Soixante-treizième session,
52e séance plénière – matin
AG/12105

L’Assemblée générale appelle à renforcer la coopération contre le pillage et le trafic des biens culturels, source de financement du terrorisme

L’Assemblée générale a exprimé ce matin sa grave préoccupation face au pillage et à la destruction des biens culturels dans le cadre des conflits, notamment au Moyen-Orient, et adopté une résolution incitant les États à coopérer davantage pour s’opposer à leur trafic, source avérée de financement du terrorisme et pour faciliter leur restitution à leur pays d’origine.

Le pillage des antiquités est devenu un « dommage collatéral » des conflits ainsi que leur commerce illicite, en particulier par des groupes terroristes qui trouvent ainsi à financer leurs activités, a dénoncé la Grèce en présentant le texte intitulé « Retour ou restitution des biens culturels à leur pays d’origine », adopté par consensus.

La résolution consacre le rôle moteur de l’UNESCO dans la lutte contre ces trafics et pour faciliter la restitution des biens culturels aux pays dont ils proviennent.  Elle encourage l’élaboration d’inventaires, la mise en commun d’expériences et de bonnes pratiques et la diffusion d’informations et demande à tous les États Membres en mesure de le faire d’aider les pays ciblés par le trafic de biens culturels.  Outre l’UNESCO, elle appelle l’ONUDC et INTERPOL à prendre des mesures efficaces pour prévenir et combattre ces trafics en faisant connaître la législation et en dispensant une formation ciblée aux services de police, des douanes et de surveillance des frontières et à empêcher ainsi le blanchiment d’argent via le marché de l’art. 

« La communauté internationale partage la responsabilité de protéger les biens culturels », a insisté la Grèce, soulignant que le patrimoine culturel est « le miroir d’un pays » qui doit être protégé et restitué dans son environnement historique.

L’Assemblée générale était par ailleurs saisie d’une série de résolutions et d’un projet de décision.

La résolution intitulée « Santé mondiale et politique étrangère, un monde plus sain grâce à une meilleure nutrition », reconduite depuis dix ans, se concentre cette année sur le droit de chacun de jouir d’une alimentation « de qualité » pour atteindre le niveau le plus élevé de santé physique et mentale.

Par cette résolution, présentée par le Brésil et adoptée par vote, l’Assemblée générale rappelle que le nombre de personnes exposées à une insécurité alimentaire est passé de près de 108 millions en 2016 à 124 millions en 2017 dans les pays touchés notamment par des conflits, et demande aux États Membres de considérer la faim et la malnutrition « sous toutes ses formes » comme des problèmes touchant l’ensemble des nations.  Un amendement déposé par la Hongrie, qui a été repoussé par vote, visait la suppression de toute référence au Pacte mondial pour des migrations sûres, régulières et ordonnées que l’Assemblée générale devrait approuver la semaine prochaine après son adoption le 11 décembre dernier à Marrakech.

Par le projet de résolution sur la « Portée, modalités, format et organisation de la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle »*, déposé par la Présidente de l’Assemblée générale et adopté sans vote, l’Assemblée générale décide que la réunion de haut niveau se tiendra à New York la veille de l’ouverture du débat général de la prochaine session sur le thème: « Couverture sanitaire universelle: œuvrer ensemble pour un monde en meilleure santé ».

L’Assemblée générale a ensuite adopté sans vote la résolution concernant la « Sortie de pays de la catégorie des pays les moins avancés » par laquelle le Bhoutan, les Îles Salomon et de Sao Tomé-et-Principe, voient leur reclassement consacré dans un délai de cinq à six ans, et les invite à élaborer d’ici là une stratégie de transition pour une sortie sans heurt.

La résolution sur l’« Enseignement de la démocratie » adoptée sans vote, réaffirme le lien fondamental entre la gouvernance démocratique, la paix, le développement et la promotion et la défense de tous les droits de l’homme.  Elle engage les Nations Unies et les autres parties intéressées à intensifier leur action en faveur de ces valeurs et encourage les États Membres à poursuivre leurs efforts au moyen de l’éducation.

Enfin, l’Assemblée a encouragé, à l’issue d’un vote, « La coopération entre les Nations Unies et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) » qui stipule que les deux organisations ont des objectifs communs, en particulier celui de promouvoir et de faciliter le processus de paix au Moyen-Orient, afin d’atteindre l’objectif de l’instauration d’une paix juste et globale dans la région.

