Soixante-treizième session,
8e & 9e séances plénières, matin & après-midi
AG/12064

Assemblée générale: les chefs d’État plaident pour des réponses mondiales durables face aux phénomènes migratoires et climatiques

Au deuxième jour du débat général, les dirigeants de la planète réunis sous le dôme de l’Assemblée générale ont continué de recenser les défis que l’ONU doit encore relever pour faire des ambitions de la Charte une réalité.  La gestion de la mobilité humaine, notamment des flux de réfugiés, a été au cœur des discours, dans la perspective de l’adoption formelle du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, en décembre à Marrakech. 

Par ailleurs, les effets des changements climatiques étant maintenant ressentis dans le monde entier, plusieurs pays ont rappelé que la survie même de l’humanité est en jeu.  Le lien entre ce phénomène et les diverses menaces à la sécurité et la paix internationales, notamment en Afrique, a aussi été mis en relief. 

Le pays qui accueille plus de 1,5 million de réfugiés syriens sur son territoire, le Liban, a d’emblée prévenu qu’il ne pourrait plus s’acquitter de cette lourde tâche.  Son Président, M. Michel Aoun, a ainsi lancé un appel pour leur retour en Syrie dans des conditions sûres.  De l’autre côté de la Méditerranée, l’Italie est engagée, depuis des années, dans la recherche et le sauvetage de réfugiés en mer, a fait valoir le Chef du Gouvernement italien.  Mais M. Giuseppe Conte a avisé que « le phénomène migratoire auquel nous faisons face nécessite une réponse internationale structurée, à plusieurs niveaux, à court, moyen et long termes ».

La Première Ministre britannique s’est inquiétée des déplacements de masse des populations à travers les frontières en ce que, à son avis, ils entraînent la montée des nationalismes en Europe.  Mme Theresa May a donc lancé un appel à rétablir la confiance dans les démocraties.  Le Premier Ministre du Luxembourg, M. Xavier Bettel, a remarqué qu’« on a souvent mis la question de l’intégration en rapport avec la montée des populismes en Europe », mais « l’Union européenne a vu des pays importants se doter de gouvernements populistes bien avant la crise migratoire de 2015 ». 

La migration est un droit de l’homme, a rappelé le Président hondurien, M. Juan Orlando Hernández Alvarado, fustigeant les conditions déplorables dans lesquelles sont détenus les migrants.  En Amérique latine, les Présidents de la Colombie et du Panama, MM. Iván Duque Márquez et Juan Carlos Varela Rodríguez, qui accueillent de nombreux réfugiés vénézuéliens, ont appelé à l’action et au dialogue pour que cette crise régionale prenne fin.

Aux yeux du Président vénézuélien, cette crise est utilisée pour justifier une intervention militaire au Venezuela.  M. Nicolas Maduro Moros a ainsi dénoncé « l’agression médiatique internationale » dont est victime son pays, qui s’ajoute à « l’agression permanente de la part de Washington », tout en se disant « prêt à serrer les mains du Président des États-Unis pour parler de questions bilatérales ».

Encouragé par la toute récente Conférence intergouvernementale sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en haute mer, le Roi Tupou VI des Tonga a espéré qu’elle aboutira bientôt à l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant.  D’autres délégations, comme la Présidente croate, Mme Kolinda Grabar-Kitarović, ont vanté le concept de « croissance bleue », stratégie à long terme axée sur le développement économique durable des régions tournées vers la mer.  Le leader kenyan, M. Uhuru Kenyatta, a ainsi invité les États Membres à participer à la conférence sur l’économie bleue durable qu’il organise avec le Canada, en novembre prochain à Nairobi.  Les dirigeants des Palaos et de Nauru, MM. Tommu Esang Remengesau et Baron Divavesi Waqa, se sont prononcés en faveur de la nomination d’un Envoyé spécial du Secrétaire général sur le climat et la sécurité.

Ailleurs, en Afghanistan, la sécheresse, combinée aux menaces sécuritaires, a un impact négatif sur les deux tiers des habitants, a expliqué le Chef de l’exécutif de ce pays, M. Abdullah Abdullah.  En plus des effets dévastateurs des changements climatiques sur les conditions de vie de la population, le Sahel aussi reste confronté au terrorisme, à la criminalité transnationale organisée et aux trafics en tout genre, a averti le Président du Mali, M. Ibrahim Boubacar Keita.  C’est pourquoi il a demandé au Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement de la force conjointe du G5 Sahel « dans le cadre du Chapitre VII de la Charte, assorti d’un financement adéquat, pérenne et prévisible, y compris au travers de l’ONU ».

L’an dernier, 55% du travail du Conseil de sécurité a porté sur l’Afrique, a relevé le Président du Ghana, M. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, mais « nous ne voulons plus être l’endroit qui requiert des soldats de maintien de la paix et des organisations non gouvernementales de lutte contre la pauvreté, aussi nobles leurs objectifs soient-ils ».  Les organisations régionales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine, déploient des efforts systématiques pour apporter la paix et la stabilité sur l’ensemble du continent, et « tôt ou tard, elles réussiront », a-t-il prédit.  Avec le retrait de la Mission des Nations Unies au Libéria, « c’est nous qui sommes désormais en charge de notre sécurité », s’est d’ailleurs félicité le Président du pays, M. George Manneh Weah.

« Quelque chose de miraculeux s’est produit au cours de la dernière année dans la péninsule coréenne », a déclaré plus tard dans la journée le Président de la République de Corée, M. Moon Jae-in: pour la première fois de l’histoire, le dirigeant de la Corée du Nord a traversé la ligne de démarcation militaire et visité Panmunjeom.  Mais, si les tensions nucléaires entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée se sont atténuées, l’existence même d’armes nucléaires reste un sujet de préoccupation pour de nombreuses délégations.  

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 27 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

Déclarations

M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, dans sa dernière intervention à ce titre, a posé la question suivante: « les dirigeants du monde font-ils suffisamment pour permettre à l’ONU d’avoir un impact réel sur la vie des gens? »  Le Panama, a-t-il assuré, s’est engagé fermement dans la réalisation des objectifs de développement durable.  « Nous sommes le pays en Amérique latine qui investit le plus dans la mobilité urbaine. »  Nous avons, a-t-il expliqué, reconstruit des villes entières; nous avons entrepris un recensement de santé; nous sommes en train de transformer le système éducatif panaméen, notamment pour qu’il soit bilingue.  Plus de 150 000 Panaméens sont sortis de la pauvreté.   

« Le Panama est tout autre que lorsque je suis arrivé au pouvoir en 2014 », s’est enorgueilli M. Varela Rodríguez.  « Nous avons rebâti notre démocratie en la rendant plus opérationnelle pour les générations à venir. »  Le Président a dit avoir tenu sa parole et lutté contre la corruption, même si les défis sont encore nombreux.  L’année prochaine, le Panama connaîtra ses septièmes élections démocratiques.  « Il s’agira de la campagne la plus juste, courte et transparente qu’aura connu notre pays », a-t-il insisté.   

Le Président a évoqué un pays uni reposant sur une forte connectivité aérienne et maritime, en particulier avec l’élargissement du canal.  « C’est une plateforme logistique et financière au service du commerce mondial. »  Le Panama, s’est-il félicité, a réussi à faire face aux situations complexes qui ont terni son image et a démontré que son succès économique est rattaché à des activités honnêtes.

Le Panama a activement participé à l’élaboration du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, a poursuivi M. Varela Rodríguez.  « Nous avons été témoins de la crise migratoire de plus de 100 000 Haïtiens qui ont quitté le Brésil à la suite de la crise économique dans ce pays », a-t-il rappelé.  « Il faut gérer les flux migratoires de façon ordonnée tout en respectant le droit qu’ont les gens de chercher une vie meilleure. »  D’après le Président, il faut aussi éliminer les causes qui poussent les citoyens à quitter leur pays.   

Le dirigeant a ainsi appelé le Gouvernement du Venezuela à reprendre le dialogue politique pour assurer la paix sociale et mettre un terme à une émigration massive.  Dans quelques jours, il va annoncer des mesures humanitaires pour appuyer les familles vénézuéliennes qui vivent au Panama.  Dans le même esprit, M. Varela Rodríguez a appelé le Gouvernement du Nicaragua et les acteurs sociaux à engager un dialogue politique qui permette de retrouver la paix.  Enfin, il a souhaité que Cuba et les États-Unis reprennent le chemin du rapprochement.

Préoccupé également par l’augmentation de la production de stupéfiants en Colombie, le Président a dit que le Panama va revoir sa stratégie de lutte contre les stupéfiants en se concentrant non seulement sur la répression, mais aussi sur la reconversion des communautés et des personnes.  Par ailleurs, en novembre prochain, le Panama inaugurera le Centre logistique régional d’assistance humanitaire, puis, en janvier 2019, il accueillera les Journées mondiales de la jeunesse.

M. HAGE G. GEINGOB, Président de la Namibie, a noté la tendance vers des actions unilatérales, « un développement qui va à l’encontre des principes fondamentaux de la démocratie sur laquelle notre Organisation a été construite ».  Il lui semble urgent de remettre le multilatéralisme à l’honneur pour contrecarrer ces actions unilatérales, partageant l’opinion du Secrétaire général quand il dit que face aux problèmes actuels qui sont de plus en plus mondiaux, le multilatéralisme est plus important que jamais.  Il a précisé que la République de Namibie est fondée sur la démocratie, l’état de droit et la justice, alors que les droits fondamentaux sont inscrits dans sa Constitution. 

Son pays, a-t-il poursuivi, s’est engagé sur la voie du développement durable, ayant d’ores et déjà inclus les 17 objectifs du Programme 2030 dans ses plans de développement nationaux.  Pays sec et aride, la Namibie a misé sur certains objectifs prioritaires comme l’énergie, l’eau et les écosystèmes terrestres, et compte sur le soutien de la Banque de technologies, qui a été mise en place à Istanbul en juin 2018, pour identifier à temps les potentielles zones de sècheresse ou d’inondation.  Le Président namibien a rappelé que son pays avait présenté cette année en juillet son examen national volontaire sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Il a noté que malgré une croissance constante au cours des 10 dernières années, son pays connaît un taux de chômage toujours élevé.  Il était fier cependant de pouvoir déclarer que la Namibie a connu l’une des réductions de la pauvreté les plus rapides de sa région passant de 28,8% à 17,4% en 10 ans.  Les inégalités restent cependant un défi, a reconnu le Président namibien, pointant du doigt le problème de la propriété des terres agricoles dont 70% sont aux mains de Namibiens blancs.

Dans ce contexte, il a annoncé la deuxième conférence nationale sur les terres qui aura lieu début octobre 2018, et a précisé que dans le cadre de ses préparatifs, son gouvernement avait mené des consultations dans les 14 régions du pays afin d’assurer un processus inclusif.  « Nous croyons aux consultations.  Si la diplomatie échoue, c’est la guerre entre les peuples », a-t-il déclaré à ce sujet, avant de demander aux partenaires de développement de la Namibie de soutenir le résultat de cette conférence en vue de l’aider dans ce processus de transformation socioéconomique.

Le Président namibien a soutenu à nouveau que la classification de son pays en tant que pays à revenu intermédiaire élevé ne tient pas compte de cette distribution des terres, ce qui l’empêche d’avoir accès à l’aide publique au développement (APD) et à des conditions financières abordables.  Cette situation risque d’empêcher le pays de pleinement réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il craint.  Il a exprimé son soutien à la lutte contre la tuberculose à l’échelle mondiale, rappelant que la Namibie est le neuvième pays le plus touché par cette maladie transmissible.  Même si la lutte contre la tuberculose est financée à 70% par des fonds nationaux, le Président a reconnu qu’un manque de moyens humains et financiers, des niveaux élevés de pauvreté et un manque de services de santé publique dans les régions rurales restent des défis à relever.

En qualité de Président de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), il a annoncé la stratégie en faveur de l’industrialisation de la région à l’horizon 2063.  Il s’est dit convaincu que les jeunes de la SADC sont les futurs garants de l’infrastructure sociale, politique, économique et de gouvernance.  En tant que tels, il faut leur donner les moyens de pousser le développement vers une croissance et une prospérité inclusives.  « Les jeunes de notre région aspirent à un avenir avec plus d’opportunités et des garanties d’emploi où la quatrième révolution industrielle représentera des possibilités et non pas une menace. »  Enfin, le Président a applaudi le leadership du Secrétaire général pour assurer la représentation des femmes au plus haut niveau de l’Organisation, expliquant que l’égalité entre les sexes fait partie de ses priorités. 

Il y a 13 jours, a rappelé avec émotion M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, nous avons inhumé Kofi Annan, septième Secrétaire général de l’ONU.  Kofi Annan croyait passionnément en l’Organisation, à « un idéal qu’il ne faut pas laisser mourir ».  Aujourd’hui, a regretté le Président, la réalité est que nombre de résolutions prises à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité « ne veulent rien dire sans la volonté politique de les mettre en œuvre ».  Réfléchissant au rôle de l’Organisation fondée en 1945, il a recommandé qu’elle change pour s’adapter aux besoins contemporains.

Notant que les effets de la crise financière de 2008 se font encore sentir dans de petits pays comme le Ghana, M. Akufo-Addo s’est inquiété par avance de la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies du monde.  Le Ghana, a-t-il assuré, est déterminé à sortir de la pauvreté et à atteindre la prospérité.  Or pour cela, il faut que les règles, qu’il s’agisse de l’environnement ou du commerce, soient respectées par tous.  En ce qui concerne les objectifs de développement durable, le Ghana, a-t-il annoncé, présentera en juillet 2019 son examen national volontaire au Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC. 

M. Afuko-Addo a souligné que, l’an dernier, 55% du travail du Conseil de sécurité a porté sur l’Afrique.  « Nous ne voulons plus être l’endroit qui requiert des soldats de maintien de la paix et des organisations non gouvernementales de lutte contre la pauvreté, aussi nobles leurs objectifs soient-ils », a-t-il lancé.  Les organisations régionales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA), déploient des efforts systématiques pour apporter la paix et la stabilité sur l’ensemble du continent, et « tôt ou tard, elles réussiront », a-t-il prédit.

Le Ghana, comme de nombreux pays en Afrique, forge des relations avec la Chine pour gérer une partie de son déficit en infrastructures, a ensuite souligné le Président pour expliquer « une certaine anxiété » au sujet de la « possibilité d’une recolonisation du continent africain par une nouvelle puissance ».  Il est toutefois évident que la trajectoire de développement sur laquelle nous étions depuis des décennies n’a pas fonctionné, a-t-il fait observer.  Il est dans l’intérêt de tous de voir le Ghana passer rapidement de la pauvreté à la prospérité, a conclu M. Afuko-Addo.

