenir meilleur pour le peuple centrafricain.  L’ONU est là, à votre côté, dans cette mission noble et nécessaire.

Travaillons ensemble pour la paix, la sécurité et une vie en dignité pour le peuple centrafricain.

Je vous remercie pour votre invitation et votre attention.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.