Soixante-douzième session,
16e & 17e séances – matin & après-midi
AG/EF/3481

Deuxième Commission: le manque d’innovation et les conflits sont parmi les causes à éliminer pour arriver à la « faim zéro » avant 2030

Si l’on s’en tient au rythme actuel de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il ne sera pas possible de réaliser l’objectif 2 qui vise à éliminer la faim dans le monde, ont prévenu de nombreuses délégations qui se sont exprimées aujourd’hui à la Deuxième Commission (économique et financière) en pointant du doigt les systèmes agricoles désuets, l’incidence des conflits et les méfaits des changements climatiques, parmi d’autres entraves à cet objectif.

C’est pourquoi, au cours du traditionnel débat sur le « développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition » que tient chaque année la Commission, les intervenants ont partagé leurs expériences et proposé des pistes pour créer des systèmes alimentaires durables, un appel lourd de sens en cette Journée mondiale de l’alimentation dont le thème, cette année, est le suivant: « Changeons l’avenir des migrations, investissons dans la sécurité alimentaire et le développement rural ».

En ce 16 octobre, qui commémore aussi la création de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 1945, la représentante de celle-ci, qui s’exprimait aussi au nom du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds international de développement agricole (FIDA), a présenté des chiffres alarmants: le nombre de personnes souffrant de malnutrition chronique dans le monde est passé de 777 millions en 2015 à 815 millions en 2016.  Les conflits sont la première cause de cette augmentation de la faim dans le monde, associés à la sécheresse et aux inondations, elles-mêmes souvent liées à El Niño.

Les perspectives sont tout aussi inquiétantes puisqu’on estime que de vastes segments de la population mondiale, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, seront encore en situation de dénutrition ou de malnutrition en 2030, voire en 2050, comme le souligne le rapport* du Secrétaire général portant sur le thème du débat.  On note aussi que sur les 23 pays à risque de malnutrition, 18 font partie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), soit une population de plus de 72 millions de personnes.  En tant que représentant des PMA, le délégué du Bangladesh a donc exhorté le monde à leur venir en aide.

Pour remédier à cette situation, les intervenants ont appelé à garantir la sécurité alimentaire et à promouvoir des régimes alimentaires nutritifs pour tous, grâce à une agriculture inclusive, durable et résiliente, en pariant notamment sur le développement rural et sur l’agriculture familiale.  C’est ce qu’ont plaidé les porte-paroles de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et du Groupe des 77 et de la Chine (G77), parmi d’autres, en insistant sur l’importance des fermes familiales.  Le Costa Rica a d’ailleurs lancé l’idée de proclamer une décennie internationale de promotion de l’agriculture familiale 2019-2028.

L’innovation est la clef, pour le délégué de Singapour qui a expliqué que ce petit pays urbanisé était tout de même classé premier en matière de sécurité alimentaire en Asie en 2016, tout en étant troisième au plan mondial, mettant cela sur le compte de l’utilisation de la technologie.

C’est dans cette même logique que l’Agence israélienne de coopération internationale pour le développement dispense près de 100 formations gratuites chaque année à près de 2 000 professionnels venant de plus de 100 pays des cinq continents. 

Néanmoins, il faudrait se demander, a noté le délégué de l’Algérie pourquoi les forces du marché privent les gens de nourriture quand on sait que la production alimentaire suffirait à nourrir toute la population mondiale.  C’est pourquoi le Brésil a lancé un appel pour qu’il soit mis fin aux subventions agricoles pratiquées dans les pays développés, arguant qu’elles conduisent à des distorsions des marchés internationaux et sapent les efforts visant à renforcer le secteur de l’agriculture des pays en développement. 

Les orateurs ont aussi appelé à s’attaquer au gaspillage, sachant que le tiers de la production alimentaire mondiale est perdue ou gaspillée, soit environ 1,3 milliard de tonnes par an, comme le souligne encore le Secrétaire général dans son rapport.

Alors qu’on célébrait hier la Journée internationale des femmes rurales, plusieurs ont souligné que les solutions passent aussi par une autonomisation des femmes rurales.  À cet effet, le Lesotho a adopté une loi en 2010 qui facilite l’accès des terres aux femmes, tandis que le Plan Maroc vert tend à valoriser les agricultrices.

Enfin, si partout dans le monde l’altération du climat menace la production alimentaire, ce problème est particulièrement sensible pour les petits États insulaires en développement (PEID).  Les délégations de ces pays n’ont pas manqué de souligner leur vulnérabilité extrême par rapport aux aléas climatiques, comme l’a si bien expliqué le représentant de Guyana qui parlait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Les populations de ces îles sont par ailleurs très vulnérables aux maladies non transmissibles telles que les maladies cardiaques, le diabète ou encore l’obésité, à cause de la consommation de produits alimentaires transformés, a renchéri sa collègue des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS).

La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu demain, 17 octobre, à 10 heures, et portera sur les « groupes de pays en situation particulière ».

* A/72/303

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION (A/72/303 ET A/72/63–E/2017/11)

Discussion générale

M. ESTEBAN CADENA DUARTE (Équateur), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a rappelé les retards accusés dans la lutte contre la faim et la malnutrition, puisque de nos jours il y existe encore 793 millions de personnes qui n’ont pas accès à leur ration énergétique quotidienne et 156 millions d’enfants qui accusent des retards de croissance.  Parallèlement 1,9 million d’adultes et 43 millions d’enfants dans le monde sont obèses ou en surpoids.

Pour le G77, le rythme actuel de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne permettra pas d’atteindre l’objectif 2 relatif à la faim dans de nombreuses parties du monde.  Il est donc impératif de créer des systèmes alimentaires durables.  Il s’agit là d’une condition essentielle pour relever le défi de l’éradication de la faim et de la malnutrition.

Le représentant du G77 a ensuite mis l’accent sur la relation entre sécurité alimentaire, transformation rurale nutritionnelle et agriculture durable, ainsi que sur les liens entre l’objectif de développement durable 2 et d’autres objectifs du Programme 2030.  Il faut que cela soit pris en compte de manière intégrée dans les politiques et programmes nationaux, a-t-il plaidé en demandant aussi de promouvoir le partage de connaissances et les partenariats productifs.  À cet égard, le G77 attend des résultats concrets des plans et programmes nationaux mis en place dans le cadre de la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025).  Le représentant a également appelé à plus d’investissement dans l’agriculture afin d’améliorer la productivité, précisant que ce type d’investissements s’avère être plus efficace pour la lutte contre la pauvreté que les investissements dans d’autres secteurs.

Mme KHYNE (Myanmar), parlant au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a mentionné le Plan stratégique de l’ASEAN pour la coopération en matière d’alimentation, d’agriculture et de forêts pour les années 2016-2025, qui vise notamment à améliorer la sécurité alimentaire.  Elle a ensuite insisté sur le lien qui existe entre les changements climatiques et la sécurité alimentaire, mentionnant à cet égard le cadre multisectoriel sur les changements climatiques et la sécurité alimentaire de l’ASEAN, sur la base duquel des stratégies ont été mises en place pour remédier aux conséquences de ces changements sur les secteurs agricoles et forestiers.

