Cinquantième session,  
4e séance – matin
POP/1056

Commission de la population et du développement: société jeune ou vieillissante? chacune a un dividende démographique à exploiter

Quelle que soit la phase de transition de la population, tous les pays ont un dividende démographique à exploiter.  C’est la conclusion à laquelle est parvenue la Commission de la population et du développement au deuxième jour de son débat général sur le thème « évolution de la structure par âge de la population et développement durable ».*

La transition démographique a trois phases: comme en Afrique, la première phase montre une érosion de la mortalité et une fécondité élevée; la répartition par âge évoluant au profit des groupes les plus jeunes.  La deuxième phase, visible dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, témoigne d’une baisse de la mortalité mais aussi de la fécondité, d’où une diminution de la proportion d’enfants et de jeunes et une augmentation de la proportion d’adultes actifs.  Enfin la troisième phase, qui se voit au Japon, en Europe et dans une moindre mesure en Amérique du Nord, pointe sur une fécondité qui se maintient, avec un nombre d’enfants, de jeunes et d’adultes en âge de travailler en baisse et un nombre de personnes âgées en hausse.

Ainsi les pays d’Afrique, dont la population en âge de travailler augmente à vive allure, sont susceptibles de tirer parti d’un dividende démographique non négligeable, soit l’augmentation du ratio producteurs-consommateurs.  Comme le degré d’instruction favorise la productivité et la croissance des revenus, ils ont tout intérêt à investir dans l’éducation, la création d’emplois et la santé, ont acquiescé plusieurs délégations dont le Nigéria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 173,6 millions d’habitants dont les moins de 15 ans représentent plus de 40%, les moins de 25 ans, 20%, et les personnes en âge de procréer, plus de la moitié. 

C’est à travers le parcours de vie d’une fille de 10 ans que l’on saura véritablement si le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été un succès ou un échec, a convenu le Canada, revenant ainsi au thème de la session. Ces filles étant la clef du progrès, il faut assurer l’égalité avec les garçons et leur future autonomisation.  Dans ce contexte, le Canada a, avec tous les autres intervenants, estimé que la santé et les droits sexuels et reproductifs constituent un élément crucial.

La Belgique est d’ailleurs revenue sur la conférence internationale « She decides » organisée à Bruxelles le mois dernier, pour faire en sorte que les femmes et les filles du monde entier puissent exercer leur droit de choisir librement si elles souhaitent avoir des enfants, quand et combien, et mobiliser un soutien financier.  Quelque 180 millions d’euros ont été promis.  Les avantages économiques de tels efforts sont clairs: plus d’investissements possibles dans des enfants moins nombreux, la possibilité pour les femmes d’entrer dans l’économie formelle et le pouvoir d’économiser pour leur retraite. 

À propos de retraite, même les pays en troisième phase de transition démographique ont un dividende démographique à exploiter compte tenu de l’accumulation croissante d’éléments de patrimoine due au vieillissement de la population et aux départs tardifs à la retraite.  Mais, a prévenu la Belgique, le défi est tout de même d’assurer le dividende démographique, tout en faisant face aux répercussions de la longévité sur la santé, le budget, la sécurité sociale et économique des futures personnes âgées et le respect de l’égalité des sexes dans les systèmes de retraite. 

Quant à compenser la baisse de la population active par une migration ordonnée, la Belgique a souligné qu’il s’agit aussi de ne pas faire rater aux pays d’origine leur dividende démographique, en veillant à ce qu’ils bénéficient des envois de fonds de leur diaspora et à ce que l’émigration ne signifie pas seulement « fuite des cerveaux » « Société à quatre générations », la Suisse est déjà confrontée au défi d’élaborer des politiques qui exploitent le potentiel de chaque génération et qui renforcent les liens intergénérationnels.  Toute structure par âge présente des exigences spécifiques et dans un monde en rapide évolution, les compétences de chacun doivent être développées et adaptées tout au long de la vie, sous peine de voir le capital humain se déprécier rapidement.  En Suisse, près d’un cinquième de la population, soit 1,5 million de personnes, suit une formation. 