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a indiqué qu’elle était en Ukraine, il y a 10 jours, pour participer à la première Journée mondiale du nettoyage, la plus grande action de la société civile jamais organisée par le biais des technologies digitales.  Elle a été soutenue par la volonté de millions de personnes: 15 millions dans 140 pays, y compris de nombreux présidents et premiers ministres « qui ont décidé de faire quelque chose pour notre planète ».  La Présidente a rappelé que cette initiative est la suite donnée à un appel et une action lancés en Estonie il y a 10 ans.  « Il est facile de parler d’un environnement plus propre ou des changements climatiques, mais si l’on veut vraiment changer la donne, alors souvent il faut prendre les choses en main soi-même. »

C’est la raison pour laquelle l’Estonie sollicite un siège non permanent au Conseil de sécurité pour 2020-2021.  « Les petits pays n’ont pas le temps pour des petits objectifs » et notre but est, entre autres, d’introduire le numérique au Conseil de sécurité.  Les Estoniens, en tant que citoyens d’un État pleinement numérisé, comprennent mieux que quiconque les cyber-risques.  « La vision que nous avons déployée s’appuie sur trois mots-clefs qui sont empathie, égalité et efficience », a expliqué Mme Kaljulaid.

Pour ce qui est de l’empathie, elle a estimé qu’il faut parler de ce qui nous préoccupe, qu’il s’agisse de l’Afrique ou de l’Europe, d’un conflit, de personnes déplacées ou de l’occupation d’une partie de l’Ukraine.  L’Estonie est solidaire avec tous ceux qui sont touchés par le terrorisme, l’extrémisme violent et les conflits.  « Par l’intermédiaire de notre aide humanitaire et nos contributions au maintien de la paix, nous faisons ce que nous pouvons, même si l’on a toujours l’impression que cela ne suffise jamais. »  Elle a encouragé l’adoption du pacte mondial sur les migrations, insistant toutefois sur le fait que son importance et son succès dépendront de sa mise en œuvre concrète, tout comme l’Accord de Paris sur le climat.

Rappelant que toutes les nations sont sur un même pied d’égalité dans cette Assemblée et face aux enjeux mondiaux, la Présidente a souligné que l’espace juridique international compte et que les solutions communes exigent le respect de « chacun d’entre nous ».  Pour elle, les progrès sont possibles non pas dans la polarisation, la fragmentation et le tribalisme, mais au contraire par le débat et les solutions communes.  C’est le rôle de l’ONU de défendre l’égalité entre les nations, a estimé Mme Kaljulaid, martelant que « nous dépendons les uns des autres, que cela nous plaise ou pas ».

La Présidente a également remarqué que bien souvent ce ne sont ni les États, ni les organisations internationales qui font bouger les lignes, mais bien la société civile et les ONG qui, par une démarche volontaire reposant sur une vision et un sens profond de la responsabilité, réussissent « à déplacer des montagnes ».  À ce titre, elle a cité la campagne « HeForShe » et son impact sur l’égalité entre les sexes et les violences sexuelles.  Pour elle, l’égalité entre les genres est au cœur même des droits de la personne.  L’Estonie a accepté de présider le Groupe permanent du Secrétaire général « Every woman, every child » pour les deux prochaines années et, pendant cette période, Mme Kaljulaid a l’intention de démontrer que les bonnes idées existent déjà dans le monde et attendent d’être appliquées plus largement.

« Rien ne saurait être plus efficace qu’un multilatéralisme efficace », a conclu la Présidente, arguant qu’en raison de son inclusivité, l’ONU a une forte légitimité.

Selon M. MICHEL AOUN, Président du Liban, « la réalité nécessite que l’ONU s’améliore » et qu’elle devienne « une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées ».  Il a constaté qu’à de nombreuses occasions le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure d’adopter des résolutions importantes pour certains États à cause du droit de veto.  « Certains États ne mettent pas en œuvre les résolutions du Conseil et cela se fait en toute impunité », a-t-il encore regretté, en évoquant notamment la résolution 425 (1978) sur le retrait d’Israël du Liban.  M. Aoun a également jugé important que l’Assemblée générale reflète les tendances de la communauté internationale.

Le Liban a énormément contribué à la Déclaration universelle des droits de l’homme, a rappelé ensuite le Président.  Aujourd’hui, le pays favorise les droits de la personne aux niveaux exécutif et législatif et parachève un plan d’action national sur la mise en œuvre de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité.

« Nous essayons d’atténuer les impacts des conflits autour de nous », a poursuivi M. Aoun en indiquant qu’au niveau sécuritaire, des cellules terroristes dormantes ont été éliminées.  Au niveau politique, il a mentionné la tenue d’élections parlementaires qui reflètent toutes les composantes de la société civile, et la formation en cours d’un cabinet conforme aux résultats de ces élections.  En outre, des réformes économiques sont en cours.

Pourtant, a insisté le Président, le Liban souffre aujourd’hui encore des conséquences de la situation en Syrie, notamment du flux de réfugiés.  Le pays a essayé de les secourir, mais leur nombre va croissant, ce qui affecte les communautés locales, avec une augmentation de la criminalité, du chômage et de la densité démographique sur l’ensemble du territoire libanais.  « Nous ne pourrons plus nous acquitter de cette lourde tâche », a-t-il averti, lançant un appel pour le retour des déplacés syriens chez eux dans des conditions sûres.  Ces Syriens
-plus de 1,5 million- ne sont « pas des demandeurs d’asile au Liban », a-t-il rappelé en soulignant qu’« ils ont quitté leur pays pour les raisons que l’on sait ». 

« L’histoire nous a appris que l’injustice entraîne la guerre », a poursuivi M. Aoun.  Malheureusement, les approches internationales sur la question du Moyen-Orient sont toujours fondées sur le « deux poids, deux mesures », comme le montre la situation des Palestiniens, a-t-il constaté. Il a vivement déploré la décision de ne plus fournir une assistance financière à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).. « S’agit-il d’une tentative d’élimination de l’identité palestinienne, afin d’imposer une naturalisation ? » 

« Le monde souffre de l’extrémisme et de la radicalisation », s’est lamenté le Chef de l’État libanais.  « Nous sommes face au refus de l’autre. »  Faisant remarquer que la diaspora libanaise est présente partout dans le monde, il a avancé que le Liban serait « le pays idoine », « une plateforme régionale », pour mettre sur pied un institut qui œuvrerait à la promotion du dialogue et de la paix entre races, religions et cultures.

Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ, Présidente de la Croatie, a remarqué que notre monde, bien que plus connecté que jamais, n’en demeurait pas moins divisé.  Ce qu’exigent de l’ONU les citoyens d’un monde devenu village global, « plus que des mots ou des actes forts », ce sont « l’intégrité et l’inspiration », selon elle. Invoquant le parcours brillant de l’équipe nationale lors de la Coupe du Monde de football, elle s’est dite touchée par les messages de soutien du monde entier, qu’ils proviennent de diplomates ou d’anonymes.  Elle a soutenu que la valeur d’une nation n’avait rien à voir avec sa taille.  « Pour exceller, nul besoin d’un physique exceptionnel; il faut du cœur et de la persévérance, et surtout, partager un projet et travailler en groupe pour le concrétiser. »

Filant la métaphore footballistique, la dirigeante a remarqué que le meilleur talent individuel ne pouvait triompher qu’au sein d’une équipe.  « Les Nations Unies sont l’endroit où nous devons montrer que nous sommes capables de jouer collectif », a insisté Mme Grabar-Kitarović, citant comme ennemis la pauvreté, la faim, le terrorisme, l’extrémisme, le manque d’éducation, les inégalités hommes-femmes ou encore les menaces contre l’environnement.

Déclarant que l’ONU ne devait pas seulement trouver des solutions aux crises, mais aussi propager « l’espoir et l’optimisme », la Présidente a soutenu qu’il est de la responsabilité de chaque État Membre de faire que l’Organisation ait encore un sens et soit efficace dans ses actions.

Mettant l’accent sur le soixante-dixième anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, elle a appelé à se souvenir des tragédies de Srebrenica et du Rwanda, « une honte pour les Nations Unies », a-t-elle déclaré, paraphrasant l’ancien Secrétaire général Kofi Annan disparu cette année et à qui elle a tenu à rendre hommage.  « Ces heures les plus sombres ne doivent pas tomber dans l’oubli », a-t-elle dit.

Concernant la Bosnie-Herzégovine, pays voisin et allié, elle s’est inquiétée des prochaines élections qui auront lieu ce mois-ci, à cause de l’échec d’une réforme électorale « qui aurait amené à respecter le droit de vote de tous les peuples du pays -bosniaques, croates et serbes- dans la droite ligne de la décision de la Cour Constitutionnelle pour amener à une représentation proportionnelle des peuples constituants à tous les niveaux de gouvernement ».

Au sujet de la Serbie et de l’Albanie, se gardant d’intervenir dans le dialogue entre Belgrade et Pristina, la Présidente croate a cependant appelé à « une prudence extrême » à l’égard de propositions qui auraient de possibles conséquences régionales, en particulier les offres d’échanges territoriaux qui, si mal gérés, pourraient « rouvrir une boîte de Pandore » avec des menaces sérieuses pour la stabilité régionale.

Concernant la brouille entre la Grèce et l’ex-République yougoslave de Macédoine à propos du nom de cette dernière, Mme Grabar-Kitarović espère que le récent accord signé entre les deux pays et le référendum de ce dimanche permettront à l’ex-République yougoslave de Macédoine de continuer son intégration réussie dans l’espace euro-atlantique.

Axant la suite de son intervention sur la lutte contre le changement climatique qui menace le millier d’îles croates, la pollution des plastiques, et la montée du niveau de la mer qui menace des trésors du patrimoine mondial tels que les villes de Dubrovnik, Split ou Trogir, Mme Grabar-Kitarović a mis en avant le Programme 2030 et le concept de « croissance bleue », stratégie à long terme axée sur le développement économique durable des régions tournées vers la mer.

La Présidente croate a conclu par un appel à l’équilibre entre les principes fondateurs de l’ONU et une refonte de son fonctionnement pour qu’elle gagne en flexibilité et soit en mesure de faire face aux nouvelles réalités.

M. ABDRABUH MANSOUR HADI MANSOUR, Président du Yémen, a dit lutter contre la guerre imposée au peuple yéménite par « des milices soutenues par l’Iran et le Liban ».  Il a accusé celles-ci de recruter des enfants par la force, de semer le chaos dans les institutions nationales et de recueillir les fonds envoyés par les organisations internationales et les donateurs, avant d’assurer que son gouvernement cherche à créer un état civil fédéré dans lequel les droits de la personne sont respectés, une société dans laquelle l’équité et l’égalité prévalent.  Les difficultés au Yémen ne sont pas simplement liées à un coup d’État mais plutôt à une série de tentatives pour saper les fondements même de la coexistence entre Yéménites et des principes nationaux, a estimé le Président Mansour.  Il a dénoncé « ces groupes religieux qui croient en leur droit divin de régner » et qui se considèrent comme « une race unique » que les autres doivent glorifier, avant d’accuser ces milices d’être des « marionnettes de l’Iran et du Hezbollah ».

Le Président en a appelé à la communauté internationale pour qu’elle exerce une pression sur l’Iran, afin que ce pays cesse d’appuyer les milices houthistes.  « L’Iran se livre à une intervention manifeste au Yémen où il finance et arme les milices houthistes, met en péril les voies maritimes et soutient le terrorisme du côté des houthistes mais également d’Al-Qaida et de Daech », a précisé M. Mansour.  Le Gouvernement yéménite n’a eu de cesse de rechercher la paix, « cycle après cycle de négociations », le dernier en date à Genève, a-t-il assuré avant d’accuser l’intransigeance des houthistes qui déçoit les espoirs yéménites quant à tout progrès possible même sur le plan humanitaire.

« Nous voulons la paix et ne plaidons pas pour la vengeance », a déclaré le Président Mansour qui souhaite une paix durable et la fin du monopole des armes.  Pour lui, il n’y aura pas de paix « en essayant de faire ami-ami avec les milices », mais plutôt par l’application des résolutions pertinentes qui appellent les houthistes à se retirer des villes et à déposer leurs armes.  Quant aux efforts de son gouvernement pour protéger les civils, il a réaffirmé son engagement en ce sens et a dit tout faire pour éviter toute cible civile comme les écoles et les hôpitaux.  D’ailleurs, une commission a été mise en place pour enquêter sur toute violation potentielle, et le recrutement d’enfants a été interdit, a-t-il précisé. 

Quant aux difficultés économiques du Yémen, il a expliqué qu’elles sont liées au fait que les milices ont épuisé les ressources du pays.  Pour y remédier, la commission économique a été autorisée à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter la dévaluation de la monnaie nationale et pour relancer l’économie nationale, notamment en permettant les exportations de pétrole et de gaz et mettant fin à la fuite des capitaux.  « Les dépôts saoudiens ont permis d’atténuer la crise économique » a indiqué le Président Mansour mais son pays a toujours grand besoin du soutien de la communauté internationale.

Abordant également la question du terrorisme, il a reconnu qu’il reste une menace qui pèse sur la paix, la sécurité et le développement du pays.  Il s’est dit déterminé à lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent par un ensemble de mesures et l’échange d’information avec les parties prenantes régionales et internationales.

« Au XXIe siècle, nous ne pouvons plus accepter le règne des Mullahs », a conclu le Président Mansour qui se sent responsable devant Dieu et son peuple de mettre fin à « cette guerre qui a été imposée à mon pays ».  Il a remercié l’Arabie saoudite pour son soutien en vue de la reconstruction et du développement du Yémen, ainsi que les organisations humanitaires, les donateurs et pays amis pour leurs efforts exceptionnels sur le plan humanitaire.

M. TABARÉ VÁSQUEZ, Président de l’Uruguay, a relevé avec fierté que son pays est considéré comme étant l’un des 10 pays émergents les plus inclusifs au monde et le second en Amérique latine, un pays qui s’efforce chaque jour d’avancer en ne laissant personne de côté.  Il a toutefois regretté que, comme d’autres pays de la région, l’Uruguay soit, depuis 2003, classé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) comme pays à revenu élevé d’après son revenu par habitant, ce qui l’empêche de bénéficier de l’APD.  S’il a connu une croissance économique importante au cours des 15 dernières années, l’Uruguay doit encore faire face à des écarts structurels dans son développement en transition, a-t-il reconnu.

Dans le cadre des objectifs de développement durable, a expliqué M. Vásquez, le pays met un accent particulier sur les énergies renouvelables, l’adaptation aux changements climatiques et la protection de l’environnement.  Mais il s’agit là d’une lutte qui intéresse le monde entier, d’une « lutte pour la vie », a-t-il insisté, en appelant les États ne l’ayant pas encore fait à ratifier l’Accord de Paris de 2015.  Sur le plan de la santé, le Gouvernement a adopté des politiques de contrôle de la consommation du tabac et de prévention des maladies non transmissibles.  C’est d’ailleurs l’Uruguay qui préside la Commission de haut niveau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur ces maladies.

Par la suite, le Chef de l’État uruguayen a réaffirmé son attachement au maintien de la paix, au désarmement et à la sécurité internationale.  Dans un contexte mondial « troublé », il a appelé les nations à œuvrer de concert et à moderniser le système international.  Son pays, a-t-il précisé, est candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.

