Soixante-douzième session,  
18e séance – matin   
AG/EF/3482

Deuxième Commission: les pays en situation particulière tirent la sonnette d’alarme face aux difficultés de leurs processus de développement

Les pays en situation particulière, à savoir les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), ont revendiqué, ce matin à la Deuxième Commission (économique et financière), que leurs partenaires de développement et les institutions financières internationales tiennent davantage compte de leurs vulnérabilités comme l’éloignement, la dispersion de leurs populations, une connectivité limitée ainsi que des infrastructures et des transports déficients.  Ils attendent un soutien plus conséquent et régulier pour accompagner leurs processus nationaux de développement.

Pour planter le décor, le représentant de l’Inde a rappelé que sur les 49 pays les moins avancés, 16 sont enclavés et 10 sont des PEID.  Leur nombre a quasiment doublé depuis la formalisation de ce concept par l’ONU il y a 45 ans, et très peu d’entre eux sont parvenus à sortir de cette catégorie, les Maldives étant l’un des rares exemples de cette réussite.

Aux vulnérabilités intrinsèques aux pays en situation particulière s’ajoute le fait que ces pays sont affectés de manière disproportionnée par une variété de chocs systémiques.  Le Groupe des 77 et de la Chine (G77) a cité à ce titre les crises économiques, l’instabilité des prix des produits de base, les épidémies ou encore les catastrophes naturelles, autant de facteurs qui constituent des obstacles à l’essor économique de pays déjà fragiles et qui, en conséquence, sapent leurs capacités à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le représentant des PMA a tiré la sonnette d’alarme pour alerter sur des projections inquiétantes concernant ces pays: si la trajectoire de croissance actuelle se maintient, presque 35% de leurs populations pourrait rester en situation d’extrême pauvreté d’ici à 2030.  Une des pistes qu’il a proposées au niveau global passe par la création d’un mécanisme multipartite de renforcement de la résilience des PMA, un appel repris par la Communauté des Caraïbes (CARICOM), alors que l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a plaidé pour le renforcement du Bureau du Haut-Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les PEID.

Sachant que la mobilisation de financements en faveur du développement reste le plus grand défi auquel ces pays sont confrontés, le G77 a exprimé ses inquiétudes face à la baisse de l’aide publique au développement (APD) offerte par les pays membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui est passée de 41 milliards de dollars en 2014 à 37,3 milliards en 2015.  C’est d’autant plus alarmant qu’à Addis-Abeba, la troisième Conférence internationale sur le financement du développement avait appelé les donateurs à allouer au moins 0,20% de leur produit intérieur brut (PIB) au développement des PMA, pour décoller du niveau actuel qui se situe à 0,09%.

Abondant dans le même sens, le représentant de la Chine a averti qu’il ne restait plus que trois ans à la communauté internationale pour mettre en œuvre le Programme d’action en faveur des PMA pour la décennie 2011-2020, encore appelé Programme d’action d’Istanbul.  La Déclaration politique qui avait sanctionné l’examen à mi-parcours dudit Programme prévoit notamment le reclassement de la moitié des PMA d’ici à 2020, un objectif ambitieux quand on sait que quatre pays seulement ont quitté cette catégorie, depuis sa création par l’ONU en 1971, par suite de leur croissance économique.

À l’instar d’autres représentants de pays en développement sans littoral, le délégué de la Moldova a présenté les défis spécifiques à ces pays, tels que le manque d’infrastructures, le déficit commercial et une industrialisation limitée.  Pour la Mongolie, les infrastructures sûres et fiables restent la principale voie de désenclavement de ces pays car elles créent une ouverture au commerce mondial.  Pour contourner ces difficultés, le Mali a mis en place une politique de diversification des voies d’accès à la mer et a pu établir des « entrepôts maliens » dans les ports de pays voisins, tandis qu’un protocole d’accord pour le transport et le transit de marchandises maliennes a été signé avec tous les pays limitrophes.

Il n’en reste pas moins que la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie      2014-2024 est impérative pour que ces pays aient les moyens d’atteindre les objectifs de développement durable.

En attendant, deux initiatives ont été saluées, pour faciliter le développement et l’intégration régionale et internationale des pays en situation particulière, à savoir l’Accord conclu dans le cadre de l’instance mondiale dédiée aux infrastructures et l’Accord sur la facilitation des échanges (AFE) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), signé en février 2017, sachant que 34 PMA sont membres de l’OMC et que 8 autres négocient actuellement leur entrée.

Pour la représentante de la Chambre de commerce internationale (CCI), l’AFE a un potentiel considérable puisqu’il pourrait faire baisser les coûts des échanges commerciaux de 14,3%, ce dont les pays en développement seraient les premiers bénéficiaires.  Cela aurait aussi pour conséquence de contribuer à la création de 20 millions d’emplois et d’augmenter de 35% la part des nouveaux produits dans les exportations mondiales. 

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 18 octobre à 10 heures, pour examiner les questions relatives aux établissements humains.

GROUPES DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE

a) Suivi de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (A/72/270 et A/72/83–E/2017/60)

b) Suivi de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en    développement sans littoral (A/72/272)

Discussion générale

M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a souligné que l’aide publique au développement (APD) continuait d’être la plus large et la plus cruciale source de financement externe du développement des pays les moins avancés (PMA).  Il s’est dit inquiet de la baisse de l’APD offerte par les pays membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui est passée de 41 milliards de dollars en 2014 à 37,3 milliards en 2015.  Il a rappelé qu’à Addis-Abeba, la troisième Conférence internationale sur le financement du développement avait appelé les donateurs à établir une cible qui leur permettrait de consacrer au moins 0,20% de leur produit intérieur brut (PIB) au développement des PMA.