« Malgré des gains économiques impressionnants, l’ASEAN fait toujours face à de nombreux cas de malnutrition », a poursuivi la représentante.  Pour relever ce défi, l’ASEAN a mis en place un système de surveillance nutritionnel, qui comprend un ensemble d’initiatives.  Le but, a-t-elle expliqué, est de parvenir à un « optimum nutritionnel » au sein de l’Association.  En conclusion, la représentante a réaffirmé l’engagement ferme de l’ASEAN en faveur du développement agricole et de la sécurité alimentaire.

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a affirmé que le monde faisait actuellement face à l’une des plus grandes crises alimentaires en 70 ans, en rappelant que quatre pays risquaient actuellement une famine.  À l’échelle mondiale, 108 millions de personnes ont été touchées par l’insécurité alimentaire en 2016, ce qu’il explique par les conflits, la hausse des prix des denrées alimentaires et les intempéries liées au phénomène El Niño.  Sur les 23 pays à risque de malnutrition, 18 sont des PMA, soit une population de plus de 72 millions de personnes.  En tant que représentant des PMA, il a exhorté le monde à leur venir en aide soit financièrement ou soit en nature.

Rappelant que l’agriculture reste le secteur dominant dans de nombreux PMA qui en dépendent pour leur sécurité alimentaire, avec une population rurale en moyenne de 68,6%, le représentant a insisté sur le lien direct entre développement rural, d’une part, et éradication de la pauvreté et autonomisation des femmes, d’autre part.  Il a également souligné que les PMA avaient été touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques et les catastrophes naturelles, ce qui a provoqué l’insécurité alimentaire, parfois même des famines et des migrations climatiques dans la région du Pacifique.  La dégradation des terres productives qui en découle sape tout effort de production alimentaire durable et limite la possibilité de répondre à la demande croissante, s’est-il inquiété.

S’agissant de la malnutrition dans les PMA, le représentant a expliqué qu’elle avait légèrement baissé pour passer de 24,9% en 2010 à 22,3% en 2015.  Cependant le taux de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans y reste autour de 40%.  Face à ces problèmes, le représentant a plaidé en faveur d’investissements plus grands dans l’agriculture des PMA pour augmenter la productivité de ce secteur, en misant notamment sur les nouvelles technologies.  Avant de conclure, le représentant a souhaité un partenariat international revitalisé pour la réalisation de l’objectif 2 de développement durable (Faim « zéro »).

Mme MARIYAM MIDHFA NAEEM (Maldives), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a souligné que pour les petits États insulaires en développement (PEID), le nouveau Programme d’action mondiale, initié par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en direction des PEID, tend à promouvoir la sécurité alimentaire en bâtissant des systèmes alimentaires plus durables et davantage résilients.  Le Programme entend ainsi mettre en œuvre les prescriptions contenues dans les Orientations de Samoa et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle noté.  Elle a souligné son importance pour les PEID qui font face, plus que d’autres pays, à certains défis comme les changements climatiques, la destruction des écosystèmes marins, le manque de ressources, l’éloignement géographique et le coût élevé des importations de vivres et de plantes, ainsi que l’instabilité des prix des produits de base.

En ce qui concerne les changements climatiques, elle a expliqué que les températures changeantes et la montée du niveau des mers conduisent à des inondations et des phases de sécheresse, réduisant ainsi la productivité agricole.  De même, cette montée du niveau des mers se traduit souvent par des déversements de sel sur des terres agricoles côtières qui endommagent celles-ci.  En outre, les catastrophes naturelles fréquentes détruisent les plantes et les infrastructures de transport dans les PEID.

Par ailleurs, les PEID dépendent grandement des océans pour leur alimentation et leur développement économique.  Malheureusement, la pollution marine ne fait que croître, a déploré la représentante en citant des conséquences néfastes telles que l’acidification des océans due aux taux élevés de carbone qui y sont emprisonnés.  La pêche illégale contribue aussi à la diminution des stocks de poisson et d’autres ressources marines.  Le fait que les PEID dépendent désormais des importations de vivres les rend vulnérables à la volatilité des prix, comme on a pu le constater au cours de la crise financière et économique de 2008, a-t-elle ajouté.  En plus, la consommation de produits alimentaires transformés rend les populations de ces îles vulnérables aux maladies non transmissibles telles que les maladies cardiaques, le diabète ou encore l’obésité.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyana) a fait remarquer que la destruction causée par les derniers ouragans dans les Caraïbes montrait la vulnérabilité extrême des États membres de la CARICOM aux catastrophes naturelles liées au climat, lesquelles devant en outre s’accroître en fréquence et en sévérité.  Les dégâts causés sur les infrastructures agricoles dans les Caraïbes ont été énormes dans certains pays de la région.  Dans ce contexte, la voie du développement de l’agriculture et la réalisation de la sécurité alimentaire sera difficile et semée d’embûches sans précédent.  « Nous attendons ainsi avec impatience le soutien de la communauté internationale pour nous aider à développer la résilience nécessaire pour atteindre les objectifs de développement durable dans les domaines de la sécurité alimentaire et de la nutrition », a plaidé le représentant.

M. Ten-Pow a poursuivi en soulignant que les politiques régionales pour combattre la faim et la malnutrition sont liées à la production agricole et aux systèmes alimentaires, dont la production de viande, les pêches et leurs chaînes de valeur.  L’agriculture, y compris l’élevage et la pêche, sont largement le fait de petits fermiers et d’artisans pêcheurs qui sont souvent chefs de famille.  Ce sont des agents importants du développement de l’agriculture, a-t-il souligné tout en regrettant que le faible niveau technologique utilisé ne leur permette pas de maximiser la productivité.  Les outils technologiques restent pourtant des facteurs importants de la sécurité alimentaire et de la nutrition, en particulier dans les zones rurales, en dépit de l’absence de systèmes d’aide sociale.

Les États membres de la CARICOM saluent ainsi l’aide des partenaires internationaux du Sud et du Nord dans la modernisation des technologies actuellement utilisées dans les secteurs agricoles et de la production alimentaire.  Cette aide doit viser notamment l’industrie alimentaire, les systèmes de collecte de données et la formation du personnel technique.  Elle doit permettre une valeur ajoutée dans la chaîne de production alimentaire et aboutir à renforcer la sécurité alimentaire et à réduire la famine et la malnutrition dans la région.  La CARICOM appelle aussi à la révision des critères utilisés dans la classification des pays, pour que la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et autres risques de facteurs et retard de développement soient pris en compte pour déterminer les catégories de développement dans lesquelles un pays devrait être classifié.

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a plaidé pour des investissements accrus dans le secteur agricole, y compris dans les fermes familiales, afin de renforcer la sécurité alimentaire.  Il a appuyé toutes les actions visant à remédier aux formes de malnutrition infantile, en particulier chez les plus jeunes enfants. Parmi ces actions, le délégué a plaidé pour une mise en œuvre graduelle d’un droit à une alimentation saine.  Il a ensuite insisté sur les conséquences pour l’agriculture et la sécurité alimentaire des évènements météorologiques extrêmes qui ont frappé l’Amérique latine et les Caraïbes.  Le soutien de la communauté internationale est crucial pour y faire face, a-t-il observé à cet égard.

