Soixante-douzième session,
103e séance plénière – matin
AG/12036

L’Assemblée générale achève l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale dans le souci de vaincre le terrorisme par la coopération

L’Assemblée générale a achevé, ce matin, le sixième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, entamé hier avec l’adoption d’une résolution contenant 85 dispositions. 

« Ce texte envoie un signal fort aux terroristes et montre que la communauté internationale est unie face à eux », a dit le représentant du Maroc, appuyé par son homologue des Fidji.  Prônant une approche apolitique pour lutter contre le fléau du terrorisme, le représentant marocain, qui a dénié « toute légitimité islamique » aux groupes terroristes, a appelé à une « nouvelle ère » de collaboration pour une réponse globale à l’extrémisme violent qui conduit au terrorisme.

Même son de cloche du côté du délégué du Kazakhstan, qui a, lui, affirmé que la lutte antiterroriste exige une « approche de long terme et globale, articulée autour de la coopération des États Membres à tous les niveaux ».  « On peut avoir des approches différentes dans notre lutte commune contre le terrorisme, mais notre message final est le même: le terrorisme ne peut pas gagner », a renchéri le représentant de la Hongrie. 

L’atout que représente dans cette lutte le Bureau de lutte contre le terrorisme, créé le 19 juin 2017, a été mentionné à plusieurs reprises hier et aussi aujourd’hui par la représentante de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Celle-ci a également mentionné les activités menées par son organisation qui a adopté un programme ambitieux contre le financement du terrorisme, avec la formation d’experts nationaux, en lien avec le Groupe d’action financière (GAFI).

Autre élément important dans la lutte antiterroriste: les technologies de l’information et des communications.  Les États ont notamment à cœur qu’Internet et les réseaux sociaux ne soient pas utilisés par les terroristes pour enrôler de jeunes recrues, comme l’a exprimé le représentant du Kazakhstan. 

Car, note la résolution, « les terroristes peuvent élaborer des discours mensongers fondés sur une interprétation erronée et une présentation déformée de la religion pour justifier la violence (…), notamment en exploitant les technologies de l’information et des communications, dont Internet et les réseaux sociaux ». 

Il faut donc impérativement, dit la résolution, que la communauté internationale mette au point les moyens les plus efficaces possibles de combattre la propagande terroriste, l’incitation au terrorisme et le recrutement de terroristes, notamment en utilisant Internet.

Le texte va plus loin en soulignant que, dans la lutte contre la propagande, il faut non seulement chercher à réfuter les propos des terroristes, mais chercher également à étoffer les messages positifs, pour proposer des solutions de rechange crédibles et aborder les sujets qui préoccupent les personnes vulnérables, qui sont victimes de la propagande terroriste. 

La demande de l’Assemblée générale à cet égard est explicite: les États Membres doivent collaborer à la poursuite de l’élaboration et de la mise en œuvre de stratégies efficaces de contre-propagande.  Ils doivent aussi « envisager de se mettre en rapport avec les autorités religieuses et les chefs traditionnels qui ont les compétences nécessaires pour façonner et communiquer des contre-messages afin de déjouer les discours de propagande tenus par les terroristes ».

Au plan national, la Norvège a donné l’exemple du programme de mentorat mené dans les prisons norvégiennes, un programme les prépare à leur réintégration dans la société.  Une façon de combattre la radicalisation et l’extrémisme violent. 

Enfin, il est à noter que plus de 20 fois dans le texte, l’Assemblée rappelle que tout ce qui est fait pour combattre le terrorisme doit l’être dans le respect du droit international, y compris le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire.

C’est dans ce souci que la représentante de l’Union interparlementaire a fait valoir le rôle des parlements qui ont notamment la charge de veiller à l’application des mesures pénales dans le plein respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  Le but est d’éviter toute tentation de répondre de manière non-démocratique à certaines questions, « ce qui ne ferait qu’alimenter l’extrémisme violent », a souligné la déléguée. 

LA STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE DES NATIONS UNIES

Suite du débat général

Mme JULIANA BAFFOE (Norvège) a estimé qu’une mise en œuvre équilibrée de la Stratégie mondiale est la meilleure façon de procéder.  Elle s’est donc félicitée de la résolution de cette année.  Organisatrice avec la Jordanie du Groupe des Amis de la prévention de l’extrémisme violent, la Norvège est particulièrement heureuse de voir que les politiques sur cette prévention sont désormais la priorité des priorités des États et du système des Nations Unies.  Les États ayant la responsabilité première de mettre en œuvre les mesures de prévention et de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, la représentante a fait part des initiatives norvégiennes dont le programme de mentorat dans les prisons et les services de probation en faveur des prisonniers condamnés pour terrorisme.  Ce programme les prépare à leur réintégration dans la société.  La police a aussi renforcé sa présence en ligne pour prévenir le crime en général mais aussi pour combattre la radicalisation et l’extrémisme violent. 

Pour M. GÁBOR HORVÁTH (Hongrie), la résolution sur l’examen de cette année est particulièrement importante pour deux raisons.  La première est son adoption par consensus à un moment où des évènements historiques ont lieu dans la lutte antiterroriste dans les zones de conflit au Moyen-Orient.  La deuxième, c’est que cette résolution contient plusieurs éléments nouveaux dont la mise en œuvre déterminera le succès ou l’échec de ce combat.