M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la Colombie, intervenant pour la première fois devant l’Assemblée générale depuis sa récente élection, a dit faire partie de cette nouvelle génération de Colombiens « motivée pour unir son pays ».  Engagée sur la voie du progrès et du développement économique grâce à ses institutions démocratique, la Colombie a réussi à élargir sa classe moyenne et a réalisé des progrès considérables en termes d’égalité homme-femme, a souligné M. Duque Márquez, ce dont témoigne son cabinet paritaire.  Plus que jamais, il faut être motivé dans la recherche de la justice sociale et pour parvenir à un pacte pour l’égalité en Colombie, loin des discours de haine et de division, a-t-il dit.

La volonté du Président de combler les écarts sociaux se reflète dans son engagement en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable.  La paix, a-t-il ajouté, doit s’inscrire dans le cadre de l’état de droit.  Il a assuré que son gouvernement allait œuvrer pour que le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion puisse progresser.  Il apportera « à tous ceux qui ont misé sur une véritable réinsertion » toutes les possibilités de progrès qui leur sont dues.

M. Duque Márquez tient également à œuvrer pour qu’il y ait des ressources et des investissements générateurs d’espoir dans toutes les régions du pays.  Il a toutefois souligné la fragilité budgétaire et celle des institutions colombiennes, mais a assuré que l’objectif de la Colombie est bien de poursuivre sur la voie de la réconciliation et d’abandonner la violence.  Son gouvernement ne tolèrera pas une reprise des violences et, a averti le Chef d’État, « tous ceux qui recherchent l’instabilité subiront le poids de la justice ». 

Reconnaissant la croissance de la production de stupéfiants en Colombie, il s’est engagé à désarticuler les réseaux criminels transnationaux, martelant toutefois qu’il s’agit d’une menace collective.  Le trafic de stupéfiants en Colombie détruit les institutions et amène la corruption, a-t-il affirmé estimant que la lutte contre les stupéfiants est un devoir moral pour son gouvernement.  Cette lutte nécessite cependant une action collective, et, il a salué le fait que 130 États se soient engagés en ce sens, sous la houlette des États-Unis.

La corruption représente une menace pour la démocratie et il convient d’y opposer des mesures fortes, a reconnu M. Duque Márquez qui a d’ores et déjà proposé des initiatives à cet effet dans le cadre des grands projets nationaux.  Il a invité la communauté internationale à agir dans le même sens et à redoubler d’efforts pour venir à bout de la corruption par le biais de sanctions judiciaires et sociales. 

M. Duque Márquez a ensuite souligné la volonté de faire de son pays une Colombie verte, digitalisée, attachée à la protection de la biodiversité et aux énergies renouvelables ainsi qu’à une citoyenneté renforcée.  Mais, a averti le Chef d’État, la réalisation des objectifs de développement durable est mise en péril par l’ampleur des migrations.  Il a cité à ce titre les nombreux réfugiés vénézuéliens que la Colombie accueille en ce moment: près d’un million.  Il s’agit de la plus grande crise migratoire de la région, qui s’explique par la dictature vénézuélienne, a expliqué le Président colombien avant d’appeler le monde à agir et à s’unir pour que cet exode tragique prenne fin.  M. Duque Márquez, qui souhaite que l’ONU réponde à cette demande, a salué la nomination récente d’un représentant spécial pour se charger de la question des migrants vénézuéliens.  Il aurait souhaité toutefois que cette nomination s’accompagne de la mise en place d’un fonds multilatéral pour aider les pays hôte à subvenir aux besoins de ces réfugiés.  La Colombie demande en outre que les responsables de cette crise migratoire soient traduits devant la CPI. 

Plus que jamais le monde a besoin du multilatéralisme, a estimé le Président colombien avant de conclure en disant que « la Colombie de la légalité et de l’esprit d’entreprise est en bonne voie ».

M. TUPOU VI, Roi du Royaume des Tonga, a cité le Programme 2030 et les Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement ou « Orientations de Samoa », que Tonga a incorporés dans son processus de planification nationale.  Pour assurer le suivi des objectifs, il a approuvé le cadre du Forum politique de haut niveau pour le développement durable et souligné la responsabilité des États Membres à respecter leurs engagements.  Le Roi s’est également félicité de la Troisième Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles qui se tiendra demain.  « Nous sommes heureux de vous informer des réductions notables de la consommation de tabac et d’alcool aux Tonga.  Le peuple des Tonga se nourrit mieux, et est plus impliqué dans des activités physiques. » Le Chef de l’État a reconnu cependant qu’il reste des défis à surmonter, comme celui de l’obésité.

Venant à la question du changement climatique, le Souverain a souligné les graves menaces qu’il fait peser sur la sécurité des États insulaires.  Il a rappelé qu’au début du mois, à Nauru, les dirigeants du Pacifique ont endossé le concept étendu de la sécurité dans leur communiqué et dans la Déclaration dite de Boe, en soulignant le lien entre changement climatique et menaces sur la sécurité et la paix internationales.

« Nous avons remarqué avec préoccupation les impacts dévastateurs du changement climatique sur notre environnement marin », a-t-il déploré.  « Les bases qui déterminent nos frontières territoriales, telles qu’établies par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, ne devraient pas pouvoir être affectées et devraient rester inchangées, en dépit des effets de la montée des eaux. Notre souveraineté ne doit pas être compromise par le changement climatique. »  Le Roi a salué à cet égard le travail de la Commission du droit international sur cette question « importante et opportune ».

Il a souligné en outre que les Tonga se sont engagées cette année dans la première Conférence intergouvernementale sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en haute mer.  Il a émis l’espoir que, grâce à une convergence graduelle des vues, un projet d’instrument juridiquement contraignant verra le jour lors des deuxième et troisième réunions de la conférence intergouvernementale, en mars et août prochain.  Il a par ailleurs salué le partenariat en cours avec l’Italie afin de renforcer les capacités des Tonga dans le domaine de l’environnement et des océans.

Le Roi a conclu en déclarant que le développement durable ne peut se faire qu’au travers de la paix et de la sécurité internationales.  « Nous continuerons à considérer que le Conseil de sécurité protège les innocents des menaces sous quelques formes qu’elles soient, conflits armés ou changement climatique, afin que personne ne soit oublié. »

Pour M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président du Mali, « l’année 2018 consacre la poursuite et le renforcement de la marche démocratique et républicaine du Mali et de son peuple vers la paix, la stabilité et le développement ».  Malgré les défis de tous ordres auxquels son pays est confronté, a-t-il enchaîné, l’élection présidentielle a pu se dérouler les 29 juillet et 12 août 2018, dans des conditions saluées par l’ensemble de la communauté internationale. 

« Je me suis engagé à restaurer la confiance entre l’État et les citoyens, à améliorer davantage la gouvernance du pays », a déclaré M. Keita.  Parallèlement, il a assuré qu’il travaillera sans relâche à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.  Au nombre des avancées importantes réalisées à cet égard, le Président a souligné l’absence d’affrontements entre les forces armées maliennes et les mouvements armés depuis la signature de l’Accord en 2015.

M. Keita s’est notamment réjoui du retour de l’Administration malienne à Kidal et dans les autres régions du nord du pays.  « Je sais que ces acquis sont fragiles », a-t-il ajouté.  « Je sais aussi qu’il nous faut faire plus et mieux. C’est tout le sens de la Feuille de route du 22 mars 2018. »  À cet égard, il a réitéré son appel en faveur de la mobilisation effective et rapide des ressources promises par les partenaires du Mali, qui doivent l’aider à réaliser, dans les délais convenus, les engagements contenus dans ce document.  Il a salué l’appui de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), des forces européennes, de la force française Barkhane, du G5 Sahel, de l’Union africaine, de la CEDEAO et des pays voisins.

En plus des effets dévastateurs des changements climatiques sur les conditions de vie de la population, le dirigeant malien a averti que le Sahel reste confronté au terrorisme, à la criminalité transnationale organisée et aux trafics en tout genre, notamment celui de la drogue, des armes, des marchandises illicites, de migrants ou le blanchiment d’argent.  Pourtant, face à ces menaces, il a constaté que « la force conjointe du G5 Sahel peine à être pleinement opérationnelle, faute d’un mandat adapté et surtout de financement approprié ».

C’est pourquoi, a expliqué M. Keita, « nous continuons de demander au Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement de cette force dans le cadre du Chapitre VII de la Charte, assorti d’un financement adéquat, pérenne et prévisible, y compris au travers de l’ONU, afin de lui permettre d’accomplir durablement et efficacement son mandat ».  Parallèlement à la réponse sécuritaire, a-t-il ajouté, le G5 Sahel s’attèle à la mise en œuvre de son programme d’investissements prioritaires en vue de relever les défis du développement.

Le Président a indiqué ensuite qu’il faisait de la lutte contre la pauvreté une des priorités de son second quinquennat.  La promotion de la jeunesse malienne et de vastes projets d’infrastructures seront également au cœur de son action.  Pays de transit et d’accueil de migrants, le Mali salue la conclusion des négociations sur le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. 

Enfin, préoccupé par la situation en Libye qui continue d’affecter la sécurité et la stabilité de la région du Sahel, M. Keita a lancé un appel à la communauté internationale aux fins d’amener les parties libyennes à privilégier le dialogue et la recherche de solutions durables à la crise.

M.JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de l’Angola, a remercié la communauté internationale pour son soutien à la paix et la réconciliation nationale de son pays, et en particulier l’ONU pour son « rôle décisif » à travers ses deux missions, la Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM) et la Mission d’observation des Nations Unies en Angola (MONUA).  Il pense que l’expérience angolaise en termes de maintien et de consolidation de la paix a permis de tirer des conclusions utiles sur la façon d’approcher les processus de paix dans le monde.

Le Président a regretté que l’ONU n’ait pas pu, en 73 ans, pleinement réaliser les objectifs de la Charte, notamment restaurer la paix et l’harmonie dans le monde et garantir l’égalité de droit à toutes les nations, indépendamment de leur taille.  Il a toutefois reconnu les progrès incontestables en matière de décolonisation, de promotion des droits de l’homme ou encore de renforcement de la coopération internationale et de gestion des centres de tensions et d’instabilité.  L’Angola salue les tentatives des États-Unis, de la Corée du Sud et de la Corée du Nord pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Pour le Président angolais, face à une mondialisation croissante, il n’existe aujourd’hui aucune justification à la prolifération de nouveaux conflits « qui semblent sans issue » dans différentes parties du monde.  Il a joint sa voix à celles qui exigent une réforme en profondeur de l’ONU pour que l’Organisation soit plus en phase avec les nouvelles réalités, notamment l’émergence de nouveaux centres économiques et financiers et les avancées technologiques et scientifiques.

Une réorientation de ses structures et mécanismes d’intervention ainsi qu’un élargissement du Conseil de sécurité se justifient pleinement pour mieux représenter la géopolitique des différentes régions, a-t-il estimé ajoutant que l’ONU doit assumer un rôle de plus en plus actif dans le suivi des processus démocratique, économique et sociaux.  C’est le meilleur moyen, à ses yeux, de répondre aux conflits internes, ethniques et religieux ainsi qu’inter-États, mais cela exige une coordination au plus haut niveau entre tous les États Membres de l’Organisation.

Le Président angolais a ensuite plaidé pour un système financier international décentralisé, basé à la fois sur la promotion du commerce et l’intégration économique régionale, ainsi que pour le renforcement des institutions financières régionales dans des termes favorisant le développement économique durable.

M. MIGUEL DÍAZ-CANEL BERMÚDEZ, Président du Conseil d’État et du Conseil des ministres de Cuba, a pesté « contre l’absurdité d’un monde dans lequel 0,7% de la population possède 46% des richesses », des chiffres qui sont utilisés par les organisations internationales mais qui ne semblent pas avoir éveillé suffisamment les consciences, selon lui.  Pauvreté, malnutrition, manque d’accès à l’eau potable « n’ont pas pour origine le socialisme, comme le Président des États-Unis l’a dit hier.  Ils sont les conséquences du capitalisme, et surtout de l’impérialisme et du libéralisme », a rétorqué le Président cubain. 

Poursuivant un argumentaire anticapitaliste, M. Bermúdez a accusé le capitalisme d’engendrer le colonialisme, le fascisme, le terrorisme, l’apartheid, la guerre et la sujétion des peuples.  « Ne nous y trompons pas, nous disposons d’assez de ressources matérielles, financières et technologiques pour éradiquer la pauvreté. »  Ce qui manque, selon le dirigeant cubain, c’est la volonté des pays industrialisés, alors qu’ils « ont le devoir moral, la responsabilité historique et les ressources abondantes pour résoudre les grands problèmes mondiaux ».

Il a pointé du doigt les États-Unis, « un des grands pollueurs d’hier et d’aujourd'hui », pour s’être retirés de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, « mettant en danger les générations futures et la survie de toutes les espèces, y compris l’espèce humaine ».

M. Bermúdez a constaté que « l’hégémonisme, l’impérialisme nucléaire et militaire se perpétuaient et s’étendaient encore davantage », au détriment des espoirs de la majorité des peuples pour un désarmement général et complet.  À cet égard, il a noté que Cuba était devenu le cinquième État à ratifier le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires, le 31 janvier dernier.

Il s’est désolé de la multiplication des conflits d’ampleur locale, des guerres d’agression « déguisées en interventions humanitaires », de putschs téléguidés de l’extérieur, des « coups d’État en douceur » et de l’ingérence d’États dans les affaires internes d’autres nations « sous le couvert d’excuses les plus diverses ».

S’élevant contre la militarisation de l’espace, et aussi du cyberespace, Cuba s’est aussi prononcé contre l’usage illégal des technologies de l’information et de la communication par un État pour en attaquer un autre.

Il a terminé son allocution en critiquant l’usage abusif du droit de veto des États-Unis au Conseil de sécurité: M. Bermúdez a exigé une réforme immédiate du fonctionnement de ce dernier.

M. GEORGE MANNEH WEAH, Président du Libéria, a salué la mémoire de l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, qui a consacré sa vie à la résolution des conflits.  « L’Afrique a perdu un de ses fils les plus illustres.  Qu’il repose en paix. »  L’an passé, a-t-il enchaîné, les Libériens ont participé aux élections présidentielle et législatives, auxquelles ils ont participé en nombre et de façon pacifique.  Ainsi, pour la première fois en 73 ans, ils ont pu apprécier le transfert de pouvoir pacifique d’un gouvernement élu démocratiquement vers un autre.  Le Président a fait état d’une véritable transformation en cours.

L’ONU et de nombreuses organisations régionales, ainsi que les États partenaires et amis, ont été témoins de la maturité de l’électorat libérien, de son respect pour l’ordre et la loi, et du succès de l’institutionnalisation du processus démocratique.  « La responsabilité de cette transformation m’appartient désormais, en tant que vingt-quatrième Président du Libéria », a déclaré M. Weah.  « Les défis à surmonter sont énormes, mais dans chacun d’entre eux, je vois des opportunités pour rendre les choses meilleures. »

Le Président a estimé que le programme en faveur des pauvres pour le développement et la prospérité, « notre plan national de développement pour les cinq années à venir », n’est pas un programme uniquement pour les pauvres et les plus démunis; c’est un plan qui doit bénéficier à tous les Libériens, conçu pour donner le pouvoir au peuple, pour promouvoir la diversification économique, maintenir une paix durable et encourager la bonne gouvernance. 

