Soixante-douzième session,
22e & 23e séances – matin & après-midi     
AG/EF/3486

Débat de fond et de forme à la Deuxième Commission sur le repositionnement du système onusien pour le développement et le rééquilibrage de ses ressources

Tout processus de « repositionnement » ou de « réforme » ne serait que « cosmétique et sans enjeu réel s’il ne permettait pas de restaurer l’indépendance et l’impartialité du système onusien de développement », a déclaré le délégué camerounais à la Deuxième Commission en résumant l’avis dominant sur un sujet qui fera l’objet d’un deuxième rapport très attendu du Secrétaire général en décembre prochain.  Sur le financement des activités opérationnelles de développement, l’équilibre entre ressources de base et ressources dites « préaffectées » a été revendiqué par de nombreux orateurs.

À l’instar de la Chine et du Japon, les orateurs ont souvent souligné que toute réforme du système des Nations Unies pour le développement devait être le fruit de négociations intergouvernementales.  C’est ce qui a poussé le représentant du Japon à souhaiter que ce deuxième rapport soit assez exhaustif pour guider ces négociations, en demandant aussi que sa publication ne soit pas précédée d’actions de fond et de mesures.

Pour la délégation mexicaine, le processus de réforme lancé par le Secrétaire général constitue une opportunité pour les États Membres d’adapter leurs espaces intergouvernementaux, en particulier le Conseil économique et social (ECOSOC) qui est un lieu privilégié pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Expliquant ce que l’on entend par « repositionnement », le représentant de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a précisé qu’il fallait clarifier les rôles et l’importance opérationnelle des composantes du système onusien de développement, à savoir le Groupe des Nations Unies pour le développement, le Conseil des chefs de secrétariat, le Département des affaires économiques et sociales, les fonds et programmes du système de développement et l’ECOSOC. Davantage de clarté est également nécessaire sur la manière dont elles se coordonnent et collaborent entre elles.

Avec en chef de file le Groupe des 77 et de la Chine, de nombreuses délégations ont rappelé les principes qui doivent guider ces activités opérationnelles: elles doivent répondre à la demande des pays en développement et être menées en accord avec leurs politiques et priorités.  C’est pourquoi les États Membres ont fait valoir que le repositionnement du système devait veiller à accorder une place centrale au principe de l’alignement de l’aide sur les priorités nationales.  Les pays attendent en effet du système onusien « un soutien cohérent, intégré et sur mesure », a expliqué l’Iran, se faisant l’écho des appels lancés en faveur du respect de l’appropriation et du leadership national.

Sur le terrain, la révision du système des coordonnateurs résidents doit permettre de mieux soutenir les efforts entrepris par les gouvernements pour réaliser le Programme 2030, en toute impartialité et avec une hiérarchie claire, ont aussi recommandé les délégués. 

Le Directeur du Bureau de l’appui à l’ECOSOC et de la coordination du Département des affaires économiques et sociales, M. David Hanif, qui présentait le rapport sur le financement des activités opérationnelles de développement des organismes onusiens, a reconnu un enjeu majeur pour l’ONU, celui d’accompagner les efforts de développement au plan national par le biais d’une nouvelle génération d’équipes-pays et de coordonnateurs résidents.  Cette volonté marquée en faveur de l’intégration nationale du Programme 2030 témoigne selon lui d’un nouvel état d’esprit et de nouvelles modalités de fonctionnement.

Sur le volet financement du développement, M. Hanif a indiqué qu’en 2015 le système onusien pour le développement avait reçu 26,7 milliards de dollars, soit 4% de plus que l’année précédente, mais que cette hausse concernait essentiellement les ressources préaffectées, confirmant une tendance qui inquiète un grand nombre d’États Membres.  En effet, sur les 15 dernières années, la part des ressources préaffectées a augmenté six fois plus vite que celle des ressources de base, représentant ainsi 79% des 26 milliards.  Or, pour de nombreux pays, les ressources de base restent le socle des activités de développement de l’ONU dans la mesure où ces financements sont prévisibles et flexibles, comme l’a fait valoir l’AOSIS, contrairement aux ressources préaffectées.

Ce déséquilibre affaiblit le système multilatéral dans la mesure où il crée des conditions au financement du développement tout en augmentant les coûts opérationnels et la fragmentation du système des Nations Unies, a regretté le représentant de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). 

De son côté, les représentants de la CELAC et de l’ASEAN ont plaidé pour que les activités de développement des Nations Unies soutiennent davantage la coopération Sud-Sud et triangulaire, étant entendu que celle-ci est complémentaire à la coopération Nord-Sud mais ne s’y substitue pas.

Beaucoup ont vanté les mérites la coopération Sud-Sud qui a réalisé des progrès transformateurs en 25 ans, comme l’a exprimé le Kenya qui a demandé une analyse comparative entre les différentes formes de coopération en termes d’investissements et de financements.  Lui répondant, le Directeur du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud au PNUD, qui présentait le rapport sur la question, a indiqué que le PNUD travaillait actuellement à la mise en place d’une cellule de réflexion.  Un rapport sur les progrès accomplis en termes de politique et de qualité de la coopération Sud-Sud sera bientôt présenté, a-t-il dit, un rapport qui tiendra compte du fait que celle-ci s’est largement développée en dehors des cadres de l’ONU.

La prochaine réunion de la Deuxième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DE DÉVELOPPEMENT

a) Activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (A/72/124–E/2018/3 et A/72/61–E/2017/4)

Déclaration de la Vice-Secrétaire générale

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a jugé impératif d’être à l’avant-garde en matière d’activités opérationnelles de développement.  Elle a salué la large portée de la résolution 71/243 sur ce sujet.  Elle a expliqué à cet égard que l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies avait permis de lancer le processus de repositionnement du système des Nations Unies dans un environnement marqué par les changements technologiques, démographiques et autres.

De nos jours, a-t-elle souligné, la communauté internationale doit faire face à des difficultés croissantes, telles que les inégalités, un taux de migration sans précédent, les changements climatiques, les conflits, la violence.  Elle a aussi noté le manque de satisfaction croissant par rapport aux systèmes politiques.  Qui plus est, la crise économique et financière mondiale de 2008 a rendu plus difficile l’accès aux financements et a conduit certains États à sauver le système financier national, ce qui a contribué à ralentir les investissements et les prêts sur le long terme.  Aujourd’hui, a exigé la Vice-Secrétaire générale, il est urgent d’arriver à des cadres plus efficaces pour que le système financier soit en ligne avec les impératifs du développement durable et des changements climatiques.

Évoquant les mouvements de population qui sont souvent liés aux conflits et aux changements climatiques, elle a invité la communauté internationale à repenser les schémas de consommation et de production.  Mme Mohamed a aussi parlé de la crise de confiance dans les gouvernements, au moment où ceux-ci doivent pourtant traiter de ces défis complexes.  Pour elle, cette crise découle du fait que trop de personnes ont été laissées de côté alors qu’une poignée d’hommes milliardaires détient la plus grande partie de la richesse mondiale.  Elle en a voulu pour preuve que 14% seulement de la population dit faire confiance à son gouvernement.

Les Nations Unies ne sont pas à l’abri de ces changements, a-t-elle poursuivi avant d’affirmer que leur réponse, à savoir le Programme de développement durable à l'horizon 2030, est le meilleur instrument dont dispose la communauté internationale pour instaurer un monde de paix et de développement pour tous.

Mme Mohamed a invité à la réflexion sur le rôle de la Deuxième Commission pour faire avancer le Programme 2030.  Pour elle, il ne fait pas de doute que le système de développement des Nations Unies doit procéder à des changements pour rester un partenaire de choix dans la mise en œuvre nationale des objectifs de développement durable.  Le Secrétaire général, a-t-elle rappelé, a d’ailleurs fait des recommandations concrètes en ce sens pour réduire la fragmentation et pour s’assurer que l’appui des Nations Unies soit adapté aux besoins spécifiques de chaque pays dans ce processus par le biais des coordonnateurs locaux.  La     Vice-Secrétaire générale a en outre encouragé la coopération Sud-Sud et une plus grande participation des femmes aux efforts de développement. 

