Soixante-douzième session
27e séance – matin
CPSD/656

La Quatrième Commission demande l’envoi d’une mission en Nouvelle-Calédonie à l’approche du référendum de 2018

Israël rejette le rapport du Comité spécial sur les pratiques israéliennes

Après avoir achevé son débat sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, la Quatrième Commission a adopté, aujourd’hui, trois textes sur les territoires non autonomes, dont la Nouvelle-Calédonie, et l’île de Guam.

Un travail « biaisé », « un recueil de rumeurs et d’allégations sans fondements ».  C’est avec ces mots que le représentant d’Israël a rejeté avec force le rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques de son pays dans les territoires occupés qui avait été présenté hier à la Commission, appelant par ailleurs les États Membres à mettre un terme à son « mandat déshonorant ». 

Regrettant « un rituel annuel », synonyme de « perte de temps et de ressources » pour les Nations Unies, il a dénoncé l’absence de référence, dans ce document, « à l’organisation terroriste internationalement reconnue » du Hamas, déplorant en outre un rapport qui a « l’audace de critiquer le système judiciaire israélien », soulignant que son pays est la seule démocratie au Moyen-Orient où les citoyens –juifs ou arabes- bénéficient de procès équitables.

Face à un rapport qui fait état d’une détérioration alarmante des droits de l’homme dans les territoires occupés, le représentant israélien a mis en avant les mesures « positives » prises par son pays pour « améliorer les conditions humanitaires dans la bande de Gaza, tout en préservant la sécurité des citoyens israéliens », citant notamment la rénovation et la construction de 100 000 logements et de centaines d’écoles.  En une journée, a-t-il souligné, 78 365 personnes entrent en Israël à partir de la Cisjordanie, dont 53 295 pour travailler et 9 711 pour des raisons médicales.  Il a aussi mis en avant l’assistance de son gouvernement aux victimes de la guerre en Syrie, précisant que 600 enfants et 3 000 blessés de guerre ont été traités dans des hôpitaux israéliens depuis 2013, sans oublier la livraison de vivres, d’essence et de vêtements.

Aux antipodes de cette analyse, les autres délégations ont soutenu le Comité spécial et son analyse, rappelant notamment que des organisations israéliennes de défense des droits de l’homme avaient aidé le Comité spécial à rédiger ce rapport, à défaut de voir le Gouvernement israélien coopérer avec lui.

Aujourd’hui encore, les délégations, à une écrasante majorité, ont déploré la persistance de l’occupation des territoires palestiniens et du Golan syrien, la poursuite de la colonisation, des destructions ou des confiscations de terres et de propriétés palestiniennes, ainsi que « la punition collective » imposée avec le blocus de Gaza.  Elles ont aussi, une fois de plus, déploré l’impunité dont jouit Israël, qui « mine la crédibilité des Nations Unies ».

Plusieurs délégations ont, dans ce contexte, réclamé une nouvelle fois que la Palestine soit reconnue comme État membre à part entière des Nations Unies, défendant la solution politique des deux États, dans la limite des frontières de 1967.  La Libye a en outre dénoncé l’inertie des Nations Unies et des pays occidentaux qui, 20 ans après les accords d’Oslo et 15 ans après l’Initiative de paix arabe, tolèrent l’impunité israélienne.  « On est en droit de se demander comment une telle force occupante peut-elle être soutenue et se présenter comme victime éternelle alors que c’est le bourreau? », a notamment lancé le représentant libyen.

Usant de son droit de réponse, l’observatrice palestinienne a accusé Israël de faire obstacle à tous les efforts déployés pour trouver une solution juste et durable au conflit, déplorant « l’audace » de son représentant qui « feint de se préoccuper des ressources des Nations Unies, mais a toujours foulé au pied son autorité et violé ses résolutions ».

À l’issue de ce débat, les États Membres ont adopté trois projets de résolutions sur les territoires autonomes, qui avaient nécessité des consultations plus longues.

Adopté par consensus, le projet sur la Nouvelle-Calédonie (A/C.4/72/L.15) réaffirme que c’est au peuple néo-calédonien qu’il appartient de déterminer librement et équitablement son futur statut politique.  Il demande notamment l’envoi d’une mission de visite dans la perspective du référendum d’autodétermination de 2018 prévu par les Accords de Nouméa, notamment pour étudier la composition du registre électoral, reflétant ainsi la requête de certains pétitionnaires Kanaks intervenus lors du débat général de la Commission.

Contrairement aux années précédentes, le projet de résolution sur l’île de Guam a été adopté après mise aux voix par 80 pour, 9 contre (États-Unis, France, Iraq, Israël, Japon, Malawi, Maroc, Ukraine et Royaume-Uni,) et 62 abstentions.  « Dépité » d’avoir été contraint de s’opposer au texte, le représentant des États-Unis a mis en cause les pressions vénézuéliennes pour politiser le texte, pointant notamment l’appel à éviter les activités militaires dans les territoires non autonomes et réaffirmant le droit de son pays à mener ces activités conformément à ses intérêts nationaux.

Enfin, le projet portant sur les « activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes » (A/C.4/72/L.14), modifié pour intégrer les conséquences des ouragans Maria et Irma, a été adopté par 154 voix pour.  Mis aux voix à la demande du Royaume-Uni, qui s’est abstenu avec la France, tandis que les États-Unis et Israël s’y opposaient, le texte demande notamment aux puissances administrantes concernées d’apporter toute l’assistance nécessaire aux habitants des territoires non autonomes touchés par ces catastrophes naturelles.  Il réaffirme aussi les préoccupations liées aux activités d’exploitation des ressources naturelles qui sont le patrimoine des peuples des territoires non autonomes, ainsi que la nécessité d’éviter toutes les activités économiques et militaires qui seraient préjudiciables aux intérêts des peuples de ces territoires.

La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) achèvera ses travaux le vendredi 10 novembre.

RAPPORT DU COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ D’ENQUÊTER SUR LES PRATIQUES ISRAÉLIENNES AFFECTANT LES DROITS DE L’HOMME DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPÉS (A/72/296, A/72/314, A/72/538, A/72/539, A/72/564 ET A/72/565)

Clôture du débat général

M. AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a appelé à la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’ONU et de l’Initiative de paix arabe afin de relancer la solution des deux États, qui permettra, a-t-il dit, de mettre fin aux violations compilées dans les rapports du Comité spécial, et, ainsi, d’instaurer une paix durable au Moyen-Orient.  Le délégué a considéré que la première condition à une reprise du processus de paix est la cessation immédiate des activités de peuplement dans tous les territoires arabes, y compris, « bien sûr », le Golan syrien occupé.  Il a en outre insisté sur la nécessité de saisir l’opportunité offerte par le récent accord de réconciliation palestinien pour contribuer à la revitalisation des pourparlers de paix.  Le représentant égyptien a souligné que la paix représentait pour les parties israélienne et palestinienne un véritable choix stratégique pour tout le monde arabe, « ce qu’édicte clairement l’Initiative de paix arabe de 2002 ».

