Soixante-treizième session,
8e et 9e séances – matin & après-midi   
AG/EF/3498

Commerce international : le multilatéralisme plébiscité à la Deuxième Commission face à la vague protectionniste

Renforcer, protéger, faire progresser un système multilatéral attaqué: alors que la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a consacré la majeure partie de cette journée aux questions de politique macroéconomique et au financement du développement, les délégations ont unanimement défendu un système financier et commercial international basé sur la coopération et le multilatéralisme, face aux attaques dont il est l’objet. 

La crédibilité du système est entamée, a prévenu Mme Pamela Coke Hamilton, Directrice de la Division du commerce international et des produits de base de la CNUCED, citant le Brexit, la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et les changements unilatéraux dans les chaînes de valeur mondiales.

Cela n’a pas empêché les délégations, avec en tête le Groupe des 77 et la Chine, d’exprimer leur attachement à un système de commerce « multilatéral universel, règlementé, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable, sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ».  Le G77 s’est élevé contre des mesures et une rhétorique protectionnistes qui sont « néfastes au développement du monde »: elles pourraient saper le système, tout en ayant un impact négatif sur l’accès aux chaînes de valeurs mondiales pour les produits des pays en développement.  L’Afrique du sud n’a pas hésité à qualifier le protectionnisme d’orientation « contre-productive » et a appelé l’ensemble des pays embarqués sur cette voie à faire marche arrière. 

Une guerre commerciale pourrait augmenter les taxes douanières de 3 à 30% en bilatéral, selon Mme Hamilton: une mauvaise nouvelle pour les pays en développement et en particulier pour les pays les moins avancés (PMA).  Au contraire, un environnement mondial stable et propice permettrait d’atteindre les objectifs de développement durable, d’atténuer les chocs externes et les effets des changements climatiques, a fait observer l’Indonésie au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Le système financier international a aussi été examiné, sous l’angle des possibilités qu’il offre pour le développement.  El Salvador a réaffirmé la nécessité de continuer à améliorer les mécanismes de régulation, de supervision et de contrôle, pour rendre l’environnement financier international davantage propice à la réalisation des objectifs de développement durable.  Des réformes de structure ont aussi été réclamées, notamment par la Libye qui désire un système financier international plus démocratique et équitable. 

Le cadre prévu pour le financement du développement étant le Programme d’action d’Addis-Abeba, de nombreux pays ont réclamé sa mise en œuvre, notamment Cuba, les Maldives au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), et l’Afrique du Sud pour qui « le financement pour le développement n’est pas un luxe ».  Le G77 a dit attendre avec impatience la tenue du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, qui aura lieu en 2019 sous les auspices de l’Assemblée générale. 

Le lien entre multilatéralisme et réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a aussi été souligné.  « Remettre en question la coopération multilatérale, c’est remettre en cause les objectifs de développement durable », a mis en garde Mme Hamilton, appelant à protéger les mécanismes de protection multilatéraux. 

Le fossé grandissant entre les PMA et le reste du monde a été un autre sujet préoccupant dans le débat.  Les PMA s’inquiètent en effet de leur marginalisation dans le commerce international.  En effet, leur part dans les échanges commerciaux internationaux a diminué depuis 2014, ce qui les éloigne des objectifs de développement durable, a remarqué le Malawi, porte-voix de ces pays.  La persistance de graves inégalités est un obstacle à une croissance robuste et au développement durable, a remarqué l’Égypte au nom du G77.

Cette délégation a demandé à l’OMC, pour remédier aux inégalités du régime commercial multilatéral, la mise en œuvre du principe d’un traitement spécial et différencié pour les pays en développement.  Si plusieurs pays, notamment la Russie et les Philippines, ont qualifié l’OMC de « pierre angulaire » du commerce international et plébiscité son action, le porte-parole des PMA a constaté que l’OMC n’avait pas permis davantage de prestations de service pour ces pays.  « Droits de douane, accès au marché, services, quotas sont des questions qui doivent être posées. » 

Le G77 a tenu à rappeler que l’imposition de mesures économiques coercitives, y compris des sanctions unilatérales, contre des pays en développement, ne contribue pas au développement socioéconomique, et encore moins à la promotion du dialogue entre nations, ce dont le Venezuela et l’Iran ont témoigné.

Les délégations ont aussi abordé la question de la soutenabilité de la dette.  Elles ont fait observer que les ouragans de l’an dernier sont venus s’ajouter au poids déjà lourd de la dette des petits États insulaires en développement (PEID).  Selon la Jamaïque, qui parlait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), il faut une approche systémique et coordonnée pour le financement de l’adaptation aux changements climatiques, tout en assurant la soutenabilité de la dette extérieure des pays affectés.  À ce propos, la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) s’est félicitée de la proposition de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) d’annuler la dette en échange de mesures d’adaptation aux changements climatiques.

La Deuxième Commission reprendra ses travaux demain, à 10 heures, pour examiner le thème « agriculture, sécurité alimentaire et nutrition ».

APPLICATION DES DÉCISIONS PRISES PAR LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS ET LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE LOGEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT URBAIN DURABLE ET RENFORCEMENT DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS (ONU-HABITAT)

Suite et fin du débat

Mme REEM NAYIF YOUSSEF YOUSSEF (Iraq) a recommandé le renforcement du rôle du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) pour optimiser l’agence et reconstruire les pays endommagés par les catastrophes naturelles ou la guerre, en mettant en œuvre un fonds d’affectation qui permette un déploiement rapide en cas d’urgence.  L’Iraq, elle-même, a beaucoup souffert de déplacements de population dans des camps et des logements de passage.  Vu ces problèmes, la priorité est de travailler rapidement pour stabiliser les régions endommagées, combler le déficit de logement et réparer les structures, a-t-elle indiqué.  La représentante a fait observer que la guerre avait épuisé les finances de l’État et avait fait baisser le prix du pétrole, alors que cette matière première est la principale source de revenus du pays.  Elle a souligné l’importance du partenariat que peut fournir la communauté internationale pour soutenir les investissements et apporter une assistance technique.

Mme SARRESTANI (République islamique d’Iran) a réclamé des moyens efficaces pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  ONU-Habitat est une agence en transition, mais elle doit garder comme premier objectif de réduire la pauvreté, a-t-elle recommandé.  Selon la représentante, un ONU-Habitat renforcé devrait fournir l’assistance technique nécessaire à certains pays pour mettre en œuvre une urbanisation durable.  Les attentes des États Membres ne seront comblées que si la situation financière d’ONU-Habitat est réglée, a-t-elle mis en garde.  À cet égard, elle a estimé qu’un bon équilibre entre financement pré-affecté et financement de base était nécessaire.  L’Iran accorde une grande importance à un développement urbain durable qui tienne compte du contexte national, a dit la représentante en signalant que le droit au logement adéquat a été reconnu par les législateurs.  En matière de transport durable, elle a mentionné le développement des trains suburbains à grande vitesse. 

Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne) a dit que son gouvernement est conscient que la mise en œuvre des objectifs de développement durable se base sur un renforcement des plans nationaux, y compris pour l’urbanisation, mais a rappelé que les défis auxquels il est confronté sont particulièrement difficiles, s’agissant de menaces terroristes et de mesures commerciales unilatérales sélectives.  Une contribution pertinente pour la reconstruction des infrastructures et des logements est essentielle, a fait valoir la représentante, indiquant que le Gouvernement a commencé à réhabiliter les régions détruites par le terrorisme et la coalition internationale.  La représentante a souligné le rôle d’ONU-Habitat pour aider à cette réhabilitation et a appelé les États Membres à adopter des résolutions d’urbanisation novatrices pour les pays en reconstruction.

