Soixante-treizième,
2e et 3e séances – matin & après-midi
AG/EF/3495

Deuxième Commission: le temps presse pour atteindre les objectifs de développement durable, en premier lieu pour éliminer la pauvreté

« Si nous n’appuyons pas sur l’accélérateur, il sera de plus en plus difficile d’atteindre les objectifs de développement durable », a déclaré, M. Homi Kharas, expert invité du débat général de la Commission économique et financière (Deuxième Commission), qui s’est ouvert ce lundi matin.  La priorité de la communauté internationale est en effet de réaliser les objectifs de développement durable, a clairement rappelé M. Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.

« Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un plan d’action pour la population, la planète, la prospérité, la paix, et les partenariats », comme n’a pas manqué de le préciser le Président de la Deuxième Commission, M. Jorge Skinner-Kleé Arenales.  S’il a reconnu que beaucoup de progrès ont été enregistrés en trois ans, depuis l’adoption du Programme, M. Liu a mis en garde sur le niveau trop faible de réalisation des 17 objectifs de développement durable à l’échelle mondiale.  Il a ainsi regretté la diminution de la lutte contre la pauvreté, la hausse de la faim ou encore la multiplication des conflits.

Pour sa part, M. Homi Kharas, qui avait participé à l’élaboration du Programme 2030, a résumé le résultat de plusieurs travaux collectifs menés par la suite sur sa mise en œuvre.  Sur l’ensemble des 169 cibles des objectifs de développement durable, il a extrait celles qui sont facilement mesurables, comme la pauvreté extrême, et a écarté celles qui sont plus difficiles à évaluer, comme la réduction de la corruption.  L’expert en a conclu que tous les pays progressent, mais que ces progrès ne sont pas suffisamment rapides: « « Nous sommes sur la bonne voie, mais 44 millions de vie sont en danger; des centaines de millions de personnes sont laissées pour compte ».

M. Gert Rosenthal, économiste et diplomate, a confirmé qu'il restait « peu de temps pour faire pencher la courbe ».  Étant donné le scepticisme, voire « l’hostilité directe de certains États Membres », à l’égard des organes de la communauté internationale, il s’est demandé dans quelle mesure les travaux en cours allaient influencer les gouvernements pour atteindre les objectifs. 

L’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions est le défi le plus important à relever, ont souligné le Groupe des 77 et la Chine ainsi que le Groupe des États d’Afrique.  La pauvreté demeure en effet endémique dans les pays les moins avancés (PMA) et reste un problème pour la plupart des pays à revenu intermédiaire, a souligné M. Skinner-Kleé.  Le groupe des PMA a rappelé que ses membres n’ont pas bénéficié des fruits de la mondialisation et que, au rythme actuel, la pauvreté ne sera pas éliminée d’ici à 2030.  

Pour M. Liu, il faut encourager la résilience de toutes les économies, par le biais des investissements et du développement inclusif, et améliorer la vie des plus vulnérables.  La Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a d’ailleurs appelé à prendre en considération les besoins spécifiques des PMA, des pays en développement sans littoral, des petits États insulaires en développement, des pays en situation de conflit ou de post-conflit et des États qui viennent tout juste d’accéder à la catégorie des pays à revenu intermédiaire, mais n’ont pas encore comblé leurs lacunes structurelles.  

L’aide publique au développement, la coopération Sud-Sud et l’octroi de prêts à taux réduit aux États par les institutions financières internationales ont été évoqués à maintes reprises par de nombreuses délégations, plaidant pour une approche multidimensionnelle du développement, de même que les effets des changements climatiques et la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Citant les conclusions du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental pour l’étude des changements climatiques (GIECC), qui vient de paraître, l’Union européenne a jugé urgent pour la communauté internationale de faire preuve de plus d’ambition en matière d’action climatique et de mettre pleinement en œuvre l’Accord de Paris. 

La Deuxième Commission poursuivra son débat général demain, mardi 9 octobre, à partir de 10 heures.

Déclarations liminaires

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un plan d’action pour la population, la planète, la prospérité, la paix, et les partenariats », a déclaré le Président de la Deuxième Commission, M. JORGE SKINNER-KLEÉ.Le Programme 2030, a-t-il poursuivi, « nous guide avec une vision incontestée et universelle pour le bien-être des générations futures, bien-être qui est la ligne directrice de ce Programme.Nous devons nous assurer que tous nos travaux soient concentrés sur ces buts ».

Dans le volet de l’éradication de la pauvreté, le président a rappelé aux délégués qu’il fallait des engagements précis pour l’éradication de la pauvreté et l’égalité entre le sexes.Des questions importantes en matière de macroéconomie seront également au menu des travaux de la Commission,

a-t-il rappelé.Il a annoncé la tenue de débats sur des sujets comme le système financier international, la viabilité de la dette extérieure et le développement, le commerce et le développement, et leurs liens entre eux. Les intervenants doivent garder en tête le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba, a-t-il également souligné.

« Notre base a pour objet le développement durable, avec un focus précis sur les pays en situation particulière », a détaillé le Président, qui a rappelé que malgré de grands progrès, la pauvreté demeurait endémique dans les pays les moins avancés (PMA), et qu’elle restait un problème pour la plupart des pays à revenu intermédiaire.La Deuxième Commission devra donc être particulièrement attentive aux problèmes des pays d’Afrique et des PMA, et travailler de sorte à ce que leur développement durable potentiel soit une réalité. Ce développement est parfois entravé par des politiques économiques injustes, a noté M. Kleé.

Concernant les technologies émergentes, la Deuxième Commission pourra se baser sur les travaux de fonds accomplis par le Conseil économique et social (ECOSOC) sur l’intelligence artificielle, et reconnaître les progrès considérables dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC), même si les zones rurales sont désavantagées à ce sujet.

Le Président a enfin souligné que l’Assemblée générale, avec l’appui fourni par les réformes de repositionnement du système des Nations Unies pour le développement, avait insisté sur la coordination des agendas, en vue de se synchroniser, et de renforcer le soutien à la mise en œuvre du Programme 2030.

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a en préambule clairement rappelé la priorité de la communauté internationale: il faut réaliser les objectifs de développement durable.  Il a reconnu que beaucoup a déjà été fait en trois ans et a salué les 46 pays qui ont déjà accepté l’examen volontaire de la mise en œuvre de ces objectifs pour adapter leurs politiques au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ceci étant dit, M. Liu a mis en garde sur le niveau trop faible de réalisation des objectifs de développement durable à l’échelle mondiale.

En 2017, les Nations Unies ont prévu une croissance économique d’au moins 3% par an pour les années à venir.  Mais, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, le commerce mondial ralentit et une période d’incertitude pourrait avoir une incidence réelle sur la consommation et la confiance des investisseurs, ce qui pourrait avoir un effet négatif sur la croissance.  Les vulnérabilités financières augmentent dans de nombreux pays, ce qui les expose notamment à une fuite des capitaux.  Les tensions dans le monde peuvent également troubler l’activité économique, et les effets peuvent être encore plus marqués dans les petits États insulaires en développement.

Pour M. Liu, il faut encourager la résilience de toutes les économies et améliorer la vie des plus vulnérables.  Il a regretté la diminution de la lutte contre la pauvreté, la hausse de la faim ou encore la multiplication des conflits. La pauvreté peut être vue comme un risque croissant de conflit, a-t-il souligné, rappelant les liens entre les deux.  De même, les solutions sont liées, a-t-il dit en prônant le renforcement de la résilience par le biais des investissements et du développement inclusif.  Le Secrétaire général adjoint s’est dit confiant que des solutions sont à portée de main pour atteindre les objectifs dans les délais fixés.

Le Secrétaire général de l’ONU a récemment lancé sa stratégie pour financer le Programme 2030 et mobiliser les ressources pour les objectifs de développement durable, a fait valoir M. Liu.  Il est essentiel que les États Membres continuent d’être actifs dans le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement, a-t-il ajouté.  Dans ses travaux, la Deuxième Commission doit tenir compte des tendances qui façonnent le monde de demain, y compris une population vieillissante et les migrations.  Ces défis doivent être au cœur de la planification pour le développement durable, a insisté M. Liu, évoquant l’importance de la réunion de Marrakech en décembre, qui doit formaliser le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Notre avenir commun subit les effets des révolutions technologiques, a continué M. Liu en faisant remarquer que la réalisation des objectifs de développement durable dépendra de leur maîtrise, pour que ce soit une force pour le bien.  Il a souligné que 2019 sera une année importante avec la tenue du Forum politique de haut niveau sous les auspices de l’ECOSOC qui se réunira en juillet et sous les auspices de l’Assemblée générale en septembre.  Ce forum examinera la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable et décidera du processus du cycle suivant.  Le Programme 2030 représente un cadre pour relancer le multilatéralisme et nous avons de bonnes bases pour aller de l’avant, a conclu le Secrétaire général adjoint.