Mme SONIA ISHAQ AHMAD SUGHAYAR (Jordanie) a mis en évidence les répercussions des pratiques israéliennes et l’engagement de son pays dans le processus de paix.  Elle a dénoncé les violations répétées commises par Israël dans les territoires palestiniens occupés, notamment son projet de construire de nouvelles colonies de peuplement à Jérusalem-Est, qui montre, a-t-elle affirmé, qu’Israël « a fait demi-tour et va à l’encontre de tous les efforts de paix ».  Elle a aussi condamné les attaques répétées contre la mosquée Al-Aqsa, qui sont « un problème pour les Palestiniens et l’ensemble du monde musulman ».  Constatant qu’Israël ne respecte pas ses obligations avec les pays voisins, pas plus que les règles liées aux lieux saints, elle a rappelé que la Jordanie est la garante de l’esplanade des mosquées, condamnant par ailleurs toute législation qui vise à changer la nature et le statut de Jérusalem-Est.  « Mon pays fera des efforts, notamment au sein de l’UNESCO, pour préserver son statut historique », a-t-elle fait savoir.

La représentante a ensuite averti que les mesures discriminatoires d’Israël envers le peuple palestinien encouragent le terrorisme et attisent les tensions dans la région.  « Ce pays doit cesser ses tentatives unilatérales de prendre le contrôle de Jérusalem-Est et du territoire occupé.  Israël ne parviendra pas à empêcher la constitution d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale » a martelé la représentante.  Elle a par ailleurs estimé que l’Initiative de paix arabe est toujours possible, même si elle n’a pas été appuyée par Israël.  Elle a également affirmé que la réconciliation palestinienne témoigne du fait que tout obstacle peut être dépassé si la volonté politique existe, appelant à mettre de côté « les intérêts nationaux restreints » et à privilégier des mesures bénéfiques pour les peuples israélien et palestinien.

M. MINA (Bangladesh) a regretté que le rapport du Comité Spécial ait été produit, une fois de plus, sans que ses membres aient pu se rendre dans les territoires occupés et sans la coopération des autorités israéliennes.  Soulignant que ces dernières ont même refusé de donner des visas aux Palestiniens qui devaient témoigner devant le Comité à Amman, il a appelé Israël à changer d’attitude face à l’urgence de la situation mise en lumière par le Comité Spécial.  Selon le délégué, la colonisation continue et la construction continue du mur en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sont devenues les menaces principales à la solution des deux États.  Il a rappelé que ce phénomène de colonisation conduisait à empiéter sur l’habitat et les terres agricoles du peuple palestinien et provoquait non seulement son déplacement, mais la perte de son mode de vie traditionnel.  Il a aussi dénoncé l’usage excessif de la force par Israël qui, a-t-il ajouté, se rend coupable de « traitements souvent inhumains ».

Tournant ensuite son attention sur le blocus de Gaza, le représentant a dénoncé cette « punition collective contre deux millions de personnes pour châtier certains individus ».  Il a décrit la situation à Gaza comme « intenable » et prévenu qu’elle pourrait devenir « invivable à l’horizon 2020 », appelant la communauté internationale à faire pression sur Israël pour lever « ce blocus injustifié ».  Il a regretté l’absence d’une volonté politique claire et affirmée pour mettre en œuvre la résolution 2334 du Conseil de sécurité.

M. BENJAMIN KRASNA (Israël) a déploré cette réunion devenue « un rituel annuel », synonyme de « perte de temps et de ressources » pour les Nations Unies, pour parler d’un rapport « biaisé » produit par « un mandat illégitime » et rédigé par des gens qui ont déjà « des préjugés et agenda contre Israël », sur la base d’« un recueil de rumeurs et d’allégations sans fondements ». 

Il a notamment reproché au rapport du Comité spécial de ne contenir aucune référence au Hamas, désigné internationalement comme une organisation terroriste et qui impose « une politique de terreur et de brutalité sur les habitants de Gaza et détourne l’aide humanitaire ».  Le rapport a aussi « l’audace de critiquer le système judiciaire israélien, qui a toujours protégé ses citoyens, juifs ou arabes » a-t-il poursuivi, soulignant ensuite qu’il n’y avait qu’Israël au Moyen-Orient, où les procès sont équitables avec un système législatif ouvert, « la seule démocratie où les gens peuvent faire appel et mettre en cause les décisions des gouvernements ».  Le représentant a aussi dénoncé le fait que le rapport ne fait aucune mention des mesures significatives prises par Israël pour aider les résidents de la bande de Gaza tout en gérant des préoccupations sécuritaires dont les tirs de roquettes sur ses citoyens, et les tentatives du Hamas de s’emparer de biens et de matériels destinés à la reconstruction.  Enfin, a-t-il critiqué, le rapport ne fait pratiquement aucune référence aux conséquences, dans la vie quotidienne à Gaza, des sanctions imposées par l’Autorité palestinienne, notamment leur impact sur la crise de l’électricité.

M. Krasna a ensuite passé en revue les efforts d’Israël pour aider les Palestiniens, notamment dans la bande de Gaza.  Il a rappelé le travail en coopération avec le Mécanisme de reconstruction de Gaza, qui a débouché sur la rénovation et la construction de 100 000 logements, l’autorisation de 817 projets d’écoles dont 160 ont déjà été réalisés et 488 sont en construction.  Israël a aussi facilité le transfert de 6 millions de tonnes de matériel de construction, dont 1 million de tonnes de béton et 190 000 tonnes d’acier, pour des projets financés par la communauté internationale.

Au cours d’une journée, a-t-il poursuivi, 78 365 personnes entrent en Israël à partir de la Cisjordanie, dont 53 295 pour travailler et 9 711 pour des raisons humanitaires, tandis que 13 ambulances y entrent pour des raisons médicales.  En outre, 286 tonnes de produit agricoles sont exportés de Gaza vers Israël et 16 908 tonnes de biens chargés sur 532 camions entrent à Gaza via Israël.  « Tous les types de produits alimentaires entrent dans la bande de Gaza sans aucune restriction », a-t-il assuré, précisant que les restrictions ne concernaient que des produits exploités à des fins terroristes.  « En dépit de la menace des tirs de roquettes du Hamas à partir de la bande de Gaza, Israël a démontré son engagement dans une politique économique visant à améliorer les conditions humanitaires dans la bande de Gaza, tout en préservant la sécurité des citoyens israéliens », a-t-il affirmé.

