Soixante-douzième session,
101e et 102e séances plénières – matin et après-midi
AG/12035

Assemblée générale: résolution sur la Stratégie antiterroriste mondiale adoptée par consensus malgré des divergences de vues sur des questions clefs

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui une résolution* sur le sixième Examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, grâce à un consensus « durement acquis », comme l’a souligné le représentant de l’Union européenne.  Ce texte plaide pour une mise en œuvre intégrée et équilibrée de tous les quatre piliers de la Stratégie, principalement par les États Membres mais aussi par l’entremise de plans sous-régionaux et régionaux.

Les États Membres sont aussi engagés à obtenir le concours des populations locales et des acteurs non gouvernementaux en vue de mettre au point des stratégies ciblées visant à contrer le discours de l’extrémisme violent qui peut inciter certains à se rallier à des groupes terroristes et à commettre des actes de terrorisme, ainsi qu’à éliminer les conditions propices à la propagation de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme.

Issue d’un processus consultatif qui a donné lieu à de nombreuses réunions bilatérales avec les missions et les groupes régionaux, cette résolution, que l’Assemblée générale adopte tous les deux ans, a rassemblé les délégations sur la nécessité de suivre une approche antiterroriste plus globale comprenant notamment des mesures préventives systématiques et le respect des droits de l’homme, mais n’a pas satisfait pleinement certaines délégations.  Pour l’Inde, par exemple, elle ne représente qu’une mise à jour technique de la précédente résolution, alors que d’autres lui reprochent de n’avoir pas pu galvaniser le soutien collectif nécessaire.

Les plus âpres discussions ont porté sur le langage relatif aux questions liées à l’architecture antiterroriste et au renforcement des capacités; la société civile et le genre; la lutte contre le financement du terrorisme; les victimes du terrorisme; les technologies de l’information et des communications et la contre-propagande; les menaces et tendances liées aux combattants terroristes étrangers, et à la prévention de l’extrémisme violent en tant que tel et en tant qu’incitation au terrorisme.

Parmi les nouveautés de ce texte, il y a la référence au problème des combattants terroristes étrangers.  Ainsi l’Assemblée générale demande aux États Membres d’assurer une coordination totale et de se prêter mutuellement assistance lors des enquêtes criminelles et autres procédures pénales portant sur le financement d’actes de terrorisme ou l’appui dont de tels actes ont bénéficié.  Le but est notamment d’obtenir les éléments de preuve nécessaires aux procédures engagées contre des organisations terroristes, des entités terroristes ou des combattants terroristes étrangers.

Autre nouveauté, cette fois soulignée par la délégation israélienne, la mention de l’utilisation des civils comme boucliers humains par les groupes terroristes.  La résolution condamne le fait que toutes les précautions possibles ne soient pas prises pour protéger la population civile et les biens de caractère civil des effets des attaques lorsque de tels biens –écoles et hôpitaux, en particulier– sont réquisitionnés à des fins militaires, notamment pour lancer des attaques ou entreposer des armes. 

L’une des discussions phares dans le processus de négociation de ce texte a été le débat sur la prévention de l’extrémisme violent en tant que tel et en tant qu’incitation au terrorisme.  Comme l’ont expliqué les cofacilitateurs, cette discussion n’a pas permis de trouver un compromis pour mettre à jour le langage et dégager un consensus sur les concepts de terrorisme et d’extrémisme violent: on en reste donc au compromis important atteint il y a deux ans sur ce point. 

Les divergences qui ont empêché d’aller plus loin sur ces concepts tiennent notamment au fait que, pour certains États Membres, on risque de faire un amalgame entre les deux, notamment entre extrémisme violent et une religion ou région particulière. 

Si l’Égypte perçoit l’absence de consensus comme une volonté délibérée de certains pays de maintenir cette ambiguïté, le Canada a dénoncé le fait que des délégations aient questionné cette notion d’extrémisme violent et voulu imposer à la place la notion vague « d’extrémisme ».  La véritable question à régler est, à ses yeux, l’emploi de la violence pour promouvoir des idées extrêmes. 

Le rôle central des femmes a également été mis en avant dans la prévention de ce fléau, notamment par les Émirats arabes unis.  Le Japon a souligné ce rôle crucial des femmes pour identifier des signes précoces de radicalisation et pour développer des contre-propagandes face à la propagande terroriste.  Il aurait d’ailleurs aimé des éléments de langage plus robustes sur ce sujet.

L’Assemblée générale poursuit l’examen de ce point, demain, mercredi 27 juin à 10 heures.

* A/72/L.62

LA STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE DES NATIONS UNIES

Déclaration liminaire

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a expliqué que le document qui sera adopté ici aujourd’hui et la stratégie qu’il propose n’est pas une formule magique ni un ouvrage de règlement de lutte contre le terrorisme.  « Le terrorisme est quelque chose de complexe, qui évolue et donc une approche unique ne fonctionnera jamais: chaque pays, chaque gouvernement va répondre au terrorisme à sa façon, mais aucun pays ne pourra le faire seul et aucun pays n’est immunisé contre ce fléau ».  C’est pourquoi il faut coopérer et définir une vision d’ensemble, a estimé M. Lajčák.

Son deuxième point portait sur les liens entre les Nations Unies et la lutte contre le terrorisme.  Affirmant la nécessité de traiter ce problème de façon frontale, le Président de l’Assemblée générale a rappelé que le terrorisme n’existait pas au moment où la Charte a été rédigée.  « Depuis le 11 septembre 2001 nous cherchons à définir le rôle à assumer par les Nations Unies dans la lutte contre ce fléau, y compris pour mettre en place des directives pratiques pour les autorités nationales », a-t-il expliqué ajoutant que grâce à l’initiative du Secrétaire général, il existe un nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme.

« Ne sous-estimons pas la menace qui pèse sur nous », a ensuite averti le Président de l’Assemblée générale.  Il ne s’agit pas d’une guerre classique même si Daech et Al-Qaida ont été affaiblis, a-t-il précisé en soulignant que ces groupes s’adaptent et que, par conséquent, il ne faut pas devenir complaisant.  « Essayons d’être le plus efficace possible et mettons en commun nos compétences pour envoyer un message fort: le terrorisme international sera combattu sur tous les fronts. »

Adoption de la résolution A/72/L.62

Avant l’adoption, la délégation des États-Unis a indiqué qu’elle ne voulait pas que le projet de résolution à l’examen soit utilisé pour formuler des critiques contre Israël.  Elle a rejeté la référence figurant au paragraphe 36 du préambule relatif à l’occupation étrangère.  « Nous devons rejeter tous les actes terroristes », a-t-il affirmé, avant de se dissocier dudit paragraphe. 

Le délégué d’Israël a rappelé qu’il y a deux ans, lors des négociations sur le projet de résolution sur le même sujet, toutes les « lignes rouges » des pays avaient été prises en compte, « sauf celles de mon pays ».  « Nous nous étions dissociés à l’époque du paragraphe 33 comme nous nous dissocions aujourd’hui de l’article 36 », a-t-il expliqué.

Débat général

M. KAI SAUER (Finlande) et Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie), cofacilitateurs du sixième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, ont présenté les résultats de cet examen qui a été réalisé après la création du Bureau de lutte contre le terrorisme.  Le cofacilitateur de la Finlande a rappelé les propos du Secrétaire général qui voit le terrorisme comme le plus grand défi de notre époque, un défi contre lequel aucun pays ne peut agir seul, soulignant ainsi la nécessité pour la communauté internationale de s’unir sur ce sujet.  Malgré les différences de vue, les États Membres ont travaillé dans un esprit d’objectif commun, a témoigné à cet égard le cofacilitateur. 

Le processus consultatif a donné lieu à de nombreuses réunions bilatérales avec les missions et les groupes régionaux, en vue de mieux comprendre leurs priorités, préoccupations et positions.  Une première réunion informelle a eu lieu le 15 mai, qui a conduit à des négociations intensives entre experts.  Le cofacilitateur a précisé que le texte de la résolution présentée aujourd’hui avait été finalisé vendredi dernier, un projet qui a été restructuré pour le rendre plus cohérent et logique.  Il a estimé que le projet de texte reflète la structure de la Stratégie mondiale et de ses quatre piliers, ce qui devrait servir de guide à l’avenir pour les prochains examens de la Stratégie.