Le G77 est également profondément inquiet de voir que les PMA sont affectés de manière disproportionnée par une variété de chocs systémiques, y compris les crises économiques, l’instabilité des prix des produits de base, les épidémies de maladies ou encore les catastrophes naturelles.  Tous ces facteurs constituent des obstacles à l’essor des PMA et sapent leurs capacités à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il mis en garde.

De leur côté, a poursuivi le représentant, les pays en développement sans littoral font face à un certain nombre de défis, comme l’isolement par rapport aux marchés, et leurs efforts de développement sont très souvent sapés par la volatilité des prix des produits de base.  Il a souligné qu’il fallait miser sur les infrastructures qui jouent un rôle crucial dans la réduction du coût de développement de ces pays, précisément les infrastructures de transport, de communication et d’énergie.  Le G77 réaffirme en outre sa volonté d’œuvrer à la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024, a ajouté le représentant.

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao), qui s’exprimait au nom l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a axé son intervention sur le Groupe des pays en développement sans littoral et des pays les moins avancés en insistant sur le besoin pour la communauté internationale de leur venir en aide en soutenant leurs efforts de développement.  Il a estimé que ces pays méritent une attention particulière, insistant sur le fait qu’ils dépendent de l’aide et de la coopération internationales. 

Trois pays membres de l’ASEAN sont des PMA et un autre fait partie des pays en développement sans littoral, a précisé le représentant, ce qui justifie que l’ASEAN reste attachée à la pleine mise en œuvre des Programmes d’action d’Istanbul et de Vienne pour que ces pays puissent à terme sortir de ces catégories.

Dans le contexte de son cadre de développement régional, l’ASEAN reconnaît en outre l’existence d’un écart de développement entre ses États membres.  C’est la raison pour laquelle l’initiative d’intégration de l’ASEAN a été mise en place pour améliorer les capacités des pays qui restent à la traîne en termes de développement.

Au nom des pays les moins avancés (PMA), Mme SHANCHITA HAQUE (Bangladesh) a fait observer que la transformation structurelle avait été plus lente dans les PMA que dans les autres pays en développement et que, si elle n’est pas menée à bien, ces pays resteront vulnérables aux chocs économiques, sociaux et environnementaux.  En outre, en suivant la trajectoire de croissance actuelle, presque 35% de la population des PMA pourrait rester en situation d’extrême pauvreté d’ici à 2030. Aussi, le financement pour le développement reste-t-il le plus grand défi des PMA, a ajouté la délégation, réitérant que la pleine mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba est d’une importance capitale à cet égard.  Elle a également invité l’Assemblée générale à établir un mécanisme global multipartite de renforcement de la résilience pour les PMA.

Par ailleurs, les impacts des changements climatiques minent considérablement les efforts de développement des PMA.  La délégation s’est dite encouragée par les promesses de dons au Fonds pour les PMA et au Fonds vert pour le climat mais a regretté que de nombreux PMA aient des difficultés à accéder à ces fonds, de même qu’elle s’est dite très inquiète par la baisse de l’aide publique au développement à destination des PMA.  Le système des Nations Unies pour le développement devrait, à son avis, se repositionner pour aider effectivement les pays les plus vulnérables dans leurs efforts pour atteindre les objectifs de développement durable.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), M. RAUSHAN (Maldives) a dit que les États insulaires et côtiers comprennent bien les défis particuliers dus à l’éloignement, à la dispersion des populations, à une connectivité limitée, et encore à des infrastructures et des transports déficients.  Il a ainsi apporté son soutien total aux PMA et aux pays en développement sans littoral.  La délégation a estimé que le système des Nations Unies pour le développement devrait suivre des approches ciblées afin d’aider les pays en situation particulière à parvenir au développement durable et à la croissance économique.  Et il est également important que les organisations internationales, notamment les institutions financières, harmonisent leurs programmes d’aide avec le Programme 2030, faute de quoi les défis des pays en situation particulière risquent de ne pas être traités de façon holistique et ces pays ne seront alors eux-mêmes pas en mesure de mettre en place le Programme.

En outre, la délégation a plaidé pour que l’évaluation des progrès réalisés vers le développement durable se fasse en utilisant des critères qui aillent au-delà du revenu par habitant, car ce seul indicateur ne reflète pas vraiment les avancées ou les vulnérabilités d’une société.  Il ne mesure pas la capacité de résilience d’un pays aux chocs, ni ses difficultés particulières.  C’est pourquoi la délégation a conseillé de formuler de meilleures politiques de classification des pays et d’améliorer les filets de protection pour ceux qui sortent de la catégorie des PMA.  Elle a appelé le Secrétaire général à repositionner le système des Nations Unies pour le développement afin qu’il soit mieux à même de répondre aux pays en situation particulière, avec cohérence et efficacité, ainsi qu’à renforcer le Bureau du Haut-Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les PEID.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme ASTRIDE NAZAIRE (Haïti) a réitéré l’importance d’intégrer pleinement le Programme d’action d’Istanbul dans le Programme 2030 afin de soutenir les efforts entrepris par les PMA pour améliorer la gouvernance, éradiquer la pauvreté et renforcer la capacité de production de leurs gouvernements.  Elle a fait part de son extrême préoccupation au sujet de la baisse de l’aide publique au développement (APD) destinée aux PMA, alors que cette aide reste la principale source de financement externe du développement pour la plupart d’entre eux, et a demandé aux donateurs de respecter leurs engagements en affectant au moins 0,20% de leur revenu national brut à l’aide en faveur des PMA, au lieu du niveau actuel de 0,09%.  Mme Nazaire s’est également dite préoccupée par la baisse enregistrée en 2016 s’agissant des investissements directs étrangers, réitérant son appel à la mise en œuvre de régimes spécifiques de promotion des investissements pour les PMA.

