Cinquantième session,
5e séance & 6e séances – matin & après-midi
POP/1058

Commission de la population et du développement: investir dans la jeunesse, notamment en Afrique, pour réaliser le développement durable

Il n’y a pas de structure par âge idéale pour parvenir au développement durable mais des progrès peuvent toujours être obtenus à condition que les pays fassent les investissements nécessaires. C’est sur ce constat que la Commission de la population et du développement a poursuivi la troisième journée de débat de sa session annuelle, en accordant une attention spéciale au poids démographique des jeunes en Afrique.

La Commission a entendu ce matin une trentaine de délégations, dont celles de plusieurs pays africains confrontés à des défis démographiques qui risquent d’hypothéquer leurs efforts de développement si des stratégies ne sont pas mises en place pour atteindre le dividende démographique, soit un excellent ratio consommateurs-producteurs porté par une forte population en âge de travailler. 

Faute de politiques axées sur la population, la santé, l’éducation, l’emploi et la protection sociale, toute structure par âge peut présenter des problèmes majeurs, ont averti cet après-midi quatre experts invités par la Commission.  C’est le cas dans 80% des pays arabes où l’on assiste à une « contre-transition démographique ».  Au lieu de diminuer, la fécondité augmente ou se stabilise à des niveaux élevés, a expliqué un expert de l’Institut national français d’études démographiques.

Avec un taux de croissance annuel moyen de 2,84%, la population du Togo est composée à 61% de jeunes de moins de 25 ans.  Cette pyramide à base élargie pose d’énormes défis quant à la satisfaction des besoins des habitants, notamment en ce qui concerne l’accès à la santé, à l’éducation, à la bonne alimentation et à l’emploi décent.

Au Burundi où la densité moyenne de la population est d’environ 400 habitants par kilomètre carré, l’État entend investir dans la jeunesse par des stratégies de promotion de la planification familiale et l’amélioration des services de santé reproductive adaptés aux adolescents et aux jeunes. Pour le Bénin, la priorité est la bonne mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 afin de réduire la pauvreté, notamment à travers la promotion de la santé et de l’éducation des filles.

À l’instar de son voisin burundais, la République démocratique du Congo, réalisant qu’elle se situait à l’étape initiale de la transition démographique, caractérisée par une fécondité très élevée de 6,6 enfants par femme en moyenne et une mortalité générale en baisse depuis les années 1960, a mis en œuvre un plan stratégique national de planification familiale pour 2014-2020.  Au Kenya, la baisse du taux de fertilité à 3,5 enfants par femme aura des implications sur la croissance de la population, la structure par âge et le développement durable.

En Gambie, près de 43% de la population a moins de 15 ans et 21% a entre 15 ans et 24 ans.  Cette structure par âge signifie un potentiel pour une croissance rapide de la population et un taux de dépendance élevé qui pourrait porter les germes du désordre social.  Le défi est de préparer les jeunes à une vie productive pour accroître les richesses et le développement du pays. En Ouganda également, la population est jeune comme en témoigne le taux de dépendance élevé qui constitue un lourd fardeau pour la population active. 

Toutefois, il ne faut pas oublier que les personnes âgées constituent le groupe d’âge de la population mondiale dont la croissance est la plus forte, les projections indiquant que leur nombre sera au moins multiplié par deux d’ici à 2050.  C’est ce qu’ont rappelé un certain nombre de pays, dont la Pologne et l’Allemagne.  En Norvège cette situation a été compensée par un taux de fertilité élevé même si elle baisse de manière « incompréhensible » ces dernières années.  L’immigration relativement élevée a aussi contribué à rendre la situation « moins dramatique ».   

À propos de migration, le Maroc, qui devient de plus en plus un pays de destination, a lancé l’initiative intitulée « L’Alliance sur la migration et le développement », qui encourage la protection des droits fondamentaux des migrants sur la base de la responsabilité partagée et le renforcement de la coopération entre les Etats de l’espace euro-africain.

Pour revenir au thème de la session « évolution de la structure par âge de la population et développement durable », la Norvège a noté des lacunes dans le cadre normatif, notamment « l’absence de référence explicite aux droits sexuels dans le Programme d’action du Caire ».  Elle a proposé d’inclure « l’accès à l’avortement sûr et légal » dans la résolution de cette année, une proposition rejetée catégoriquement par Nauru qui a argué: « les problèmes de développement exigent certes un partenariat mais ce partenariat doit respecter les différences ».

Les objectifs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement –Programme d’action du Caire- ont été formulés en prenant en compte les particularités des États, a insisté à son tour la Fédération de Russie pour laquelle « une politisation non justifiée de la question de la démographie envisagée uniquement du point de vue des droits de l’homme risque de brouiller les priorités et d’empêcher une bonne coopération entre les États ».  L’Égypte a renchéri en jugeant important que la Commission « se concentre sur son rôle en restant fidèle à son mandat sans inclure de force des questions controversées qui n’ont rien à voir avec son esprit principal ».

La Commission a aussi entendu aujourd’hui les exposés nationaux volontaires de huit pays: Chine, Ghana, Indonésie, Philippines, Soudan, Finlande, Mexique et Norvège.

Non seulement la Chine doit faire face aux défis d’une forte population, des tensions entre les ressources et l’environnement et des pressions sur l’emploi, comme tous les pays en développement, mais elle doit aussi s’attaquer aux problèmes typiques d’un pays développé, à savoir un taux de fécondité assez bas et une population âgée.  L’équilibre démographique est donc devenu une stratégie nationale « majeure ».  Selon les prévisions, la population chinoise atteindra le 1,45 milliard d’habitants d’ici à 2030, suivi d’une croissance négative puis d’une chute à 1,4 milliard en 2050. 

La Commission poursuivra demain ses travaux à partir de 10 heures

MESURES POUR LA POURSUITE DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT AUX NIVEAUX MONDIAL, REGIONAL ET NATIONAL

THÈME SPÉCIAL DE LA CINQUANTIÈME SESSION DE LA COMMISSION, ÉTABLI SUR LA BASE DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT ET DES PRINCIPALES MESURES POUR LA POURSUITE DE SON APPLICATION (E/CN.9/2017/2, E/CN.9/2017/3 ET E/CN.9/2017/4)

Suite du débat général

M. SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie) a indiqué que la population malaisienne devrait passer de 31,9 millions d’habitants en 2016 à 41,5 millions en 2040, la croissance démographique baissant tout de même de 1,8% en 2010 à 0,8% en 2040. L’âge médian de la population a augmenté de 21,4 ans en 1991 à 28,7 en 2015 et le nombre des personnes de plus de 60 ans et plus, de 5,6% à 9,1%.  Grâce à l’amélioration de l’éducation, à la multiplication des opportunités d’emploi et à un meilleur accès à la santé reproductive, le taux de fécondité ne cesse de baisser depuis 1991, tombant aujourd’hui à 2,1 enfants par femme.  Le Gouvernement voit dans ces faits l’occasion de récolter un dividende démographique.  Il a mis en place des mesures incitatives pour concilier vie professionnelle et vie familiale, dont des congés maternité et paternité, de 90 et 7 jours respectivement, sans compter les subsides pour permettre aux familles de placer leur enfant de moins de 4 ans en crèche.  Le représentant a aussi énoncé d’autres mesures en faveur de la participation des femmes au marché du travail, de la population active en général et des jeunes. 

M. DIRK JAKOBI (Allemagne) a souligné que depuis que le thème « évolution de la structure par âge de la population et développement durable » a été inscrit à l’ordre du jour de la Commission, la population mondiale n’a cessé d’augmenter et de changer.  La génération actuelle de jeunes est la plus importante de l’histoire de l’humanité.  Ces jeunes veulent vivre, apprendre, travailler et mener une vie meilleure.  Nous devons tout faire, a voulu le représentant, pour protéger leurs droits, les aider à réaliser leur plein potentiel et à devenir des adultes en bonne santé dotés d’une bonne instruction.  Ces buts ne sont pas seulement importants pour la prospérité et l’épanouissement des jeunes eux-mêmes mais aussi pour la prospérité et le développement des pays.