Elle a annoncé qu’en décembre, le Secrétaire général publierait son deuxième rapport sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  Mme Mohammed a également dit travailler en collaboration avec les Secrétariats du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Deuxième Commission pour voir en quoi ces instances peuvent accompagner ce travail.

b) Coopération Sud-Sud pour le développement (A/72/297)

Déclarations liminaire (au titre des alinéas a) et b)), suivies d’une période de questions

Suite et fin de la discussion générale

Échange interactif

Dans le dialogue qui a suivi, le représentant du Mexique a donné la vision de son pays sur la réforme du système des Nations Unies, y compris du système pour le développement, qui comprend selon lui un groupe de réformes que le Secrétaire général peut mettre en place et pour lesquelles il a besoin d’appui politique de la part des États Membres ainsi que des réformes qui dépendent des négociations des États Membres eux-mêmes.  Il a résumé cela en deux contrats actuellement en place, l’un entre le Secrétaire général et le système onusien, l’autre entre le système des Nations Unies et les États Membres.  Le Mexique propose, en outre, un troisième contrat entre États Membres dans le but d’en finir avec les inerties, pour avoir une vision à long terme et pour corriger un système qui s’est construit sur la « base de la méfiance et non de la confiance ».

Élaborant sur ce « troisième contrat », le représentant a estimé qu’il était impossible de mettre en œuvre le Programme 2030 « si nous n’arrivons pas à améliorer les espaces de délibérations des États Membres ».  Pour tout ce qui a trait au développement, il a estimé que l’espace central devait être le Conseil économique et social (ECOSOC).  Or, au fil des années ce Conseil a perdu de sa pertinence, a-t-il regretté en le présentant comme un organe « rempli d’activités intéressantes mais pas toujours pertinentes ».  Alors qu’aujourd’hui le développement est devenu l’élément central du travail des Nations Unies, il a misé sur l’opportunité qui se présente de relancer la fonction centrale de l’ECOSOC, à savoir les délibérations entre États Membres sur les activités de développement.  Il a invité ces derniers à utiliser le moment de l’adoption de la résolution sur le travail de l’ECOSOC pour apporter les changements nécessaires.

La délégation du Mexique a également émis des réserves sur le mode de fonctionnement actuel du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, rappelant qu’il s’agit de l’organe principal chargé du suivi au plan national du Programme 2030.  Pour le Mexique, le Forum doit être l’espace au sein des Nations Unies qui permette aux États Membres d’échanger sur leurs expériences nationales, lors de leurs présentations de rapports nationaux.  Or, a-t-il relevé, on y limite ces échanges à 15 minutes par délégation, lors.  Il a donc suggéré de donner plus de place à cet exercice.  Sa délégation fera des propositions concrètes sur les réformes à apporter à l’ECOSOC pour qu’il devienne un espace de délibérations entre États Membres, a-t-il dit.

Le représentant du Kenya a également estimé que le système actuel ne permet pas le débat nécessaire pour parvenir aux objectifs fixés par le Programme 2030.  Pour lui, « nous sommes dans une impasse parce que le monde change trop rapidement ».  La réalisation du Programme 2030 exige, selon lui, de travailler ensemble.  Reste le problème du financement de ce programme, a-t-il ajouté en précisant qu’il faut 26 milliards de dollars pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Il faut prévoir comment l’ONU peut consolider sa position de pivot des efforts du développement et en même temps mobiliser des ressources en dehors du système, a estimé le représentant qui « ne comprend toujours pas ce que sera la valeur ajoutée du nouveau système des Nations Unies et notamment du rôle des coordonnateurs résidents ».

S’agissant de la coopération Sud-Sud, dont il a salué les progrès transformateurs accomplis en 25 ans, il a suggéré de faire une analyse comparative entre les investissements traditionnels faits dans le cadre de la coopération Nord-Sud et les cadres de financement de la coopération Sud-Sud.  Revenant au système onusien, il a souscrit à la préoccupation de son homologue du Mexique quant au rôle de l’ECOSOC et sur le besoin de faire en sorte que le système fonctionne mieux.  Si le Forum politique de haut niveau veut remplir sa mission, il faut qu’il mise sur des processus plus proactifs et qu’il participe au débat avec les États Membres qui y présentent leurs rapports nationaux, a estimé le représentant.

Répondant à ces deux interventions, M. DAVID HANIF, Directeur du Bureau de l'appui au Conseil économique et social et de la coordination du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a partagé l’opinion du Mexique sur le contrat à mettre en place entre États Membres, ce qui ne sera possible que par le dialogue.

Sur la question du financement, il a estimé que les 26 milliards de dollars reçus par le système onusien de développement étaient une sorte de vote de confiance dans ce système en expliquant que 79% de ces fonds sont préaffectés.  Le système doit jouer un rôle de catalyseur pour s’assurer que les flux financiers servent les objectifs de développement durable, a expliqué M. Hanif avant d’annoncer que son département allait proposer un pacte de financement qui figurera dans le rapport de décembre.

Il a souligné que ledit système avait évolué pour répondre à la complexité des défis récents, notamment pour tenir compte des changements climatiques, des avancées technologiques et de la crise mondiale.  Pour M. Hanif, il faut que ces changements se reflètent dans un nouvel état d’esprit et de nouvelles modalités de fonctionnement, car la réalisation du Programme 2030 exige, plus que jamais, une intégration nationale.  C’est la raison pour laquelle l’ONU doit accompagner les efforts nationaux avec une nouvelle génération d’équipes de pays de coordonnateurs résidents, a-t-il souhaité.

À son tour, M. JORGE CHEDIEK, Directeur du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud au PNUD, a expliqué que l’explosion de cette forme de coopération au cours des 25 dernières années avait entraîné une augmentation du travail universitaire sur ce sujet.  Dans ce contexte, le PNUD travaille avec d’autres partenaires pour mettre en place des cellules de réflexion pour répondre aux questions soulevées par le représentant du Kenya.  Il y aura un rapport sur les progrès accomplis en termes de politique et de qualité de la coopération   Sud-Sud, en tenant compte du fait que celle-ci s’est largement développée en dehors des cadres de l’ONU, a annoncé M. Chediek.

M. HENRY JONATHAN VIERA SALAZAR (Équateur), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a indiqué que les caractéristiques premières des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies pour le développement doivent être leur universalité, leur neutralité, leur caractère volontaire et multilatéral, ainsi que leur souplesse pour répondre au mieux aux besoins de développement des pays.  Ces activités opérationnelles doivent être menées à la demande des pays en développement et en accord avec leurs politiques et priorités de développement, a-t-il ajouté.  Le système des coordonnateurs résidents est important pour soutenir les efforts des gouvernements en vue de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a plaidé le représentant en souhaitant voir améliorer l’efficacité des activités opérationnelles de développement au niveau pays.  Il a aussi invité à tenir compte des différents niveaux de développement et des réalités de terrain dans l’aide apportée aux pays pour qu’ils renforcent leurs capacités nationales de développement.

Le Groupe a souligné que l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (QCPR) est le principal instrument de positionnement du système des Nations Unies pour le développement.  Toute réforme de ce dernier doit donc s’appuyer sur le mandat du QCPR.  Cette réforme doit également tenir compte du fait que l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions est la priorité majeure et l’objectif de base du système des Nations Unies pour le développement.

Pour le G77, la coopération Sud-Sud est la manifestation de la solidarité entre peuples et pays du Sud.  Il faut donc que cette coopération, ainsi que la coopération triangulaire, soient au centre de la mise en œuvre du Programme 2030.  Le représentant a rappelé néanmoins que la coopération Sud-Sud est un complément et non un substitut de la coopération Nord-Sud, et qu’il est urgent de trouver une solution aux promesses non tenues en termes d’aide publique au développement (APD), en accord avec les engagements historiques des pays développés.  L’APD reste la principale source de financement du développement des pays en développement, a-t-il souligné. 