Dans son allocution, M. HOMI KHARAS, Vice-Président et directeur par intérim du programme d’économie et de développement mondial de la Brookings Institution, a résumé le résultat de plusieurs travaux collectifs auxquels il a participé sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Des travaux, a-t-il expliqué, qui se concentrent sur les questions ayant un impact sur les individus et les ménages, plutôt que d’autres questions plus collectives comme l’environnement ou la paix.

Sur l'ensemble de 169 cibles des objectifs de développement durable, il a extrait les cibles qui sont facilement mesurables, comme la pauvreté extrême. D’autres cibles, plus difficiles à mesurer, comme la réduction de la corruption, ont été écartés de ces travaux.  Trois cibles aussi ont été ajoutées: insécurité alimentaire, pollution de l’air, et hépatite B.  Au final, 21 cibles ont été conservées sur les 169 initiales.  Ces 21 cibles ont été divisées en plusieurs catégories, selon l’influence sur la vie (mortalité infantile), sur les besoins (accès à l’eau), en distinguant les besoins relatifs ou absolus.  Par exemple, la mortalité infantile et l’accès à l'eau sont des besoins absolus, alors que le taux de scolarité est un besoin relatif.

M. Kharas a remarqué que les questions sur lesquelles la communauté internationale est à la traîne sont les maladies non infectieuses.  L’autre chiffre le plus important est la mortalité des enfants de moins de 5 ans.  Une palette de besoins fondamentaux sont en jeu, avec en tête, la qualité de l’air.  « L’incidence des particules dans l’air est pire que ce que nous pensions », a noté l’expert.  Les seuils de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne sont pas assez contraignants: « Même si nous atteignions les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, le problème ne serait pas réglé », a-t-il déploré.  C'est aussi le cas pour l’accès à l’eau et l’assainissement.  

Deux cibles ont été mises en avant: l’obésité des enfants et la pollution de l’air, parce que dans ces deux cibles, « nous régressons », a noté l'expert.  Les gens qui seront laissés pour compte d’ici à 2030 sont concentrés dans un petit nombre de grands pays: le Nigéria, la Chine, et les États-Unis pour l’obésité des enfants.  Mais en valeur absolue, ce sont les pays les plus pauvres qui sont le plus éloignés des objectifs de développement durable, car ils partent de beaucoup plus loin.  Dans les pays les moins avancés, comme la République centrafricaine ou le Tchad, les progrès existent, mais ils sont beaucoup trop lents.  Autre constatation: les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’en tirent mieux à cause de leur position de départ plus avantageuse.

L’expert en a conclu que tous les pays progressent, mais que ces progrès ne sont pas suffisamment rapides.  « Nous sommes sur la bonne voie, mais 44 millions de vie sont en danger; des centaines de millions de personnes sont laissées pour compte.  Nous devons mettre l’accent sur les plus grands pays, mais les pays les moins avancés aussi auront besoin de gros progrès car les retards sont considérables », a-t-il souligné.  Même les pays de l’OCDE sont confrontés à des difficultés, a-t-il insisté en soulignant que les objectifs de développement durable ont un caractère véritablement universel.

Sa conclusion est que 2019 sera comme « une ligne de partage des eaux »: « Si nous n’appuyons pas sur l’accélérateur, il sera de plus en plus difficile d’atteindre les objectifs de développement durable », a-t-il déclaré.

En réponse, l’ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), M. GERT ROSENTHAL (Guatemala), a invoqué la résolution 71/313 (2017) de l’Assemblée générale qui sert de base au Secrétaire général pour les progrès réalisés dans le cadre du Programme 2030, et confirmé qu’il restait « peu de temps pour faire pencher la courbe ».  Cette courbe de M. Kharas analyse à la fois les pays en développement et les pays développés, a noté M. Rosenthal qui fut précédemment président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC).  Il a apprécié la distinction entre besoins fondamentaux, ou « de vie et de mort », et besoins relatifs.

« Nous pouvons être optimistes, célébrer que les tendances vont dans la bonne direction et qu’elles s’accélèreront sans doute si nous adoptons des politiques adéquates », a souligné M. Rosenthal.  D’un autre côté, quand le Programme 2030 a été adopté en 2015, « le monde était différent d’aujourd'hui », a-t-il constaté.  Étant donné le scepticisme, voire « l’hostilité directe de certains États Membres » à l’égard des organes de la communauté internationale, il s’est demandé dans quelle mesure les travaux en cours allaient influencer les gouvernements pour atteindre les objectifs de développement durable. 

Poursuivant le débat, le représentant du Nigéria a demandé « comment accélérer la réalisation des cibles ».  Son homologue de l’Union européenne s’est, quant à lui, interrogé sur les moyens d’analyse et de collecte des données quand les objectifs sont difficiles à mesurer.  

Le paneliste de la Brookings Institution, M. Kharas, a confirmé que les enquêtes réalisées dans les endroits difficiles sont les moins abouties. « C’est là qu’il faut faire plus, mais c’est là que les capacités statistiques sont les plus faibles. »  Il a relevé que les chercheurs « extérieurs » disposent d’outils de recherche plus rapides que ceux qui se basent sur les données officielles, celles-ci étant parfois vieilles de plus de cinq ans.  D’autres sources d’information existent, a-t-il insisté en se réjouissant qu’elles soient de plus en plus rapidement disponibles.

M. Kharas a enfin rebondi sur les déclarations de M. Rosenthal à propos des bouleversements géopolitiques constatés depuis 2015, et leur incidence sur les objectifs de développement durable.  Pour lui, les craintes sur la robotisation de la société ne sont pas avérées: au contraire, « on assiste à de la création d’emploi », et si les économies se diversifient, elles seront d’autant plus fortes, a-t-il assuré. 

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a fait valoir le rôle essentiel des Nations Unies pour surmonter les défis considérables auxquels le système économique multilatéral fait face.  S’il a salué l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 à cet égard, il a regretté que, trois ans après, la communauté internationale ne soit toujours pas totalement sur la voie de sa mise en œuvre.  Il a réaffirmé que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions est le défi le plus important à relever et que, pour se faire, l’accent doit être mis sur la création d’emplois, l’inclusion sociale et l’autonomisation des femmes.  Il a aussi souligné l’importance d’un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), de même que la nécessité d’accélérer le transfert de technologies vers les pays en développement.

Le Groupe a réitéré que chaque État doit pourvoir exercer pleinement sa souveraineté permanente sur ses richesses et son activité économique.  M. Edrees a exhorté les États à ne pas prendre de mesures unilatérales économiques, financières ou commerciales contraires au droit international et à la Charte des Nations Unies.  Il a réaffirmé la nécessité de respecter l’intégrité territoriale, l’indépendance politique et la souveraineté nationale des États.

Au sujet des changements climatiques, le représentant a plaidé pour le plein respect de l’Accord de Paris et encouragé la communauté internationale à s’accorder sur des mesures urgentes et significatives pour réduire la dégradation des habitats naturels, stopper la perte de biodiversité, et protéger les écosystèmes.  Enfin, il a plaidé pour une attention renforcée aux pays en situation particulière et pour la coopération Sud-Sud, qui ne doit pour autant pas se substituer à la coopération Nord-Sud.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. TEODORO LOPEZ LOCSIN (Philippines) s’est félicité de la croissance dynamique des États membres de l’ASEAN dont le PIB devrait passer de 3% à 8% sur la période 2017-2021.  Il a fait part des réalisations récentes de la région au regard du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a notamment mentionné des mesures concrètes portant sur les questions de la résilience et de l’innovation, qui doivent rendre l’ASEAN plus compétitive dans la gestion des technologies numériques, comme par exemple les villes intelligentes.