La Suisse a attiré l’attention sur le programme « Safeguard Young People », un partenariat entre le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et l’Agence suisse pour le développement et la coopération qui vise à promouvoir le bien-être des jeunes.  Quant aux personnes âgées, la représentante d’Israël souhaitait hier que le monde que nous édifions soit un monde où l’on pourra atteindre un âge avancé dans la dignité, en bonne santé et avec « un sourire grand et lumineux », celui de sa grand-mère qui à presque 102 ans montait encore à pied les trois étages de son immeuble, après avoir subi l’holocauste, vécu les pires atrocités au monde, refait sa vie et élevé une famille.

La Commission de la population et du développement poursuivra son débat général demain, mercredi 5 avril, à partir de 10 heures.  

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, REGIONAL ET NATIONAL

THÈME SPÉCIAL DE LA CINQUANTIÈME SESSION DE LA COMMISSION, ÉTABLI SUR LA BASE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT ET DES PRINCIPALES MESURES POUR LA POURSUITE DE SON APPLICATION (E/CN.9/2017/2, E/CN.9/2017/3 ET E/CN.9/2017/4)

Suite du débat général

M. EZE DURUIHEOMA, Président de la Commission nationale de la population du Nigéria, a souligné que son pays a une population jeune dont les moins de 25 ans représentent 20% de la population totale, une catégorie qui augmente rapidement, sans compter que plus de 40% de la population ont moins de 15 ans et que plus de la moitié de la population est en âge de procréer.  Le Nigéria connaît un faible taux de personnes âgées, l’espérance de vie y étant faible.  La Commission nationale de la population, qui prévoit une augmentation de la population dans les trois prochaines générations, estime qu’il s’agit là d’une bonne possibilité notamment d’atteindre les objectifs de développement durable.  Le pays va investir dans les emplois décents pour absorber la population active, accroitre les investissements dans les services de santé avec un accent particulier sur les méthodes de contraception, investir dans l’agriculture moderne pour assurer la sécurité alimentaire, mettre en place une politique démographique améliorée et préparer le prochain recensement. 

Le Gouvernement s’engage à lutter contre la corruption et pour la bonne gouvernance en vue de la mise en place de son plan de développement en tous points conforme à l’Agenda 2063 de l’Afrique.  Il compte multiplier les opportunités d’accès aux emplois productifs, mettre fin aux discriminations et aux inégalités et augmenter le taux de participation des femmes sur le marché du travail.  « Nous sommes optimistes quant à notre capacité d’atteindre le développement durable parce que la population est notre meilleur atout », a conclu le représentant. 

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a souligné que le « statut des personnes âgées » créé par son pays en 2003 prévoit un ensemble de règlements et de politiques qui protègent ces personnes et renforcent leurs droits fondamentaux, y compris leur santé, leur dignité et leur bien-être.  Toute discussion sur l’évolution de la structure par âge de la population doit tenir compte des sociétés dans leur ensemble et les politiques en faveur des personnes âgées doivent s’accompagner de mesures de promotion et d’autonomisation des jeunes, a-t-il ajouté.

Avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, nous nous sommes engagés à tirer pleinement parti du dividende démographique en mettant l’accent sur les droits des jeunes et des groupes vulnérables, a rappelé le représentant.  Il a souhaité que les données démographiques soient ventilées par sexe, âge, race, ethnicité, statut migratoire, handicap, situation géographique et condition socioéconomique pour ne laisser personne de côté.  Pour sa part, le Brésil a établi une politique fondée sur les droits de l’homme qui vise à inclure tant les jeunes que les personnes âgées, tout en luttant contre la discrimination. 

Mme GILIAN BIRD (Australie) a, tout en jugeant que le thème de cette session est important compte tenu de l’avantage qu’on peut tirer de l’évolution de la structure par âge de la population, estimé qu’il faut aller au-delà des statistiques.  La représentante a insisté sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, expliquant que la politique étrangère australienne comprend un volet important sur la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive.  La représentante en a profité pour revenir sur l’appui de son pays aux congés de maternité et de paternité préconisés par le Secrétaire général.  Elle a aussi souligné l’importance des investissements en faveur de l’emploi, de l’éduction et de la formation des jeunes.