Le représentant a souligné la responsabilité morale de tous les États Membres d’éliminer une fois pour toute la radicalisation et l’extrémisme violent qui conduisent au terrorisme, de même que les causes profondes du terrorisme international et domestique.  « On peut avoir des approches différentes dans notre lutte commune contre le terrorisme, mais notre message final est le même: le terrorisme ne peut pas gagner ».  Même si la Hongrie n’est pas exposée au terrorisme, elle partage cette responsabilité morale, a confirmé son représentant.  Elle reste persuadée que la Stratégie antiterrorisme mondiale des Nations Unies reste la pierre angulaire de l’approche multilatérale de ce fléau.

M. YERKIN AKHINZHANOV (Kazakhstan) a indiqué que la lutte antiterroriste exige une approche de long terme et globale, articulée autour de la coopération des États Membres à tous les niveaux.  Il a misé sur les réseaux régionaux et internationaux qui sont à son avis cruciaux pour le renforcement des capacités nationales, élément clef de la bonne mise en œuvre de la Stratégie mondiale.  Son pays promeut de tels objectifs au sein de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de l’Organisation de Shanghai pour la coopération (OSC) ou encore de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a-t-il dit.  Le délégué a souligné les avancées enregistrées en Asie centrale ces cinq dernières années dans la lutte antiterroriste et dans la prévention du terrorisme, avec l’assistance de l’ONU.  Il a plaidé pour qu’Internet et les réseaux sociaux ne soient pas utilisés par les terroristes pour enrôler de jeunes recrues.  Enfin, le délégué a souhaité que le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale planifie des campagnes visant à contrer la propagande terroriste. 

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) a vu l’adoption par consensus de la résolution comme la preuve de la détermination collective de la communauté internationale de lutter contre le terrorisme.  Son pays est fermement attaché à la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, a-t-il déclaré, une position qui se traduit notamment par son engagement en faveur des Nations Unies notamment par la mise à disposition de ses troupes.  Le représentant a mis l’accent sur le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent, deux défis à relever en priorité selon lui.  Affirmant aussi que « l’extrémisme se nourrit de notre échec de réaliser les objectifs de développement durable », le représentant a fait remarquer que la paix et la sécurité sont les éléments de base de ces objectifs. 

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a indiqué que son pays a participé aux négociations de la résolution dans un esprit constructif et réaliste.  Ces négociations ont été laborieuses, a-t-il dit, en se félicitant néanmoins qu’elles aient conduit à une adoption par consensus.  Il a souligné que ce texte envoie un signal fort aux terroristes et montre que la communauté internationale est unie face à eux.  Il a appelé à la non-ingérence dans les affaires des États et dénié toute légitimité islamique aux groupes terroristes, lesquels prêchent une idéologie de la mort.  Rien ne peut justifier le terrorisme, qui ne peut être associé à aucune nationalité, groupe ethnique ou civilisation, a-t-il martelé. 

Le délégué a prôné une approche apolitique pour lutter contre le fléau du terrorisme et plaidé, face au retour des combattants terroristes étrangers, pour le renforcement des échanges d’informations et du contrôle aux frontières.  Il a appelé à une nouvelle ère de collaboration pour une réponse globale à l’extrémisme violent qui conduit au terrorisme.  Le représentant a ensuite détaillé la stratégie nationale de son pays orientée sur la prévention et l’action, en harmonie avec la Stratégie mondiale et les résolutions du Conseil de sécurité.  Cette stratégie est articulée autour de la vigilance sécuritaire, le développement humain et la mise sur pied d’une autorité responsable pour interpréter le Coran et les hadith, a-t-il conclu.

Mme PATRICIA ANN TORSNEY, de l’Union interparlementaire, a affirmé d’emblée que des parlements forts composés de représentants de tous les secteurs de la société qui expriment la volonté du peuple permettent de réduire la marginalisation et la discrimination.  Les parlements ont la charge de promulguer des lois et de fixer les budgets des actions nationales, a-t-elle rappelé, précisant aussi que c’est aussi aux parlements de veiller à l’application des mesures pénales dans le plein respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  Le but est d’éviter toute tentation de répondre de manière non démocratique à certaines questions, « ce qui ne ferait qu’alimenter l’extrémisme violent », a-t-elle souligné. 

L’UIP a adopté 12 résolutions sur le terrorisme depuis 1996, des textes qui soulignent l’exigence pour les parlements d’appuyer la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies ainsi que ses résolutions pertinentes.  En octobre 2017, le Conseil de gouvernance de l’UIP a mis en place un groupe consultatif de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a précisé sa représentante.  Ce groupe est composé de parlementaires de haut niveau, experts dans ce domaine.  Ce programme parlementaire vise à faciliter l’intégration des résolutions internationales dans les lois nationales, de promouvoir la coopération parlementaire régionale et de créer une base de données des outils législatifs pertinents ainsi qu’un forum d’échange de l’information.

Mme RASA OSTRAUSKAITE, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a indiqué que son organisation développe des manuels de formation en vue d’engager la société civile dans la prévention de l’extrémisme violent.  L’OSCE a également adopté un programme ambitieux contre le financement du terrorisme, avec la formation d’experts nationaux, en lien avec le Groupe d’action financière (GAFI), a-t-elle affirmé.  En outre, l’OSCE assiste les États dans le partage des informations sur les déplacements aériens, a-t-elle dit.  Enfin, elle a espéré que la signature du mémorandum d’accord avec le Bureau de lutte contre le terrorisme interviendra rapidement. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.