Le représentant a indiqué que la région entend également promouvoir les complémentarités entre la Vision 2025 de l’ASEAN et le Programme 2030.  L’ASEAN met l’accent sur l’agriculture et l’alimentation, sur l’éducation, sur la santé, sur l’économie circulaire, sur l’énergie renouvelable, sur l’environnement et sur la gestion des catastrophes.  Le représentant a fait part, entre autres, de progrès substantiels réalisés dans la mise en œuvre du Plan stratégique 2016-2025 pour la coopération de l’ASEAN dans les domaines de l’alimentation, de l’agriculture et des forêts, ou encore dans la mise en œuvre du Plan 2015-2020 de l’ASEAN pour le développement de la santé.  En outre, l’ASEAN met la dernière main à son plan stratégique pour l’environnement pour la période 2016-2025.

Mme FARZANA ZAHIR (Maldives), s’exprimant au nom des Petits États insulaires en développement (PEID), a rappelé que les travaux de la Deuxième Commission étaient fondamentaux pour atteindre les objectifs de développement durable.Le Programme d’action d’Addis-Abeba est aussi essentiel, a-t-elle ajouté.Cette année est importante pour les pays, comme les Maldives, qui sont engagés dans la mise en œuvre des Orientations de Samoa: l’examen à mi-parcours aura lieu le 27 septembre 2019.La représentante a signalé que trois réunions régionales de préparation avaient déjà été tenues –à Maurice, Belize et Tonga- et qu’une réunion interrégionale aurait lieu à la fin du mois à Samoa.

La représentante des Maldives a insisté sur le soutien de la communauté internationale aux PEID, notamment pour le renforcement des capacités et le transfert des techniques.En ce qui concerne le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement, elle a invité à la cohérence, en évitant tout cloisonnement entre les travaux menés par les différents organes.Se basant sur le rapport du Secrétaire général relatif aux PEID, elle a constaté les limites de la Section consacrée à ces pays au Secrétariat de l’ONU et appelé à lui fournir davantage de ressources.L’incidence des changements climatiques continue d’être un défi pour ces pays, a-t-elle ensuite rappelé en soulignant que, pourtant, le montant de leurs émissions est « minuscule ».Elle a conclu sur un appel à faire des progrès pour arriver à la mise en œuvre pleine et complète de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, M. CARAZO ZELEDON (Costa Rica) a fait observer que les pays à revenu intermédiaire continuent d’être confrontés à des défis particuliers pour la réalisation des objectifs de développement durable, soulignant la nécessité de mieux comprendre ces défis particuliers pour mieux y faire face.  La croissance économique n’est pas à elle seule synonyme de développement durable, a-t-il fait valoir.

Le Groupe a relevé avec inquiétude que le processus de reclassement des pays sur la base du revenu par habitant ne permet pas aux pays passant d’un groupe de niveau de revenu à un autre d’obtenir des financements à des conditions préférentielles.  Or beaucoup de pays en développement qui vont être reclassés ont encore besoin de soutien.  Aussi le représentant a-t-il demandé aux institutions financières internationales de revoir leurs critères d’éligibilité et de mettre en place une approche plus progressive.

La coopération internationale continue d’être un outil important pour ces pays et le représentant a salué les pays qui ont respecté leur engagement d’Aide publique au développement (APD) au niveau de 0,7% de leur PIB.  Il a exhorté le système des Nations Unies pour le développement à élaborer une stratégie de long terme ayant pour but de faciliter une coopération dans le domaine du développement durable et la coordination dans le soutien aux pays à revenu intermédiaire.

Au nom du groupe des pays les moins avancés (PMA), M. PERKS LIGOYA (Malawi) a rappelé que les PMA n’ont pas engrangé de retombées des fruits de la mondialisation et que, au rythme actuel, la pauvreté ne sera pas éliminée d’ici à 2030 comme envisagé par le Programme 2030.  M. Ligoya a souligné que cinq PMA sont en situation de détresse en matière de dette et 12 en situation de risque de détresse.  La transformation structurelle n’a pas eu lieu dans la majorité des PMA et le secteur industriel reste faible, a-t-il indiqué, ajoutant que, quels que soient les progrès réalisés, ils ne suffisent pas pour que les PMA rattrapent les autres pays en développement.  Les technologies de pointe risquent aussi d’être réparties de façon inéquitable, avec pour conséquence d’ajouter au fossé numérique un nouveau fossé en matière d’intelligence artificielle.  Ceci dit, le représentant s’est félicité de la création de la Banque de technologies pour les PMA, en la qualifiant d’« avancée historique ».

S’agissant de l’éducation, les taux de scolarisation se sont améliorés mais cela ne suffit pas, de même que la participation des femmes au marché du travail, a continué le représentant.  Il a fait valoir que la qualité de l’APD, y compris au regard de sa prévisibilité, doit augmenter.  Pour accélérer les progrès, il faut revenir sur l’appui disponible et requis par les PMA, a-t-il conclu.

M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et-Barbuda), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé l’importance pour la CARICOM de la mise en œuvre d’un plan stratégique et d’une réforme du système des Nations Unies pour le développement. Cinq ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à un an de l’examen quinquennal, il a insisté que le temps manquait. Les PEID et les pays de la CARICOM ont à relever des défis uniques dans le cadre du développement durable, a-t-il remarqué en invitant la Deuxième Commission à se pencher dessus.Il a estimé que les Orientations de Samoa demeurent la référence sur laquelle il faut baser les discussions concernant les pays insulaires, en particulier pour les questions de la réduction de la dette, l’élimination de la pauvreté, l’environnement et la lutte contre les changements climatiques.

La CARICOM invite la Deuxième Commission à appuyer de façon pragmatique la mise en œuvre des Orientations de Samoa, a dit le représentant.Rappelant que les changements climatiques demeuraient la pire menace pour la CARICOM et tous les PEID, il a invité au respect mutuel entre États Membres « indépendamment de nos étapes de développement ». Notant que la croissance mondiale s’est améliorée mais qu’elle était inégale, y compris au sein de la CARICOM, il s’est inquiété de l’ombre croissante de la dette, et du retrait de grandes banques et des institutions financières de certains pays de la CARICOM. C’est une menace, selon le représentant, qui pourrait créer de la pauvreté et d’énormes tensions au sein des gouvernements.« Nous continuerons à plaider pour la révision des critères permettant de déterminer l’accès des pays en développement à revenu intermédiaire au financement concessionnel, pour tenir compte en particulier de l’hétérogénéité des pays à revenu intermédiaire », a ajouté le représentant.

Avant de conclure, il a indiqué que la protection et la préservation de la mer des Caraïbes restent une priorité majeure de la CAROCIM.Il a souligné l’importance de l’environnement marin en tant que ressource essentielle pour le développement social, économique et politique, ainsi que pour la sécurité même de la région. Il a apprécié que la Deuxième Commission ait prévu d’examiner une fois par an une résolution sur le développement durable de la mer des Caraïbes.Il a aussi appelé à mieux financer le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement sur la situation des pays les moins avancés, ainsi que la Section des PEID au sein du DAES.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. OMAR HILALE (Maroc) a prié la Deuxième Commission de continuer à travailler sur les politiques micro et macro-économiques qu’il faut adopter en matière d’éradication de la pauvreté, d’environnement durable, de commerce international et de développement, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le développement durable est une occasion et une responsabilité collective, a dit le représentant, convaincu que tous les domaines d’action prévus dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement doivent être réalisés pour parvenir aux objectifs de développement durable.

M. Hilale a rappelé que le continent s’est doté d’un Agenda 2063 et que sa mise en œuvre dépendra dans une large mesure du renforcement des capacités institutionnelles et humaines.  Aussi a-t-il jugé regrettable que des « tendances réactionnaires » aient contribué à une diminution planétaire de l’APD.  Les pays africains doivent recevoir une assistance technique et un financement pour renforcer leur capacité nationale et il est important que les pays fournisseurs d’APD maintiennent leurs efforts, ce qui contribue à éliminer la pauvreté, a-t-il insisté.  En venant au fardeau de la dette, il a demandé à la communauté internationale de réfléchir à un équilibre entre la soutenabilité de la dette et les objectifs de développement durable, de même que de renforcer la coopération pour lutter contre les flux financiers illicites en Afrique.