Mon pays traverse un processus de transition démographique, a expliqué Mme LAURA FLORES HERRERA (Panama), dans un contexte où malgré l’urbanisation, le développement humain et socioéconomique est caractérisé par des niveaux d’inégalité marqués.  Cette transition a modifié le profil démographique du Panama et les demandes sociales auxquelles l’État doit répondre.  Nous devons comprendre le dynamisme complexe des mouvements migratoires contemporains, a poursuivi la représentante.  Nous devons nous demander comment faire face à leur impact sur l’économie, les systèmes d’éducation et de santé.  À cette fin, elle a jugé nécessaire d’améliorer la collecte et l’analyse des données, et de consolider les institutions pour atteindre les objectifs de développement durable.  En tant que Vice-Président du Conseil d’administration du PNUD/FNUAP/UNOPS, le Panama s’efforce d’inclure les thèmes relatifs à la population et au développement dans tous les plans stratégiques.   

Mme STEFANIE AMADEO (États-Unis) a estimé que pour tirer parti des transitions et des dividendes démographiques, les gouvernements doivent travailler avec tous les décideurs de la société civile et investir massivement dans les systèmes de santé.  Ne pas exploiter les dividendes démographiques peut mener à l’instabilité et aux incertitudes, a-t-elle prévenu, avant de reconnaître la nécessité d’aider les pays aux populations vieillissantes et d’insister sur l’importance qu’il y a à collecter des données fiables pour affiner les politiques

M. IB PETERSEN (Danemark) a souhaité que soient honorées les promesses faites à des millions de femmes et de filles qui n’ont toujours pas accès aux soins de santé sexuelle et génésique.  « L’accès à des avortements sûrs est essentiel », a-t-il insisté.  Le représentant a regretté que « seuls quelques éléments des contributions importantes du Secrétaire général se trouvent reflétés dans le projet zéro que nous examinons actuellement ».  Il faudra tenir compte des tendances mondiales pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il averti.  C’est avec une démarche respectueuse des droits de l’homme que le dividende démographique sera effectivement réalisé.  Sans investissements en ce sens, les sociétés risquent de voir des vies perdues, moins de productivité et plus d’inégalités.  Le Danemark, a-t-il assuré, continue à soutenir que les pays riches doivent consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD).

Mme LIMIA ADDELGHAFAR KHALAFALLA AHMED (Soudan) a prévu une augmentation de 2,1% de la population soudanaise dans les prochaines années.  Face à cette évolution, le Gouvernement a adopté des politiques dont la mise en œuvre permettra une croissance économique soutenue.  Ces politiques visent à augmenter la productivité grâce à l’amélioration de la formation professionnelle des jeunes, l’accès à la santé, la gratuité des vaccins, l’éducation universelle, l’octroi de bourses d’études, en veillant à la conformité avec les besoins du marché du travail.  Le Soudan, qui mène également une politique d’autonomisation des femmes, prépare actuellement le sixième recensement prévu pour 2018, le premier après la séparation d’avec le Soudan du Sud.  

La Princesse TSANDZILE DLAMINI, Ministre de l’intérieur du Swaziland, a déclaré que son pays était en pleine transition démographique.  Au Swaziland, 40% et 52% de la population ont respectivement moins de 15 et de 20 ans.  Les taux de fertilité ont considérablement baissé au cours des 30 dernières années. Dans l’ensemble, a-t-elle expliqué, la population dépendante a décru tandis qu’augmentait la population en âge de travailler, offrant des opportunités pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté.  La Ministre a indiqué que son pays menait actuellement avec le FNUAP une étude sur le dividende démographique.  Le Royaume, a-t-elle précisé, est confronté à des défis qui ont un impact sur la jeunesse: sexualité précoce, infection au VIH, mariage et grossesse précoces, abus sexuels, abus de drogues, taux de chômage élevé, entre autres.  Le Gouvernement s’attache néanmoins à relever ces défis, à travers diverses initiatives telles que la prévention de la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant et l’accès élargi aux médicaments antirétroviraux.  

M. CHARLES T. NTAWAAGAE (Botswana) a précisé que son gouvernement procède à des recensements de la population tous les 10 ans.  Le pays a ainsi pu constater les déclins de la fécondité et de la mortalité qui ont modifié la structure par âge, l’allongement de l’espérance de vie et l’augmentation de la population active.  L’impact du dividende démographique sur la croissance économique a atteint son paroxysme en 2008, en augmentant à près de 1,5% le niveau de vie du Botswana.  Cet impact sur le développement socioéconomique en général est significatif mais il est en déclin permanent et devrait être insignifiant avant 2050.  