La coopération Sud-Sud se déploie désormais dans des domaines aussi variés que l’éradication de la pauvreté et de la faim, le développement agricole, les changements climatiques, la réduction des risques de catastrophe, les infrastructures et l’assistance humanitaire, a relevé la délégation.  Le G77 souligne en outre le rôle des nouvelles banques de développement des pays en développement, censées revitaliser le partenariat entre pays du Sud.  Ces derniers vont célébrer, en 2018, le quarantième anniversaire de la coopération Sud-Sud à Buenos Aires, en Argentine, et le G77 espère que la Conférence de haut niveau qui suivra, en mars 2019, dans la même ville, produira des résultats positifs pour le renforcement de la solidarité entre pays en développement.  Le G77 réaffirme en outre son soutien au travail du Bureau des Nations Unies pour la coopération   Sud-Sud, et il invite le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et d’autres organisations pertinentes du système des Nations Unies pour le développement, à assister les pays en développement dans la mise en œuvre de projets relatifs à la coopération Sud-Sud.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné l’élargissement constant de la coopération entre l’ONU et l’ASEAN.  « Nos dirigeants ont réaffirmé leur engagement en faveur de la mise en œuvre de la Communauté de l’ASEAN à l’horizon 2025 et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui se renforcent mutuellement ».  Parmi les domaines de coopération les plus notables, elle a mentionné les infrastructures, l’éradication de la pauvreté ou bien encore la gestion durable des ressources naturelles.

Le système onusien pour le développement doit veiller à la cohérence de son travail avec les priorités des pays, a poursuivi la déléguée.  Elle a, en outre, jugé essentiel un « leadership impartial et efficace » des coordonnateurs résidents pour garantir des bons résultats sur le terrain, ainsi qu’une coopération étroite avec le gouvernement du pays hôte.  La déléguée a souligné l’importance des ressources de base pour atteindre les objectifs stratégiques dudit système.  Enfin, elle a rappelé que, aussi cruciales soient-elles, les coopérations Sud-Sud et triangulaire ne pouvaient se substituer à la coopération Nord-Sud.  « L’ASEAN réaffirme de nouveau la nécessité pour les pays développés d’honorer leurs promesses au titre de l’APD, comme le rappelle par ailleurs le Programme d’action d’Addis-Abeba ».

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a rappelé que la résolution relative au QCPR, adoptée l’an dernier, prescrivait au système des Nations Unies pour le développement de tenir compte des défis spécifiques des PMA et de leur fournir le soutien nécessaire pour la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA pour la Décennie 2011-2020 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le QCPR, a rappelé le représentant, avait demandé un soutien ciblé pour les pays qui sortent à peine ou sont sortis depuis peu de la catégorie des PMA.  Le QCPR avait aussi reconnu l’importance de la banque de technologies qui doit être soutenue par le système des Nations Unies pour le développement, mais ce système ne semble pas à même de jouer ce rôle avant d’être réformé pour mieux soutenir les États Membres.  Les PMA attendent une pleine mise en œuvre du QCPR et réitèrent que tout repositionnement du système des Nations Unies pour le développement en vue de la mise en œuvre du Programme 2030 doit s’appuyer sur la résolution du QCPR.

Il faut une présence plus forte du système des Nations Unies pour le développement dans les pays vulnérables, notamment les PMA, a ensuite plaidé le délégué, ajoutant que dans le rapport du Secrétaire général attendu en fin d’année, les PMA souhaiteraient voir plus de détails sur le financement des objectifs de développement durable.  En outre, le principe du respect des priorités des pays doit être de mise alors que le système est en cours de réforme.  Le délégué a fait part de l’inquiétude des PMA du fait que les fonds dévolus aux objectifs de développement durable semblent être concentrés sur les objectifs 2, 3 et 16, relatifs à la faim, la santé, la paix et la justice, au détriment des autres.  Pour les PMA, les 17 objectifs sont indivisibles et le système onusien pour le développement devrait adopter une approche plus équilibrée dans leur mise en œuvre.  Il a précisé que la réforme de ce système devait se faire en harmonie avec les autres réformes en cours dans l’ensemble du système onusien.

Le représentant a par ailleurs fait remarquer que la coopération Sud-Sud, notamment entre les PMA et d’autres pays du Sud, ne cesse de croître et de se diversifier.  La plupart des initiatives lancées dans ce cadre touchent les infrastructures, le renforcement des capacités et le partage de politiques et de connaissances, a-t-il noté.  Il a salué le fait que des pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Turquie ciblent les PMA dans le cadre de leurs stratégies de coopération Sud-Sud.  Pour les PMA, cette coopération pourrait permettre de fournir des fonds prévisibles et de faciliter le transfert de technologies en faveur des PMA.  C’est dans l’esprit de la coopération Sud-Sud que les PMA plaident pour l’ouverture des marchés des pays émergents aux produits des PMA, un accès aux marchés hors quota et hors taxe.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador) a souligné la nécessité pour les pays de la région de pouvoir continuer à compter sur le soutien du système des Nations Unies pour le développement dans leur effort de mise en place du Programme 2030, estimant que les mandats des agences, fonds et programmes des Nations Unies doivent se préoccuper de l’interdépendance entre les objectifs de développement durable.  À cet égard, M. Jaime Calderón a appelé les entités du système de développement à intégrer ces objectifs dans leur planification stratégique et dans leur travail à tous les niveaux, en tenant compte du fait que l’éradication de la pauvreté est le plus grand défi et une condition indispensable au développement durable.

Les pays membres de la CELAC soulignent par ailleurs que l’architecture de gouvernance du système des Nations Unies pour le développement doit être plus efficace et transparente, qu’elle doit être rendue plus responsable de ses actes, qu’elle doit disposer de davantage de capacité pour répondre aux États Membres et qu’elle améliore la coordination, la cohérence et l’efficacité des activités opérationnelles.  Ils réitèrent que le système doit intégrer dans ses activités son soutien à la coopération Sud-Sud et triangulaire, étant entendu que celle-ci ne se substitue pas à la coopération Nord-Sud mais la complète.  La coopération Sud-Sud et triangulaire est largement mise en pratique dans la CELAC, a expliqué M. Jaime Calderón, sur la base d’objectifs communs et de la solidarité et guidée par le principe du respect de la souveraineté.

En conclusion, le représentant a estimé que tous les efforts faits par le biais de l’examen quadriennal complet ont pour finalité de parvenir à un système des Nations Unies pour le développement qui soit plus stratégique, sujet à la reddition de comptes, transparent, collaboratif, efficace, effectif et orienté vers les résultats, en recherchant de meilleures façons d’aider les États Membres dans la mise en place du Programme 2030.

M. TUMASIE BLAIR (Antigua-et-Barbuda), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a estimé que les recommandations de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies devraient être respectées et qu’elles devraient former la base de toute réforme du système des Nations Unies pour le développement.  La CARICOM, qui a étroitement collaboré avec les fonds et agences des Nations Unies dans la mise en œuvre du Programme 2030, salue les efforts en cours pour repositionner le système de développement des Nations Unies, une initiative qui devrait permettre au système de mieux répondre aux besoins des Caraïbes notamment.

Agir à l’unisson à l’échelle mondiale, régionale et nationale est essentiel pour arriver à un système intégré des Nations Unies, a-t-il estimé, car cela encourage la cohérence et une meilleure coordination ainsi qu’un soutien plus ciblé des États Membres.  À cet égard, il a affirmé qu’il n’y avait pas un seul modèle qui convienne à tous et que, par conséquent, les activités opérationnelles de l’ONU devaient veiller à répondre aux priorités nationales en termes de développement, de manière souple, et faciliter la consolidation des capacités nationales.

La CARICOM insiste en outre sur l’importance de renforcer le cadre multilatéral de développement, pour que le système des Nations Unies remédie au déséquilibre actuel entre ses ressources de base et les « ressources autres » ou préaffectées.  Ce déséquilibre affaiblit, selon la CARICOM, le système multilatéral en créant des conditions tout en augmentant les coûts opérationnels et la fragmentation du système des Nations Unies, y compris au niveau pays.  La CARICOM a également souligné l’importance de la coopération Sud-Sud qui, à son avis, devrait être intégrée dans les activités opérationnelles de développement des Nations Unies car elle a un potentiel multiplicateur.  Toutefois, a averti la CARICOM, elle ne saurait remplacer la coopération Nord-Sud.