Le Groupe des États d’Afrique est d’avis que le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement doit se concentrer sur la réduction de la pauvreté, la lutte contre les flux financiers illicites, la promotion d’investissements responsables et la réduction de la fracture numérique, entre autres.  Et il est fondamental que les activités opérationnelles de l’ONU tiennent compte des besoins pour renforcer la capacité des pays africains.  Le Groupe a également voulu souligner que l’éradication de la pauvreté est la priorité numéro un.  Le représentant a estimé que le système onusien consacré au développement devrait continuer à soutenir la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Quant aux changements climatiques, ils touchent le continent de manière disproportionnée et le Groupe a appelé à une action internationale efficace et progressive pour répondre à cette menace, en particulier pour ce qui touche à l’agriculture et à la sécurité alimentaire.

Au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), Mme GILLIAN BIRD (Australie) s’est enorgueillie de la réputation acquise par son groupe au sein de la Deuxième Commission ces dernières années, en ce qui concerne la recherche de méthodes de travail efficaces, du consensus, de l’équilibre et de la collégialité, le tout dans le respect du calendrier établi.Sur cette base, Mme Bird a rappelé certains principes de bon fonctionnement de la Commission, invitant notamment ses homologues à soumettre le plus tôt possible les projets de résolution ayant des implications budgétaires pour laisser suffisamment de temps aux consultations et aux débats, dans le but de parvenir au consensus.La représentante a également appelé à éviter les redondances avec les travaux d’autres Commissions et à envisager à cette fin un examen non plus annuel, mais biennal, voire triennal, de certains sujets à l’ordre du jour.Mme Bird a aussi exhorté la Commission à promouvoir l’égalité de genre, non seulement dans le texte des résolutions, mais aussi au niveau des méthodes de travail.

S’agissant du développement durable, la représentante a appelé à prendre en considération les besoins spécifiques des pays les moins avancés, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement dans la mise en œuvre du Programme 2030.La question des changements climatiques doit, selon elle, figurer au premier rang des préoccupations des États.Aussi, Mme Bird a-t-elle renouvelé l’appui de son groupe à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, « à la fois dans l’intérêt international du développement durable et dans l’intérêt national » de chaque État.Enfin, la représentante a appelé à réviser les pratiques financières internationales, à promouvoir la conclusion de partenariats impliquant toutes les couches de la société et à signer des « accords commerciaux progressifs » pour libéraliser les échanges de façon à ce qu’ils puissent bénéficier à tous.

Au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a rappelé les nombreuses contraintes géographiques auxquelles doivent faire face les pays de son groupe, contraintes qui limitent leur compétitivité internationale et leur développement socioéconomique.  Au nombre d’entre elles, le représentant a cité le coût élevé des échanges commerciaux et des transports, l’inadéquation des infrastructures, les difficultés de gestion des passages aux frontières et l’engorgement des procédures douanières.  Pour ces raisons, a-t-il dit, les pays en développement sans littoral ont du mal à diversifier leurs exportations et sont à la merci des chocs externes.

Pour preuve, a poursuivi M. Arriola Ramírez, les pays de son Groupe représentait à peine 1% du commerce international des biens et marchandises en 2017, une situation qui limite leur taux de croissance économique.  Dans le domaine des technologies de l’information et des communications, le représentant a fait part des difficultés éprouvées par les pays sans littoral face aux couts élevés de la connectivité au haut débit, au détriment du développement du commerce électronique et de l’utilisation des nouvelles technologies pour la mise en œuvre du Programme 2030.

La mobilisation des ressources nationales de ces pays pour atteindre les objectifs de développement durable est par ailleurs mise à mal, a affirmé M. Arriola Ramírez, par les déséquilibres commerciaux, la volatilité des prix des matières premières et le sous-développement du secteur privé.  De plus, a-t-il ajouté, ces pays souffrent de manière disproportionnée des conséquences des changements climatiques, notamment la dégradation des terres, la désertification, la déforestation, les inondations liées aux débordements de lacs glaciaires et les sécheresses.  La plupart des pays en développement sans littoral dépendent en outre d’une poignée de matières premières et près des deux tiers de leur population est encore tributaire de l’agriculture.

Pour faire face à ces difficultés, M. Arriola Ramírez a appelé à faciliter l’accès des pays sans littoral aux mécanismes de financement existants, y compris le Fonds pour l'adaptation, le forum mondial sur l'environnement et le Fonds vert pour le climat.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. HÉCTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador) a noté avec préoccupation que l’octroi de prêts à taux réduit aux États par les institutions financières internationales a tendance à diminuer à mesure que leur revenu national par habitant augmente.  Cette tendance, a-t-il regretté, empêche certains pays d’obtenir les ressources financières dont ils ont besoin pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Aussi, M. Escalante a-t-il proposé d’adopter une approche davantage multidimensionnelle dans les critères d’octroi de financements à taux réduit. 

Le représentant a en outre appelé à prendre en considération les besoins spécifiques des pays les moins avancés, des pays en développement sans littoral, des petits États insulaires en développement, des pays en situation de conflit ou de post-conflit et des États qui viennent tout juste d’accéder à la catégorie des pays à revenu intermédiaire, mais n’ont pas encore comblé leurs lacunes structurelles.  M. Escalante a ensuite réaffirmé l’importance de la coopération Sud-Sud, en tant que complément, et non comme substitut, à la coopération Nord-Sud.  Enfin, le représentant a rejeté expressément la prise de mesures économiques, financières et commerciales unilatérales par certains États, susceptibles d’entraver le financement du développement dans les pays en développement.

Le représentant de l’Union européenne a dit accorder une grande importance à la Deuxième Commission en soulignant son potentiel, mais a regretté le manque de progrès dans les discussions sur la revitalisation de ses travaux.  Il a rappelé l’existence d’un lien étroit entre le développement durable, l’action humanitaire, la prévention des conflits et la consolidation de la paix.  Dans la lignée du Consensus européen pour le développement, qui s’est accordé, en juin 2017, à calquer les actions de l’UE et de ses membres sur les objectifs du Programme 2030, le représentant a réaffirmé les grands principes du Programme d’action d’Addis-Abeba issus de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Il a insisté sur le fait que le développement ne saurait en aucun cas être durable sans le respect des droits de l’homme, qui doivent selon lui être au cœur de la mise en œuvre du Programme 2030. 

De l’avis de l’UE, a poursuivi le représentant, la lutte contre les changements climatiques constitue l’un des principaux défis à la mise en œuvre du Programme 2030 et à l’éradication de la pauvreté dans le monde.  « L’Accord de Paris est la pierre angulaire des efforts internationaux pour lutter contre les changements climatiques et réaliser le Programme 2030 », a-t-il estimé.  Citant ensuite les conclusions du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), paru la veille, le représentant a jugé urgent pour la communauté internationale de faire preuve de plus d’ambition en matière d’action climatique et de mettre pleinement en œuvre l’Accord de Paris.  C’est d’autant plus important, a-t-il insisté, que les États Membres ont pris du retard dans la mise en œuvre des objectifs environnementaux du Programme 2030, comme l’a reconnu le Forum politique de haut niveau pour le développement durable lors de sa dernière réunion en juillet dernier.

Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, M. MARGO REMINISSE DEIYE (Nauru) a appelé la Deuxième Commission à gérer de façon transversale certaines questions d’ordinaire traitées séparément à l’ONU, notamment la sécurité et les changements climatiques.  Il a également appelé à prendre en compte la fragilité des PEID, ainsi que la spécificité des défis auxquels ils sont confrontés, au niveau des critères d’accès au financement du développement et à l’aide technique.  Selon lui, en effet, l’utilisation du classement des pays en fonction du revenu exclut la plupart du temps les PEID, en dépit du fait qu’ils se trouvent dans une situation très vulnérable.  Les ressources allouées au financement du développement doivent également augmenter, a estimé le représentant, ajoutant que sans un soutien accru aux petits États insulaires, les objectifs de développement durable resteront chez eux lettre morte.

La montée des eaux et les autres effets néfastes des changements climatiques représentent une grave menace pour la survie des PEID du Pacifique, a par ailleurs déclaré le représentant.  Étant donné les prédictions plus que pessimistes en la matière, il a appelé la Deuxième Commission à reconnaître la nécessité de réduire la fragilité de ces petits États insulaires et de renforcer leur résilience, y compris en recommandant la nomination d’un Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU sur le climat et la sécurité. 