Le représentant a pointé le risque que cette politique entraîne pour la sécurité de son pays, citant en exemple l’interception, la semaine dernière, de milliers de gants spéciaux utilisés pour l’usage d’armes à feu, dissimulés dans des importations de vêtements, et de bottes militaires présentées comme des chaussures pour l’hiver.

Poursuivant son intervention, M. Krasna a déploré que le rapport du Comité spécial manque de présenter le contexte et la réalité de la situation sur le terrain, et qu’il ne fasse pas mention des 17 israéliens tués au cours de l’année 2017, citant notamment le sort de la famille Salomon assassinée pendant leur repas du shabbat.

Le rapport, a-t-il ajouté, ne fait pas mention non plus de ce qui se déroule de l’autre côté de la frontière, en Syrie, et l’impact de cette situation sur les habitants du plateau du Golan, dont les résidents arabes et druzes, qui craignent les atrocités du régime syrien.  Le représentant a souligné que les tirs de mortiers menaçant la sécurité de tous ceux qui résident dans le Golan, tout comme l’aide humanitaire apporté par Israël aux victimes de la guerre en Syrie, n’étaient pas non plus mentionnés dans le rapport.  Citant des chiffres de l’agence de presse Reuters, il a indiqué que 600 enfants atteints de diabète ou de cancers avaient été traités dans des hôpitaux israéliens, 3 000 blessés de guerre syriens hospitalisés en Israël depuis 2013, tandis qu’un millier d’enfants sont venus en Israël pour des examens médicaux.  En outre, 360 tonnes de vivres, 450 000 litres d’essence, et 50 tonnes de vêtements ont été envoyés en Syrie.

« Israël rejette catégoriquement le mandat du Comité spécial et déplore cette perte de temps et de ressources », a encore insisté le représentant, appelant les États « à mettre un terme à ce spectacle et ces discussions futiles ».  Il a exhorté les États qui croient dans le dialogue et la paix à rejeter le projet de résolution qui appuie « le mandat déshonorant » de ce Comité qui a démontré avec le temps qu’il « n’apporte pas la moindre valeur ajoutée ou contributions positives justifiant la poursuite de ses activités ».  « C’est du déjà vu, encore et encore », a-t-il lancé.

Répondant à l’intervention d’Israël, Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rétorqué que « cette réunion annuelle n’est pas un cirque ».  La semaine dernière, a-t-elle indiqué, nous avons célébré les 100 ans de la déclaration de Balfour, « premier acte de la tragédie qui touche les Palestiniens ».  Elle a rappelé la violation systématique des droits de l’homme commises par Israël, citant les détentions administratives, la démolition de maisons, les châtiments collectifs, autant de « sources de souffrance ».  Elle a regretté que, malgré les nombreuses résolutions exigeant de mettre un terme à ces pratiques, il n’ait pas été possible de faire pencher la balance en faveur des Palestiniens.  Le tableau est sombre, s’est alarmé la déléguée.  Elle s’est toutefois félicitée de la réconciliation politique des Palestiniens au Caire le mois passé, « une source d’espoir qui peut imprimer un nouvel élan à la cause palestinienne », appelant la communauté internationale à préserver cet élan.

La représentante a ensuite réclamé la levée du siège illégal imposé à Gaza.  Elle a souligné qu’il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient sans le règlement du conflit en Palestine, avertissant que rien n’est plus préjudiciable à la solution des deux États que l’implantation de colonies en territoires occupés.  « C’est un revers tragique inacceptable, un camouflet à la paix », a-t-elle lancé.  Elle a ensuite estimé que les incidents entourant la mosquée Al-Aqsa montrent la volonté d’Israël de modifier le statu quo dans la ville de Jérusalem-Est, jugeant cela inacceptable.  Qualifiant la solution des deux États, d’« impératif et incontournable », la déléguée a estimé qu’ « il n’y a pas de plan B », appelant au retrait des forces d’occupation de toutes les terres arabes y compris le Golan syrien occupé.  Elle a par ailleurs rappelé l’importance du travail de l’UNRWA « véhicule de stabilité dans la région » et s’est dite préoccupée par son manque de ressources.  Mon pays a multiplié par deux sa contribution volontaire à l’UNRWA pour 2017, a-t-elle fait savoir.

M. MAZEN AL SWAR (Bahreïn) s’est alarmé des conséquences désastreuses de l’occupation.  Il a condamné les restrictions d’accès imposées aux fidèles qui veulent se rendre à la mosquée Al-Aqsa.  « Il s’agit d’un régime militaire de provocation », a dénoncé le représentant qui a appelé au plein respect de la Quatrième Convention de Genève.  Il a aussi exhorté à lutter contre toute tentative de modifier le statut historique et juridique de Jérusalem-Est.  La communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent faire en sorte que cessent ces pratiques dangereuses, a estimé le représentant, précisant que la question de la Palestine demeurerait une des priorités de son pays.  « Nous appelons à une solution des deux États, conformément à l’Initiative de paix arabe », a-t-il dit.

M. AK MOHD AZIAN PG DATO PADUKA HAJI MAIDIN (Brunei Darussalam) a estimé que les consultations diplomatiques restaient essentielles pour parvenir à une solution durable à « l’interminable » conflit israélo-arabe.  Par conséquent, nous saluons la visite, en août dernier, du Secrétaire général dans la région et encourageons tous les efforts entrepris pour préserver la viabilité de la solution des deux États, a-t-il ajouté.  Le représentant a d’autre part noté avec satisfaction la reconnaissance internationale croissante de l’État de Palestine, l’étape suivante devant être, a-t-il indiqué, l’amélioration des conditions de vie du peuple palestinien ainsi que la promotion et la protection de ses droits.  Nous attendons des Nations Unies qu’elles continuent à galvaniser en ce sens les efforts multilatéraux, afin que puisse être instaurées une paix et une stabilité durables dans la région, a dit le délégué.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba), a regretté les obstacles rencontrés par le Comité spécial pour effectuer ses travaux.  Elle s’est dite préoccupée par la situation au Moyen-Orient et ses conséquences négatives pour le peuple palestinien.  « Nous constatons que la situation reste dramatique » a déclaré la représentante en pointant la confiscation des terres, l’élargissement ou la construction de nouvelles colonies de peuplement dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est.  Israël continue de faire fi de la résolution du Conseil de sécurité exigeant son retrait des territoires occupés, a-t-elle constaté, signalant que les droits de l’homme des habitants du Golan syrien occupé sont aussi violés.