Mme ANADELLA EDWARD (Nauru), au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a insisté sur les vulnérabilités spécifiques des petits États insulaires en développement (PEID), ainsi que sur leur positionnement géographique et leurs caractéristiques économiques uniques.  Le chemin de ces pays vers le développement durable, tel que consacré par les Orientations de Samoa, doit pleinement prendre en compte ces éléments, a-t-elle dit.  Elle a souligné la nécessité d’une refonte du système de développement de l’ONU afin d’inclure ces Orientations dans tous les programmes relatifs aux PEID.  Mme Edward a ensuite demandé la pleine mise en œuvre des recommandations contenues dans le rapport du Corps commun d’inspection, notamment celles relatives aux bureaux multipays.  La déléguée a en outre souhaité le renforcement du système des coordonnateurs résidents, ces derniers devant veiller à la cohérence de leurs actions avec les priorités nationales.  Dans la région du Pacifique, un seul coordonnateur résident sert 10 pays, a-t-elle noté en conclusion.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires, M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a réitéré la nécessité de clarifier les rôles et l’importance opérationnelle de certaines des composantes essentielles du système onusien de développement, à savoir le Groupe des Nations Unies pour le développement, le Conseil des chefs de secrétariat, le Département des affaires économiques et sociales, les fonds et programmes du système de développement et l’ECOSOC.  Davantage de clarté est également nécessaire sur la manière dont elles se coordonnent et collaborent entre elles, et sur la surveillance par les États Membres.  Par ailleurs, a fait savoir la délégation, un système des coordonnateurs résidents bien conçu avec un réseau régional et mondial adéquat est primordial pour l’Alliance des petits États insulaires, qui demande, de nouveau, au système des Nations Unies pour le développement de revoir et adapter les activités opérationnelles aux bureaux multipays.

L’Alliance attend du rapport du Secrétaire général à venir en décembre qu’il traite de tous les aspects des opérations et de la gestion du système pour le développement, conformément aux paramètres de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de 2016.  Le système doit être correctement financé, a souhaité la délégation, afin d’éliminer la concurrence pour accéder aux ressources et d’optimiser les économies et l’efficacité, tout en fournissant des services efficaces aux pays de programme par rapport à leurs priorités nationales.  Le mécanisme de financement doit être prévisible et flexible, a aussi recommandé l’Alliance qui a exprimé sa préférence pour les ressources de base.  Elle estime que le système devrait étudier des options de financement à faible risque et qu’il doit continuer à travailler avec l’Institut de finance internationale.

Les partenariats sont particulièrement importants pour les PEID, à condition qu’ils soient durables et fondés sur le respect mutuel, a poursuivi la délégation. Par rapport au rôle du secteur privé dans le chemin vers le développement durable, l’Alliance aimerait recevoir l’aide de l’ONU en termes de politiques et de directives pour le développer davantage.  Elle décourage néanmoins l’ONU d’entrer en concurrence avec les pays de programme pour chercher des partenariats avec les secteurs privés locaux.  À cet égard, l’Alliance a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire, encourageant le système pour le développement à continuer de l’intégrer dans son cadre stratégique, même si elle ne peut remplacer la coopération Nord-Sud.

M. A.P. JITHENDER REDDY (Inde) a souligné que la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le système des Nations Unies pour le développement est équipé pour soutenir les efforts nationaux de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Ce système doit selon lui éviter la fragmentation, adopter des approches plus cohérentes, tenir compte des priorités nationales et éviter la politisation.  En même temps, la part des ressources de base doit augmenter afin d’allouer suffisamment de fonds au développement, notamment en faveur des pays les plus vulnérables, a-t-il plaidé.  Il a rappelé que le système des Nations Unies pour le développement reçoit le tiers du total de l’aide multilatérale, mais que ces fonds sont généralement préaffectés à des projets donnés.  Il a précisé que 9 des 10 plus grands donateurs fournissent plus de ressources préaffectées que de ressources de base.

C’est dans ce contexte que grandit l’intérêt pour la coopération Sud-Sud, car celle-ci accorde davantage d’attention aux priorités des pays partenaires plutôt que d’imposer des conditions comme le font les donateurs traditionnels.  L’Inde continue de poursuivre sa coopération avec des pays du Sud; certains figurant parmi les plus vulnérables.  En juin dernier, le pays a établi le fonds Inde-ONU pour le partenariat au développement, afin de renforcer la contribution du pays à la coopération Sud-Sud comme moyen de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est également félicité du fait que l’Inde soit le premier pays à faire une contribution volontaire au fonds d’affectation spéciale pour le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale, afin de faciliter la participation des pays en développement aux travaux du Comité.  Il a aussi rappelé qu’en mai dernier, l’Inde a lancé un satellite qui va soutenir la communication, les services audiovisuels et d’Internet, ainsi que la gestion des catastrophes ou encore la télééducation et la télémédecine dans les pays voisins.

Mme MARIA ANGELA A. PONCE (Philippines) a souligné l’importance d’un alignement des activités opérationnelles du programme de développement onusien avec les priorités des États Membres.  L’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies doit être à la base de nos efforts visant au repositionnement dudit système, a-t-elle dit.  Elle a exhorté les fonds et programmes composant ce système à travailler ensemble.  « Le système de développement onusien doit œuvrer en tant que véritable système ».  Tout en notant le déséquilibre entre les ressources de base et les autres ressources, la déléguée a souligné le besoin critique d’y remédier en s’attachant à une plus grande transparence et à une meilleure gouvernance de ce système.  La déléguée a souhaité, en outre, une clarification sur la nouvelle génération d’équipes pays telle que recommandée par le Secrétaire général. Enfin, Mme Ponce a salué les initiatives concourant à « l’institutionnalisation de la coopération Sud-Sud », telles que le renforcement du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud (UNOSSC).

M. ALIKHANI (République islamique d’Iran) a insisté sur la pertinence des directives et mandats donnés au système de développement des Nations Unies par la résolution sur l’examen quadriennal complet.  Ce système doit apporter un soutien cohérent, intégré et sur mesure aux États, en tenant compte des besoins et priorités nationales en termes de développement, a estimé le représentant qui a mis l’accent sur la notion d’appropriation et de leadership national.  Les coordonnateurs résidents doivent, pour sa délégation, être des professionnels du développement durable.

Il a mis l’accent sur le déséquilibre actuel entre les ressources de base et les ressources autres pour le financement du développement par le système des Nations Unies.  Pour l’Iran, les ressources de base sont le socle des activités opérationnelles de développement du système.  Dès lors, le déséquilibre actuel ne contribue pas au renforcement du caractère multilatéral de ce système, a-t-il argué.  Il a souhaité une évolution du système onusien pour le développement, vers une architecture de gouvernance qui soit à la fois transparente, responsable et réponde aux besoins des États.  Le délégué a regretté que le rapport sur le repositionnement de ce système ne comprenne pas plus d’informations analytiques.

Mme NURAN (Indonésie) a souhaité que le QCPR serve de guide pour faire en sorte que le système des Nations Unies pour le développement soit à la hauteur de la tâche qui lui est confiée, à savoir le soutien à la mise en œuvre du Programme 2030.  Elle a invité ce système à travailler de manière innovante avec les États Membres, les partenaires des Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble, afin de mobiliser les ressources, publiques et privées, nécessaires à une stratégie de financement plus intégrée, en accord avec le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Elle a indiqué que l’Indonésie, en partenariat avec l’ONU, avait lancé un programme de facilitation des financements des paysages tropicaux, afin de canaliser les capitaux privés en faveur des objectifs de développement durable.  Cette initiative entend mobiliser 1 milliard de dollars en termes de prêts sur le long terme et 100 autres millions comme dons dans le cadre de l’assistance technique.

La déléguée a en outre souhaité une plus grande coordination au sein du système des Nations Unies pour le développement, appelant aussi au renforcement du rôle des agences onusiennes en charge de la coopération Sud-Sud.  Elle a enfin souligné qu’en accord avec l’esprit du Sommet Asie-Afrique de 1955 à Bandung, l’Indonésie réaffirme son engagement à renforcer les capacités nationales des pays en développement, la preuve étant les partenariats établis avec 96 pays.