Toutefois un marché plus favorable pourrait changer cette trajectoire.  Il faut savoir que contrairement à d’autres pays du continent, le Botswana a peu de marge de manœuvre, compte tenu du chômage élevé des jeunes, un obstacle de taille à l’exploitation du dividende démographique.  Des efforts sont donc nécessaires pour améliorer le capital humain et créer des emplois.  En conséquence, le Botswana a pris des initiatives pour stimuler l’emploi grâce à la diversification de l’économie, l’aide à l’entreprenariat et le développement du secteur privé.  Depuis des années, le pays s’attaque à l’émancipation économique des citoyens par les nombreux programmes et politiques qu’il met en œuvre. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a indiqué que son pays se trouve actuellement dans la troisième phase de transition démographique, le vieillissement de la population faisant apparaître de nouveaux problèmes, notamment en termes de viabilité des systèmes de sécurité sociale.  Mais le vrai défi tient à la question suivante: comment assurer le deuxième dividende démographique sans perdre de vue les difficultés économiques posées par la part grandissante des personnes âgées dans la population?  Il faudra, a répondu le représentant, faire face aux répercussions de la longévité sur la santé de la population, la pression budgétaire, la sécurité sociale, la sécurité économique des futures personnes âgées et le respect de l’égalité des sexes dans les systèmes de retraite.  Receveur net de migrants qui peuvent avoir une incidence sur la répartition par âge de la population, la Belgique doit aussi envisager des mesures pour faciliter une migration ordonnée tout en veillant à ce que les pays d’origine ne ratent pas le premier dividende démographique.  Comment en effet garantir que les pays d’origine puissent bénéficier des envois de fonds de leur diaspora et que l’émigration ne signifie pas seulement la fuite des cerveaux? 

Le représentant a ensuite rappelé que son pays a accueilli le mois dernier la conférence internationale « She decides » coorganisée avec les Ministres de la coopération au développement des Pays-Bas, de la Suède et du Danemark.  L’initiative vise à faire en sorte que les femmes et les filles du monde entier puissent exercer leur droit de choisir librement si elles souhaitent avoir des enfants, quand et combien.  Elle vise aussi à mobiliser un soutien financier pour promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs.  La conférence a réuni plus de 50 représentants gouvernementaux de tous les continents et 400 parlementaires et participants de la société civile.  Quelque 180 millions d’euros ont été promis.  Le représentant a conclu sur la question des données démographiques et estimé que la numérisation est un outil de prédilection parce qu’elle facilite l’enregistrement et le traitement des données désagrégées et qu’elle est un outil qui permet les innovations comme la création de plateformes pour la sensibilisation des jeunes à la santé.  Le FNUAP, a-t-il indiqué, a déjà initié différents projets innovants en utilisant les possibilités et l’attrait de la numérisation.

M. CLAUDE BOUAH-KAMON, au nom de Mme KABA NIALÉ, Ministre du plan et du développement de Côte d’Ivoire, a déclaré que le Gouvernement ivoirien est conscient que certaines couches de la population rencontrent encore des difficultés nonobstant les acquis engrangés dans la quête de leur bien-être.  Ces contraintes s’observent à travers la mortalité maternelle élevée de 614 décès pour 1 000 naissances vivantes, un faible taux de prévalence contraceptive de 14%, avec un taux élevé de besoins non satisfaits, les difficultés de maintien à l’école de la jeune fille au primaire et la persistance des mouvements internes et externes.

Le Gouvernement est aussi préoccupé par le niveau de fécondité encore élevé et stagnant avec en moyenne cinq enfants par femmes, induisant avec les autres éléments de la dynamique démographique un taux d’accroissement annuel de 2,6% selon le RGPH 2014.  En outre, cette situation engendre une forte demande sociale pesant sur les ressources des ménages et de l’État du fait que 51,2% de la population a moins de 20 ans et, à peine 2,5% a plus de 65 ans.

La Côte d’Ivoire est consciente que les jeunes ont tendance à quitter la campagne pour venir dans les villes et grossir les rangs des personnes en quête d’emploi, ayant comme incidence directe une persistance de la pauvreté, la prolifération de quartiers précaires, l’occupation anarchique de l’espace urbain, la dégradation de l’environnement et la croissance de l’insalubrité. 

