Soixante-treizième session,
18e séances - matin
AG/12076

Assemblée générale: le Bélarus et la Fédération de Russie émettent des réserves sur le « nouveau modèle de gestion » des ressources humaines de l’ONU

Aujourd’hui, à l’Assemblée générale, le Bélarus et la Fédération de Russie ont émis des réserves sur le rapport du Secrétaire général relatif au « nouveau modèle de gestion de l’ONU ».  Avant cela, l’Assemblée a adopté deux résolutions entérinant les Déclarations politiques issues des réunions de haut niveau, du 26 et du 27 septembre, sur la tuberculose et sur les maladies non transmissibles.

Intitulé « un nouveau modèle de gestion pour l’Organisation des Nations Unies: étude comparative des structures de gestion des ressources humaines », le rapport du Secrétaire général fait suite à la demande de l’Assemblée qui, dans sa résolution du 5 juillet 2017, avait approuvé la réorganisation du Département de la gestion et de celui de l’appui aux missions en un « Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité » et un « Département de l’appui opérationnel ».

Mais l’Assemblée avait également prié le Secrétaire général de lui soumettre une étude comparative du regroupement des fonctions de gestion des ressources humaines en un seul département ou de leur répartition entre deux départements, « afin de garantir une approche unifiée, d’optimiser la répartition des fonctions et d’éviter les doubles emplois ».

Dans son dernier rapport, le Secrétaire général explique donc son choix d’opter pour deux structures, notant qu’« une structure binaire de gestion des ressources humaines, dans laquelle deux branches assumeraient des fonctions distinctes et fourniraient leurs services à toutes les entités du Secrétariat, favoriserait une répartition claire des responsabilités ».

Cela permettrait en outre à l’Organisation de remédier aux lacunes et défaillances existantes dans l’élaboration des politiques, mais aussi de séparer nettement les fonctions opérationnelles et les fonctions de contrôle de la conformité qui seraient confiées à deux départements distincts.  Il souligne aussi que la séparation des fonctions faciliterait la spécialisation requise pour que les aspects stratégiques et politiques des ressources humaines, d’une part, et les fonctions opérationnelles et les services axés sur l’usager, de l’autre, reçoivent les ressources et l’attention voulues de la part de l’Administration.

Pour le Secrétaire général, une structure unique ne permettrait pas de se prémunir contre le risque de consacrer trop d’attention et de ressources aux besoins opérationnels plus immédiats au détriment des objectifs stratégiques et politiques à long terme.  De plus, l’ampleur de ses responsabilités la rendrait trop complexe pour fonctionner efficacement, et elle ne garantirait pas non plus qu’une attention suffisante soit prêtée aux problèmes stratégiques et politiques.

« Des clivages persistent toujours devant ces deux options », a objecté la Fédération de Russie qui a rappelé que toute réforme doit se fonder sur le consensus et sur une approche globale pour l’optimisation du travail de l’ONU.  Elle a également évoqué le rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) qui semblait préconiser une structure unique.  Le nouveau modèle proposé pourrait avoir des incidences directes sur le fonctionnement du Secrétariat, a-t-elle prévenu, notamment en ce qui concerne la délégation des pouvoirs.

Également inquiet des approches de gestion proposées par le Secrétaire général, le Bélarus a estimé que l’ONU ne peut se résumer à des fonctionnaires assis au Siège alors qu’il est question d’avoir des gens sur le terrain afin de soutenir les efforts engagés par les États Membres.  Il a salué la réforme du système des Nations Unies pour le développement, notamment celle concernant la fonction de coordonnateur résident, précisant que pour le Bélarus, il faudra également renforcer le potentiel de l’ONU à établir des partenariats durables avec les principales institutions financières internationales.

Au sujet du leadership et de la responsabilité, le Bélarus a prôné une délégation des pouvoirs qui permet un meilleur respect de l’obligation des cadres de rendre des comptes aux États Membres.  Dans son rapport, le Secrétaire général explique que « le nouveau modèle de gestion » donnera davantage d’autonomie aux responsables, qui devront rendre compte de la gestion des ressources, y compris humaines, à l’appui de l’exécution de leurs mandats.

Le Bélarus a appuyé la budgétisation annuelle avant d’insister, par ailleurs, sur la réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus « neutre » et plus adapté aux nouvelles réalités du monde.  Le Conseil devrait en effet être plus représentatif de l’Asie, de l’Europe de l’Est et de l’Afrique.  Le Bélarus a enfin plaidé pour le renforcement du dialogue entre le Secrétariat et les États Membres, déplorant la tendance néfaste de l’ONU à vouloir arriver à tout prix à des accords sans donner aux délégations le temps nécessaire pour négocier.

