Soixante-treizième session,
6e séance – matin
AG/EF/3497-ECOSOC/6949

L’ECOSOC et la Deuxième commission examinent le potentiel de l’économie circulaire pour les objectifs de développement durable

La traditionnelle séance conjointe du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Deuxième Commission (questions économiques et financières) s’est penchée, cet après-midi, sur l’économie circulaire en faveur des objectifs de développement durable.  Le matin, la Deuxième Commission a terminé son débat général entamé lundi et abordé le point sur le logement et le développement urbain durable et sur le renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).

La Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Inga Rhonda King, a d’emblée posé les termes du débat conjoint de l’après-midi en expliquant l’intérêt de passer d’une économique linéaire -c’est-à-dire basée sur le principe du « fabriquer, consommer, jeter »- à une économie circulaire qui encourage la réutilisation et le recyclage.  Ce dernier concept implique une nouvelle façon de concevoir les produits, afin de repenser ce que peut être un déchet.

Comme l’a souligné M. Peter Thomson, Envoyé spécial de l’ONU pour les océans, ancrer les principes de l’économie circulaire dans le monde sera l’élément clef pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, car l’économie linéaire n’est pas durable.  Avec une consommation mondiale qui ne cesse de croître, l’humanité utilise les écosystèmes de la planète à un rythme 1,7 fois plus rapide que leur capacité de régénération, comme n’a pas manqué de le rappeler Mme King.   

Pour sa part, le Président de la Deuxième Commission, M. Jorge Skinner-Kleé Arenales, a invoqué le besoin d’un système économique intelligent, sectoriel, que définisse une croissance durable et équitable, face à une consommation presque frénétique, à l’origine de la dégradation de l’environnement et de la pollution.  « Notre planète est limitée.  La transition vers l’économie circulaire est une nécessité impérieuse. »

Les délégations ont ensuite participé à deux tables rondes, la première sur les politiques et plateformes pour la transition vers l’économie circulaire, la seconde sur les partenariats pour la mise en œuvre de ce modèle.

Les panélistes ont notamment évoqué les nécessaires changements de comportement induits par l’économie circulaire, par exemple en réutilisant ses vêtements 30 fois au lieu de 7 fois en moyenne ou en donnant les aliments que l’on ne va pas consommer plutôt que de les jeter.  Les consommateurs ont un grand rôle à jouer et les entreprises doivent y voir de nouvelles opportunités.  Pour l’un des panélistes, l’économie circulaire est d’abord un état d’esprit, un absolu vers lequel on doit tendre.  En conclusion, M. Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a relevé le potentiel sans pareil de l’économie circulaire, qui pourrait servir de moteur à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

En fin de matinée, la Secrétaire général adjointe et directrice exécutive d’ONU-Habitat, Mme Maimunah Mohd Sharif, a présenté à la Deuxième Commission les rapports du Secrétaire général sur l’application des décisions prises par la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains et la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable ainsi que sur le renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).  Elle s’est engagée à veiller à ce que le prochain plan stratégique 2020-2025 d’ONU-Habitat et le processus de changement interne permettent d’augmenter l’impact de cette agence onusienne.  Face à la situation financière déplorable d’ONU-Habitat, de nombreuses délégations ont plaidé pour un renforcement de l’agence et soutenu le processus de réforme de gouvernance en cours, estimant que son rôle est nécessaire face à l’urbanisation croissante et en articulation avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Les avantages d’ONU-Habitat sont nombreux, de l’avis du G77 qui a cité notamment l’objectif 11 de développement durable, qui vise à ce que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables.  La CARICOM a rappelé aussi que l’adoption, en octobre 2018, du Nouveau Programme pour les villes constituait une feuille de route pour les 20 années à venir pour des villes plus durables, par le biais d’actions holistiques dans les zones urbaines.  L’augmentation galopante de la population urbaine dans le monde entier n’a pas manqué de susciter l’inquiétude des délégations, en particulier des pays en développement.

En début de matinée, les délégations ont terminé le débat général entamé lundi.  Comme l’a souligné l’Estonie, le travail de la Deuxième Commission est plus important que jamais dans les trois dimensions –environnementale, économique et sociale- du développement durable.  La plus grande menace à ce développement est le changement climatique, avec pour corollaire les déplacements de population, et les objectifs prioritaires d’élimination de la pauvreté et de la faim ont été soulignés à plusieurs reprises.

La Deuxième Commission terminera son examen du point sur l’urbanisation durable demain, à partir de 10 heures, avant de se pencher sur les questions de politique macroéconomique.

Fin du débat général

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a souligné que le travail de la Deuxième Commission, qu’il a présidée lors de la soixante-douzième session, est plus important que jamais dans les trois dimensions du développement durable.  La plus grande menace à ce développement est le changement climatique, en particulier dans les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays côtiers de faible élévation, dont l’existence même est menacée.  Si la prochaine COP24 en Pologne suscite des espoirs, le représentant a demandé à la Commission de faire ses contributions sur les sujets liés aux effets des changements climatiques.

S’agissant de la dimension économique, la Commission a la responsabilité de faire sa part pour soutenir le financement du développement et mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba, a dit M. Jürgenson, en se concentrant en particulier sur les pays en situation particulière.  Quant à la dimension sociale, elle exige de redoubler d’efforts pour s’assurer que le travail de la Commission contribue à l’autonomisation des femmes et des filles.  Enfin, le représentant a rappelé que l’Estonie préside actuellement la quatrième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement et qu’elle se concentrera sur les solutions novatrices pour répondre aux défis environnementaux de même qu’en faveur d’une consommation et d’une production durables.

Mme MARIA HORTA RIBEIRO (Timor-Leste) a dit que le Timor-Leste était une jeune nation, avec une population jeune elle aussi, avec comme vision de devenir un pays à revenu intermédiaire pour 2030, basé sur une économie diversifiée, non dépendante du pétrole, axée sur le développement rural, l’agriculture, le tourisme, la pêche et le secteur manufacturier.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été intégré à la politique nationale du Timor-Leste, qui a mis en place un groupe de travail pour l’intégrer au développement.  Le pays souhaite créer des partenariats entre le gouvernement et le secteur privé.  En tant que, à la fois PEID, pays sortant de conflit et pays de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), le Timor-Leste a besoin d’une assistance appropriée pour qu’il ne devienne pas un État laissé pour compte, a-t-elle mis en garde.  Elle s’est félicitée de la résolution sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement, avant de saluer la Banque de technologies qui permettra de trouver des solutions pour le développement durable des PMA.

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a rappelé que la Bolivie s’est donnée depuis 12 ans pour objectifs prioritaires d’éliminer la pauvreté et de réduire les inégalités par le biais d’un modèle de développement qui s’inspire de la sagesse des peuples autochtones et qui soit en harmonie avec la nature, dont les résultats sont déjà patents.  L’extrême pauvreté est ainsi passée de 37 à 17% en une décennie et la malnutrition infantile a été réduite de moitié.  La représentante a aussi rappelé l’attachement de la Bolivie à la Terre Mère, s’alarmant des effets des changements climatiques.  Elle a estimé qu’il faut s’attaquer à ses causes structurelles et à la plus importante qui est le système capitaliste et ses modèles insoutenables de production et de consommation.