Les changements climatiques demeurent l’un des principaux défis auxquels les PMA sont confrontés, a souligné la représentante, rappelant que la région des Caraïbes avait payé un lourd tribut après le passage des ouragans Irma et Maria. Ces événements répétés ont un impact négatif à long terme sur le renforcement des capacités de production, le progrès économique et social et le développement durable de ces pays, comme l’a démontré Haïti, unique PMA de la CARICOM qui soit toujours dans une phase de relèvement difficile après le passage de l’ouragan Matthew en octobre 2016.  Mme Nazaire a réitéré l’appel urgent de la CARICOM en faveur de la création d’un mécanisme multipartite de renforcement de la résilience pour les PMA, d’un accès facile aux fonds de financement pour le climat et de la mise en œuvre accélérée de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador) a indiqué qu’elle soutient les efforts du processus d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul pour les pays les moins avancés, tenu en 2016, se voulant aussi confiante dans les résultats du suivi de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA.  La CELAC, a aussi indiqué la délégation, se félicite de l’adoption de la Déclaration de Vienne et du Programme d’action de Vienne pour les pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024.

M. ASHISH KUMAR SINHA (Inde) a rappelé que sur les 50 pays les moins avancés, 16 sont sans littoral et 10 sont des petits États insulaires en développement.  Leur nombre a presque doublé depuis que l’ONU a formalisé ce concept il y a 45 ans, et très peu d’entre eux ont réussi à sortir de cette catégorie, a-t-il précisé.  Ce constat l’a amené à préciser les besoins des pays en situation spéciale, qui vont de la diversification de l’économie à l’amélioration du secteur de l’éducation, en passant par le développement du capital humain, la mise à niveau des infrastructures, une meilleure connectivité pour faire baisser les coûts des transports et du commerce, un véritable accès au marché international et aux matières premières ainsi qu’à des sources d’énergie abordables et aux nouvelles technologies, la résilience aux catastrophes naturelles et aux chocs externes, sans oublier de meilleures conditions pour participer au commerce international et obtenir des financements à long terme en soutien de leur développement. 

Si les besoins de ces pays sont généralement bien compris, la réponse de la communauté internationale reste cependant en deçà de leurs attentes, a estimé le représentant.  Pour sa délégation, la Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul, qui a eu lieu en 2016, était une bonne occasion pour évaluer les défis de ces pays dans le contexte du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Le représentant a mis en exergue l’importance de la coopération internationale pour aller de l’avant.  Par ailleurs, il faut adapter le Programme d’action de Vienne aux exigences du Programme 2030, en particulier pour ce qui est du financement du développement, de la science et des transferts de technologies, a estimé le représentant.  Pour sa délégation, la Banque de technologies pour les PMA est une initiative intéressante à cet égard.  Avant de conclure, le représentant a rappelé que l’Inde était la première économie émergente à offrir un schéma de libre échange pour faciliter l’accès aux produits des PMA à son marché.

M. MASLOV (Fédération de Russie) a constaté les défis que rencontrent constamment les pays en situation particulière et a soutenu les mesures en leur faveur.  Les activités entreprises pour renforcer le potentiel de production de ces pays doivent être soutenues, a-t-il plaidé en invitant à les aider en particulier à diversifier leurs économies.  Le représentant a assuré que la Russie cherchait à faciliter l’accès des produits des pays les moins avancés à son marché.  En outre, elle leur a fourni en 2016 une aide de 3,13 milliards de dollars ainsi qu’une aide alimentaire via le Programme alimentaire mondial (PAM) et de manière bilatérale, a indiqué le représentant.  Son pays participe par ailleurs à des projets de développement dans les secteurs de la sécurité alimentaire et de l’agriculture, en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le PAM notamment.

Mme GALINA NIPOMICI (Moldova) a estimé que le Programme d’action de Vienne fait partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Alors que la Moldova s’est fixé pour objectif de créer un environnement propice aux d’affaires, elle a établi des zones de libre-échange favorables à la diversification de ses exportations et à la création d’emplois, a-t-il indiqué.  En outre, l’Accord d’association conclu en 2014 avec l’Union européenne (UE) a permis d’approfondir l’intégration régionale et les relations commerciales avec les États membres de l’UE, a-t-il relevé. 