Mme ZVEREVA (Fédération de Russie) a jugé important de souligner l’amélioration constante des activités opérationnelles de développement des Nations Unies.  Compte tenu de la complexité des mécanismes onusiens dans ce domaine, sa délégation insiste sur le fait que tout changement ne sera possible que s’il recueille un large consensus parmi les États Membres.  Elle demande au Secrétaire général de soumettre une analyse des conséquences des réformes et initiatives proposées dans ce domaine. 

La Fédération de Russie est contre la politisation des activités opérationnelles de développement et encourage l’appropriation nationale dans ce domaine.  Elle est favorable au renforcement du rôle de l’ECOSOC pour élaborer les normes relatives aux activités opérationnelles de développement.  Enfin, la représentante a rappelé les principes directeurs issus de la Conférence sur la coopération Sud-Sud de Nairobi et a espéré qu’ils seraient renforcés lors de la prochaine conférence prévue prochainement à Buenos Aires.  

Mme LEYVA REGUEIRA (Cuba) a dit espérer avec grand intérêt le prochain rapport du Secrétaire général sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement et attendre des propositions plus élaborées.  Le système est en effet appelé à jouer un rôle essentiel pour respecter les priorités nationales de développement et pour la mise en œuvre du Programme 2030, a souligné la délégation, jugeant nécessaire de renforcer la contribution du système pour faire face aux défis particuliers des pays les plus vulnérables, notamment les pays africains, les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.  Les pays en situation de conflit ou de post conflit, les pays sous occupation étrangère et les pays à revenu intermédiaire demandent également une attention spéciale, a-t-elle ajouté.

Dans son ambitieux processus de réforme, le système devra respecter les principes qui guident les activités opérationnelles dans les pays, à savoir la neutralité, son caractère intergouvernemental et son objectif strictement lié au développement.  La délégation a souhaité que le système soit plus proactif dans l’élimination de la pauvreté et réponde de manière efficace aux priorités nationales.  Il doit, en outre, garantir la participation décisive des pays en développement dans la gouvernance du système et promouvoir des politiques flexibles et inclusives selon le principe du caractère volontaire, dans le respect de la souveraineté et du leadership de l’État récepteur.  Cuba soutient également la solidarité de la coopération Sud-Sud mais observe avec préoccupation l’importance qui lui est donnée pour justifier le non-respect persistant des engagements d’aide au développement de la part des pays développés alors que la coopération Sud-Sud ne peut en aucun cas se substituer à la coopération Nord-Sud.

M. VLADAMIR BUDHU (Trinité-et-Tobago) a vu dans le système de développement onusien un partenaire fiable pour le développement de son pays.  Classé comme pays en développement à revenu intermédiaire de la tranche élevée, Trinité-et-Tobago pâtit de cette classification qui l’empêche de recevoir une aide internationale pour son développement, tout en étant confrontée aux défis qui sont ceux des PEID, a-t-il dit.  Il a insisté sur une autre conséquence négative d’une telle classification, faite sur la seule base du revenu par tête, qui est la privation de l’accès à des prêts à des conditions de faveur.  Par conséquent, il est impératif que toute proposition sur le repositionnement de long terme du système de développement onusien prenne dûment en compte les principes d’universalité et de diversité, a-t-il déclaré.  Le délégué a insisté sur l’importance de ce système pour renforcer les capacités statistiques des pays.  Cette question est cruciale pour Trinité-et-Tobago, a-t-il poursuivi, expliquant que les statistiques étaient capitales pour assurer un bon suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Enfin, M. Budhu a loué la bonne coopération de     Trinité-et-Tobago avec l’équipe pays de l’ONU.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a souligné que les pays en développement ont toujours préconisé un système des Nations Unies pour le développement qui soit sensible à leurs besoins, une exigence qu’ils ont exprimée à travers le QCPR.  Dans le rapport que le Secrétaire général va publier en fin d’année, l’Afrique du Sud attend de voir des éléments sur la réforme du système des Nations Unies pour le développement, en accord avec les prescriptions de l’examen quadriennal complet.  Le système de coordonnateurs résidents doit tenir compte des politiques et priorités nationales, a-t-il rappelé.  Le caractère indivisible de l’ensemble des objectifs de développement durable doit également être respecté dans ce rapport attendu en fin d’année.  Le représentant, tout en reconnaissant que la paix et le développement sont liés, a demandé d’éviter que les efforts en faveur de la paix empiètent sur les ressources consacrées au développement.

Il a aussi déploré le déséquilibre permanent entre les ressources de base et les autres ressources pour financer les activités opérationnelles de développement de l’ONU.  Pour que le QCPR soit plus efficace pour aider les pays à éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes, la communauté internationale doit renforcer les outils de développement comme le renforcement des capacités, le transfert de technologies et l’instauration d’un environnement international favorable au développement, a-t-il conclu.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a insisté sur le fait que le système des Nations Unies pour le développement doit mieux répondre aux exigences créées par le Programme 2030.  Cela suppose, selon lui, plus d’efficacité, de coordination, de cohérence et d’impact.  Ces efforts doivent s’accompagner d’une approche qui privilégie l’appropriation et le leadership national, en permettant des réponses sur mesure pour chaque pays. Il a partagé le point de vue que la coordination des politiques régionales n’est pas la plus efficace et s’est félicité du plan du Secrétaire général pour revoir toutes les fonctions et politiques régionales du système onusien en vue d’améliorer sa cohérence et de privilégier une approche unifiée.

Sa délégation salue, en outre, les améliorations proposées au système de coordonnateurs résidents qui devraient, à son avis, disposer de structures pour faciliter leur impartialité, leur indépendance et avoir une structure hiérarchique claire.  Il a également fait part de la préoccupation de sa délégation relative au fait que les agences des Nations Unies disposent de moins en moins de ressources de base qui sont pourtant celles qui permettront de promouvoir l’équité dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030. 

Mme BAGDASAROVA (Bélarus) a été d’avis qu’il fallait réorganiser le système des Nations Unies pour le développement afin de le rendre plus transparent, plus responsable et davantage cohérent avec les priorités nationales des pays aidés.  Elle a d’ailleurs insisté sur la prise en compte des priorités nationales dans la mise en œuvre des activités opérationnelles de développement.  Elle a également souhaité qu’un travail plus systématique soit enclenché, et qu’un mécanisme de coordination soit mis en place, pour cibler spécifiquement les besoins particuliers de pays à revenu intermédiaire.

La création de partenariats entre mécanismes régionaux de développement pourrait aussi favoriser la mise en œuvre des objectifs de développement durable, selon la déléguée qui s’est par ailleurs dite inquiète du déséquilibre entre les ressources de base et les autres ressources consacrées aux activités opérationnelles de développement.  Cette situation conduit, selon elle, à une politisation de l’allocation des fonds.  Se disant enchantée par la réforme du système des Nations Unies pour le développement, elle a mis en garde contre « des réformes pour la réforme », appelant plutôt à viser des résultats tangibles.  Il faut que ce processus aboutisse à mieux tirer parti des avantages comparatifs des différentes entités du système des Nations Unies pour le développement, a-t-elle dit.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a estimé que la coopération Sud-Sud constituera un outil essentiel et complémentaire dans le contexte de la grande mobilisation de ressources nécessaires à la mise en place du Programme 2030, en ce qu’elle peut apporter des solutions adaptées et efficaces.  Elle a noté que, ces dernières années, cette coopération a augmenté principalement dans les domaines du transfert de technologies, de l’échange d’expériences et d’experts.  Pour ce qui concerne le Honduras, quelque 50 projets ont été mis en place en 2016 avec 7 pays de la région latino-américaine dans des domaines aussi divers que l’éducation, la santé, le développement économique et social, la gestion des ressources hydriques, le secteur forestier et l’environnement.  Et plus ce type d’initiatives augmente, plus la capacité du gouvernement de les gérer et d’optimiser les effets de la coopération s’affinent, a fait observer la délégation, qui a indiqué que ces bonnes pratiques et expériences étaient désormais disponibles dans un catalogue d’offres appelé « Compartiendo Honduras » (Partager le Honduras).  En juillet, il est devenu le premier pays à signer un mémorandum d’accord avec le système pour le développement par le biais du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud et pour renforcer l’échange d’expériences entre pays en voies de développement.