Dans le même temps, les gens vivent aussi plus longtemps, a souligné le représentant.  Ils sont plus sains, plus actifs et plus mobiles que les générations précédentes et c’est une bonne nouvelle.  De nombreux pays ont vu le déclin de la mortalité et l’augmentation de l’espérance de vie qui sont tous deux des indicateurs de succès.  Cette nouvelle, a estimé le représentant, devrait nous encourager dans nos efforts à allonger l’espérance et la qualité de vie de tous les segments de la population.  Mais une espérance de vie plus longue signifie aussi populations âgées et l’Allemagne ne fait pas exception.  Ayant une des populations les plus vieilles au monde, elle fait face à un vrai défi  démographique.   

Or, une étude de la stratégie démographique allemande publiée en 2012 montre que chaque groupe d’âge contribue à la prospérité et au bien-être de la société.  Gérer l’évolution démographique est une tâche qui exige des efforts à tous les niveaux du gouvernement et l’implication de toutes les forces de la société.  L’une des leçons que l’Allemagne a apprise est que nous ne sommes pas impuissants face aux défis posés par une population vieillissante.  En regroupant un large éventail de domaines politiques interdépendants, nous pouvons tirer parti des deuxième et troisième dividendes démographiques et, en fin de compte, protéger la croissance à long terme et la prospérité. 

Puisque l’évolution démographique et le développement durable sont étroitement liés, l’Allemagne travaille avec ses pays partenaires à la prise en compte des tendances démographiques dans les processus de planification nationale.  Nous appuyons, a expliqué le représentant, la collecte, l’analyse et l’utilisation de données démographiques désagrégées pour améliorer une planification du développement fondée sur des données probantes à tous les niveaux de prise de décisions.  Nous serions ravis de partager notre expérience nationale avec tous nos partenaires, a conclu le représentant.

Dans le cadre du processus de transition démographique qu’a connu son pays durant les quatre dernières décennies, a dit M. OMAR HILALE (Maroc), la baisse des risques de décéder à chaque âge s’est accompagnée d’une baisse de la fécondité qui concourt également au vieillissement de la population.  La part des plus de 60 ans dans la population devrait atteindre 15,4% d’ici à 2030.  Les enjeux de ce phénomène concernent notamment le devenir du système de protection sociale, dont les retraites et la santé, a-t-il précisé.

Pour s’adapter à cette réalité, le Gouvernement marocain a instauré la couverture médicale obligatoire de base avec l’assurance maladie obligatoire et le régime d’assurance maladie pour les économiquement démunis.  De même, a expliqué le représentant, il a adopté en juillet dernier une loi concernant le relèvement progressif de l’âge du départ à la retraite de 60 à 63 ans.  Par ailleurs, le Gouvernement a adopté en 2014 la Stratégie nationale de la jeunesse qui cible les jeunes âgés de 15 à 29 ans, qui représentent 30% de la population du Maroc.  Une nouvelle stratégie nationale d’éducation a été élaborée pour la période 2015-2030 appelée « Vision stratégique 2030 » qui s’appuie sur trois principes fondamentaux: l’égalité des chances, la qualité pour tous et la promotion individuelle et sociale.  

Étant donné que le Maroc devient de plus en plus un pays de destination pour les migrants, le Roi Mohamed VI a lancé l’initiative « L’Alliance sur la migration et le développement », qui encourage la protection des droits fondamentaux des migrants sur la base de la responsabilité partagée et le renforcement de la coopération entre les États de l’espace euro-africain.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a recommandé de continuer de s’appuyer sur les recommandations de la Conférence du Caire de 1994 et de parvenir à une vie digne pour tous.  « Il est important pour la Commission de se concentrer sur son rôle en restant fidèle à son mandat et de ne pas inclure de force des questions controversées qui n’ont rien à voir avec son esprit principal », a-t-IL fait valoir.  La croissance démographique met en péril les gains obtenus en matière de développement, a mis en garde le représentant.  Les crises démographiques doivent être résolues en prêtant une plus grande attention à la santé et à l’éducation.  Dans son plan national de développement 2030, l’Égypte met en place un consensus qui porte sur les familles et les institutions, a-t-il résumé.  Les pays en développement ont besoin d’un soutien technique et financier pour assurer leur développement et investir dans la jeunesse, a-t-il tenu à rappeler. 

Mme OLOF SKOOG (Suède) a indiqué que depuis l’adoption du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, les progrès sont trop lents et inégaux.  Les Nations Unies doivent aider les États à mettre en œuvre ce Programme d’action.  Pour profiter du dividende démographique, il faut respecter les droits de l’homme notamment les droits sexuels et reproductifs, a estimé la représentante dont le pays offre une palette de services dans ce domaine, en particulier aux adolescents et adolescentes.  L’éducation sexuelle complète est la solution pour prévenir les grossesses non désirées et les décrochages scolaires.  Il est important que les femmes et les filles puissent contrôler leur propre corps.  La représentante a également confirmé que son pays continuera de contribuer financièrement au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Elle est revenue sur l’initiative « She decides » qui est un mouvement mondial visant à ce que les femmes et les filles puissent jouir de leurs droits.

Mme JOSEPHINE KIBARU-MBAE, Directrice générale du Département de la planification et de la statistique du Kenya, a dit que la baisse du taux de fertilité à 3,5 enfants par femme aura des implications sur la croissance de la population, la structure par âge et le développement durable.  La population kenyane a augmenté de 10,9 millions en 1969 à 38,5 millions d’individus en 2010.  Elle devrait atteindre les 64 millions de personnes en 2030.  La proportion des enfants était de 30% en 2010 et elle devrait atteindre les 25% avant 2030.  En conséquence, le Gouvernement a mis en œuvre des programmes de survie de l’enfant comme la vaccination, la nutrition, la lutte contre le paludisme et le VIH/sida.

La proportion des adolescents devrait baisser de 24 % en 2010 à 22% de la population totale en 2030.  Celle des jeunes devrait aussi descendre de 9,9% à 9,1% entre 2010 et 2030.  La politique nationale de la jeunesse offre un cadre de travail dans lequel toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé et la société civile peuvent contribuer.  D’autres mesures prévoit la création un fonds de développement de l’entreprenariat des jeunes, un quota de 30% réservé aux jeunes dans les appels d’offres publics, le développement d’une feuille de route sur le dividende démographique et l’offre d’opportunités d’emplois-jeunes dans le domaine de la culture. 

Le Gouvernement a développé et mis en œuvre sa politique nationale sur la vieillesse en 2009.  Il a créé à leur intention le programme de transfert d’argent et reculé l’âge du départ à la retraite dans la fonction publique de 55 ans à 60 ans.  L’article 47 de la Constitution est celui qui consacre les droits des personnes âgées, a encore indiqué la représentante.

Mme CHULAMANEE CHARTSUWAN (Thaïlande) a indiqué que comme la population de son pays ne cesse de décliner et de vieillir, le Gouvernement a actualisé son plan national de développement qui, étalé sur une période de 20 ans, répond aux préoccupations démographiques émergentes.  Ce plan offre une stratégie sur trois piliers, à savoir, la promotion des accouchements de qualité, l’amélioration d’une force de travail productive et l’appui aux mesures visant à maintenir une population âgée active.  Aussi, en juillet dernier, la loi sur la prévention de la grossesse chez les adolescentes est entrée en vigueur.  Elle vise d’ici à 2025 à diviser par 2 le nombre des grossesses chez les filles âgées de 10 à 19 ans, en leur donnant accès aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive.  En outre, les stratégies et politiques de santé reproductive (2017-2026) visent à maintenir le taux de fécondité à 1,6% et à assurer la santé physique et mentale des mères et des nourrissons. 