Le Président s’est dit conscient de la vulnérabilité des plus jeunes, « clairement désavantagés », avec un fort taux de chômage et un manque d’accès à une éducation de qualité.  « Notre plan consiste à les faire devenir des citoyens productifs grâce à l’accès à l’éducation. »  Quant aux jeunes laissés pour compte et qui sont trop âgés pour être scolarisés, il a mentionné un plan qui prévoit de leur donner du travail après une formation technique.

En outre, le Gouvernement libérien a identifié l’importance cruciale de l’investissement dans les routes et les ports pour le développement économique et social.  Il a lancé un appel aux investissements dans ces secteurs et a annoncé la mise en place d’une nouvelle zone économique, pour attirer des entreprises ayant un grand besoin de main d’œuvre.  Par ailleurs, après l’épidémie d’Ebola en 2014 qui a causé la mort de milliers de Libériens et de travailleurs médicaux, le Gouvernement libérien a organisé plus efficacement son système de santé.

M. Weah a estimé qu’avec le retrait de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), « c’est nous qui sommes désormais en charge de notre sécurité ».  Après avoir remercié la communauté internationale pour son rôle, il a souligné que cette paix est toujours fragile.  « Notre peuple porte encore les marques du conflit », a-t-il déclaré.  « Nous allons donc lancer toute une série de dialogues pour la paix à travers du pays », un programme qui doit mettre en place un environnement propice au dialogue, pour un peuple uni et capable de bénéficier de la croissance économique et des dividendes de la paix.

En conclusion, le Président a réitéré son soutien à l’ONU, ainsi que son engagement envers l’état de droit, la lutte contre le crime organisé, la lutte contre la pauvreté, l’égalité des genres, l’autonomisation des femmes, des filles et des jeunes.

M. ANDREJ KISKA, Président de la Slovaquie, a dit que grâce aux innovations, le monde n’a jamais été aussi petit; les problèmes mondiaux ont des impacts directs sur nos citoyens.  Dans cette situation, l’ONU joue un rôle irremplaçable, car elle a un potentiel énorme pour surmonter ces paradoxes.  Ses principes forts, son action responsable et son rôle de moteur de la coopération la rendent unique, a ajouté le Président, en souhaitant que les règles et les principes de l’ONU, et leur application, restent la colonne vertébrale de cette Organisation.

Le nombre des conflits armés a augmenté ces dernières années, a poursuivi le Président.  Pour lui, l’occupation de la Géorgie et de l’Ukraine et la déstabilisation de cette région sont des exemples d’une situation où l’on voit le respect des règles remplacé par la politique impitoyable des puissances.  En outre, la menace des armes nucléaires résonne plus souvent qu’avant, tandis que des milliers de civils sont massacrés par leurs propres régimes.  « Ensemble, nous nous sommes mis d’accord pour ne pas accepter l’utilisation d’armes de destruction massive et ce, sans exception. »  De l’avis du Président, l’utilisation d’armes chimiques doit être la ligne rouge de notre tolérance. 

« Il est de notre responsabilité d’assurer qu’aucun perpétrateur n’échappera aux sanctions.  Nous devons fermement montrer que nous ne sacrifions pas nos principes aux politiques agressives, que nous n’affaiblirons pas l’autorité de l’ONU par l’inaction, en particulier vis-à-vis de l’extrémisme, du populisme, du radicalisme, de la xénophobie ou du racisme. »  C’est la raison pour laquelle le Président juge importante l’unité des pays dans la mise en œuvre des objectifs de développement, dans la lutte contre le changement climatique ou dans la question de la migration.  « Nos plans et nos promesses doivent devenir des réalités. »

Craignant les défis sans précédent découlant des innovations et des nouvelles technologies, le Président a dit qu’il appartient aux États de mettre en place de nouvelles normes et des régulations si c’est nécessaire.  Il a aussi défendu la liberté de la presse et des médias qui sont le gardien de nos principes, et de la coopération internationale ainsi que du multilatéralisme. 

Pour M. MOON JAE-IN, Président de la République de Corée, « quelque chose de miraculeux s’est produit au cours de la dernière année dans la péninsule coréenne ». « Pour la première fois de l’histoire, le dirigeant de la Corée du Nord a traversé la ligne de démarcation militaire et visité Panmunjom », s’est-il réjoui, avant de rappeler la tenue du sommet « historique » entre les dirigeants des États-Unis et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), à Singapour.  « Le Président Kim Jong-Un et moi avons éliminé « l’ombre de la guerre » et inauguré une ère de paix et de prospérité », a continué M. Moon. 

Ces avancées ont amené les parties à travailler à la « dénucléarisation complète » de la péninsule et à l’établissement d’un « régime de paix permanente », s’est félicité le Président.  Depuis, a-t-il rappelé, la RPDC a démantelé son site d’essais nucléaires de Punggye-ri et les États-Unis et la République de Corée ont mis un terme à leurs manœuvres militaires conjointes de grande envergure.  Il a salué le « courage » du Président américain, M. Donald Trump, et du Président Kim, rappelant en outre que ce dernier s’était par ailleurs engagé, la semaine dernière, à démanteler, sous observation internationale, le site de lancement de Dongchang-ri et les installations nucléaires de Yongbyon, pour concentrer son action sur le développement économique.  Alors que la péninsule coréenne demeure sous armistice depuis 65 ans, M. Moon s’est engagé à poursuivre ses efforts afin de parvenir à la paix, avec l’appui des Nations Unies et de ses États Membres.  

Pour M. Moon, les Jeux olympiques de Pyeonchang, avec la participation d’athlètes de la RPDC, ont constitué le « prélude à la paix ».  Il s’est félicité à cet égard de l’adoption par l’Assemblée générale, en novembre 2017, de la résolution sur la « trêve olympique », qui a rendu possible ces progrès.  « Il appartient maintenant à la communauté internationale de répondre de façon positive aux nouveaux choix et aux efforts de la Corée du Nord », a estimé le Président.  

Citant en exemple la Communauté européenne du charbon et de l'acier, qui a mené à la création de l’Union européenne, le Président sud-coréen a rappelé qu’il avait proposé, le mois dernier, la création de la Communauté ferroviaire est-asiatique, afin de résoudre les conflits qui subsistent dans la région et de renforcer la coopération entre les États. 

Par ailleurs, la République de Corée entend continuer d’augmenter ses contributions aux réfugiés et aux personnes victimes de violations des droits de l’homme, en plus de fournir une aide alimentaire aux pays en développement qui font face à des crises alimentaires, a également précisé M. Moon.

M. KLAUS WERNER IOHANNIS, Président de la Roumanie, s’est réjoui que cette soixante-treizième Assemblée générale coïncide avec le centenaire de la création de son pays.  Si ce centenaire est l’occasion de commémorer le passé, il a entamé une réflexion sur le futur de l’État roumain et sa place dans le concert des nations.  Un futur qu’il n’imagine prospère pour la Roumanie que si elle évolue aux côtés de sociétés « pacifiques et durables ». 

2018, anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, est donc aussi l’occasion de commémorer « notre volonté politique de nous battre pour nos libertés et nos lois fondamentales, bien que la route fût longue et tortueuse ».

Saluant l'invitation du la présidente de l’Assemblée générale à débattre sur l’utilité des Nations Unies sur le long terme pour le bien-être de tous les peuples, M. Iohannis a estimé qu’il fallait expliquer plus clairement aux peuples la nature des défis lancés à la paix, à l’égalité et au développement durable, et parler davantage du rôle actif de l’ONU pour les défendre.  Il a cité comme exemple « le terrorisme, qui exige une réponse globale », et « la prolifération des armes de destruction massive ».

Dans son aire géographique, la Roumanie travaille à trouver des solutions.  « Nous assistons à des conflits non résolus autour de la mer Noire, qui menacent la stabilité de la région et la sécurité internationale », a prévenu le Chef d’État.

Signataire du Programme de développement durable à l’horizon 2030, prochain pays hôte en avril 2019 d’une conférence régionale intitulée « Programme 2030: alliances pour un développement durable », le Président s'est aussi réjoui de collaborer aux prochaines initiatives internationales, comme le pacte mondial sur les réfugiés, le pacte sur les migrations sûres, ordonnées et régulières, le pacte mondial sur l’environnement.  M. Iohannis a également invoqué comme satisfaction à venir la mise en place d’« une stratégie globale du contre-terrorisme et d’un plan d'action contre le terrorisme violent ».

Reconnaissant qu'il y a encore du travail à accomplir dans la réforme du fonctionnement de l'Organisation, y compris le Conseil de sécurité, pour plus d’efficacité, de transparence et de fiabilité, il a aussi souhaité que l’ONU soit adaptée aux réalités du XXIe siècle. « Les prochains mois seront décisifs pour la réforme des Nations Unies », a-t-il insisté.  Candidate pour un siège au Conseil de sécurité en 2020-2021, la Roumanie entend contribuer à améliorer le fonctionnement du Conseil à cette occasion.  Forte d'une diplomatie basée sur le dialogue et le compromis, la Roumanie promet qu'elle sera un partenaire fiable et responsable pour promouvoir l'agenda de l'ONU, a conclu le Président. 

Il a enfin suggéré que le Conseil de sécurité montre davantage de volonté d’agir en matière de lutte contre des défis transversaux tels que le réchauffement climatique.

Mme THERESA MAY, Première Ministre du Royaume-Uni, a rendu un hommage appuyé à l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, avant de dénombrer les très nombreux progrès réalisés au cours de ces dernières décennies, notamment pour réduire la faim dans le monde et les conflits.  Pour autant, a-t-elle déploré, la fin de la guerre froide n’a pas entraîné la suprématie des démocraties libérales.  Elle a constaté au contraire la remise en cause de la foi dans le libre-échange, l’immense anxiété face à l’ampleur des changements technologiques, ainsi que les déplacements de masse des populations à travers les frontières qui entraînent la montée des nationalismes.

« Ceux qui croient en des sociétés ouvertes ont un devoir de rétablir la confiance en elles. »  Sans une confiance dans les démocraties, il ne sera pas aisé de pouvoir agir, a-t-elle argué.  « Nous avons vu à quoi mène l’extrême droite et l’extrême gauche au cours du siècle dernier: elles détruisent la paix entre les nations », a constaté Mme May en faisant remarquer ces mêmes tendances actuellement, notamment en Europe.  « Or, nous savons ce qui se passe quand des oligarchies corrompues volent les ressources de leurs citoyens, lorsque les craintes et les incertitudes prennent le pouvoir. »  Elle a accusé des États comme la Russie de violer les normes internationales: « ils n’hésitent pas à empoisonner dans les rues de Londres et ils envahissent un pays frontalier en contradiction des règles internationales », s’est-elle insurgée.

Pour lutter contre cela, la Première Ministre a estimé qu’il fallait des États-nations forts, qui soient responsables à l’égard de leurs citoyens.  La coopération et la concurrence ne sont pas contradictoires, a-t-elle affirmé.  « Ce n’est que par la coopération mondiale que nous pourrons répondre aux défis mondiaux », a-t-elle recommandé en citant la coopération en matière de changement climatique. 

« Ici aujourd’hui, en tant que Présidente du Bureau du Commonwealth, je tiens à réaffirmer ma volonté de travailler main dans la main pour répondre aux défis mondiaux.  Cet engagement tient compte des pays les moins avancés. Mais cela ne suffit pas, il faut aussi agir pour montrer que nous pouvons reconnaitre la légitimité des peuples. »

Mme May a appelé à faire respecter l’ordre international pour répondre à ceux qui estiment que l’économie mondiale ne travaille pas pour eux, qui ont peur que leurs enfants et petits-enfants n’aient pas accès au marché du travail.  « Au Royaume-Uni, nous investissons dans les techniques de l’avenir, comme l’intelligence artificielle ou les entreprises à faible empreinte carbone.  Nous devons faire en sorte que notre économie soit au service de nos citoyens et nous devons faire de même au niveau international. »

Pour la Première Ministre, il faut conférer à l’OMC un mandat de réforme et rétablir la confiance dans un système qui est essentiel pour éviter le retour du protectionnisme.  C’est pourquoi le Royaume-Uni dépense 0,7% de son budget pour le développement; c’est la meilleure façon de lutter contre le protectionnisme, a-t-elle déclaré.  Elle a enchaîné en plaidant en faveur de sociétés inclusives, ouvertes à tous, « le meilleur moyen pour lutter contre les nationalismes ».  Elle a fait valoir que dans les démocraties, les fondamentaux sont partout les mêmes: des élections libres, des médias libres, l’égalité, la liberté de culte et de conscience; tout cela se trouve dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.

De plus, « il faut dénoncer les discours de haine dès que nous les entendons ». « Je n’apprécie pas toujours ce que les médias de mon pays disent de moi ou de mon action » a-t-elle témoigné, « mais je défendrais toujours cette liberté ».  La décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne n’est pas un rejet des autres mais correspond à une demande que les décisions soient prises au niveau national, a-t-elle tenu à préciser.

La Première Ministre a ensuite demandé de ne pas laisser notre incapacité agir.  « Lorsque le régime syrien a utilisé des armes chimiques contre son peuple, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont agi; et lorsque la Russie a utilisé un poison innervant dans les rues de Londres, nous avons réagi », a-t-elle rappelé. De la même façon, il faut agir contre ce que fait l’armée en Birmanie au peuple rohingya afin de la dissuader de continuer, a-t-elle prôné.  À cet égard, l’ONU a un rôle essentiel dans ce domaine et elle en a les outils.  Mais il faut trouver la volonté nécessaire et pour appuyer ces réformes, il faut veiller à ce qu’elles soient bien financées, a exigé Mme May.  « Nous devons renouveler notre engagement envers la Déclaration universelle des droits de l’Homme.  Veillons à ce que sa promesse soit tenue », a-t-elle conclu.

M. ABDULLAH ABDULLAH, Chef de l’exécutif de la République islamique d’Afghanistan, a regretté que la communauté internationale n’ait pas adopté une définition acceptable du « terrorisme ».  Il a rappelé que l’Afghanistan subissait, depuis pratiquement un quart de siècle, la perte de dizaines de milliers de vies et la destruction de ses infrastructures à cause de ce fléau.  Il a demandé aux pays voisins, notamment le Pakistan, de l’aider à faire face à cette menace affectant les sociétés, y compris celle du Pakistan.  Affirmant que la réponse au terrorisme avait été à ce jour insuffisante, il a plaidé pour la pleine mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

M. Abdullah a déclaré que l’Afghanistan a fait une ouverture sans précédent aux Taliban en les invitant à prendre part à un processus de paix crédible et mené par les Afghans eux-mêmes.  Le Gouvernement afghan a même annoncé un cessez-le-feu unilatéral en début 2018, pour une période de trois jours, et auquel les Taliban ont souscrit.  Malheureusement, a témoigné le Chef de l’exécutif, des « agendas étrangers » n’ont pas permis de faire appliquer un second cessez-le-feu. Il a promis que le Gouvernement allait s’évertuer à poursuivre les efforts pour réaliser ce qui est faisable. 