Le représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a rappelé que la mobilité humaine a toujours joué un rôle fondamental dans l’urbanisation, et que les villes sont les principaux intermédiaires entre les migrants et les communautés hôtes.  L’OIM, a-t-il indiqué, fournit une plateforme pour des engagements au niveau des migrations dans les zones urbaines et est favorable au renforcement de la cohérence des politiques.  Le représentant a vu dans l’adoption du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, prévue en décembre à Marrakech, un « test » pour démontrer cette complémentarité.  L’OIM a aussi développé un outil de gouvernance des migrations avec des indicateurs pour les villes, a-t-il ajouté.

QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE

Commerce international et développement

Système financier international et développement

Soutenabilité de la dette extérieure et développement

Promotion de la coopération internationale dans les domaines de la lutte contre les flux financiers illicites et du renforcement des bonnes pratiques en matière de recouvrement des avoirs pour favoriser le développement durable

SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DES CONFÉRENCES INTERNATIONALES SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Déclarations

Les inégalités croissantes sont une entrave au multilatéralisme et au commerce international a relevé M. SALIM BADDOURA, du Liban, Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), lors de sa présentation du rapport A/73/15 (Part I) sur sa soixante-sixième réunion directive.  « Une mondialisation plus juste, une croissance inclusive, voilà le cœur du mandat de la CNUCED », a-t-il rappelé.  Lors de sa soixante-cinquième session, la CNUCED a procédé à un examen à mi-parcours de la mise en œuvre de la CNUCED XIV.  Les deux groupes internationaux d’experts mis en place à Nairobi ont travaillé plus précisément sur deux points: le financement du développement d’une part, le commerce électronique et l’économie numérique, d’autre part.  La CNUCED travaille en collaboration avec la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) sur les difficultés conceptuelles et les méthodologies de la lutte contre les flux financiers illicites. 

Le groupe international d’experts sur le commerce électronique et l’économie numérique a tenté, par ses travaux, d’aider les pays en développement.  La CNUCED a aussi appelé à une collaboration plus étroite entre New York et Genève.  Pour cela, elle a déplacé la séance du Conseil de commerce au mois de juin plutôt qu’en septembre, et cela a permis de renforcer les synergies.  Il a été observé que les politiques protectionnistes se faisaient au détriment des pays les plus vulnérables.  « Il faut relancer le multilatéralisme », a appuyé M. Baddoura, stopper la fracture numérique en renforçant notamment les compétences numériques dans les pays en développement.  Il a aussi invité à revoir à la hausse l’assistance technique à fournir à ces pays.

La CNUCED a aussi débattu des moyens de colmater les fuites financières pour atteindre les objectifs de développement durable, et discuté de la nécessité d’adopter une approche holistique en matière de commerce international et de développement international.  Elle a aussi réfléchi à une migration sûre et ordonnée pour que les migrations puissent contribuer aux objectifs de développement durable.  M. Baddoura a enfin remarqué que la prolifération de nouvelles technologies n’était pas sans danger, tout en soulignant l’importance du transfert des technologies pour le renforcement des capacités des pays en développement. 

Mme PAMELA COKE HAMILTON, Directrice de la Division du commerce international et des produits de base de la CNUCED, a présenté le Rapport du Secrétaire général (A/73/208) intitulé « Commerce international et développement », qui expose les dernières statistiques du commerce et explique dans quelle mesure un système commercial multilatéral redynamisé et résilient permettra à ce secteur de jouer son rôle de catalyseur dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

L’environnement mondial est très fragile, a fait observer Mme Coke Hamilton, et la CNUCED pense qu’une guerre commerciale pourrait augmenter les taxes douanières de 3 à 30% en bilatéral, ce qui est une mauvaise nouvelle pour les pays en développement et en particulier pour les pays les moins avancés (PMA).  Le système multilatéral commercial est mis à mal; sa crédibilité est entamée avec des critiques de la mondialisation qui se multiplient, a-t-elle continué, citant le Brexit, la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et les changements unilatéraux dans les chaînes de valeur mondiales.  « Remettre en question la coopération multilatérale, c’est remettre en cause les objectifs de développement durable », a-t-elle mis en garde, appelant à protéger les mécanismes de protection multilatéraux.  En conclusion, il faut renforcer, protéger et aussi faire progresser le système multilatéral.

M. NEIL PIERRE, du Département des affaires économiques et sociales, a présenté le rapport A/73/280 sur le système financier international et le développement pour donner suite à la résolution A/72/203 de l’Assemblée générale.  Le rapport, qui résume les efforts pour appliquer le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, traite avant tout de pérennisation et de stabilité dans son évaluation de la cohérence du système financier international.  Ces deux notions se renforcent mutuellement.  Depuis la crise de 2008, les réformes financières ont permis de réduire des risques majeurs.  Mais les flux de capitaux transfrontaliers, les financements occultes, et l’incertitude, quant à la coopération financière multilatérale, assombrissent le tableau.

Concernant le flux de capital des institutions financières, les remboursements de 2016 de finances non subventionnées de sept banques de développement multilatérales traditionnelles ont augmenté de 15% comparé à 2015.  En outre, en avril 2018, les parties prenantes de la Banque mondiale se sont accordées pour une augmentation de capital de 13 milliards de dollars.  Il est estimé que la Banque mondiale aura une capacité de prêts de 100 milliards de dollars d’ici à 2030, comparé à 59 milliards en 2017.

La première partie du rapport fournit des données et des tendances sur les flux de capitaux privés et publics dans les pays en développement (255 milliards de dollars en 2017, contre 432 milliards en 2016).  La seconde partie du rapport traite du renforcement nécessaire de l’architecture financière internationale, et de la nécessité de renforcer la coopération internationale à ce sujet.  Les politiques nationales doivent être assistées par un environnement international accueillant, a développé M. Pierre, notant que les pays en développement restent exposés à des changements soudains sur les marchés.  Des politiques macroéconomiques stables sont donc nécessaires, ainsi qu’une gestion saine des capitaux.

Mme STEPHANIE BLANKENBURG, Chef du service dette et financement de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la CNUCED, a présenté le Rapport du Secrétaire général (A/73/180) sur la viabilité de la dette extérieure, qui aborde les incidences des principales tendances macroéconomiques sur la soutenabilité de la dette dans les pays en développement sur la période 2008-2017.  Mme Blankenburg a fait observer que le groupe des pays en développement a enregistré la plus forte croissance depuis 2013 mais que les préoccupations face à l’instabilité mondiale font craindre une nouvelle détérioration de la dette.  Il existe une volatilité massive des flux de capitaux vers les pays en développement, a-t-elle souligné.  Des pratiques financières opaques font leur réapparition et ne sont pas durables, une crise financière mondiale étant même envisagée.