Pour accroître la productivité dans le contexte de l’évolution démographique, le Gouvernement a initié plusieurs mesures dont des déductions fiscales et des subsides pour les familles de trois enfants, un appui à la participation des femmes sur le marché de l’emploi, le congé parental pour les pères et les mères et des crèches à des prix abordables.  Quant au soutien aux personnes âgées, dont le nombre devrait doubler d’ici à 2030 pour atteindre 17,7 millions soit un quart de la population totale, le deuxième plan sur le vieillissement (2002-2012) a été révisé et transformé en un plan stratégique.  Des lois sur la prolongation de l’âge du départ à la retraite et des programmes sur les revenus et la sécurité des personnes âgées ont également été mis en place.  

M. IGOR KHARITONOV (Fédération de Russie) a estimé qu’il fallait redoubler d’efforts pour adopter une approche équilibrée et juste en matière de population et de développement, afin de garantir à tous les pays de meilleures conditions de vie.  La Fédération de Russie, qui s’intéresse tout particulièrement aux questions liées aux personnes âgées, a adopté une stratégie d’ici à 2025 pour augmenter leurs chances d’emploi et leur accès à la santé et à l’éducation.  Parmi les 230 indicateurs de suivi des objectifs de développement durable, plus d’un tiers sont liés aux questions de population et de développement, a souligné le représentant.  Il a recommandé à la Commission de travailler en plus étroite coopération avec la Commission de statistique.  D’après lui, « une politisation non justifiée de la question de la démographie envisagée uniquement du point de vue des droits de l’homme ne fera que brouiller les priorités et empêcher une bonne coopération entre les États ».  Les objectifs du programme d’action du Caire ont été formulés en prenant en compte les particularités des États, a-t-il rappelé.   

Selon M. GEIR O PEDERSEN (Norvège), il faut redoubler d’efforts pour satisfaire les besoins de 225 millions de personnes en termes de planning familial dans les pays en développement.  Ensuite, a-t-il fait valoir, les investissements dans l’éducation et la santé des jeunes sont susceptibles d’aider les sociétés à atteindre leur dividende démographique.  Dans la mesure où les femmes vivent en général plus longtemps que les hommes, il faut aussi adopter une démarche soucieuse de la problématique hommes-femmes et tenir compte de la pression que subissent les femmes qui travaillent tout en s’occupant de parents âgés et d’enfants.

Des données fiables sont indispensables pour suivre l’évolution de la structure par âge de la population, a ajouté le représentant.  Les politiques en matière de population doivent également se fonder sur les droits de l’homme.  Il a proposé de s’inspirer de l’expérience des pays qui ont amélioré la santé maternelle, en assouplissant leur législation sur l’avortement.  À ce sujet, la Norvège propose d’inclure « l’accès à l’avortement sûr et légal » dans la résolution de cette année.  Enfin, le représentant a noté des lacunes dans le cadre normatif, notamment « l’absence de référence explicite aux droits sexuels dans le programme d’action du Caire ».

Mme ELENA DOBRE (Roumanie) a dit que depuis 20 ans, le pays sent les conséquences d’une évolution démographique marquée par la baisse de la fécondité et de la natalité, l’augmentation de la population urbaine et de l’exode rural.  Ces 20 dernières années, les services sociaux ont été la priorité notamment l’éducation et la santé.  Le Gouvernement continue de mettre en œuvre des politiques de création d’emploi, de réduction de la pauvreté et d’intégration sociale.  Il a augmenté le nombre des garderies et des écoles et octroyé une aide au retour au travail des mères qui viennent d’accoucher, dont des programmes de formation.  Une aide est aussi offerte aux personnes âgées grâce à une stratégie de formation ciblée.  La politique sociale de la Roumanie est adossée aux normes européennes, a indiqué la représentante pour qui les mesures sociales doivent être toujours adaptées aux réalités nationales.

Très bientôt la structure démographique et les défis de notre pays vont se modifier, a prévenu  M. MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie).  « Nous devons prêter attention à toutes les étapes de cette transition démographique en tenant compte de tous les facteurs qui ont un impact sur les sociétés concernées », a-t-il ajouté.  Il a réitéré les principes d’insertion, d’égalité, de non-discrimination et de protection de tous les droits de l’homme, y compris en matière de procréation.  Le Gouvernement colombien, a expliqué le représentant, a élargi les services fournis à la population rurale et dans les agglomérations territoriales. Il se prépare à organiser un recensement en 2018 et s’est allié au secteur privé et à la société civile pour organiser un recensement sur la santé tous les cinq ans, dont la santé sexuelle et génésique.  « Nous devons œuvrer de façon consensuelle pour atteindre les résultats dont nos sociétés ont besoin », a-t-il conclu. 

Après avoir élaboré ce qu’a fait son gouvernement pour tenir compte de l’augmentation de la population en particulier du nombre des jeunes, Mme MAYSOON AL-ZOUBI (Jordanie) a mis l’accent sur la présence de 1,3 million de réfugiés syriens soit un sixième de la population jordanienne.  Cela a mené, a-t-elle dit, à l’augmentation du taux de croissance de la population, impactant la structure par âge et la transition démographique, et créant de nombreux défis dont le plus important est le report du dividende démographique qui était attendu comme résultat de la différence entre les taux de fertilité et de mortalité des Syriens et ceux qui prévalent parmi les Jordaniens.

Les réfugiés syriens représentant également un grand nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail jordanien, en particulier le secteur informel, ce qui crée une pression constante sur l’emploi des Jordaniens.  Malgré ces défis, la Jordanie a choisi de se concentrer sur le positif, en particulier les compétences professionnelles de la main d’œuvre syrienne.  La représentante n’a pas caché que la présence des réfugiés syriens a culturellement une influence négative compte tenu de leurs coutumes et traditions, dont les mariages précoces et le travail des enfants, sans compter les naissances non enregistrées.  La communauté internationale, a conclu la représentante, doit soutenir la Jordanie, en contribuant le plan de réponse humanitaire 2017-2019. 

M. ZEPHYRIN MANIRATANGA (Burundi) a prévenu que son pays était confronté à des défis démographiques qui risquent d’hypothéquer ses efforts de développement socioéconomiques si des stratégies ne sont pas mises en place pour atteindre le dividende démographique.  À titre d’exemple, la densité moyenne de la population au Burundi est d’environ 400 habitants par kilomètre carré, l’indice de fécondité est de 4,6 enfants par femme et 65% de la population est constitué de jeunes de moins de 25 ans.  Le Gouvernement s’est engagé à contribuer à l’amélioration du niveau et de la qualité de vie de tous les Burundais, grâce à une gestion plus efficace des questions de population, a assuré le représentant.  Pour atteindre cet objectif d’ici à 2025, il entend faire passer le taux de fécondité à 3 enfants par femmes, l’espérance de vie à 60 ans et le taux d’accroissement de la population à 2%.  L’État entend aussi investir dans la jeunesse par des stratégies de promotion de la planification familiale et l’amélioration des services de santé reproductive adaptés aux adolescents et aux jeunes.

M. WILLIAM COMLAN (Bénin) a indiqué que son pays, qui compte environ 10 millions d’habitants, s’était engagé à améliorer les conditions de vie de sa population à travers des politiques et des programmes largement inspirés du programme d’action de la Conférence du Caire.  Depuis 1990, le Bénin s’est engagé dans la lutte contre la discrimination fondée sur le sexe, avec l’adoption de sa loi fondamentale qui garantit l’égalité entre les sexes à tous les niveaux.  Dans le cadre de sa politique de population, révisée en 2006, il a adopté la loi relative à la santé sexuelle et reproductive, la loi sur la répression de la pratique des mutilations génitales féminines, la loi sur la prévention, la prise en charge et le contrôle du VIH/sida, et la loi sur la répression du harcèlement sexuel et la protection des victimes.