M. Jaime Calderón a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire, qui doit venir en complément de l’aide publique au développement (APD), pour renforcer les capacités nationales des pays en développement en faveur de la sécurité alimentaire.  Enfin, il a demandé de nouveau qu’un soutien financier et technique soit apporté à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et l’Association latino-américaine d’intégration (ALADI).

M. ASHISH KUMAR SINHA (Inde) a constaté qu’alors même que la production alimentaire serait suffisante pour nourrir la population mondiale, des millions de personnes connaissent toujours la faim au quotidien.  « Venir à bout de la faim et parvenir à la sécurité alimentaire tout en améliorant la nutrition sont des obstacles à surmonter pour pouvoir parler du développement inclusif prévu par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a estimé le représentant.  Pour cela, il faut une croissance plus élevée dans les économies agricoles pour pouvoir casser le cercle vicieux de la pauvreté, de la malnutrition et de la sous-nutrition, a-t-il précisé.

L’Inde a réussi sa transition en passant d’une nation en déficience alimentaire à une nation autosuffisante du point de vue alimentaire, grâce à une révolution verte.  Aujourd’hui, l’Inde est même un pays exportateur de produits alimentaires et animaliers.  Parmi les défis à l’augmentation de sa productivité agricole, le représentant a cité le manque de connexion entre les fermes et les marchés ou encore les systèmes insuffisants de distribution des produits alimentaires.  Le Gouvernement a fixé pour objectif de doubler les revenus des fermiers d’ici à 2022 et compte y parvenir par un ensemble de mesures de soutien au secteur agricole, en utilisant notamment les services bancaires et les technologies de la téléphonie mobile.  La plateforme électronique e-NAM a été mise en place dans ce cadre pour faciliter les échanges commerciaux agricoles sur le plan national, dans le but de faciliter les liens entre les fermiers et le marché.  Elle couvre environ 300 petits marchés agricoles dans le pays.

Pour M. ZHANG ZEPENG (Chine), il faut renforcer les infrastructures agricoles et lutter contre les changements climatiques, notamment en vue d’assurer la sécurité alimentaire.  Il a également recommandé d’utiliser au mieux les technologies en ce qu’elles peuvent aider à réduire les coûts de production agricole et à améliorer le transport et le stockage des produits agricoles, tout en évitant le gaspillage alimentaire.  Il s’est réjoui du fait que la Chine connaisse une augmentation de sa production agricole grâce à la modernisation de ce secteur, une expérience que le pays partage, dans le cadre de la coopération Sud-Sud, en formant des responsables dans des pays en développement.

Mme CHERYL SHULING GOH (Singapour) a souligné que la main-d’œuvre agricole ne cesse de diminuer dans son pays, pendant que les changements climatiques continuent d’entraver l’agriculture.  Mais grâce à l’innovation et la technologie, ainsi qu’un soutien fort des pouvoirs publics, ces défis sont surmontés, a-t-elle assuré.  Elle a précisé que 1% à peine des terres du pays sont utilisées pour l’agriculture, ce qui l’oblige à importer plus de 90% des vivres consommés localement.  Si Singapour est vulnérable à la volatilité des prix de ces vivres, cela n’a pas empêché que le pays soit classé premier en matière de sécurité alimentaire en Asie en 2016, tout en étant troisième au plan mondial, s’est-elle enorgueillie.

Singapour n’est donc pas un pays agricole, a confirmé la représentante.  Cependant, elle a souligné que les paysans singapouriens utilisent davantage l’innovation et la technologie.  Le pays étant en majorité urbanisé, l’agriculture urbaine est d’ailleurs valorisée grâce à l’innovation.  Pour conclure, elle a fait valoir que, étant donné que 70% de la population mondiale vivra en ville d’ici à 2050, Singapour pourrait servir de laboratoire en matière d’agriculture urbaine.

M. TIBOR SHALEV SCHLOSSER (Israël) a déclaré que les infrastructures agricoles avancées en Israël n’avaient pas seulement profité à son pays mais aussi à de nombreux pays, de la jungle de l’Amérique du Sud aux déserts de l’Afrique et aux îles du Pacifique, grâce au partage de son expérience et de son expertise dans l’agriculture, l’atténuation des changements climatiques, la préparation aux catastrophes, la gestion de l’eau et la désalinisation.  L’utilisation mondiale du système de drainage en est un exemple fameux.  Ce n’est pas seulement de la technologie mais aussi de la formation sur mesure qui peut faire la différence, a ajouté le Ministre.

L’Agence israélienne de coopération internationale pour le développement dispense près de 100 formations gratuites, chaque année, dans ses centres de formation dans le pays, qui bénéficient, chaque année, à près de 2 000 professionnels venant de plus de cent pays des cinq continents.  « Notre détermination à vaincre la pauvreté, la faim et la soif doit se faire en commun », a relevé le représentant, en voulant une réponse ferme et résolue pour arriver à prévenir et éliminer la famine et la pénurie dans le futur.  Il a appelé à une coordination renforcée et une coopération efficace entre toutes les parties prenantes pour garantir qu’aucun enfant ne soit affamé ou assoiffé et qu’aucun parent n’ait à se battre pour nourrir la famille.

M. ALIMOV (Fédération de Russie) a averti que la sécurité alimentaire dans le monde exige des mesures coordonnées et holistiques.  À son avis, les Nations Unies, le PAM, la FAO et le FIDA ont un rôle clef à jouer dans ce domaine.  Alors même qu’il existe aujourd’hui une base institutionnelle forte, notamment la Décennie des Nations Unies pour l’action nutritionnelle, il a estimé que le rapport du Secrétaire général n’accordait pas une attention suffisante à la question de la sécurité alimentaire.  Il s’agit d’une priorité pour la Russie, qui a organisé cette année la Conférence internationale sur la sécurité alimentaire et les analyses de risques, en collaboration avec la FAO, et contribué au Centre de référence de la FAO pour la résistance aux antimicrobiens.  En mai 2018, la Russie accueillera une autre Conférence de la FAO sur la question de sécurité alimentaire et l’influence des changements climatiques sur le processus alimentaire, a annoncé le représentant.

Après avoir précisé que son pays compte 70% des forêts boréales au monde, le représentant a indiqué que ces ressources sont utilisées pour la production de fourrages ainsi que pour l’apiculture et les plantes médicinales.  Par ailleurs, pour sa délégation, les transferts de technologie sont essentiels pour stabiliser les prix des produits agricoles.  La Fédération de Russie a fait d’énormes progrès dans sa productivité agricole et de produits animaliers, a-t-il ajouté, ce qui lui permet d’apporter son aide à plus de 27 pays dont l’Iraq et la Syrie.

Mme MARIA ANGELA A. PONCE (Philippines) a déclaré qu’au vu des tendances préoccupantes décrites par le rapport du Secrétaire général, éradiquer la faim, parvenir à la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable ne sont plus seulement des impératifs en vue de la réalisation du Programme 2030: ce sont aussi des éléments clefs pour l’avenir de tous les peuples.  Pour la représentante, le problème ne doit pas être uniquement considéré en termes d’approvisionnement alimentaire mais plutôt sous l’angle de la productivité agricole et des effets des changements climatiques.  À l’occasion de la quarantième session de la Conférence de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, qu’elles présidaient pour la première fois, les Philippines ont averti combien cette altération du climat menace la production alimentaire.