Pour M. Abdallah, une double approche est nécessaire pour s’assurer à la fois de gagner la paix et de protéger et préserver les avancées en faveur de la population, conquises de haute lutte.  Cela inclut l’ordre constitutionnel, la liberté d’expression, les droits de l’homme et des femmes et la création d’opportunités économiques, a-t-il précisé. 

M. Abdullah a ensuite rappelé que deux défis majeurs attendaient les Afghans: les élections législatives prévues le mois prochain et le scrutin présidentiel de 2019.  Il a insisté sur l’importance d’un processus électoral digne de confiance et d’une adhésion de l’électorat aux résultats du scrutin.  Il a également dit attendre beaucoup de la prochaine conférence ministérielle de Genève sur l’Afghanistan, en novembre prochain.

Sur le plan humanitaire, M. Abdullah a souligné que la sécheresse, les réfugiés et les déplacés du fait des changements climatiques et des menaces sécuritaires avaient un impact sur la vie des deux tiers du pays et sur près de 4 millions de personnes, dont un million pourrait être forcé de se déplacer si leurs besoins n’étaient pas satisfaits.  Il a appelé la communauté internationale à financer le plan humanitaire pour l’Afghanistan 2018-2021. 

L’Afghanistan espère passer d’un état d’instabilité et de confrontation à un statut de plateforme de cordialité pour la collaboration régionale, a encore déclaré M. Abdullah.  Les Afghans veulent ainsi faire de leur pays un « rond-point de gens, de services, de communications, de coopération et d’idées dans toute la région », a-t-il expliqué, avant de demander l’aide de la communauté internationale pour faire de ce concept une réalité.

M. GIUSEPPE CONTE, Président du Conseil des ministres de l’Italie, a estimé que la communauté internationale avait besoin de plus de multilatéralisme et d’une ONU renforcée dans son rôle de pilier du système international basé sur la paix, la justice et l’équité.  C’est pourquoi l’Italie soutient le plan de réforme du Secrétaire général, car « le pays entend voir une ONU proche des peuples, capable de répondre à leur besoin de sécurité et de bien-être et prête à les protéger des pièges de la mondialisation qui, bien qu’offrant de nombreuses opportunités, produit également des effets erratiques ». 

À ceux qui accusent l’Italie de souverainisme et de populisme, M. Conte a répondu qu’il lui plaisait de les renvoyer à l’Article 1 de la Constitution de son pays, qui évoque justement « la souveraineté et le peuple ».  Cette posture, a-t-il précisé, ne change pas la position de l’Italie vis-à-vis de la communauté internationale et des Nations Unies.  Il a indiqué que l’Italie est candidate au Conseil des droits de l’homme en cette année du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. 

M. Conte a rappelé que l’Italie est engagée, depuis des années, dans la recherche et le sauvetage en Méditerranée, et que son pays avait pu sauver de la mort des dizaines de milliers de gens.  « Le phénomène migratoire auquel nous faisons face nécessite une réponse internationale structurée, à plusieurs niveaux et à court, moyen et long termes », a-t-il proposé.  C’est sur cette base que l’Italie soutient le pacte mondial sur les migrations.  Pour l’Italie, il s’agit d’un défi qui doit être réglé par le biais d’une responsabilité partagée, dans le cadre d’un partenariat entre pays d’origine, de transit et de destination des migrants, en tenant compte du besoin de préserver la dignité des individus, mais également en faisant preuve de détermination face aux trafiquants d’êtres humains. 

L’Italie est un pays dont l’ADN contient la promotion du dialogue et de l’inclusion dans le cadre des situations de crise, a encore assuré M. Conte, qui a annoncé la tenue dans son pays, dans les semaines à venir, d’une conférence sur la Libye, dont le but sera de contribuer à la stabilisation politique du pays.  Quant au conflit en Syrie, M. Conte a appelé la communauté internationale à soutenir l’action de l’ONU et de son Envoyé spécial, M. Staffan De Mistura. 

M. JORGE CARLOS DE ALMEIDA FONSECA, Président de Cabo Verde, a appelé au respect intégral de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ajoutant que ce respect demeure un défi tant les violations sont « quasiment institutionnalisées » dans de grandes parties du monde.  « Le choix de mon pays de poursuivre une politique de paix et de dialogue provient de la nature même du peuple de Cabo Verde et de sa culture de la tolérance », a-t-il dit.

Le Président a profondément regretté que la peine de mort continue d’exister au XXIe siècle et appelé à une réflexion « profonde et attentive » sur cette question.  Précisant que cette peine n’existe pas dans son pays, il a apporté son soutien à l’appel du pape François pour parvenir à un consensus international sur son abolition.  « La vie, en tant que valeur supérieure, ne peut être laissée à la merci de juges faillibles qui, ignorants des lois de la clémence, revêtent imprudemment la robe souillée du bourreau. »  Il a en outre fait part de sa croyance dans la réhabilitation de l’homme et dans l’application de châtiments alternatifs à une solution aussi radicale et honteuse que la peine de mort.

Le Président a déclaré que son pays est un exemple de coexistence harmonieuse entre des peuples venant de différents pays et animés de croyances distinctes.  Il a ensuite insisté sur les vulnérabilités de Cabo Verde, parmi lesquelles l’étroitesse de son marché, la menace de la désertification et le fait qu’il continue d’avoir besoin de l’aide internationale.  Il a mentionné les conséquences dévastatrices des changements climatiques pour les États insulaires en développement.

Le Président a aussi fait valoir que, depuis que le Cabo Verde a quitté la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ses vulnérabilités structurelles sont devenues plus complexes.  Il a donc demandé des « mesures adaptées » à la réalité de Cabo Verde dans les domaines du développement, du commerce et de la dette.  Pour atteindre cet objectif, le gouvernement va organiser une table ronde à Paris en décembre en vue de la mobilisation de partenariats innovants adaptés à la nature de petit État insulaire en développement, a conclu le Président.

M. MSWATI III, Roi d’Eswatini, a souligné les poches de tensions dans différentes régions du monde, qui requièrent que les États Membres s’expriment d’une seule voix lorsqu’ils proposent des solutions pacifiques.  Ainsi, il est impératif de résoudre ces problèmes ensemble, comme une famille, afin de trouver des solutions durables.  Il a appelé les pays qui font l’expérience de conflits à trouver des solutions nationales pour traiter leurs différends: ils doivent se servir du dialogue comme le meilleur moyen de parvenir à des solutions durables.  Le Roi a aussi demandé aux États Membres de s’empêcher de nourrir les tensions dans les pays en trouble avec une approche divisée des interventions.  « Notre approche devrait toujours être de chercher une voie à l’amiable pour relever tous les défis auxquels nous sommes confrontés pour le bien de l’humanité. »

Parlant ensuite des défis du bien-être social, notamment le déséquilibre entre riches et pauvres, le Roi d’Eswatini a rappelé que l’Union africaine avait élaboré l’Agenda 2063 dans le but d’améliorer la vie des Africains.  Il est important de soutenir ce programme, a-t-il plaidé en exhortant en outre les autres blocs à soutenir les pays en développement qui ont de bons programmes pour transformer leurs économies.  « Il est temps que nous engagions des chercheurs pour étudier ce dont les pays en développement ont besoin pour accélérer la croissance économique et identifier les projets d’investissement qui seraient les mieux placés pour catalyser cette entreprise. »

S’agissant de la relation entre l’ONU et l’Union africaine, il a réitéré les appels pour que l’Afrique obtienne au moins deux sièges de membre permanent au Conseil de sécurité, avec tous les prérogatives et privilèges qui y sont associés. 

Pour ce qui est des progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable, le Roi a indiqué que l’Eswatini avait finalisé la révision de sa stratégie nationale de développement 1997-2020 et qu’il lancerait bientôt une stratégie renouvelée.  En tant que pays à revenu intermédiaire, l’Eswatini espère que la réforme du Secrétaire général aidera à soutenir et à renforcer ses efforts pour accéder aux ressources externes et garantir des mécanismes de financement durable.

En conclusion, le Roi a réitéré son appel pour que l’ONU accorde au peuple de la « République de Chine, Taïwan » l’opportunité de contribuer au système des Nations Unies pour le développement.

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a relevé que les conflits sont la principale cause de l’augmentation des réfugiés et des personnes déplacées dans le monde, avec un niveau jamais atteint de 65,5 millions.  Si la sécurité internationale semblait solide il y a moins de 20 ans, elle est aujourd’hui incertaine, a-t-il déploré.  Il a aussi regretté que, trop souvent, les grands discours sur la paix, le respect du droit international, le respect des droits de l’homme, ne restent qu’à l’état de rhétorique, de messages politiquement corrects, qui ne sont pas suivis d’actions concrètes.  Il a rappelé les raisons d’être de l’ONU, à savoir, « sauver les générations à venir du fléau de la guerre ».

« Malheureusement, aujourd’hui mes concitoyens sont devenus une part de ce cinquième de la population mondiale qui expérimente les horreurs de la guerre.  Au moment où je prononce ce discours, je viens d’apprendre la triste nouvelle de la perte d’une nouvelle vie sur le front de la guerre infligée par un membre permanent du Conseil de sécurité. »  Pour le Président, « Moscou fait des Ukrainiens des orphelins ».  Il a aussi déploré que plus d’un million et demi de personnes soient devenues des « déplacées », qui ne peuvent toujours pas retourner chez elles.  De plus, il a accusé la Russie de développer constamment les tragédies humaines, et maintenant en plus sur le terrain de l’écologie: « elle empoisonne le sol ukrainien et cause un désastre environnemental, non seulement en Crimée occupée, mais aussi au Donbass ».

Le Président ukrainien a expliqué que, « en défendant le territoire ukrainien ainsi que notre liberté, nous défendons aussi le Monde Libre ».  Les Nations Unies, a-t-il clamé, ne devraient pas rester silencieuses quand les principes de sa Charte sont violés par un pays disposant du droit de veto.  « Comment en sommes-nous arrivés là? »  Bientôt personne ne sera en sécurité, a-t-il prédit en avertissant que le silence face aux violations du droit international ne fait qu’encourager le Kremlin.  Pour lui, la Russie pense avoir le droit de restructurer le droit international à son idée.  « Or, cet acteur égoïste et irresponsable ne fera qu’accélérer la crise, en faisant chanter tous les pays, avec pour objectif de faire taire ceux qui devraient parler. »

« Nous ne devrions pas rester silencieux, car rien n’empêchera Moscou de poursuivre ses politiques expansionnistes.  Si nous ne punissons pas Moscou; elle continuera; ses agissement et brutalités doivent être rejetés en prenant des sanctions », a-t-il demandé.  Le Président a toutefois considéré que l’efficacité des sanctions internationales laisse à désirer aujourd’hui, ce qui porte atteinte à la crédibilité de l’ONU.  « Les mots et belles paroles qui sont inscrits dans la Charte ne valent rien s’ils ne sont pas appliqués. »

Selon M. Poroshenko, il faut renforcer le rôle de l’Assemblée générale dans les sanctions, l’Ukraine étant disposée à y contribuer.  Le droit de veto est utilisé par la Russie, non pas pour protéger la paix internationale mais pour protéger ses propres intérêts, a-t-il analysé, souhaitant que la réforme en cours du Conseil de sécurité puisse rendre l’Organisation plus réactive face aux menaces.

« Nous avons toujours privilégié le multilatéralisme pour résoudre ce conflit et nous continuerons à suivre cette voie, mais nous sommes plus déterminés que jamais à défendre chaque centimètre carré de notre territoire. »  Il a rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ) allait se prononcer sur l’affaire du vol MH17, qui a été abattu en 2014, et « dont nous connaissons le rôle joué par la Russie ». De plus, a-t-il ajouté, « cela fait quatre ans que la Russie a décidé d’annexer illégalement la Crimée et Sébastopol, en la transformant en une base militaire qui menace la sécurité et la stabilité de la région de la mer Noire ». Citant des exemples de nombreux Ukrainiens -des paysans, des cinéastes, des intellectuels- qui sont détenus dans les prisons russes pour avoir manifesté leur soutien à l’Ukraine, le Président a demandé une manifestation du soutien des Nations Unies à ces « courageuses personnes qui se battent pour la liberté ».

Passant au sujet de l’économie, le Président ukrainien a noté que son pays en est à 10 trimestres de croissance sans discontinuer, avec une croissance cette année de 3,8%.  « Notre pays a la plus grande croissance dynamique parmi les marchés émergents, aidé par la stabilisation macroéconomique, l’amélioration du climat d’investissement et le nettoyage du secteur bancaire, en dépit de dépenses de sécurité et de défense qui représentent 6% de son produit intérieur brut. »

Le Président Poroshenko a rappelé qu’en 2019-2020, l’Ukraine sera membre du Conseil économique et social (ECOSOC). « Nous en profiterons pour renforcer le rôle du Conseil de sécurité, en particulier dans les situations de conflits et d’après-confit, car « nous connaissons le prix de la tragédie de la faim ». Il a fini en plaidant pour une ONU forte et pertinente, dans notre monde incertain et turbulent.

M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a remercié les Nations Unies de leur appui dans la mise en œuvre du dialogue national, avec la participation des forces de l’opposition et des organisations de la société civile.  Hier, le Congrès national a approuvé la nomination d’une commission dédiée à la réforme du système d’identification national, condition nécessaire à la réforme électorale, a-t-il annoncé.  Le Président a toutefois fait part de sa frustration devant le manque de volonté apparent de construire la paix, malgré les ressources importantes dont disposent les Nations Unies.  Estimant que les principes d’égalité, de souveraineté et d’autodétermination des États sont cruciaux pour la stabilité du monde, il a dénoncé les « forces et les acteurs internationaux » qui, « poussés par leurs propres intérêts, interfèrent dans nos affaires internes ».  Ces actions « affectent notre démocratie, élément fondamental du développement des nations que nous voulons défendre », a-t-il ajouté, avant d’appeler à la défense de l’état de droit. 

Bien que le Honduras soit l’un des pays les plus vulnérables aux événements climatiques extrêmes, la bureaucratie continue d’entraver l’accès aux ressources vertes nécessaires à la reforestation et à la conservation, a déploré M. Hernández Alvarado.  Les Nations Unies ont « l’obligation » de revoir la manière dont ces fonds sont utilisés afin d’éviter qu’ils ne soient gardés dans les coffres des banques, qui « s’enrichissent pendant que l’humanité souffre », a martelé le Président.

La migration est un droit de l’homme, a poursuivi le Président hondurien, fustigeant les conditions déplorables dans lesquelles sont détenus les migrants.  Il a dénoncé le traitement « indigne » qui attend les milliers de migrants qui empruntent la « route de la terreur » en direction des États-Unis, aux mains de trafiquants et de réseaux criminels.  Prenant pour exemple les 129 enfants qui attendent, « aujourd’hui même », d’être réunis à leur famille, il a appelé les hauts fonctionnaires des Nations Unies à agir dans les plus brefs délais.