À travers son programme « Le Bénin révélé », pour la période 2016-2021, le nouveau Gouvernement a pris des mesures pour une bonne mise en œuvre du développement durable à l’horizon 2030 afin de réduire la pauvreté dans le pays, a souligné le représentant.  Ce programme fait une place de choix à l’autonomisation des femmes et au développement du capital humain, notamment à travers la promotion de la santé et de l’éducation des filles, et a prévu des projets qui aideront les couches vulnérables à sortir de la précarité.

Mme ALINA POTRYKOWSKA, Secrétaire générale du Conseil sur la population du Gouvernement de la Pologne, a reconnu que son pays faisait face à de graves problèmes démographiques depuis 20 ans.  Déjà en 2015, les personnes âgées de 60 ans et plus représentaient près de 23% de la population.  Dans ce contexte, a-t-elle révélé, la Pologne prend des mesures pour accroître la fertilité des femmes, et pour limiter l’émigration de ses citoyens et créer les conditions de leur retour.  La stratégie de développement durable récemment adoptée par le Gouvernement souligne l’importance d’attirer sur le marché du travail polonais des travailleurs migrants qualifiés.

Le Ministère de la santé polonais, a expliqué l’intervenante, a pris une série d’initiatives pour améliorer la santé génésique de la population.  Le taux de prévalence du VIH/sida y est faible.  Pour ce qui est de la politique de la famille, le Gouvernement a institué une prime pour la naissance d’un enfant et un congé parental payé de 26 semaines pour chacun des parents qui peuvent les prendre en même temps.  De plus, une personne employée depuis au moins six mois peut prendre jusqu’à 36 mois de congé sans solde pour s’occuper d’un enfant, et si l’enfant est handicapé, elle peut prendre 36 mois de plus.  Mme Potrykowska a mentionné le programme 2017 pour le développement des garderies pour les enfants de moins de 3 ans et le programme pour les familles de 2014 qui offre une subvention de 500 zlotys par mois à partir du second enfant, dès la naissance et jusqu’à l’âge de 18 ans.  

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA  (Cabo Verde) a cité l’aspiration numéro 6 de l’Agenda 2063 intitulé « L’Afrique que nous voulons » qui dit spécifiquement que « nous voulons une Afrique dont le développement est axé sur les personnes, qui repose sur le potentiel des populations, en particulier les femmes et les jeunes, et qui se soucie du bien-être des enfants ».  Avec une population essentiellement jeune, Cabo Verde, à l’instar d’autres pays africains, fait face à une transition démographique.  Face à cette situation, le Gouvernement a conçu des politiques pour rendre obligatoires l’éducation et l’accès à la santé, y compris la santé sexuelle et génésique, et pour promouvoir l’inclusion sociale, la croissance économique et la parité des sexes, a expliqué le représentant.  Néanmoins, en tant que petit État insulaire en développement, Cabo Verde connait un certain nombre de limitations.  Le pays est confronté aussi à la prévalence élevée de maladies non transmissibles et au fait qu’il est devenu un pays de destination pour les migrants.  

M. NYI NYI, Directeur général adjoint du Département de la population du Ministère du travail, de l’immigration et de la population du Myanmar, a indiqué qu’avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), son pays a effectué, en 2014, le premier recensement depuis 30 ans, « très important » pour les réformes en cours dans le pays.  L’analyse des données montre que la transition démographique n’est pas encore terminée au Myanmar.  La baisse du nombre des jeunes, l’augmentation de celui des personnes âgées et la croissance du ratio consommateurs-producteurs ont affecté le type et la taille des familles.  L’on voit que l’augmentation du nombre de la population active peut influer positivement sur la croissance économique rapide, d’où le « dividende démographique ».  Le Gouvernement investit donc dans l’éducation et la santé, pour améliorer la productivité et note que la transition démographique a aussi changé la position des femmes, en leur ouvrant les portes du marché du travail.  En exploitant pleinement le potentiel des femmes, le Myanmar peut profiter du « dividende des sexes » et pour ce faire, convient qu’il faut investir dans les crèches, après avoir actualisé son programme de congés maternité et paternité qui est de six mois et de deux semaines.  Pour l’avenir, le Myanmar reconnaît la nécessité de s’atteler d’ores et déjà à des politiques pour faciliter des migrations ordonnées et promouvoir la formation continue et l’emploi des personnes âgées, sans oublier les politiques familiales pour compléter les politiques fiscales et garantir la viabilité des systèmes de sécurité sociale. 

À l’instar des autres pays africains, a déclaré Mme ENYONAM BADOHOUN WOMITSO, Directrice des études de population au Ministère de la planification et du développement du Togo, la démographie togolaise est caractérisée par une croissance rapide de la population estimée à environ  sept millions d’habitants en 2016.  Avec un taux de croissance annuel moyen de 2,84%, la population est composée à 61% de jeunes de moins de 25 ans.  Cette pyramide à base élargie pose d’énormes défis quant à la satisfaction des besoins des habitants, notamment en ce qui concerne l’accès à la santé, à l’éducation, à la bonne alimentation et à l’emploi décent pour les jeunes.  Malgré ces contraintes, a expliqué la Directrice, le Gouvernement togolais a entrepris des actions portant sur l’amélioration de la santé maternelle et infantile, l’autonomisation des femmes ou le renforcement de l’égalité des sexes.  Au moment où le Togo élabore son plan national de développement, le Gouvernement met en œuvre des politiques pour renforcer la planification familiale en vue de la maitrise progressive de la fécondité, des actions soutenues en matière de formation professionnelle, et une amélioration de la gouvernance à tous les niveaux. 

M. WILBERFORCE KISAMBA MUGERWA (Ouganda) a fait part de l’amélioration de l’espérance de vie qui, pour un enfant né aujourd’hui, est de 63 ans.  En dépit des progrès, les grossesses précoces représentent un grave problème conduisant à un taux de croissance démographique de 3% par an.  La population du pays est jeune comme en témoigne le taux de dépendance élevé qui constitue un lourd fardeau pour la population active.  Le pays fait face en outre aux difficultés liées à un taux de mortalité infantile élevé.  Le Gouvernement a donc élaboré des mesures pour pouvoir exploiter le potentiel des jeunes et diminuer le taux de fécondité, dans le but de récolter le dividende démographique. 

 « Mon pays souffre de la menace du terrorisme et de ses incidences sur la population et le développement durable », s’est plainte Mme ROUA SHURBAJI (Syrie).  Le terrorisme, les déplacements massifs de population et les mesures coercitives unilatérales imposées par certains États contre la Syrie ont produit des modifications de la pyramide des âges et exercé des pressions sur les infrastructures, notamment de logement, supprimé des emplois, paralysé ou fait obstacle aux capacités de production. De plus, 42% des hôpitaux et plus de 22% des centres de santé ont été touchés par la crise, a-t-elle ajouté.  Face à cette situation, a-t-elle assuré, le Gouvernement continue à travailler afin de mettre sur pied un programme de réhabilitation, parallèlement au programme humanitaire.  Elle a appelé les agences et mécanismes de Nations Unies à allouer les ressources nécessaires pour une bonne analyse des tendances démographiques. 

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a dit que les changements dans la dynamique de la population avaient été un problème clef au cours des 20 dernières années à Djibouti, et particulièrement dans le contexte du développement durable. Le changement démographique est un fait accepté et qui va de pair avec les flux migratoires.  La migration, a insisté le représentant, ne doit pas être considérée comme fardeau financier, c’est au contraire une opportunité financière.  Faire face aux problèmes démographiques est l’une des priorités politiques de Djibouti, a affirmé le représentant dont le pays doit aussi s’attaquer au développement des secteurs privé et public et la promotion du travail formel.  Djibouti est bien placé pour récolter le dividende démographique, s’est-il réjoui, insistant sur le fait que les jeunes doivent être considérés comme un espoir car ils sont susceptibles de réaliser l’aspiration des pays de se prendre en charge.