Mme MAKENA MUCHIRI (Kenya), a salué la décision du Secrétaire général d’organiser un Sommet de haut niveau sur le climat en 2019, expliquant que les changements climatiques affectent la vie de millions d’Africains et sont à l’origine de conflits autour des ressources de plus en plus rares, en particulier l’eau et les terres arables.  « Il s’agit d’une menace existentielle qui exige une attention immédiate », a martelé la représentante, ajoutant qu’elle coûte environ 3% du PNB tous les ans au Kenya.  Elle a appelé à renforcer les systèmes de production alimentaire durables, ainsi que la promotion du développement rural et l’autonomisation des petits fermiers dans les zones rurales, sachant que l’agriculture représente 24% du PNB et 27% de plus à travers des liens avec d’autres secteurs.

La représentante a souligné que les TIC sont essentielles pour la productivité et la compétitivité au Kenya, ce qui explique les investissements importants du Gouvernement dans ce domaine.  Toutefois, l’accès aux services de données à haut débit reste un défi, alors même que l’économie numérique représente un potentiel d’emploi important pour les jeunes, a-t-elle remarqué, saisissant l’occasion pour demander à l’ONU de s’impliquer activement dans la réduction de la fracture numérique dans le monde.  Elle a assuré que le Kenya continuerait à apporter son concours aux Bureaux du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et d’ONU-Habitat qui ont leurs sièges dans son pays, et elle a appelé les États Membres à soutenir les deux résolutions de la Deuxième Commission qui visent à renforcer les fonctions de ces deux « sièges du sud », conformément à l’article 88 du document final de Rio+20.

M. ENIAN LAMCE (Albanie) a qualifié d’« historique » le vote par l’Assemblée générale de la résolution sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  L’Albanie soutient la vision des réformes du Secrétaire général António Guterres et la concrétisation des objectifs de développement durable aux niveaux local, régional et international, a ajouté le représentant avant d’indiquer que, pour s’assurer de ses progrès, le Gouvernement albanais avait créé en 2017 un comité interministériel pour assurer le suivi national.  En juillet, l’Albanie a présenté son examen national volontaire au Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Le pays, a précisé le représentant, a présenté une stratégie de développement durable en parallèle à son projet d’intégration européenne: deux projets cohérents, a-t-il estimé.  Arguant ensuite que les États Membres ne peuvent agir seuls, il a appelé à encourager le secteur privé et la société civile à participer aux efforts, en soulignant aussi l’importance des investissements étrangers. 

M. ILKIN HAJIYEV (Azerbaïdjan) a souligné le rôle indispensable de la Deuxième Commission, qui doit faire preuve de leadership, avant de présenter les résultats atteints par son pays dans la mise en œuvre du Programme 2030 grâce à des feuilles de route stratégiques adoptées en 2016.  Il a aussi indiqué que son pays soutient les initiatives orientées sur les objectifs de développement durable qui sont menées par des institutions de la société civile, les mondes académique et des affaires, des associations professionnelles et d’autres partenaires encore.  Le représentant a attiré l’attention sur le rôle moteur du commerce dans la croissance économique et la réduction de la pauvreté, qui est donc un moyen important pour réaliser les objectifs de développement durable, avant de plaider aussi en faveur des partenariats et de souligner les problèmes de pays comme le sien, qui sont enclavés.  L’Azerbaïdjan contribue à la connectivité et aux échanges commerciaux dans la région, a-t-il dit, notamment grâce aux possibilités de transport.

Mgr BERNADITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint Siège, a déclaré croire que le développement ne peut être circonscrit à la seule croissance économique.  Le développement, pour être réel, doit être équilibré et permettre l’épanouissement de chaque personne, dans toutes ses dimensions, a-t-il précisé.  En prônant un développement humain complet, le Saint Siège veut s’assurer que les systèmes politique, économique et financier respectent la dignité de toutes les personnes et l’identité de toutes les nations.  L’an dernier, a poursuivi le nonce, il y a eu des tentatives dans les commissions de l’Assemblée générale de faire glisser l’attention portée sur le développement humain intégral vers des questions controversées: au lieu d’évaluer les besoins des personnes, nous débattions de droits sélectifs, en perdant de vue l’approche holistique centrée sur la personne humaine.

Mgr Auza a saisi cette occasion pour rappeler l’importance du respect des droits humains fondamentaux et de la dignité humaine dans la lutte contre la pauvreté, invitant à s’écarter de la rhétorique qui peut aboutir à une « approche élastique » et risque de saper le développement humain intégral.  C’est ce que le pape François a mis en lumière, a-t-il expliqué, en parlant de « colonisation idéologique » et de « réductionnisme anthropologique ».  Selon le Saint-Père, les « nouveaux droits » inventés depuis les soulèvements des années 1960 s’écartent de la vision de la personne humaine qui est à la base de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Les notions discutables de droits humains sont en porte-à-faux avec la culture de nombreux pays, a déclaré le nonce en citant le pape qui s’inquiète que ces pays ne se sentent pas respectés et que leurs besoins ne sont pas pris en compte.  Il a conclu en recommandant une approche basée sur les responsabilités pour équilibrer l’approche fondée sur les droits.

M. RAMZI LOUATI (Tunisie) a remarqué que le rapport des Nations Unies sur les objectifs de développement durable de 2018 avait recensé non seulement des progrès dans certaines régions, mais aussi des inégalités et des conflits, qui entraînent des déplacements de population et empêchent la réalisation des objectifs de développement durable.  Beaucoup d’États africains en sont victimes et sont marginalisés, a-t-il constaté en sollicitant le soutien des pays développés à leur égard.  Soucieuse de mettre en œuvre l’Agenda 2063 pour l’Afrique, la Tunisie a mis en place un plan national de progrès économique et de développement humain, mettant l’accent sur le bon fonctionnement de l’administration, le développement durable et l’économie verte.  Les réformes sur la lutte contre corruption et le respect des droits de l’homme sont aussi une priorité pour la Tunisie, qui a adhéré à plusieurs conventions et initiatives en ce sens.  Emploi, éducation, santé, surtout la santé reproductive, ont enfin été mis en avant par le représentant, pour qui l’autonomisation des femmes est un objectif fondamental. 

Mme CARLA MUCAVI, Directrice du Bureau de liaison de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a souligné que, parmi les questions importantes discutées à la Deuxième Commission, celle qui est la plus urgente est celle de l’insécurité alimentaire, car la faim augmente dans le monde.  Elle a prévenu que, dans ces conditions, le deuxième objectif de développement durable ne sera pas atteint dans les délais impartis.  Elle a rejeté la faute sur le climat, sur les conflits et sur le ralentissement économique.  Elle a aussi attiré l’attention sur les zones rurales qui sont en retard pour la réalisation des objectifs 1 et 2 (pauvreté et faim), pour l’accès à l’eau et à l’énergie, et pour d’autres objectifs encore.  Il faut, a-t-elle appelé, rendre le secteur agricole plus résilient et durable, soutenir l’agriculture familiale, créer des emplois décents dans les zones rurales comme urbaines, et renforcer la protection sociale. 