Face aux préoccupations que suscite la détérioration rapide des positions de dette extérieure dans l’ensemble du monde en développement, le rapport souligne la nécessité d’instruments de politique améliorés afin de prendre systématiquement en compte les contraintes systémiques et à long terme de la viabilité de la dette.  Il met en lumière la nécessité de mesures de politiques concertées pour éviter les pièges de l’endettement structurel dans les petits États insulaires en développement fortement exposés au risque environnemental.  Plus généralement, selon le rapport, l’évaluation de la viabilité de la dette extérieure des pays en développement devrait tenir davantage compte des besoins élevés d’investissements additionnels qui découlent des importants engagements pris en application du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. MOHAMED EDRESS (Égypte), parlant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a évoqué certains des facteurs néfastes au développement du monde: un resserrement désordonné des conditions financières, l’adoption de politiques protectionnistes, des vulnérabilités liées à la dette ainsi qu’une escalade des tensions géopolitiques.  De même, la persistance de graves inégalités pose un défi à une croissance robuste et au développement durable.  Des changements structurels sont donc urgents pour faire face à ces défis et créer un environnement international propice au développement, a indiqué le G77.  Le Groupe note également que l’imposition de mesures économiques coercitives, y compris des sanctions unilatérales, contre des pays en développement, ne contribue pas au développement socioéconomique, et encore moins à la promotion du dialogue entre nations. 

Le G77 souligne que le commerce international est une importante source de financement du développement et un facteur de croissance inclusive et d’éradication de la pauvreté.  Le représentant a plaidé pour un système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a aussi appelé à la libéralisation du commerce, s’inquiétant en outre de l’unilatéralisme, ainsi que des mesures et de la rhétorique protectionnistes, qui pourraient saper le système commercial multilatéral, tout en ayant un impact négatif sur l’accès aux chaînes de valeurs mondiales pour les produits des pays en développement.  Il a regretté que le Cycle des négociations commerciales de Doha n’ait toujours pas été conclu.  Il a aussi demandé à l’OMC de mettre en œuvre le principe d’un traitement spécial et différencié pour les pays en développement, et de trouver une solution aux inégalités du régime commercial multilatéral. 

Le G77 a noté que la question de la dette était toujours autant cruciale en 2017 pour les pays en développement.  Le risque de cycles d’endettement et de crises économiques pose un défi majeur à la réalisation des objectifs de développement durable.  C’est pour cela que M. Edrees a plaidé pour des mesures visant à assurer la soutenabilité de la dette, dont, entre autres, les allègements de dette, le financement de la dette, sa restructuration ou alors sa gestion souple. 

Sur la question des flux illicites de capitaux, notamment ceux qui partent des pays en développement, le G77 appelle la communauté internationale à renforcer la coopération dans la lutte contre ce fléau et à veiller au retour des avoirs dans les pays d’origine, en temps voulu, et dans le respect des lois nationales et du droit international.  De même, le G77 réitère la nécessité de renforcer la coopération internationale en matière fiscale, regrettant qu’il n’existe toujours pas un forum mondial unique sur cette question.  C’est dans la même veine que le G77 invite à faire que le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale devienne un organe intergouvernemental composé d’experts représentant leurs gouvernements respectifs. 

Le représentant a par ailleurs fait observer que la crise financière et économique de 2008 avait laissé voir les failles du système financier international.  La réforme structurelle du système financier international et des institutions pertinentes est donc urgente afin d’éviter que de nouvelles crises n’aient lieu, d’autant plus que cela aurait des impacts négatifs sur l’économie des pays en développement.  Il a aussi souhaité que ces institutions internationales soient plus attentives aux besoins des pays en développement, par exemple en leur donnant la possibilité d’y siéger et ainsi de prendre part aux prises de décisions sur les questions de gouvernance économique mondiale. 

Le G77 a relevé que le financement du développement est la clef de la mise en œuvre du Programme 2030.  Ce financement devrait donc s’appesantir sur la mobilisation de fonds destinés à éradiquer la pauvreté, « le plus important objectif de tout le programme de développement international ».  Ces ressources doivent en outre s’aligner sur les priorités nationales, a demandé M. Edrees.  Le G77 a dit attendre avec impatience la tenue du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement qui aura lieu en 2019 sous les auspices de l’Assemblée générale. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a indiqué que la Vision de l’ASEAN et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 partagent de nombreuses priorités.  La croissance économique mondiale positive a eu des répercussions positives dans les pays de l’ASEAN, où la pauvreté extrême diminue et où l’accès à la santé et à l’éducation s’améliore.  Un environnement mondial stable et propice permettrait d’atteindre les objectifs de développement durable et d’atténuer les chocs externes et les effets des changements climatiques, a fait observer la représentante. 

Pour l’ASEAN, le multilatéralisme doit permettre aux États de mettre en œuvre leurs engagements mondiaux.  Le dispositif de garantie de crédit et d’investissements d’ASEAN 3 est un bon exemple car il permet aux entreprises d’investir dans le développement durable.  La représentante a aussi exhorté les pays développés à respecter leurs obligations en termes d’aide publique au développement (APD).  Enfin, il faut promouvoir des moyens d’accès aisés aux financements, notamment pour les petites et moyennes entreprises, a plaidé la délégation.

M. LIGOYA (Malawi), parlant au nom des pays les moins avancés (PMA), a fait remarquer que le commerce international est un moteur essentiel de la croissance économique des PMA.  Ces derniers sont préoccupés, car ils continuent à être marginalisés dans le commerce international.  La part des PMA dans les flux des échanges commerciaux internationaux a diminué depuis 2014, ce qui les éloigne davantage des objectifs de développement durable, a-t-il noté.  L’objectif 12 vise un accès au marché de tous les pays les moins avancés et ceci doit être réalisé, a-t-il appuyé. 

La connectivité, la stimulation des exportations des PMA sur le marché mondial en termes de volume, la part du commerce dans les PMA, tout cela est crucial, a relevé le représentant en rappelant que cela a été dit dans le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Malgré la croissance des ventes en ligne, seulement 2% de la population des PMA fait ses courses sur Internet: les PMA redoutent une fracture numérique encore plus grave.  L’OMC n’a pas permis davantage de prestations de service pour les PMA, a-t-il remarqué.  « Droits de douane, accès au marché, services, quotas sont des questions qui doivent être posées. » 

L’emprunt est fondamental pour les PMA, a poursuivi M. Ligoya; toutefois, les pays les moins avancés sont préoccupés par l’augmentation de la dette en 2017.  En effet, le pourcentage de la dette dans les budgets des gouvernements des PMA a plus que doublé, « le ratio est de quasiment 30% dans certains pays subsahariens », à cause du coût du service de la dette, et de l’absence de garanties de prêts à des conditions favorables.  Les PMA sont privés de ressources nécessaires: ils exhortent la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour résoudre leur problème spécifique de la dette, a conclu le représentant. 

Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a averti que les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable ne peuvent être faits dans le contexte actuel de tensions commerciales.  La CARICOM, dont les pays ont une économie peu diversifiée, estime que les bénéfices du commerce internationale ne sont pas équitablement distribués.  Les règles du multilatéralisme et la discipline sont les meilleures garanties contre le protectionnisme, a noté Mme Mills en ajoutant qu’ils sont également essentiels pour la transparence, la prévisibilité et la stabilité du commerce international.  Elle a estimé que les tensions actuelles sont une distraction qui empêche de se focaliser sur les questions essentielles de coopération multilatérale telles que l’intégration financière, la coopération en matière fiscale et un environnement favorable au développement durable. 

Le déclin des correspondants bancaires reste le problème majeur au sein de la CARICOM, et le Groupe se félicite de l’attention accordée à cette question au cours du Forum sur le financement du développement du Conseil économique et social (ECOSOC).  La déléguée s’est félicitée de l’attention également accordée à cette question par les organisations financières internationales, le G20 et le secteur privé. 