S’agissant de l’intégration économique en Amérique centrale, Le Président Hernández Alvarado s’est félicité du « pas en avant » effectué par le Honduras, le Guatemala et le Salvador avec la création de la première union douanière du continent américain.  Il s’est engagé à assurer l’intégration des autres pays de la région au sein d’une union douanière qui pourrait, à terme, inclure tous les États des Amériques.  Afin de faire de cette union une zone de commerce juste et équitable, il s’est engagé à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Alors qu’une tasse de café coûte cinq dollars à New York, les 90 000 familles productrices de café du Honduras reçoivent à peine deux cents », s’est-il insurgé, avant d’appeler les dirigeants des pays producteurs à s’organiser pour changer les choses, « dès maintenant ».

Se tournant vers la criminalité, il a déclaré que les narcotrafiquants et groupes armés non étatiques représentent une menace à la démocratie et à l’état de droit.  Malgré la gravité de la menace, ses appels répétés à l’ONU et à l’Organisation des États américains sont demeurés lettre morte, a dit le Président, avant de demander l’adoption d’une résolution reconnaissant les bandes armées comme des « entités non étatiques qui violent les droits de l’homme et menacent la stabilité des États ».  « Nous sommes prêts à agir », a-t-il conclu.

M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a applaudi les efforts du Secrétaire général des Nations Unies visant à réduire les coûts de l’Organisation et mieux gérer ses ressources.  Il s’est dit convaincu que les propositions relatives à l’adoption du dispositif de prestation de services centralisée seront couronnées de succès, tout en exprimant l’espoir que son pays aura le « privilège » d’accueillir un de ces centres de services.  Il a également appuyé le réalignement des mandats d’ONU-Habitat et du Programme des Nations Unies pour l’environnement. 

M. Kenyatta a dénoncé la corruption et le gaspillage de ressources qui ont cours dans plusieurs pays, estimant qu’ils sont la cause du fossé grandissant entre les ressources disponibles et la prestation de services aux populations.  Il a donné pour exemple l’extraction de minerais par les grandes entreprises, qui donne lieu à des marchés entachés de corruption et « institutionnalise » l’exploitation des richesses naturelles et le « pillage » de l’Afrique et d’autres régions en développement. 

Selon le Président du Kenya, la mondialisation des systèmes financiers et juridiques est à l’origine de la corruption des individus et des entreprises, notamment par le biais du blanchiment d’argent.  « La manifestation la plus dramatique de l’impact destructeur » de la corruption réside dans la perte de confiance des populations envers leurs institutions publiques, a-t-il relevé, voyant dans l’impunité dont bénéficient les personnes corrompues l’origine du « déficit de confiance ».  « Nous devons combattre l’impunité et la corruption », a martelé M. Kenyatta, qui a dit avoir établi des contacts avec les autorités de la Suisse et du Royaume-Uni afin qu’elles agissent pour mettre un terme aux transferts illégaux des profits de la corruption au sein de leurs institutions bancaires et financières.  Il a appelé à des réformes en ce sens, notamment au sein des agences des Nations Unies, qui devraient avoir pour fonction de détecter les cas de corruption.

Déplorant les pertes en « vies et en biens » subies par le Kenya en raison de son implication dans la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Kenyatta s’est néanmoins félicité du déclin des forces des Chabab en Somalie.  Toutefois, les pays contributeurs de troupes continuent d’assumer une part disproportionnée de la lutte contre le terrorisme dans la région, a-t-il estimé, appelant à un appui international à la hauteur de la menace.  Le Président a par ailleurs appelé les donateurs et la communauté internationale dans son ensemble à se mobiliser pour mettre un terme aux souffrances endurées par les femmes et les hommes au Soudan du Sud.  

M. Kenyatta a demandé que cesse « l’injustice historique » dont est victime l’Afrique du fait de sa sous-représentation au sein des institutions onusiennes, qui « perpétuent un modèle exclusif de gouvernance ».  À cette fin, il a demandé que deux sièges du Conseil de sécurité soient attribués à l’Afrique.  Il a enfin invité les États Membres à participer à la Conférence sur l’économie bleue durable, organisée par le Kenya et le Canada, qui se tiendra en novembre prochain, à Nairobi.

M. TANETI MAAMAU, Président de Kiribati, faisant référence au thème officiel de cette soixante-treizième Assemblée générale -« Faire de l’ONU une organisation pour tous: une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables »-  a rappelé à « tous les dirigeants et à la machinerie onusienne » que le plus important n’était pas la quantité des résultats obtenus, mais « d’améliorer la vie de ceux que nous servons ».

Insistant sur la protection des plus faibles, des sans-voix, des citoyens spoliés par plus puissants qu’eux, et de ceux privés de représentation politique, invoquant mère Teresa, pour qui « une vie qui n’est pas vécue pour le bien des autres n’est pas vraiment une vie », M. Maamau a estimé que les dirigeants partageaient une responsabilité similaire.

Les habitants de Kiribati, a assuré leur Président, vivent en harmonie avec leur environnement, font preuve d’humilité.  Ils se rassemblent régulièrement dans des réunions communautaires pour régler les questions locales de manière holistique.  Les valeurs étalons sont le respect et la coopération entre les membres de la société. Dans le contexte géographique plus large du Pacifique, plusieurs outils assurent la sécurité des nations mais le dialogue et le consensus restent les solutions privilégiées.

M. Maamau s’est pris à imaginer un monde libéré des instincts de domination et de violence, un futur prospère et sûr pour les générations futures.  Il a énuméré plusieurs initiatives de l’ONU qui ont ou pourraient bénéficier à son pays, comme la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 ou le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ouvert à la signature en 1996, « qui nous a assurés que les radiations subies par notre peuple après les essais nucléaires réalisés sur Christmas Island durant les années 60 ne se répéteront pas ».

Décrivant une Organisation constamment tiraillée entre « les intérêts de ceux qui la dirigent et les intérêts de ceux pour qui elle a été créée », M. Maamau a insisté sur l’importance de voir l’ONU s’occuper des intérêts des simples citoyens.  À cet égard, le Président s’est dit impatient que soit désigné un nouveau Coordonnateur résident pour la zone Pacifique Nord et Centre. 

M. Maamau a enfin mis en avant la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique, deux axes qui, a-t-il expliqué, serviront de boussole à l’orientation stratégique de Kiribati à long terme.

M. EMMERSON DAMBUDZO MNANGAGWA, Président du Zimbabwe, a dit apprécier que le thème de cette Assemblée générale soit en adéquation avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, dans la mesure où il s’agit de ne laisser personne sur le bord de la route.  Remarquant que dans le Programme 2030 résidait aussi la promesse d’éradiquer la pauvreté, le Chef de l’État a souligné que le développement devait demeurer au centre des préoccupations de l’Organisation, puisqu’il joue un rôle important dans la prévention de la faim et de l’insécurité alimentaire.

M. Mnangagwa s’est félicité des progrès du Zimbabwe dans la réalisation de certains objectifs de développement durable, notamment en matière de sécurité alimentaire.  « Grâce à notre politique centrée sur l’individu, accompagnée d’un financement et d'investissements du secteur privé, les fermiers reçoivent des conseils, de l’équipement et une aide technique », a-t-il expliqué.

Critiquant « les sanctions illégales imposées contre notre pays » et appelant à leur annulation, M. Mnangagwa a encouragé l’essor du processus démocratique, prenant pour exemple des élections qui ont eu lieu le 30 juillet 2018 dans le pays.  Il en a profité pour dénoncer les violences post électorales, les qualifiant d’inacceptables, et a dit accorder toute sa confiance à la Commission électorale, qui, à l’heure actuelle, travaille à valider les résultats.  Maintenant que les élections sont terminées, il est temps de se concentrer sur le développement économique, la modernisation et l’industrialisation du pays, a ajouté le Président.

Appelant à une réforme du Conseil de sécurité, M. Mnangagwa a souhaité qu’y soit ajouté un pays africain membre permanent et que soit augmentée la représentation non permanente du continent.  Il a justifié cette volonté par « l’injustice historique » qui a, selon lui, laissé l’Afrique à la périphérie du processus décisionnel global.  Il a enfin souhaité que les habitants du Sahara occidental puissent se prononcer sur leur avenir.  

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a constaté que le monde moderne est plein de menaces.  Nous sommes témoins d’un développement très dynamique de la situation internationale, a-t-il relevé, ajoutant que, pour y faire face, nous avons besoin de la coopération du plus grand nombre de pays possible.  Pour qu’il en soit ainsi, deux conditions sont nécessaires, a estimé le Président.  En premier lieu, nous devons tous respecter le droit international.  La coopération entre les pays dans le cadre d’un ordre mondial fondé sur le droit sera l’occasion de résoudre les conflits et d’empêcher de voir émerger de nouveaux.  Cet ordre exige des institutions fortes pour appliquer le droit international.

En second lieu, M. Duda a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur le principe fondamental de l’égalité souveraine de tous les États.  Le concept de multilatéralisme positif veut que, partout où c’est possible, les pays plus faibles aient des possibilités supplémentaires d’avoir un impact pour rendre l’égalité des droits des États plus réaliste.  Pour M. Duda, ce principe devrait s’appliquer dans deux domaines: la réforme attendue du Conseil de sécurité avec l’élargissement du champ de l’égalité des droits et des compétences de tous les membres du Conseil, et la réforme de l’Union européenne.

Il est aussi important que le multilatéralisme serve un certain système de valeurs, plutôt que d’être un élément de technologie politique et de jeu d’intérêts, a poursuivi le Président.  Le multilatéralisme suppose un engagement à respecter les valeurs, en particulier les valeurs fondamentales telles que le respect de la dignité et de la vie humaines.  La Pologne attache une importance particulière à la protection et la promotion des droits de l’homme.  C’est la raison de sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2020-2022.  M. Duda a ensuite annoncé l’intention de son pays de participer à nouveau activement aux missions de maintien de la paix des Nations Unies.

Par ailleurs, M. Duda a attiré l’attention sur les conflits larvés, l’occupation et les changements de frontières par la force en Europe de l’Est.  Les actes d’agression devraient recevoir une réponse pertinente, a-t-il argué.  Il a ensuite invité les États Membres à la vingt-quatrième session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (COP-24), qui aura lieu en décembre 2018 à Katowice.  « Ce sera l’occasion d’envoyer un message clair au monde que les efforts que nous faisons visent à assurer un avenir sûr », a-t-il conclu.

M. MARCELO REBELO DE SOUSA, Président du Portugal, a dit ne pas comprendre et a déploré le « tropisme unilatéral » et le désintérêt envers les organisations internationales.  Selon lui, cette attitude s’apparente à une « myopie politique » qui pourrait faire répéter les erreurs commises il y a un siècle environ.  Ainsi, maintenir le statu quo reviendrait à appauvrir le multilatéralisme.  Cela multiplierait les risques, les conflits et la violation des droits de l’homme et de la dignité humaine.  De même, ne pas réformer le Conseil de sécurité, par le biais d’un consensus, reviendrait à ignorer la géopolitique du XXIe siècle qui requiert au moins la présence du continent africain, du Brésil et de l’Inde au sein de cet organe.

Il a ensuite exprimé le soutien du Portugal au pacte mondial sur les migrations qui sera bientôt adopté au Maroc, promettant également que le Portugal allait continuer d’accepter les migrants, les réfugiés et autres déplacés.  Il a à ce propos rappelé que l’ancien Président du pays, M. Jorge Sampaio, avait lancé la « plateforme mondiale pour les étudiants syriens ». 

M. Rebelo De Sousa a expliqué qu’il existe en ce moment deux visions du monde.  Une vision axée sur le court terme, qui est unilatérale, protectionniste et populiste, et donc peu tournée vers le multilatéralisme et le développement durable.  Par contre, l’autre vision du monde, celle que partage le Portugal, est celle du multilatéralisme: elle est ouverte et favorable à une gouvernance mondiale; elle est engagée en faveur du développement durable; elle respecte les droits de l’homme.  Le Président a toutefois confiance qu’à moyen ou long terme, cette seconde vision prévaudra, un peu comme elle a prévalu dans l’Union européenne, ce qui a permis à l’Europe de connaître la plus longue période de paix de l’histoire récente, et des hauts niveaux de bien-être et de protection sociale. 

En cette année de commémoration du soixante-dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Président du Portugal a dit que c’est le moment approprié pour un consensus sur l’adoption d’une résolution biennale à l’Assemblée générale sur un moratoire sur la peine de mort.  Il a également salué les vertus de la résolution pacifique des conflits à travers le monde en citant quelques exemples.  Il a enfin affirmé que « le bon sens demande qu’il y ait une reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens » pour arriver à une solution à ce conflit.

M. SALVADOR SÁNCHEZ CERÉN, Président d’El Salvador, s’est joint à l’appel du Secrétaire général concernant l’urgente nécessité de combler l’écart de financement des objectifs de développement durable.  Son pays consacre près de 50% du budget national au développement social, un investissement sans précédent, a-t-il indiqué tout en reconnaissant que les finances nationales ne sont pas suffisantes et en demandant à la communauté internationale d’assumer sa part dans cet engagement. 

Le Président a ensuite détaillé les nombreuses difficultés que rencontre El Salvador, comme la récente sécheresse, l’une des plus importantes de son histoire.  Il faut donc que le pays investisse des ressources publiques à la sécurité alimentaire des familles.

Au plan écologique, El Salvador fait partie des pays qui ne contaminent quasiment pas au niveau mondial, mais qui par contre souffrent des effets du changement climatique généré par d’autres.  Le pays a, de ce fait, un besoin urgent de financer les mesures d’adaptation.  Il a fait valoir qu’El Salvador constitue une référence en ce qu’il fait son possible pour protéger son environnement alors que c’est un petit pays sans grandes ressources.  Il a invité l’Assemblée à considérer son initiative de déclarer la décennie 2020-2030 « Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes ». 

Le Président a fait part d’importants résultats obtenus dans la lutte contre la pauvreté, grâce à des programmes de protection sociale et des stratégies de développement, permettant de réduire de 10% la pauvreté entre 2009 et 2017.  Il a aussi vanté les mérites de sa lutte contre l’analphabétisme, qui est soutenue par Cuba, et de son action pour la défense des droits des femmes grâce à une stratégie de prévention des violences sexuelles qui a impliqué toutes les institutions gouvernementales.  Il a aussi parlé de la Stratégie nationale de lutte contre la mortalité infantile.

Le Président a appelé à aborder la question migratoire sous l’angle des droits de l’homme, en pesant les avantages et les inconvénients.  Il a évoqué les nombreuses familles de migrants qui ont connu des séparations, notamment dans le triangle Nord de l’Amérique centrale, avant de demander à nouveau aux autorités des États-Unis de rationaliser le processus de réunification des mineurs avec leurs familles.  Il a par ailleurs expliqué travailler pour créer de meilleures conditions de vie dans son pays, en investissant dans le capital humain, la sécurité, la prévention de la violence et la lutte contre le trafic de stupéfiants.