Mme CHANTAL LINE CARPENTIER, Directrice du Bureau de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à New York, a rappelé le rôle de cet organe pour améliorer la gouvernance économique mondiale et faciliter le consensus sur des questions épineuses.  Elle a espéré pouvoir participer au processus de discussion de la Deuxième Commission.

APPLICATION DES DÉCISIONS PRISES PAR LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS ET LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE LOGEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT URBAIN DURABLE ET RENFORCEMENT DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS (ONU-HABITAT) (A/73/307 et A/73/83–E/2018/62)

Déclaration liminaire

Mme MAIMUNAH MOHD SHARIF, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a présenté les rapports* du Secrétaire général sur ce point de l’ordre du jour et rappelé son engagement à veiller à ce que le prochain plan stratégique 2020-2025 d’ONU-Habitat et le processus de changement interne permettront d’augmenter l’impact de cette agence onusienne.  « Nous sommes dans une période de transition et nous devons prendre les bonnes décisions », surtout au regard de la situation financière de l’Organisation, afin de mieux soutenir les États Membres dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a fait valoir Mme Mohd Sharif.  « La Deuxième Commission vit donc un moment très important pour tous cette année. »

S’agissant des rapports proprement dits, la Secrétaire général adjointe a mis l’accent sur certaines activités d’ONU-Habitat et s’est dite encouragée par la coopération accrue avec les commissions régionales, de même que par le renforcement de la collaboration avec le reste du système des Nations Unies.  Les politiques urbaines nationales sont toujours un outil important et ONU-Habitat en suit les progrès avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  L’agence essaie également d’apporter son expertise urbaine à d’autres priorités mondiales.

S’agissant de la situation financière d’ONU-Habitat, Mme Mohd Sharif a reconnu qu’elle est très problématique et exige des mesures urgentes.  Ceci étant, elle a dit comprendre la nécessité de finaliser la réforme de la gouvernance de l’agence et a rappelé le processus de changement en cours, qui vise à améliorer notamment la responsabilité, la transparence, la confiance et l’efficacité.  Mme Mohd Sharif a terminé son intervention en espérant sincèrement que les délégations parviendraient à un consensus concernant la gouvernance d’ONU-Habitat.

Discussion générale

Mme SHEYAM HAMED ABDELHAMIED ELGARF (Égypte), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a rappelé les engagements pris dans le Nouveau Programme pour les villes.  Depuis sa mise en place au niveau mondial en 1976, la responsabilité d’ONU-Habitat a beaucoup évolué, a-t-elle remarqué: cet organe est chargé de l'examen du programme de développement des villes, et il travaille pour renforcer les capacités des pays dans le domaine et l’appropriation nationale des objectifs fixés.  Mais les défis d’urbanisation des années 70 sont devenus plus complexes, a-t-elle noté.  Il s’agit, pour ONU-Habitat, de trouver la meilleure réponse possible, au cas par cas, en fonction de la santé économique des États Membres.

Les avantages d’ONU-Habitat sont nombreux, de l’avis du G77 qui a prôné son renforcement et une augmentation des fonds alloués à la réalisation des objectifs de développement durable.  La représentante a cité notamment l’objectif 11 de développement durable (Ville et développement durable), qui vise à ce que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables.  Le besoin de financer ONU-Habitat est urgent, a-t-elle souligné.  Ces actions doivent être renforcées aux niveau national et international, a conclu la représentante, qui a dit espérer des négociations constructives au cours des années à venir.  

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné le défi de tailles que représente pour cette région le développement continu et l’urbanisation durable, car on estime qu’environ 90 millions d’habitants s’installeront dans les villes d’ici 2030, ce qui fera passer la part de la population urbaine dans la population totale à 45%.  Il a fait remarquer que la tendance à l'urbanisation est fortement influencée par la croissance des villes de poids moyen (200 000 à 2 millions d’habitants), alors que ces villes n’ont pas encore la capacité à faire face aux pressions de l'urbanisation.  L’ASEAN, qui veille à ce que les efforts soient intensifiés pour le développement des infrastructures, a récemment établi le principal organe d’exécution du Plan directeur ASEAN 2025 sur la connectivité dans le domaine stratégique de développement durable, a dit le représentant en signalant que les besoins annuels en infrastructures de l’ASEAN sont d’au moins 110 milliards de dollars.

Pour l’avènement de villes durables, l’ASEAN a adopté une feuille de route 2025 axée sur la communauté socioculturelle et créé un réseau de villes intelligentes.  La délégation a aussi fait part des résultats du neuvième Forum urbain mondial qui s’est tenu cette année à Kuala Lumpur (Malaysie).  Les participants ont notamment reconnu que le succès de la mise en œuvre du Nouveau Programme sur les villes requiert la participation de plusieurs parties prenantes et une bonne collaboration.  Enfin, le représentant a soutenu les efforts visant à faire d’ONU-Habitat un système transparent, responsable et efficace, et reconnu le rôle critique du groupe de travail à composition non limitée.  Il s’est félicité de la collaboration accrue entre ONU-Habitat et le système des Nations Unies pour le développement.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a réaffirmé son engagement en faveur du développement urbain durable, ajoutant qu’il faut revoir la planification urbaine et l’aménagement du territoire urbain, ce qui contribuera notamment à une croissance économique durable et à l’égalité entre les sexes.  La CELAC dispose d’un plan d’action régional 2016-2036 et reconnaît les villes en tant que bien public au niveau marcoéconomique où tous les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux sont garantis.

Le représentant a invité ONU-Habitat à coopérer avec d’autres programmes du système des Nations Unies, avec les États Membres et les autorités locales pour créer des orientations pratiques pour la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a lancé un appel à maintenir un équilibre entre les recommandations du Groupe de travail à composition non limitée.  En outre, la CELAC estime qu’il est nécessaire de mettre en place un mécanisme de suivi et d’examen afin de garantir la cohérence au niveau régional, national et mondial.

Mme SHEILA GWENETH CAREY (Bahamas), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a estimé que l’adoption, en octobre 2018, du Nouveau Programme pour les villes, constituait une feuille de route pour les 20 années à venir pour des villes plus durables, par le biais d’actions holistiques dans les zones urbaines.  D’ici à 2030, la plupart des habitants de la zone Caraïbes sera urbanisée, « trop souvent dans un habitat informel, près du littoral et menacé par les catastrophes », a-t-elle déploré.  Pour protéger les habitants du littoral, et pour se prémunir des attaques de la mer, il faut améliorer l’urbanisation et l’accès à l’eau potable, ainsi que réévaluer les modes de consommation.

La CARICOM a réaffirmé que le Nouveau Programme pour les villes donnait la priorité à l’eau et l’assainissement, aux changements climatiques et à la résilience.  La mise en œuvre des objectifs de développement durable, et notamment le 11, doit être réalisée coûte que coûte, a-t-elle lancé.  Elle a notamment recommandé que d’autres organes des Nations Unies œuvrant en faveur de l’assainissement de l’eau soient associés aux campagnes d’ONU-Habitat.  Toutes les mesures pour aider les États Membres à s’adapter aux changements climatiques sont bienvenues, a-t-elle conclu, plaidant pour un avenir durable et inclusif.