Pour M. ALAIN WILFRIED BIYA (Cameroun), tout repositionnement du système des Nations Unies pour le développement ne peut être décidé qu’au moyen d’une résolution négociée au niveau intergouvernemental, comme le prévoit le paragraphe 20 de la résolution 71/243 sur l’examen quadriennal complet.        « II faudrait, en outre, se garder de prendre des décisions à la hâte au mépris du nécessaire respect des procédures et de l’autorité des organes intergouvernementaux », a-t-il prévenu.  Le Cameroun est d’avis que tout repositionnement dudit système devrait accorder une place centrale au principe de l’alignement sur les priorités nationales.  Il a aussi appelé à « conjurer la tentation de s’éloigner des questions essentielles de développement par l’inclusion de thématiques telles que la pérennisation de la paix ou la prévention des conflits ».  Une telle démarche ne violerait pas seulement la division du travail au sein de l’Organisation, mais elle ouvrirait aussi la porte à la politisation des activités de développement des Nations Unies, a-t-il craint.  Il a expliqué que les questions de paix et de prévention des conflits relèvent davantage de mécanismes distincts dont on peut, lorsque cela s'avère nécessaire, renforcer la collaboration et la complémentarité avec le système de développement de l’Organisation.

S’agissant du financement, le Cameroun indique que tout processus de « réforme », de « repositionnement » ou d’« adaptation » ne serait que cosmétique et sans enjeu réel s’il ne permettait pas de restaurer l’indépendance et l’impartialité du système onusien de développement.  Il a préconisé un équilibre judicieux entre les ressources ordinaires, non liées, et les ressources liées dites « préaffectées ».  De même, selon le Cameroun, il est difficilement envisageable d’accorder une suite favorable à toute proposition qui engendrerait une augmentation des dépenses liées aux postes et des autres dépenses de gestion, au détriment des ressources devant être allouées aux projets et programmes de développement sur le terrain.  Le représentant a en outre indiqué que le Cameroun était disposé à apporter son soutien aux propositions visant à renforcer l’obligation redditionnelle du système des Nations Unies pour le développement vis-à-vis des États Membres.  L’une des solutions pourrait provenir d’un renforcement des liens entre d’une part, les conseils d’administration et la session de l’ECOSOC sur les activités opérationnelles et, d’autre part, le Comité du Programme et de la Coordination (CPC) qui est chargé d’examiner le Rapport du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination. 

 À propos de la nécessité de réviser les schémas de coopération au développement, M. ROLANDO CASTRO (Costa Rica) a prôné une approche multidimensionnelle dans la lutte contre la pauvreté et les efforts de développement, se disant convaincu de la nécessité de réduire les failles structurelles en se concentrant sur l’efficacité, la transparence, la reddition de comptes et la gestion par rapport aux résultats.  Les lignes de financement international pour le développement étant une question prioritaire pour son pays, le Costa Rica demande le respect de l’engagement des pays donateurs de verser 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement.

Quant au financement concessionnel, le Costa Rica considère qu’il devrait tenir compte du niveau de développement de chaque pays bénéficiaire, dont son niveau de revenus, ses capacités institutionnelles, ses vulnérabilités particulières et ses caractéristiques spéciales de pays à revenu intermédiaire, ces derniers étant souvent exclus de ces financements.  Dans le contexte de son entrée dans ce groupe de revenus, la stratégie de coopération internationale du Costa Rica s’oriente vers la construction d’alliances entre pays dont le niveau de développement est relativement équivalent ou inférieur, pour promouvoir ou renforcer la coopération triangulaire.  Quant à la coopération Sud-Sud, le Costa Rica considère qu’elle doit se fonder sur l’échange solidaire entre pays en développement, en suivant trois principes de base: l’horizontalité, le consensus et l’équité.

Pour M. LEULSEGED TADESSE ABEBE (Éthiopie), le Programme 2030 exige de nouveaux cadres de gouvernance à tous les niveaux et la mise en place de la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  Celle-ci s’impose à l’heure où les pays en développement doivent pouvoir compter sur un système plus efficace dans son soutien à la mise en œuvre de ce Programme.  À cet égard, il a insisté sur les notions d’appropriation et de leadership national, exigeant des réponses taillées sur mesure pour le contexte national plutôt qu’une approche uniforme du développement.  L’ONU étant le principal partenaire de développement de l’Éthiopie, son représentant attend le rapport de décembre du Secrétaire général avec intérêt et espère qu’il sera en mesure d’apporter des éléments de réponse au défi du financement du développement par des ressources de base.

Le représentant a également vanté les mérites de la coopération Sud-Sud en tant que facteur majeur de développement pour le monde en développement, y compris les pays les moins avancés.  Cette forme de coopération va bien au-delà de l’assistance technique et des échanges de connaissances, a-t-il souligné en signalant qu’elle comprend désormais les échanges commerciaux, les investissements, les infrastructures et la connectivité.  Il a plaidé en faveur de l’institutionnalisation de cette forme de coopération tout en précisant qu’elle est complémentaire de la coopération Nord-Sud et ne la remplace pas.

Mme LUO JIN (Chine) a estimé que la mise en œuvre du QCPR devrait permettre de s’assurer que les activités opérationnelles de développement tiennent compte des priorités et spécificités des pays bénéficiaires.  L’éradication de la pauvreté devrait en outre être la priorité majeure de ces activités, a-t-elle recommandé en souhaitant à cet égard le renforcement de la fonction de développement des Nations Unies.  C’est pourquoi il faut réformer le système des Nations Unies pour le développement, afin notamment de fournir un soutien plus fort aux États en développement, a-t-elle lancé en préconisant de la faire mener par les États Membres pour garantir que des bénéfices réels profitent aux populations des pays en développement.  Elle a rappelé le principe de responsabilité commune mais différenciée dans le contexte de l’appui international au développement, invitant les pays développés à respecter leurs engagements en matière de l’aide publique au développement (APD).  Ces pays doivent aussi fournir des ressources appropriées pour les activités de développement du système des Nations Unies, a-t-elle plaidé, précisant qu’il faut notamment se concentrer sur la fourniture de ressources de base.  

Par ailleurs, la déléguée a salué le rôle que joue la coopération Sud-Sud dans le cadre du développement international, tout en précisant qu’elle ne doit pas se substituer à la coopération Nord-Sud.  Avec 1,3 milliard d’habitants, la Chine s’est engagée à faire sortir les populations rurales de la pauvreté, tout en soutenant les pays amis dans le cadre, par exemple, du Fonds d’assistance de la coopération Sud-Sud et de l’Institut pour la coopération Sud-Sud.

Mme PUNNAPA PARDUNGYOTEE (Thaïlande) a affirmé que son pays, qui accueille plus de 50 agences onusiennes, était en faveur d’une coordination accrue entre agences grâce à l’équipe pays de l’ONU, mais aussi entre cette dernière et le gouvernement hôte.  Elle a jugé important que le coordonnateur résident soit doté des compétences nécessaires pour occuper ce poste et qu’il comprenne les priorités du pays hôte.  La Thaïlande, qui abrite la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), est en faveur d’un échange de bonnes pratiques entre commissions économiques régionales et les autres organisations régionales et sous-régionales, a-t-elle affirmé.  Elle a également souhaité que l’Assemblée générale soit pleinement impliquée dans le processus d’examen en cours du système chargé du développement à l’ONU.  La représentante a insisté sur l’importance de la coopération Sud-Sud, complément indispensable de la coopération Nord-Sud.  Enfin, elle s’est félicitée de la réouverture du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud (UNOSSC) à Bangkok et a appelé les pays à appuyer ledit Bureau.