Elle a jugé regrettable que le Conseil de sécurité n’ait pas été capable de parvenir à un accord mettant un terme aux pratiques de colonisation d’Israël, l’exhortant à prendre sans tarder des mesures concrètes pour mettre un terme à ces injustices historiques.  Elle a aussi jugé urgent de lever le blocus imposé à Gaza qui est en proie à une profonde crise humanitaire.  La représentante a ensuite encouragé la reprise du dialogue entre Israël et les autorités palestiniennes, ainsi que la poursuite des efforts de réconciliation et d’unité entre palestiniens qui ont porté leur fruit ces dernières semaines ».  La représentante a aussi partagé l’appui de son pays à une entrée de la Palestine comme membre de plein droit de l’ONU, ainsi qu’à la solution des deux États.

M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a salué le rapport du Comité spécial, en dépit du refus d’Israël de coopérer, estimant que cette attitude montrait que la Puissance occupante ne cherchait pas de solutions à la situation.  Il a déploré « des pratiques criminelles » d’Israël et la détérioration des droits de l’homme des Palestiniens.  Il a critiqué le blocus « brutal » de la bande de Gaza, la poursuite de la politique de colonisation, citant le projet de construction de 50 000 nouveaux logements, et la politique de confiscation de terres justifiées par des arguments juridiques ou administratifs.  Il a aussi déploré « la régularisation abominable des colonies » et la poursuite de la construction « d’un mur de séparation de la honte ».

Le représentant s’est inquiété du fait que l’expansion des colonies occasionne plus de violence et d’intimidation de la part des colons, avec des attaques contre les Palestiniens parfois soutenues par les forces de la Puissance occupante.  Il a dénoncé la punition collective dont sont victimes les Palestiniens avec la confiscation des terres ou leur expulsion « sous prétexte d’absence de permis de construire ou de violations des règlements fonciers ».  Le représentant a aussi critiqué l’usage indiscriminé et disproportionné de la force contre les Palestiniens », déplorant par ailleurs « les détentions arbitraires », avec 6 200 personnes dans les prisons, dont 500 en détention administratives et 331 enfants privés de liberté.

« La situation dans la bande de Gaza est telle que le Secrétaire général a estimé que le blocus pourrait équivaloir à un châtiment collectif », a-t-il poursuivi, soulignant que 40% de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté.  Il a demandé la levée immédiate du blocus de la bande de Gaza.

Déplorant la poursuite de la colonisation du Golan, il a ensuite demandé le retrait immédiat des forces de la Puissance occupante, avant de dénoncer l’impunité dont jouit Israël.  « Combien de temps vont encore durer ces abus, dont certains sont des crimes de guerre, parce que la Puissance occupante se sent protéger par des alliés, ce qui empêche la solution des deux États », s’est-il interrogé, confiant être pessimiste sur la volonté d’Israël de s’acquitter de ses obligations.  « Cent ans après la Déclaration de Balfour le moment est venu pour Israël de cesser d’être Puissance occupante pour devenir facteur de paix », a-t-il lancé, avant d’exhorter la communauté internationale et les Nations Unies à s’engager de manière concrète pour relancer le processus de paix.   

Mme DERLE DEMIREL (Turquie) a estimé que, pour que toute initiative de paix soit couronnée de succès, il faut renforcer les paramètres des résolutions de l’ONU.  Les violations de ces textes doivent être empêchées, les mesures qui contreviennent au droit international doivent cesser et la reddition des comptes et l’état de droit doivent être renforcés, a-t-elle dit.  La représentante a exhorté Israël à répondre aux appels de la communauté internationale en cessant toutes ses activités de peuplement, ainsi que les démolitions de maisons, la confiscation de biens et les autres politiques qui empêchent les Palestiniens d’exercer leur droit au développement.  Elle a par ailleurs salué l’accord palestinien de réconciliation, qu’il a qualifié de pas en avant vers l’unité nationale.  Selon lui, le peuple palestinien mérite à présent la confirmation de la viabilité de la vision des deux États et que soit mis fin à l’interminable crise humanitaire dans la bande de Gaza.

M. WOUTER HOFMEYR ZAAYMAN (Afrique du Sud) a souligné combien la poursuite par Israël des démolitions de maisons palestiniennes, d’implantations de colonies dans les territoires occupés et de l’exploitation des ressources naturelles palestiniennes était associée à l’escalade de la violence et des tensions décrite par le Comité spécial dans ses rapports.  Toutes ces actions, y compris la saisie de terre, le refus d’octroyer des permis de construire à des Palestiniens et la restriction à la liberté de mouvement, sont contraires au droit international, a ajouté le délégué.  Selon lui, il ne fait aucun doute que les violations des droits de l’homme de la « Puissance occupante » sont liées à l’entreprise planifiée de colonisation.  Le représentant a estimé que la situation sur place n’était plus tenable, au point qu’elle devient un obstacle absolu à la paix, à la sécurité, à la stabilité et au développement dans toute la région du Moyen-Orient.  Il a affirmé que la fin de l’occupation est dans l’intérêt tant d’Israël que de la Palestine, et a encouragé l’ensemble des États Membres à orienter les parties vers la recherche d’une solution durable au conflit.  À cet égard, il a jugé que seule la tenue de négociations complètes et inconditionnelles entre les deux parties sur la question du statut final permettrait de parvenir à la paix.

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a déclaré que le rapport du Comité spécial est encore une fois un témoignage de la violation par Israël du droit international, de la Convention de Genève et du droit humanitaire international, dénonçant particulièrement la création de nouvelles colonies et la « judaïsation de Jérusalem-Est ».  En outre, l’expansion des colonies de peuplement constitue une violation fragrante de la résolution du Conseil de sécurité, s’est indigné le délégué.  Le représentant s’est aussi préoccupé des tentatives de changer la composition démographique sur le terrain, insistant sur le fait que Jérusalem-Est fait partie intégrante des territoires occupés.  « Nous dénonçons toute mesure visant à judaïser Jérusalem-Est.  Cela va à l’encontre des efforts visant à trouver une solution juste au conflit au Moyen-Orient, et les pratiques israéliennes minent les efforts de reprise des négociations et la solution des deux États », a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite invité la communauté internationale à trouver une issue à l’impasse dont souffrent les négociations.  « Elle doit prendre l’initiative en faisant preuve de volonté et d’innovation, pour ramener les parties à la table des négociations, sur des bases saines, avec une volonté sincère et un calendrier prédéfini. »  La seule voie pour résoudre le conflit est la négociation, a-t-il martelé.

