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Conférence de presse: le Secrétaire général lance cinq appels à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés

Le Secrétaire général de l’ONU a profité de la Journée mondiale des réfugiés aujourd’hui pour lancer cinq appels importants.  Au cours de la conférence de presse qu’il a donnée au Siège des Nations Unies, à New York, M. António Guterres n’a pas échappé à des questions sur la politique internationale dont les relations de l’ONU avec l’Administration américaine.

Rétablissement de l’intégrité du régime de protection des réfugiés dont l’« obligation faite aux États » de les accueillir; primauté des solutions politiques sur les solutions humanitaires dans les pays d’origine; augmentation de l’appui financier aux activités humanitaires; solidarité envers l’hémisphère Sud; et partage des responsabilités avec les pays en développement.  Tels sont les cinq appels que le Secrétaire général de l’ONU a lancés. 

M. António Guterres s’est expliqué, « toujours rempli d’émotions » après ses 10 années passées à la tête du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour « aider les plus vulnérables d’entre les vulnérables ».  Une expérience, a-t-il avoué, qui a changé « ma perspective du monde et qui m’a poussé à devenir secrétaire général ».

La protection des réfugiés, a souligné le Secrétaire général, n’est pas une question de solidarité et encore moins de générosité.  C’est une « obligation juridique » en vertu du droit international.  Globalement, ce droit a toujours été respecté mais la situation a changé, a dénoncé M. Guterres, même si beaucoup d’États déploient des efforts remarquables comme l’Ouganda, où il se rend bientôt, qui a accueilli 1,3 million de réfugiés, dont 950 000 Sud-Soudanais « avec lesquels les Ougandais partagent tout, même leurs terres ». 

L’Ouganda, a insisté le Secrétaire général, accueille trois fois plus de réfugiés que ceux qui traversent la Méditerranée.  De l’autre côté du monde, le Liban a désormais une population dont le tiers est composé de réfugiés.  Or, les activités humanitaires demeurent dangereusement sous-financées: 50% des fonds demandés n’ont toujours pas été reçus alors que 80% des réfugiés sont dans l’hémisphère Sud, dans des pays déjà confrontés à des défis socioéconomiques sérieux.

Le Secrétaire général a décrit un monde où l’on voit de plus en plus de frontières fermées et de plus en plus de refoulements, où le racisme et la xénophobie se propagent et où les réfugiés, qui fuient le terrorisme, sont soupçonnés à leur tour d’être des terroristes.

M. Guterres a appelé à des solutions politiques aux conflits qui poussent les gens à fuir de chez eux.  Il a insisté sur les « mécanismes de responsabilité » pour que les auteurs d’exactions soient dûment traduits en justice.  Il a rappelé la distinction entre « migrants » et « réfugiés », et jugé « irrationnel » le débat sur la migration.  Il vaut mieux la réguler que de laisser la main aux passeurs clandestins, a-t-il prévenu, plaidant pour le renforcement de la coopération internationale afin de créer les conditions favorables au maintien des populations dans leur pays. 

La migration, a-t-il tout de même insisté, a toujours existé et existera toujours comme « élément d’équilibre socioéconomique » dans toutes les sociétés.  Le Secrétaire général a dit attendre beaucoup des débats que l’Assemblée générale tiendra l’année prochaine sur les questions des migrants et des réfugiés.  Il a espéré « de bonnes politiques fondées sur le respect des droits de l’homme ». 

Le Secrétaire général n’a pas échappé à des questions sur la politique internationale.  Il a balayé d’un revers de main les accusations de « passivité ».  Il a ainsi vanté les mérites d’une « plateforme de coopération » en matière de paix et de sécurité mise en place avec l’Union africaine, prônant une « division du travail » pour une plus grande efficacité car le maintien de la paix « traditionnel » est mis à rude à épreuve et nécessite désormais « des formules à géométries variables ».

Le Secrétaire général a aussi attiré l’attention sur le « travail humanitaire remarquable » qu’accomplit l’Organisation et sur le fait que cette dernière est « extrêmement active » dans la crise en Syrie, comme en témoignent les Processus d’Astana et de Genève, « ce qui ne veut pas dire que c’est facile ».  M. Guterres n’a pas caché sa préoccupation face au risque d’escalade sur le terrain, en particulier entre les États-Unis et la Fédération de Russie.

Sur le dossier du nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), s’est-il expliqué, l’ONU préfère laisser la main au Conseil de sécurité et aux pays de la région car elle ne voit pas à ce stade « d’utilité particulière » à assumer plus de responsabilités.  Le Secrétaire général a aussi été amené à commenter la crise entre le Qatar et les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG). 

La manière la plus utile pour l’ONU de contribuer au règlement de cette crise « complexe » est de soutenir les efforts régionaux, a répondu le Secrétaire général qui a reconnu que l’ONU n’a pas le levier de pression nécessaire pour faire plus.  Il n’a vu aucun inconvénient à ce que des pays étrangers soient appelés au secours des efforts de médiation.

Le Secrétaire général s’est aussi défendu de céder aux pressions, en particulier de la part des États-Unis qui viennent de se retirer de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, de reculer sur la question des réfugiés et de réduire leur quote-part au budget ordinaire de l’ONU.  Je n’ai pas caché mon « désaccord évident » sur l’Accord de Paris, a répondu le Secrétaire général qui s’est dit encouragé par la réaction de la société civile et de certaines villes américaines.  Quant au budget de l’ONU, il a rappelé qu’aucune décision définitive n’a encore été prise et annoncé qu’il se rendra lui-même au Congrès américain pour en discuter.

Le Secrétaire général a tout de même prévenu que contrairement aux lois de la physique, la politique internationale « n’a pas peur du vide » car ce vide finit toujours par occuper par un autre, « ce qui n’est bon ni pour les États-Unis ni pour le monde » comme le montrent les situations en Libye, en Syrie et au Soudan du Sud.

Quant à la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), le Secrétaire général a souligné que sa décision d’interdire le rapport de l’organisation n’a rien à voir avec une quelconque pression d’Israël ou des États-Unis.  Il s’agissait d’un « cas d’indiscipline » où « ma » Représentante spéciale se proposait, pour la seconde fois, de publier une simple étude sous le label « rapport officiel».  N’importe quelle organisation aurait pris la même décision.  « Je ne renonce ni à mes principes ni aux politiques auxquelles je crois », a martelé le Secrétaire général.

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