Mme ILLA MAINALI (Népal) a considéré qu’il fallait accélérer la mise en œuvre du Programme d’action du Caire pour garantir un accès universel aux services de santé, notamment pour les femmes et les filles.  Le Gouvernement népalais met en œuvre un programme pour la population qui s’appuie sur les plans existants mais demande davantage de données ventilées par âge et par sexe.  Pour améliorer la vie de la population, a-t-elle estimé, il faut intégrer les questions démographiques aux politiques de développement, en veillant à ce que la santé génésique soit intégrée aux droits de l’homme.

La représentante a soutenu la Déclaration de New York sur les réfugiés et migrants.  Elle a ajouté que la Constitution inclusive du Népal de 2015 garantit l’égalité hommes-femmes et veille au respect d’un certain nombre d’idéaux.  Son gouvernement, a-t-elle assuré, concentre ses efforts sur la mise en œuvre du Programme 2030.  Ainsi le quatorzième plan de développement du Népal lancé cette année intègre-t-il les objectifs de développement durable.  La pyramide des âges a entrainé de nouvelles opportunités et de nouvelles difficultés.  Le Népal est l’un des pays qui a l’âge médian le plus élevé et où la population en âge de travailler devrait augmenter.  Enfin, a-t-elle rappelé, les défis se sont multipliés après le tremblement de terre de 2015. 

Mme MARLENE MOSES (Nauru) a reconnu que le taux de mortalité chez les adultes est un problème dans sa région.  Pour faire face à cette situation, le Gouvernement travaille à réduire les risques de maladies et de pauvreté et à multiplier les opportunités d’emplois.  Il élabore aussi une politique de lutte contre la violence contre les personnes âgées qui sont, dans la tradition, très respectées, voire vénérées.  Le Gouvernement s’attaque aussi à l’éducation et à l’emploi des jeunes, investissant dans l’aide aux familles dont tous les membres ont beaucoup à apprendre aux jeunes.  Le but est d’encourager la consolidation des valeurs traditionnelles et culturelles au sein des familles.  La solidarité est et doit rester une valeur forte malgré une mondialisation qui fragilise les familles.  Il faut encourager le respect des convictions religieuses de chaque famille.  Dans nos cultures, s’est expliquée la représentante, le monde est perçu comme incertain.  Nous n’avons que nos cultures, nos valeurs et nos croyances pour y faire face. 

C’est la raison pour laquelle, a poursuivi la représentante, l’aide internationale doit se garder des exigences contraires aux valeurs traditionnelles.  Nous devons être libres de choisir notre propre voie, a-t-elle dit, plaidant pour un dividende démographique qui implique une éducation de qualité pour tous mais aussi une structure familiale solide. Dans ce cadre, la représentante a rejeté tout effort visant à promouvoir l’avortement.  Les problèmes de développement exigent certes un partenariat mais ce partenariat doit respecter les différences, a tranché la représentante.

M. AHMED SAREER (Maldives) a dit que son pays avait conservé les principes du Caire au cœur de ses politiques du développement, dans le respect des droits et du potentiel de tous. Notre population est jeune tout comme notre pays, a-t-il relevé, et cela représente un défi mais également une chance.  Le Gouvernement a donc mis l’accent sur l’éducation primaire gratuite pour tous.  « Seule une main d’œuvre qualifiée permet de maximiser le dividende démographique », a considéré le représentant.  Les Maldives ayant adopté une approche globale de renforcement de la formation des jeunes et de développement de l’entrepreunariat, plusieurs milliers d’emplois ont été créés ces trois dernières années.  En outre, le Gouvernement a investi dans les services de santé, notamment de reproduction, alors que le pays  enregistrait une diminution impressionnante de son taux de mortalité maternelle. Il met actuellement en place un système de couverture-santé universelle et se concentre sur l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. 

La population de l’Azerbaïdjan est l’une des plus jeunes parmi les pays d’Europe de l’Est, a déclaré M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan).  Les jeunes de 15 à 24 ans représentent 27% de la population.  Toutefois, la part des personnes âgées de 65 ans ou plus, qui est de 6% aujourd’hui, devrait atteindre 22% en 2050.  Un amendement récent a été introduit dans la loi du travail pour porter à 65 ans l’âge obligatoire de la retraite.  Un programme national sur la population et le développement pour la période 2017-2030 est en cours d’élaboration en Azerbaïdjan, a poursuivi le représentant.  Il a pour objectifs de promouvoir les valeurs familiales, renforcer l’appui socioéconomique aux familles, consolider la santé génésique de la population, protéger les mères et les enfants, et réduire les taux de mortalité et les maladies.   

M. ABOULIE BAH (Gambie) a indiqué que près de 43% de la population gambienne a moins de 15 ans et 21%, entre 15 ans et 24 ans.  Cette structure par âge signifie un potentiel pour une croissance rapide de la population et un taux de dépendance élevé qui pourrait porter les germes du désordre social.  Dans le contexte gambien, le mariage et les grossesses précoces, la drogue et le chômage pourraient annihiler le potentiel des jeunes.  Le défi est de les préparer à une vie productive pour accroître les richesses et le développement du pays. Le Gouvernement continue donc de donner la priorité à l’autonomisation des jeunes. Des institutions et des instruments ont été mis en place, dont la politique nationale de la jeunesse 2009-2018 qui encourage la participation des jeunes à la vie politique, sociale et culturelle.  Le résultat de cette politique s’est vu pendant les dernières élections législatives et présidentielles où les jeunes se sont inscrits en masse pour voter et pour se faire élire.  Ils sont aujourd’hui élus au Parlement. 

Dans l’exécutif, des jeunes ont été nommés à des postes de responsabilité dans le service public, la justice, les organes de sécurité.  Le Gouvernement a également créé une plateforme appelée « conférence biennale nationale des jeunes » qui fait l’inventaire des succès et des défis dans différentes activités et présente des recommandations à toutes les parties prenantes sur l’autonomisation des jeunes.  Le représentant a énuméré d’autres initiatives en faveur des jeunes.

M. RY TUY (Cambodge) a dit que son pays s’achemine vers une phase de transition démographique rapide qui offre l’opportunité de faire baisser le taux de dépendance.  La taille de la population active s’élargit, renforcée par des politiques appropriées dans tous les secteurs et soucieuses du dividende démographique.  Le plan national stratégique de développement des cinq prochaines années sera donc élaboré pour répondre aux nouveaux défis, avec un accent particulier sur l’évolution de la structure par âge de la population et le développement durable.  Il se focalisera sur une meilleure répartition des richesses, la réduction des inégalités de revenu, le renforcement des capacités institutionnelles et de gouvernance, la création d’un capital humain fort, le renforcement du système de santé en milieu rural et urbain, la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, par un accès universel à la santé sexuelle et reproductive, en particulier pour les jeunes. 

Mme KITTY SWEEB (Suriname) a indiqué que le Suriname, à l’instar des autres pays des Caraïbes, avait enregistré une augmentation de 29% de la population âgée de 60 ans ou plus.  La part de ce groupe dans la population totale est passée de 8,6% en 2004 à 10,1% en 2012.  Ce phénomène intervient dans un contexte de défis économiques importants, de changements dans les relations intergénérationnelles, d’institutions gouvernementales fragiles et de privatisation de nombreux services, notamment de santé.  Face au vieillissement de sa population, le Suriname a entrepris, en coopération avec les parties prenantes du secteur privé et de la société civile, une vaste collecte de données en vue de mettre au point un plan national d’action pour les personnes âgées.  D’un autre côté, plus de la moitié de la population du Suriname est âgée de moins de 25 ans.