Aussi dans son ambition de tirer profit du dividende démographique et d’atteindre l’émergence à l’horizon 2020, le Gouvernement voudrait-il de façon solennelle réaffirmer son engagement pour les nouveaux cadres internationaux et régionaux de développement en conformité avec le plan d’action de la Conférence du Caire ainsi que ceux des objectifs de développement durable, de renouveler son accord parfait avec la position commune des pays africains sur l’agenda de développement au-delà de 2015.

S’appuyant sur la politique nationale de population qui fixe, entre autres, comme défis majeurs de relever pour les 10 prochaines années l’accélération du rythme de la transition démographique, la valorisation du capital humain, l’accès à un emploi décent pour tous les jeunes et l’amélioration de la gouvernance, le Gouvernement ivoirien s’engage à œuvrer davantage pour renforcer le cadre institutionnel, réglementaire et environnemental des questions de population et de développement.

Mon pays compte une population en âge de travailler plus importante que celle des enfants et des personnes âgées, a expliqué M. AHAMED LEBBE SABARULLAH KHAN (Sri Lanka).  Toutefois, le dividende de ce bonus démographique ne sera pas disponible avant un certain temps dans la mesure où le pourcentage des personnes âgées de 15 à 29 ans est sur le déclin.  La population âgée de Sri Lanka atteindra un sommet en 2041, lorsque le pays sera le plus âgé de l’Asie du Sud.  Cet état de fait présente des défis importants en matière de protection sociale.  Comparé à d’autre pays, les Sri Lankais âgés travaillent plus longtemps, a relevé le représentant.  Depuis son indépendance, il y a 70 ans, Sri Lanka offre des services de santé et d’éducation gratuits.  D’après le Gouvernement, ces services sont les agents du changement qui ont permis à Sri Lanka de connaitre sa transition démographique actuelle.  Un système d’assistance a été mis en place pour appuyer la strate la plus pauvre de la population appelée Samurdi.  De plus, le Gouvernement a entrepris d’apporter une couverture sociale aux fermiers, pêcheurs et travailleurs indépendants dans le secteur informel.

C’est à travers le parcours de vie d’une fille de 10 ans que l’on saura véritablement si le Programme 2030 a été une réussite ou un échec, a acquiescé M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada).  Qui sont ces filles de 10 ans?  Nous avons besoin de données exactes pour les comprendre.  Nous devons être créatifs et penser différemment à la manière dont nous répondons à leurs besoins.  Nous devons le faire, a insisté le représentant, non seulement parce qu’elles sont la clef du progrès mais aussi parce que nous devons être responsables des engagements que nous avons pris.  C’est pourquoi le Canada veut assurer l’égalité des sexes et favoriser l’autonomisation des femmes et des filles comme agents de changement dans leur communauté et leur pays, a indiqué le représentant.  Dans ce contexte, il a estimé que la santé sexuelle et reproductive et les droits connexes constituent un élément crucial, particulièrement pour les adolescentes.  Il a insisté sur l’éducation sexuelle compète et l’accès à des avortements sûrs et légaux, jugeant qu’il est important que les femmes et les filles puissent décider sans coercition, sans violence et sans discrimination. 

C’est la raison pour laquelle le Canada adopte une approche fondée sur les droits de l’homme s’agissant de la santé et des droits sexuels et reproductifs.  Le pays appuie la prévention de la violence sexuelle et fondée sur le sexe, sans oublier les pratiques traditionnelles néfastes.  Les avantages économiques d’une telle position sont clairs: plus d’investissements possibles dans des enfants moins nombreux, la possibilité pour les femmes de choisir leur lieu de travail et d’avoir plus temps pour entrer dans l’économie formelle et le pouvoir d’économiser pour la retraite.  Il ne faut pas non plus oublier, a ajouté le représentant, l’importance des approches multisectorielles qui traitent des déterminants sociaux de la santé, ce qui est essentiel pour promouvoir la santé des adolescents et toucher les plus marginalisés.  En tant que grand défenseur et grand donateur des programmes de nutrition, le Canada sait que chez les adolescents, une bonne nutrition est essentielle pour la croissance.  Le Canada sait l’importance qu’il y a à investir dans les adolescents pour réaliser le développement durable.  Il sait aussi qu’il faudra pour ce faire des partenaires forts avec une diversité de parties prenantes. 