Enfin, le Président a plaidé la cause du multilatéralisme et insisté sur la nécessité d’un dialogue constructif, de la coopération, de la concertation et du renforcement des mécanismes d’intégration des alliances régionales.  Il a demandé à cet égard de mettre un terme au blocus « anachronique » contre Cuba et à celui contre le Venezuela.  « Nous rejetons toute ingérence extérieure ou intervention militaire », a-t-il ajouté.

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de la République de Nauru, a reconnu que ce n’était pas facile d’avoir l’appui du système des Nations Unies lorsque l’on représente un petit pays.  « Cela nous laisse avec des économies extrêmement sous-développées dépendant uniquement d’un ou deux secteurs clefs, eux-mêmes souvent hautement vulnérables aux tendances du marché mondial ou des changements de priorités politiques des partenaires de développement. »  Si Nauru peut être considérée comme un pays à revenu intermédiaire sous certaines conditions, la situation économique pourrait changer dramatiquement en une nuit à cause des forces qui nous échappement totalement, a-t-il averti.  Le développement de stratégies efficaces pour y faire face est devenu très urgent.

« Nous devons nous tourner vers les institutions publiques comme les Nations Unies pour créer un environnement dans lequel nous pouvons prospérer et croître », a estimé M. Waqa.  « Si nous voulons relever les défis des petits pays, nous devons abandonner la sagesse conventionnelle.  Nous devons réfléchir à l’économie d’échelle différemment.  Une fois ce saut effectué, notre petite taille peut devenir notre atout », a ajouté le Président.  Pour un petit pays, des ressources modestes peuvent avoir des effets transformateurs.  Prenant l’exemple de l’énergie renouvelable, le Président a dit qu’un petit nombre d’îles a réalisé 100% des systèmes d’énergie renouvelable en 10 ans.  Le Gouvernement de Nauru estimé le coût pour parvenir à 100% d’énergie renouvelable à 63 millions de dollars.

Mais ce n’est pas parce que la tâche est plus petite qu’elle est facile, a averti M. Waqa.  Les ressources financières et de renforcement des capacités doivent être rendues plus accessibles pour les pays aux capacités limitées.  De plus, les nouvelles approches de financement telles que les modalités d’accès et l’appui budgétaire directs semblent donner de bien meilleurs résultats dans les petits pays.  Saluant le partenariat entre les îles du Pacifique et l’Italie, le Président a dit que bâtir une ONU plus inclusive nécessite de relever les défis mondiaux les plus urgents, notamment les conséquences du changement climatique.  À cet égard, il a rappelé l’appel qu’il a lancé en juillet dernier au Conseil de sécurité pour la nomination d’un Représentant spécial du Secrétaire général pour le climat et la sécurité.  En conclusion, M. Waqa a dit que « pour que l’ONU soit pertinente pour tous les peuples, il faut inclure le peuple de Taïwan » .

Rappelant les idéaux de paix et de justice qui ont mené à la création de l’ONU, M. EVO MORALES AYMA, Président de l’État plurinational de Bolivie, a déclaré que son pays attend avec impatience la décision de la CIJ, attendue la semaine prochaine, portant sur l’obligation faite au Chili de négocier un accès « souverain » à l’océan Pacifique avec la Bolivie.  Il a expliqué qu’il s’agit de la responsabilité partagée des deux États de parvenir à des solutions justes dans le cadre du droit international, ajoutant que c’est une question « d’intérêt hémisphérique » reconnue par l’Organisation des États américains.  Ce différend compromet l’intégration régionale, a considéré le Président, ajoutant que pour sa part, la Bolivie recherche une solution durable, à même de satisfaire les deux parties et de favoriser le développement. 

Il a dit espérer que l’arrêt de la CIJ sera reconnu et permettra d’initier des négociations fructueuses afin de mettre un terme à « l’enfermement » de son pays, qui demeure sans littoral.  L’origine de ce différend territorial remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque des « intérêts corporatifs étrangers » ont provoqué une confrontation afin de s’approprier les ressources de la région, a déclaré M. Morales, se disant convaincu que la décision de la Cour marquera le début d’un « temps nouveau » dans les relations entre la Bolivie et le Chili.

Le Président Morales a décrit les trois grandes menaces auxquelles fait face l’humanité, à commencer par les changements climatiques.  Pour faire face aux phénomènes climatiques toujours plus sévères, des efforts mondiaux tels que l’Accord de Paris sont nécessaires, a poursuivi M. Morales, tout en soulignant l’importance de s’attaquer aux causes profondes de ces crises.  Il a pointé du doigt les États-Unis, « principal contaminateur de l’histoire de l’humanité », considérant les « changements climatiques indissociables du capitalisme ». 

Pour le Président, la « culture de la guerre » et les risques de catastrophes nucléaires qui en découlent représentent une grande menace pour l’humanité.  Les dirigeants qui parlent de paix sont souvent, en fait, les mieux armés, a-t-il relevé, notant que les dépenses militaires sont en hausse constante.  Les inégalités constituent une autre grande menace, alors que la richesse est sans cesse plus concentrée entre les mains de quelques-uns.  « Nous ne vivons pas dans un monde de redistribution de la richesse, mais bien d’accumulation de la richesse et de redistribution de la pauvreté », a-t-il relevé.

M. Morales a rejeté de façon vigoureuse le « blocus économique » « illégal, inhumain et criminel » imposé par les États-Unis contre Cuba et réclamé l’octroi d’indemnisations, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale.  Il a estimé que la « République soeur » du Venezuela a été victime d’une « agression » de la part des États-Unis, réaffirmant le rejet par les États d’Amérique latine de toute intervention militaire.

M. TOMMY ESANG REMENGESAU, Jr., Président de la République des Palaos, a indiqué que le développement durable pour son pays passe obligatoirement par les priorités que sont la santé, les océans et les changements climatiques.  L’année 2018 a été proclamée « Année de la bonne santé » aux Palaos.  Des évènements sont ainsi organisés à travers le pays afin de promouvoir des styles de vie sains et faire ainsi face à la menace mortelle des maladies non transmissibles.  Il a rappelé que les Palaos font partie des 10 pays ayant le taux d’obésité le plus élevé au monde.  Il s’est dit honteux de reconnaître qu’« alors que dans certains endroits du monde les gens meurent de faim et de pauvreté, dans notre coin du Pacifique, on meurt de surconsommation de mauvaise nourriture ».  Il a parlé de l’augmentation de maladies telles que le diabète, les maladies cardiaques et le cancer, tout comme d’autres affections attribuables à la mauvaise alimentation, le manque d’activités physiques et l’usage de tabac.  C’est pourquoi le pays encourage désormais le retour aux habitudes culinaires traditionnelles et l’augmentation de la production agricole locale. 

Le Président a ensuite relevé que l’océan est leur source de vie, leur culture et leur identité, c’est pourquoi la réalisation de l’objectif 14 de développement durable est importante pour les Palaos.  L’océan est également, a-t-il ajouté, la base de leur industrie touristique qui est pourvoyeuse de la majorité des emplois du pays.  Le pays entend donc préserver l’environnement qui est la base de leur économie.  Les Palaos ont ainsi étendu les aires marines protégées, « c’est la contribution des Palaos à la réalisation de l’objectif 14 de développement durable », a-t-il affirmé. 

M. Remengesau a en outre rappelé que les changements climatiques sont le plus grand défi de notre génération.  De ce fait, renforcer la résilience de pays vulnérables doit être une priorité mondiale.  Pour sa part, les Palaos ont mis sur pied un cadre national de lutte contre les changements climatiques avec, entre autres objectifs, le renforcement des capacités nationales et la réduction des risques de catastrophe.  Il a remercié les partenaires qui accompagnent son pays sur la voie du développement, notamment Taiwan qui y construit des infrastructures.  Il a souhaité que l’ONU trouve « une solution afin d’inclure Taiwan dans tous ses processus », y compris l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Il a terminé son propos en réitérant l’idée de la nomination d’un Envoyé spécial du Secrétaire général sur le climat et la sécurité.

M. NICOLÁS MADURO MOROS, Président du Venezuela, a exhorté le système des Nations Unies à s’adapter au XXIe siècle, arguant que les événements mondiaux ont toujours des impacts sur l’ONU.  C’est la raison pour laquelle le Venezuela est venu, ici, dire qu’il refuse de céder face à l’injustice, à l’esclavage, au colonialisme et à l’impérialisme.  Le Venezuela est un pays agressé, a affirmé M. Maduro.  « Le Président des États-Unis d’Amérique nous a menacé, hier, en jouant son rôle de justicier du monde qui est une émanation de la doctrine Monroe. »  Aujourd’hui, le Venezuela est victime d’une agression permanente de la part de Washington, sur les plans politique, diplomatique et économique, a encore clamé le Président du Venezuela qui a demandé: « pourquoi ces assauts? »

C’est parce que le Venezuela possède la plus grande réserve de pétrole au monde, a-t-il répondu en faisant valoir les grandes richesses naturelles et minières de son pays.  « Si c’est confirmé, le Venezuela possède la première réserve d’or au monde », a-t-il même avancé en poursuivant son décompte: le Venezuela possède la quatrième réserve mondiale de gaz naturel.  En même temps, le Venezuela subit le blocus économique que lui imposent les États-Unis, a dénoncé le Président Maduro en se plaignant qu’on interdise à son pays d’utiliser le dollar dans ses transactions internationales.  « Nous sommes soumis à des sanctions unilatérales illégales. »

« Le Président des États-Unis a aussi annoncé hier de nouvelles sanctions économiques contre le Venezuela dans cette enceinte même des relations internationales », a poursuivi M. Maduro en prévenant que l’arme de la monnaie est illégale sur le plan international.  Il a aussi dénoncé l’agression médiatique internationale dont est victime son pays.  Cette agression a utilisé la crise migratoire pour justifier une intervention militaire au Venezuela, a-t-il argumenté. 

Pour le Président vénézuélien, c’est le même modèle déjà utilisé en Libye et en Iraq pour renverser des gouvernements légitimes qui est utilisé pour agresser le Venezuela.  « Nous avons dénoncé ces tentatives de coup d’État contre le Gouvernement élu de Venezuela. »  Se disant ravi de l’échec de ces tentatives qui étaient selon lui « soutenues par le Gouvernement de la Colombie », M. Maduro s’est demandé si l’Amérique latine et les Caraïbes acceptaient de telles interventions étrangères.

Rappelant « l’attaque terroriste » dont il a été la cible le 4 août dernier, le Président Maduro a affirmé que cet attentat avait été planifié sur le territoire des États-Unis et préparé sur celui de la Colombie.  Des fonctionnaires du Mexique, du Chili et de la Colombie sont mentionnés par les personnes qui ont été arrêtées lors de l’enquête après l’incident, a-t-il indiqué, avant de demander la nomination d’un enquêteur spécial indépendant des Nations Unies pour faire la lumière sur l’attaque du 4 août et cette tentative de coup d’État.  Il a jugé souhaitable que le Gouvernement des États-Unis permette au « Federal Bureau of Investigation » (FBI) de participer à l’enquête pour déterminer la vérité.  « Je suis en outre prêt à serrer les mains du Président des États-Unis pour parler de ces questions et d’autres questions bilatérales », a avisé le Président Maduro.

« Ce sont les gens qui ont des divergences d’opinions qui doivent dialoguer.  Je suis prêt à parler ouvertement avec le Président Donald Trump de toutes les questions que veut poser le Gouvernement des États-Unis », a précisé M. Maduro, disant croire au dialogue politique.  « J’ouvre les bras à tous ceux qui veulent aider dans ce dialogue, dans le respect de notre souveraineté, qu’ils viennent d’Afrique, d’Europe, d’Asie ou d’Amérique latine. »

Refusant un monde unipolaire, le Président du Venezuela, en tant que Président en exercice de Mouvement des pays non alignés, a apporté son appui au peuple palestinien, et appelé à la fin immédiate du blocus économique et financier contre Cuba.  « Après 20 ans de révolution, ces trois dernières années ont été les plus dures mais aujourd’hui nous sommes plus forts que jamais », a-t-il reconnu.  

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a traité de la place de l’Afrique aux Nations Unies, en particulier au Conseil de sécurité, ainsi que du terrorisme et de l’extrémisme violents.  Face à ces fléaux, l’Afrique fait montre d’une volonté assumée pour dépasser les cloisonnements régionaux, mutualiser les moyens et poser les jalons d’une approche holistique et cohérente qui contribue au développement d’une doctrine mondiale face à ces menaces asymétriques désormais dominantes, a-t-il assuré.  Face à l’ampleur problématique que prend le phénomène de la migration, M. Touadera s’est ensuite félicité de la prochaine Conférence internationale de Marrakech, qui doit adopter le pacte mondial sur la migration.  Il a par ailleurs encouragé à l’universalisation de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Abordant la situation dans son pays, M. Touadera a expliqué que, depuis deux ans, son gouvernement œuvre sans relâche à la restauration des valeurs cardinales qui fondent la démocratie, la liberté et les droits de l’homme.  Il s’attelle donc à restaurer l’autorité de l’État, en poursuivant le déploiement de l’administration et des services de l’État dans les provinces ainsi que le rétablissement des services sociaux de base. 

Mais, a avoué le Président, nous déplorons la persistance d’événements tragiques et douloureux perpétrés par les ennemis de la paix mus par des intérêts aussi sombres qu’égoïstes.  Nonobstant tous ces défis, le Gouvernement a maintenu l’élan des réformes dans les secteurs de la sécurité et de la défense, où sont enregistrées des avancées significatives, dont le déploiement progressif des forces et la mise en œuvre du programme national de désarmement. 

M. Touadera s’est félicité, à cet égard, de l’engagement de l’Union européenne et des partenaires bilatéraux qui soutiennent la montée en puissance des Forces armées centrafricaines, et leur déploiement sur toute l’étendue du territoire, d’autre part.  L’ambition est de voir ces forces devenir véritablement opérationnelles et contribuer, aux côtés de la Mission de l’ONU, à l’immense travail de stabilisation et de retour à une paix durable.  Mais pour gagner ce pari, « qu’il me soit permis de réitérer, du haut de cette tribune, notre appel à la levée totale de l’embargo sur les armes qui pèse encore sur notre armée nationale », a ajouté le Président. 

Le Président a conclu en faisant le point sur le programme de reconstruction, qui connaît des avancées « palpables », et sur la lutte contre l’impunité, y compris le lancement prochain des premières enquêtes de la Cour pénale spéciale et la mise en place du cadre pour une Commission vérité, justice, réparation et réconciliation. Dans ce contexte, il a indiqué que le Panel de Facilitation de l’Initiative africaine avait conclu deux tournées de consultations et une réunion avec les groupes armés, destinées à recueillir leurs revendications dans la perspective du dialogue inclusif.  Le Président a insisté pour que l’Initiative africaine constitue le seul et unique cadre de référence dans lequel doivent s’inscrire toutes les bonnes volontés accompagnant les Centrafricains sur la voie du dialogue.