Sur les 12 pays les moins avancés au monde, a-t-il en outre précisé, quatre sont des petits États insulaires en développement du Pacifique (Kiribati, les Îles Solomon, Tuvalu et Vanuatu).  Face à ce constat, le représentant a exhorté les partenaires du développement à définir et mettre en œuvre une « stratégie de transition en douceur » pour ces pays, afin de les mettre sur la voie du développement durable.

M. KHALID SAEED MOHAMED AL SHUAIBI (Oman), s’exprimant au nom du Groupe des États arabes, a noté que bientôt quatre ans après l’adoption du Programme 2030, il reste encore beaucoup à accomplir, comme le Secrétaire général l’a précisé dans son rapport sur la question.  Il a noté par exemple que 11% de la population mondiale vit encore dans des conditions de pauvreté, en Afrique sub-saharienne notamment; et que 3 milliards de personnes continuent d’utiliser des moyens primitifs pour cuisiner et dans divers domaines de la vie quotidienne.  « Nous avons besoin d’une énergie propre pour atteindre les objectifs de développement durable », a-t-il continué avant de signaler que la Ligue des États arabes a adopté un programme de développement d’énergie propre d’ici à 2030.  Si l’éolien est encore sous-développé dans la région (1% de l’électricité dans les pays arabes), le solaire est davantage utilisé.  Pour pallier cette lacune, les Émirats arabes unis ont accueilli l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).

Une société de paix, de justice, sans peur et sans violence, est une condition sine qua non pour atteindre le développement durable, a constaté le représentant; en ce sens le Groupe des États arabes s’est opposé à l’occupation israélienne, qui constitue selon lui un frein au développement durable des pays arabes.  La région est aussi victime de beaucoup de conflits, avec la présence de groupes terroristes et de combattants étrangers.  Ces conflits, a-t-il remarqué, ont donné lieu à des flots de réfugiés sans précédent, qui ont « gravement affecté le développement durable des États arabes au Proche-Orient ». 

Les conséquences de ces crises vont perdurer pendant de nombreuses années, a prédit le représentant en tirant la conclusion que la communauté internationale doit se pencher sur le cas de ces États, pour éviter que la population soit laissée pour compte.  « La communauté internationale doit respecter ses engagements à l’égard des pays en développement car ils accueillent la majorité des réfugiés à travers le monde », a-t-il argué.  Et d’ajouter que les pays développés doivent continuer à consacrer 0,7% de leur PIB à l’APD et aider à mettre fin aux flux financiers illicites qui partent des pays en développement, notamment des pays arabes, vers les pays développés.  

M. SHRI PREMCHANDRAN (Inde) a affirmé que son pays était en bonne voie pour réaliser les objectifs de développement durable avant même la date prévue.  La question de l’eau et de l’assainissement des eaux, a-t-il précisé, est particulièrement importante pour atteindre les cibles fixées en matière de santé, de villes durables et d’égalité de genre.  C’est pour cette raison, a-t-il dit, que l’Inde a lancé en 2014 le plus important programme d’assainissement et d’hygiène au monde, avec pour objectif d’éradiquer la défécation en plein air et d’instaurer une gestion scientifique des déchets d’ici le 2 octobre 2019, jour du cent-cinquantième anniversaire du Mahatma Gandhi.  Il y a quatre ans, a-t-il déclaré, 60% de la population indienne déféquait en plein air, un chiffre aujourd’hui passé à 20% grâce à ce plan.  Parallèlement, les efforts en cours dans le pays pour que la population ait rapidement accès à des services d’assainissement sont en train de porter leurs fruits.

M. Premchandran a également indiqué que l’Inde s’efforçait de prendre des mesures ambitieuses dans le domaine des énergies renouvelables.  D’ici à 2022, a-t-il précisé, le pays a pour ambition de produire 175 gigawatts à partir d’énergies renouvelables, dont 100 gigawatts provenant de l’énergie solaire.  Dans le même ordre d’idée, il a souligné que 70 pays avaient rejoint l’Alliance solaire internationale, une initiative franco-indienne.  Ces efforts, ainsi que la promesse de l’Inde d’éliminer le plastique à usage unique d’ici à 2022, ont valu au Premier Ministre du pays, M. Narendra Modi, de se voir décerner par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) le prix de « Champion de la Terre ».

M. MBULUNGENI SYDNEY MUENDA (Afrique du Sud) a jugé crucial que les travaux de la Deuxième Commission soient axés sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris, du Plan d’action d’Addis-Abeba et du Programme 2030 afin de mettre en œuvre les engagements découlant de processus qui se renforcent mutuellement.  À cet égard, la coopération commerciale avec les pays en développement est essentielle, a fait valoir le représentant, précisant qu’éliminer les obstacles aux échanges commerciaux pourrait contribuer à l’expansion du commerce international et permettre aux pays en développement d’y participer.  Concernant le continent africain, la création d’une zone de libre-échange pourrait permettre une croissance jamais vue auparavant pour 1,7 milliard de consommateurs d’ici à 2020.  Quant à la question de la propriété intellectuelle, elle ne doit pas être un obstacle qui empêche de tirer parti de la quatrième révolution industrielle, a-t-il plaidé.  Les pays en développement, et les pays africains en particulier, sont vulnérables face aux incidences des changements climatiques, et une action collective multilatérale est le meilleur espoir pour y faire face, a conclu M. Muenda, ajoutant que l’Accord de Paris va dans le bon sens.

M. MAHMADAMIN MAHMADINOV (Tadjikistan) a déploré le rythme de mis en œuvre trop lent du Programme 2030, en soulignant l’urgence du transfert et du renforcement des technologies à l’égard des pays en situation particulière, de même que pour le financement de leur développement.  En ce qui concerne les changements climatiques, il est une réalité au Tadjikistan: le pays a subi des catastrophes naturelles très intenses au cours de ces six dernières années, qui ont fait pas moins de 200 victimes et occasionné des dégâts chiffrés à plus de 200 millions de dollars.  Trois rapports ont été établis par le Gouvernement conformément aux dispositions de la Convention-cadre des Nations Unies pour les changements climatiques (CCNUCC), a indiqué le représentant qui s’est ensuite dit particulièrement concerné par l’objectif 6 de développement durable (eau propre et assainissement).  Tous ceux liés à l’eau en général, et toutes les cibles associées, sont une priorité pour son gouvernement.  La conférence biannuelle liée à l’eau (processus de Douchanbé) a, dans ce sens, été saluée par le représentant tadjik.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné certains effets négatifs de la coopération multilatérale, déplorant que la violation des règles devienne la norme.  La régulation des marchés est remplacée par des restrictions qui empêchent le bon fonctionnement du commerce international, a-t-il précisé, estimant que ces sanctions cachent en réalité une volonté protectionniste.  La Russie est en faveur du libre-échange commercial et estime qu’on ne peut pas régler les problèmes avec des solutions déséquilibrées.  Pour le représentant, la Deuxième Commission doit se concentrer sur les résultats et le consensus le plus large possible.  Il a aussi plaidé pour de plus amples discussions sur la dette et sur les exigences des pays les moins développés, faisant valoir que la Russie avait consacré pas moins de 1,16 milliard de dollars en 2017 à l’aide au développement.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a souhaité que des pratiques comme l’imposition de propositions qui n’ont pas fait l’objet de consensus soient bannies de la Deuxième Commission, notamment des propositions qui ne représentent que les intérêts des pays développés.  Elle a invité ces derniers à respecter leurs engagements en matière d’APD, faisant observer que ces pays sont loin du compte en ce qui concerne la promesse de consacrer 0,7% de leur revenu national à l’APD, et même 0,15% à 0,20% pour les PMA.  Cuba appelle à l’établissement d’un nouvel ordre économique international basé sur l’équité, l’égalité souveraine, l’interdépendance et la coopération entre États, quel que soit leur niveau de développement.

Le pays soutient également la coopération Sud-Sud, qui ne doit pas être un substitut à la coopération Nord-Sud.  Les pays industrialisés doivent en effet « accepter leur dette historique et mettre en œuvre le principe de la responsabilité commune mais différenciée ». La représentante a ensuite plaidé pour la levée des mesures coercitives unilatérales qui sapent le développement économique et social des peuples.  Elle a appelé, « une fois de plus », les États à se garder d’appliquer de telles mesures contraires au droit international et à la Charte des Nations Unies, des mesures dont souffre le peuple cubain depuis près de 60 ans à cause des États-Unis.  Elle a toutefois assuré que le peuple cubain reste engagé à mettre en œuvre son modèle économique et social, en se basant sur la « décision souveraine de construire une nation socialiste indépendante, souveraine, prospère, démocratique et durable ».