La cofacilitatrice de la Jordanie a poursuivi en détaillant le processus consultatif.  Les premières lectures du texte ont servi à identifier les sujets qui nécessitent plus de discussions et celles-ci ont été conduites ensuite en petits groupes.  Ce travail a permis d’accentuer la transparence et le caractère inclusif du processus.  Les petits groupes, a-t-elle continué, ont discuté du langage relatif aux questions suivantes: architecture antiterroriste et renforcement des capacités; société civile et genre; lutte contre le financement du terrorisme; victimes du terrorisme; technologies de l’information et des communications et contre-propagande; et menaces et tendances liées aux combattants terroristes étrangers. 

Une des discussions phares a porté sur la prévention de l’extrémisme violent en tant que tel et en tant qu’incitation au terrorisme.  Cette discussion n’a pas permis de trouver un compromis pour mettre à jour le langage.  On en reste donc au compromis important atteint il y a deux ans.  Au total, les délégations ont ajouté 29 nouveaux paragraphes, 15 amendements et éliminé 5 paragraphes. 

Le texte reconnaît en plus l’importance du Bureau de lutte contre le terrorisme.  En outre, des compromis ont été faits sur des questions importantes comme le relogement des combattants terroristes étrangers, la lutte contre le financement du terrorisme, le soutien aux victimes du terrorisme et la contre-propagande.

Après ces explications, la cofacilitatrice a souligné combien le terrorisme et l’extrémisme violent sont des attaques directes contre la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Elle a remercié les délégations pour leurs efforts et le consensus atteint sur le contre-terrorisme, espérant que cela enverrait le message retentissant de l’unité et de la solidarité de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Au nom du Mouvement des pays non-alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a rappelé que durant la conférence ministérielle du Mouvement tenue à Bakou en avril 2018, les ministres ont réaffirmé la validité et la pertinence de la position de principe du Mouvement concernant le terrorisme et ont réitéré l’importance de respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États.  Le représentant a noté qu’il restait encore beaucoup à faire dans la lutte contre le terrorisme, en particulier pour juguler la menace du retour et de la réinstallation des combattants terroristes étrangers.  Ainsi, a-t-il prôné, il est nécessaire de faire face aux conditions qui font propager le terrorisme.  Les solutions doivent être non seulement sur le court terme mais aussi sur le long terme. 

En outre, a ajouté le représentant, le Mouvement des pays non-alignés appelle à la mise en œuvre transparente, totale et équilibrée de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et pour la participation renforcée de tous les États dans les travaux de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme.  Le groupe réaffirme aussi l’importance de l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international de l’Assemblée générale en tant que principal organe délibérant des Nations Unies.

Le Mouvement des pays non-alignés estime, a poursuivi le délégué, que la lutte contre le terrorisme doit se faire dans le cadre d’une coopération internationale renforcée conformément aux instruments juridiques internationaux et régionaux existants ainsi que des résolutions pertinentes des Nations Unies tout en respectant les droits de l’homme, les libertés fondamentales et l’état de droit.

Il a ensuite exhorté tous les États à refuser le refuge et à traduire en justice ou extrader les auteurs d’actes terroristes ou toute personne qui les soutient.  En outre, le financement du terrorisme est un sujet de grave préoccupation et il doit être combattu avec détermination.  À cet égard, le représentant a réitéré l’obligation pour les États Membres de prévenir et réprimer le financement d’actes terroristes. 

Le représentant a aussi souligné l’importance de l’approche préventive dans la lutte contre le terrorisme qui consiste notamment à développer des initiatives innovantes et efficaces visant à saper la stratégie des groupes terroristes et les idéologies qui promeuvent la violence et l’intolérance.  Plus encore, a indiqué le délégué, le Mouvement des pays non-alignés attend avec impatience les contributions du Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies qui devrait apporter plus de cohérence et d’efficacité dans les activités de lutte contre le terrorisme menées par l’ONU.  Avant de terminer, le délégué a réitéré que les 120 États membres du Mouvement des pays non-alignés jugeaient important de conclure une convention de lutte contre le terrorisme international.

M. ABDULMAJEED ABDULRAHMAN M. ABABTAIN (Arabie saoudite), au nom de l’Organisation de la coopération islamique) a demandé des efforts concertés pour remédier aux causes profondes du terrorisme, y compris en mettant fin aux occupations étrangères et en prévenant les agressions et l’utilisation illégale de la force.  La transparence et la coordination des efforts des entités onusiennes engagées dans la lutte antiterroriste doivent être renforcées, a-t-il recommandé.  Il a souligné la nécessité d’inclure, dans les rapports du Secrétaire général, des informations analytiques plus poussées sur les ressources nécessaires pour financer le renforcement des capacités des États Membres dans la lutte antiterroriste.  « Nous voulons des informations concrètes sur la mobilisation des ressources. »

Le délégué a par ailleurs demandé un engagement fort afin de faire des jeunes et des femmes des agents de changement pour prévenir toute radicalisation de leur communauté.  Il a rejeté toute tentative visant à associer un pays, une race, une religion ou une culture au terrorisme.  C’est le droit international, a-t-il ajouté, qui doit régir les efforts de lutte antiterroriste.  Il s’est dit très préoccupé par l’intolérance accrue et les discriminations qui visent les musulmans.  Enfin, il a rappelé que la mise en œuvre de la Stratégie mondiale incombe en premier lieu aux États Membres, avec l’Assemblée générale qui joue un rôle central dans le suivi de ladite mise en œuvre. 

Au nom du Mexique, de l’Indonésie, de la République de Corée, de la Turquie et de l’Australie (MIKTA), M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a annoncé que ces cinq pays tiendront en fin d’année 2018 en Indonésie une initiative sur la coopération contre le terrorisme qui sera focalisée sur la prévention.  Les ministres des affaires étrangères du groupe ont réaffirmé, a annoncé le représentant, la nécessité de suivre une approche antiterroriste plus globale comprenant notamment des mesures préventives systématiques et le respect des droits de l’homme.  Nos efforts doivent reconnaître que le terrorisme et l’extrémisme violent ne peuvent et ne devraient être associés à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique, a-t-il plaidé. 

Le groupe MIKTA est convaincu que c’est uniquement par une action globale concertée au niveau mondial, régional et national, et par le respect des obligations découlant du droit international que dépend le succès de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Ainsi, le groupe appuie la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et sa mise en œuvre équilibrée à travers ses quatre piliers.  Le MIKTA estime aussi qu’il est important de continuer les efforts communs pour prévenir et contrer le terrorisme y compris à travers des plans d’actions nationaux.

Contrer le terrorisme et prévenir l’extrémisme violent exigent également une approche qui implique toute la société.  Ainsi l’addition de plus de références au rôle fondamental que la société civile, les jeunes et les acteurs locaux jouent sur cette question, est positive, a estimé le représentant qui croit que le fonctionnement efficace du système des Nations Unies est une clef essentielle pour faire face au terrorisme et à l’extrémisme violent.  Il a en outre souligné l’importance de la fourniture et de la facilitation opportunes, adéquates et efficaces par les Nations Unies d’une aide aux États Membres en matière de renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme. 

M. NELSON ANTONIO TABAJARA DE OLIVEIRA (Brésil) a rappelé que depuis la date de publication du dernier rapport du Secrétaire général sur la lutte contre le terrorisme, le 12 mai dernier, des actes terroristes ont fauché la vie de plus de 800 personnes et blessés de milliers d’autres.  Suite à ce constat il a déclaré qu’« échouer dans notre lutte n’est tout simplement pas une option ».  Compte tenu de la nature changeante du terrorisme, il a insisté sur la nécessité de mettre à jour la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme, et cela sur une base consensuelle qui reflète de manière inclusive la voix de tous les États Membres de l’ONU.  La réforme de l’architecture de lutte contre le terrorisme des Nations Unies reste cependant en suspend et le Brésil attend le prochain rapport du Secrétaire général pour apporter des éléments de réponse.

Le fait qu’il n’existe toujours pas de définition du terrorisme qui soit universellement acceptée est préjudiciable à l’objectif commun d’élimination de ce fléau, a estimé le représentant.  « Nous devons sortir de cette impasse qui empêche l’adoption d’une convention globale de lutte contre le terrorisme international », a-t-il souhaité, encourageant à cet égard les Nations Unies à organiser une conférence de haut niveau pour donner l’impulsion politique nécessaire en vue d’atteindre cet objectif.  Une telle convention pourrait contribuer à harmoniser les cadres juridiques et faciliter l’assistance et la coopération juridiques, a-t-il argué.