Au nom du Groupe des États arabes, M. KHALID SAEED MOHAMED AL SHUAIBI (Oman) a évoqué l’urbanisation rapide dans les pays arabes et la création de bidonvilles en périphérie des villes, raison pour laquelle le Groupe estime que cette situation devrait être prise en compte par ONU-Habitat et dans le cadre des autres discussions sur le développement urbain.  La Ligue des États arabes a adopté une stratégie pour des villes durables et résilientes qui mène jusqu’en 2030, a indiqué le représentant.  Il a précisé que 6 cibles et 25 objectifs couvrant tous les aspects des établissements humains ont été définis et que des progrès ont été enregistrés, comme par exemple sur les équipements des logements.

Étant donné l’émergence de groupes extrémistes, le nombre de réfugiés et de migrants a augmenté, ce qui pèse sur les États de la région, a poursuivi la délégation.  L’assistance humanitaire ne doit pas être considérée comme une partie intégrante de l’aide au développement, a averti le représentant, regrettant, en particulier, la baisse du budget de l’Office des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

M. SHRI ARVIND GANPAT SAWANT (Inde) a souligné l’urbanisation rapide dans le monde: d’ici à 2050, plus des deux tiers de la population mondiale vivra dans des villes, ce qui touche en particulier les pays en développement.  Il a souligné les synergies entre le Nouveau Programme pour les villes et le Programme 2030, l’Accord de Paris, le Plan d’action d’Addis Abeba et le Cadre de Sendai.  Sachant qu’un sixième de la population mondiale vit en Inde, la question de l’urbanisation est devenue cruciale pour la croissance économique et la lutte contre la pauvreté, a-t-il expliqué, rappelant que les zones urbaines génèrent d’ores et déjà 90% des revenus de l’État.

Il a fait état d’un certain nombre de mesures « dynamiques et innovantes » prises par l’Inde pour accompagner l’urbanisation rapide, notamment le programme d’assainissement et d’hygiène le plus large au monde –la Mission Swachh Bharar– dont l’objectif est d’éradiquer le problème de la défécation en plein air et de parvenir à une gestion scientifique des déchets d’ici le 2 octobre 2019, date qui correspond au cent-cinquantième anniversaire de Mahatma Ghandi.  La Conférence Mahatma Ghandi sur l’assainissement à Delhi a d’ailleurs eu lieu la semaine dernière, à laquelle ont participé les dirigeants de plus de 50 pays et le Secrétaire général de l’ONU.  Un autre programme -le Pradhan Mantri Awas Yojana– vise à fournir aux pauvres plus de 11 millions de logements abordables d’ici à 2022.  Parallèlement, le pays investit largement dans la connectivité avec les villes de taille moyenne et plus petites dans le but d’alléger la charge des grandes villes, en utilisant des énergies propres et vertes.

Mme REEM AL SAUD (Arabie saoudite) a détaillé la vision de son royaume concernant le développement de villes durables, sûres, résilientes, conformément à l’objectif 11 de développement durable.  Le Nouveau Programme pour les villes adopté à Quito a été essentiel, en créant un « nouveau paradigme », et en permettant à ONU-Habitat de lancer des programmes novateurs, a-t-elle noté.  Témoin d’une urbanisation galopante, l’Arabie saoudite compte plus de 250 villes, et élabore pour elles des stratégies en phase avec le Programme 2030.  Le pays tente de renforcer ses capacités et ses infrastructures en prenant en compte toutes les composantes de sa société, notamment les femmes et les handicapés.

Pour le représentant de la (Fédération de Russie), l’augmentation galopante de la population urbaine dans le monde exige de se pencher sérieusement sur le développement urbain durable.  Le programme ONU-Habitat doit absolument être réformé et sa base financière renforcée, a estimé le représentant.  Pour sa part, la Russie redouble d’efforts pour le développement urbain et enrichit sa collaboration avec ONU-Habitat.  Le représentant a remercié le secrétariat et la directrice exécutive du Programme pour leur volontarisme et leur participation aux diverses manifestations qui ont eu lieu en Russie sur la question.

Mme LEILA CASTILLON LORA-SANTOS (Philippines) a indiqué que la population urbaine devrait représenter plus de 80% de la population totale du pays d’ici peu.  Pour faire face à ces défis, les Philippines ont adopté un cadre pour le développement urbain durable, se concentrant sur des communautés plus ouvertes et résilientes.  La représentante a réaffirmé l’engagement des Philippines en faveur d’ONU-Habitat, qu’elle a souhaité transparent et responsable.

M. ADRIAN TAN (Singapour) a rappelé que d’ici à 2050, il y aura 2,5 milliards de personnes de plus dans des villes, et que 95% de cette croissance urbaine se fera dans les pays en développement.  Il a insisté sur l’urgence de se pencher sur une urbanisation durable et inclusive, en tirant parti de la technologie et de solutions digitales notamment.  Pour sa part, Singapour a toujours cherché un équilibre entre protection de l’environnement, développement économique et inclusion sociale, sur la base d’une approche holistique à long-terme et d’une planification urbaine intégrée, en collaboration avec toutes les parties prenantes et à travers des partenariats.  Le représentant a ensuite passé en revue un certain nombre de réalisations de son pays comme son plan cadre « Smart urban habitat » (SUH), ou encore le programme « super low energy » (SLE) ainsi que le Programme pour les villes de demain et les investissements en recherche et développement.  En tant que président de l’ASEAN, Singapour a également poussé à la création du réseau des villes intelligentes de l’ASEAN, dont 26 villes font partie.  Enfin, le représentant a encouragé les investissements pour tirer parti des nouvelles technologies dans ce domaine.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria) s’est félicité de la Déclaration de Kuala Lumpur sur les villes 2030, estimant que sa mise en œuvre peut accélérer la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  Le rôle central des villes dans le développement durable est pris en compte, et c’est encourageant, a-t-il noté avant d’indiquer que le plan de développement national au Nigéria est en droite ligne de l’Agenda 2063 de l’Afrique.  Convaincu que le Programme 2030 est une opportunité pour bien planifier les villes, car il prend en considération le principe du droit au logement adéquat, le Nigéria a reconnu qu'il lui fallait des stratégies à court terme, immédiates, et qu’ONU-Habitat pouvait l’aider.  Il a aussi appelé à prendre en compte la multiplication de bidonvilles due à l’exode rural, l’expansion commerciale et l’activité industrielle dans la plupart des villes, et le fait que les centres d’enseignement supérieur se trouvent tous dans les villes.  Pour traiter son urbanisation rapide, le Nigéria veut notamment s’attaquer au problème du chômage des jeunes, a dit le délégué. 

M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a souhaité renforcer les mécanismes et la gouvernance d’ONU-Habitat pour mieux répondre aux défis de l’urbanisation.  Il a aussi plaidé pour que l’on « relève le montant du financement de base et des financements pré-affectés » pour les ressources d’ONU-Habitat.  Un nouveau plan stratégique est nécessaire pour 2020-2025 pour cet organe, a-t-il aussi souligné.  Le représentant a expliqué que le Népal fait face à une urbanisation croissante du fait de l’afflux dans les villes de personnes en recherche d’opportunités, mais les défis sont nombreux en matière de logement, de sécurité et de protection de l’environnement. Enfin, il a indiqué que, en tant que pays en développement sans littoral, le gouvernement népalais travaille à rendre ses villes durables et résilientes.  Il a toutefois prévenu que des investissements et des partenariats extérieurs seront nécessaires.  