« Nous avançons, mais il ne reste que peu de temps », a constaté Mme ANAT FISHER-TSIN (Israël) en invitant à se concentrer sur les domaines qui ont enregistré le moins de progrès.  La communauté internationale se rend compte que les gouvernements ne peuvent pas travailler seuls, a-t-elle remarqué.  C’est pourquoi elle a conseillé au secteur privé de les rejoindre.  Elle a aussi recommandé de se baser sur les recherches dans le domaine de l’agriculture, sachant qu’on prévoit une population de plus de 8 milliards d’individus en 2030.  En même temps, la représentante a prôné la sagesse: il faut prendre en considération l’impact des activités sur l’environnement.

Il faudrait aussi, selon elle, que la Deuxième Commission se concentre sur des objectifs applicables et éviter tout parti pris: cette plateforme ne doit pas se transformer en « joute verbale » sur d’autres sujets politiques.  Mme Fisher-Tsin a plaidé pour des institutions onusiennes efficaces, pour garantir que les délibérations mènent à des résultats significatifs.  Notant que les petites et moyennes entreprises (PME) représentaient la majorité des emplois dans les pays en développement, elle a invité à développer des initiatives pour prendre en considération ces PME, et, dans la foulée, autonomiser les femmes et les filles, comme le fait Israël, qui soutient l’égalité totale entre hommes et femmes. 

Pour M. MOHAMMAD ABDURRAHMAN S. ALKADI (Arabie saoudite), l’accélération du développement à l’échelle internationale et des progrès technologiques a fourni une véritable dynamique à la Deuxième Commission.  Aussi, les résolutions qui seront adoptées à l’issue de la session donneront un aperçu de l’avenir.  L’objectif d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions prouve que la communauté internationale veut travailler ensemble pour lever les obstacles, a remarqué le délégué.  De son côté, l’Arabie saoudite veut être un modèle à tous les niveaux et travaille à l’élaboration d’une vision collaborative scientifique et sociétale.  Elle a pour ambition de rester un pays riche dans tous les domaines et ouvert au monde, a assuré le représentant.

M. TORE HATTREM (Norvège) a rappelé que la coopération multilatérale bénéficiait à la communauté internationale dans son ensemble.  « Les accords de libre-échange ont stimulé la croissance économique, la pauvreté a diminué et les taux de mortalité infantile ont chuté », a-t-il notamment salué, rappelant que le Programme 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris sur le climat étaient tous trois le produit du multilatéralisme.

En tant que candidat à un mandat de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2021-2022, la Norvège entend souligner le lien entre le développement durable et les défis sécuritaires, a ensuite déclaré M. Hattrem.  S’il a affirmé que la pauvreté n’était pas inéluctable, le représentant norvégien a noté avec préoccupation que le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde, soit plus de 820 millions de personnes à l’heure actuelle, était en augmentation constante, au point de retomber au niveau de la décennie précédente.  Pour inverser cette tendance, M. Hattrem a appelé à rechercher le développement durable sur tous les plans, notamment en s’attaquant aux causes profondes des conflits et des changements climatiques, ainsi qu’en apportant une aide humanitaire aux personnes dans le besoin.

Pour accompagner ces efforts, M. Hattrem a exhorté l’ONU à accélérer son processus de réforme.  Il a également appelé à maintenir, voire à intensifier les flux de financement du développement, notamment via l’APD à destination des PMA.  En la matière, le représentant a rappelé que son pays allouait chaque année 1% de son PIB à l’APD, soit bien plus que la cible de 0,7% préconisée par l’ONU.  Mais l’APD ne peut réussir à elle seule à transformer les sociétés, a nuancé M. Hattrem, appelant les pays bénéficiaires à mobiliser leurs propres ressources nationales et à lutter contre les flux financiers illicites.  « Nous ne parviendrons jamais à remplir le bassin du développement durable si l’eau s’écoule par le tuyau d’évacuation », a-t-il conclu.

Mme NIMATULAI BAH-CHANG, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, a indiqué que son gouvernement est en train d’élaborer un nouveau plan national de développement qui sera aligné sur les objectifs de développement durable, et avec comme domaines prioritaires l’éducation, la justice, la paix et la sécurité, la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites.  L’approche suivie consiste à placer les plus vulnérables au-devant des préoccupations, a-t-elle expliqué en signalant que des réformes ont déjà été engagées en ce sens.  Par exemple, une éducation primaire et secondaire gratuite et de qualité est offerte aux jeunes, qui bénéficie notamment aux jeunes filles.  En outre, le Gouvernement utilise un seul compte bancaire pour surveiller plus étroitement l’utilisation des fonds publics.

La Sierra Leone plaide pour des stratégies efficaces de mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA, a poursuivi la Vice-Ministre en exprimant sa préoccupation quant à la baisse de l’APD, notamment en direction des PMA.  Mme Bah-Chang a aussi appelé de ses vœux une réforme du système des Nations Unies pour le développement, afin que celui-ci soit plus à même de produire des résultats en faveur des PMA et de tous les États Membres en général.

Pour M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan), c’est un grand défi de mettre en œuvre les objectifs de développement durable car malgré tous les efforts et certains progrès, « nous avons toujours beaucoup à faire ».  Le Soudan, a-t-il dit, accorde une importance particulière au Programme 2030 dont la mise en œuvre est suivie par une institution spéciale, sans compter les différents ministères pertinents.  Le Soudan s’est prêté à l’examen volontaire national, en juillet dernier et a pu montrer les progrès et les défis qui restent à relever.  Le Soudan est en effet dans la catégorie des pays les moins avancés.  C’est un pays très endetté qui sort d’un long conflit et qui abrite presque 2 millions de réfugiés de pays voisins.  Tous ces problèmes, a insisté le représentant, entravent les progrès et la réalisation des objectifs de développement durable.  L’ONU et son Secrétaire général, a-t-il estimé, doivent envisager tous les moyens de venir en aide au Soudan, un pays qui risque même de reculer.  La communauté internationale doit honorer ses engagements en matière d’assistance technique, d’allègement de la dette et d’aide publique au développement, a ajouté le représentant qui a dit apprécier les efforts du Secrétaire général pour réformer le système des Nations Unies.  Mais le financement reste un facteur décisif, tout autant que l’attention qui sera accordée aux pays sortant d’un conflit. 

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a rappelé que le monde traverse une période de stagnation économique, de mesures d’austérité, de menace croissante au multilatéralisme, de hausse du protectionnisme dans les pays riches, de déclin des partenariats pour le développement et de nouvelles menaces posées par les changements climatiques, sans parler de la quatrième révolution industrielle, qui ne sera pas une réalité pour tous.  Il a détaillé tous les progrès enregistrés par son pays dans le cadre des objectifs de développement durable, notamment un taux de pauvreté ramené à 21,4% et un taux d’extrême pauvreté à 11,3% en 2018.  Le Bangladesh a ainsi rempli les critères pour sortir de la catégorie des PMA et va se concentrer sur la diversification de son économie et la recherche de nouveaux marchés.  Sa vision de développement est de devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2021 et un pays développés d’ici à 2041, a précisé M. Momen.

M. ALAITHI (Iraq) a appelé les pays développés à appuyer l’investissement et le développement des pays en situation particulière comme l’Iraq, qui a besoin de redresser la situation de ses banques et de reconstruire le pays, après une guerre qui a déplacé plus de 6 millions d’Iraquiens et bousculé le commerce du pétrole.  Or ce secteur a constitué longtemps plus de 90% des ressources nationales iraquiennes, a-t-il rappelé.  Actuellement, l’Iraq travaille à faire revenir les réfugiés et à rebâtir les infrastructures en attirant les investissements étrangers.  Le représentant a appelé les donateurs à mettre en œuvre leurs engagements pour son pays, ce qui aurait en plus un impact positif sur toute la région. 