La représentante a espéré que le pays saura tirer parti de ce dividende démographique mais elle a évoqué la violence contre les enfants, les abus sexuels, l’abus de drogues et d’alcool, le décrochage scolaire, la criminalité, le VIH/sida et les MST, des défis qui, selon elle, sont étroitement liés à la santé et aux droits sexuels et génésiques, ainsi qu’aux inégalités entre les sexes et à la pauvreté.  Le pays compte également des taux de fécondité très élevés parmi les adolescentes.  Face à ces défis, le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures, dont la création d’un ministère distinct de la jeunesse et des sports et une loi qui fixe l’âge minimum du mariage à 18 ans.  

M. ALBERT-RAPHAËL MONDONGA-O-BATOBANDELYE, Secrétaire général à la coopération internationale au Ministère de la coopération au développement de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué que son pays se situait aujourd’hui à l’étape initiale de la transition démographique caractérisée par une fécondité très élevée de 6,6 enfants par femme en moyenne et une mortalité générale en baisse depuis les années 1960.  Cette fécondité élevée est restée relativement stable depuis les années 1980, ce qui fait que près de la moitié de la population de la RDC est âgée de moins de 15 ans. 

Le Gouvernement de la RDC a pris conscience de l’importance de la transition démographique pour le développement du pays.  Dans cette optique, différentes actions stratégiques sont en cours notamment l’élaboration et la mise en œuvre du plan stratégique national de la planification familiale à vision multisectorielle pour 2014-2020, la promotion de l’équité face à l’éducation pour les jeunes filles et les garçons, l’augmentation de la part du budget alloué à la santé et à l’éducation et l’élaboration en cours du plan national stratégique de développement pour la période 2017-2021 qui prévoit la diversification de l’économie à travers le financement du secteur agricole.

Dans ce plan stratégique, la RDC envisage des actions visant à déclencher la baisse de la fécondité en 2022, la transformation de la structure par âge et l’ouverture de la fenêtre démographique d’opportunités économiques en 2037.  Après avoir énuméré les activités menées dans le domaine de la population notamment le repositionnement de la planification familiale à travers la création de la demande en vue d’atteindre trois millions de nouvelles acceptantes par an, la RDC a lancé notamment en 2015 une campagne contre les mariages précoces pour une durée de trois ans.  Le lancement de cette campagne a été suivi par l’élaboration d’un plan d’action national de lutte contre les mariages précoces qui couvre la période 2016-2020. 

L’ARCHÊVQUE BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a insisté sur la nécessité de prendre en compte les différences qui existent entre les régions et les pays.  D’après lui, « la croissance démographique est pleinement compatible avec une prospérité partagée ».  Le monde développé, a-t-il noté, est souvent responsable des déséquilibres commerciaux, de la répartition inéquitable des ressources et de la dégradation de l’environnement.  De même, la corruption, les conflits prolongés et les autres catastrophes provoquées par l’homme, en particulier dans les pays en développement, contribuent plus à perpétuer l’injustice et la pauvreté qu’une population saine et croissante.

La transition démographique s’est produite dans le monde développé avant qu’il n’ait accès aux méthodes modernes de contraception, a rappelé l’Observateur.  Si la parentalité et un comportement sexuel responsables sont des impératifs moraux, la régulation coercitive de la fertilité, notamment sous couvert d’autonomisation et de droits, sape les libertés individuelles, a-t-il insisté en défendant « le respect de la vie, du moment de la conception à la mort naturelle ».  

Groupe d’experts

En Europe, a déclaré Mme Agnieszka Chlon-Dominczak, Professeure à l’École d’économie et à l’Institut de recherche de Varsovie et ancienne Vice-Ministre du travail et de la politique sociale de la Pologne, l’évolution de la structure par âge est liée au vieillissement de la population laquelle va baisser dans la moitié des pays.  En Europe centrale et en Europe orientale, la population en âge de travailler va baisser de plus de 30% même si la situation varie beaucoup d’un pays à l’autre.  La Suède, par exemple, est l’un des pays où la population en âge de travailler est très active, l’évolution du marché du travail et l’Etat-providence étant des facteurs importants.  L’oratrice a appelé à des réformes structurelles pour faire face au vieillissement de la population et accroître la productivité.

Dans tous les pays arabes, il y a un consensus selon lequel l’évolution de la structure par âge va avoir des résultats positifs pour le développement durable, a estimé M. Youssef Courbage, Directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques de la France. La diminution des indices de dépenses publiques va booster le dividende démographique.  Toutefois, a-t-il averti, « on assiste à une contre-transition démographique » dans 80% des pays arabes.  Au lieu de diminuer, la fécondité augmente ou se stabilise à des niveaux élevés.  C’est le cas en Égypte, pays qui compte 100 millions d’habitants, mais aussi en Algérie, en Iraq, au Yémen et même en Tunisie et en Israël. Les pays arabes qui échappent à ce phénomène sont le Maroc, le Liban et les pays du Golfe.  En termes de population, a insisté M. Courbage, « c’est un problème très grave, peu évoqué en dehors des milieux académiques et qui est de nature à compromettre le développement durable ». Un autre risque majeur est la marginalisation des femmes dans la vie économique.  Recommandant des recherches plus poussées sur cette contre-transition, M. Courbage a relevé que « les pays arabes ont une peur bleue du vieillissement de la population ». « Il faudrait leur expliquer que le dividende démographique de l’An II peut être un bienfait pour eux ».  Enfin, a-t-il souligné, la situation est compliquée par l’implosion de nombreux pays arabes comme la Syrie, la Libye et le Yémen et par un recul économique généralisé.

« Nous avons une grande cohorte de jeunes et nous nous demandons comment en faire un groupe de qualité », a lancé Mme Edith Esinam Asamani, Chargée de projet pour la santé reproductive des adolescents à Hope For Future Generations, au Ghana. « Nous serons aussi le plus grand groupe de personnes âgée au monde », a-t-elle ajouté.  Il faut garantir le respect des droits des femmes et des jeunes et rappeler que les questions démographiques ne sont pas que des questions de développement, mais aussi des questions de développement durable. « Il faut regarder la personne derrière le chiffre », a-t-elle insisté.  Il faut établir des priorités pour savoir où investir l’argent, où canaliser les efforts.

Pour M. Rafael Rothman, Chef de programme à la Banque mondiale pour l’éducation, la santé, la protection sociale, le travail et la pauvreté à Buenos Aires, en Argentine, « le vieillissement de la population n’est pas un problème, c’est une bénédiction ». Les personnes ne meurent plus autant qu’avant et les familles contrôlent leur fécondité, s’est-il justifié.  C’est un indicateur de développement.  « Le problème, c’est que les institutions ne s’adaptent pas assez vite à la nouvelle donne démographique », a-t-il déclaré.  Il a recommandé de revoir le rôle des systèmes de retraite à travers le monde pour les rendre plus souples. Selon lui, la retraite devrait être un droit et non pas une obligation. Ensuite, a-t-il continué, il faut plus de participation au marché du travail.  Le seul moyen de régler le problème, a-t-il conclu, est d’améliorer la productivité à travers le capital humain, notamment en améliorant la santé, l’éducation et l’innovation. 

Exposés nationaux volontaires

M. ZHOU MEILIN, Directeur adjoint du Département de la planification familiale de la Chine, a rappelé que son pays a entamé, dès les années 60, sa transition vers un mode moderne de reproduction.  Avec une population qui est passée de 540 millions d’habitants aux premiers jours de la nation à 830 millions en 1970, en exerçant une pression énorme sur le développement socioéconomique, le pays a vite fait de lancer dans les 70, un programme de planification familiale qui a mené à une baisse drastique des taux de fécondité, de mortalité et de croissance démographique et à une espérance de vie de 76,34 ans.  Selon les prévisions, la population chinoise atteindra le 1,45 milliard d’habitants d’ici à 2030, suivi d’une croissance négative puis d’une chute à 1,4 milliard en 2050.  Le nombre d’enfants n’a cessé de diminuer, les enfants âgées de zéro à 14 ans n’étant que 227 millions en 2015, soit 16,5% de la population totale, un taux qui ne sera plus que de 16% en 2030 puis de 14,39% en 2050.  Quant à la population en âge de travailler, elle était d’un milliard en 2015 et devrait chuter à 952 millions en 2030 puis à 808 millions en 2050.  En revanche, le nombre des personnes âgées devraient se situer à 262 millions en 2030 et à 395 millions en 2050, soit 28,1% de la population totale, voire 30% à la moitié du siècle. 