Sur la question de la dette, la CARICOM indique que l’immixtion des acteurs privés, prêteurs ou emprunteurs, n’est pas une bonne nouvelle pour les pays en développement, de même que l’attention qui est désormais focalisée sur les obligations et non plus sur les prêts bancaires.  Tout cela, relève Mme Mills, accentue la dette des pays en développement, notamment les pays à revenu intermédiaire.  En outre, les ouragans de l’an dernier ont fait des dommages qui sont venus s’ajouter au poids déjà lourd de la dette des petits États insulaires en développement (PEID).  Il faut donc, a-t-elle préconisé, trouver une approche systématique et coordonnée de financement de l’adaptation aux changements climatiques, tout en assurant la soutenabilité de la dette extérieure des pays affectés.  Il faut donc un système commercial multilatéral revitalisé; il gagnerait en outre en crédibilité.  Il faut par exemple assurer la cohérence entre les accords régionaux et ceux de portée multilatérale.  Sans oublier de veiller à mettre en œuvre le principe d’un traitement spécial et différencié pour les pays en développement.

Pour M. ASHISH KUMAR SINHA (Inde), les politiques macroéconomiques, y compris celles qui concernent le commerce international, la finance et la gestion de la dette, sont essentielles pour façonner un environnement global propice à la croissance et aux objectifs de développement durable.  Un partenariat mondial renouvelé est également nécessaire pour promouvoir des investissements directs étrangers à plus long terme dans des secteurs tels que les transports, l’agriculture, l’énergie, les infrastructures et les technologies de l’information et des communications (TIC).  L’Inde est l’une des économies qui croissent le plus rapidement, a rappelé le représentant, ce qui est lié à des initiatives structurelles, comme l’imposition d’une taxe sur les biens et services et un nouveau dispositif d’inclusion financière, qui a permis à des millions de personnes d’avoir accès à un compte bancaire.

Mme FARZANA ZAHIR (Maldives), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a relevé que les tensions commerciales entre les grandes économies, les dettes des pays en développement et les tensions géopolitiques sont parmi les menaces qui pèsent sur l’économie mondiale.  Cette situation inquiète les PEID qui sont particulièrement vulnérables aux chocs extérieurs.  Qu’il s’agisse de chocs d’ordre économique ou de nature environnementale, ces pays mettent du temps pour s’en remettre, a déclaré la représentante, en invitant la Deuxième Commission à intégrer la question des risques climatiques dans son programme de travail.  Par ailleurs, les PEID réaffirment l’importance de mettre en œuvre les aspects clefs du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Ils sont également inquiets de la baisse de l’APD qui leur est consacrée, et ils invitent la communauté internationale à remplir ses obligations en la matière. 

La représentante a également rappelé que le commerce est crucial pour ces pays qui ont peu de ressources de base, sont éloignés des marchés internationaux du fait de leur isolement géographique, et dépendent des importations.  Elle a donc plaidé pour un système commercial qui soit juste, revigoré et économiquement, socialement et environnementalement durable et inclusif.  Elle a réaffirmé, à cet égard, le rôle central de l’OMC, se disant inquiète du peu de progrès sur la question des subventions à la pêche.  Pour les PEID, a-t-elle déploré, cela affecte leur économie tout en mettant en danger l’industrie de la pêche.  Avec en plus la diminution des stocks de poisson à cause des changements climatiques, les moyens de subsistance dans les PEID est en péril, a-t-elle insisté. 

La dette est également un défi majeur dans les PEID.  La représentante a fait part de son inquiétude, notamment parce que la plupart de ces États sont classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire et ne sont donc pas éligibles à des mécanismes d’allègement de la dette, et encore moins à des prêts à des taux concessionnels.  La représentante a rappelé l’urgence de revoir la méthodologie qui veut que l’éligibilité à des financements concessionnels soit calculée en fonction du produit intérieur brut (PIB). 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. OMAR HILALE (Maroc) a noté qu’il est nécessaire de poursuivre des politiques macroéconomiques mondiales qui contribuent à la stabilité économique et financière ainsi qu’à la croissance économique et au développement.  Aussi le représentant a-t-il appelé tous les pays à se garder de tendances protectionnistes en période de difficultés économiques, qui ont des répercussions économiques négatives sur les pays en développement, en particulier en Afrique. 

M. Hilale a évoqué l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine, qui devrait dynamiser le commerce intra-africain, créer des économies d’échelle pour l’investissement et les chaînes de valeur régionales et encourager les processus d’industrialisation guidés par la demande interne.  Cet accord, qui rentre dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, devrait créer un large marché de plus de 1,2 milliard de personnes et d’un cumul de revenus nationaux de 2 100 milliards de dollars.  Le Groupe africain soutient un système de commerce multilatéral universel, basé sur des règles, ouvert, non discriminatoire et équitable, a assuré le représentant.  Afin qu’aucun pays ne soit laissé de côté dans la réalisation des objectifs de développement durable, il a prié les pays du Nord de faire preuve de la flexibilité et de la volonté nécessaires pour sortir de l’impasse dans les négociations du Cycle de Doha.  À la CNUCED, il a demandé de continuer à surveiller les politiques protectionnistes.

Au sujet du financement, M. Hilale a souligné qu’il est important que les pays développés et ceux qui fournissent une APD continuent à jouer un rôle significatif pour éliminer la pauvreté.  Les pays africains ont besoin d’assistance pour renforcer leurs capacités afin de dynamiser leurs politiques d’industrialisation et de croissance.  En outre, le développement économique inclusif durable est l’une des priorités de l’Agenda 2063.  Il a aussi souligné combien sont nécessaires les investissements directs étrangers à long terme de qualité si les pays veulent intégrer les chaînes de valeur mondiales.  Enfin, le Groupe africain estime que la lutte contre les flux financiers illicites est l’un des plus grands défis pour mobiliser des ressources pour le développement, en particulier en Afrique. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a réaffirmé la nécessité de continuer à améliorer les mécanismes de régulation, supervision et contrôle du système financier international et régional pour promouvoir un environnement financier international propice à la réalisation des objectifs de développement durable.  Les pays de la CELAC sont préoccupés par les problèmes structurels aggravés par la réduction de l’accès au financement à des conditions préférentielles pour les pays à revenu intermédiaire et pour les pays en transition qui ont changé de catégorie de revenus sans pour autant avoir surmonté toutes les failles structurelles et leurs vulnérabilités.  À cet égard, le représentant a demandé que soient adoptées de nouvelles mesures des progrès des pays.  Il a aussi rappelé l’importance de l’APD et a prié les pays développés de respecter leurs engagements à cet égard. 

Au sujet de l’endettement, M. Escalante Hasbún a exhorté les institutions financières internationales à prendre en compte ses effets dans l’élaboration des schémas de financement.  Il s’est félicité de la proposition de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) d’annuler la dette en échange de mesures d’adaptation aux changements climatiques, ce qui permet aux économies des Caraïbes touchées par les catastrophes de faire face à la charge insoutenable de la dette, et de créer un fonds de résilience pour faciliter l’investissement dans l’adaptation aux changements climatiques afin de réduire la vulnérabilité de ces économies.