Les gouvernements iraquiens qui se sont succédé depuis 2003 ont accordé une grande importance à l’environnement, a-t-il poursuivi en indiquant que son pays est enclin à protéger ses ressources naturelles.  Mais le pays fait face à une grande sécheresse et à un accès réduit à l’eau.  Le secteur agricole est particulièrement touché, ce qui menace la sécurité alimentaire de la population.  C’est pourquoi l’Iraq demande aux pays voisins de respecter leurs engagements, afin de répartir l’eau de manière équitable et de respecter le besoin en eau des Iraquiens.  L’Iraq, qui a mené une guerre sans précédent contre le terrorisme, l’a menée au nom de tous les pays, et non en son seul nom, a jouté le délégué qui a appelé la communauté internationale à apporter leur soutien au redressement de son pays.

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a estimé que le travail de la Deuxième Commission est plus important aujourd’hui du fait que le multilatéralisme est remis en question.  De ce fait, la Commission doit renforcer son efficacité afin d’avoir une incidence pratique sur la vie des gens.  Le représentant a ensuite expliqué que le financement du développement durable passe par l’APD, les ressources nationales et une bonne gestion des affaires publiques.  Le pays soutient des moyens de financement innovants tels que les obligations vertes et les obligations liées aux objectifs de développement durable.  Inquiet de la montée du protectionnisme et des tensions commerciales, il a craint que cela accentue les effets négatifs du commerce multilatéral sur les pays en développement.  C’est pourquoi il a soutenu l’idée d’un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’OMC.

Le pays appelle en outre a une plus grande volonté politique pour faire face aux changements climatiques, car il faut mobiliser des moyens financiers, renforcer les capacités et partager les technologies pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques, ainsi que pour la résilience.  La Thaïlande est également d’avis que la clef de la réduction des risques de catastrophe est d’introduire ce concept, de manière transversale, dans les politiques nationales.  Pour le représentant, la réalisation des objectifs de développement durable nécessite des partenariats à tous les niveaux, y compris dans le cadre de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire.  C’est parce que la Thaïlande soutient les efforts de repositionnement du système des Nations Unies pour le développement que le pays a annoncé le déblocage d’un montant de 200 000 dollars afin de supporter le Fonds commun visant à faciliter l’application du Programme 2030, notamment dans le but de soutenir le nouveau système de coordonnateurs résidents.

M. RODRIGO ALBERTO CARAZO (Costa Rica) a indiqué que le Costa Rica présentera cette année à la Deuxième Commission un projet de résolution pour que le 7 juin soit déclaré « Journée mondiale de l’innocuité alimentaire ».  En effet, on estime que quelque 600 millions de personnes –soit 1 habitant de la planète sur 10- tombent malades chaque année après avoir consommé des aliments contaminés et que 420 000 en meurent.  Par ailleurs, le pays s’est félicité de l’adoption de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028).  Évoquant les bonnes pratiques commerciales qui permettent de créer un environnement favorable au développement, la délégation a plaidé pour un renforcement des plateformes de coopération qui permettent de partager les connaissances en matière fiscale.

Sur la question de l’environnement, le Costa Rica cherche à promouvoir une vision ambitieuse, en particulier pour ce qui est de la mise en œuvre de l’Accord de Paris et de la lutte contre les effets des changements climatiques.  La lutte contre la pollution doit faire partie du vocabulaire de tous, a fait observer M. Carazo, jugeant nécessaire que la Deuxième Commission s’empare des résultats de la troisième période de sessions de l’Assemblée des Nations Unies sur l’environnement.  Il a aussi réitéré l’importance d’intégrer dans le système des Nations Unies une vision multidimensionnelle du développement, qui aille au-delà du revenu par habitant, pour ainsi dépasser les critères de classification des pays et pour que la communauté internationale réponde mieux aux capacités et obstacles particuliers à chaque pays.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a souligné que la protection des droits de l’enfant et l’autonomisation des jeunes par le biais de l’éducation et l’accès au travail sont des facteurs déterminants du développement durable.  L’Argentine a accueilli en 2017 la quatrième Conférence mondiale sur l’éradication durable du travail des enfants de l’Organisation internationale du Travail (OIT), qui s’est traduite par la Déclaration de Buenos Aires, et va présenter une résolution pour déclarer 2021 Année internationale pour l’éradication du travail des enfants.

Quant à la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, qui aura lieu en Argentine en mars 2019, elle offre l’occasion de tirer les leçons des expériences des dernières décennies et de renforcer l’armature institutionnelle de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire à tous les niveaux.  Pour la délégation, cette coopération doit mieux accompagner les objectifs de développement durable et la participation à la transformation mondiale prévue par le Programme 2030.  Et cette conférence devrait appeler à l’intensification des efforts dans le développement des capacités et le transfert de technologie.  Elle devrait aussi contribuer à élargir les plateformes régionales et interrégionales.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a jugé nécessaire de lever les mesures coercitives imposées au Nicaragua, arguant que celles-ci constituent le principal obstacle à la réalisation des objectifs de développement durable dans le pays.  La Deuxième Commission, au cours des décennies à venir, devrait travailler de concert pour éradiquer la pauvreté, le plus important problème, selon lui.  Les responsabilités communes sont essentielles, a-t-il relevé, en soulignant que les pays en développement et les pays développés n’ont pas les mêmes devoirs, et que l’accès aux ressources financières et technologiques est important pour les pays en développement.

Fort d’une croissance économique de 4% et d’un programme qui a réduit la pauvreté, qui est passée de plus de 40% à 24% entre 2009 et 2016, le Nicaragua fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire les inégalités.  De leur côté, les pays développés doivent changer leurs modes de consommation, a estimé le délégué.  Face aux changements climatiques, le Nicaragua a lancé un appel à poursuivre les travaux en matière de réduction des risques et des catastrophes.  Par ailleurs, réitérant son soutien au peuple palestinien, il a fait remarquer que les peuples occupés ont également droit au développement et qu’il ne peut y avoir de cycle de développement détruisant les écoles et fermant les espaces au peuple palestinien.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a indiqué qu’une économie mondiale en bonne santé, soutenue par un système monétaire et des structures de commerce international efficaces, était un facteur clef de la réalisation des objectifs de développement durable.  Selon lui, la Mongolie pourra compter dans les années à venir sur de bonnes perspectives de croissance économique, afin de seconder les efforts du pays dans la mise en œuvre du Programme 2030. 

Face, par ailleurs, aux retombées, selon lui, insuffisantes de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, le représentant s’est félicité de la proposition du Secrétaire général de convoquer un Sommet sur le climat en 2019, afin de redynamiser les engagements pris dans la capitale française.  En tant que représentant d’un pays situé dans une zone propice aux catastrophes naturelles, M. Sukhee a réaffirmé l’intention de son pays de coopérer étroitement avec les États voisins, notamment la Russie et la Chine, pour renforcer sa résilience en cas de désastre.  Il s’est également dit très attaché à la coopération Sud-Sud, notamment pour promouvoir les intérêts des pays en développement sans littoral.

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a expliqué que son pays traverse depuis 2012 une crise multidimensionnelle qui entraîne de nombreux maux, comme la malnutrition et le sous-développement.  Il a souligné les efforts déployés par le Gouvernement, qui s’attelle à fournir des services de base comme l’eau, l’école et les services de santé.  Des projets à impact rapide visent en priorité les jeunes, les réfugiés et les déplacés.  Dans le cadre du processus du Programme 2030, le Mali a présenté un rapport national volontaire centré sur le renforcement de la paix et de la sécurité, la création d’emplois, le développement et l’accès équitable aux soins essentiels.  Le représentant a signalé des progrès notables en matière de sécurité routière, ainsi que dans le secteur agricole.  Le Mali a également un programme d’allocations aux ménages pauvres, qui vise d’aider 91 458 ménages d’ici au 31 décembre 2019.

Le Mali a aussi adopté une loi permettant d’augmenter le nombre de femmes élues; les femmes représentent 30% de l’effectif du nouveau gouvernement formé le 9 septembre 2018, a d’ailleurs souligné le représentant.  Réaffirmant le soutien total du Gouvernement malien aux réformes du système onusien pour le développement, ainsi que l’engagement du Mali à ne ménager aucun effort en vue d’atteindre les objectifs du Programme 2030, il a rappelé que ce dernier requerrait des moyens immenses qui font encore défaut à son pays.  Aussi a-t-il demandé aux États Membres d’honorer leurs engagements en faveur du Mali, faisant référence aux conférences de Bruxelles (mai 2013) et de Paris (octobre 2015).