Le Brésil a aussi insisté sur le besoin de clarifier la relation entre les concepts de « terrorisme », « radicalisation » et « extrémisme violent ».  Ces phénomènes peuvent être liés dans certains cas, mais ne sont pas corrélés de manière intrinsèque, a-t-il averti.  À son avis, ne pas arriver à bien les définir pourrait mener à une application trop large des mesures de lutte contre le terrorisme.  Autre position du Brésil: si le terrorisme constitue une menace à la paix et la sécurité internationales, le crime transnational relève toujours de la sécurité publique.  Le représentant a donc insisté sur le fait que ces deux phénomènes ne sont pas systématiquement liés.  Enfin, il a dit s’opposer à toute tentative de réinterprétation de la portée du concept d’autodéfense.

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a souligné le rôle essentiel que doit jouer l’ONU pour combattre le terrorisme et prévenir l’extrémisme violent.  La Suisse, a-t-il dit, s’est employée dès 2006 à promouvoir une mise en œuvre équilibrée de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme, tant au niveau national qu’au niveau international.  À ce titre, elle organise depuis 2016 la « Conférence internationale sur la prévention de l’extrémisme violent », qui se tient à Genève.  Cela l’a amenée à adopter un plan national sur cette question.  Pour renforcer ses propres moyens, la Suisse a entamé des processus législatifs visant à adapter sa législation pénale et adopter de nouvelles mesures administratives.  Elle a également mené des projets de renforcement des capacités avec ses partenaires onusiens tels que le Fonds mondial pour l’engagement de la communauté et la résilience.  Enfin, la Suisse s’est engagée à opérationnaliser les obligations qui incombent aux États, notamment le Mémorandum de Neuchâtel qui clarifie les obligations relatives aux droits de l’enfant dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.

M. Lauber a ensuite soulevé certains points relatifs aux discussions des dernières semaines sur la Stratégie mondiale.  Sa délégation se félicite de l’introduction de deux paragraphes visant à renforcer le respect du droit international humanitaire et rappelant l’obligation des parties à un conflit de protéger la population civile.  En revanche, elle regrette que le quatrième pilier de la Stratégie mondiale (droits de l’homme et état de droit) continue d’être le plus faible et le moins doté de ressources dans l’architecture des Nations Unies.  « Une approche se basant sur le cadre juridique international, y compris les aspects de genre, est pourtant essentielle si nous voulons véritablement réussir à éradiquer le terrorisme à long terme », a plaidé le représentant.  Son pays est honoré de soutenir le lancement d’un guide, élaboré par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, qui donnera des orientations aux États Membres sur leurs obligations en matière de droits de l’homme dans la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies.

La Suisse demande au Secrétaire général de présenter en mai 2019 un nouveau rapport qui évalue l’impact de la Stratégie mondiale et qui permette également de dresser un bilan sur le processus de réforme initié par le Secrétaire général avec la création du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme.

M. JAMIE BELL (Canada) a déclaré que le terrorisme ne peut être associé à une religion, une nationalité ou un groupe ethnique.  Face au retour des combattants terroristes étrangers, il a jugé que la réponse judiciaire et pénale ne suffira pas.  Le genre, souvent manipulé par les groupes terroristes pour recruter des adeptes, est un facteur fondamental pour la compréhension de la menace et pour l’élaboration d’interventions efficaces, a-t-il estimé.  Il s’est dit conscient des nombreux désaccords qui existent quant à la meilleure approche à utiliser au sein de l’ONU.  « Ces différences ont été clairement mises au jour au cours des derniers mois. »

Commentant la résolution adoptée, le délégué a dit qu’il aurait souhaité qu’elle contienne des éléments de langage plus robustes sur le genre, les droits humains et la société civile.  Il s’est dit en effet très déçus que le texte ne reconnaisse pas l’importance de la dimension du genre dans la lutte antiterroriste.  En outre, de l’avis de la délégation, la résolution aurait dû être plus ambitieuse quant à l’avancement de la réforme de l’architecture antiterroriste de l’ONU et à son rattachement à la réforme globale des piliers paix et sécurité et développement de l’ONU.

Enfin, M. Bell a regretté que certaines délégations aient questionné la notion d’extrémisme violent et voulu imposer à la place la notion vague « d’extrémisme ».  « Le Canada réitère de la manière la plus ferme possible que les idées soi-disant extrêmes peuvent être une force positive et de changement social et que la véritable question à régler est l’emploi de la violence pour promouvoir des idées extrêmes. »

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a estimé que c’est la société tout entière qui doit être impliquée dans une approche globale de la lutte contre le terrorisme et dans les efforts de prévention de l’extrémisme violent.  Cela signifie qu’il faut tirer parti des compétences, des ressources et de l’expertise de toutes les parties prenantes.  La représentante a ensuite déclaré que sa délégation appuyait la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU et ce, dans trois domaines en particulier.

En premier lieu, les agences gouvernementales australiennes travaillent étroitement avec leurs partenaires internationaux pour détecter et réprimer la circulation des combattants terroristes étrangers venant du Moyen-Orient.  L’Australie soutient les efforts dans ce domaine y compris la résolution appelant l’utilisation des informations sur les passagers, le dossier passager et les données biométriques partout où cela est nécessaire.  En deuxième lieu, Mme Bird a insisté sur la nécessaire coopération pour faire en sorte que les terroristes ne puissent pas agir en véritable hors-la-loi sur Internet.  Enfin, l’Australie dispose des régimes légaux solides et adaptés contre le financement du terrorisme, qui sont en outre conformes aux normes internationales. 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a appuyé « avec force » les efforts collectifs des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme, des efforts qui selon elle soulignent le rôle central joué par l’Assemblée générale.  Rappelant la volonté inébranlable de son pays de lutter contre le terrorisme, elle a condamné tous les actes de terrorisme sous toutes leurs formes, y compris les cas dans lesquels les États sont impliqués directement ou indirectement.  Elle a dénoncé les actes d’ingérence de certains États dans les affaires internes d’autres pays et les actes unilatéraux qui vont à l’encontre de la Charte des Nations Unies.  « La haine et la vengeance ne sauraient être présents dans un ordre mondial », a–t-elle estimé.

Après avoir salué les progrès accomplis sur le texte adopté aujourd’hui, notamment par rapport aux abus des technologies de l’information et des communications dans le contexte du terrorisme, la représentante a proposé d’autres questions à examiner à l’avenir comme les « coups d’état souples » ou le financement de pratiques de « terreur sociale par des États externes ». 

Cuba estime par ailleurs qu’il reste encore beaucoup à faire sur le chemin vers l’adoption d’une convention générale sur la lutte contre le terrorisme.  En outre, la délégation a réfuté toute tentative d’associer une religion, race ou ethnie au terrorisme; elle a souhaité un consensus sur des termes ambigus souvent utilisés dans ce contexte.  En conclusion, la représentante a assuré que Cuba appuie les efforts multilatéraux pour consolider le rôle de l’Assemblée générale dans la mise en œuvre de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a dit que la Stratégie mondiale reflète les progrès accomplis dans la lutte antiterroriste.  Il a reconnu que les débats ayant conduit à l’adoption du texte avaient été houleux.  La prévention doit être au cœur de nos efforts antiterroristes, a-t-il dit, en prônant une approche globale contre l’extrémisme violent.  « Nous devons agir », a-t-il lancé.  Face au retour des combattants terroristes étrangers, il a plaidé pour la fourniture d’une assistance technique aux États, tout en exhortant ces derniers à s’acquitter de toutes leurs obligations qui découlent des résolutions.  Il a demandé une meilleure adaptation de l’architecture onusienne aux menaces terroristes avant d’appeler à des discussions franches sur le sujet pour engranger d’autres progrès.  Toute discorde entre États Membres fait le jeu des terroristes, a déclaré le délégué britannique.  « L’union fait la force. »

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) s’est dit convaincu que ce processus permet un dialogue ouvert et constructif utile pour coordonner une réponse plus efficace et intégrée face au phénomène que constitue le terrorisme international.  Il a souligné l’utilisation croissante de l’Internet par des organisations terroristes pour diffuser des messages extrémistes et violents, ainsi que l’augmentation des expressions de xénophobie et de racisme qui cherchent à associer un groupe, une religion ou une région au terrorisme international.  Cela montre la nécessité de redoubler d’efforts et de coordonner nos efforts nationaux, régionaux et multilatéraux.  Dans ce contexte, le Mexique se félicite de la nomination d’un Secrétaire général adjoint à la lutte contre le terrorisme.