Pour M. OMAR E.  O.  ALSHAMES (Libye), le commerce international est le moteur de la croissance macroéconomique.  Malgré des indicateurs du commerce international prometteurs, le produit intérieur brut (PIB) de la Libye n’augmente pas, a-t-il toutefois constaté.  La Libye, a-t-il dit, réclame un système financier international plus équitable, ainsi que des institutions financières internationales plus démocratiques.  Beaucoup de pays dépendent de produits de base, et ces derniers sont volatiles, ce qui inquiète aussi la Libye.  Avec l’aide du Bureau des Nations Unies présent en Libye, le pays espère améliorer les conditions de vie des Libyens et développer le secteur des services, a-t-il dit.

M. JOSEPH DAVIES (Afrique du Sud) a réclamé un financement adéquat pour réaliser les objectifs de développement durable, notamment en mettant en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Le financement pour le développement n’est pas un luxe, c’est un préalable pour construire un monde dont les futures générations seraient fières, a-t-il argué.  Inquiet des lacunes de financement et du mauvais état des infrastructures dans les pays du Sud, il a rappelé que la coopération Nord-Sud était essentielle, et appelé le secteur privé à investir en Afrique.  La communauté internationale doit promouvoir un commerce international multilatéral comme le recommande l’OMC, et les PMA doivent avoir accès à ce marché, a-t-il ajouté.  Préoccupée par le recul du multilatéralisme, une orientation « contre-productive, qui vise le court-terme et sape l’avenir de l’ensemble des États Membres », l’Afrique du Sud a appelé l’ensemble des pays embarqués sur cette voie à « revenir en arrière ».

M. MIKHAIL F.  MASLOV (Russie) a déploré le fossé grandissant entre pays en développement et pays développés, et la croissance de la dette publique.  Il est temps d’examiner la durabilité de notre système économique, a-t-il déclaré.  L’économie russe, elle, croît dans l’ensemble, et la Russie a investi 1,2 milliard de dollars dans le financement pour le développement.  Le représentant a estimé que le système multilatéral est essentiel pour le commerce international; la Russie veut que l’OMC demeure la pierre angulaire de ce système et elle est préoccupée par la remise en question de l’organe d’appel, qui remet en cause sa capacité d’action.  Inquiet de la politisation des organes de la communauté internationale et des pratiques « musclées », il a assuré que la Russie « ne met pas en place de barrières, ne va pas s’isoler du marché mondial et encore moins l’ignorer". 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a indiqué que l’environnement international continue d’être un obstacle à la réalisation du droit au développement des pays en développement, avant de réclamer des changements structurels urgents dans les domaines économique, commercial et financier.  Elle a demandé d’assurer une meilleure représentation, plus d’équité et une plus grande participation des pays en développement dans les mécanismes de gouvernance de l’économie mondiale.  Elle a aussi recommandé de faire preuve de volonté politique pour appliquer les prescriptions du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, car il faut mobiliser des ressources additionnelles, prévisibles et sans condition en faveur des pays en développement.  Peu de pays développés, a rappelé la représentante, ont atteint la cible de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’APD.  En 2017, le pourcentage était de 0,31%, a-t-elle précisé. 

Cuba soutient les mesures d’allégement de la dette des pays du Sud, y compris leur annulation et leur restructuration, et demande un mécanisme multilatéral de renégociation de la dette souveraine pour favoriser un traitement juste, équilibré et axé sur le développement.  Cuba plaide également pour un système commercial multilatéral fondé sur des règles, ouvert, transparent, inclusif et non discriminatoire, et qui promeut dans le même temps le principe d’un traitement spécial et différencié pour les pays en développement.  Cuba rejette les pratiques commerciales unilatérales et discriminatoires, ainsi que le protectionnisme qui empêchent le développement des pays et sapent les fondations du multilatéralisme.  La représentante a rappelé que Cuba est victime d’un blocus commercial et financier qui constitue le principal obstacle au développement du pays.  Un blocus dont les effets cumulés sont estimés à plus de 933 milliards de dollars, a déploré la représentante. 

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) s’est focalisée sur la corruption, un phénomène qui sape les droits de l’homme et continue à entraver le développement durable tout en constituant une menace à la paix et à la sécurité dans le monde.  Elle a assuré que le Liechtenstein était engagé dans la lutte contre la corruption et avait ainsi réussi à récupérer plus de 230 millions de dollars d’avoirs volés.  Les flux financiers illicites proviennent aussi du crime organisé et exigent des réponses adéquates, a ajouté Mme Oehri.  Pour sa part, le Liechtenstein est particulièrement engagé dans la lutte contre les flux financiers provenant de l’esclavage moderne et de la traite des personnes.  Le pays a lancé un partenariat public-privé à cet effet.

M. SAMIR (Iraq) a dit que l’aide au développement contribue à la mise en place de projets, surtout dans des pays en conflit, et que le commerce international offre nombre de possibilités pour atteindre le développement durable.  L’Iraq est en pleine phase de transition et veut s’intégrer aux marchés mondiaux mais est confronté aux défis posés par les destructions causées par Daech.  Le représentant a indiqué que l’Iraq souhaite devenir membre à part entière de l’OMC pour permettre à son économie d’intégrer les marchés mondiaux plus rapidement.  Il a jugé nécessaire de supprimer la dette extérieure, qui est une entrave au développement.  Quant aux flux financiers illicites, ils contribuent au financement du terrorisme et la communauté internationale doit les éliminer absolument, a-t-il plaidé.

Mme SYLVIA PAOLA MENDOZA ELGUEA (Mexique) a estimé qu’il fallait s’éloigner des discours protectionnistes et réaffirmer l’engagement envers un système de commerce multilatéral basé sur des normes universelles et non discriminatoires, qui promeuve une croissance économique soutenue et égale pour tous.  La représentante a également défendu une meilleure inclusion financière, particulièrement pour les femmes et les jeunes, et sans oublier les migrants, en reconnaissant leur importante contribution au développement des pays d’origine, de transit et de destination.  Le Mexique encourage la construction d’une architecture de coopération internationale dans laquelle tous les pays collaborent et se renforcent selon le principe de ne laisser personne de côté. 

M. RZHEUSSKY (Belarus) a plaidé pour un commerce international multilatéral, ouvert à tous, et pour le maintien d’un système qui garantisse un partage large des bénéfices pour garantir la réalisation des objectifs de développement durable.  Dans un contexte géopolitique tendu, il est encore plus nécessaire de renforcer le multilatéralisme, a-t-il déclaré.  Plaidant sur la tenue d’une réunion de haut niveau sur la thématique des pays à revenu intermédiaire, il a assuré qu’il fallait « tenir compte de leurs intérêts si nous voulons appliquer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Le Belarus a enfin espéré rentrer rapidement au sein de l’OMC. 

Mme LEILA LORA-SANTOS (Philippines) a qualifié la question des flux financiers illicites de « fondamentale ».  L’intégrité du système commercial international multilatéral est menacée, et des transformations sont nécessaires, a-t-elle par ailleurs reconnu.  Face à un sentiment protectionniste croissant, les Philippines veulent que l’OMC soit une « pierre angulaire » du système.  La représentante a aussi abordé la question de la durabilité de la dette qui, à son avis, joue un grand rôle dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Le renforcement de la coopération internationale a permis de réduire le volume de prêts à risques, d’opérer une meilleure capitalisation des banques et de ne pas surévaluer les actifs, s’est-elle réjouie. 