Notant par ailleurs que, selon le rapport du Secrétaire général, les pays en développement sans littoral ont accompli bien peu de progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable, il a expliqué que les pays enclavés font face à des défis persistants, tels que le manque d’infrastructures, le déficit commercial et une industrialisation limitée.  Afin de réaliser des progrès, M. Moraru a plaidé pour que ces pays reçoivent le soutien nécessaire de la part des institutions financières internationales et des partenaires au développement, ajoutant que l’accord conclu dans le cadre de l’instance mondiale dédiée aux infrastructures représente un pas dans la bonne direction.

M. TLHALEFO BATSILE MADISA (Botswana) a expliqué que son pays n’appliquait pas le Programme d’action de Vienne de façon isolée mais en harmonie avec les stratégies et politiques existantes, et que les six domaines prioritaires dudit programme étaient inclus dans le plan national de développement 11 et la vision 2036 de son pays.  Cela facilite d’ailleurs la cohérence et une approche intégrée de la croissance économique et du développement.  Au chapitre des défis, il a relevé que les coûts croissants et les lenteurs dans le passage aux frontières « militaient contre l’intégration des PMA enclavés dans le système commercial mondial ».  Pour y remédier, le Botswana a signé plusieurs traités de libre circulation des individus et des biens à travers son territoire.  Parmi les initiatives actuelles dans ce domaine, M. Madisa a fait valoir l’harmonisation de la législation dans la région, la conception d’une stratégie d’intégration régionale ainsi que l’harmonisation des permis de transport transfrontière et des horaires d’ouverture.

Il a par ailleurs pointé du doigt la mauvaise qualité et les écarts dans l’infrastructure physique, qui demeurent des « obstacles majeurs pour la mise en place d’un système de transport de transit viable et solide ».  De là « l’importance cruciale de l’amélioration et de l’entretien des structures existantes », a-t-il poursuivi, soulignant à ce sujet la préparation de manuels d’entretien routier et de conception de la voirie au Botswana.  M. Madisa a ensuite vanté les mérites des accords commerciaux qui garantissent l’accès des produits et services locaux aux marchés mondiaux à des prix compétitifs, ce qui, en facilitant le développement industriel, contribue à la création d’emplois, à la croissance économique et à l’élimination de la pauvreté.  Il a également fait état de l’introduction du contrôle douanier automatisé ainsi que de la réduction de multiples documents administratifs –consolidés en un seul– dans les opérations transfrontières.  Largement dominé par le secteur minier, notamment les diamants, le Botswana a également procédé à une transformation économique structurelle en vue de la diversification économique dans des secteurs comme les services, l’industrie, le tourisme et l’agriculture, pour ne plus dépendre uniquement du secteur minier.

Mme OCHIR (Mongolie) a souligné que quatre ans après le début de la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, son pays, qui fait partie des pays enclavés, a déjà signé plusieurs accords de coopération avec ses voisins.  Elle a noté que les infrastructures sûres et fiables restaient la principale voie de désenclavement des pays sans littoral, car elles créent une ouverture au commerce mondial.  La représentante a aussi relevé que les technologies de l’information et des communications (TIC) font partie des infrastructures nécessaires pour les pays enclavés.  C’est pourquoi la Mongolie a investi dans ce domaine et réussi à atteindre un taux de pénétration de l’Internet de 80%, en partant d’un taux de 28% il y a quelques années, pendant que la large bande passante a fait augmenter la vitesse de connexion qui est passée de 22 à 60 gigabits par seconde. 

La représentante a déclaré que la Mongolie avait rejoint l’Accord sur la facilitation des échanges de l’OMC en 2016, et que le pays avait établi le Comité national de facilitation commercial.  Les autorités étudient maintenant les possibilités de libre-échange avec l’Union eurasiatique.  Consciente de la nécessité de diversifier son économie, la Mongolie entend ne plus dépendre exclusivement du secteur minier, a ajouté la déléguée.

M. YONATHAN GUEBREMEDHIN SIMON (Éthiopie) s’est dit préoccupé par la conjoncture mondiale qui n’est pas assez favorable selon lui à la réalisation de l’objectif de « ne laisser personne de côté. »  La mise en œuvre des engagements spécifiques aux PMA accuse du retard, a en particulier dénoncé le représentant en appelant à intensifier les efforts pour atteindre les cibles de l’aide publique au développement (APD) en faveur de ces pays.  En outre, cette aide devrait être durable, plus prévisible et alignée sur les priorités nationales.  Le représentant a aussi recommandé que les ressources, au sein du système de développement des Nations Unies, soient allouées en donnant la priorité aux PMA.  La réforme de l’ONU doit refléter le besoin urgent de développement de ces pays, a-t-il ajouté.

Il a également plaidé pour l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, une condition qu’il juge impérative pour réaliser les aspirations de développement des PMA.  Il a en outre appelé la communauté internationale à offrir un appui financier et technologique aux pays en situation particulière, et ce, conformément à leurs priorités nationales et au Programme de développement durable à l'horizon 2030.

M. PUNNAPA PARDUNGYOTEE (Thaïlande) a déclaré que les PMA enclavés méritent toute l’attention de la communauté internationale en ce qu’ils sont les plus vulnérables aux défis mondiaux et ont le plus de difficultés à pleinement réaliser les objectifs de développement durable.  Pourtant, ces pays ont d’énormes ressources humaines et naturelles, ainsi que le potentiel de contribuer à une croissance économique mondiale inclusive et durable, a-t-il relevé, appelant à intensifier la coopération internationale pour soutenir les efforts des pays qui cherchent à renforcer leurs capacités.  À cet égard, M. Pardungyotee a insisté sur l’aide publique au développement (APD), la mobilisation des ressources domestiques à travers la bonne gouvernance et un partenariat public-privé national et international comme moyens de mise en œuvre des objectifs de développement durable pour les PMA et les pays enclavés.  Il a en outre salué les initiatives concrètes d’application des Programmes d’action d’Istanbul et de Vienne pour appuyer les efforts de ces pays, ainsi que l’opérationnalisation de la Banque de technologies pour les PMA.