Le Mexique réitère sa solidarité avec les victimes du terrorisme, a poursuivi le délégué qui a regretté à cet égard les lacunes de la résolution sur ce sujet, car les victimes, en particulier les femmes, ont un rôle important à jouer dans la prévention et la lutte contre le terrorisme.  Dans l’adoption de stratégies antiterroristes, il a suggéré de tenir compte de l’impact sur la population civile.  Enfin, il a appelé tous les États Membres à utiliser ce processus d’examen pour faire en sorte que les efforts multilatéraux de lutte antiterroriste respectent les droits de l’homme et le droit international, notamment la Charte des Nations Unies, le droit international humanitaire et le droit des réfugiés.

Mme GRATA ENDAH WERDANINGTYAS (Indonésie) a partagé la situation et les efforts nationaux face à la menace terroriste dans son pays qui a été récemment frappé par une attaque terroriste à Surabaya.  Elle a expliqué que les combattants terroristes étrangers impliqués dans cet attentat sont ligués avec les groupes locaux, ce qui entraîne une régionalisation du terrorisme.  Pour y faire face, elle a souligné l’importance de l’état de droit et de la capacité de l’État à l’imposer.

Elle a indiqué que le Gouvernement indonésien avait révisé la loi contre le terrorisme, le 25 mai dernier, en élargissant l’autorité de l’État pour qu’il puisse mieux faire face à la manifestation actuelle du terrorisme.  Cette loi définit les infractions pénales commises correspondant aux actes des combattants terroristes étrangers, y compris les rapatriés et ceux qui les aident à s’installer.  Pour appuyer la mise en œuvre de la loi, le Gouvernement prépare un plan national d’action de lutte contre l’extrémisme violent.  Le plan se focalisera sur la prévention, l’application de la loi, la déradicalisation ainsi que le partenariat et la coopération internationale.  La représentante a ajouté qu’une nouvelle loi indonésienne punit le financement du terrorisme et permet de geler les avoirs des terroristes.

Par ailleurs, pour briser le cycle de la radicalisation dans la famille terroriste, plusieurs anciens prisonniers terroristes ont créé une Fondation dans l’est de Java et une école islamique dans le nord de Sumatra.  L’objectif est de recruter d’anciens prisonniers terroristes pour en faire des agents de lutte et de prévention contre le radicalisme et de l’extrémisme, et de rompre le cycle intergénérationnel terroriste.  Enfin, afin d’accélérer le processus de guérison et de pardon mutuel entre les ex-terroristes condamnés et les victimes, le Gouvernement a facilité la réconciliation le 26 février dernier en organisant une manifestation à laquelle ont participé 124 anciens terroristes condamnés et 51 victimes. 

M. TANMAYA LAL (Inde) a noté que, à propos de la résolution adoptée sans mise aux voix aujourd’hui, « tout le monde est bien conscient qu’elle ne reflète en réalité qu’une mise à jour technique de la résolution sur la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme adoptée il y a deux ans ».  Il a regretté que cette résolution ne comporte pas de modifications substantielles du texte précédent alors même qu’au cours des deux dernières années la plupart des États Membres ont connu des attaques terroristes.  « Pendant ces deux années, les terroristes ont propagé leur idéologie de haine dans le monde » et il est dommage que « nous ne sommes toujours pas en mesure de faire avancer une coopération multilatérale significative dans la lutte contre le terrorisme, souvent à cause de considérations politiques étroites. »  Il s’est dit déçu que même le libellé de la résolution n’ait pu être changé, ce qui traduit, à ses yeux, l’incapacité des États Membres à agir collectivement.  « Ce n’est pas de bon augure pour notre sécurité collective », a déclaré le représentant.

Sa délégation a par ailleurs salué l’organisation par le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme du Sommet des chefs des unités de lutte contre le terrorisme qui aura lieu cette semaine.  L’Inde a d’ailleurs annoncé une contribution de 550 000 dollars des États-Unis à ce Bureau.  Pour ce qui est de la Stratégie mondiale elle-même, le représentant indien attendait une appréciation « plus honnête de l’architecture de lutte contre le terrorisme des Nations Unies et espérait que les États Membres arriveraient à se mettre d’accord pour détecter les menaces émergentes posées par les réseaux terroristes en termes d’usage des TIC, de leurs stratégies de recrutement et de leurs cibles.  « Nous ne sommes pas encore sur la même longueur d’onde alors que la menace du terrorisme nécessite l’unité de la communauté internationale », a-t-il constaté ajoutant que cela se fait « à notre propre péril ».

M. COHEN (États-Unis) s’est félicité que certains éléments de langage de la résolution de 2016 aient été conservés, malgré les positions de certaines délégations.  Les États Membres doivent adopter des plans d’action nationaux solides, a-t-il dit, en soulignant les menaces que les groupes terroristes continuent de faire peser malgré les revers qu’ils ont connu sur le terrain.  Les membres des familles, les dignitaires religieux et les enseignants ont un rôle crucial à jouer dans la lutte contre l’extrémisme violent en repérant les signes précoces de radicalisation.  « Nous aurions espéré que la résolution reflète davantage le rôle de la société civile dans la lutte antiterroriste », a—il dit.

Le délégué a par ailleurs souligné la nécessité d’améliorer la collecte d’informations s’agissant des combattants terroristes étrangers, en particulier sur leurs déplacements aériens.  Les terroristes, comme le Hamas, sont les premiers à fouler aux pieds les droits humains, a-t-il aussi relevé.  Enfin, le délégué a regretté l’incertitude juridique, dans la résolution, sur les notions d’extradition et de poursuites. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a rappelé que son pays avait été victime du terrorisme international à deux reprises.  Il a été l’un des premiers pays à demander à la communauté internationale des définitions claires pour jeter les bases d’une stratégie collective de lutte contre le terrorisme.  Le représentant a salué la nomination du Secrétaire général adjoint en charge du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme et a réitéré l’appui de l’Argentine à la Stratégie mondiale.  Il espère que les États Membres pourront bénéficier de ses directives.

Depuis 2016, l’Argentine a renforcé sa législation sur la protection des victimes de tous les délits, y compris le terrorisme.  Elle a également renforcé ses capacités nationales de lutte contre le terrorisme et surveille les 100 millions de mouvements migratoires à ses frontières.  La législation pénale a également été remaniée pour mieux définir les délits de terrorisme et de son financement.  Le Ministère de la justice est en train de former les juges et autres fonctionnaires sur le blanchiment d’argent, le trafic des armes et la prolifération des armes de destruction massive, a encore précisé le représentant.  Enfin, il a réitéré l’appui de sa délégation à la résolution adoptée aujourd’hui étant donné que ce texte reflète les valeurs et principes des Nations Unies qui sont aussi ceux de l’Argentine.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a dit qu’il aurait souhaité des progrès plus substantiels lors des négociations de la résolution, sur les questions relatives aux activités terroristes dans le cyberespace et sur la dimension genre de la lutte contre le terrorisme.  « Mon pays est du ferme avis qu’il ne doit pas y avoir de réinterprétation du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent. »  Il a d’ailleurs jugé contreproductif de redéfinir la notion d’extrémisme violent.

De plus, la délégation a estimé que l’application du droit international humanitaire et des droits de l’homme dans la lutte antiterroriste « n’a pas besoin d’être trop mise en avant ».  « Nous exhortons le Myanmar à ne pas user de la question antiterroriste comme prétexte pour refuser ou entraver le retour et la réintégration des Rohingya déplacés au Bangladesh », a-t-il ajouté.  En conclusion, le délégué a redit la détermination du Bangladesh afin que son territoire ne devienne pas un sanctuaire pour des éléments terroristes. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a estimé que l’adoption, par l’Assemblée générale, de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme était le reflet des efforts collectifs de la communauté internationale dans ce domaine.  Aujourd’hui, cette stratégie devrait être mise en œuvre de manière équilibrée, a estimé le représentant.  Il a salué la mise en place du Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme, « une avancée positive », à ses yeux.  Pour ce qui est de la situation en Iraq, malgré les progrès réalisés dans la lutte contre Daech, le représentant a regretté que ce groupe terroriste continue d’utiliser l’Islam à mauvais escient pour justifier l’assassinat de personnes innocentes. 