M. PAN JINGXUAN (Singapour) a expliqué que les politiques macroéconomiques de Singapour ont été conçues en tenant compte de la viabilité à long terme, mais que les efforts de développement au niveau national ne peuvent réussir que s’ils sont soutenus par un système économique mondial favorable.  Il s’est dit de plus en plus préoccupé par l’escalade des tensions commerciales et l’apparition de nouvelles barrières commerciales qui vont générer de nouvelles incertitudes.  Les problèmes ne peuvent être réglés par un seul pays, a-t-il insisté, plaidant pour un renforcement des institutions internationales comme l’ONU, l’OMC et les institutions de Bretton Woods.  Le multilatéralisme, le droit international et le commerce libre sont des piliers du développement, a conclu le représentant.

Au sujet du financement pour le développement, M. RODRIGO ALBERTO CARAZO ZELEDÓN (Costa Rica) a demandé d’accorder une attention spéciale à la consolidation d’un environnement global propice au développement et au financement et de revitaliser les accords du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Pour le Costa Rica, renforcer les plateformes de coopération internationale exige d’évaluer le potentiel d’innovation dans la mobilisation de ressources publiques, privées et mixtes.  Il est en outre nécessaire de créer des systèmes financiers internationaux stables.  Quant à la mise en œuvre de stratégies durables pour le développement durable, M. Carazo Zeledón a jugé essentiel de promouvoir une gouvernance transparente et exempte de corruption.  Il a souligné à cet égard l’importance de détecter et de prévenir les flux financiers illicites.  Par ailleurs, le Costa Rica estime que la Deuxième Commission a un rôle clef à jouer pour aborder de façon transversale l’autonomisation économique des femmes afin de mieux identifier les lacunes à combler.

Mme CHANIDABHA YUKTADATTA (Thaïlande) a estimé qu’un système commercial multilatéral ouvert et juste est impérieux pour la réalisation du Programme 2030.  La Thaïlande est inquiète des sentiments de protectionnisme et des tensions commerciales qui sapent les capacités des pays dépendant du commerce à réaliser leur programme de développement.  C’est pourquoi la Thaïlande réaffirme l’importance d’un système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’OMC.  Le pays, qui est également favorable à un système financier international ouvert et juste, salue les progrès de la réforme des institutions de Bretton Woods, notamment pour une meilleure représentativité des pays en développement au Conseil d’administration du FMI.  La représentante a prôné l’innovation pour le financement du développement, avant de promettre que son pays publiera les indicateurs relatifs aux sept domaines d’action du Programme d’action d’Addis-Abeba, avant le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement prévu l’an prochain.

M. AL-MAHMOUD (Qatar) a rappelé que le commerce international encourage le développement et la croissance économique, qu’il permet de réduire la pauvreté et de réaliser ainsi les objectifs de développement durable.  Il a souligné la nécessité d’un système commercial multilatéral ouvert, équitable, fondé sur des règles et non discriminatoire.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba fait partie du Programme 2030 et la communauté internationale se doit de respecter ses engagements de financement, a-t-il rappelé.  Le représentant s’est félicité que le Qatar ait organisé en novembre 2017 avec le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU un forum de haut niveau pour assurer le suivi du financement pour le développement.  Quant au fardeau de la dette, il a estimé qu’il exige une vision collective.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a dit que le commerce international est un facteur du financement du développement et s’est prononcé pour un système multilatéral prévisible, ouvert et non discriminatoire dans le cadre de l’OMC.  Le Soudan poursuit d’ailleurs ses négociations pour adhérer à l’OMC.  La dette extérieure est une grave préoccupation pour les pays en développement, avec des retombées négatives sur l’économie, et, au Soudan, elle a entravé le développement humain, a poursuivi le délégué.  Il a invité à réfléchir aux outils permettant de mieux faire face aux défis, espérant qu’un ordre économique juste verra le jour, qui tienne compte des spécificités des pays en développement.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) a réaffirmé la nécessité d’améliorer les mécanismes de réglementation et de contrôle du système financier international pour promouvoir un environnement favorable à la réalisation des objectifs de développement durable.  La représentante a réitéré la volonté du Honduras de mobiliser de nouvelles ressources financières prévisibles et stables, se disant préoccupée par l’accès au financement à des conditions préférentielles, qui se réduit au fur et à mesure que les revenus des pays augmentent sans que ceux-ci aient pour autant surmonté toutes les difficultés.  Pour ce qui le concerne, le Honduras a adopté une politique de financement public à long terme qui permettra d’améliorer la disponibilité des ressources.

Pour M. ALADE AKINREMI BOLAJI (Nigéria), le Programme 2030 ne restera qu’un simple programme si les nations ne travaillent pas de concert.  Il a encouragé à faire des efforts pour renforcer la technologie, l’innovation, les capacités, et pour arriver à des systèmes internationaux -commercial et financier- plus justes.  Il a réaffirmé l’importance de l’APD pour soutenir le développement durable des pays en développement, en particulier des pays africains et des pays en situation particulière.  Plébiscitant une diversification économique pour son pays pour ne plus dépendre uniquement du pétrole, il a aussi reproché à certains pays, donateurs d’APD, d’allouer leur aide à des fonds pour répondre aux crises humanitaires urgentes, ce qui ne correspond pas à une vision de long terme, selon lui.

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a estimé que, pour les PMA, les perspectives sont peu réjouissantes.  Leur part dans les exportations mondiales de marchandises reste négligeable, et leurs difficultés sont aggravées par un accès aux marchés dans de mauvaises conditions, a-t-il expliqué.  Il a regretté que le système de commerce international n’ait pas été mis en conformité avec le Programme 2030.  Une conclusion rapide des négociations commerciales du Cycle de Doha est urgente, a-t-il souligné.

Mme CRISTIANE ENGELBRECHT SCHADTLER (Venezuela) a parlé de « confrontation commerciale sans précédent » à l’échelle mondiale, à cause du protectionnisme, avec, à la clef, des turbulences financières, d’où la nécessité de promouvoir le multilatéralisme.  Sur le plan économique et social, la mobilisation des ressources est cruciale pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle souligné.  La représentante a jugé inique la promulgation de mesures coercitives unilatérales, comme celles qui touchent le Venezuela.  Elle a appelé la communauté internationale à obtenir la levée de ces sanctions.

Mme FARZANA ZAHIR (Maldives) s’est félicitée de la croissance économique enregistrée ces dernières années par les Maldives.  Le pays, a-t-elle indiqué, a signé un accord avec la Banque mondiale pour améliorer encore la gestion des finances publiques et ainsi améliorer la transparence, l’optimisation des coûts et des risques, ainsi que les services publics avec des investissements dans les infrastructures.  La représentante a estimé que les institutions financières internationales devraient être plus souples lorsqu’il s’agit d’examiner les demandes de prêts à des conditions préférentielles pour les petits États insulaires en développement.