En tant que pays gravement affecté par ces changements, a poursuivi Mme Ponce, les Philippines ont mis sur pied un programme de résilience de leur agriculture, lequel est chargé de contrôler les risques et les dangers auxquels sont confrontés les agriculteurs et les pêcheurs.  Le pays s’emploie également à concevoir des installations capables de résister à des typhons, comme des entrepôts alimentaires et des installations de stockage, tout en développant un système d’assurance universelle pour les cultures, des technologies d’irrigation à énergie solaire, un meilleur accès aux financements et un repeuplement des lacs et des rivières peuplés de poissons autochtones.  Enfin, a-t-elle encore indiqué, le plan de développement 2017-2022 met l’accent sur les opportunités de croissance économiques que représentent l’agriculture, la forêt et la pêche, ces trois secteurs générant des emplois pour un tiers de la population active des Philippines.

Mme NOVI DWI RATNASARI (Indonésie) a indiqué que, comme le confirment les derniers indicateurs, les efforts visant à éradiquer la faim et la malnutrition d’ici à 2030 constituent un défi croissant pour son pays.  Cela est surtout dû aux effets négatifs des changements climatiques, à l’insuffisance des capacités et infrastructures, à un accès limité à l’innovation et à la technologie ainsi qu’à des chaînes d’approvisionnement défaillantes, a précisé le représentant, appelant à une action commune pour remettre l’objectif 2 du Programme 2030 sur des rails. Aux yeux du représentant, une attention particulière mérite d’être accordée aux pays confrontés à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

Pour parvenir à atteindre l’objectif 2 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Indonésie compte tout d’abord continuer à promouvoir et faciliter les investissements dans le secteur agroalimentaire, crucial selon elle pour revitaliser l’économie rurale et accroître le revenu des exploitants.  Elle entend, d’autre part, intensifier la recherche et le développement agricoles afin d’améliorer la productivité, l’efficacité et la compétitivité de ce secteur, a souligné le délégué, faisant état, en autres exemples, d’un calendrier pour les plantations en fonction des risques climatiques et de programmes de formation pour les agriculteurs.  Le pays prévoit enfin de renforcer ses efforts de cohérence en matière de protection sociale, de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire.

M. NEVILLE GERTZE (Namibie) a indiqué que les autorités de la Namibie, pays qui a fait face à une sécheresse sévère de 2012 à 2015, avaient établi la vision « Namibie sans faim », une feuille de route pour les cinq prochaines années qui tient compte des dispositions du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  En ce qui concerne les institutions, il a mentionné la création, notamment, de la direction de la gestion des catastrophes et de la banque alimentaire.  Le Gouvernement, a-t-il ajouté, offre des vivres aux enfants issus des milieux défavorisés en milieu scolaire, en plus d’une scolarisation gratuite.

En outre, un appui est apporté aux petits agriculteurs, notamment une assistante technique, ainsi que des facilités d’accès aux crédits et aux intrants agricoles.  Mais, l’accès inégal aux terres agricoles, la recrudescence de la pauvreté et la ségrégation héritée de la période coloniale, sont autant de défis auxquels le secteur agricole namibien fait face, a tenu à rappeler le représentant.  Il a fait part de l’organisation d’une conférence pour parler de la gestion des terres nationales, la seconde sur ce sujet, qui sera organisée en 2018.

Pour M. MAHE U.S TUPOUNIUA (Tonga), il est essentiel de garantir à tout le monde le droit à l’accès aux denrées alimentaires nutritives suffisantes, tout en préservant la biodiversité et les écosystèmes.  Comme d’autres PEID, le Royaume des Tonga est un pays qui doit importer la majeure partie de son alimentation, ce qui le rend très vulnérable à la volatilité des prix des denrées alimentaires.  Il est également exposé aux effets des changements climatiques qui ont des conséquences majeures sur son agriculture et ses ressources côtières.  Par conséquent, il soutient l’appel du Secrétaire général pour qu’il y ait plus d’efforts coordonnés dans la réponse aux besoins des pays durement frappés par des crises alimentaires.

Le Royaume des Tonga a mis en place un plan sectoriel pour son agriculture qui comprend notamment de développer la résilience climatique et des systèmes d’élevage intelligent.  En outre, son projet Agro-Met, mis en œuvre en collaboration avec le centre climatique APEC, soutient la résilience climatique du pays et améliore la sécurité alimentaire nationale.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a indiqué que la contribution de l’agriculture au produit intérieur brut jamaïcain, de 7,3% en 2016, continuait de progresser grâce à l’intensification des programmes de soutien aux agriculteurs et aux investissements privés dans ce domaine.  Son gouvernement, a-t-il ajouté, offre un appui à ce secteur par le biais de législations, programmes et projets, notamment la politique nationale pour l’alimentation et la nutrition de 2013 et le plan d’action correspondant de 2016, tous deux alignés sur l’objectif 2 du Programme 2030.  Toutefois, en tant que petit État insulaire en développement, la Jamaïque n’est pas en mesure de produire suffisamment de denrées alimentaires pour répondre aux besoins croissants de sa population, et ce, en raison de la fréquence d’événements climatiques extrêmes, de la petite taille des terres agricoles, du peu d’accès aux technologies, du faible niveau du développement agricole, de l’urbanisation et du coût élevé du capital.

Dans ces conditions, a expliqué M. Rattray, la Jamaïque souscrit totalement aux évaluations du rapport du Secrétaire général, selon lesquelles il convient de lutter simultanément contre la faim et la pauvreté en augmentant les revenus et la productivité, en protégeant les droits des petits exploitants, en créant des emplois décents, en assurant une protection sociale adéquate et en améliorant le fonctionnement des marchés.  Soucieux de permettre un accès constant de sa population aux approvisionnements alimentaires, le Gouvernement jamaïcain s’engage  par conséquent à continuer à encourager la production alimentaire nationale, à promouvoir l’investissement dans les productions locales et les agroindustries, à optimiser les technologies au service de l’agriculture, à tendre vers les meilleures normes internationales, à accroître la compétitivité des productions jamaïcaines, à contrôler le prix des aliments de base et à créer un environnement favorable à la sécurité alimentaire et à l’utilisation durable des ressources agricoles.

M. MAYTHONG THAMMAVONGSA (République démocratique populaire lao) a déclaré que son pays participe à toutes les initiatives de coopération initiées par l’ASEAN, notamment le Plan stratégique de sécurité alimentaire de la région pour la période 2015-2020 et le Plan stratégique de l’ASEAN pour la coopération agricole, l’alimentation et la foresterie 2016-2025.  Au niveau national, le Gouvernement du Laos dispose d’un comité national de nutrition créé en 2009.  Mais, pour mener à bien les activités visant la sécurité alimentaire au Laos, le représentant a appelé au renforcement des partenariats et invité à la mobilisation des ressources en vue de mettre en œuvre les initiatives nationales de développement agricole.  Dans la même optique, le Gouvernement lao travaille avec ses partenaires au développement, les agences onusiennes, les organisations internationales, le secteur privé et d’autres parties prenantes.