Le délégué a remercié le Secrétariat des Nations Unies d’avoir préparé une liste de priorités qui sont nécessaires pour les États Membres dans leurs efforts de lutte contre le terrorisme au niveau national.  Il a rappelé la visite du Secrétaire général adjoint pour la lutte contre le terrorisme en Iraq, une visite qu’il a qualifiée « d’utile » pour la mise au point de la stratégie nationale iraquienne dans ce domaine.  Il a, enfin, insisté sur l’importance que revêt la coopération internationale dans la lutte contre ce fléau.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a demandé un meilleur partage d’informations sur les trajets aériens des combattants terroristes étrangers et une meilleure utilisation des bases de données d’INTERPOL.  Il s’est félicité que la résolution reconnaisse l’importance de ces questions.  Le délégué a ensuite insisté sur l’importance du rôle des femmes pour identifier des signes précoces de radicalisation et pour développer des contre-propagandes face à celle des terroristes.  « Nous aurions aimé des éléments de langage plus robustes sur ce sujet. » Enfin, M. Kawamura a exhorté les États Membres à prendre des mesures concrètes pour appliquer cette résolution. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) est revenu sur le processus de négociation du projet de résolution adopté aujourd’hui.  Son pays a essayé de proposer des définitions et solutions pour parvenir à un concept consensuel sur ce qu’on entend par terrorisme et extrémisme violent, expliquant que les pays qui pensent de la même façon tenaient à souligner l’impossibilité d’associer l’extrémisme violent à une religion ou une culture.

Soulignant que la caractérisation de l’acte criminel est différente selon l’auteur qui le commet, il a expliqué que l’Égypte était soucieuse de parvenir à un consensus réel sur l’extrémisme violent conduisant au terrorisme.  Le représentant a regretté que l’on ne soit pas parvenu à ce consensus, accusant « certains pays de vouloir maintenir délibérément cette ambiguïté ».  Il a toutefois salué le nouveau paragraphe sur les combattants terroristes étrangers et d’autres aspects importants repris dans le texte actuel même si « certains ont essayé de vider plusieurs paragraphes de leur sens, voire de les supprimer ». 

Le représentant a rappelé qu’à la fin du sixième examen de la mise en œuvre de la Stratégie mondiale, il incombe à tous de faire appliquer le texte adopté aujourd’hui de manière totale.  Il a souligné l’importance du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme et du Centre de lutte contre le terrorisme en matière d’assistance à apporter aux États.  Pour sa délégation, il est inconcevable qu’il y ait encore des États qui violent publiquement ces résolutions sur la lutte contre le terrorisme en fournissant armes et financements aux terroristes. 

BASHAR JA’AFARI (Syrie) a souligné le mécontentement qui a entouré les négociations autour du texte.  Mon pays est en première ligne face à la menace terroriste, a-t-il dit.  Il a déploré que certains paragraphes aient été inclus « pour amuser la galerie », tandis que certains éléments souhaités par son pays sur les manquements et la collusion de certains acteurs dans la lutte antiterroriste ont été ignorés.  « Si la communauté internationale avait écouté nos avertissements depuis sept ans, nous aurions éliminé le terrorisme et ne serions pas ici à discuter du retour des combattants terroristes étrangers », a-t-il dit.  Il a mis cela sur le dos de « la collusion de certains et de l’indifférence d’autres ». 

Le représentant syrien a dénoncé ceux qui ont voulu voir dans les groupes terroristes sanguinaires opérant en Syrie « une opposition modérée ».  Il a fustigé les propos d’un ministre français qui avait déclaré à l’époque qu’il ne pouvait rien faire pour empêcher que des combattants français ne rejoignent la Syrie.  Le Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU doit travailler pour tous les États Membres et pas pour ceux qui le financent, a-t-il tenu à souligner.  Enfin, le délégué syrien a dénoncé en des termes très vifs la mainmise d’un État Membre sur Internet. 

M. HAU DO SUAN (Myanmar) a demandé des efforts concertés face au retour des combattants terroristes étrangers.  En ce qui concerne son pays, il a dit que la crise dans l’État Rakhine avait été déclenchée par des attaques de l’Armée de libération Arakan Rohingya (ARSA) dite Al Yakin, en l’absence de tout provocation.  Ce groupe a été appuyé par des combattants terroristes étrangers, a-t-il affirmé, avant d’exprimer la crainte de son pays que l’ARSA ne rejoigne des réseaux terroristes régionaux.  Il a souhaité que les activités de ce groupe soient surveillées de près, y compris leurs liens avec des combattants terroristes étrangers.  Enfin, il a assuré de la coopération de son pays avec les entités onusiennes engagées dans la lutte antiterroriste.

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a rappelé que les États Membres ont la responsabilité de la mise en œuvre de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme, avant de proposer d’y inclure des mesures différenciées entre les sexes.  Les États ont été les témoins de nouveaux types de terrorisme depuis le dernier examen de cette Stratégie en 2016, et, pour la Colombie, l’attention aux victimes et au respect de leurs droits doit en être un pilier fondamental.  Le représentant a salué la mise en place du Bureau de lutte contre le terrorisme qui a pour mandat d’améliorer la cohérence du système et de l’assistance aux États Membres dans ce domaine.

La Colombie est partie au Forum mondial de lutte contre le terrorisme, a précisé le représentant dont le pays accorde une attention particulière au financement du terrorisme.  Sur le terrain de la coopération internationale, il a appelé à redoubler d’efforts pour renforcer les capacités nationales et l’échange d’informations.  D’ores et déjà, la Colombie a fait des efforts considérables pour traduire la Stratégie mondiale dans sa législation nationale et ses structures.  Le représentant reste néanmoins convaincu que grâce à une convention internationale de lutte contre le terrorisme « nous pourrions combler certaines lacunes et renforcer les cadres juridiques existants ». 

Pour Mme NOA FURMAN (Israël) il ne fait pas de doute que la tendance à la multiplication des actes de terrorisme, leur portée et leur niveau de sophistication ne s’inversera pas.  « C’est à nous –la communauté internationale- de formuler la stratégie pour contrer la peste. »  Elle a salué que la résolution adoptée par l’Assemblée générale cette année qui condamne pour la première fois l’utilisation des boucliers humains, « une des tactiques les plus barbares utilisée par les groupes terroristes au quotidien ».  À l’instar de la communauté internationale, son pays fait face depuis des décennies à cette guerre asymétrique contre le terrorisme, a expliqué la représentante. 

Mme Furman a remarqué que le droit international reste ancré dans l’hypothèse que des armées se battent contre des armées, et que les pays s’opposent à d’autres pays, alors qu’aujourd’hui, c’est de moins en moins le cas.  Les organisations terroristes ne respectent pas de règles, de normes ou de lois et même si le droit international est supposé être un « outil constructif pour minimiser les pertes de vies humaines », les terroristes en abusent de plus en plus souvent.  « Nous faisons face à un ennemi qui ne connaît pas de lignes rouges, et pour lequel rien n’est hors limites », a averti Mme Furman.  C’est pour cette raison que la résolution d’aujourd’hui est « historique » à ses yeux puisque, pour la première fois, l’Assemblée générale y condamne clairement une tactique utilisée par des acteurs non étatiques.  Ce texte condamne l’utilisation d’écoles et d’hôpitaux pour y entreposer des armes, une tactique fréquente du Hezbollah et du Hamas, a expliqué la représentante.  Pour sa délégation il s’agit là d’un pas important dans la bonne direction.