M. EZZIDIN Y. BELKHEIR (Libye) a dénoncé « la perte d’espoir des Palestiniens en raison de la politique d’Israël », rappelant que les Nations Unies et les Puissances administrantes occidentales avaient demandé aux peuples arabes et palestiniens d’accepter la solution des deux États, « usant de pression politique ».  « Les Palestiniens ont conclu les accords d’Oslo il y a 20 ans, prévoyant qu’ils disposeraient d’un État », a-t-il rappelé, soulignant que face aux difficultés, une nouvelle Initiative de paix avait été présentée en 2002, basée sur un échange de terre contre la paix avec tous les pays arabes.  « Quel est le bilan? », a-t-il lancé.  « Les rapports sont alarmants, la situation se détériore à Gaza, la colonisation et la confiscation des terres se poursuivent, la détérioration environnementale est alarmante, la destruction des maisons continue, les déplacements forcés aussi », a-t-il dénoncé.

Pour le représentant de la Libye, on est en droit de se poser les questions suivantes: que veut Israël après ces pratiques brutales, comment une telle force peut-elle être soutenue par les puissances occidentales et se présenter comme victime éternelle alors qu’elle est le bourreau?  Que cherche Israël en employant des méthodes que même les fascistes et les puissances coloniales n’avaient pas utilisées?  Est-ce que le monde va se réveiller sur un nouveau génocide palestinien?  Le représentant a ensuite appelé au respect de l’Initiative de paix arabe, à la cessation de la colonisation, et à la reconnaissance de la Palestine comme État membre de plein droit des Nations Unies.

À propos « du Golan syrien occupé », le délégué a dénoncé la poursuite de la colonisation et des violations des droits civiques et culturels du peuple syrien.  « L’annonce de l’organisation d’élections municipales en 2018 dans le Golan reflète sa politique de viole des résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il déclaré.  Il s’est dit gravement préoccupé par la manière dont Israël exploite la situation de la région, citant notamment les rapports des medias qui indiquent qu’Israël soutient logistiquement des groupes terroristes le long de la frontière avec la Syrie.

M. ALHAMMADI (Émirats arabes unis) a condamné les pratiques israéliennes illicites sur le territoire palestinien et les autres territoires occupés.  Il a noté une accélération de la colonisation et ses répercussions sur le niveau de vie du « peuple frère de la Palestine ».  Il a rappelé la résolution du Conseil de sécurité demandant à Israël de cesser ses implantations et l’a enjoint à respecter ses obligations internationales.  Poursuivant, le représentant a dénoncé la violation du caractère sacré des lieux saints, la confiscation des terres et l’accès restreint des Palestiniens à l’éducation, au travail, « et même à leur famille ».  Il a pointé la détérioration de la situation économique, s’inquiétant également de la situation humanitaire à Gaza et de l’augmentation du chômage, en particulier chez les jeunes.  « Il y a un sentiment de désespoir croissant qui sape les efforts internationaux visant à apporter la paix », s’est-il inquiété, avertissant par ailleurs que les pratiques israéliennes sont exploitées par des groupes terroristes pour semer la violence dans la région.  Il a ensuite exhorté la communauté internationale à poursuivre son aide au peuple palestinien pour qu’il puisse édifier son État et mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Enfin, il a salué l’accord de réconciliation au Caire.

Pour M. XIE XINXING (Chine) la question de la Palestine est fondamentale pour la région.  Il a regretté qu’il n’y ait pas encore un État indépendant de Palestine et a noté que la situation était sombre, en particulier à Gaza.  Il a engagé la communauté internationale à faire montre de volonté, rappelant ensuite que la Chine défend la solution des deux États, et l’intégration de la Palestine en tant qu’État de plein droit dans la communauté internationale.  Le représentant a appelé à faire avancer la solution politique et à exiger la mise en œuvre des résolutions pertinentes, en particulier celles du Conseil de sécurité qui appelle à la cessation des activités de peuplement et des démolitions.  Jugeant nécessaire de renforcer la confiance mutuelle et faire fonctionner les synergies, le représentant s’est ensuite félicité de l’accord de réconciliation des Palestiniens.  Le représentant a également insisté sur la nécessité de promouvoir la paix par le biais du développement économique, précisant que la Chine continuera sa coopération économique avec la Palestine.

M. KIM IN RYONG (République populaire démocratique de Corée) a rappelé que lors du dernier sommet des pays non alignés, les chefs d’État avaient réaffirmé leur engagement à défendre les intérêts des pays en développement dans le cadre des questions de paix et de sécurité.  Cette réflexion, a-t-il précisé, englobait la question palestinienne et la promotion du multilatéralisme et du renforcement du rôle de l’ONU comme solution à cette crise.  Il a aussi rappelé que la Conférence internationale pour la paix qui s’est tenue à Paris au début de l’année avait conclu que la seule façon d’assurer une paix durable passait par la solution des deux États.  À ses yeux, la préoccupation permanente de la communauté internationale vis-à-vis de cette question démontre un désir unanime de la régler.  Il a cité comme preuve de cette volonté générale le fait que « les États-Unis ont renoncé à utiliser leur droit de veto pour s’opposer à l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité qui exhorte Israël à cesser la construction illégale de colonies juives ».  Cependant, a regretté le représentant de la RPDC, Israël continue d’étendre ses colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et d’aller à l’encontre du désir de la communauté internationale et du peuple arabe, privant le peuple palestinien de leurs maisons et les transformant en réfugiés.  Israël, a-t-il dénoncé, est « le cancer de la paix au Moyen-Orient », jugeant que cette situation n’était possible qu’en raison du « soutien et du patronage » des États-Unis qui « forcent les autres pays à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, mais qui restent aveugles à la violation, par Israël, de la résolution qui l’exhorte à cesser la construction illégale de colonies juives ». 