M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a déclaré qu’il fallait des réponses internationales au défi de la sécurité alimentaire, soulignant que les solutions dans le domaine agricole doivent être axées sur les personnes.  Plus de 500 millions d’exploitations agricoles sont à pied d’œuvre à travers le monde, a-t-il rappelé, en insistant sur le fait qu’il fallait miser sur l’agriculture familiale.  Celle-ci doit être plus productive et durable si on veut qu’elle contribue efficacement à la sécurité alimentaire.

Pour développer l’agriculture familiale, le représentant en a donc appelé à des partenariats nationaux et internationaux, ainsi qu’à des partenariats public-privé.  Le Costa Rica, en collaboration avec d’autres États, plaide pour la proclamation d’une décennie internationale de promotion de l’agriculture familiale 2019-2028, a indiqué le représentant.

M. JONIBEK HIKMATOV (Tadjikistan) a indiqué que 2 milliards de personnes sont toujours victimes de malnutrition et 780 millions de la faim dont la majorité vit dans le monde en développement.  Soulignant que la population mondiale devrait atteindre 9,8 milliards de personnes en 2050, il a mis en exergue l’urgence de s’interroger pour savoir pourquoi, dans un monde où l’on produit assez de produits alimentaires, la faim et la malnutrition existent toujours.  Il a imputé cela en partie à des infrastructures obsolètes, à un manque d’investissements dans l’agriculture, des catastrophes naturelles et la volatilité des prix des produits agricoles.

Au Tadjikistan, 80% des terres agricoles sont confrontées à l’érosion, a indiqué le représentant.  Pour surmonter tous les défis en la matière, le Gouvernement a adopté un plan d’action pour la sécurité alimentaire et la nutrition en misant sur une agriculture durable, en particulier dans le contexte de son accroissement démographique.

Mme BINTA BAYEDIKISSA KARGOUGOU (Burkina Faso) a rappelé que 800 millions de personnes de par le monde souffrent de la faim et 2 milliards de malnutrition.  Malgré les progrès des dernières décennies, elle s’est indignée des statistiques dans ce domaine en imputant cela à l’instabilité des prix des produits de base, à l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, au chômage croissant, aux changements climatiques et aux conflits.

Le Burkina Faso a adhéré au Plan d’action du Sommet mondial sur l’alimentation et à la Déclaration de Rome qui énoncent les grands principes à suivre pour atteindre l’objectif 2 de développement durable sur la sécurité alimentaire et nutrition.  En tant que pays sahélien, il est confronté à un climat semi-aride et subit donc des conditions agroécologiques difficiles en raison l’aggravation des conditions climatiques et de la pression anthropique croissante, a expliqué la représentante, précisant que la dégradation des sols y était importante.  Le Gouvernement a adopté une politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle à l’horizon 2025.

M. LEULESEGED TADESE ABEBE (Éthiopie) a dit que le gouvernement éthiopien alloue plus de 10% du budget national au secteur de l’agriculture.  Les actions dans ce domaine visent en premier à aider les petits exploitants agricoles, a-t-il expliqué.  De même, les autorités veillent à promouvoir les meilleures pratiques dans le secteur agricole et l’élevage.  La productivité agricole a, de ce fait, augmenté, s’est-il félicité.  Le pays peut même se targuer d’avoir atteint l’autosuffisance alimentaire. 

Les changements climatiques ont un fort impact sur l’agriculture éthiopienne, a poursuivi le représentant, en observant notamment que les cycles de sécheresse affectent le pays.  Cela a poussé le Gouvernement à lancer des interventions de développement en parallèle avec l’assistance humanitaire, avec le soutien des partenaires internationaux.  C’est pourquoi la lutte contre les changements climatiques doit rester une priorité pour la communauté internationale qui doit mettre en œuvre l’Accord de Paris, a-t-il exigé.

M. EANG CHHENG TE (Cambodge) a relevé que le Cambodge avait adopté une stratégie nationale de sécurité alimentaire pour la période 2014-2018.  Cette stratégie a eu un impact sur des millions de Cambodgiens, notamment ceux vivant en zones rurales, a-t-il fait valoir.  Le pays, a-t-il indiqué, fait face à plusieurs défis dans ce domaine: une productivité agricole faible, une agriculture peu diversifiée et la rareté des terres disponibles aux activités agraires.

Pour le Cambodge, la sécurité alimentaire est étroitement liée aux changements climatiques.  Le pays est classé parmi les 10 pays les plus vulnérables du monde avec des évènements météorologiques extrêmes qui détruisent les infrastructures, y compris celles du secteur agricole.  Le pays entend désormais œuvrer à l’amélioration de sa productivité agricole, a assuré le représentant qui a souligné la nécessité, pour ce faire, de pouvoir s’appuyer sur des partenariats internationaux et des partenariats public-privé.

M. NOEL DIARRA (Mali) a expliqué que son pays avait atteint l’objectif de sécurité alimentaire.  Ce résultat remarquable ne doit cependant pas occulter le fait que sa production agricole reste tributaire des aléas climatiques.  Elle se trouve également confrontées aux difficultés de la gestion foncière des terres agricoles, aux insuffisances du financement et du système d’encadrement, à la faiblesse de la maîtrise de l’eau, ainsi qu’à l’insuffisance des capacités de gestion des producteurs et de leur accès au crédit.

L’économie du Mali repose toujours en grande partie sur l’agriculture qui occupe 80% de sa population active et représente 30% de son PIB, a indiqué le représentant.  Le Gouvernement malien s’attèle à introduire le progrès technique dans les systèmes de production agricole et à développer la mécanisation.  C’est ainsi que la production céréalière est passée de 6,6 millions de tonnes en 2013 à 8,8 millions de tonnes en 2016, a expliqué le représentant qui a également fait état d’accroissements de la production de coton, des progrès liés en partie à l’investissement de 15% du budget national dans l’agriculture.

Mme SASIYADA NAOWANONDHA (Thaïlande) a fait valoir qu’en tant que pays essentiellement agricole, la Thaïlande considère la promotion d’une agriculture durable, la réalisation de la sécurité alimentaire et l’amélioration de la nutrition comme des éléments essentiels pour la mise en œuvre du Programme 2030. Elle a ajouté que les défis que représentent pour son pays les changements climatiques et les distorsions du système commercial multilatéral sont autant d’obstacles pour éradiquer la pauvreté et permettre un développement économique durable et inclusif.  Pour y faire face, a souligné la déléguée, la Thaïlande s’attache à promouvoir l’utilisation de technologies propices au développement d’une agriculture et d’une pêche durables.  Elle veille également à promouvoir une bonne nutrition, en particulier pour les groupes vulnérables que sont les personnes âgées, les femmes, les jeunes enfants, les handicapés et les personnes à faibles ressources.

Ces efforts ont permis de faire reculer le nombre des personnes souffrant de malnutrition de 19,8 millions, soit 34,6% de la population thaïlandaise, en 1990-1992 à 5 millions, soit 7,4%, en 2014-2016.  De plus, a-t-elle dit, la Thaïlande adhère pleinement à l’objectif « Faim zéro » lancé en 2012 par l’ONU et soutient l’utilisation durable des ressources des océans.  Enfin, la représentante a plaidé pour un système commercial équitable et libre, permettant un accès au marché pour les productions des pays en développement, ainsi que pour un renforcement de la coopération internationale afin de faciliter les transferts de technologie et le développement des capacités.          