Reconnaissant que tous les pays sont exposés au risque du terrorisme et que la communauté internationale doit faire front commun contre ce fléau, le représentant a néanmoins estimé que le consensus ne devait pas être le seul objectif à atteindre, surtout lorsque « certains essayent de saper nos valeurs et croyances ».  C’est pour cela qu’Israël s’est dissocié du paragraphe 36 du préambule.  « Soyons clair.  Il n’y a pas de rationnel pour le terrorisme.  Malheureusement, c’est exactement ce que certains ont essayé de faire en essayant d’inclure de nouveaux paragraphes dans cette résolution justifiant la terreur si cela est utile pour une cause politique particulière ».  Elle s’est dite ravi que cette « tentative cynique » ait été bloquée, remerciant les États Membres de l’avoir rejetée immédiatement.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a estimé que compte tenu du visage changeant du terrorisme et de l’extrémisme violent, il est impératif que les États échangent renseignements, bases de données et expertises.  Le contreterrorisme doit non seulement être une approche de tout le système des Nations Unies mais aussi une approche de tout le système de chaque État, a-t-il ajouté.  Il a espéré que la toute première Conférence que le Secrétaire général de l’ONU convoque, dans deux jours, sera l’occasion de créer de nouveaux réseaux et partenariats. 

Il faut à tout prix, a-t-il poursuivi, empêcher la manipulation des réseaux sociaux pour promouvoir le racisme, la haine et l’intolérance.  Il faut aussi donner toute son importance au quatrième pilier de la Stratégie mondiale, relatif au respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  La communauté internationale ne saurait faire sienne la posture du « sans foi ni loi » des terroristes qui, par ailleurs, ne doivent en aucun cas être associés à une religion, nationalité, civilisation ou ethnie particulière.  Le contreterrorisme participe autant de la stratégie militaire et du renseignement que des efforts pour gagner les esprits et les cœurs.  Le représentant a conclu en regrettant, à son tour, l’incapacité de la communauté internationale à élaborer une convention globale sur le terrorisme international.  Ce qui manque, a-t-il dit, c’est la volonté politique.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a indiqué que son pays est utilisé comme plateforme par des groupes terroristes qui tirent profit de la porosité des frontières.  Le Soudan est partie aux principaux instruments de lutte antiterroriste, a-t-il souligné avant d’expliquer que la guerre de son pays contre le terrorisme est livrée au nom de la défense des droits de l’homme.  La responsabilité première de l’application de la Stratégie mondiale incombe aux États Membres, a-t-il rappelé. 

Le représentant a indiqué que le Soudan avait déposé l’an dernier son projet de stratégie antiterroriste devant l’ONU, qui repose notamment sur la pleine participation des communautés locales, la promotion de l’état de droit et la lutte contre la pauvreté.  Enfin, le délégué a rappelé que l’approche sécuritaire ne suffisait pas face au terrorisme, en insistant sur la prévention et la diffusion d’idées modérées.  « L’extrémisme violent ne peut être associé à aucune religion, nationalité ou culture. »

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a souligné que « le terrorisme ne connaît pas de religion, de frontières, de foyer et il ne saurait être assimilé à une religion ».  Il a plaidé pour une mise en œuvre équilibrée des quatre piliers de la Stratégie mondiale, avec une actualisation régulière.  Sa délégation souligne en outre l’importance des efforts visant à consolider cette stratégie par l’échange des pratiques optimales, de l’expertise, des informations ou encore l’assistance dans la mise à niveau des capacités nationales.  Il a mis en exergue le rôle du Centre de Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et a invité les États Membres à lui fournir des ressources humaines et financières suffisantes.  L’Algérie est déterminée à participer à toutes les plateformes internationales qui s’attaquent au terrorisme, a-t-il assuré.

S’agissant de la résolution adoptée aujourd’hui, il a apprécié qu’elle tienne compte du phénomène du retour et de la relocalisation des terroristes combattants étrangers, saluant aussi l’attention qu’elle accorde aux victimes du terrorisme.  Ce texte souligne en outre l’importance du processus consultatif auprès des États Membres et des organisations régionales avant la publication du prochain rapport du Secrétaire général, en vue de faciliter les discussions avant le septième examen de la Stratégie mondiale.

Grace à son expérience, l’Algérie peut témoigner que le terrorisme ne peut se combattre qu’au niveau sécuritaire, et que toute approche efficace doit inclure notamment les dimensions sociales du problème.  Il faut, dans ce combat, mettre l’accent sur le fait que tout individu et toute société doivent être protégés de ceux qui font l’apologie de l’extrémisme violent ce qui passe, à ses yeux, par une démocratie participative.  La lutte contre ce phénomène nécessite des efforts régionaux, a encore fait valoir le représentant.  Dans ce contexte il a rappelé que l’Union africaine avait confié le mandat de la prévention de l’extrémisme violent au Président Bouteflika, un mandat qu’il aborde à travers une approche de concertation.

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a apprécié la création du Bureau de lutte contre le terrorisme qui, a-t-il remarqué, a permis d’améliorer la coopération entre les entités onusiennes.  Il a souligné le rôle des femmes et des jeunes dans la prévention de l’extrémisme violent, avant d’appeler à œuvrer pour qu’Internet ne soit pas utilisé pour la diffusion d’idées violentes.  Le délégué a insisté sur les liens entre activités terroristes et activités criminelles organisées, comme son pays l’avait déjà fait lors de sa présidence tournante du Conseil de sécurité au mois d’avril.  Enfin, il a demandé l’élaboration d’une convention globale sur le terrorisme international. 

M. PAWEL HERCZYNSKI, de l’Union européenne, a indiqué que les Nations Unies et l’Union européenne viennent de se mettre d’accord sur un cadre pour renforcer leur partenariat, lequel cadre guidera les efforts conjoints pour faire avancer la mise en œuvre de la Stratégie mondiale et aider les États dans leurs efforts d’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Nous allons nous concentrer, a précisé le représentant, sur les efforts en Iraq, en Afrique et en Asie centrale, du sud et du sud-est, ainsi que sur la prévention de l’extrémisme violent.  Le représentant a insisté sur une mise en œuvre « équilibrée » de tous les quatre piliers de la Stratégie mondiale, dont celui sur le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.

Le délégué s’est dit attaché à une approche d’autant plus globale que des États doivent désormais gérer le retour ou la réinstallation des combattants, des victimes du terrorisme ou encore l’extrémisme violent sur leur territoire.  Le représentant a d’ailleurs reconnu les divergences sur le concept de prévention de cet extrémisme, l’identification des conditions favorables à la radicalisation, le rôle de la société civile, sans oublier la dimension « genre ».  En embrassant les droits de l’homme et en intensifiant la lutte contre la corruption, a insisté le représentant, les gouvernements peuvent faciliter la tâche des autorités locales et de la société civile qui luttent contre la radicalisation et l’extrémisme violent. 

M. BACHIR SALEH AZZAM (Liban) a rejeté les tentatives visant à qualifier de terrorisme « le droit de résister à l’occupation étrangère ».  Il a ensuite   souligné que les forces armées de son pays ont réussi à vaincre Daech et à démanteler des cellules terroristes.  De plus, le Liban a marqué des points dans la lutte contre le financement du terrorisme.  Néanmoins, a-t-il ajouté, nous savons tous que pour éradiquer ce fléau, nous devons nous attaquer à ses causes profondes, y compris les politiques « deux poids, deux mesures » et les inégalités. 

En mars dernier, a signalé M. Azzam, le Liban a adopté une stratégie nationale pour prévenir l’extrémisme violent, à l’issue d’un processus de consultations inclusif qui a réuni le Gouvernement, la société civile, les Nations Unies et d’autres acteurs clefs, conformément à la Stratégie mondiale. 

M. ESHAGH AL HABIB (Iran) a regretté que la résolution ne traite pas des questions importantes comme la responsabilité sociale des entreprises privées dans la lutte contre la rhétorique terroriste.  Le régime d’autorégulation des entreprises s’est avéré inefficace à ce sujet, a-t-il argué.  Il a jugé urgent d’élaborer une convention pour réguler les activités des entreprises privées dans le domaine de l’information et de la technologie, pour couvrir notamment le vaste spectre des crimes commis avec l’utilisation des technologies de l’information et des communications.  Le représentant a aussi dénoncé le fait que la résolution soit restée muette quant à l’utilisation disproportionnée de la force militaire au nom de la lutte contre le terrorisme sans le consentement des pays concernés. 