Pour renforcer la mise en œuvre du Programme pour les villes, a dit Mme CRISTIANE ENGELBRECHT SCHADTLER (République bolivarienne du Venezuela), il faut rappeler l’importance de la coopération internationale, notamment en matière de transfert de technologie.  Pour sa part, le Venezuela se fait garant que les familles puissent avoir accès à un logement.  Le Gouvernement en a fourni un à plus de 2 millions de familles pauvres, ce qui participe à l’élimination de la pauvreté, a indiqué la représentante avant de signaler que le Venezuela a aussi adopté un programme d’aide à la construction ou à la reconstruction de logements.

M. IRAWAN (Indonésie) a évoqué les défis rencontrés par de nombreux pays confrontés à une urbanisation croissante, en ce qui concerne la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes.  Les bidonvilles et l’exclusion sociale ne font que renforcer le problème et la communauté internationale doit se mobiliser davantage, a-t-il plaidé.  Des actions locales doivent aussi être mises en place, a continué le représentant, ajoutant que les villes doivent être durables, surtout face aux risques induis par les changements climatiques, et qu’il faut améliorer le renforcement des capacités des pays touchés par des catastrophes naturelles.  Quant à la réforme d’ONU-Habitat, il est temps d’obtenir des résultats concrets et d’avancer, a conclu le représentant, qui s’est dit favorable à un organe de décisions majeures dans lequel tous les États Membres seraient représentés et un organe plus restreint assurant la gestion.

M. LU YUHUI (Chine) a souligné que l’année 2018 est importante dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030 et que la communauté internationale devrait prendre des actions pour aider les pays en développement à renforcer leurs capacités.  Pour sa part, ONU-Habitat doit jouer un rôle de coordonnateur pour que le monde parvienne à un développement urbain durable, a-t-il estimé. Évoquant l’évolution de ce programme, le représentant a estimé que sa nature intergouvernementale devait être maintenue et a plaidé pour une adoption de la réforme par consensus.  Le principe de responsabilité commune mais différenciée devrait être respecté pour s’assurer d’un financement adéquat de l’agence, a-t-il ajouté.

Plus de 80% des Brésiliens vivent en zone urbaine, a noté M. PHILIP FOX DRUMMOND GOUGH (Brésil), c'est pourquoi le Brésil est convaincu que la mise en œuvre des objectifs de développement durable nécessite la participation de toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements locaux et la société civile.  Les institutions comme ONU-Habitat doivent être renforcées, selon lui.  Dirigeant le groupe de travail de la résolution 72/226 pour examiner le renforcement du suivi des États Membres sur ONU-Habitat, le Brésil travaille pour instituer de bonnes règles et régulations financières, ainsi que sur le personnel et les affaires budgétaires.  Le Brésil est convaincu que la nouvelle structure recommandée par le groupe de travail pourrait résoudre le décalage entre les fonctions normatives et opérationnelles du programme, ainsi que les problèmes de disproportion entre les ressources de base et les fonds de coopération technique dans le budget du Programme.  Un problème, a rappelé le représentant, soulevé dans le rapport du Secrétaire général sur le sujet.  Le Brésil est convaincu que la nouvelle structure suggérée par le groupe de travail permettrait à ONU-Habitat de vaincre les périls financiers auxquels il fait face.

M. LEULSEGED TADESE ABEBE (Éthiopie) a réaffirmé la fonction « essentielle » d’ONU-Habitat pour une croissance inclusive.  La mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes nécessite une transition à tous les niveaux, et l’Éthiopie souhaite préserver le rôle d’ONU-Habitat pour les petits pays et les pays les moins avancés.  Cet organe devrait bénéficier de davantage d’appui politique et de financement, a-t-il souligné.  Le programme de logement intégré du Gouvernement éthiopien a permis la construction de 200 000 logements et de créer des emplois pour la jeunesse, s’est-il réjoui en saluant ONU-Habitat qui a joué un rôle dans ce processus.  Pour lutter contre le chômage urbain, l’Éthiopie tente de mettre en place un tissu de PME et de former sa population.  Consciente des défis, le Gouvernement éthiopien est convaincu que la transformation urbaine pourrait être un catalyseur de croissance, et mettra tout en œuvre pour le développement durable des villes, espérant, pour ce faire, le soutien de la communauté internationale.

M. ANDANJE (Kenya) s’est félicité des activités menées par ONU-Habitat, constatant que les responsabilités d’ONU-Habitat ont constamment évolué au fil du temps, et qu’il aidait les gouvernements nationaux à intégrer le Nouveau programme pour les villes, et les objectifs de développement durable appliqués dans le contexte urbain.  La réforme d’ONU-Habitat est un sujet qui revient depuis 14 ans, a-t-il souligné; il est convaincu que la résolution A/72/226 permettra de changer l’organisation de manière décisive.  Il a qualifié sa situation financière de déplorable, alors que seul un ONU-Habitat renforcé permettrait la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Kenya a appelé les États Membres à soutenir la réforme d’ONU-Habitat durant la prochaine Assemblée générale.  Le Kenya soutient de façon univoque les réformes, et souhaite donner un nouveau souffle à l’organisation.

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) s’est dit conscient du fait que la croissance économique et le développement avaient des conséquences contrastées sur l’urbanisation.  Le scénario d’une hausse de 68% des personnes vivant en zone urbaine d’ici à 2050 invite tous les États Membres à se pencher sérieusement sur cette question, a noté le représentant.  La Malaisie soutient les efforts de réforme d’ONU-Habitat pour qu’elle soit plus efficace et qu’elle contribue à faire émerger des solutions novatrices aux problèmes auxquels les villes seront confrontées.  La mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes, l’adoption de partenariats collaboratifs et le développement d’une culture de créativité pour des solutions novatrices sont nécessaires.  Une coopération internationale accrue est également indispensable pour relever les défis de l’urbanisation durable, a-t-il conclu.

M. ALAMI (Maroc) a également relevé la forte croissance de l’urbanisation, qui engendre des problèmes d’ordre économique, social et environnemental.  En 2030, 50% des Africains vivront en milieu urbain, a-t-il relevé.  Au Maroc, les villes demeurent des pôles de création d’emploi et de croissance mais, a-t-il reconnu, elles sont aussi source d’émissions de gaz à effet de serre.  Bien que des progrès soient réalisés, des défis persistent quant à la gestion urbaine et à la maîtrise du foncier, à la préservation de l’identité des villes, à la cohésion sociale et à la maitrise du respect de l’environnement.  En conclusion, le représentant a réaffirmé le soutien du Maroc à ONU-Habitat.