M. VITALII BILAN (Ukraine) a rappelé qu’à la fin du mois de novembre se déroulerait la Journée des victimes de l’Holodomor, « assassinats de masse planifiés qui firent des millions de victimes en Ukraine », des victimes mortes de faim.  « Plus que tout autre, mon pays connaît le prix de la faim », a-t-il déclaré.  Soulignant l’acuité du défi posé par l’insécurité alimentaire, le délégué a proposé l’organisation d’un évènement multilatéral sur cette question dans le cadre de la présente session de l’Assemblée générale.

Malgré des conditions difficiles, l’Ukraine reste un acteur essentiel du marché international des denrées alimentaires, a-t-il dit, ajoutant que la récolte en grains cette année s’élevait à plus de 60 millions de tonnes.  Environ 35 millions de tonnes sont destinées à l’exportation, a-t-il précisé. Le délégué a indiqué que l’Ukraine œuvrait activement à l’harmonisation de sa législation avec les exigences de l’Union européenne, en particulier s’agissant de la qualité des produits alimentaires, dans le cadre de l’Accord d’association signé avec cette dernière.  Enfin, le délégué a souligné l’importance des investissements dans le secteur agricole ukrainien.

M. PIERRE ONIANE NGUEMA (Gabon) a présenté la stratégie agricole gabonaise, qui s’est fixé quatre objectifs: la promotion d’une agriculture périurbaine, la transition vers une agriculture en zone rurale, la création d’une industrie d’exportation durable et créatrice d’emplois et une politique de formation, de recherche et d’encadrement.  Afin d’appuyer cette stratégie, et de contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire, à la réduction de la pauvreté et à l’augmentation de la part de l’agriculture dans le PIB du pays, le Gabon a mis en place, entre autres, un projet de développement et d’investissement agricoles (PRODIAG) ainsi qu’un programme agricole de sécurité alimentaire de croissance (PASAC).

Le représentant a également mentionné le programme GRAINE (Gabonaise des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés), destiné à appuyer les petites exploitations agricoles, qui, en trois ans d’existence, a permis la création de 453 coopératives et 1 063 emplois directs, regrettant cependant que, sur les 200 000 hectares consacrés au programme, seuls 937,5 aient effectivement été mis en valeur.  Enfin, M. Oniane Nguema a expliqué que, pour anticiper sur les difficultés susceptibles de perturber le programme, le Gouvernement gabonais avait créé le fonds national de développement agricole, espérant ainsi assurer une garantie agricole et des garanties de prêt aux agriculteurs, ainsi qu’un appui financier à la relève agricole.  Ce fonds est assorti d’une assurance récolte et production qui protège les revenus des agriculteurs, notamment contre les risques de catastrophes naturelles.

Mme SU NADAR HLAING (Myanmar) a argué que la promotion de systèmes de production alimentaire durable et de pratiques agricoles plus résilientes sont nécessaires pour faire face à la faim et la malnutrition.  L’agriculture est au cœur de l’économie du Myanmar et contribue au tiers de son produit intérieur brut (PIB), a-t-elle indiqué.  Sur le plan mondial, il a fait remarquer que 70% de la population nationale vit en milieu rural et dépend des récoltes champêtres et des produits de la forêt pour vivre.  La stratégie de développement agricole du Myanmar a été établie grâce au soutien de la Banque asiatique de développement, de la FAO et du Fonds d’affectation spéciale Modes de subsistance et sécurité alimentaire.

Avec une ouverture sur la mer de 3 000 km et des terres humides intérieures de 3,3 millions d’hectares, le secteur de la pêche est central pour la croissance économique et le développement du pays, a précisé Mme Hlaing.  Conscient de la place du monde rural pour la sécurité alimentaire, le Gouvernement a assuré l’électrification de la moitié des villages du pays, grâce à des fonds de la Banque mondiale, avec pour ambition d’électrifier la totalité des villages du pays d’ici à 2030.  En outre, la représentante a plaidé pour une assistance accrue aux pays les moins avancés (PMA) tels que le Myanmar, en termes de fonds, de technologie et de renforcement des capacités afin de combattre les changements climatiques qui affectent négativement leur agriculture, et partant la sécurité alimentaire.

M. LOT DZONZI (Malawi) a souligné l’importance, eu égard à l’acuité des défis posés par la famine et la pénurie en eau, que les pays développés honorent leurs promesses au titre de l’APD et encouragent le transfert de technologie, en particulier au profit des pays les moins avancés et des pays africains.  Le défi de la faim ne peut être relevé indépendamment de celui de la pauvreté, a-t-il poursuivi.  Il a ensuite détaillé les réformes conduites par son pays s’agissant du secteur agricole.  Des ressources ont ainsi été consacrées au renforcement du système d’irrigation agricole afin de favoriser des récoltes tout au long de l’année, a expliqué le délégué.  M. Dzonzi a également mentionné un programme spécifique visant à fournir aux propriétaires de petites fermes un accès à des formes de crédit non traditionnelles.  Notre but est de développer une culture de l’épargne et de la coopération, a déclaré le représentant.  « La période qui nous sépare de 2030 s’amenuise de plus en plus », a-t-il conclu, en rappelant que « le temps n’attendait personne ».

M. PHILIP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) a rappelé que le Programme d’action d’Addis-Abeba avait souligné la nécessité de trouver les moyens de lutter contre la faim et la malnutrition.  La mise en œuvre de ces prescriptions dépend de la disponibilité des fonds nécessaires pour financer ces engagements, a—t-il estimé.  Davantage d’investissements dans l’agriculture et les zones rurales, y compris par le biais de la coopération internationale, est crucial pour renforcer la productivité agricole dans les pays en développement, a-t-il préconisé, en précisant que ces mesures devraient cibler en priorité l’agriculture familiale.

Le représentant a lancé un appel pour qu’il soit mis fin aux énormes subventions agricoles pratiquées dans les pays développés, arguant qu’elles conduisent à des distorsions des marchés internationaux.  Ces subventions, a-t-il ajouté, sapent les efforts visant à renforcer le secteur de l’agriculture dans les pays en développement.  Les objectifs de développement 1 (pas de pauvreté) et 2 (faim zéro) du Programme 2030 sont étroitement liés, a rappelé le délégué, avant de prôner la prise en compte des besoins des petits agriculteurs et de ceux des femmes pour contribuer à briser le cycle de la pauvreté.  Il a enfin déclaré que le Brésil est le premier pays à avoir pris des engagements « intelligents » à Genève, en mai 2017, dans le cadre de la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025).

Mme MARGARET EDISON (Nigéria) a indiqué que l’Administration nigériane avait mis en place des politiques, stratégies et programmes appropriés pour favoriser le développement agricole, dans le but de parvenir à la sécurité alimentaire et d’inverser la courbe de la malnutrition en particulier chez les enfants de moins de 5 ans, les femmes et ceux qui vivent de l’aide humanitaire.  Il a mentionné une nouvelle politique de promotion agricole pour 2016-2020 qui vise à renforcer l’objectif fondamental de tirer parti des capacités du Nigéria à assurer la sécurité alimentaire et un revenu suffisant.