Non seulement la Chine doit faire face aux défis d’une forte population, des tensions entre les ressources et l’environnement et des pressions sur l’emploi, comme tous les pays en développement, elle doit aussi s’attaquer aux problèmes typiques d’un pays développé, à savoir un taux de fécondité assez bas et une population âgée.  L’équilibre démographique est donc devenu une stratégie nationale « majeure » a confié le représentant.  Le Plan national de la population 2016-2030 a ainsi universalisé la politique des deux enfants, sachant que les efforts précédents s’étaient déjà traduits par une augmentation des naissances qui sont passées de 16,4 millions en 2013 à 17,86 millions en 2016, le taux de fécondité remontant à 1,7% et poussant le Gouvernement à créer un environnement social favorable à la reproduction, dont des mesures relatives à la santé, aux crèches, à l’éducation, à l’impôt, à la sécurité sociale, au logement et à l’appui aux familles.  Les changements démographiques, a conclu le représentant, ont leurs propres lois mais nous sommes à l’âge de l’interdépendance et de l’interconnexion, condamnés à répondre ensemble aux nouveaux défis démographiques.

Les efforts du Ghana s’appuient sur la politique nationale de la population et sur la politique de la santé reproductive des adolescents.  D’ici à 2020, les objectifs déclarés sont des taux de croissance démographique de 1,5%, de fécondité de 3%, de prévalence des contraceptifs de 50%, de mortalité maternelle de 55 pour 100 000 et une réduction de la proportion des femmes mariées avant l’âge de 18 ans de 80%.  Le dividende démographique est clair comme en attestent les chiffres de 2010: la baisse du nombre des moins de 15 ans qui est passé de 46,9% en 1984 à 38,3%; l’augmentation de la population active, de 49,5% en 1970 à 57% et le taux de dépendance, de 102% en 1970 à 76%.  Ce dividende démographique pointe sur la nécessité urgente d’investir dans les secteurs clefs de l’éducation, de la santé, de l’économie et de la gouvernance, dans le but de renforcer le capital humain, de parvenir à l’égalité entre les sexes, de stabiliser le secteur financier et d’améliorer la transparence et la gouvernance.  En 2016, le pays a mis en place un cadre commun de résultats pour garantir au mieux le dividende démographique. 

M. MALIKI (Indonésie) a dit que la taille de la population active a augmenté permettant ainsi au pays d’entrer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire dans un avenir proche.  L’Indonésie a l’une des politiques familiales les plus efficaces, a affirmé le représentant, avant d’avouer le problème d’une population jeune dont 51% seulement ont un emploi, le taux chez les jeunes des femmes étant de 50%.  Ici comme aux Philippines, les provinces ne vivent pas la même transition démographie.  L’île de Java, la plus grande de l’archipel, a connu une transition tardive et la population âgée y est plus nombreuse qu’ailleurs.  Pour faire face à ces situations différentes, le Gouvernement a augmenté les investissements dans l’éducation et la santé. 

Les avantages du dividende démographique sont là, s’est félicité le représentant, revenant aux programmes de planification familiale qui ont entraîné une réduction importante du nombre d’enfants par femme.  La transition démographique est tout de même inégale: certaines régions connaissent déjà un vieillissement de la population et nécessitent des interventions spécifiques et ciblées.

L’investissement en capital humain est la clef pour capitaliser sur le dividende démographique.  Avec une population en âge de travailler en pleine croissance, l’Indonésie a besoin de plus d’emplois de qualité.  Le défi est d’obtenir, à cet égard,  une franche collaboration entre le Gouvernement, le secteur privé et les communautés.  Ce n’est qu’en 2030 que le pays atteindra le plein potentiel de son dividende démographique mais, a reconnu le représentant, il n’a pas beaucoup de temps pour se préparer à cette échéance d’où la priorité accordée au développement économique. 

M. PEREZ (Philippines) a indiqué que la population des Philippines se chiffre à 101 millions d’habitants, soit un taux de croissance annuel de 1,7%.  Les Philippines sont ainsi le deuxième pays le plus peuplé d’Asie du Sud-Est et le douzième au monde.  La structure par âge est relativement jeune, 33% de la population appartenant à la classe des zéro à 14 ans et 63% à celle en âge de travailler.  Les tendances montrent que la population totale diminue alors que le nombre des jeunes et des personnes en âge de travailler augmente.  D’ici à 2045, le pourcentage des 15-64 ans devrait atteindre les 76% contre 52% dans les années 60 et celle des enfants de 0 à 14 ans devrait chuter à 21% contre 46% dans les années 60.  En revanche le nombre des personnes âgées devrait augmenter et atteindre les 11% en 2045 contre 3% dans les années 60.  À cet égard, l’urbanisation est un phénomène bien réel, la métropole de Manille comptant 68% des 15-64 ans. 

Ces chiffres dénotent un taux de fécondité élevé qui stagne cependant à trois enfants par femme depuis 2003 contre quatre en 1993, le pays s’acheminant vers le taux de remplacement en 2035.  Les Philippines connaissent en effet un problème d’accès aux contraceptifs puisqu’en 2013, seule 4 femmes sur 10 y avaient accès, alors qu’une femme sur cinq a exprimé son intention de limiter les grossesses et leur espacement.  Le dividende démographique serait palpable si le pays n’avait des difficultés à répartir équitablement les revenus d’une croissance de 6,1% entre 2010-2016, entre les différentes régions; le revenu par habitant de la région de Manille étant quatre fois supérieur à celui de la deuxième région la plus urbaine du pays et plus de 12 fois à celui de la région musulmane autonome de Mindanao.  L’exploitation du dividende démographique est aussi compliquée par le rythme avec lequel le pays absorbe sa population en âge de travailler.  L’offre d’emploi et les opportunités économiques n’ont pas suivi la même cadence que l’augmentation de la population jeune dont le taux de chômage était de 12% en 2016.  De manière générale, le taux de pauvreté demeure élevé, se hissant à 22% en 2016. 

Mais l’espoir est de mise, a estimé le représentant, quand on sait que le taux d’inscription à l’école primaire était de 91% et celui à l’école secondaire de 68% en 2015.  La santé de la population s’améliore aussi; l’espérance de vie étant de 67,2 ans.  Un des défis est de mettre en œuvre la loi sur la planification familiale.  La Cour suprême ayant suspendu la distribution des contraceptifs sous-cutanés, la date d’expiration des stocks risque d’être dépassée.  Le Gouvernement a tout de même donné instruction à tous ces départements de poursuivre la mise en œuvre de la loi sur la santé reproductive et a intégré le dividende démographique dans le plan national de développement 2017-2022 qui comprend des dispositions sur la formation du capital humain et sur la mise en œuvre accélérée de l’Agenda de la santé.  Le Gouvernement a pu ainsi lancé des initiatives pour la création d’emplois et les opportunités économiques en partenariat avec le secteur privé et initié des réformes économiques pour une répartition plus équitable des richesses entre toutes les régions, a affirmé le représentant.