Elle a par ailleurs décidé sur proposition de sa Présidente que les « Réunions de haut niveau de l’Assemblée générale en septembre 2019 »** se tiendront aux dates suivantes: débat général du mardi 24 septembre au samedi 28 septembre et le lundi 30 septembre 2019; réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, le lundi 23 septembre; le Forum politique de haut niveau, le mardi 24 et le mercredi 25 septembre; le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, le jeudi 26 septembre; la réunion de haut niveau à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, le même jour; et la réunion de haut niveau chargée d’examiner les progrès accomplis pour répondre aux besoins prioritaires des petits États insulaires en développement, le vendredi 27 septembre.  

L’Assemblée, qui tiendra sa prochaine séance publique demain, vendredi à partir de 10 heures, a autorisé sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, à poursuivre ses travaux jusqu’au 21 décembre.

*A/73/L.37
**A/73/L.38

RETOUR OU RESTITUTION DE BIENS CULTURELS À LEUR PAYS D’ORIGINE (A/73/390)

Déclarations

Présentant la résolution (A/73/L.54) sur ce point, Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé que le texte avait déjà été adopté en 2015 par consensus.  Trois ans plus tard, d’importants développements sont survenus.  Au fil des dernières décennies, l’essor des déplacements transfrontaliers d’objets culturels, la montée de la criminalité transnationale organisée, la tendance à blanchir de l’argent sur le marché des antiquités et la vente aux enchères d’articles volés, notamment en ligne, ont conduit à l’aggravation du trafic de biens culturels.  Ces biens ont été particulièrement ciblés dans les conflits au Moyen-Orient et ailleurs, où l’on a vu des destructions, des pillages et des vols sans précédent de biens d’une valeur universelle incomparable.

Un des « effets secondaires » de ces conflits a été le pillage des antiquités et leur trafic et commerce illicite, en particulier par les groupes terroristes pour financer leurs activités.  En conséquence, un grand nombre de biens s’est retrouvé « par hasard » sur le marché des antiquités alors qu’Internet décuplait les possibilités de ventes illégales.  La lutte contre ce trafic est par conséquent un élément clef de la stratégie visant à assécher tout revenu illicite, y compris le financement du terrorisme.  La résolution exprime cette grave préoccupation concernant la perte, la destruction, le vol, le pillage, l’extraction illégale de ces antiquités arrachées aux sites, en particulier dans les zones de conflit, y compris les zones occupées, et rappelle les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité qui soulignent le lien direct entre trafic de biens culturels et financement du terrorisme.  La résolution rappelle également la résolution 2347 (2017) du Conseil qui concerne exclusivement la destruction ciblée du patrimoine culturel dans les conflits armés, en particulier par les groupes terroristes. 

La résolution consacre le rôle moteur de l’UNESCO dans la lutte contre le trafic de biens culturels mais aussi dans la restitution de ces biens à leur pays d’origine.  En la matière, le renforcement des capacités est essentiel.  Les poursuites judiciaires, les douanes et les contrôles aux frontières sont essentiels mais tout autant que les mesures préventives pour bloquer la circulation des biens pillés sur le marché de l’art.  La résolution insiste donc sur le rôle critique de l’UNESCO, de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et d’INTERPOL, tout en se focalisant sur la valeur ajoutée de leurs bases de données, un outil à mettre à la disposition des États Membres.  La communauté internationale, a conclu la représentante, a la responsabilité commune de protéger les biens culturels, en temps de guerre comme en temps de paix.  Le patrimoine culturel est le miroir de l’histoire d’un pays.  Il se trouve au cœur même de son existence puisqu’il représente non seulement ses valeurs et ses traditions mais aussi sa façon unique d’appréhender le monde.  C’est la raison pour laquelle les biens culturels doivent être protégés et restitués à leur environnement historique, là où ils peuvent inspirer la conscience collective de l’humanité.  « Les objectifs de cette résolution ne sauraient laisser personne indifférent. »