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a déclaré que son pays, classé dans la catégorie de ceux à « revenus intermédiaires supérieurs », connait encore des inégalités et des limitations structurelles qui affectent ses capacités à investir et à redistribuer la richesse.  Le Pérou est particulièrement vulnérable à la décélération de l’économie mondiale et aux fluctuations des prix des matières premières.  En outre, les changements climatiques, la corruption, le crime transnational organisé, l’augmentation des inégalités ou les conséquences de l’automatisation affectent le potentiel de développement du pays et mettent en péril ses acquis.  Pour y faire face, le représentant a plaidé pour le renforcement du multilatéralisme et la coopération internationale.  Il estime également que la promotion de politiques d’ouverture économique et commerciale, et de l’économie verte, exige d’inclure le secteur privé dans le financement du développement.  À ce titre le Pérou, en ligne avec le Programme d’action d’Addis-Abeba, vient de prendre une série de mesures visant à inverser la part publique-privée dans la reconstruction du nord du pays, ravagé par le phénomène El Niño

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie), tout en reconnaissant que des mesures urgentes ont été prises pour tenter de juguler les différentes crises, a néanmoins souligné que la situation demeure préoccupante et exige des réformes d’ampleur concernant la gouvernance mondiale et l’architecture financière internationale sur la base d’une approche globale et concertée.  À ce titre, l’Algérie continue à insister pour l’édification d’un multilatéralisme renouvelé, transparent et compatible avec un développement durable fondé sur des principes universels.  Le représentant s’est dit préoccupé également par les risques d’un nouveau cycle potentiel de crises de la dette et de perturbations économiques.  Il a plaidé pour une action internationale concertée et énergique pour soulager les pays souffrant d’un grave surendettement, minimiser la contagion et assurer une renégociation équitable et efficace de la dette souveraine.  Il faut également améliorer les mécanismes financiers internationaux de prévention et de règlement des crises, a-t-il ajouté.

M. VITALII BILAN (Ukraine) a indiqué que depuis l’agression dont le pays est victime, il a mis en place une série de réformes, notamment dans les domaines fiscal, financier et budgétaire.  Les résultats sont déjà visibles, a-t-il fait valoir en affirmant que la croissance a repris en Ukraine depuis trois ans.  En outre, on note une augmentation de la mobilisation des ressources nationales, a-t-il indiqué.  Ainsi, à l’automne dernier, le pays a connu un retour sur les marchés financiers couronné de succès.  De même, la coopération avec le FMI et d’autres institutions financières internationales a renforcé la stabilité financière du pays, soutenant ainsi la réforme des institutions du pays et partant de toute l’économie. 

M. LU YUHUI (Chine) a déploré le protectionnisme, qui a des incidences sur le commerce international, et plaidé pour une défense du multilatéralisme.  Cette année, la Chine va organiser la première foire internationale au cours de laquelle elle va examiner les nouvelles tendances d’une économie ouverte, à laquelle elle est très favorable.  Au sujet de la dette, le représentant a indiqué que la Chine allait continuer à s’acquitter de ses engagements.  Quant au financement pour le développement, il l’a jugé essentiel pour réaliser les objectifs de développement durable.

M. VILIAMI VAꞋINGA TŌNĒ (Tonga) a rappelé l’importance de mobiliser des financements durables en faveur des pays en développement.  En tant que PEID, Tonga est conscient de l’importance de partenariats solides avec les donateurs.  Sur le plan local, Tonga a établi des réformes fiscales et monétaires afin d’améliorer la gestion des finances publiques.  Le représentant a plaidé pour l’inclusion financière afin de créer des sociétés inclusives et équitables dans l’optique de la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a aussi souligné l’importance de financements dédiés aux changements climatiques, notamment pour des projets d’adaptation et d’atténuation. 

Mme MERYEM HAMDOUNI (Maroc) a réaffirmé son attachement au système commercial multilatéral sous l’égide de l’OMC, véritable référentiel de la politique nationale.  Elle s’est inquiétée des progrès insuffisants des négociations menées dans le cadre du Cycle de Doha, qui entravent l’avancée des objectifs de développement durable.  L’aide publique au développement restant une pierre angulaire pour le financement de la coopération pour la mise en œuvre de ces objectifs, la représentante a appelé toutes les parties prenantes à honorer leurs engagements.

M. KHAMPHINH PHILAKONE (République démocratique populaire lao) a plaidé la cause des pays en situation particulière et demandé que la priorité soit accordée aux partenariats renforcés avec ces pays pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Réclamant la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, le délégué a indiqué que son gouvernement était engagé à réaliser les objectifs de développement durable, avec l’objectif de ne laisser personne sur le bord du chemin.  Le Lao a ainsi intégré ce programme, ainsi que le Programme 2030 et d’autres initiatives de développement mondial, dans son huitième plan national de développement socioéconomique quinquennal 2016-2020, qui est centré sur trois dimensions du développement durable: croissance économique soutenue, développement social et protection de l’environnement.

M. GEBEYEHU GANGA GAYITO (Éthiopie) a noté que le monde progresse dans l’application du Programme d’action d’Addis-Abeba, mais que les problèmes de soutenabilité de la dette plombent de nombreux pays.  Il a salué l’initiative du Secrétaire général de lancer sa stratégie de financement pour le Programme 2030: elle sera essentielle pour que le Programme d’action d’Addis-Abeba prenne corps, selon lui.  Les pays développés doivent honorer leurs engagements, a réclamé le représentant, avant de relever que les objectifs de développement durable sont l’occasion de développer des partenariat public-privé.  Cela donnera des situations gagnant-gagnant, a-t-il prédit. 

M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso) a indiqué que la situation sécuritaire dans son pays est marquée par des attaques terroristes récurrentes et des troubles sociaux, autant de difficultés qui n’ont pas permis d’améliorer certains indicateurs sociaux.  Les perspectives de croissance montrent tout de même une certaine résilience de l’économie, a-t-il tempéré.  Le représentant a plaidé pour la « mutualisation des efforts régionaux » pour freiner le financement du terrorisme.  De même, le Burkina Faso table sur la lutte contre les flux financiers illicites, « un préalable important pour assurer la stabilité et le développement économique et social », a-t-il relevé.  Il a en outre invité le FMI à alléger ses conditions d’intervention dans les pays en développement.  Le FMI pourrait notamment, a-t-il suggéré, octroyer une marge plus importante à ces pays en matière de déficit budgétaire pour leur permettre de dégager un espace budgétaire suffisant, capable de financer les infrastructures qui accompagnent et transforment structurellement l’économie. 

M. PHILIP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) a estimé que la Deuxième Commission doit changer la donne dans la mise en œuvre du Programme 2030 et avancer des options concrètes pour le financement pour le développement.  Évoquant le mécontentement croissant à l’égard de la mondialisation, le représentant a conseillé d’éviter tout effet déstabilisateur à long terme.  Le commerce est un important moyen du financement et il faut adhérer à un système fondé sur des règles, avec une meilleure représentation des pays en développement dans la gouvernance mondiale, a plaidé le représentant.  En outre, une coopération internationale est nécessaire pour lutter contre les flux financiers illicites et l’esprit multilatéral de toutes les négociations doit être préservé.

M. AMOLO (Kenya) s’est dit convaincu que la prospérité doit être partagée avec ses voisins.  Il a, à cet égard, regretté qu’une des menaces à cette prospérité soit l’incapacité des Africains à se déplacer dans les pays voisins, en raison des exigences de visa, d’où des difficultés pour le commerce.  Il a dit que l’accord de libre-échange africain est une bonne nouvelle et que le commerce ouvert et fondé sur des règles est nécessaire au développement.  Les flux financiers illicites plombent les économies et entravent la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il poursuivi, estimant qu’il faut du temps et de l’énergie pour lutter contre ces flux et contre la corruption.