M. AHMAD SHALEH BAWAZIR (Indonésie) a regretté que le rapport du Comité spécial ait dû, « une fois de plus », être produit sans pouvoir visiter la Palestine.  C’est la démonstration, selon lui, qu’Israël a continué à opérer dans les territoires occupés en faisant fi de la loi, comme le prouve « la construction de nouvelles colonies, la démolition de bâtiments palestiniens, le blocus de l’assistance humanitaire, l’usage excessif de la force et les violations des droits de l’homme ».  Il a particulièrement souligné les violations de la résolution 2334 du Conseil de sécurité, notant même que son adoption n’avait fait qu’intensifier le phénomène de colonisation orchestré par Israël dans les territoires occupés.  Eu égard aux cartes passées et actuelles de la Palestine, il n’a pas estimé exagérer de dire que « les territoires occupés sont en mode autopilotage » étant donné qu’aucune autorité n’est visiblement capable de s’opposer aux activités illégales d’Israël dans la région.  Cette activité, a-t-il rappelé, se traduit par une détérioration des conditions socioéconomiques de la population palestinienne, marquées par la pauvreté, la désillusion et une pression accrue sur les biens et services essentiels.  Il a appelé Israël à respecter les droits de l’homme, à mettre en œuvre la résolution 2334 et à lever le blocus de Gaza.  Si l’Indonésie a reconnu qu’il pouvait y avoir des préoccupations quant à des actions palestiniennes dirigées contre Israël, son délégué a considéré qu’aucune d’entre elles ne pouvaient justifier le niveau de gravité des violations commise par Israël.

Droits de réponse

Réagissant à l’intervention d’Israël, le représentant de la République arabe syrienne a affirmé que la Puissance occupante, « dès qu’elle entend cette avalanche de condamnations », essaie de se soustraire à ces accusations en critiquant le comité, le rapport et ses décisions, comme entendu aujourd’hui.  Il a contesté la déclaration d’Israël qui a indiqué fournir une assistance médicale dans les hôpitaux israéliens, affirmant qu’il s’agit d’une aide à des groupes terroristes comme le Front el-Nosra.  Citant un article du Wall Street Journal, il a affirmé qu’Israël appuie des groupes terroristes armés, par le biais d’un appui logistique, d’aide médicale, de denrées alimentaires, de carburant et que l’armée d’occupation israélienne était constamment en contact avec ces groupes, ayant même créé une unité spéciale pour les soutenir.  L’ancien ministre de la guerre israélien a reconnu la coordination avec ces groupes terroristes, notamment dans le Golan syrien occupé, a-t-il ajouté en précisant que ces derniers se sont engagés à ce qu’aucune mesure ne soit prise contre Israël dans la zone.  Il a par ailleurs rejeté la décision d’organiser des élections locales dans les villages du Golan syrien occupé, « qui pourraient mener à l’élection d’agents de la Puissance occupante ».  Le représentant syrien a aussi accusé des colons israéliens d’avoir posé des mines autour de leur maison, provoquant la mort de 202 enfants et en mutilant beaucoup d’autres.  Photos à l’appui, il a remis en cause les propos d’Israël concernant un traitement humanitaire des Palestiniens.  « Israël est complice des terroristes, ils sont les revers d’une même médaille », a-t-il lancé.

Usant elle aussi de son droit de réponse, la représentante de l’État de Palestine a déploré « le manque de respect de la déclaration du représentant d’Israël », exhortant la communauté internationale de « cesser d’être silencieuse quand Israël se moque du droit international et des résolutions des Nations Unies ».  « Le représentant feint de se préoccuper des ressources des Nations Unies, mais Israël a toujours foulé au pied son autorité et violé ses résolutions et se vante même de son intention de poursuivre ses crimes », a-t-elle poursuivi, dénonçant « l’impunité dont Israël bénéficie, grâce à la communauté internationale, et qui lui permet de poursuivre ce comportement qui viole des droits des Palestiniens ».

Comble de l’audace du représentant israélien, a poursuivi la déléguée, il met en cause la crédibilité du rapport du Comité spécial alors qu’Israël refuse systématiquement de coopérer sur la situation dans les territoires palestiniens occupés ou le Golan syrien occupé.  Elle a affirmé que « la liste des actions positives » énumérée par le représentant israélien dans sa déclaration n’était « pas en mesure d’inverser les souffrances infligées par l’agression militaire, la colonisation, le blocus de la bande de Gaza ».  « Se vanter de permettre l’accès de matériel de construction, pour la reconstruction de maisons détruites par la Puissance occupante, c’est le comble de l’audace encore une fois », s’est-elle insurgée.  Le rapport du Comité spécial, a-t-elle insisté, n’est « ni biaisé, ni partiel, ni imprécis, car les preuves sont indéniables, même des organisations de défense des droits de l’homme israéliennes y ont coopéré ».  Elle a rejeté ces accusations fallacieuses, soulignant que si les États étaient encore en train de se pencher sur cette question, « c’est parce qu’Israël viole le droit international, foule au pied la Charte des Nations Unies et maintient son occupation des terres palestiniennes ».

Activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes

Décision sur le projet de résolution A/C.4/72/L.14

La représentante de Cuba a rappelé que, lors des interventions des pétitionnaires, la situation de certains territoires non autonomes touchés par les ouragans Maria et Irma a été évoquée.  « Nul n’ignore les graves conséquences de ces ouragans sur les Caraïbes, c’est pourquoi le projet de résolution a été revu pour exprimer ces préoccupations », a-t-elle expliqué.

Le représentant du Venezuela a insisté sur l’importance de la question économique dans les processus de décolonisation.  Il a exhorté les Puissances administrantes à tout mettre en œuvre et à respecter les mandats pour promouvoir le développement économique des peuples non autonomes.  « Il est temps de jeter les bases de leur autonomie et de s’abstenir de mener des activités économiques, y compris militaire, susceptibles d’affecter les peuples non autonomes ».  Le représentant s’est dit également opposé à toute tentative d’entraver leur droit à jouir de leurs ressources naturelles.  Il s’est dit satisfait que le Comité spécial des Vingt-Quatre ait décidé par consensus d’accorder une attention suffisante aux territoires non autonomes touchés gravement par les ouragans, tout comme Porto Rico.  « Nous avons été témoins de l’intervention du représentant des Îles Turques et Caïques.  Le monde a vu dans la presse la tragédie causée dans les îles vierges britanniques, à Anguilla, et nous connaissons la catastrophe que vivent les frères de Porto Rico.  Nous espérons que les Puissances administrantes vont s’acquitter de leurs obligations pour les aider de manière généreuse et rapide », a-t-il déclaré

Par ce projet de résolution, adopté par 154 vote pour, 2 votes contre (Israël et États-Unis) et 2 abstentions (France et Royaume-Uni), l’Assemblée générale soulignerait l’utilité des investissements économiques étrangers réalisés en collaboration avec les peuples des territoires non autonomes et conformément à leurs vœux afin d’apporter une contribution valable au développement socioéconomique desdits territoires, en particulier en période de crise économique et financière.