Le Consensus de Montevideo de 2013 a montré la voie à suivre en matière de population et de développement, s’est félicité  M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay).  Des lois et des programmes garantissent l’accès à la santé sexuelle et générique et privilégient les groupes plus vulnérables.  L’Uruguay a adopté une démarche intégrée et complète pour permettre à tous de jouir des droits de l’homme. 

L’accès aux méthodes contraceptives dans le secteur public est gratuit et l’éducation sexuelle est intégrée comme question transversale dans le système d’éducation public, a précisé le représentant.  L’interruption volontaire de grossesse a été dépénalisée si elle intervient au cours des 12 premières semaines.  Dans le même esprit, le mariage entre personnes du même sexe et l’adoption par des couples de même sexe ont été légalisés.  Il existe également une loi relative à la procréation assistée.  Enfin, a-t-il ajouté, l’Uruguay a la plus faible mortalité maternelle en Amérique latine.

M. NECTON MHURA (Malawi) a rappelé que l’Afrique et en particulier l’Afrique subsaharienne, devrait abriter d’ici à 2020 19% des jeunes du monde, un taux qui devrait approcher les 34% d’ici à 2050.  Au Malawi, ce sont 50% que les jeunes occupent dans la population et fort de ce potentiel, le pays s’est attelé à mettre en place des instituts techniques en milieu rural et à ouvrir de nouvelles universités pour élargir l’accès au développement des capacités et à l’éducation tertiaire, afin de fabriquer des jeunes aptes à conquérir le marché du travail.  La Malawi a aussi défendu l’exploitation du dividende démographique auprès des autres pays africains, ce qui a amené l’Union africaine à jeter les bases d’une Afrique prospère et autosuffisante, conformément à l’Agenda 2063 et au Programme 2030.  On ne saurait trop insisté sur l’éducation et la santé, a poursuivi le représentant, voyant là la colonne vertébrale de la productivité et de la croissance économique nécessaires au développement. 

Des initiatives comme « Beautify Malawi » illustre l’adage selon lequel « le savoir c’est le pouvoir ».  Elle encourage en effet tous les segments de la société à l’entrepreneuriat.  Le pays vient aussi de limiter l’âge légal du mariage à 18 ans, tout en recherchant d’autres moyens de faire baisser le taux de décrochage scolaire chez les filles.  Toutes les mesures sont prises dans une franche collaboration entre les trois branches de l’État mais aussi avec la société civile, le secteur privé et les chefs coutumiers.  Rien ne se fera pourtant sans une lutte acharnée contre les changements climatiques, a conclu le représentant en appelant les partenaires au développement à apporter l’appui technique et financier nécessaire.

La Suisse, a dit son représentant, M. MARKUS SCHWYN, se prépare à une « société à quatre générations », une évolution démographique qui devra être prise en compte dans la planification, la gestion et le financement des systèmes éducatifs, de la sécurité, de la santé et du travail.  La politique devra privilégier les approches qui exploitent le potentiel de chaque génération et qui renforcent les liens intergénérationnels.  Toute structure par âge, a reconnu le représentant, présente des exigences spécifiques, l’éducation des jeunes, y compris la santé et les droits sexuels et reproductifs, l’accès à l’emploi des personnes de tous âges mais aussi une prévoyance vieillesse qui reflète la longévité en augmentation en Suisse.  Dans un monde en rapide évolution, les compétences de chacun doivent être développées et adaptées tout au long de la vie, sous peine de voir le capital humain se déprécier rapidement.  En Suisse, près d’un cinquième de la population, soit 1,5 million de personnes, suit une formation. 