Pour M. LEONARD NKHOMA (Zambie), la coopération Nord-Sud et la coopération triangulaire sont des éléments clefs pour la mise en œuvre du Programme 2030, que la coopération Sud-Sud peut complémenter mais pas substituer.  Cette dernière représente cependant un potentiel important pour contribuer à faire avancer les programmes de développement nationaux équitables, car elle utilise les forces spécifiques de la région.  Le représentant a appuyé l’appel en faveur de l’intégration de la coopération Sud-Sud et triangulaire dans le Programme 2030, soulignant, à cet égard, le rôle des commissions régionales de l’ONU.  Il a appelé à multiplier les efforts d’intégration régionale et sous-régionale en ce qui concerne les nouvelles initiatives de coopération Sud-Sud.  Conscient que les échanges commerciaux entre pays du Sud ont changé les caractéristiques géographiques du commerce international, des échanges ont été un moteur de la croissance économique, il a ajouté que la coopération Sud-Sud avait été un facteur de stabilisation de plusieurs économies en développement.  La Zambie se félicite de l’appui dont bénéficie cette forme de coopération dans le cadre des Forums Afrique-Inde; Afrique-Chine; Afrique-Brésil ou encore Malaisie-Zambie.

M. NECTON D. MHURA (Malawi) a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fait partie des changements opérés par l’ONU pour « se réconcilier avec les populations ».  Le Malawi rappelle l’importance du QCPR et apporte son soutien au Secrétaire général et à la Vice-Secrétaire générale dans leurs efforts de réforme du système des Nations Unies.  Les agences, fonds et programmes de l’ONU sont essentiels, a-t-il souligné, pour la réussite de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il faut donc renforcer les partenariats au sein du système et entre ce dernier et les acteurs externes.  Le Malawi déplore la baisse des ressources de base et l’augmentation des ressources préaffectées, a déclaré le représentant, estimant que les pratiques actuelles de financement risquent de conduire à l’échec de la mise en œuvre du Programme 2030.  Le délégué a en outre invité le PNUD à mettre sur pied des actions concrètes, accompagnées de financements appropriés, pour la promotion de la coopération Sud-Sud.

Mme PHOUTABANH OUANEPHONGHALEUNE (République démocratique populaire lao) a souligné, à l’instar du Secrétaire général, que le système de développement des Nations Unies doit accélérer la transition enclenchée avec les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) pour pouvoir mettre en œuvre le Programme 2030.  Ce système doit devenir plus efficace dans la prestation de ses services aux États Membres. Ce faisant, les agences de développement de l’ONU doivent se focaliser sur l’appui et l’assistance nécessaires au développement des pays, dans le respect de la Charte, de leurs mandats respectifs et des priorités des pays hôtes.  À cet égard, le QCPR doit servir de référence, tout en ayant à l’esprit que les besoins et les défis varient d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre.

En tant que PMA, le Laos a bénéficié d’un appui et d’une assistance au cours de ces dernières années qui ont grandement contribué à son développement socioéconomique.  Pour cette raison, une collaboration continue avec le système onusien de développement demeure cruciale, et ce, pour une mise en œuvre efficace du plan socioéconomique national, présent et futur, des initiatives mondiales de développement comme le Programme 2030 et l’Accord de Paris.  La réalisation des objectifs de développement durable étant la plus critique, la représentante s’est inquiétée de la baisse persistante des ressources clefs, et a appelé les États Membres, principalement les pays développés, à contribuer au financement du budget ordinaire et à s’abstenir de réserver des fonds aux activités opérationnelles de sorte que les agences onusiennes puissent concrètement s’acquitter de leur mandat et fournir un service efficace aux États Membres.

Pour Mme LIVIA OLIVEIRA SOBOTA (Brésil), la résolution adoptée l’an passé sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies est une bonne base pour le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement et pour la mise en œuvre du Programme 2030 au niveau des pays.  À cet égard, le Brésil appuie la vision globale présentée par le Secrétaire général dans son rapport et apprécie l’accent qu’il met sur l’appropriation et le leadership national dans ces efforts.

La représentante a fait des propositions pour favoriser les délibérations des États Membres sur les activités opérationnelles de développement, en insistant notamment sur la nécessité d’améliorer la coordination interagences.  En outre, elle a demandé que les pays les plus vulnérables fassent l’objet d’une attention particulière, tout en ayant une souplesse suffisante pour pouvoir opérer dans les contextes de développement spécifiques à chaque pays.   Renforcer les équipes pays et le système des coordonnateurs résidents est un moyen efficace, selon elle, pour rationaliser les efforts et mieux rentabiliser les bureaux pays au service du développement durable.  Elle a également plaidé en faveur de la promotion de la coopération Sud-Sud, jugeant crucial le rôle du Bureau pour la coopération     Sud-Sud.

M. ELAWAD (Soudan) a demandé que la réforme du système des Nations Unies pour le développement permette de rendre celui-ci plus adapté au soutien à apporter aux pays en développement dans leurs efforts visant à mettre en œuvre le Programme 2030.  Il est en effet très important de renforcer les capacités des pays en développement dans cette optique, tout en tenant compte du contexte et des priorités propres à chaque pays.  Le Soudan réaffirme l’importance du QCPR et estime qu’il est l’outil idoine pour rendre les activités opérationnelles de développement plus efficientes.  Le représentant a affirmé, en outre, que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sont toutes aussi importantes pour accompagner le développement, mais, a-t-il précisé, elles viennent en complément de la coopération Nord-Sud et ne sauraient s’y substituer.

Ayant retenu que la plupart des entités du système de développement des Nations Unies couvrent chacune six objectifs de développement durable, M. VUSUMUZI NTONGA (Zimbabwe) a dit voir là l’illustration même de l’urgence qu’il y a à « institutionnaliser » la culture de la collaboration entre ces entités pour tirer parti de leurs avantages comparatifs et veiller à ce que le travail sur les objectifs de développement durable soit complémentaire et non répétitif.  La culture de la collaboration, a-t-il ajouté, aurait aussi le mérite d’assurer une allocation plus équitable de l’expertise et des ressources à tous les 17 objectifs de développement durable.  Améliorer le financement du système de développement des Nations Unies est « essentiel », a poursuivi le représentant, rappelant que les États Membres ne cessent de dénoncer le déséquilibre entre les ressources de base, estimées par le Secrétaire général à 20%, et les ressources extrabudgétaires.  Le représentant a donc fermement appuyé la recherche de moyens plus novateurs et de nouveaux partenariats pour combler ce fossé, étant entendu que tout nouveau partenariat sera soumis à un contrôle adéquat et que ses objectifs resteront conformes à ceux fixés par les États Membres.

Conscient néanmoins qu’une diminution des ressources extrabudgétaires est peu probable, le représentant a estimé qu’il fallait alors travailler sur leur prévisibilité et leur conformité avec les mandats fixés et les priorités nationales.  Il faut, s’est-il expliqué, éviter que ces ressources ne consolident la primauté de certains objectifs sur d’autres.  En conclusion, le représentant a insisté sur l’importance de l’appropriation nationale et du lien entre aide humanitaire et aide au développement, sans oublier celle de la coopération Sud-Sud.  « Nous sommes fiers des principes d’appropriation et de souveraineté nationales qui guident notre coopération avec nos partenaires du Sud », a conclu le représentant. 

M. WON DOYEON (République de Corée) a demandé qu’il y ait plus de coordination entre les trois piliers de la réforme du système des Nations Unies pour le développement en vue de créer les synergies nécessaires entre les volets humanitaire, développement et consolidation de la paix.  L’ONU devrait adopter une approche innovante et une nouvelle culture pour maximiser le potentiel d’une approche coordonnée sur le terrain.  Sa délégation appelle, en outre, à une réforme urgente des mesures de financement de ce système, afin de sécuriser suffisamment de fonds de base et faire face au déséquilibre croissant entre ressources de base et ressources préaffectées.  À ce titre, il a dénoncé le fait que 90% des financements préaffectés aient été alloués à un seul projet de donateur.  La Corée a également bon espoir que ce processus de réforme permettra de dépasser la bureaucratie et la lourdeur administrative du système.  Elle accorde un intérêt particulier aux mesures de gouvernance horizontale et aux mesures visant les configurations pays.