Le représentant de la Libye a mis l’accent « sur la grande complexité » de la restitution ou du retour des biens culturels à leur pays d’origine.  Il faut agir résolument contre les pays et les individus qui s’adonnent ou favorisent les trafics, a-t-il dit, avant de souligner les efforts consentis par son pays pour épauler les experts et les institutions.  La Libye a en effet subi le pillage de son patrimoine culturel, « témoignage de l’imagination et du génie créatif libyen ».  À la fin du XIXe siècle, environ 165 objets originaux, à savoir des manuscrits et autres biens de grande valeur culturelle, ont été volés dans l’est du pays, sans compter les milliers d’objets en or et en bronze.  En 1860, des hordes de pilleurs se sont jetés sur le patrimoine, volant les piliers d’albâtre qui sont aujourd’hui exposés dans les musées européens.  Le représentant n’a pas manqué d’insister sur le fléau contemporain: la prolifération des groupes armés et terroristes qui se livrent au trafic des biens culturels.  Il a aussi annoncé la signature d’un mémorandum d’accord avec les États-Unis. 

M. KORNELIOS KORNELIOU (Chypre) a estimé d’emblée qu’il reste encore beaucoup à faire, malgré les nombreuses conventions et décisions internationales.  La protection des biens culturels, a-t-il poursuivi, est une priorité de la politique étrangère de Chypre, ce qui n’est en rien surprenant puisque le pays à un riche patrimoine culturel qui remonte à des milliers d’années et a vécu l’amère expérience des destructions et des pillages, à cause d’une occupation étrangère qui dure depuis 1974.  Chypre, a-t-il expliqué, s’emploie au rapatriement des trésors culturels volés, dont quelque 60 000 objets illégalement exportés de la partie occupée de l’île.  Le représentant a fait part des mesures prises aux niveaux national et international.  Il a, entre autres, parlé de la création avec l’Italie du « Groupe des Amis de la protection du patrimoine culturel » au Siège de l’ONU à New York.  Il a aussi parlé de l’adoption, en 2017, de la Convention de Nicosie sur les délits liés à la propriété culturelle que son pays a initiée lorsqu’il présidait la Commission ministérielle du Conseil.  Premier texte du genre à être doté d’un code contre ceux qui détruisent, volent ou font du commerce de trésors culturels, la Convention est ouverte à la signature des membres et non membres du Conseil de l’Europe. 

La représentante des États-Unis a indiqué que son pays est effectivement membre du « Groupe des Amis de la protection du patrimoine culturel » et qu’il a adopté en 2016 une loi pour protéger et préserver le patrimoine culturel international.  Tout en se ralliant au consensus, la représentante a tout de même émis des réserves sur les paragraphes 5 du préambule et 11 du dispositif qui font référence à la Convention des Nations Unies sur les immunités juridictionnelles des États et de leurs biens.  Le retour et la restitution des biens culturels sont des questions différentes, s’est expliqué le représentant.  Elle a ensuite attiré l’attention sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones qui parle aussi de la restitution des biens culturels.  La représentante a donc jugé « inacceptable » que les communautés autochtones nord-américaines aient encore du mal à récupérer leur patrimoine parti à l’étranger.

SANTÉ MONDIALE ET POLITIQUE ÉTRANGÈRE (A/73/393, A/73/393/Corr.1, A/73/414)

Déclarations

Présentant la résolution (A/73/L.62), M. MAURO VIEIRA (Brésil) a souligné qu’avec cette résolution, l’Assemblée générale touche depuis dix ans à des questions clefs de santé qui méritent l’attention de la communauté internationale.  Cette année, a-t-il expliqué, la résolution met un accent particulier sur la nutrition, après le lancement en 2016 de la Décennie d’action des Nations Unies pour la nutrition (2016-2025).  Mais malgré les efforts et les cadres adoptés, le représentant a vu des risques de retard dans la réalisation des objectifs de la Décennie.  La résolution, a-t-il dit, encourage donc les États Membres à travailler avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour organiser, sur une base volontaire, de nouveaux réseaux d’action et renforcer les politiques, y compris par des engagement spécifiques, quantifiables, réalisables, pertinents et assortis d’un calendrier pour mettre en œuvre la Décennie. 