Le représentant a conclu sans manquer d’attirer l’attention sur le programme « Safeguard Young People », un partenariat entre le FNUAP et l’Agence suisse pour le développement et la coopération qui vise à promouvoir le bien-être des jeunes par différents biais, y compris les cadres législatifs, les services de santé sexuelle et reproductive, l’éducation et la promotion de la participation et de l’autonomisation des jeunes.  En travaillant avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), le programme favorise également des économies d’échelle et d’ajout de valeur en élaborant des normes communes, des lignes directrices, un échange entre les pays et le renforcement des capacités à partir des perspectives de multiples secteurs

M. JUAN CARLOS ALFONSO FRAGA (Cuba) a dit que, malgré le blocus imposé par les États-Unis, Cuba est un pays développé sur le plan démographique avec une transition très avancée, voire achevée.  L’espérance de vie y est proche de 79 ans.  Le pays est en voie de vieillissement et cette évolution est la conséquence de politiques et de prestations sociales de portée universelle gratuite et systématique.  Le développement humain de Cuba doit beaucoup à ses acquis en matière d’éducation et de santé, a insisté le représentant.  Dans le Programme d’action du Caire, a-t-il rappelé, il est dit que le droit au développement est un droit universel et inaliénable. 

Mme AUXILIA B. PONGA (Zambie) a déclaré que son pays est à la deuxième phase de sa transition démographique avec un taux élevé de fécondité en dépit du fait que 45% des femmes mariées utilisent des méthodes modernes de contraception.  Le taux de mortalité a décliné mais reste élevé alors que la mortalité infantile est passée de 70 morts pour 1 000 naissances en 2007 à 45 morts pour 1 000 naissances en 2014.  La mortalité maternelle a suivi la même courbe.  La population zambienne est relativement jeune, compte 45% des moins de 15 ans.  Les moins de 35 ans représentent quant à eux 82% de la population totale.

Cette structure par âge implique qu’une grande partie de la population dépend de la minorité rémunérée.  Le taux de dépendance des enfants de 87,4% pose un réel défi pour le développement durable.  Mais le pays a un véritable potentiel s’agissant du dividende démographique.  La représentante a énuméré les mesures prises par son gouvernement comme la mise en œuvre de la stratégie de santé de l’adolescent en milieu scolaire, la politique pour les filles enceintes, la création de facilités de crédits pour les jeunes, la création de coopératives pour les jeunes ou encore des camps de formation professionnelle.  Elle a attiré l’attention sur le septième plan de développement 2017-2021, en soulignant la détermination de son gouvernement à exploiter les nouvelles technologies pour améliorer les systèmes de collecte des données et affiner les programmes et politiques.

M. VLAD LUPAN (Moldova) a dit que la transition démographique dans son pays était caractérisée par un processus de vieillissement intense et des taux de fertilité assez bas.  Amplifié par la migration, ce phénomène est associé à des transformations profondes dans toutes les sphères de la vie économique, sociale et politique.  Il va falloir modifier des infrastructures qui ont été conçues pour une population plus jeune, a-t-il reconnu.  Par exemple, des écoles ont fermé et des emplois ont été perdus dans le secteur de l’éducation, alors que les demandes augmentent dans le secteur de l’éducation.  L’âge de la retraite a été porté à 63 ans pour tous, une mesure qui devrait stabiliser le système des retraites tout en contribuant à la réduction de la pauvreté et à la protection des personnes âgées.  Le représentant a fait remarquer que les femmes représentent 60% des plus de 60 ans.  Le 9 mars dernier, a-t-il annoncé, le Gouvernement de Moldova a adopté une nouvelle stratégie pour l’égalité des sexes pour la période 2017-2021.  L’année dernière, le pays a également approuvé une stratégie nationale pour la même période pour renforcer la compétitivité de la main d’œuvre.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (Iran) a dit que l’évolution de la structure par âge de la population est un fait incontournable à travers le monde.  La transition démographique qui suit un rythme différent dans toutes les régions, donne aux pays des opportunités et des défis dans la réalisation des politiques nationales de développement.  Ces défis multiples doivent être abordés par la coopération internationale en ayant à l’esprit le rôle du système de développement des Nations Unies.  La pauvreté, la faim, la malnutrition, des services de santé pauvres, en particulier dans les pays en développement, affectent gravement la vie de milliards d’individus, des femmes, des enfants et des jeunes.

Les gouvernements nationaux sont les premiers responsables du développement de leurs pays mais une coopération internationale renforcée, y compris le respect des engagements par les pays développés, pour assurer l’accès au marché financier, à la technologie et aux médicaments, est cruciale pour le bien-être des populations et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et pour ne laisser personne de côté.