M. JABER AL-MUBARAK AL-HAMAD AL SABAH, Premier Ministre du Koweït, a plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité, afin qu’il reflète mieux la réalité internationale actuelle, que son efficacité et sa légitimité soient renforcées et qu’une représentation conforme au nombre de pays arabes y soit assurée.  Pendant son mandat de membre non permanent du Conseil pour les années 2018-2019, le Koweït met l’accent sur le respect des droits humains, la recherche de solutions pacifiques et la médiation, a-t-il déclaré.

M. Al Sabah a dénoncé l’intransigeance d’Israël sur la question de la Palestine et sa poursuite de sa politique de peuplement, menée au mépris du droit international et de la résolution 2334 (2016), qui demande une cessation de ladite politique.  Il a rappelé ensuite que son pays avait parrainé devant le Conseil un projet de résolution demandant notamment une protection internationale pour le peuple palestinien.  « Malgré la non-adoption de ce texte, le Koweït n’épargnera aucun effort pour appuyer les droits légitimes du peuple palestinien », a-t-il assuré, avant de réitérer le soutien du Koweït à la solution des deux États.

S’agissant de la Syrie, M. Al Sabah a rappelé que son pays a accueilli trois conférences internationales de donateurs pour remédier à la situation humanitaire qui y prévaut.  Rejetant toute solution militaire, il a plaidé pour une solution politique dans le respect de la résolution 2254 (2015) du Conseil.

Sur le dossier du Yémen, le Premier Ministre a affirmé que la crise découlait du coup d’État perpétré par les houthistes contre les autorités légitimes yéménites.  Le Koweït renouvelle son engagement en faveur de la souveraineté du Yémen, « pays qui est le berceau de la civilisation arabe », a-t-il poursuivi, en plaidant pour une solution politique.  Il a par ailleurs rappelé que son pays avait apporté 350 millions de dollars pour remédier aux besoins des Yéménites.

M. Al Sabah a en outre rappelé que le Yémen avait accueilli une conférence internationale pour la reconstruction de l’Iraq, qui avait permis la mobilisation de plus de 30 milliards de dollars, le Koweït ayant apporté 2 milliards.  Il a aussi exhorté l’Iran à prendre des mesures en vue d’établir des relations basées sur la coopération et un respect mutuel.

Enfin, le Premier Ministre a indiqué que son pays apportait une aide pour le développement de 106 pays et rappelé l’engagement du Koweït en faveur du système multilatéral international.

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, a constaté le recul du multilatéralisme sur tous les fronts et une remise en cause des fondements du système international basé sur le respect de la règle de droit.  Pour les démocraties, ce sont pourtant là les garanties de leur capacité à jouer un rôle au niveau international, voire même une condition de l’exercice de leur souveraineté, a noté le Ministre.  Le Luxembourg prône un retour à la négociation et à l’engagement constructif dans le cadre de l’OMC « au risque de tous devenir perdants ».

Constatant aussi que certains défis ne peuvent que trouver une solution au niveau global, M. Bettel a cité le cas de la migration.  À ses yeux, le Pacte sur les migrations, qui sera adopté à Marrakech en décembre, fournira un cadre pour appréhender ce phénomène mondial à la fois dans les États d’origine, de transit et de destination.  Il devrait aussi conduire à une meilleure gestion des flux migratoires au niveau régional.  Il a évoqué ce que cela impliquera pour l’Union européenne, qui devra mettre en place des politiques communes et des mécanismes de solidarité entre États pour l’accueil des réfugiés.  Le Luxembourg a engagé des efforts en ce sens dès 2015.

Le Ministre a rappelé que le pacte mondial sur les migrations fixait ce qui est attendu des migrants en termes d’intégration.  « On a souvent mis la question de l’intégration en rapport avec la montée du populisme en Europe », a noté M. Bettel.  Or, a-t-il rétorqué, l’Union européenne a vu des pays importants se doter de gouvernements populistes bien avant la crise migratoire de 2015. 

Sur la question du climat, le Ministre qui craint qu’au rythme actuel il ne sera pas possible d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.  Il a soutenu la proposition du Secrétaire général de convoquer un nouveau sommet sur le climat l’année prochaine pour retrouver l’élan de Paris.  Il a fait état des mécanismes particuliers élaborés pour contrer le changement climatique, au plan international et national, en soulignant aussi la mobilisation du secteur privé.  Il a regretté cependant que si les mécanismes existent, les moyens demeurent insuffisants. 

Le Luxembourg, a-t-il poursuivi, a créé une bourse verte avec une capitalisation de 50 milliards d’euros.  Il a expliqué la « timidité de la réponse du secteur financier » par la méconnaissance des opérateurs traditionnels des potentialités des marchés, mais aussi par les obligations de conformité imposées aux autorités de surveillance dans les pays développés.  Face à la baisse de l’APD, il convient à son avis de trouver d’autres mécanismes pour pallier le manque de moyens, en particulier pour les pays les moins avancés.  Pour sa part, le Luxembourg continuera de consacrer 1% de son revenu national brut à l’APD.

Le Ministre a ensuite insisté sur l’importance de la réforme engagée par le Secrétaire général, notamment pour renforcer l’efficacité des missions de maintien de la paix.  Dans ce contexte, il a évoqué l’action menée par le Luxembourg au Mali avec une enveloppe de 61 millions d’euros pour 2015-2016, illustrant ainsi « ce qu’un pays comme le sien peut faire dès lors que des structures de coordination internationales et régionales sont mises en place ».

Dans sa conclusion, M. Bettel a dit que le Luxembourg regrette que les États-Unis aient dénoncé l’accord sur le nucléaire iranien « qui a fait l’objet d’une résolution du Conseil de sécurité et continue de lier la communauté internationale », de même que leur retrait du Conseil des droits de l’homme, « un Conseil qui peut être réformé sans remettre en cause son mandat et son mode de fonctionnement et qui reste un pilier du système onusien ».

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a appelé à affronter ensemble les défis de la mondialisation.  « Travailler ensemble nous a permis de faire bien plus que ce qu’on aurait fait chacun seul », a-t-elle argué.  Elle a détaillé les réalisations de son pays tant sur le plan national qu’international, grâce notamment à une politique de moyens de subsistance durables, à des partenariats nordiques et européens sur l’intégration économique et civique, ainsi que par la promotion de la paix et de la sécurité, la bonne gestion des océans, le commerce juste et régulé, l’éducation pour tous, et des mesures de santé mondiales.  Elle a vu dans toutes ces mesures la preuve que la coopération internationale donne des résultats.

Mme Solberg a cependant reconnu que la mondialisation n’a pas bénéficié à tous jusqu’à présent.  L’exclusion peut inciter à la radicalisation et saper la confiance dans les institutions internationales, a-t-elle remarqué.  La Première Ministre a dès lors recommandé de garantir le bien-être d’une population en croissance rapide, en commençant par réformer les normes de commerce.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser le protectionnisme, la discrimination et la rivalité économique caractériser notre futur », a-t-elle lancé en plaidant en faveur d’un commerce libre et basé sur des règles. 

Passant à la question de l’instabilité, elle a appelé le Conseil de sécurité à agir, de même pour les nations et les organisations régionales.  Elle a cité comme exemple le conflit en Syrie ou encore le cas de l’Ukraine dont « la souveraineté et l’intégrité territoriale doivent être restaurées ».  Elle a aussi rappelé que la Norvège est l’un des 79 membres de la coalition mondiale contre Daech, avant d’appeler à la justice pour les auteurs de crimes.  La Norvège a toujours été un défenseur de la CPI, a-t-elle rappelé.

Il faut, comme le recommande le Secrétaire général, une montée en puissance de la diplomatie pour la paix, a poursuivi Mme Solberg en rappelant les efforts de son pays sur les dossiers de la Colombie et des Philippines notamment. 

Sur le plan du développement durable, la Chef de gouvernement a appelé à l’appropriation du Programme 2030 par chaque pays.  L’OMS a entrepris d’élaborer un plan d’action mondial pour une architecture plus simple de la santé, en réponse à une initiative du Ghana, de l’Allemagne et de la Norvège.  Ce plan sera présenté à Berlin en octobre.  Par ailleurs, la Norvège a alloué 440 millions de dollars à l’éducation mondiale et se focalise sur l’éducation des filles avec près de 40 millions de plus pour la période 2018-2019.  Mme Solberg a aussi fait part de l’engagement de son pays à la protection des océans, en créant un groupe de haut niveau sur l’économie durable des océans.

Enfin, la Norvège, qui est candidate à un siège au Conseil de sécurité, a annoncé son intention de rendre cet organe plus transparent, efficace et représentatif.  Le pays veut aussi partager son expérience dans les processus de paix et de réconciliation, ainsi que promouvoir la participation de femmes à la stabilité et à la paix durable.

M. MARK RUTTE, Premier Ministre des Pays-Bas, a plaidé en faveur de la coopération internationale qui, a-t-il rappelé, est enchâssée dans la Constitution des Pays-Bas, représentant une véritable « boussole morale » et un reflet de son histoire maritime et commerciale.  « Nous avons besoin d’une perspective transnationale pour relever les défis de notre temps », a déclaré le Premier Ministre, ajoutant qu’il n’existe pas de contradiction entre le multilatéralisme et l’intérêt national.  Ainsi, suite à l’écrasement du vol MH17, une « blessure ouverte » pour son pays, les Pays-Bas ont reçu le soutien de la communauté internationale et du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, tout en exprimant l’espoir que justice sera rendue. 

Toutefois, a reconnu M. Rutte, l’ordre mondial actuel n’a pas apporté les mêmes bénéfices à tous les pays.  Certains États sont passés d’une « approche constructive à une approche combative », a-t-il déploré, voyant là une tendance « inquiétante ».  Notant la montée de la répression et des violations des droits de l’homme, il a prévenu que « lorsque le système multilatéral est paralysé, ce sont les innocents qui souffrent ».

Le Premier Ministre a souligné son « appui vigoureux » aux réformes entreprises par le Secrétaire général.  Cependant, les Nations Unies doivent poursuivre leurs efforts en vue de mettre en œuvre le Programme 2030, le « programme de prévention ultime », selon lui.  Il a déclaré que le nombre « stupéfiant » de bureaux des Nations Unies dans le monde -plus de 3 000- représente autant d’arguments pour ceux qui prétendent que le multilatéralisme ne fait que perpétuer la « fragmentation et la bureaucratie ». 

Parmi les autres initiatives du Secrétaire général, il a exprimé son appui à la réforme des opérations de maintien de la paix, appelant à rendre les missions plus efficaces.  Les États Membres doivent toutefois s’assurer d’allouer les fonds nécessaires pour mener à bien les réformes, comme l’ont fait les Pays-Bas pour la réforme du système des coordonnateurs résidents.  « Nous devons être honnêtes », a continué M. Rutte en assénant que l’exploitation et les atteintes sexuelles sont « inacceptables, dans toutes les situations et en tout lieu ».  « L’ONU doit sauver des vies et non les détruire », a-t-il martelé. 

« Au fil des ans, nous avons appris que le seul moyen de résoudre les problèmes est de s’attaquer à leurs causes profondes », a relevé le Premier Ministre, prenant pour exemple les conflits armés, le développement durable et les changements climatiques.  Tournant son attention vers « une question qui lui tient à cœur », M. Rutte a dit espérer que le Programme d’action pour la gestion des ressources en eau, présenté cette année, saura inspirer d’autres dirigeants à prendre les mesures qui s’imposent pour préserver les ressources hydrauliques.  Il a par ailleurs salué la mise en place d’une nouvelle Commission mondiale sur l’adaptation, qui sera lancée à La Haye en octobre, se réjouissant aussi du Sommet sur le climat qui se tiendra à New York en 2019.

Droits de réponse

Répondant à l’intervention du Premier Ministre de l’Arménie prononcée hier, le représentant de l’Azerbaïdjan a dénoncé la répression et les violations des droits de l’homme commises par les forces arméniennes dans le Haut-Karabakh.  Selon lui, le Premier Ministre arménien a usé de la même rhétorique que ses prédécesseurs, niant les faits et la responsabilité de son pays, qui a pris les armes pour intervenir sur le territoire de l’Azerbaïdjan, notamment au Haut-Karabakh, pour mettre en place un régime raciste.  Le régime en place a anéanti des villages entiers et entraîné le déplacement de plus d’un million de personnes, a ajouté le représentant.  Qualifiant les déclarations entendues hier de « stupéfiantes », il a rappelé que le Conseil de sécurité avait adopté quatre résolutions contre l’intervention militaire de l’Arménie en Azerbaïdjan et réaffirmé que la région du Haut-Karabakh faisait partie intégrante du territoire de l’Azerbaïdjan, tout en demandant le retrait immédiat des forces arméniennes.  Les actions de l’Arménie constituent des violations évidentes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, a martelé le représentant azerbaïdjanais, accusant aussi l’Arménie de procéder à un nettoyage ethnique dans la région du Haut-Karabakh.  Enfin, il a exhorté l’Arménie à permettre le retour des réfugiés azerbaïdjanais et à mettre fin à ses politiques annexionnistes et colonialistes, « qui ne fonctionneront jamais ».

Le représentant de l’Arménie a réagi en disant qu’il n’y a pas de conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan: le conflit est entre l’Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh.  Faisant un rappel historique, il a dit que c’était l’Azerbaïdjan qui avait commencé la guerre pour ensuite la perdre.  Répondant à l’accusation de racisme de son homologue, le représentant a dit que « c’est l’Azerbaïdjan qui s’en prend à tous les Arméniens du monde ».  Le Haut-Karabakh ne fait pas partie de l’Azerbaïdjan et n’en fera jamais partie, a-t-il affirmé, en qualifiant ce que dit le représentant de ce pays de « tissu de mensonges ».  Il faut, a-t-il préconisé, s’en tenir au processus de paix soutenu par l’ONU et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Un règlement définitif du conflit dépend de la participation active de l’Azerbaïdjan, a-t-il ajouté.

Reprenant la parole, le représentant de l’Azerbaïdjan a regretté les commentaires de son homologue « qui nie les faits ».  Quatre résolutions du Conseil de sécurité ont demandé une cessation des hostilités aux forces arméniennes en vue d’établir un cessez-le-feu durable, a-t-il rappelé, en soulignant que ces résolutions montrent la responsabilité de l’Arménie dans la situation.  Il en a déduit que le comportement de l’Arménie est contraire au droit international et a affirmé que l’Arménie occupe une partie de l’Azerbaïdjan.  Pour lui, les autorités du Haut-Karabakh sont illégitimes et condamnées au niveau international.  L’agression arménienne est la cause principale de la crise, a ajouté le délégué en prédisant qu’il n’y aurait pas d’avenir pour la politique dangereuse de l’Arménie en Azerbaïdjan.

Le représentant de l’Arménie a réitéré qu’un cessez-le-feu avait été signé le 16 mai 1994 à la demande du Conseil de sécurité, signé par l’Azerbaïdjan.  Les négociations de paix se feront dans le cadre des bons offices des Nations Unies et de l’OSCE, a-t-il déclaré.

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