La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sont également des moyens d’inciter lesdits pays à mettre en œuvre leur ordre du jour en matière de développement, a remarqué M. Pardungyotee avant de mettre en avant l’approche suivie par son pays qui repose sur la Sufficiency Economy Philosophy (SEP) adoptée par d’autres nations d’Asie-Pacifique et d’Afrique.  Jusqu’à présent, la Thaïlande a coopéré avec 10 pays sur des projets élaborés dans le cadre du « Partenariat SEP pour les objectifs de développement durable », et une quinzaine d’autres pays en développement d’Asie-Pacifique, d’Afrique et d’Amérique du Sud ont exprimé leur intention de rejoindre cette initiative.  Dans le cadre de son engagement avec l’OMC, la Thaïlande a octroyé un accès sans taxe ni quota à 6 998 produits, soit 73,21% des marchandises importées en provenance des PMA.  La Thaïlande a en outre versé des contributions régulières au Fonds d’affectation spéciale pour le tsunami, et s’est récemment engagée à offrir 150 000 dollars pour l’assistance aux efforts humanitaires en cours pour les personnes affectées par l’ouragan Irma.

M. SONAM TOBGYE (Bhoutan) s’est félicité du fait que le Comité d’aide au développement de l’OCDE pourrait, lors de son prochain examen en 2018, retirer le Bhoutan et cinq autres pays de la catégorie des PMA.  Malgré des succès enregistrés selon les critères du capital humain et des revenus, le représentant a noté que son pays demeure vulnérable sur le plan économique, ce qui pourrait compromettre la pérennité des progrès réalisés en matière de développement durable.  C’est pourquoi il a déploré que certains partenaires au développement commencent à se retirer du Bhoutan au motif que le pays a réalisé de « modestes » progrès.  L’expérience des autres pays montre d’ailleurs qu’un soutien continu est nécessaire pour garantir un développement durable. 

Alors que la mise en œuvre du prochain plan quinquennal est en cours au Bhoutan, M. Tobgye a plaidé pour que les partenaires internationaux maintiennent leur aide au développement.  À son avis, les pays qui parviennent à sortir de la catégorie des PMA « ne devraient pas être punis, mais bien récompensés ».

M. JONIBEK HIKMATOV (Tadjikistan) a déploré le peu d’accès au commerce international par les pays en développement sans littoral.  Le Tadjikistan est engagé dans le renforcement de ses infrastructures de transit et entend offrir des avantages fiscaux aux investisseurs par le biais de zones économiques franches.  Le représentant a exhorté tous les États à mettre fin aux obstacles économiques non justifiés qui entravent le commerce et le transport des pays enclavés.  Il a relevé que plus de 2 000 personnes souffraient chaque année dans son pays des dommages causés par les catastrophes naturelles et environnementales, et que d’autres pays en développement sans littoral faisaient également face aux effets des changements climatiques et à la sécheresse.  Pour relever les défis existants, le Tadjikistan a poursuivi ses efforts pour améliorer ses infrastructures de transport, de communication, d’électricité et d’énergie.  Il a encouragé les pays donateurs à accorder un plus grand soutien aux pays en situation particulière grâce à une assistance technologique et financière, y compris au moyen de dons et de prêts concessionnels.

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a rappelé que l’ONU avait reconnu les conditions spéciales des PMA depuis longtemps.  Quarante-cinq ans après, leur sort reste le même, a-t-il relevé en notant même que leur nombre avait augmenté: de 25 en 1971, ils sont passés à 47 aujourd’hui.  Dans le même temps, cinq seulement ont pu sortir de cette catégorie.  En mettant en œuvre l’un des objectifs globaux du Programme d’action d’Istanbul, de nombreux PMA ont annoncé leur ambition de changer de catégorie.  Toutefois, ils continuent de faire face à des défis sans précédents à cause de leur faiblesse structurelle et des catastrophes naturelles.

Le représentant a souligné l’importance du processus durable et sans heurt de reclassement, comme envisagé dans la Déclaration de Katmandou, ce qui nécessite un appui international renforcé, prévisible et continu.  Il a insisté sur l’importance de moyens de mise en œuvre fiables et prévisibles, ainsi que sur l’opérationnalisation de la Banque de technologies pour les PMA.  Pour les pays qui sont à la fois PMA et sans littoral, l’enclavement fait que le développement coûte 20% de plus, a-t-il indiqué, car il double le prix de l’exportation en comparaison aux pays de transit.  En leur permettant une participation significative dans les chaînes de valeur mondiales et au commerce international, nous pouvons convertir les pays enclavés en des « terres connectées » au monde, a-t-il expliqué.