Elle réaffirmerait qu’il incombe aux puissances administrantes, en vertu de la Charte, d’assurer le progrès politique, économique et social ainsi que le développement de l’instruction dans les territoires non autonomes, et réaffirmerait également la préoccupation que lui inspirent toutes les activités visant à exploiter les ressources naturelles qui sont le patrimoine des peuples des territoires non autonomes.  Elle réaffirmerait en outre la nécessité d’éviter toutes les activités économiques et autres, notamment l’utilisation de territoires non autonomes pour des activités militaires qui seraient préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes

L’Assemblée générale engagerait vivement les puissances administrantes concernées à prendre des mesures efficaces pour sauvegarder et garantir le droit inaliénable des peuples des territoires non autonomes sur leurs ressources naturelles et celui de rester maîtres de la mise en valeur future de ces ressources, et demanderait aux puissances administrantes de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les droits de propriété des peuples de ces territoires.

Elle demanderait également aux puissances administrantes concernées d’apporter toute l’assistance nécessaire aux habitants des territoires non autonomes touchés par les ouragans, afin de répondre aux besoins humanitaires des populations sinistrées, d’appuyer les efforts de relèvement et de reconstruction, et de renforcer les capacités en matière de préparation aux situations d’urgence et de réduction des risques.

Elle lancerait en outre un appel aux syndicats et aux organisations non gouvernementales, ainsi qu’aux particuliers, pour qu’ils poursuivent leur action en faveur du progrès économique des peuples des territoires non autonomes, et demanderait aux médias de diffuser des informations sur les faits nouveaux dans ce domaine.

Elle déciderait de suivre la situation dans les territoires non autonomes pour s’assurer que toutes les activités économiques qui y sont menées visent à renforcer et à diversifier l’économie de ces territoires, dans l’intérêt de leurs peuples, en particulier les populations autochtones, et à en promouvoir la viabilité économique et financière.

Explication de vote

Le représentant de l’Argentine a indiqué que l’applicabilité de ce projet de résolution dépend de l’exercice du droit à l’autodétermination d’un territoire, soulignant qu’un peuple sous exploitation étrangère ne saurait jouir d’un tel droit.  « Les îles Malvinas et les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud ne sont pas légitimement occupées par le Royaume-Uni, ce qui rend le principe de l’autodétermination inapplicable », a-t-il insisté, précisant que ce projet de résolution n’y était donc pas applicable.

Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux

Décision sur les projets de résolution A/C.4/72/L.15 et A/C.4/72/L.16

La représentante de Cuba a présenté les projets de résolution L.15 et L.16, précisant qu’ils avaient été initialement approuvés par consensus par le Comité spécial de la décolonisation, mais révisés ensuite pour inclure de nouveaux paragraphes suite à la recommandation du Président de la Quatrième Commission qui a pris en compte les interventions des pétitionnaires en octobre dernier.  Leur préoccupation concernait l’organisation du processus de colonisation et des demandes de visite du Comité spécial de la décolonisation, a expliqué la représentante, en précisant que ces documents réaffirment le droit inaliénable des peuples de la Nouvelle-Calédonie et de Guam à l’autodétermination.

« Question de la Nouvelle-Calédonie » (A/C.4/72/L.15)

Déclaration générale avant le vote

Sur le projet de résolution concernant la Nouvelle-Calédonie, le représentant du Venezuela a indiqué que son pays attendait « de voir l’évolution de la situation en fonction du référendum de 2018 ».  Il a salué l’inclusion dans le texte de demandes formulées par les Kanaks, avec l’envoi d’une mission de visite, notamment pour la composition du registre électoral.  « Nous saluons la disposition de la Puissance administrante de visite de cette mission », a-t-il indiqué.

Il a ensuite attiré l’attention, au sujet du projet de résolution concernant l’île de Guam, sur les témoignages des pétitionnaires venus de Guam, notamment sur les obstacles imposés par la Puissance administrante à l’exercice du droit à l’autodétermination », citant notamment « l’élargissement de la base militaire et les restrictions d’accès aux sanctuaires du peuple chamorro ».  Il a insisté sur la nécessité de demander une mission de visite pour évaluer les difficultés des habitants de l’île à exercer leur autodétermination.

Par ce projet de résolution, adoptée par consensus, l’Assemblée générale réaffirmerait qu’en fin de compte, c’est au peuple néo-calédonien lui-même qu’il appartient de déterminer librement et équitablement son futur statut politique et, à cet égard, demanderait à la Puissance administrante d’agir en coopération avec le gouvernement du territoire et les organes compétents du système des Nations Unies pour mettre au point des programmes d’éducation politique dans le territoire afin de faire prendre conscience à la population de son droit à l’autodétermination.

Elle noterait les préoccupations que suscitent les difficultés rencontrées dans le déroulement des élections provinciales concernant les diverses interprétations qui continuent d’être faites des dispositions relatives au corps électoral restreint et la procédure d’appel en matière d’inscription sur les listes électorales, et encouragerait la Puissance administrante et les Néo-Calédoniens à répondre à l’amiable et pacifiquement aux inquiétudes de tous les intervenants conformément à la législation en vigueur dans le territoire et en France, tout en respectant et en faisant respecter l’esprit et la lettre de l’Accord de Nouméa.

Elle se féliciterait du dialogue continu mené par les parties dans le cadre du Comité des signataires de l’Accord de Nouméa pour définir les modalités de réalisation d’un acte incontestable d’autodétermination, notamment l’établissement d’une liste électorale, conformément aux dispositions de l’Accord.

L’Assemblée générale demanderait à la France, Puissance administrante, d’étudier la possibilité d’élaborer un programme d’éducation visant à informer le peuple néo-calédonien de la nature de l’autodétermination, afin qu’il soit mieux préparé au moment de prendre une décision sur la question.  Elle lui demanderait également d’organiser une mission de visite sur le territoire avant la tenue du référendum d’autodétermination, prévue en 2018.

Elle engagerait vivement toutes les parties concernées, dans l’intérêt des Néo-Calédoniens, à poursuivre leur dialogue, dans le cadre de l’Accord de Nouméa, dans un esprit d’harmonie et de respect mutuel afin de continuer de promouvoir un environnement propice à l’évolution pacifique du territoire vers un acte d’autodétermination où toutes les options seraient ouvertes, qui préserverait les droits de tous les secteurs de la population et qui reposerait sur le principe selon lequel c’est au peuple néo-calédonien qu’il appartient de choisir comment déterminer son destin. 