M. VILIAMI VAꞋINGA TŌNĒ (Tonga) s’est félicité des rapports présentés par la Secrétaire générale adjointe sur les défis multiples de l’urbanisation et le potentiel du Nouveau Programme pour les villes.  Le représentant a plaidé pour que les villes et les établissements humains reçoivent les ressources nécessaires et estimé que des partenariats sont essentiels pour qu’ils soient durables, en particulier dans les petits États insulaires en développement.  Tonga a une population très urbanisée et non loin des mers, donc de zones vulnérables aux effets des changements climatiques, dont l’élévation du niveau des mers.  Le représentant a dit que Tonga a adopté une nouvelle loi en 2012 pour améliorer l’urbanisation et la gestion foncière et a remercié ses partenaires qui ont permis de redoubler d’efforts pour améliorer l’urbanisation durable.

M. AKAMBA (Cameroun) a soutenu pleinement ONU-Habitat.  Fort d’une démographie urbaine accélérée, le Gouvernement camerounais a organisé la construction publique et privée de logements sociaux à Yaoundé et Douala.  Toutefois, a-t-il indiqué, le Cameroun a besoin de davantage de ressources financières pour maîtriser sa croissance urbaine, assurer l’occupation rationnelle des sols, promouvoir et protéger l’environnement.  Le représentant a qualifié de bienvenue la coopération d’ONU-Habitat et souhaité le renforcement des missions et des ressources de cet organe.  

Mme AL-ALI (Émirats arabes unis) a dit que son pays était témoin d’une urbanisation galopante.  Pour y faire face, les Émirats arabes unis cherchent à inclure leurs jeunes et à les recruter comme consultants pour la réalisation de l’objectif 11, a-t-elle indiqué.  Insistant sur les valeurs de tolérance et d’inclusion, la représentante a rappelé que les services de l’État étaient destinés à tous.  Elle a invoqué la création par les Émirats arabes unis d’une nouvelle ville sans empreinte carbone, dont l’énergie est renouvelable. 

RÉUNION CONJOINTE DE LA DEUXIÈME COMMISSION ET DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL:

« L’économie circulaire dans la pratique »

Déclarations liminaires

À l’entame de la discussion, Mme INGA RHONDA KING, de Saint-Vincent-et-les Grenadine, en sa qualité de Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a expliqué l’intérêt de passer d’une économie linéaire -c’est-à-dire basée sur le principe du « fabriquer, consommer, jeter »- à une économie circulaire, où les produits peuvent être réutilisés.  Ce dernier concept implique une nouvelle façon de concevoir les produits, afin de repenser ce que peut être un déchet.  « Ce besoin de changement structurel est nécessaire si nous voulons réaliser les objectifs de développement durable et un développement plus durable en général », a-t-elle souligné.   Mme King a appuyé son propos en indiquant qu’avec une consommation mondiale qui ne cesse de croître, l’humanité utilise les écosystèmes de la planète à un rythme 1,7 fois plus rapide que leur capacité de régénération. 

Les modèles de l’économie circulaire, a poursuivi la Présidente de l’ECOSOC, vont au-delà de l’objectif 12 de développement durable, relatif à la consommation et à la production responsables.  Elle a noté que l’homme moderne veut remporter ce qu’il considère comme une bataille contre la nature.  « Or, s’il vainc la nature, il perdra », a-t-elle prévenu.  La distinction entre revenu et capital est absolument nécessaire ici, a-t-elle poursuivi.  Une distinction qui est d’ailleurs appliquée par tous les économistes, sauf pour la base sur laquelle le capital économique s’est érigé: la nature.  Mme King a expliqué que le modèle circulaire veut changer les esprits.  Il va au-delà de l’objectif 12, a-t-elle ajouté en précisant qu’il concerne beaucoup d’autres objectifs de développement durable comme le 11 (villes durables), le 14 (changements climatiques) et le 15 (vie terrestre).  « Il s’agit de trouver des solutions qui nous éloignent d’un modèle économique intenable », a-t-elle conclu. 

Il s’agit pour l’homme d’utiliser les ressources à meilleur escient, a enchaîné le Président de la Deuxième Commission, M. JORGE SKINNER-KLEÉ ARENALES, du Guatemala.  Il a remarqué que le monde est témoin d’une augmentation sans précédent des ressources, du fait de l’industrialisation des économies émergentes, avec des niveaux élevés de consommation de produits –« presque frénétique », pour les transformer en déchets, parfois sans même les avoir utilisés.  Cette consommation linéaire est à l’origine de la dégradation de l’environnement et de la pollution; elle est en outre créatrice d’inégalités.

M. Skinner-Kleé a invoqué le besoin d’un système économique intelligent, sectoriel, que définisse une croissance durable et équitable.  L’économie circulaire, a-t-il poursuivi, peut fournir des opportunités d’emploi et des solutions pour des problèmes graves, comme les problèmes de santé et d’assainissement dans les pays en développement.  Elle permettrait de rendre les industries plus vertes, et les techniques de production plus propre; elle pourrait aider à éliminer la pauvreté et à augmenter l’inclusivité.  « Les circuits linéaires, non durables, sont une impasse », a répété M. Skinner-Kleé.  « Notre planète est limitée.  La transition vers l’économie circulaire est une nécessité impérieuse. »

Associé à ce débat par l’intermédiaire d’un message vidéo, M. PETER THOMSON, Envoyé spécial des Nations Unies pour les océans, a déclaré qu’il était intimement convaincu qu’ancrer les principes d’économie circulaire dans les pratiques sera la clef pour réaliser les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur le long terme.  Dénonçant « l’épuisement des produits de base et des ressources », ainsi que « la pollution des fondements de la survie de l’humanité », M. Thomson a ciblé le plastique, « produit du génie humain, mais dont nous sommes dépendants », et qui restera un problème tant qu’il n’est pas biodégradable, selon lui.  M. Thomson a fait appel à toutes les bonnes idées pour faire avancer la cause de l’approche circulaire. 

Table ronde sur les politiques et plateformes pour la transition vers l’économie circulaire

En tant que modérateur de cette première table ronde consacrée à l’économie circulaire, M. MICHAEL SHANK, Directeur de la communication de l’Alliance des villes neutres en carbone, a choisi de se baser sur la définition en trois points de la Fondation MacArthur: concevoir les déchets et la pollution, maintenir les produits en usage et régénérer les systèmes naturels.  « Nous n’avons plus que 12 ans pour parvenir à un mode de consommation plus durable », a-t-il souligné pour citer les engagements pris par le Programme de développement durable à l’horizon 2030, et, selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il faut arriver à tripler les énergies renouvelables.  « Nous devons aussi cesser de consommer autant de viande, nous devons nous déplacer plus lentement et nous devons réduire la taille de nos familles », a encore cité comme exemples le modérateur.  Mais comment encourager les changements de comportement?  Il a noté que le recyclage commence à être accepté pour les vêtements, que l’on va par exemple réutiliser 30 fois au lieu de 7.

Les définitions de l’économie circulaire sont nombreuses, a constaté M. KEVIN DE CUBA, Fondateur de la plateforme pour l’économie circulaire des Amériques, qui prépare aussi un Forum de l’économie circulaire des Amériques.  Pour lui, cette table ronde est une bonne occasion d’étudier la question au sein de l’ONU pour aboutir à une définition cohérente et unique de cette économie.  La raison d’être de la plateforme qu’il a fondée, constituée de plus de 35 experts, est de renforcer les capacités régionales et de comprendre les besoins locaux. M. de Cuba a constaté que de nombreuses universités ont commencé à concevoir des programmes autour de l’économie circulaire dans les Amériques, en relevant ce progrès qui permet de se rapprocher de l’Europe, plus en avance sur cette question.  La plateforme tente de sensibiliser aux avantages de l’économie circulaire en se concentrant sur l’éducation et la communication.  Il a noté également que cette question intéresse davantage les ministères du commerce et de l’industrie, qui s’intéressent à cette nouvelle façon de produire, que ceux de l’environnement, qui y voient une meilleure gestion des déchets.