M. SHERWIN LUMBAN TOBING (Indonésie) a plaidé pour que les pays en situation particulière ne soient pas laissés de côté, appelant notamment à la mise en œuvre effective des accords et des programmes d’action concernant le développement de ces groupes de pays.  Il a précisé que ces accords doivent être intégrés dans les activités du système de développement des Nations Unies.  Il faut aussi apporter une aide à ces pays capable de renforcer leur résilience, a proposé le représentant tout en rappelant que les donateurs doivent respecter l’engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide publique au développement (APD).

L’Indonésie appelle également à la restructuration de la dette souveraine de pays affectés par les conflits et les catastrophes naturelles.  En outre, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sont cruciales pour renforcer les capacités de ces pays, notamment en matière de prévention des risques de catastrophe.  Enfin, le représentant de l’Indonésie a souligné que le classement des États en fonction du revenu national par habitant ne tenait pas compte du caractère multidimensionnel de la pauvreté et des vulnérabilités auxquelles sont confrontés les pays en situation particulière.

M. PHILIP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) a réaffirmé qu’il fallait reconnaître les besoins et défis spécifiques des pays en développement sans littoral.  Son pays a activement participé au processus du Programme d’action de Vienne et reste engagé dans la pleine mise en œuvre de son document final.  « Nous attendons avec impatience de participer au processus d’examen à mi-parcours », a-t-il assuré.  Au cours des années, le Brésil a contribué au développement des pays les moins avancés et des pays en développement sans littoral à travers la coopération Sud-Sud par le truchement de l’Agence de coopération du Brésil.  Des initiatives ont ainsi fleuri dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation, de la santé, du renforcement des capacités, de l’allègement de la dette, du renforcement des marchés locaux et de la coopération technique.  La coopération Sud-Sud vise à favoriser le développement durable par le renforcement de capacités humaines et institutionnelles et la promotion de changements structurels pour une adaptation aux réalités socioéconomiques de nos partenaires, a indiqué le représentant.

M. BOURISLY (Koweït) a reconnu les conditions difficiles qui empêchent une reclassification des PMA, comme les changements climatiques qui affectent leurs économies, le non-respect par les donateurs de leurs engagements ou encore le fait que leurs partenaires de développement n’honorent pas leur promesse de consacrer un pourcentage internationalement fixé à l’aide publique au développement.  Pour sa part, le Koweït s’est engagé à remettre 10% de l’assistance qu’il apporte aux PMA directement entre les mains des Nations Unies pour que celles-ci l’investissent dans leurs différents programmes mis en œuvre sur le terrain.  En outre, le Koweït a doublé le pourcentage du PIB à affecter à l’aide publique au développement (APD) par le truchement du Fonds koweitien pour le développement.  Le représentant a fait valoir que 370 projets, menés dans 106 pays, bénéficient actuellement de cette coopération pour le développement.

M. ZHANG YANUA (Chine) a rappelé qu’il ne reste plus que trois ans à la communauté internationale pour mettre en œuvre le Programme d’action en faveur des PMA pour la décennie 2011-2020, encore appelé Programme d’action d’Istanbul.  Il a plaidé pour la mise en œuvre des promesses faites dans la déclaration politique qui avait sanctionné l’examen à mi-parcours dudit Programme, visant le reclassement de la moitié des PMA d’ici à 2020.  Il a également invité la communauté internationale à mettre en œuvre le Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024.  Il a plaidé pour que les pays développés notamment respectent leurs engagements en matière de coopération pour le développement, notamment en aidant les pays en développement sans littoral à surmonter leurs défis. 

Pour sa part, la Chine soutient le développement des PMA et des pays en développement sans littoral, notamment par le canal de la coopération Sud-Sud.  La Chine a annulé la dette de certains de ces pays, contribué à un fonds pour la coopération Sud-Sud, octroyé un aide au commerce et augmenté les investissements dans les PMA.  Elle a aussi étendu le principe de l’entrée en franchise de droits pour certains produits des PMA.  La Chine est en outre devenue la principale source des investissements étrangers dans les PMA.  Le pays entend également renforcer la connectivité avec les pays se trouvant tout au long du tracé de son projet « Une ceinture, Une route », a ajouté le représentant en mentionnant la tenue d’un forum international sur la question en mai 2016, avec la présence de 130 pays et plus de 70 organisations internationales. 

M. KELEBONE A. MAOPE (Lesotho) a expliqué que le Programme d’action d’Istanbul avait été intégré, de manière transversale, dans le programme national de développement du Lesotho, la « Vision nationale 2020 », avec pour ambition de faire sortir le pays de la catégorie des PMA dans un avenir proche.  Le Gouvernement entend agir pour créer des emplois, en faveur des jeunes notamment, a-t-il donné comme exemple de mesures prises en ce sens. 

En tant que pays enclavé, le Lesotho est convaincu que la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne est d’une importance vitale.  En tant que membre de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), le Lesotho met en œuvre le plan de développement des infrastructures régionales lancé en 2012, qui vise à améliorer la liberté de transit des véhicules d’un pays à un autre afin de faciliter le commerce.

Le Lesotho est également membre de l’Union douanière d’Afrique australe (SACU) depuis des décennies, a-t-il fait valoir, tout en expliquant les obstacles qui persistent du fait des procédures douanières de certains de ses membres.  Il a plaidé pour une aide accrue sur les plans technique et financier, de la part de la communauté internationale et des institutions financières internationales, en faveur des PMA et des pays en développement sans littoral, afin que ces pays renforcent leur résilience.