La représentante de la Hongrie a présenté un amendement (A/73/L.67) visant à supprimer l’alinéa 22 du préambule qui dit « réaffirmant le droit de tous, y compris des réfugiés et des migrants, de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible, notant les références à la santé et à la sécurité alimentaire faites dans le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, ainsi que les références à la santé, à la sécurité alimentaire et à la nutrition faites dans le Pacte mondial sur les réfugiés ».  Nous n’avons cessé, a dit la représentante, d’exprimer notre opposition à cet alinéa, puisque notre gouvernement s’est dissocié du Pacte.  Pour cette raison, la Hongrie demande la suppression de cet aliéna 22 du préambule.  Le représentant du Brésil s’est insurgé contre cette tentative de supprimer la seule référence au Pacte alors qu’il s’agit d’être le plus factuel possible et de répondre aux préoccupations partagées.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a reconnu l’importance de la résolution et, en sa capacité nationale, a regretté que pour la première fois cette année, le texte soit mis aux voix alors que le but est de traiter des problèmes liés à la santé qui affectent tous les pays, petits et grands.  Il s’est également dit préoccupé par le fait que la nature multisectorielle de la santé nous éloigne toujours plus du consensus.  Mais, a-t-il promis, nous continuerons à militer pour la santé dans le monde, quels que soient les innombrables difficultés et obstacles que nous rencontrons sur notre chemin, parce que la santé est un moteur essentiel de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a dit attendre avec impatience la toute première réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, prévue l’année prochaine.  La Thaïlande, a-t-il indiqué, a d’ailleurs été chargée avec la Hongrie de faciliter les négociations sur le document final de la réunion de haut niveau.

La représentante de l’Afrique du Sud a estimé que le droit à la santé ne sera pas garanti tant que l’on ne surmontera pas les divergences sur la question des migrations et des droits des migrants.  Soixante-dix ans après la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’Afrique du Sud veut rappeler que ce document mentionne l’accès pour tous à la santé, sans discrimination.  Or, la résolution présentée aujourd’hui comme les neuf années précédentes, vise à ce que la santé mondiale devienne enfin une question de politique étrangère « urgente ».

« Une population saine est une population riche », a déclaré le représentant de Saint-Kitts-et-Nevis.  Mon pays, a-t-il reconnu, s’est embarqué dans une période de transition nutritionnelle et épidémiologique.  La transition nutritionnelle se reflète dans le changement des régimes alimentaires qui a conduit à la diminution des cas de malnutrition et de maladies infectieuses mais à une augmentation des cas de surcharge pondérale et d’obésité, un des principaux risques de maladies non transmissibles.  Ces maladies sont un des principaux problèmes de santé publique, tout comme la santé des enfants.  Avec des taux d’obésité préoccupants dans cette tranche d’âge, le pays continue de promouvoir l’allaitement maternel, l’éducation à la nutrition et l’éducation physique.  La protection sociale est un élément fondamental de la politique de santé publique, a poursuivi le représentant, dont le programme national encourage les bénéficiaires à investir dans des régimes alimentaires et des modes de vie plus sains.  On ne pourra garantir un monde plus sain sans une meilleure nutrition et donc sans des progrès dans le secteur agroalimentaire.  Or, a dit le représentant, dans des pays comme le sien, les changements climatiques ont des conséquences graves sur l’agriculture et la pêche et donc sur la sécurité alimentaire.  En conséquence, les stratégies de préparation aux catastrophes et d’adaptation et d’atténuation des effets climatiques font partie intégrante de la politique de sécurité alimentaire et nutritionnelle.  À son tour, le représentant a dit attendre avec impatience la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle.

Rappelant que l’Initiative « Santé mondiale et politique étrangère » a été lancée par la Déclaration ministérielle d’Oslo de 2007, M. DANIEL GIMENEZ (Norvège) a souligné qu’aujourd’hui, la santé est toujours une question largement ignorée dans les politiques étrangères.  Nous devons tous travailler pour promouvoir un angle « santé » plus affirmé dans la formulation de ces politiques.  Le représentant a donc regretté les controverses autour de la question des maladies non transmissibles.  Le libellé de la résolution de cette année, a-t-il estimé, est bien plus faible que celui sur lequel tout le monde s’était mis d’accord en septembre dernier, lors de la formulation du texte sur la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle.  Le problème est pourtant simple: pour réaliser les objectifs de développement durable liés à la nutrition et visant à éviter maladies et morts prématurées, nous devons promouvoir la consommation d’une alimentation saine et nutritive.  Cela veut dire, a précisé le représentant, éviter les aliments riches en sucre, en sel, en graisses saturée et insaturée.  Le travail de l’OMS, a-t-il poursuivi, a montré qu’il existe des mesures rentables de le faire, à savoir les taxes, la restriction de l’accès des enfants aux aliments et boissons malsains et la mise sur le marché et la promotion de produits alimentaires sains.  Nous devons voir comment nos politiques étrangères et nos efforts collectifs peuvent contribuer à l’objectif d’améliorer la santé mondiale, a conclu le représentant.