M. SHANKER DAS BAIRAGI (Népal) a demandé le renforcement du système onusien pour le développement pour mieux répondre aux besoins des pays en développement, en particulier les pays les moins avancés qui souffrent d’un enclavement géographique ou les petits États insulaires.  Il a souligné la nécessité de disposer de statistiques plus fiables et accessibles et a demandé, à cette fin, le renforcement des capacités nationales dans ce domaine.  La Commission de statistique de l’ONU devrait être dotée des ressources nécessaires, a-t-il poursuivi.  Jugeant que le pilier développement de l’ONU avait toujours été « historiquement faible », le délégué a salué les efforts en cours du Secrétaire général visant à corriger cet état de fait.  Des moyens adéquats pour la mise en œuvre des programmes onusiens de développement doivent être prévus, a-t-il souhaité.  Enfin, le représentant du Népal a demandé « une élévation institutionnelle » de la coopération Sud-Sud, ainsi que l’élargissement de son domaine d’action.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a souligné l’aspect vital d’un accès à des ressources financières prévisibles et demandé un renforcement des partenariats et initiatives en faveur du développement prévus par le Programme d’action     d’Addis-Abeba.  Le délégué a également demandé la correction du déséquilibre constaté entre ressources de base et les autres ressources, les premières ressources citées jouant en effet un rôle important pour garantir la souplesse dans le fonctionnement des agences onusiennes.  À cette fin, il a demandé aux partenaires de développement d’honorer leurs engagements au titre de l’APD.  Le délégué a, en outre, souhaité que l’ONU embauche davantage au sein des pays qu’elle sert.  Enfin, le délégué a dit attendre avec impatience les recommandations du Secrétaire général qui doivent être rendues publiques en décembre prochain.  Le Mozambique appuiera la réforme du système onusien pour le développement, a conclu M. Gumende.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a indiqué que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire constituent un axe stratégique de la politique extérieure de l’Argentine.  Le Fonds argentin de coopération Sud-Sud et triangulaire, qui fête ses 25 ans, permet le développement et la mise en place de projets de coopération technique dans des domaines tels que l’agro-industrie, la sécurité alimentaire, la science et la technologie, et la santé.  La coopération Sud-Sud a permis aux pays en développement de renforcer leurs capacités institutionnelles, de remédier aux asymétries, d’encourager un développement inclusif, de construire des politiques publiques et d’articuler des positions communes dans les plateformes et les forums internationaux, a expliqué M. García Morítan.  Il a estimé que la coopération Sud-Sud et triangulaire devrait devenir un élément clé dans l’Alliance mondiale pour le développement durable, en complément de l’APD, le principal défi étant de trouver un cadre stratégique en appui à la mise en œuvre du Programme 2030 et des autres accords internationaux.  À cet égard, la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, qui aura lieu à Buenos Aires en mars 2019, sera l’occasion d’approfondir la compréhension des différentes dynamiques qui poussent cette coopération.

M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a dit attendre avec impatience le rapport du Secrétaire général, prévu pour décembre prochain, sur la réforme du système des Nations Unies pour le développement, souhaitant qu’il soit assez exhaustif pour guider les négociations intergouvernementales et que sa publication ne soit pas précédée d’actions ou de mesures.  La délégation du Japon entend échanger à ce sujet avec le Secrétariat, de manière interactive, a-t-il annoncé, souhaitant ainsi recevoir à l’avance des propositions devant figurer dans le rapport, et soumettant par la même occasion des suggestions qu’elle jugerait importante. 

Le représentant a anticipé en posant plusieurs questions sur la réforme du système des coordonnateurs résidents.  « Comment cette fonction pourrait-elle être plus indépendante et revigorée?  Comment les coordonnateurs résidents devront-ils interagir avec d’autres acteurs?  Comment seront-ils soutenus à la fois par le Siège et par les pays?  Comment leurs activités seront–elles financées?  Comment le système des Nations Unies va-t-il s’assurer de leur efficacité sur le terrain? »  Il a invité le Secrétariat à apporter des réponses claires à ces préoccupations.

M. MOURAD MEBARKI (Algérie) a affirmé qu’un système des Nations Unies renouvelé et plus performant ne saurait s’élaborer en dehors d’une réforme globale des Nations Unies, estimant qu’il s’agit d’une question de cohérence intimement liée à l’efficacité de l’ONU et à sa crédibilité.  En prélude au rapport à venir du Secrétaire général prévu en décembre prochain, l’Algérie propose que les rapports du Secrétaire général soient mieux structurés, de telle sorte qu’il serait plus aisé d’identifier les problèmes nécessitant par exemple des décisions des États Membres ou des organes de décision des entités du système.  Selon l’Algérie, le Secrétaire général pourrait, par exemple, accompagner chacun de ses rapports d’une « note concise dans laquelle il identifie les actions requises et d’autres questions d’urgence et prioritaires ».  Il a, par ailleurs, attiré l’attention sur la question du financement des activités opérationnelles de développement, tout comme sur celle du système de coordonnateur résident dont « le mode de désignation devrait obéir à des critères de compétence, de transparence et d’équité en termes de représentation géographique ».

Pour Mme HATTANE (Maroc), la mise en œuvre du Programme 2030 nécessite une action concertée du système des Nations Unies pour le développement, et même une redynamisation de l’approche « multilatéraliste ».   Le Maroc soutient le processus de consultation lancé par le Secrétaire général sur le repositionnement de ce système au service de la coopération internationale et souhaite que ce processus débouche sur des résultats tangibles pour donner un nouvel élan à l’action des agences de développement de l’ONU.  Pour cela, la représentante a estimé qu’il fallait tenir compte de trois éléments, à savoir respecter le modèle de développement et la spécificité de chaque pays; veiller à ce que le plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) soit l’instrument de coopération avec chaque pays en vue de renforcer la contextualisation et l’appropriation des objectifs de développement durable; et enfin, renforcer le principe de reddition de comptes au niveau des organes intergouvernementaux selon le mandat de chaque entité du système des Nations Unies.  Le Maroc insiste, en outre, sur la nécessité de rationaliser les dépenses du système des Nations Unies pour le développement et d’aboutir à un équilibre entre les ressources de base et les ressources extrabudgétaires en vue de pouvoir assurer un financement viable du développement durable.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a souligné la nécessité, pour un système onusien pour le développement renouvelé, de se concentrer sur les priorités spécifiques d’un pays afin d’apporter une solution qui lui soit propre.  Il a en effet mis en garde contre une approche unique qui serait appliquée à tous, avant d’affirmer que les populations devraient être au cœur des efforts dudit système.  « Donner la priorité aux peuples signifie protéger, en toutes circonstances, la dignité de la personne, ainsi que ses droits fondamentaux, et spécifiquement, les droits à la vie et à la liberté de religion, desquels tous les autres droits découlent et qui sont, par conséquent, la base commune des piliers de la paix, de la sécurité et d’un développement humain intégral. »  Le nonce a estimé que ces deux derniers droits étaient en effet inséparables des autres droits et libertés fondamentales permettant une vie digne sur les plans spirituel, matériel et intellectuel pour chaque individu et sa famille.  Parmi ces droits, il a cité le droit à la nourriture, le droit à l’eau et le droit au travail.  Rappelant la nécessité de respecter chaque culture et système de valeurs, le délégué a indiqué que les programmes de développement ne devaient pas imposer « des idées controversées visant à changer ces cultures et systèmes de valeurs ».  Le conditionnement d’une aide financière à l’introduction d’idées qui ne respectent pas les valeurs de ses récipiendaires relève de ce que le pape François appelle « la colonisation idéologique », a conclu Mgr Auza.

Mme HIROKO MURAKI GOOTLIEB, de la Chambre de commerce internationale (CCI), a plaidé pour le renforcement de la coopération Sud-Sud, qui passe par celui du multilatéralisme.  Elle a également plaidé pour le renforcement des capacités, surtout en faveur des femmes et filles et des populations vulnérables, et de la redynamisation du commerce multilatéral.  Pour la déléguée, le Programme de financement du commerce international est un outil idoine de soutien au commerce, comme cela est mentionné explicitement dans le Programme d’action d’Addis-Abeba.  « C’est un outil essentiel de soutien à la croissance des entrepreneurs en permettant l’accès aux marchés mondiaux et aux chaînes de valeur », a-t-elle expliqué en observant aussi que c’est un outil particulièrement important pour les petites et moyennes entreprises des pays en développement.  La CCI collabore avec l’équipe spéciale interinstitutions sur le financement du développement pour organiser, au Siège de l’ONU le mois prochain, une réunion d’experts sur le financement de ce programme qui traitera du renforcement du commerce international.

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