Mme AYE MYA MYA KHAING (Myanmar) a cité le rapport de situation du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 qui montre que la transformation structurelle des PMA a été plus lente que celle des autres pays en développement.  Notant que la pauvreté reste « très présente » dans les PMA en raison des crises économiques et politiques, des catastrophes naturelles et des épidémies, elle a souligné l’importance des partenariats internationaux afin de réaliser les objectifs de développement durable et du Programme d’action d’Istanbul. 

La représentante a appelé à augmenter le niveau de l’aide publique au développement jusqu’au seuil de 0,15% à 0,20% du revenu national brut des pays développés.  Déplorant le retard pris par les PMA en matière de technologie et d’innovation, elle a salué la création de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés.  Elle a en outre rappelé que le Myanmar avait intégré les objectifs de développement durable et le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés dans son plan global de développement national.

M. NOËL DIARRA (Mali) a souligné que le Mali est à la fois membre du Groupe des PMA et des pays en développement sans littoral.  À ce dernier titre, le pays a mis en place une politique de diversification des voies d’accès à la mer.  De même des « entrepôts maliens » ont été établis dans les ports de pays voisins, à savoir Dakar, Abidjan, Conakry, Tema, Nouakchott et Cotonou.  Un protocole d’accord pour le transport et le transit de marchandises maliennes dans les domaines maritimes, routiers et ferroviaires avec tous les pays limitrophes du Mali a en outre été signé.

En tant que PMA, le Mali insiste sur la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, a affirmé le délégué.  À cet égard, M. Diarra a salué l’opérationnalisation de la Banque de technologies en faveur des PMA.  Enfin, il a plaidé pour que ces pays reçoivent le soutien nécessaire pour renforcer leurs capacités productives.

Mme HAMDOUNI (Maroc) a reconnu les difficultés rencontrées par les pays en situation particulière dans leur processus de réalisation des objectifs de développement durable.  Ces pays demeurent vulnérables aux catastrophes naturelles, aux changements climatiques et aux crises financières, faisant en outre face à des obstacles en matière de financement.  À cet effet, des mesures concrètes doivent être prises par la communauté internationale, selon elle, pour renforcer l’intégration de ces pays dans le commerce international, en développant les transports aériens et maritimes, ainsi que les télécommunications, et en facilitant l’accès de leurs marchandises aux marchés extérieurs.  Le Maroc plaide aussi en faveur d’investissements étrangers directs dans les domaines qui sont les plus à même de faciliter la voie d’une économie de développement durable dans ces pays.

En outre, selon la représentante, la diversification de leur économie reste impérative si ces pays veulent parvenir à une croissance durable et renforcer leur résilience.  « Il est temps d’honorer les engagements pris à l’égard des PMA et des petits États insulaires en développement, et de faire preuve de volonté politique, dans un cadre de coopération et d’harmonisation des efforts, afin de surmonter les obstacles auxquels ces pays font face », a-t-elle déclaré.  Le Maroc œuvre en ce sens par le truchement de sa coopération étroite avec ces pays dans les domaines du transfert du savoir-faire, de l’expertise et  de l’assistance technique, a expliqué sa représentante.

M. ONISMO CHIGEJO (Zimbabwe) a fait observer que les pays en développement sans littoral continuent, malgré l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba, à faire face à des difficultés de développement, telles que la faiblesse des ressources tirées de l’exportation, la limite des marchés, les coûts élevés des échanges et des transports, ou encore l’inadaptation des infrastructures.  Cela souligne le besoin urgent de soutien international pour accélérer la mise en place du Programme d’action de Vienne ainsi que pour renforcer les synergies avec d’autres cadres tels que le Programme 2030.  Quant aux infrastructures, indispensables à la stratégie de croissance, elles restent souvent inadéquates en raison d’un manque de ressources financières, a noté la délégation qui a ensuite appelé les partenaires de développement à apporter leur soutien en la matière, avant de faire part des réformes entreprises dans le pays.

M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie), qui s’exprimait au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a reconnu les progrès enregistrés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne (PAoV) en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024, mais déploré leur lenteur.  Il a expliqué que ces pays connaissent actuellement une désindustrialisation, parallèlement à une baisse de l’aide publique au développement (APD) et des investissements étrangers directs.  Les retards dans leurs infrastructures sont bien réels et les coûts de transport ne cessent d’augmenter, alors que dans le même temps leur croissance économique baisse, a-t-il aussi précisé.

Lors de la réunion des ministres des affaires étrangères des pays en développement sans littoral, le mois dernier à New York, une déclaration ambitieuse a été adoptée qui couvre certaines questions essentielles pour la mise en œuvre du PAoV, a indiqué le délégué.  Il a souligné que ce programme, qui s’inscrit complètement dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030, doit y être intégré de manière cohérente.  Les pays du Groupe plaident en outre en faveur de l’intégration de ce Programme d’action dans tous les autres programmes du système des Nations Unies.

Parmi les priorités pour le développement et l’intégration de ces pays dans le marché mondial, le représentant a cité une mise à niveau durable de leurs infrastructures, y compris de transport, de leurs systèmes de transit ainsi que de leur accès énergétique et aux technologies de l’information et des communications.  Le représentant a également appelé à une application rapide de l’Accord de facilitation du commerce de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour permettre aux pays en développement sans littoral de progresser dans ce domaine.  La communauté internationale devrait en outre soutenir l’industrialisation durable de ces pays, sans quoi la transformation structurelle de leurs économies ne sera pas possible, a-t-il aussi estimé.