Il y a un certain scepticisme quant à la durabilité du modèle économique actuel, a relevé pour sa part Mme ELENA SIMINA LAKATOS, Présidente fondatrice de l’Institut pour la recherche sur l’économie circulaire et l’environnement Ernest Lupan (IRCEM) et Représentante de la plateforme européenne de l’économie circulaire, en définissant l’économie circulaire comme « un système qui crée un monde sans déchets, comprenant la biosphère, la technosphère et l’humanosphère ».  La plateforme est gérée par l’Union européenne (UE) et son objectif est de promouvoir l’économie circulaire auprès des États membres de l’UE, des entreprises, des organisations de la société civile, pour permettre une transition vers l’économie circulaire et rechercher les pratiques optimales.  Quant à l’IRCEM, qui identifie les meilleures pratiques et les obstacles, il effectue des recherches en Roumanie.  Mme Lakatos a constaté un manque au niveau de la législation et de l’éducation.  Parmi les bonnes pratiques, elle a cité la régénération de matériaux bruts ou la réutilisation de matériaux utilisés dans l’industrie.  Autre bonne pratique concrète: favoriser le don d’aliments sur le point d’être périmés à des sans-abri ou des écoles plutôt que de les jeter.

Dernier panéliste de cette table ronde, M. LAWRENCE CHIDI ANUKAM, Directeur général de l’Agence pour les normes environnementales nationales du Nigéria (NESREA), a donné le point de vue d’une agence de protection de l’environnement et indiqué qu’il avait perçu une évolution par rapport à l’économie circulaire.  Ainsi, la production de produits chimiques, par exemple de plastique, a été longtemps considérée comme un progrès, alors qu’aujourd’hui on en mesure les dégâts sur l’environnement et la santé, a-t-il expliqué.  En guise d’illustration, il a montré des photos de dégradation des sols, de pollution ou de décharges sauvages dues à l’économie linéaire, puis en a listé les effets sur la santé.  Ainsi les concepts de développement durable, d’économie verte, de consommation et de production durables et enfin d’économie circulaire sont apparus, a-t-il poursuivi.  Quand un produit ne semble plus être utile pour certains, il peut l’être pour d’autres.

L’expert a donné l’exemple du Nigéria où la réglementation sur la responsabilité des producteurs essaie de promouvoir l’économie circulaire, en termes de gestion des déchets, de promotion d’emploi vert, d’amélioration des performances environnementales, de recyclage.  L’agence NESREA a conçu une dizaine de règlements ou lois depuis 2009 et veille à ce que les entreprises nationales comme les multinationales respectent les mêmes normes.  Une meilleure prise de conscience du public est nécessaire pour faire avancer l’économie circulaire, même si celle des consommateurs est déjà à la hausse, par exemple sur la nécessité de moins utiliser de plastique.  Par ailleurs, M. Chidi Anukam a été très surpris de la façon dont de grosses industries ont accueilli favorablement le concept de responsabilité des entreprises.

Enthousiasmée par le sujet, la représentante du Nigéria a demandé si les pratiques optimales mentionnées pourraient être transposées ailleurs en Afrique, en tenant compte des différences économiques, sociales et culturelles.  Ce à quoi Mme Lakatos a répondu qu’il est possible de reproduire de bonnes pratiques en Afrique, même si l’innovation peut être coûteuse dans les processus industriels.

À une autre question du Nigéria sur les obstacles auxquels il a dû faire face, M. Chidi Anukam a répondu que le concept de responsabilité commune mais différenciée n’est pas suffisamment intégré, et que c’est aux grandes entreprises de montrer l’exemple aux petites, ce que d’ailleurs elles commencent à faire.  Il faut susciter une prise de conscience, a-t-il recommandé en avertissant que c’est un processus de longue haleine.  Pour le Maroc, les collectivités locales et le secteur privé peuvent jouer un rôle moteur pour adopter l’économie circulaire.

La Norvège a, pour sa part, rebondi sur les propos de M. Thomson au sujet des déchets marins, l’une des plus grandes préoccupations à l’heure actuelle.  Les déchets plastiques traversent les océans et une action collective est nécessaire, a-t-elle estimé, ajoutant que l’industrie doit commencer par produire des produits réutilisables.  La question des plastiques a suscité plusieurs commentaires au cours de cette table ronde.  Pour transmettre un message sur l’utilisation efficace des ressources, M. de Cuba s’est demandé, par exemple, pourquoi ne pas revoir la matière même du contenant au lieu de chercher à minimiser l’épaisseur des bouteilles en plastique.

Le G77 et la Chine, par la voix de l’Égypte, a souligné que le Programme 2030 fournit un cadre mondial adapté pour ce changement d’économie.  Les entreprises multinationales doivent adopter des pratiques durables et les États améliorer les schémas de production et de consommation, a-t-il plaidé.  De l’avis de l’Union européenne, l’économie circulaire est en effet une approche très prometteuse non seulement pour le découplage de la croissance mais aussi pour le programme de développement durable et la lutte contre les changements climatiques. Nous pouvons améliorer l’efficacité des ressources et parvenir à la prospérité tout en réduisant les pressions sur l’environnement, a dit la représentante.  Mais l’économie circulaire ne peut fonctionner qu’au niveau international en raison de l’intégration des chaînes de valeur, a-t-elle conclu.

Tables rondes sur les partenariats pour la mise en œuvre de l'économie circulaire 

M. CAROL LEMMENS, Directeur d’Arup, une multinationale d’ingénierie, de design et de planning impliquée dans la mise en pratique de l’économie circulaire, a prévenu que le secteur de la construction est très gourmand en déchets, un problème qui prend de l’importance quand on sait que 70% de la population mondiale vivra en centre urbain en 2050.  « Dans les villes, on travaille, on innove, mais on consomme aussi de manière considérable », a-t-il expliqué.  D’où la nécessité, dans un contexte urbain, de réfléchir à la production de déchets comme une « valeur » pour d’autres secteurs.  L’expert a mis en garde que le principe d’économie circulaire ne sera pas facile à mettre en œuvre: il sera coûteux et il faudra plusieurs générations pour le mettre en pratique.  À l’heure actuelle, les villes ne sont pas régénératrices, ni dans les pays en développement ni dans les pays développés, a-t-il remarqué, avant d’attirer l’attention sur cette nuance: l’opinion doit savoir que « faire moins de mal ne signifie pas encore faire le bien ».  Pour lui, l’économie circulaire est un concept très complexe à mettre en œuvre.  C’est d’abord un état d’esprit, un absolu vers lequel on doit tendre.