L’autre question importante oubliée dans la résolution est la nécessité d’améliorer l’efficacité du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme.  Les membres du Conseil d’administration de ce Centre continuent d’être nommés de manière non transparente et ses réunions continuent d’être tenues derrière des portes closes, a-t-il avancé avant de dire que sa proposition pour améliorer la transparence et la responsabilité du Centre reste sur la table.  Il a ajouté que prévenir et contrer le terrorisme est impensable sans lutter contre l’idéologie takfiri qui est utilisée par les terrorismes, d’Al-Qaida à l’État islamique, pour élaborer leurs enseignements sur l’islam et pour justifier la violence. 

M. SALEM AL ZAABI (Émirats arabes unis) a noté les conséquences dévastatrices du terrorisme au Moyen-Orient et s’est dit convaincu qu’il faut dénier aux groupes terroristes toute latitude pour être sûr qu’ils ne se réorganisent pas.  Il est crucial de tarir les sources de financement des terroristes et de faire en sorte que les médias ne soient pas utilisés pour diffuser la propagande terroriste, a-t-il affirmé.  Il a mentionné les activités d’un centre culturel dans son pays qui vise à sensibiliser les jeunes sur les dangers de l’extrémisme et à identifier les mensonges de Daech.  Enfin, le délégué a souligné le rôle central des femmes dans la prévention de l’extrémisme violent.  Les femmes occupent de nombreux postes à responsabilité dans mon pays, a-t-il tenu à préciser.

M. HAM SANG WOOK (République de Corée) a estimé qu’un dialogue dans les mois à venir entre les États Membres sur la mise en œuvre de la Stratégie mondiale pourra contribuer à approcher les différents points de vue, et à consolider ladite stratégie d’ici à deux ans.  Il a ajouté que son Gouvernement attache une grande importance à la prévention de l’extrémisme violent.  Il a estimé qu’une approche plus large et à long-terme est nécessaire pour une prévention efficace du terrorisme.  Son pays vient de se doter d’un plan national de prévention de l’extrémisme violent qui vise à autonomiser les jeunes et à consolider la résilience contre l’extrémisme violent par la promotion d’un sens de l’identité et d’appartenance.

Le représentant a aussi estimé que le Bureau de lutte contre le terrorisme devrait jouer un rôle plus important dans la promotion d’une coordination stratégique et d’une réponse cohérente des Nations Unies au terrorisme.  Plus important encore, ce bureau devrait aider les États Membres, à leur demande, à renforcer leurs capacités de contrer et de prévenir le terrorisme en bâtissant des partenariats solides avec les organisations régionales et internationales, les institutions financières internationales, le secteur privé et la société civile. 

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a indiqué que la lutte contre le terrorisme est la base des efforts d’édification de la nation de son Gouvernement.  Le pays, qui vient d’adopter une nouvelle législation pour être en harmonie avec les différents instruments internationaux de lutte contre le terrorisme, mène des poursuites par le biais du Bureau du Procureur et plusieurs combattants terroristes étrangers ont été rapatriés vers leur pays d’origine.  Des mesures ont également été prises pour contrer le financement du terrorisme, notamment en limitant les flux illicites de fonds.  Une stratégie de lutte contre l’extrémisme violent a également été mise sur pied, laquelle encourage les dirigeants religieux à condamner le terrorisme et l’extrémisme violent.

Pour ce qui est de la Stratégie mondiale, il a espéré que la résolution de cette année permette de mobiliser une action décisive, notamment en empêchant les groupes terroristes d’avoir accès à des sanctuaires, de se déplacer librement, de recruter ou encore de bénéficier d’un appui financier, moral ou matériel.  Il a aussi jugé nécessaire d’insuffler un nouvel élan à la compréhension et à la coopération entre différentes religions et cultures.  Il ne faut pas non plus permettre à des tensions régionales et internationales persistantes de saper les efforts effectifs de lutte contre le terrorisme, a-t-il ajouté.

M. Saikal s’est par ailleurs félicité de l’accent porté, cette année, sur le sort des victimes du terrorisme, y compris les familles endeuillées, ainsi que sur l’impératif de renforcer la réponse de l’ONU en matière de lutte contre le terrorisme, notamment en aidant les États à renforcer leur capacité opérationnelle.  Il a appelé à tirer pleinement profit du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme.

Mme SANDRA PEJIC (Serbie) a déclaré que les Nations Unies restent le plus important forum pour un engagement actif dans la lutte contre l’extrémisme et le radicalisme.  Le problème des combattants terroristes étrangers est une menace qui doit être affrontée non seulement au niveau national mais aussi par le biais de la coopération internationale et régionale.  La Serbie, a ajouté la représentante, a fait des efforts importants pour contrer ce phénomène, à la fois par des mesures de prévention et des mesures d’inclusion sociale, en reconnaissant cette menace spécifiquement.  Les cas d’endoctrinement potentiel et de recrutement font l’objet d’une attention particulière des agences gouvernementales compétentes, a-t-elle précisé. 

De plus, a indiqué Mme Pejic, la Serbie soutient la mise en œuvre totale des objectifs de développement durable, en particulier celui relatif à la promotion de sociétés pacifiques et inclusives qui donnent un accès égal à la justice et qui bâtissent des institutions efficaces, responsables et inclusives à tous les niveaux.  Sans cela, les sociétés risquent d’être un terrain fertile pour la propagation de l’extrémisme, de la violence et du terrorisme.  En outre, la Serbie a développé sa stratégie nationale de prévention et de lutte contre le terrorisme ainsi qu’un plan d’action pour sa mise en œuvre.  La Stratégie accorde un rôle clef à la prévention avec un accent particulier sur la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation vecteur de terrorisme. 

M. MIKHAIL I.  SHABALTAS (Fédération de Russie) s’est prononcé en faveur d’une approche équilibrée et globale du terrorisme.  Il est nécessaire de se rassembler autour d’une coalition mondiale d’États contre le terrorisme, a plaidé le représentant.  Dans cette lutte, il faut respecter le droit international et la Charte des Nations Unies, a ajouté le délégué.  Pour lui, une lutte contre le terrorisme qui va à l’encontre de la Charte des Nations Unies est illégitime et affaiblit le travail collectif contre le terrorisme. 

Le délégué a aussi plaidé pour l’arrêt de toute aide financière, matérielle et humaine aux terroristes, notamment l’accès à la technologie de l’information et de communications.  De plus, il a trouvé regrettable que certains États aient appuyé l’ajout de dispositions sur la lutte contre l’extrémisme violent et l’intégration du genre dans la résolution.  Ce qu’il nous faut, c’est une approche équilibrée s’agissant de l’adaptation sociale des terroristes repentis.  Pour ce qui est des combattants terroristes étrangers, c’est une tendance inquiétante, a constaté le représentant qui a souligné que le mécanisme de détection et de suivi n’est pas adapté.  Il faut plus d’échanges d’expérience, et d’informations.  La Russie est prête à une coopération lorsqu’il s’agit de fermer les canaux qui permettent à ces combattants de passer entre les pays, a indiqué le délégué. 

M. RISHY BUKOREE (Maurice) a déclaré que, conformément à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, le Gouvernement améliore constamment sa stratégie nationale contre le terrorisme avec un accent particulier sur l’aspect communautaire, l’application de la loi et le partage de renseignements, la réponse et le relèvement.  Dans l’exécution du Programme de gouvernement 2015-2019, l’Unité contre le terrorisme dispose aujourd’hui d’un statut juridique qui lui permet de s’acquitter de ses fonctions de manière plus efficace et plus efficiente.  En juillet 2017, la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme de 2003 a été amendée pour prendre en charge le financement d’infractions liées au terrorisme.  Des mesures strictes ont permis au Gouvernement, en partenariat avec toutes les institutions financières, de lutter contre les transactions financières illégales et suspicieuses. 

M. ABDULRAHMAN YAAQOB Y.A.  AL-HAMADI (Qatar) a dit l’engagement de son pays de respecter la Stratégie mondiale et a condamné le terrorisme sous toutes ses formes.  Il a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes du terrorisme, ajoutant que son pays est un partenaire militaire, politique et financier de premier plan dans la lutte contre le terrorisme.  Le Qatar accueille au surplus un grand nombre de centres culturels modérés défendant le dialogue entre les cultures et religions.  Le représentant a insisté sur l’importance d’éduquer les jeunes et plaidé pour le renforcement de la coopération régionale et internationale pour lutter contre les groupes terroristes.  Enfin, au niveau national, le Qatar a récemment adopté de nouvelles normes en vue de tarir le financement des groupes terroristes, a-t-il conclu. 