Le représentant de l’Égypte a mis l’accent sur la nécessité d’une certaine cohérence entre les secteurs de la santé, du commerce et de l’industrie.  Il a renvoyé au rapport du Secrétaire général qui met en exergue la tendance sans précédent, depuis trois années, de la faim et de la malnutrition dans le monde.  Il est tout simplement « intolérable » que la communauté internationale reste les bras croisés face aux souffrances des plus de 150 millions d’enfants qui souffrent d’un retard de croissance parce qu’ils ne peuvent s’alimenter comme il faut, faute de moyens financiers.  La recherche scientifique et les études sur une nutrition et des modes de vie sains sont légion mais une portion importante de la population mondiale n’y a pas accès, a-t-il fait remarquer.  Il s’est dit préoccupé par les graves restrictions au transfert des technologies et des connaissances dans le domaine de la prévention et du traitement des maladies évitables.  La résolution renvoie au Programme 2030 et à l’élimination de la pauvreté, a rappelé le représentant, avant d’inviter chacun à dûment jouer son rôle.  

Le représentant du Bangladesh s’est enorgueilli que son pays soit aujourd’hui une des illustrations du mot d’ordre « bonne santé à bon marché » et qu’il est qualifié par la revue scientifique « The Lancet », de « l’un des plus grands mystères de santé publique ».  Les dépenses de santé publique n’étaient que de 88 dollars par personne en 2014, année durant laquelle l’État n’a dépensé que 3% du PNB.  En matière de santé, le Bangladesh a dépassé beaucoup de ses voisins d’Asie du Sud et a fait mentir les spécialistes qui croyaient jusqu’ici que la force économique et l’abondance des moyens sanitaires sont les facteurs principaux d’une population en bonne santé.  Nos progrès, a expliqué le représentant, sont attribuables à un engagement politique fort de la part du gouvernement, à des stratégies fondées sur la santé maternelle et infantile, à de vastes programmes de vaccination, à des technologies novatrices peu coûteuses, à un large réseau de travailleurs communautaires et à la création de cliniques au sein même des communautés.  La collaboration active entre le gouvernement et les ONG, le rôle proactif des médias, la coopération intersectorielle et le recours aux technologies de l’information et des communications n’ont pas été étrangers aux succès.  Le représentant a aussi insisté sur la stratégie d’émancipation de la femme et le choix d’un système de santé « pluriel », où les ressources publiques sont confiées aux ONG qui travaillent dans le secteur de la santé.  La promotion de l’éducation des filles a aussi joué son rôle.  Promettant que son pays poursuivra et renforcera ses efforts contre les défis qui restent à relever, le représentant a, à son tour, dit attendre avec impatience la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle.

Examen et explications de vote sur les résolutions

L’Assemblée a rejeté par 117 voix contre, 4 voix pour (États-Unis, Hongrie, Israël et Libye) et 27 abstentions, l’amendement hongrois (A/73/L.67) visant à retirer le paragraphe 22 de la résolution intitulé « Santé mondiale et politique étrangère: un monde plus sain grâce à une meilleure nutrition » (A/73/L.62).  L’amendement se lit: « réaffirmant le droit de tous, y compris des réfugiés et des migrants, de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible, notant les références à la santé et à la sécurité alimentaire faites dans le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, ainsi que les références à la santé, à la sécurité alimentaire et à la nutrition faites dans le Pacte mondial sur les réfugiés ».

L’Assemblée a ensuite adopté par 152 voix pour, l’opposition des États-Unis et de la Lybie et l’abstention de la Hongrie, la résolution sur la santé mondiale et la politique étrangère.

Au nom d’un groupe de pays, le représentant de l’Allemagne a dit avoir voté en faveur du texte, sachant qu’il représente un ensemble de compromis.  Selon son entendement, le paragraphe 22 n’accorde aux migrants aucun droit de plus que ceux qui ont été agréés au niveau international.

Son homologue de l’Australie, qui s’est abstenu avec le Chili, sur l’amendement hongrois, a souligné que son pays prend très au sérieux ses responsabilités internationales, dont celle de respecter et de protéger les droits des migrants.  Mais le Pacte mondial ne sera adopté que la semaine prochaine par l’Assemblée générale et ce sera alors l’occasion d’en discuter. 