C’est dans un esprit d’urgence que la Directrice du Centre de l’économie circulaire à Loop Partners, Mme KATE DALY, a appelé à agir rapidement pour changer de modèle, car les modèles actuels de croissance et de prospérité ne fonctionnent plus.  Aux États-Unis, le passage à l’économie circulaire ne sera pas opéré par le gouvernement mais par les grandes entreprises, avec l’impulsion de la société civile, a-t-elle prédit.  Ces dernières doivent prendre conscience des évolutions du marché, et des politiques régionales, comme l’UE qui va interdire la production de sacs plastiques à usage unique.  « Les grandes entreprises devront s’adapter », a-t-elle résumé.  Elle a aussi jugé essentiel d’avoir un appui citoyen électoral, en l’absence de politique volontariste.

« Les consommateurs joueront un rôle crucial », a insisté Mme Daly avant de faire aussi remarquer que les économies circulaires peuvent créer les emplois de demain.  Les entreprises concurrentes devront maintenir la valeur des produits et mettre en valeur leur réutilisation.  Elle a cité le secteur du textile et de la mode, où le système linéaire « coûte trop cher, de toutes façons »: la seule ville de New York dépenserait 60 millions de dollars par an pour envoyer des produits textiles dans des déchetteries à l’extérieur.  « En moyenne, un vêtement est porté 7 fois avant d’être jeté… C’est une moyenne qui inclut hommes et femmes », a-t-elle annoncé à l’assistance amusée.  Elle a proposé qu’on développe la location de vêtements, et que les grandes marques reprennent leurs vieux produits pour les recycler et les revendre. 

Prenant l’exemple de l’Inde, Mme SANJEEVAN BAJAJ, conseillère à la Fédération indienne des chambres de commerce et de l’industrie, a remarqué qu’à son échelle, la population indienne pratique déjà une économie circulaire de bon sens.  Ainsi, des parents réutilisent les vêtements d’un grand frère pour un petit frère.  Le but, pour Mme Bajaj, est de bien faire comprendre le concept au grand public en Inde, mais « les choses sont complexes » là encore.  Les décideurs veulent surtout savoir si grâce à l’économie circulaire, on gagnera plus d’argent qu’on en perdra.  « On perd souvent de vue le capital naturel dans ce calcul », a remarqué l’experte.  Elle a donc recommandé de parler de l’économie circulaire aux entreprises simplement, en utilisant des termes positifs, comme « opportunités », pour qu’elles tendent l’oreille.  Il ne s’agit pas de revenir à l’âge de pierre, mais de créer de la richesse sans créer d’« externalités négatives » c’est-à-dire de déchets.  L’Inde, qui croule sous les emballages, n’a pas l’infrastructure nécessaire pour les recycler, sauf dans quelques grandes villes.  Pour l’instant, l’Inde lorgne vers les pays occidentaux pour trouver l’inspiration.

Du côté de l’Europe, la délégation de la Finlande a prouvé sa conviction que l’économie circulaire a un fort potentiel, mais s’est montré indécise sur la meilleure voir à suivre: celle des consommateurs ou celle des politiques publiques volontaristes? « Les gouvernements doivent-ils réglementer davantage, ou doit-on laisser agir les consommateurs? » 

« Les consommateurs sont bien plus puissants qu’on ne le croit », a répondu M. Lemmens.  Mais Mme Bajaj n’a pas voulu généraliser car elle a remarqué que les règlementations gouvernementales sont très importantes.  La Chine, et sa récente interdiction d’importation des déchets, a montré que le problème est mondial et que la Chine n’a pas les capacités nécessaires pour gérer les déchets du monde entier.  Certains pays ne disposent pas de la technologie nécessaire pour traiter leurs déchets, alors « comment empêcher la contrebande des déchets des pays développés vers les pays en développement ? » s’est interrogée la Chine.  Ce qui est sûr, a abondé Mme Bajaj, « c’est qu’il faut éviter que les pays les moins avancés deviennent les décharges du monde ».  La Chine, en fermant ses portes aux déchets des pays développés, force ces derniers à repenser la durabilité de ses produits, a expliqué Mme Daly.

Le Nigéria s’est inquiété de l’absence de normes entre pays comme d’un frein à l’économie circulaire.  « La question de l’harmonisation des normes entre pays doit être posée », a demandé la délégation en soulignant que cette question est indissociable du traitement des déchets.  « Sans harmonisation, comment les pays en développement pourraient-ils appliquer les règles? »  Mme Daly a répondu qu’aux États-Unis, quand on donne à l’Armée du Salut, seulement 15% de ces vêtements sont vendus, le reste part en majorité dans les pays en développement; une conséquence non désirée est la perturbation de l’économie du textile dans ces pays.  « Le flux de la charité perturbe l’économie », a-t-elle déploré.

La Russie a évoqué des expériences nationales positives, comme un projet visant à éliminer les décharges en milieu urbain, et des grandes entreprises russes qui utilisent de meilleurs processus de production, tandis que la Chine a témoigné de la prise en compte de l’économie circulaire et de la croissance verte dans son dernier plan quinquennal.  « Si l’on adoptait le mode de vie indien, une seule planète nous suffirait, mais il faudrait 7 planètes pour absorber un mode de vie à l’occidentale pour toute l’humanité », a conclu l’Inde, un pays qui fait son possible pour nettoyer ses côtes.

Remarques de conclusion

En conclusion de cette réunion conjointe, M. JAMIL AHMAD, du Bureau de New York du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a pris note de la nécessité d’utiliser les ressources de façon durable, ce qui permettrait d’atteindre les objectifs de développement durable.  Le recyclage n’est certes pas la seule option de l’économie circulaire mais il représente un défi important.  Le cadre universel qui intègre les trois dimensions du développement -économique, sociale et environnementale- est propice à l’économie circulaire, a-t-il fait remarquer.  Au niveau des politiques, l’économie circulaire exigerait des interventions à tous les niveaux car l’adoption du modèle dans un pays aurait des effets dans d’autres.  Quant aux modes de consommation et de production, ils sont importants dans l’effort à mener.

M. Ahmad a relevé la complexité de mener une transition vers l’économie circulaire mais a aussi noté que cela est possible par le biais de partenariats et grâce à certaines Conventions internationales, comme celle sur l’interdiction du transport de déchets dangereux.  La transition vers une économie verte ou une économie circulaire est liée aux objectifs de développement durable, a-t-il insisté.  Pour conclure, M. Ahmad a fait référence à la prochaine Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, qui sera consacrée à l’innovation, élément essentiel dans l’économie circulaire.

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a relevé le potentiel sans pareil de l’économie circulaire, qui pourrait servir de moteur à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Mais le chemin sera long et il faut s’assurer de prendre la voie adéquate.  Selon lui, les programmes et des projets comme ceux présentés au cours des tables rondes doivent être maximisés et accompagnés des politiques adéquates.  Les gouvernements, le monde universitaire, la société civile prennent des initiatives audacieuses pour s’éloigner du modèle linéaire, s’est-il félicité.  Évoquant la multiplication des déchets et leur rejet dans l’environnement, M. Liu a plaidé pour des actions urgentes car il ne sera pas possible pour l’humanité de continuer à vivre comme cela.  Le changement doit venir de tous les secteurs.  En conclusion, promouvoir l’économie circulaire va multiplier les bénéfices pour la prospérité, la population et la planète.

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