Soixante-douzième session,
117e séance plénière - après-midi
AG/12052

Le Président sortant de l’Assemblée générale identifie six tendances majeures dont les menaces contre le multilatéralisme

M. Miroslav Lajčák a achevé, cet après-midi, son mandat de Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, en lançant une véritable mise en garde contre les menaces qui pèsent sur le multilatéralisme, une des « six tendances majeures » qu’il a identifiées.  En présence du Secrétaire général de l’ONU, M Lajčák a cédé le marteau à Mme María Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur, la quatrième femme à prendre la tête de l’organe « le plus représentatif » des Nations Unies.

Les défis de la paix, la protection de la planète, l’adaptation de l’Assemblée générale aux réalités du monde, la réforme des Nations Unies, le rétrécissement de l’espace de dialogue et les menaces sur le multilatéralisme sont les « six tendances majeures » que le Président sortant de l’Assemblée générale a identifiées.

Certains des principes les plus fondamentaux des Nations Unies s’érodent, s’est alarmé M. Miroslav Lajčák.  Nous voyons le retour « dangereux » des « clubs exclusifs », du bilatéralisme et des « petites alliances ».  Le système de 1945 basé sur des règles est menacé; certains voulant retourner à un monde où les règles étaient édictées par les grandes puissances.  Nous vivons dans un monde « complexe et incertain », a poursuivi le Président sortant, inquiet de la tentation de s’isoler, de couper les ponts, d’ériger des murs et de ne travailler qu’à sa propre défense.  Il est toujours temps de contrer cette tendance, a affirmé le Président sortant, en ajoutant: « n’attendons pas qu’une catastrophe nous secoue pour réaliser que le multilatéralisme est la seule façon d’avancer ».

M. Lajčák a prévenu que la nouvelle approche de la « pérennisation de la paix » ne saurait rester un concept voire une aspiration.  Elle doit prendre la forme d’un véritable « manuel des opérations » et guider le vrai travail sur le terrain.  Le temps presse, s’est impatienté le Président sortant.  Nous vivons toujours dans un monde sans équité où les grandes décisions sont prises dans des salles comme celles-ci, « par des gens comme nous » alors que les vrais besoins sont à l’extérieur, du côté des gens qui vivent dans la pauvreté, qui ressentent l’impact des changements climatiques et qui contemplent l’avenir avec crainte.  Or sans financement, a prévenu le Président sortant, nous ne tiendrons pas nos promesses.  Il nous faut de nouveaux partenariats, en particulier avec le secteur privé.  « Réveillons-nous avant que la fenêtre des opportunités ne se referme. »

L’Assemblée générale, a poursuivi le Président sortant, n’a jamais été confrontée à des changements aussi importants et aussi rapides dans le monde.  En tant qu’organe « le plus représentatif » des Nations Unies, elle doit s’adapter et s’attaquer à des questions telles que l’intelligence artificielle ou la protection des données, « pas dans une bulle » mais avec l’apport des scientifiques, des universitaires et des techniciens, sans oublier les parlementaires, les journalistes et les jeunes. 

Les Nations Unies, a insisté le Président sortant, doivent évoluer, s’adapter et se moderniser.  Si pertinentes soient-elles, les résolutions resteront vaines sans un financement pour leur mise en œuvre.  On ne peut parler de réforme des Nations Unies sans parler de la revitalisation de l’Assemblée générale et encore moins des modifications à apporter à la composition du Conseil de sécurité dont les questions sont des « questions de vie ou de mort » et sur lequel les yeux du monde sont rivés.

Nous devrons, a pronostiqué le Président sortant, faire des choix: entre une meilleure vie pour tous et les inégalités grandissantes, entre la paix et les souffrances humaines.  Nous pouvons choisir de transformer les tendances actuelles en opportunités, pour réguler les mouvements de population ou combattre les changements climatiques.  Nous pouvons aussi choisir une autre voie, celle de se battre les uns contre les autres au lieu de travailler ensemble.

Le Président sortant a conclu en paraphrasant Nelson Mandela auquel l’Assemblée générale rendra hommage le 21 septembre: « Je garde l’espoir qu’un groupe de leaders a émergé dans mon pays, dans ma région, dans mon continent et dans le monde.  Des leaders qui ne laisseront personne se voir privé de sa liberté, se transformer en réfugié, être condamné à la faim et dépouillé de sa dignité. »  Il nous faut, a ajouté le Président sortant, du leadership et de la vision. 

M. Miroslav Lajčák a reçu les félicitations du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, pour avoir su obtenir l’adoption de résolutions importantes sur le pilier « paix et sécurité » et le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  « Vous avez su démontrer que cette instance est capable d’aborder certaines des questions les plus pressantes pour l’humanité », a noté M. Guterres.

Après les deux interventions, la Présidente de la soixante-treizieme session de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur, a prêté serment et pris le marteau des mains de son prédécesseur.

La soixante-douzième session de l’Assemblée générale s’est terminée avec la traditionnelle minute de silence consacrée à la prière ou à la méditation.  La soixante-treizième session s’ouvrira demain, mardi 18 septembre, à 15 heures.

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