En revanche, les négociations sur les deux Déclarations politiques des réunions de haut niveau ont été fructueuses, se sont félicitées les délégations.

L’Assemblée générale a ainsi adopté sans vote la résolution A/73/L.2 par laquelle elle approuve la Déclaration politique de la troisième réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles, du 27 septembre dernier.

Dans ce texte, les chefs d’État et de gouvernement promettent de renforcer leur leadership stratégique pour la prévention et le contrôle de ces maladies, sachant que ces affections causent la mort de 41 millions de personnes chaque année, soit 71% du total des décès au monde.  Ils décident également de renforcer les systèmes de santé et de les réorienter en vue de la réalisation d’une couverture sanitaire universelle et de l’amélioration des résultats en matière de santé.

Également au nom de l’Uruguay avec laquelle elle a facilité les négociations, l’Italie s’est déclarée fière de ce « texte concis, équilibré et axé sur l’action » et qui met en lumière les moyens requis pour atteindre la cible 3.4 des objectifs de développement durable: « d’ici à 2030, réduire d’un tiers, par la prévention et le traitement, le taux de mortalité prématurée due à des maladies non transmissibles et promouvoir la santé mentale et le bien-être ».  En cette Journée mondiale de la santé mentale, l’Italie a salué la prise en compte de cette question.

Il est temps d’agir, a pressé l’Union européenne, rappelant que l’action a commencé la semaine dernière à Genève au cours de la huitième conférence des Parties à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac, qui a pris des mesures contre la publicité sur le tabac.  Elle a aussi rappelé la création récente en son sein d’un groupe dédié aux maladies non transmissibles chargé de fournir les orientations et vulgariser les meilleures pratiques des pays européens.  L’Union européenne a d’ailleurs invité les États à investir davantage sur ces bonnes pratiques, prédisant qu’il y aurait de « bons retours sur investissement, sur les plans humain et économique ».

L’Égypte, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et Saint-Kitts-Et-Nevis, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ont également salué cette Déclaration politique qui va contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’Assemblée générale a ensuite adopté sans vote la résolution A/73/L.4 par laquelle elle entérine la Déclaration politique issue de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la lutte contre la tuberculose, du 26 septembre.

Dans la Déclaration, les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à promouvoir l’accès à des traitements abordables, y compris aux génériques, à offrir diagnostics et traitements à 40 millions de personnes atteintes de la tuberculose entre 2018 et 2022, à renforcer les systèmes de santé et à y exploiter la technologie numérique.  Pour ce faire, ils s’engagent à mobiliser au moins 13 milliards de dollars d’ici à 2022 et 2 milliards pour la recherche.

Le Japon, qui s’exprimait également au nom d’Antigua-et-Barbuda l’autre facilitateur des négociations, a salué cet engagement constructif.  « Maintenant, il s’agit de mettre en œuvre les engagements des chefs d’État et de gouvernement pour éradiquer la tuberculose », a-t-il dit, avant d’inviter les États à tirer parti de la réunion de haut niveau sur la couverture santé universelle, prévue en septembre 2019, pour intensifier les efforts afin d’en finir avec la tuberculose.  Le Japon lui-même organisera, l’an prochain, une série de réunions, notamment le sommet du G20 à Osaka et la septième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) qui vont promouvoir les efforts collectifs contre ce fléau.

L’Union européenne a rappelé qu’elle consacre 150 millions d’euros au traitement de la tuberculose et qu’elle est le plus grand contributeur mondial au Fonds mondial contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.  Deux millions d’euros ont été consacrés au dépistage de la tuberculose en Europe.  Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Égypte a salué le consensus sur ce texte « qui en valait la peine », tout en saluant l’implication de la société civile dans le processus de négociation en juin dernier.

La Thaïlande a espéré que la Déclaration politique favorisera le renforcement des efforts pour tendre la main aux laissés-pour-compte, puisque « cette maladie a également de nombreux déterminants sociaux comme la pauvreté, le chômage, la marginalisation », a renchéri l’Afrique du Sud, qui a souligné que c’est l’une des principales causes de décès dans son pays.  Elle a également plaidé pour des médicaments plus abordables. 

L’Assemblée générale va de nouveau débattre du point « santé mondiale et politique étrangère » le 13 décembre prochain.  Elle était également saisie aujourd’hui du rapport du Secrétaire général sur « L’alphabétisation, enjeu vital: définir les futurs programmes d’action et l’enseignement de la démocratie »; d’un autre rapport sur « Les Nations Unies dans la gouvernance économique mondiale »; et enfin d’une note du Secrétaire général transmettant le rapport du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel de lui soumettre un rapport sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique (2016–2025).

L’Assemblée tiendra sa prochaine réunion vendredi 12 octobre à 10 heures pour élire des membres du Conseil des droits de l’homme.

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