Pour répondre aux problèmes de malnutrition chez les enfants, les femmes enceintes et les mères allaitantes, le Nigéria a commencé à mettre en œuvre la politique nationale d’alimentation et de nutrition pour 2016-2025 qui est fondée sur la reconnaissance que l’élimination de la famine et l’amélioration de la nutrition sont une responsabilité partagée de tous les Nigérians.  Les cibles sont de réduire la proportion de la population souffrant de faim et de malnutrition de 50% avant 2025, réduire le taux d’émaciation chez l’enfant y compris la malnutrition aiguë sévère de 18% en 2013 à 10% en 2025, et réduire l’incidence de la malnutrition parmi les victimes des urgences de 50% avant 2025.  Le représentant a, enfin, réitéré le nécessité de rapatrier les avoirs volés aux pays d’origine pour les investir dans le secteur agricole.

M. ARTHUR AMAYA ANDAMBI (Kenya) a rappelé que le secteur agricole représentait 60% des créations d’emplois dans son pays.  L’imposition de ce secteur fournit 45% des recettes du Gouvernement, a-t-il ajouté.  Toutefois, il a indiqué que le Kenya continuait de pâtir des politiques mises en place au titre des programmes d’ajustement structurel, dont il a souligné les conséquences néfastes pour la production domestique.  Il a détaillé les politiques adoptées pour remédier à l’insécurité alimentaire, citant, s’agissant de la politique de l’offre, l’amélioration des infrastructures en milieu rural ou bien encore la fourniture de crédits pour les agriculteurs.

Au titre de la politique tarifaire, le Gouvernement est impliqué dans l’achat de maïs à des prix supérieurs à ceux du marché afin d’encourager la production, a-t-il dit.  Au titre de la politique de la demande, le délégué a mentionné le programme d’éducation gratuite ainsi que les soins à prix réduits dans les centres de soins publics, autant d’éléments permettant aux plus pauvres de disposer d’un revenu supplémentaire pour dépenser en nourriture.  Enfin, il a insisté sur l’importance de développer des semences agricoles plus résistantes aux maladies. 

M. MOHAMED (Soudan) a estimé qu’au rythme actuel, le monde n’est pas en bonne voie pour réaliser l’objectif 2 de développement durable relatif à l’élimination de la faim et de la malnutrition.  Il en veut pour preuve les millions de personnes qui souffrent toujours de la faim et de la malnutrition dans le monde.  Il a mis l’accent sur la situation des pays en situation de conflit ou sortant de conflit qui ne seront pas en mesure d’atteindre cet objectif et, par conséquent, il a appelé à leur venir en aide.  Pour le Soudan, c’est toute la signification du concept de « ne laisser personne de côté », le leitmotiv du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Soudan a des ressources considérables d’un point de vue agricole, avec un potentiel régional, a expliqué le représentant avant de préciser que son gouvernement avait parié sur la mise à niveau de son secteur agricole.  Il compte sur le soutien international de cette initiative et travaille d’ores et déjà avec la Ligue des États arabes et d’autres institutions dans ce domaine.  Compte tenu du fait que le Soudan accueille plus de deux millions de réfugiés, il attend une aide de la FAO à cet égard, notamment pour faciliter les transferts de technologie et des connaissances dans le domaine agricole.

M. KELEBONE A. MAOPE (Lesotho) a assuré que le Lesotho entendait moderniser son agriculture.  C’est dans cet objectif que la loi sur la gestion des terres, adoptée en 2010, statue sur la sécurité et la propriété des terres, en prévoyant notamment des mesures pour faciliter l’accès des terres aux femmes.  La Banque mondiale et le Fonds international de développement agricole (FIDA) ont financé des projets de développement de l’agriculture dans son pays, en ciblant les petits exploitants agricoles, a indiqué le représentant en expliquant que ces projets combinent l’assistance technique à des fonds, afin d’augmenter la productivité agricole.  Ces projets ont déjà bénéficié à 370 agriculteurs, en majorité des femmes.

Un autre projet mené avec le FIDA a pour but d’améliorer la qualité de la laine produite par le pays en améliorant celle des pâturages et en veillant à la santé des animaux.  Ces projets, a-t-il dit, laissent présager des bénéfices économiques importants pour le pays qui va pouvoir réduire ses importations alimentaires, tout en assurant une bonne alimentation aux populations.  Les changements climatiques et les sécheresses sévères sont d’autres défis à la sécurité alimentaire au Lesotho, a ajouté M. Maope en préconisant d’y répondre à la fois par des réponses urgentes et des mesures d’assistance à moyen et long termes, le but étant de renforcer la résilience du pays.

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a qualifié de « paradoxe contemporain » le fait que tant de gens souffrent de la faim et de la malnutrition alors même qu’il existe un accès sans précédent à la nourriture.  Il reproche aux forces du marché -dans ce cas le secteur privé- d’avoir le contrôle du système alimentaire mondial et de priver les gens, quand on sait que la production alimentaire suffirait à nourrir toute la population mondiale.  Pour sa délégation, un contrôle s’impose au nom de la sécurité alimentaire.  Il a plaidé en faveur d’une nouvelle vision à l’échelle nationale, régionale et internationale pour répondre à ce problème.

Pour cela, il a invité à prendre en compte les notions de « souveraineté alimentaire » ou encore de « démocratie alimentaire », dont certains parlent et qui font l’objet de recherches et de publications.  Pour l’Algérie cette nouvelle vision doit à la fois refléter le droit de chacun à une alimentation suffisante et nutritive, soutenir les agriculteurs qui souhaitent quitter le modèle « productionniste », encourager l’information du consommateur, réguler le marché, favoriser le commerce équitable et promouvoir le secteur bio.  Il faut repenser nos modes de production et de consommation pour ne plus avoir à jeter la surproduction pour des motifs uniquement liés au profit, alors que des millions de personnes souffrent de la faim et de la malnutrition, a-t-il conclu.

Mme PANABOKKE (Sri Lanka) a indiqué qu’en dépit des nombreux efforts de la communauté internationale, le monde est confronté à de nombreux défis pour arriver à la sécurité alimentaire du fait des changements climatiques, de l’accroissement de la population, de l’urbanisation et des changements de modèles de revenus et de consommation.  Cependant, des politiques soigneusement conçues en faveur de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la nutrition, particulièrement au niveau national, peuvent grandement contribuer à relever ce défi, a-t-elle assuré.  Conformément à l’objectif 1 de développement durable, qui vise à mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes, Sri Lanka a déclaré 2017 comme l’année de la lutte contre la pauvreté et proclamé le mois de juin, mois de la nutrition.

Sri Lanka a en outre lancé une initiative multisectorielle afin de réduire la malnutrition infantile et maternelle.  Le pays veille à promouvoir une agriculture durable, a ajouté la déléguée.  En précisant que 80% de la nourriture du pays provient de sources locales, elle a fait valoir que Sri Lanka est autosuffisante en ce qui concerne le riz, qui est l’aliment de base dans le pays.  En outre, des projets ont été lancés pour augmenter la production alimentaire et stabiliser les prix alimentaires sur le marché intérieur.  La déléguée s’est félicitée du fait que Sri Lanka avait réussi à atteindre l’objectif de réduction de la faim de moitié, 7 ans avant 2015, sachant que le pays entend également réaliser l’objectif 2 de développement relatif à la faim à l’horizon 2030.