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH, SR. (Libéria) a souligné l’importance des efforts visant à combler le fossé en matière d’infrastructures des pays en développement, qui sont cruciaux pour la réalisation des objectifs de développement durable.  De même, il est tout aussi important de traiter de la question de leur endettement, notamment en ce qui concerne les PMA.  Faire que l’ONU soit à la hauteur des peuples du monde signifie aussi réformer son système de soutien au développement, a noté le représentant en saluant les efforts engagés en vue du repositionnement de ce système. 

Au Libéria, le Gouvernement du Président George Weah a mis en place un plan national de développement intitulé « plan de développement en faveur des pauvres ».  L’une des priorités de ce plan est de parvenir à un développement qui réduise les inégalités, a-t-il expliqué, tout en relevant que le pays manque de ressources financières pour la mise en œuvre de ce plan.  Des partenariats sont donc nécessaires, aux niveaux régional et international, afin d’aider le Libéria à réaliser le Programme 2030.

M. PHAM ANH THI KIM (Viet Nam) a salué la volonté des signataires de l’Accord de Paris sur les changements climatiques d’accélérer sa mise en œuvre par une série d’actions climatiques mieux coordonnées et plus efficaces.  Il a appelé les partenaires du développement, en marge de ces initiatives, à appuyer davantage les pays particulièrement exposés aux effets négatifs des changements climatiques, comme le Viet Nam, afin d’améliorer leur degré de préparation et leur résilience.

S’agissant de la mise en œuvre du Programme 2030, le représentant a insisté sur le rôle clef du commerce international.  « Pour que les pays puissent sortir de la pauvreté et continuer de progresser, nous devons nous réengager en faveur d’un système d’échanges basé sur des règles, transparent, non-discriminatoire, ouvert et multilatéral », a-t-il affirmé.  Cela suppose, selon lui, de s’attaquer aux déséquilibres, aux discriminations et aux inégalités de l’ordre actuel, notamment en luttant contre les barrières commerciales et les distorsions sur les marchés mondiaux.

Le représentant a également insisté sur l’importance de réduire le fossé technologique entre pays développés et pays en développement, pour que ces derniers puissent profiter pleinement de la technologie Internet.  Enfin, le délégué vietnamien a tiré la sonnette d’alarme face au manque d’accès au financement, notamment l’APD, des États comme le sien situés dans le bas du panier des pays à revenu intermédiaire.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a insisté sur l’importance de replacer le débat dans le contexte de la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  « Il est nécessaire d’accélérer nos efforts pour honorer les engagements pris lors des Orientations de Samoa en 2014 », a-t-il enchaîné.  Appelant à reconnaître les propres capacités de chaque pays, il a attiré l’attention sur les PEID qui ont besoin d’aide pour réaliser les objectifs de développement durable.  Les Maldives ont la chance d’avoir développé des partenariats public-privé avec l'extérieur, « mais nous sommes encore en butte pour attirer les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs du Programme 2030 », a souligné le représentant.  M. Mohamed a en outre souhaité offrir un environnement favorable qui ne pénalise pas les pays à revenu intermédiaire.  Il a, enfin, invité les États Membres et le Secrétariat à contribuer davantage afin que les PEID puissent réaliser les objectifs de développement durable.   

M. TEODORO LOPEZ LOCSIN, JR. (Philippines) a souligné que la pauvreté extrême est un frein pour le développement et qu’il faut agir pour le bien des générations futures.  La réforme du système des Nations Unies pour le développement est essentielle pour que celui-ci retrouve sa grandeur d’autrefois, a ajouté le représentant, plaidant ensuite pour des mesures statistiques plus objectives pour les pays à revenu intermédiaire.  Les financements qui soutiennent les efforts de développement doivent en outre être durables et prévisibles et l’aide internationale doit être renforcée, a-t-il recommandé.  L’humanité est déjà au seuil de l’extinction et les défis sont gigantesques, a prévenu le représentant, espérant que le principe du consensus prévaudra durant les travaux de la Deuxième Commission.

Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne) a relevé que les travaux de la Deuxième Commission et le Programme 2030 revêtent une importance de plus en plus grande au sein de l’Organisation, mais elle s’est inquiétée de la lenteur des travaux et de l’incapacité des outils à répondre aux objectifs.  Elle a plaidé pour les pratiques suivies soient plus efficaces, davantage pertinentes, et pour qu’elles garantissent la transparence, le suivi et la coordination avec les gouvernements.  Si l'ONU veut vraiment que les objectifs de développement durable soient réalisés, il faut prendre clairement position contre les mesures unilatérales, qui aggravent la pauvreté et font des dégâts dans des secteurs importants comme la santé, l’éducation et l’énergie, a-t-elle poursuivi.  Venant à son pays, elle a fait valoir que la situation s’est stabilisée grâce aux succès enregistrés dans la lutte contre le terrorisme.  Si le Gouvernement syrien œuvre à remettre sur pied des régions détruites par ces terroristes, la représentante a réclamé le soutien de toute la communauté internationale pour reconstruire le pays.

Déléguée de la jeunesse du Mexique, Mme MEIGAN DIAZ CORONA a jugé fondamental de favoriser une croissance économique inclusive et de renforcer les politiques publiques pour tirer au mieux parti du potentiel de transformation de toutes les personnes, y compris les jeunes, les femmes, les migrants, les autochtones et les autres groupes vulnérables.  La déléguée a donné un aperçu des mesures concrètes de mise en œuvre du Programme 2030 prises par le Mexique, qui plaide pour une approche multidimensionnelle de la pauvreté, dont la création d’un Conseil national dédié à cette cause.

La déléguée a relevé quatre sujets d’intérêt majeur pour les travaux de la Deuxième Commission: l’évolution technologique rapide; un système commercial multilatéral inclusif basé sur des règles; les changements climatiques; et le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  Mme Diaz Corona a considéré qu’il fallait revitaliser les travaux de la Commission et surmonter les divisions entre pays développés et pays en développement afin d’être plus inclusif.  Certaines résolutions ne devraient être examinées que tous les deux ou trois ans, et ne pas chevaucher les travaux de l’ECOSOC, a estimé la délégation.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a réitéré qu’il est urgent que le système des Nations Unies pour le développement se dote de mécanismes multidimensionnels pour la mesure du développement et de la pauvreté car il n’est plus possible de continuer à appliquer des critères basés uniquement sur le revenu par habitant pour déterminer le niveau de développement d’un pays et sa classification dans une catégorie déterminée.  À cet égard, il a mentionné le concept de « développement en transition » dont discute l’OCDE et s’est félicité de la création par l’UE du mécanisme pour les pays en développement en transition qui se sera mis en œuvre à partir de janvier 2019.

Au sujet des migrations, M. Skoknic a réitéré qu’il s’agit d’un phénomène qui contribue au développement des pays d’origine, de transit et de destination s’il est géré de manière sûre et ordonnée et dans le respect des droits humains des migrants et du droit international.  S’agissant des changements climatiques, le représentant a considéré que les engagements de l’Accord de Paris sont essentiels et non négociables.  La prochaine COP24 devra marquer une étape importante pour sa pleine mise en œuvre, a-t-il espéré.

M. JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que son pays avait réformé son système fiscal afin de seconder l’aide extérieure au développement, ce qui a permis à la Tanzanie de doubler son assiette fiscale.  Le pays a également acté le caractère gratuit et universel de son éducation primaire et secondaire, tout en travaillant à renforcer son système de santé et en stimulant les investissements dans les infrastructures nationales.  En dépit de ces efforts de mobilisation des ressources nationales, M. Mero a reconnu que la Tanzanie, et les pays en développement en général, subissait toujours les pertes liées à l’évasion fiscale et aux flux financiers illicites.  Il a appelé la communauté internationale à résoudre ces problèmes systémiques par le biais du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale.  À ses yeux, l’objectif de ce comité devrait être de faire en sorte que les États n’érodent pas leurs assiettes fiscales réciproques, notamment en instaurant un ordre fiscal international « transparent et cohérent ».  Le représentant a également appelé à lutter contre la « corruption multinationale » et à allouer des ressources suffisantes pour permettre aux pays en développement de mettre en œuvre le Programme 2030. 

 

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