M. KHAMPHINH PHILAKONE (République démocratique populaire lao) a rappelé que son pays faisait partie des pays en développement sans littoral dont le développement est entravé par des menaces multidimensionnelles.  Cela est dû en partie à leurs capacités de production limitées, à leurs infrastructures insuffisantes et à leur éloignement du marché international, qui représente un obstacle à leur intégration régionale et internationale, a expliqué le représentant.  Dans de telles circonstances, le Gouvernement lao a adopté des politiques pour promouvoir le développement socioéconomique du pays, en vue de pouvoir à terme passer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, a-t-il précisé.  Ces mesures cherchent à intégrer les objectifs de développement durable et les Programmes d’action de Vienne et d’Istanbul dans les politiques nationales pour pouvoir passer du statut de pays enclavé au statut de pays ayant des liens avec les pays voisins.  Il est impératif pour cela de développer le système de transport, a précisé le représentant, non seulement les routes et autoroutes mais aussi les réseaux ferroviaires nationaux et régionaux, dans le cadre de la coopération régionale et internationale.

Pour M. RAUSHAN (Maldives), il faut veiller à une égalité des chances de se développer pour les pays en situation particulière et leur permettre de se doter de capacités résilientes pour plus rapidement se remettre de chocs externes.  Ces pays doivent pouvoir compter sur des partenariats durables dans leur développement économique et social, a-t-il exigé.  En tant que pays qui est sorti de la catégorie des PMA il y a sept ans, et en tant que petit État insulaire en développement, les Maldives sont solidaires de ces pays et continueront de leur apporter un soutien pour renforcer leur résilience nationale.  Le représentant a ensuite passé en revue les défis auxquels les Maldives restent confrontées, notamment les coûts élevés des services de base et la mise à niveau des infrastructures essentielles du pays.  De plus, le pays reste vulnérable en cas de catastrophe naturelle.

Sa délégation demande au système des Nations Unies et à la communauté internationale de tenir compte de la spécificité des défis à relever par les pays en situation particulière, et ce, dans tous leurs programmes.  Il a saisi cette occasion pour critiquer le fait que le critère retenu pour sortir de la catégorie des PMA -le revenu par habitant- ne tenait pas compte du niveau de résilience de ces pays aux chocs externes.  Selon lui, dans la situation actuelle, les économies des pays à revenu intermédiaire qui viennent de passer dans cette catégorie deviennent, au final, plus vulnérables, dans la mesure où elles n’ont plus accès à l’aide extérieure, à l’aide publique au développement (APD) et aux financements préférentiels en cas de choc externe.  Par conséquent, les Maldives souhaiteraient une approche plus holistique pour éviter de saper les progrès des pays à revenu intermédiaire qui ont nouvellement intégré cette catégorie.

M. JOAQUIM JOSE COSTA CHAVES (Timor-Leste) a salué l’opérationnalisation de la Banque de technologies censée soutenir le potentiel des PMA.  Pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, le délégué a plaidé pour des partenariats entre gouvernement, secteur privé et la société civile, bâtis sur des valeurs communes, une même vision et des objectifs communs, tout en plaçant les gens et la planète au centre.

Le Timor-Leste partage son expérience avec des pays affectés par les conflits.  C’est à ce titre que le pays a abrité, en mai dernier, une conférence mondiale sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les pays fragiles et en proie aux conflits.  Le représentant a aussi plaidé pour que la communauté internationale mette des fonds additionnels et prévisibles à la disposition des PMA, des PEID et des pays sortant ou en proie aux conflits, ou encore ceux particulièrement fragiles comme les pays non autonomes.  Il a de ce fait dit soutenir la proposition du Secrétaire général d’établir un plan mondial de financement des objectifs de développement durable.

Mme HIROKO MURAKI GOTTLIEB, de la Chambre de commerce internationale (CCI), a mis l’accent sur le rôle potentiel du commerce mondial dans l’accélération de la croissance économique des pays en développement.  Pour que le commerce inclusif fleurisse dans les économies émergentes et en développement, il faut faciliter les transactions transfrontières et les rendre moins onéreuses pour les entreprises de toutes tailles, a-t-elle expliqué.  Elle a estimé, à cet égard, que l’Accord sur la facilitation des échanges (AFE) de l’OMC, qui est entré en vigueur en février 2017, pourrait faire augmenter le volume du commerce mondial de 1 000 milliards de dollars.  Cet accord prévoit un ensemble de mesures destinées à réduire les formalités bureaucratiques aux frontières et accélérer les procédures douanières pour rendre les échanges commerciaux plus faciles, plus rapides et moins couteux, dans le contexte d’une bureaucratie plus transparente et plus efficace.

Selon l’OMC, la mise en œuvre de cet accord pourrait faire baisser les coûts du commerce de 14,3%, ce dont les pays en développement seraient les premiers bénéficiaires.  Cela aurait notamment pour conséquences de contribuer à la création de 20 millions d’emplois et d’augmenter de 35% la part des nouveaux produits dans les exportations mondiales.  En outre, l’AFE encourage la coopération et la coordination par le biais des comités nationaux de facilitations des échanges, a encore précisé la représentante de la CCI qui est un fervent promoteur de cet Accord.

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