Afin d’optimiser les opportunités du dividende démographique, il est également impératif d’adopter des politiques démographiques culturellement soucieuses du développement durable.  Le principe de l’appropriation et du leadership national est essentiel pour formuler des politiques, y compris les plans sur la transition démographique. 

L’Iran a entrepris d’importants changements pendant les 40 dernières années.  Le pays se dirige vers une société vieillissante où plus de 8% des 80 millions d’Iraniens ont plus de 65 ans et plus de 50%, entre 15 et 29 ans.  En 2025, Les personnes âgées représenteront 12% de la population.  Le Gouvernement a intensifié ses efforts pour offrir des conditions de vie décente aux personnes âgées.  Il a développé des initiatives avec un accent particulier sur l’autonomisation des femmes et des personnes âgées et tournées vers l’éradication de la pauvreté, des inégalités et des disparités.  Comme résultats de ces politiques et en dépit des obstacles extérieurs, y compris la guerre et des sanctions injustes, le Rapport sur le développement humain indique que l’Iran a fait l’une des meilleures performances mondiales.

Discours liminaire de Mme Rania Antonopoulos sur le thème « Évolution de la structure par âge et du développement durable dans les sociétés vieillissantes »

« Les données sont là », a lancé Mme Rania Antonopoulos, Directrice du Programme sur l’égalité des sexes et l’économie de l’Institut Levy, et Ministre suppléante du travail de la Grèce.  « Nous vivons une période de vieillissement individuellement et collectivement, aux plans national et mondial. »

Selon elle, ces transformations durables sont positives à bien des égards.  On craignait que la prédiction malthusienne de l’explosion démographique ne se réalise, a-t-elle rappelé, or ce n’est pas le cas.  Mais la longévité augmente dans de nombreux pays.

La baisse de la fécondité a été le signe d’une amélioration des conditions de vie, a assuré Mme Antonopoulos, tout en reconnaissant qu’il y avait des variations multiples d’un pays et d’une région à l’autre.

Dans la mesure où les pays investissent davantage dans les services sociaux, il faut que l’activité s’accroisse.  La population en âge de travailler a augmenté, mais les taux de participation de la main d’œuvre ont diminué à l’échelle mondiale, notamment en Chine, en Inde, au Japon et aux États-Unis.  La part de la population en âge de travailler devrait rester stable jusqu’en l’an 2050, mais augmenter en Afrique. 

« Une population jeune qui augmente risque de devenir un fardeau économique et une source de troubles et de conflits si l’on ne met pas en place les conditions d’une vie réussie », a averti l’intervenante.  Ainsi faut-il pouvoir tirer parti du dividende démographique avec les engagements pris dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

En Europe, en Amérique du Nord et au Japon, la population en âge de travailler vieillit.  Cela crée des préoccupations réelles pour les décideurs quant au maintien des systèmes de retraite et de santé robustes, a noté Mme Antonopoulos.  Les chercheurs s’interrogent sur la suffisance des ressources financières à long terme.

Les pays développés doivent envisager des migrations sûres et ordonnées, a-t-elle recommandé.  Il leur faut également des politiques favorisant les familles.  Il y a lieu d’utiliser tous les outils disponibles pour assurer un partage équitable des fruits de la productivité et de la croissance.

L’intervenante a espéré que sur les 200 millions de chômeurs, dont 37% ont entre 15 et 24 ans, une majorité pourra petit à petit revenir sur le marché du travail.

L’indicateur clef dans l’analyse des populations vieillissantes est le taux de dépendance, a-t-elle rappelé.  Entre 2015 et 2030, les projections planétaires suggèrent que ce taux va passer de 73,5% à 75,7%, mais les différences entre pays développés et en développement à cet égard sont énormes.  Les gens plus âgés devraient être priés de travailler plus longtemps, a-t-elle ajouté.

Enfin, Mme Antonopoulos a insisté sur le fait qu’il faut tenir compte de la problématique hommes-femmes.  Le taux de chômage chez les femmes est beaucoup plus élevé que chez les hommes.  En outre, les femmes fournissent une main d’œuvre qui consacre beaucoup plus de temps à des activités non rémunérées.  Transformer de telles activités en participation réelle, les « professionnaliser », permettrait de relancer toutes les sociétés et de les rendre beaucoup plus fortes, a-t-elle conclu. 

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