Mme AHMED (Soudan) a dit que son pays compte aujourd’hui 40,8 millions d’habitants, le taux de croissance étant de 2,4% par an, le seuil de pauvreté de  46,5 et le taux de chômage de 18%.  Le principal facteur de cette situation est le conflit armé que le pays a connu et qui a provoqué des déplacements massifs de population et une  crise des réfugiés.  Le conflit a détourné les ressources au détriment des priorités socioéconomiques.  En outre, la séparation d’avec le Soudan du Sud a privé le pays de 20% de sa population.  Cette année, le Gouvernement a mené son cinquième recensement, constatant notamment le déclin du taux de fécondité.  Il est aussi apparu que les moins de 15 ans représentent 35% de la population et que le taux de dépendance est de 85%. 

Le taux de fécondité continuera de baisser et la population en âge de travailler se stabilisera à 65%.  Les défis restent donc l’éducation, l’emploi, surtout pour les jeunes, l’urbanisation, l’exode rural et l’émigration.  À ce rythme, le pays risque de perdre son dividende démographique, s’est alarmé le représentant, craignant que son pays ne tombe dans le syndrome du vieillissement de la population alors qu’il n’est qu’à la première phase de la transition démographique.  Le Gouvernement s’est doté d’un plan stratégique de développement national, d’un plan stratégique de la population et d’une politique nationale pour les femmes, a entre autres énuméré le représentant. 

Mme KOLVURANTA (Finlande) a dit que dans son pays la sexualité n’est pas seulement une question de santé mais aussi une question de respect des droits de l’homme.  Le premier Centre de planification familiale a été créé en 1974 et depuis, d’autres mesures ont été prises qui ont donné lieu à des petites familles  prospères où les pères et les mères travaillent tous les deux.  Notre pays est ainsi connu pour son taux élevé de bien-être familial, s’est enorgueillie la représentante, en ajoutant que si un cinquième de la population a 65 ans et plus, le nombre d’habitants ne cesse d’augmenter du fait de la migration.  Comme le Programme 2030 oblige chaque pays à prendre des mesures, la Finlande a créé des mécanismes pour élaborer un programme national impliquant les secteurs public et privé et dans le respect des droits sexuels et reproductifs des femmes. 

Mme CHEMOR (Mexique) a indiqué que dans son pays, la population de 65 ans et plus ne cesse d’augmenter depuis l’an 2000, dépassant les sept millions.   Mais l’année 2017 coïncide tout de même avec l’avènement du dividende démographique au Mexique alors que d’ici à 2050, l’augmentation des personnes en âge de travailler et du nombre de la population âgée fera du Mexique est un pays vieillissant.  Aujourd’hui, il compte 22,5 millions d’adolescents, obligeant le Gouvernement, compte tenu des circonstances, à élaborer une stratégie de prévention de la grossesse chez les adolescentes, fondée sur le principe de la « coresponsabilité hommes-femmes ».  Pour ce qui est du vieillissement, le pays sait qu’il faut des changements socioéconomiques et culturels, en particulier dans le domaine de la santé et celui de l’aménagement urbain.

M. TOR-HUNGE OLSEN, Directeur exécutif de la Fédération internationale de la planification familiale de la Norvège, a dit que son pays est aussi affecté par ce qu’on pourrait appeler le syndrome du vieillissement de la population, qui caractérise la plupart des pays développés.  Mais, grâce à une fertilité et une immigration relativement élevées, la situation est moins dramatique qu’ailleurs, s’est réjoui le représentant.  Plusieurs mesures ont été mises en œuvre, dont la réforme du système de pension, le pays discutant également aujourd’hui de la nécessité de retarder l’âge du départ à la retraite.  Revenant au taux de fertilité, le représentant a avoué que le pays ne comprend pas bien les raisons de sa chute ces dernières années mais qu’il y travaille. 

Le représentant a tenu à souligné que l’éducation sexuelle complète est une partie intégrante du programme du cycle secondaire en Norvège, bénéficiant d’une bonne collaboration étroite entre la société civile et le Gouvernement pour l’élaboration du curriculum et la mobilisation des ressources pour appuyer les éducateurs.  L’éducation complète, a insisté le représentant, ne parle pas seulement des aspects biologiques de la sexualité mais aussi de l’émotion, du respect, de l’intégrité et d’autres questions liées aux relations qui contribuent à créer un environnement d’apprentissage sûr et inclusif, tout entier dirigé contre le harcèlement.  Cette éducation parle aussi des différences entre les orientations et les identités sexuelles, parmi les élèves.  Mais des défis subsistent et c’est la raison pour laquelle dans la nouvelle stratégie de santé sexuelle, le rôle de l’éducation sexuelle complète est renforcé.  On pense même à développer des programmes pour la maternelle. 

Cinquante ans après l’introduction de la pilule, les choses ont montré que l’accès des femmes aux contraceptifs a contribué à la réalisation de leurs droits et a influencé la démographie.  Faut-il élargir l’accès des filles de moins 16 ans aux contraceptifs?  C’est un débat en cours en Norvège, un pays qui a légalisé l’avortement en 1978 et qui a vu son taux au plus bas en 2016, surtout parmi les femmes de moins de 25 ans.  L’expérience de la Norvège, a conclu le représentant, montre l’importance des droits des femmes et des filles, des droits à la santé sexuelle et reproductive et de l’égalité des chances qui ont été au cœur des priorités politiques, faisant de la Norvège ce qu’elle est aujourd’hui.  Mais des défis persistent en Norvège comme ailleurs, a conclu le représentant, en appelant à une bonne mise en œuvre du Programme d’action du Caire et du Programme 2030.

Le Soudan ayant dit craindre le syndrome du vieillissement de sa population, le Directeur de l’Institut national d’études démographiques de Paris a répondu qu’il ne s’agit aucunement d’une « malédiction ».  C’est un concept qu’il faut revoir et qui sera revu.  La « contre transition démographique » qui touche aujourd’hui huit arabes sur dix ne va pas s’arrêter là.  Elle va aussi toucher certains pays africains et même les Philippines qui ont les mêmes modèles ou presque que les pays arabes, a averti l’expert. Le vieillissement de la population n’est ni « un tsunami » ni un fardeau, a renchéri L’Experte de la Faculté d’études économiques de Varsovie. Il faut l’aborder comme un phénomène vivable.  On gagnerait à s’inspirer de l’exemple du Japon, a estimé la représentante du Mexique.  

Débat interactif

« Ce qui a été dit pendant l’exposé national volontaire sur le Ghana ne correspond pas à la réalité, a estimé la représentante du Ghana.  Les pays développés devraient plutôt respecter leurs engagements financiers pour que des pays comme le Ghana atteignent leurs objectifs en matière de population et de développement, a plaidé son homologue de la République démocratique du Congo (RDC), et notamment faire baisser le taux de fécondité, a ajouté le représentant du Libéria.  Dans un continent, l’Afrique, où une famille nombreuse est considérée comme « une bénédiction divine », comment convaincre la femme de faire moins d’enfants?  La société civile mobilise-t-elle des fonds pour aller éduquer les chefs traditionnels et leur faire comprendre qu’un taux de natalité et de fécondité élevé n’est pas une bonne chose?  Travaillons ensemble pour trouver des solutions communes à tous nos maux, a conseillé le représentant.  Il faut multiplier les investissements dans l’éducation et la santé sexuelle et reproductive pour que les pays puissent atteindre leur dividende démographique, a conseillé, à son tour, l’Experte de la Faculté d’études économiques de Varsovie

La planification du développement est un processus complexe, s’est résigné le représentant de l’Ouganda, devant la masse des jeunes qui entrent pour la première fois sur le marché du travail.  « Éduquer et puis occuper », c’est ce qu’il faut faire, s’est-il résumé mais la question qu’il faut se poser c’est  « quel type d’éducation, quel type d’emploi? » a estimé le représentant du Nigéria, insistant sur l’adéquation avec les besoins du marché.  La Commission doit offrir des réponses claires et simples à toutes nos préoccupations, a exhorté le représentant de la République démocratique du Congo.

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