Mme HAMDOUNI (Maroc) a indiqué que la sécurité alimentaire a toujours constitué une priorité des politiques économiques nationales à travers le développement d’une agriculture durable et d’une politique d’ouverture sur l’économie internationale.  Conscient des défis que posent les changements climatiques et la désertification, le pays s’est doté en 2008 du Plan Maroc vert qui a pour principal objectif de renforcer la sécurité alimentaire et les revenus des agriculteurs, a expliqué sa représentante.  Ce plan comporte deux piliers, à savoir le développement d’une agriculture durable répondant aux règles du marché en s’appuyant sur des investissements privés dans les filières à haute valeur ajoutée; et l’accompagnement d’une agriculture solidaire et la lutte contre la pauvreté notamment dans les zones à économie fragile.  Ce plan vise également à valoriser la femme rurale.

Par ailleurs, la pêche maritime est régie par le plan Halieutis, a poursuivi la déléguée, tandis que la stratégie nationale de nutrition vise le renforcement d’un approvisionnement durable en aliments sûrs et sains par le biais d’une régulation des prix des produits agricoles et de la pêche et par l’amélioration de la disponibilité et de l’accessibilité financière aux produits alimentaires.  Sur le plan international, le Maroc réitère son engagement à renforcer la coopération Sud-Sud et triangulaire en s’appuyant sur des partenariats stratégiques, en particulier, avec les pays africains, afin d’assurer la sécurité alimentaire, le développement agricole et la réduction de la pauvreté rurale sur le continent.  L’initiative triple A (AAA) pour l’Adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques s’inscrit notamment dans cette démarche.

Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a indiqué que le 12 septembre dernier, la Mongolie a organisé un forum sur la sécurité alimentaire auquel ont participé des agriculteurs venus des 21 provinces du pays et qui a donné lieu à l’adoption de recommandations.  Celles-ci concernent notamment la facilitation d’accès aux prêts de longue durée pour les agriculteurs, l’amélioration de la production agricole nationale, l’amélioration des inspections sanitaires des aliments, et la sensibilisation et l’éducation des consommateurs sur la qualité des aliments.  Aujourd’hui, l’agriculture et le secteur des petites industries représentent 36,1% du PIB de la Mongolie, tout en employant 56,7% de la population active du pays.

Des défis persistent pour l’essor de l’agriculture de la Mongolie, a poursuivi la représentante.  Elle a ainsi noté l’insuffisance des ressources financières et du savoir-faire technique, tout comme la mauvaise gestion des ressources naturelles, la position des terres agricoles se trouvant en altitude, les aléas climatiques, les sécheresses prolongées et la dégradation des terres qui s’accroît.  La FAO prévoit même que la production céréalière du pays va diminuer de moitié d’ici à 5 ans du fait des sécheresses prolongées, s’est-elle inquiétée avant de se féliciter qu’un projet du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) soit en cours pour juguler la dégradation des terres en Mongolie.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a relayé le message du Pape François, ce matin, à l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à l’occasion la Journée mondiale de l’alimentation au cours de laquelle il a identifié le problème comme étant l’absence de solidarité mondiale pour réaliser l’objectif d’éliminer la faim et la malnutrition.  Le nonce a dénoncé le fait que les décisions internationales dépendent trop du pragmatisme des statistiques ou du désir d’efficacité, au détriment de l’objectif de solidarité, alors que celles-ci sont cruciales pour les pays les moins avancés.  Soulignant l’importance de l’engagement des pays à accroître le niveau de nutrition et à améliorer l’activité agricole et les conditions de vie de la population rurale, il a néanmoins jugé que cela n’était pas suffisant et qu’il fallait reconnaître le droit de chaque personne à être à l’abri de la pauvreté et de la faim comme le devoir de toute la famille humaine.

Le nonce a encore rappelé les propos du pape sur les conflits et le gaspillage, qu’il voit comme des causes majeures de la faim, et le lien qu’il établit entre différents concepts.  « Serait-il de trop d’introduire dans le langage de la coopération internationale la catégorie de l’amour qui comprend la gratitude, l’égalité de traitement, la solidarité, la culture du don, la fraternité, la miséricorde? » a-t-il dit en citant le pape François.  Lorsqu’un pays est incapable de répondre adéquatement à ses besoins pressants de développement, le Saint-Siège estime qu’il y a une obligation internationale d’aider ces pays à le faire.  Il a rappelé que la faim et la malnutrition ne sont pas naturelles ou un phénomène structurel dans des régions géographiques déterminées, mais le résultat d’un ensemble complexe de conditions de sous-développement causées par l’indifférence de beaucoup et l’égoïsme de certains.

Mme HIROKO MURAKI GOTTLIEB, Chambre de commerce internationale, a souligné l’importance d’accélérer la croissance du secteur agroalimentaire en vue de remplir les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cette fin, le renforcement des partenariats public-privé est crucial, a-t-elle dit. La déléguée a en effet expliqué que ces partenariats encourageaient la recherche et l’innovation, au bénéfice notamment des secteurs agricoles des pays en développement.  Pour les gouvernements, ces partenariats représentent un moyen de fournir des outils importants, ainsi qu’un savoir durable, aux agriculteurs locaux, a-t-elle affirmé.  Enfin, elle a déclaré que ces partenariats permettaient d’inclure, de manière durable, les pauvres dans les chaînes de production en tant que producteurs, employés ou consommateurs.

Mme CARLA MUCAVI de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’exprimant également au nom du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds international de développement agricole (FIDA), a indiqué que le nombre de personnes souffrant de malnutrition chronique dans le monde est passé de 777 millions en 2015 à 815 millions en 2016.  Les conflits en sont la première cause, associés à la sécheresse et aux inondations souvent liées au phénomène El Niño.  La plupart des gens souffrant de la faim, soit 489 millions, vivent dans des zones de conflits, a-t-elle ajouté en notant que si les conflits conduisent à la faim, inversement la faim peut conduire à la violence et à l’instabilité, particulièrement dans des contextes de persistance des inégalités et dans le cas où les institutions sont fragiles.

La déléguée a rappelé que le monde célèbre aujourd’hui la Journée mondiale de l’alimentation dont le thème fait le lien entre les migrations et la sécurité alimentaire.  Elle a expliqué comment l’insécurité alimentaire, la dégradation des ressources naturelles, l’instabilité politique, les conflits et le marasme économique en zones rurales forcent des gens à partir de chez eux.  Par ailleurs, elle a recommandé d’investir dans une agriculture inclusive, durable et résiliente et de parier sur le développement rural, si l’on veut améliorer les revenus des familles d’agriculteurs.  Elle a notamment proposé de promouvoir l’accès des agriculteurs aux terres et à l’eau.  Il faut aussi renforcer le financement de la recherche agricole, investir dans les infrastructures rurales, établir des filets de sécurité sociale, autonomiser les femmes qui sont l’épine dorsale de l’agriculture dans les pays en développement, améliorer l’accès aux marchés et renforcer les organisations d’agriculteurs, a-t-elle plaidé. 

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