Le représentant de la Suisse a tenu à souligner que la résolution sur la santé mondiale est « historiquement » ancrée dans la Déclaration d’Oslo et qu’elle se concentre chaque fois sur un sujet spécifique.  Il a donc regretté la légèreté avec laquelle le texte aborde la question de la nutrition, s’égarant dans un éventail de sujets qui ne sont pas directement liés à cette question centrale.  Les sujets évoqués doivent être discutés dans les fora appropriés, a-t-il dit, en donnant l’exemple de l’accès aux médicaments mentionné dans l’alinéa 15 du préambule.  Il s’agit d’un problème, a-t-il expliqué, pour lequel la Suisse a adopté une approche « holistique », incluant les facteurs qui contribuent à l’accès aux produits médicaux.  Il existe beaucoup de rapports sur la question et nous ne voyons pas pourquoi la résolution s’en tient à une seule référence, a reproché le représentant.  La Suisse, a-t-il poursuivi, salue tout de même le fait que la résolution porte sur la nutrition, car elle est convaincue que cette question joue un rôle « critique » dans la santé et le développement.  La résolution de cette année s’inscrit aussi pleinement dans l’esprit du Programme 2030 et sa nature multisectorielle.

La représentante des États-Unis a regretté d’avoir dû voter contre la résolution dont elle appuie pourtant le thème.  Elle a en effet dénoncé « une liste de platitudes étalées sur plusieurs paragraphes sans lien les uns avec les autres ».  « C’est un pot-pourri d’idées étrangères au sujet et non abouties », a tranché la représentante qui a réitéré l’opposition de son pays à l’avortement comme méthode de planification familiale.  Elle a ajouté que certains paragraphes du dispositif pourraient avoir des répercussions négatives sur la recherche car c’est la protection des droits de propriété intellectuelle qui permet de combattre efficacement les maladies.  Les Nations Unies ne sont pas le lieu approprié pour de telles discussions et elles devraient cesser de s’immiscer dans les négociations qui se déroulent dans des fora plus appropriés.  La représentante a aussi fustigé le Pacte mondial pour les migrations comme une autre tentative de promouvoir « la gouvernance mondiale » au détriment de la souveraineté nationale.  Les États-Unis, a-t-elle rappelé, ont en effet refusé de souscrire à un Pacte qui peut imposer des normes contraires à leur faculté de prendre des décisions.  C’est la raison pour laquelle nous avons appuyé l’amendement de la Hongrie, a expliqué la représentante.

Son homologue du Brésil a au contraire regretté des votes sur une résolution qui parle de la nécessité urgente d’éliminer toutes les formes de malnutrition.

COOPÉRATION ENTRE L’ONU ET L’ORGANISATION DE LA COOPÉRATION ISLAMIQUE (OCI)

Déclarations

Présentant la résolution (A/73/L.45), au nom de l’OCI, le représentant du Bangladesh a souligné que ce texte est conforme à l’esprit et à la lettre de la résolution de l’Assemblée générale par laquelle elle avait décidé d’inviter l’OCI à participer à ses travaux.  L’Assemblée prie les deux organisations de continuer à coopérer dans la recherche de moyens de régler les problèmes mondiaux, dont les causes sous-jacentes du terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent.  Dans le texte, l’Assemblée se félicite d’ailleurs que l’OCI se soit fermement engagée dans ces deux fléaux, dont l’État islamique d’Iraq et du Levant et le Front el-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida.  Au vu des conflits et difficultés que connaît le monde, la coopération ne peut être que positive, a résumé le représentant. 

Examen et explications de vote sur la résolution

La résolution a été adoptée par 139 voix et les abstentions de l’Arménie, d’El Salvador, du Honduras, de l’Inde, d’Israël et de la Syrie.

Au nom de l’Union européenne, le représentant de l’Autriche a fait observer que le libellé sur Chypre n’est pas conforme aux dispositions agréées.