M. CHINMOUN (Cameroun) a relevé que les conditions actuelles du système commercial sont particulièrement inéquitables.  Pour que le commerce international soit un facteur de développement, a poursuivi le représentant, il faut prendre conscience que les subventions et les barrières non tarifaires contraires à l’esprit de l’OMC faussent les échanges et rendent difficile l’émergence des pays en développement.  Le représentant a plaidé pour le renforcement de la coopération Sud-Sud et des capacités des pays défavorisés pour parvenir à la réalisation du Programme 2030.  Il a aussi appelé à l’allègement de la dette des pays en développement et a critiqué la financiarisation qui favorise l’apparition de bulles spéculatives et rendent la croissance économique mondiale non viable.  Quant à la réforme de la gouvernance mondiale, elle devrait être destinée à limiter l’utilisation des instruments financiers à des fins spéculatives.  Enfin, il a indiqué que le Cameroun subit particulièrement les effets négatifs des flux financiers illicites et qu’il a pris des mesures pour pallier ce problème.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a noté que son pays a été victime de la chute des prix de certains produits de base qui sont le socle de son économie.  Pour combler le déficit du commerce extérieur dû à ces chocs externes, la Namibie a renforcé ses capacités nationales de mobilisation des fonds, notamment en mettant sur pied un système fiscal plus solide.  Pour illustrer l’inégalité des revenus dans son pays, il a mentionné son coefficient de Gini qui est de 0,56.  Cela résulte notamment de l’héritage de l’apartheid, a-t-il expliqué.  M. Gertze a souligné que la Namibie est classée comme un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, une donnée qui ne tient malheureusement pas compte des inégalités de revenus de ses habitants et des conditions socioéconomiques du pays. 

Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a noté que, dans le contexte d’une croissance économique mondiale actuellement à 3,9%, la Zambie a, elle aussi, montré des signes de résilience.  Mais les exportations zambiennes sont assombries par le protectionnisme et les changements climatiques.  Au niveau de la soutenabilité de la dette, la Zambie voudrait passer d’un risque « élevé » à « modéré », a indiqué la représentante.  Elle a indiqué que son pays avait renforcé le contrôle parlementaire sur la contraction de la dette, et refinancé des prêts bilatéraux locaux et extérieurs.  Concernant la lutte contre les flux financiers illicites, et le non-paiement des impôts, la Zambie a voté une loi des finances exhaustive, renforcée par l’apport de la technologie, avec un nouveau système de paiement des impôts en ligne. 

Mme SARRESTANI (République islamique d’Iran) a qualifié le commerce international « d’essentiel » face aux incertitudes actuelles.  Il devrait être accessible à tous et inclusif, a-t-elle plaidé.  Aujourd’hui en crise, le système commercial est en quête de solutions.  L’Iran considère qu’il faut parvenir à un système « multilatéral universel, réglementé, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable ».  Victime de sanctions, l’Iran a actuellement recours à une économie de résistance, a expliqué la représentante qui a dénoncé ces sanctions comme « unilatérales et irresponsables ».  Mme XX a enfin remarqué que de nombreux pays en développement défendaient le multilatéralisme, et qu’il fallait ouvrir l’accès à l’OMC à davantage de pays. 

Mme DAUD (Malaisie) a déclaré que la Malaisie demeurait profondément attachée à l’OMC.  Elle a appelé à redoubler d’efforts pour achever le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment dans l’assistance aux pays les moins avancés.  En tant qu’économie parmi les plus ouvertes du monde, avec un rapport de commerce au PNB de plus de 140% depuis 2010, la Malaisie est convaincue que le commerce permettra de réaliser les objectifs de développement durable.  Réaffirmant son appui à la coopération Sud-Sud, elle a signalé que la Malaisie avait fourni une aide aux PMA ayant bénéficié à 32 000 personnes.  La Malaisie contribue ainsi modestement à aider les pays du sud à augmenter leurs capacités, a-t-elle fait remarquer.

M. DANIEL FERNAN GIMENEZ (Norvège) a rappelé qu’une des valeurs essentielles du Programme d’action d’Addis-Abeba est qu’il est complet.  L’APD, a-t-il reconnu, restera importante et devra continuer d’être mobilisée.  Il a d’ailleurs souligné que la Norvège allait au-delà de l’exigence de 0,7% du PIB.  Toutefois, le délégué a estimé qu’il fallait de nouvelles ressources, grâce notamment, à une meilleure collecte des impôts.  Les flux illicites, estimés à 1000 milliards de dollars par an, sont sept fois supérieurs à l’APD, a-t-il fait observer, ajoutant que l’intégrité, la transparence et la redevabilité sont des éléments clefs.  De plus, la situation économique exige des prêts et des emprunts responsables car il ne faut pas que les erreurs qui ont conduit à des crises de la dette se reproduisent. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a évoqué la fragilité de base de la plupart des pays en développement et la vulnérabilité des PMA au ralentissement économique, appelant à prendre des mesures et des changements structurels pour les réduire.  S’agissant du système financier international, l’Observateur a relevé que les marchés à eux seuls ne peuvent garantir un véritable progrès ni sauvegarder les biens communs tels que les emplois décents et l’environnement.

Mme CARLA MUCAVI, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture-FAO, a fait observer que le commerce international a le potentiel d’aider les pays à s’adapter aux changements climatiques en stabilisant les marchés et en réallouant la nourriture en surplus aux régions déficitaires.  À condition, a précisé Mme Mucavi, de veiller à ce que les échanges agricoles soient équitables et permettent l’élimination de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.  Le commerce agricole mondial va jouer un rôle de plus en plus important pour garantir la sécurité alimentaire et une nutrition adéquate, surtout pour les pays vulnérables aux hausses de température et aux événements climatiques extrêmes.  Élaborer et mettre en œuvre des mesures pour placer la production agricole mondiale sur une voie plus durable, pour protéger les pays et régions les plus vulnérables et pour faciliter la contribution du commerce à la réalisation de l’objectif de développement durable 2 –faim « zéro »- est essentiel pour parvenir à un monde libre de faim et de malnutrition d’ici à 2030.

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Représentant spécial et Directeur de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a remarqué que si le chômage s’était stabilisé dans le monde, l’emploi « vulnérable » progressait, et qu’il touchait même 3 employés sur 4 dans les pays en développement.  Les femmes ont des emplois de moindre qualité, a-t-il notamment relevé.  Il a prévenu que des changements structurels, et surtout les progrès technologiques, allaient encore davantage bouleverser le marché.  Les technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre vont progresser, par exemple, tandis que le temps partiel gagne du terrain, pouvant créer de l’insécurité.  Les politiques doivent prendre en compte ces bouleversements, a plaidé M. Pinheiro, en espérant qu’elles offrent des protections à tout le monde, pas seulement aux employés bénéficiant de contrats stables. 

Mme SYLVIA HORDOSCH, Conseillère politique à ONU-Femmes, a rappelé que les États Membres ont appelé à davantage d’investissements pour faire progresser l’égalité des sexes.  Des discriminations demeurent, a-t-elle noté en dénonçant les coupes budgétaires dans le secteur social et les réductions dans le secteur du service public, qui touchent davantage les femmes.  Les gouvernements doivent agir, a-t-elle lancé, réclamant des politiques sociales bien conçues qui aient une influence productive sur la croissance.  L’aide publique au développement doit aussi être adaptée à l’égalité entre les sexes, a-t-elle plaidé, et s’attaquer aux formes multiples de discrimination que connaissent les femmes et les filles, y compris dans le cadre de la coopération Sud-Sud. 

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