Elle engagerait aussi toutes les parties prenantes à participer activement à l’édification d’une Nouvelle-Calédonie pour tous, y compris par la promotion du respect et de l’application de l’Accord de Nouméa, et rappellerait également la décision prise par la Puissance administrante d’inviter la Division de l’assistance électorale du Département des affaires politiques du Secrétariat à dépêcher une mission chargée d’observer les activités des commissions administratives spéciales et de la commission consultative d’experts en vue de l’établissement et de la révision de la liste électorale spéciale.

« Question de Guam » (A/C.4/72/L.16)

Par ce projet de résolution, adoptée par 80 voix pour, 9 voix contre (États-Unis, France, Iraq, Israël, Japon, Malawi, Maroc, Ukraine et Royaume-Uni,) et 62 abstentions, l’Assemblée générale réaffirmerait que c’est au peuple de Guam lui-même qu’il appartient de déterminer librement son futur statut politique et, à cet égard, demanderait à la Puissance administrante d’agir en coopération avec le gouvernement du territoire et les organes compétents du système des Nations Unies pour mettre au point des programmes d’éducation politique dans le territoire afin de faire prendre conscience à la population de son droit à l’autodétermination. 

Elle inviterait une fois de plus la Puissance administrante à tenir compte de la volonté exprimée par le peuple chamorro, soutenue par les électeurs guamiens lors du référendum de 1987 et ultérieurement inscrite dans le droit guamien, au sujet de l’action entreprise par les Chamorros en matière d’autodétermination et encouragerait la Puissance administrante et le gouvernement du territoire à entamer des négociations sur cette question.

Elle prierait la Puissance administrante, agissant en coopération avec le gouvernement du territoire, de continuer à transférer des terres aux propriétaires originels du territoire, de continuer à reconnaître et à respecter les droits politiques et l’identité culturelle et ethnique du peuple chamorro de Guam et de prendre toutes les mesures nécessaires pour répondre aux préoccupations du gouvernement du territoire concernant la question de l’immigration.

Elle la prierait également d’aider le territoire à mener à bien ses activités de sensibilisation du public ainsi que de collaborer à la mise en place de programmes pour le développement viable des activités économiques et des entreprises du territoire, en tenant compte du rôle spécial que le peuple chamorro joue dans le développement de Guam.

Elle demanderait à la Puissance administrante de faciliter l’envoi d’une mission de visite dans le territoire.  

Elle l’engagerait vivement à s’abstenir de mener des activités illicites, néfastes et improductives, y compris de se servir du territoire comme paradis fiscal, qui vont à l’encontre des intérêts du peuple du territoire.

L’Assemblée générale prierait la Puissance administrante de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger l’environnement du territoire et le préserver de toute dégradation et des effets de la militarisation.  Elle demanderait de nouveau aux institutions spécialisées compétentes de surveiller l’état de l’environnement dans le territoire et de lui fournir une assistance en conformité avec leur règlement intérieur.  Elle prierait aussi le Secrétaire général de lui rendre compte de l’impact environnemental des activités militaires de la Puissance administrante dans le territoire. 

Explications de vote

Le représentant du Brésil a indiqué qu’il avait voté pour ce projet de résolution, s’inquiétant toutefois que le texte soit utilisé à des fins politiques, ne considérant pas cela comme une tendance positive.  Il a notamment pointé la référence au système juridique des États-Unis et la demande de rapport sur les conséquences environnementales des activités militaires, qui nécessitent, selon lui, des discussions supplémentaires.  Il a aussi estimé de mieux caractériser la situation régionale, citant notamment les menaces de la République populaire démocratique de Corée.

La représentante du Canada a expliqué s’être abstenue en raison des réserves de sa délégation au sujet du paragraphe 20 du préambule.

Le représentant des États-Unis s’est dit dépité d’avoir été forcé de voter contre cette résolution, « pour la première fois en 20 ans », mettant en cause les pressions de la délégation vénézuélienne.  Il a indiqué que sa délégation avait tenté de parvenir à un consensus en modifiant le libellé mais qu’au final le texte a été utilisé à des fins politiques.

Il a notamment pointé le paragraphe qui appelle à éviter les activités militaires dans les territoires non autonomes, réaffirmant le droit des États-Unis à mener ces activités conformément à ses intérêts nationaux.  Il a aussi déclaré qu’il était faux d’affirmer que cette activité représente une menace pour l’intérêt des peuples.  Il a aussi regretté des allégations qui ne se fondent pas sur des faits, notamment que les activités militaires ont des conséquences environnementales, ou qui sont contraires au souhait du peuple de Guam.  À ses yeux, la demande d’une étude sur les incidences environnementales est un « gâchis de ressources ».

Le représentant s’est également plaint d’une mauvaise caractérisation de la situation en ce qui concerne la « Corée du Nord ».  « Il est faux de dire que l’ensemble de la région est confrontée à des tensions.  La seule référence acceptable aurait été de condamner les menaces proférées par Kim Jong-un et son programme balistique et nucléaire », a-t-il dit.  Le représentant a également dénoncé la critique prononcée à l’encontre d’une décision de justice, insistant sur le fait que Guam est une société multiculturelle où vivent non seulement des Chamorros ou des Américains, mais aussi des descendants de migrants d’Asie de l’est.  Il a précisé que cette décision de justice visait à bloquer une législation qui aurait limité le vote à ceux qui ont des racines sur le territoire depuis 1960, empêchant les habitants de Guam n’appartenant pas à cette minorité restreinte d’exercer leur droit de vote.  « Le droit à l’autodétermination doit être exercé par l’ensemble du peuple, pas seulement une portion.  Cette décision s’est fait conformément aux droits de l’homme et autres engagements liés au suffrage équitable, universel, sans discrimination sur la race », a-t-il souligné.

Rappelant que son pays s’était lui-même libéré du joug du colonialisme, le représentant a déclaré que son pays appuie les peuples en quête d’indépendance, mais aussi le choix des peuples qui souhaitent l’intégration ou le statu quo.  « Il est temps que cet organe cesse de considérer que l’indépendance est une solution universelle », a-t-il indiqué.  Il a ensuite fait savoir que les États-Unis ne sont pas en faveur d’une mission du Comité spécial de la décolonisation à Guam, ajoutant que les résolutions de l’Assemblée générale ne sont pas contraignantes et ne reflètent pas le droit international. 

Le représentant de Singapour a indiqué s’être abstenu et a regretté que cette résolution n’ait pu être adoptée par consensus, soulignant que des ajouts à ce texte l’expliquaient.  Il a noté qu’il fallait reconnaître la réalité du territoire de Guam, « une zone stratégique, avec des actions déstabilisatrices mené par un pays ». 

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