Son homologue de la République arabe syrienne a d’abord rappelé que son pays est un des pères fondateurs de l’OCI.  Il a donc fustigé la décision « illégale » qu’elle a prise en 2012 de suspendre la Syrie.  Il a trouvé « bizarre » que le pays hôte de l’OCI agisse d’une manière contraire aux règles et au droit et a émis des réserves sur le paragraphe qui mentionne le rapport du Secrétaire général relatif aux communications entre l’ONU et l’OCI s’agissant de la Syrie.  Mon pays, a promis le représentant, continuera à rejeter tous les rôles que voudra jouer l’OCI tant qu’il sera dicté par un pays hôte qui n’hésite pas à alimenter les actes terroristes sur le territoire syrien.  Le peuple syrien, a poursuivi le représentant, a payé un lourd tribut et ne pardonnera jamais ceux qui se sont ingérés dans ses affaires et ont participé, directement ou indirectement, au conflit qui lui a été imposé.  Le représentant a aussi dénoncé la radicalisation des combattants, selon un agenda « bien huilé » des pays qui travaillent à la chute du Gouvernement syrien et qui s’en prennent à son identité culturelle fondée sur la tolérance et le respect de toutes les cultures, croyances et pratiques religieuses.   Le pays hôte de l’OCI est responsable au premier chef de l’émergence et de la prolifération d’Al-Qaida et de Daech, qui travestissent l’image de l’Islam et des musulmans dans le monde.  Le délégué a aussi dénoncé la guerre au Yémen qui a conduit, entre autres conséquences graves, à la propagation du choléra et a fait observer que la question palestinienne ne figure même plus parmi les priorités de l’OCI.

Il a espéré que l’OCI aura le courage d’analyser collectivement les pratiques de son pays hôte, premier pas dans une véritable lutte contre le terrorisme, d’une part, et contre l’occupation étrangère, de l’autre.  La Syrie, a conclu le représentant, a participé à la création de l’OCI pour propager un Islam de paix et d’amitié.

Après que son homologue a demandé un vote enregistré, le représentant du Bangladesh s’est déclaré déçu, arguant que le texte a toujours fait l’objet d’un accord et que dans sa mouture actuelle, il est conforme aux résolutions des Nations Unies.

Ce texte a déjà fait l’objet d’un vote l’année passée, a rappelé le représentant de la Syrie.

Son homologue de l’Arménie a affirmé que son pays continuera de renforcer ses relations cordiales avec les États de l’OCI, mais il a voulu réitérer l’importance que son pays accorde aux efforts en faveur du règlement pacifique des conflits.  Le représentant a aussi regretté la mention du Programme d’action de l’OCI sur le conflit au Nagorny Karabakh.  L’OCI, a-t-il tranché, devrait s’en tenir au format agréé par le Groupe de Minsk.

Le représentant du Canada s’est opposé à toute initiative qui s’en prend « injustement » à Israël.

Son homologue des États-Unis s’est aussi dissocié du Programme d’action 2025 de l’OCI, en raison de son traitement du conflit israélo-palestinien qui ne contribue en rien au règlement du conflit.

Le délégué d’Israël a dénoncé un Programme d’action qui se livre à de la désinformation.

APPLICATION ET SUIVI INTEGRÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES DE L’ONU DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Déclarations

Présentant la résolution intitulée « Enseignement de la démocratie » (A/73/L.50), M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a fait valoir que le texte réaffirme le lien important entre gouvernance démocratique, paix, développement et promotion des droits de la personne, qui sont interdépendants et se renforcent mutuellement.  Le texte reconnaît également que l’éducation contribue à la démocratie et à la promotion de l’état de droit à tous les niveaux.  Il réaffirme que le Programme 2030 et ses cibles intègrent pleinement les trois dimensions du développement durable et qu’il convient de prendre des mesures pour garantir un enseignement de qualité, inclusif, à tous les enfants y compris aux filles, tout au long de la vie.  Le États Membres et les personnes chargées du secteur de l’éducation sont donc encouragés à renforcer leurs efforts pour resserrer les liens entre démocratie, paix, développement durable et promotion des droits fondamentaux.

Explication de vote

La résolution, qui a été adoptée sans vote, a conduit la représentante des États-Unis à souligner le caractère « indispensable » de l’éducation pour des sociétés démocratiques et pacifiques.  Reconnaissant le rôle important de la société civile, elle a toutefois estimé que lorsque l’on encourage l’éducation, ce doit être dans le plein respect des prérogatives des autorités locales, régionales, fédérales et nationales.  Il faut aussi reconnaître, a-t-elle ajouté, que les organisations confessionnelles et non étatiques peuvent combler les lacunes dans l’enseignement et qu’il faut travailler avec elles.  Naturellement, la représentante s’est opposée à la référence au Programme 2030.