Tous les quatre piliers de la Stratégie résonnent dans mon pays, a affirmé, M. TEODORO L.  LOCSIN, JR.  (Philippines), à cause de Marawi, une ville à majorité musulmane attaquée en mai 2017 par des centaines d’hommes appartenant au groupe terroriste « Maute » qui s’inspire de Daech.  L’attaque a été l’acte terroriste le plus destructeur que les Philippines n’aient jamais connu.  Il a causé une crise humanitaire sans précédent, avec environ 200 000 déplacés.  Marawi, a estimé le représentant, illustre la relation « intime et symbolique » entre le terrorisme, la pauvreté et le trafic illicite de drogues.  Les terroristes ont pu ainsi réunir extrémistes, criminels, mercenaires et combattants étrangers pour prendre le contrôle de Marawi et rétablir leur « califat perdu » au Moyen-Orient.

Le terrorisme, a poursuivi le représentant, est un problème mondial qu’aucun pays ne peut combattre seul.  Il nécessite justement la coopération internationale renforcée et constante que la Stratégie mondiale offre.  Mais pour qu’elle soit efficace, la Stratégie doit s’appuyer sur une architecture onusienne non seulement globale mais aussi cohérente et coordonnée.  Le Bureau de lutte contre le terrorisme doit travailler étroitement avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et le Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, tout en gardant à l’esprit l’importance qu’il y a à respecter l’appropriation et les priorités nationales. 

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a appelé à rester uni et résilient et à accroître la coopération mondiale dans la lutte antiterroriste.  Favorable à une mise en œuvre équilibrée de la Stratégie mondiale à travers ses quatre piliers, il a fait valoir que la lutte doit être abordée au niveau régional.  Il a regretté que les inquiétudes exprimées par les États Membres concernant les liens entre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme n’aient pas été intégrées dans la résolution, ni les propositions élaborées pour renforcer le rôle des États Membres et des organisations intergouvernementales, notant aussi que le cinquième examen ne les avait pas assez reflétées.  Or les actions menées au niveau régional sont cruciales pour éviter la propagation du phénomène, a-t-il argué.

Le représentant a souligné la nécessité d’un ensemble de politiques des gouvernements et de la société pour traiter le problème du terrorisme et promouvoir la participation des communautés et de la société civile en vue d’une meilleure prévention.  Jugeant indéniable le rôle des femmes à cet égard, sa délégation, a-t-il dit, aurait souhaité que le texte fasse davantage référence aux efforts nécessaires pour développer une approche sensible au genre.  M. Khiari a par ailleurs salué l'adoption de paragraphes reflétant les préoccupations des États Membres concernant le flux de combattants terroristes étrangers rapatriés et relocalisés, l'utilisation de technologies à des fins terroristes, la contre-propagande, tout en continuant à respecter leurs obligations consacrées par différents instruments juridiques internationaux, notamment le droit des droits de l'homme, le droit humanitaire et le droit des réfugiés. 

Le représentant a aussi suggéré de tirer parti de l’assistance technique fournie aux États Membres, à leur demande, un moyen important pour améliorer les systèmes nationaux qui vont, à terme, renforcer la réponse internationale au terrorisme et prévenir l’extrémisme violent.  Il a dit attendre avec intérêt les exposés périodiques que le Secrétaire général adjoint, M. Valdimir Voronkov, fera au sujet des progrès réalisés dans la mise en œuvre du pacte mondial contre le terrorisme.  La Tunisie, a-t-il ajouté, appuie activement le Bureau de lutte antiterroriste qui permet d’assurer la cohérence et la transparence dans le travail de l’ONU dans ce domaine.

M. SERGII SHUTENKO (Ukraine) a déploré que certains éléments importants, relatifs à l’engagement de la société civile et au rôle des jeunes et femmes dans la lutte contre le terrorisme, ne figurent pas dans la résolution.  Ce texte réaffirme l’importance du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les États, a-t-il rappelé.  Il a jugé essentiel de lutter contre les activités terroristes parrainées par un État, en ajoutant que pendant quatre ans la Russie a utilisé tout un éventail de tactiques de guerre pour s’immiscer dans les affaires intérieures d’États souverains, comme l’Ukraine.  « La réalité choquante est que des combattants terroristes étrangers, venant pour la plupart de Russie, sont une composante importante du groupe armé illicite combattant le Gouvernement ukrainien dans le Donbass. » Il a accusé la Russie de fouler aux pieds le droit international en Ukraine. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a dit que la résolution adoptée aujourd’hui n’était qu’un jalon dans la lutte contre le terrorisme.  La marche est encore longue, a prévenu la représentante, car le chemin à parcourir demeure long.  « Certes la résolution souligne notre détermination commune à mettre en œuvre la stratégie et ses quatre piliers », a-t-elle constaté, mais il faut mettre en place les facteurs qui aident à la mettre en œuvre, notamment pour parvenir à l’éradication de l’occupation étrangère, de la colonisation, de la xénophobie, de l’islamophobie et des mesures unilatérales qui violent la Charte des Nations Unies.  La déléguée a dès lors demandé un nouvel examen du concept d’extrémisme violent qui ne fait qu’accentuer la division au sein des États Membres.  Le Pakistan a dit avoir fait une tentative de rapprochement des points de vue sur cette question, en vain.  La représentante a terminé en mettant l’accent sur le soutien de sa délégation au Bureau de lutte contre le terrorisme. 

M. ZHANG DIANBIN (Chine) a loué le consensus atteint dans l’adoption de la résolution sur l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et rappelé qu’aucun pays n’est à l’abri du terrorisme.  La prévention du terrorisme doit être la priorité de l’humanité, a-t-il affirmé.  Le délégué chinois a appelé à la mise en œuvre de la Stratégie et des résolutions pertinentes de l’Assemblée.  Il a assuré de l’engagement de son pays dans la lutte contre le terrorisme.

Pour M. JORGE ANDRÉS IGLESIAS MORI (Chili), « la protection des droits de l’homme constitue un élément essentiel de la lutte contre le terrorisme ».  Ainsi les États doivent-ils toujours mesurer leurs efforts à l’aune du droit international.  Le représentant a souligné l’importance de la coopération internationale pour renforcer les capacités des États dans la mise en œuvre de la Stratégie mondiale, et de la participation de la société civile, et notamment des femmes et des jeunes. 

Le Chili, a poursuivi M. Iglesias Mori, privilégie des actions préventives dans la lutte contre le terrorisme, et, à ce titre, il appuie les travaux du Groupe des Amis de la prévention de l’extrémisme violent.  C’est dans ce sens également qu’il souscrit aux initiatives contenues dans la résolution adoptée aujourd’hui par l’Assemblée.  La cohérence du Bureau de lutte contre le terrorisme avec le reste du système doit être au centre de l’approche fondée sur les trois piliers des Nations Unies: paix et sécurité internationales, développement durable et respect des droits de l’homme. 

M. LUKE TANG (Singapour) s’est dit d’abord heureux que la résolution ait été adoptée, une nouvelle fois, par consensus, l’ONU envoyant ainsi « d’une même voix, un message clair » sur sa détermination à combattre la menace mondiale qu’est le terrorisme.  Le représentant a aussi jugé important que la résolution ait donné une importance égale aux quatre piliers de la Stratégie mondiale.  Il s’est félicité du nouveau libellé sur les combattants étrangers, qui pointe, en particulier, sur la nécessité de continuer à échanger renseignements, pratiques exemplaires et enseignements tirés de l’expérience. 

Le représentant a donc salué la toute première Conférence de haut niveau des chefs d’agences antiterroristes, qui est une excellente occasion de forger des partenariats grâce auquel des informations essentielles pourront être échangées à temps et de manière sécurisée.  Enfin, il a souligné l’importance des communautés, première ligne de défense contre le terrorisme.  Il a expliqué que Singapour a lancé le mouvement « SGSecure », pour sensibiliser, former et mobiliser les communautés.  Le travail est fait avec les organisations religieuses et confessionnelles pour contrer la propagation des idéologies extrémistes, y compris par des programmes de déradicalisation, réhabilitant et conseillant les individus endoctrinés. 

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