RAPPORT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Déclarations

Présentant, au nom du Groupe des 77 et la Chine, la résolution sur la « Sortie de pays de la catégorie des pays les moins avancés » (A/73/L.40/Rev.1), le représentant de l’Égypte a indiqué que le reclassement du Bhoutan, des Îles Salomon et de Sao Tomé-et-Principe, au cœur de la résolution, est une évolution positive que la communauté internationale devrait célébrer.  C’est un signal fort pour lequel ces trois pays devraient être félicités.  Ils doivent s’engager sur le chemin du développement durable et éviter de retomber dans leur ancienne catégorie.  Il faut donc, a ajouté le représentant, que tous les partenaires au développement leur apportent un soutien technique et surtout, les épaules pendant la période de transition.

Au nom du Forum du Pacifique, le représentant de Tuvalu a souligné que le reclassement est une étape certes cruciale.  Mais si un pays n’est pas prêt, il l’accepte dans la peur de rechuter.  Il faut donc que ce reclassement se fasse d’une manière graduelle pour écarter les incertitudes et les risques.  Il est dans notre intérêt, a-t-il poursuivi, de garantir le succès de la transition du Pacifique qui est une région unique avec des vulnérabilités spécifiques.  Leur revenu par habitant, même s’il ne correspond pas à la réalité des faits, leur barre en effet l’accès aux financements concessionnels.  Le représentant a jugé impératif que l’on aide ces pays à bâtir la résilience nécessaire.

Droits de réponse

Répondant à l’Union européenne, le représentant de la Turquie a déclaré que son pays appuie dûment un règlement négocié de la question de Chypre et qu’il appelle toutes les parties à contribuer à ces efforts.  Il a accusé l’Union européenne d’une entorse « à la forme » puisqu’elle a reconnu « l’administration chypriote grecque ».  L’Union européenne, en a-t-il conclu, ne peut donc avoir une position équilibrée sur la question, ce qui la rend incapable de contribuer au règlement du différend de manière impartiale.  Il est temps qu’elle joue un rôle plus constructif, a encouragé le représentant.

Celui de l’Arabie saoudite a rejeté catégoriquement les allégations de la Syrie.  Ces propos, a-t-il taclé, ne sont pas surprenants de la part d’un gouvernement qui a violé toutes les règles éthiques internationales.  Le représentant syrien, a-t-il poursuivi, attaque l’OCI parce que son pays a été suspendu pour les crimes commis contre sa propre population.  Il est regrettable que la Syrie s’oppose à une bonne coopération entre l’ONU et l’OCI, a conclu le représentant.

Son homologue de l’Azerbaïdjan a répondu à l’Arménie en estimant que la communauté internationale avait intérêt à faire cesser l’occupation de son territoire immédiatement, sans condition et par des moyens légitimes.  L’acquisition de territoires par la force est inadmissible en vertu de la Charte des Nations Unies, a-t-il martelé, jugeant la position de l’OCI « tout à fait conforme » au droit international.  La résolution montre d’ailleurs que l’ONU et l’OCI ont des objectifs communs. 

Le représentant de Chypre a répondu à la Turquie, en invitant les États Membres à lire les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Elle a espéré que la Turquie appuiera de bonne foi une solution à la question de Chypre et acceptera de retirer ses troupes.  Les zones occupées font partie de l’Union européenne et cette appartenance est pour le moment suspendue du fait de la contestation turque, a souligné le représentant.

Celui de la Syrie a dénoncé les allégations « fausses et infondées » de l’Arabie saoudite qui reflètent une position « peu raisonnable ».  Il a appelé l’OCI à effectuer un examen « transparent et sage » de la situation, compte tenu des tensions « très graves » dans la région du Moyen-Orient.

Le représentant de l’Arménie a dénoncé les « mensonges » de l’Azerbaïdjan et rappelé que l’approche internationale du conflit est « parfaitement claire ».

Mauvaise interprétation, a commenté son homologue de l’Azerbaïdjan, qui a rappelé que le Conseil de sécurité a exigé la restitution des territoires occupés par l’Arménie, en violation de la souveraineté azérie.  Le Nagorny Karabagh a toujours appartenu à l’Azerbaïdjan et il est temps que l’Arménie renonce à ses tentatives « futiles » de leurrer son peuple et la communauté internationale.

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