Soixante-treizième session,
14e séance – matin  
AG/EF/3501

Deuxième Commission: la transition énergétique devient indispensable au développement humain

L’accès à une énergie propre, la désertification, l’épuisement des réserves en eau douce, la dégradation des terres et les menaces sur la diversité biologique ont été quelques-uns des sujets mis en avant, ce matin, à la Deuxième Commission (questions économiques et financières), qui a terminé son débat sur le développement durable.  Les délégations ont insisté sur les obstacles qui entravent le développement tout en faisant part des mesures prises à tous les niveaux pour y remédier, sans oublier de réitérer leurs appels à financer au mieux les efforts.

Des services énergétiques fiables, durables, modernes et disponibles à un coût abordable pour tous, sont désormais indispensables au développement humain, ont souligné plusieurs délégations.  Or, à l’heure actuelle, plus d’un milliard de personnes dans le monde vivent encore sans électricité, a fait observer le Togo, qui a salué la création de l’Alliance internationale pour l’énergie solaire et le rôle qu’elle joue dans la promotion des énergies renouvelables.

La transition vers une énergie propre et durable, qu’elle soit éolienne ou solaire, figure parmi les programmes mis en place par de nombreux pays, comme les Maldives et le Viet Nam.  Pour sa part, les Tonga se sont fixées pour objectif d’utiliser ce type d’énergie pour couvrir 50% de leurs besoins d’ici à 2020, et le pays accueille le Centre du Pacifique pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique (PCREEE).  

Une énergie propre et durable permet de réduire une partie des émissions de gaz à effet de serre qui provoquent les changements climatiques et augmentent les risques de catastrophe, auxquels les pays en développement sont particulièrement vulnérables, ce qui entrave les progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable.  L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a plaidé la cause de l’énergie nucléaire qui permet de limiter les émissions par la moindre utilisation de combustibles fossiles.

Mais au-delà des réductions des émissions, la transition énergétique apporterait des avantages socioéconomiques significatifs, a démontré l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA): elle doperait la croissance du PIB de 1% d’ici à 2050, emploierait près de 29 millions de personnes dans le secteur des énergies renouvelables -avec un gain net de 11 millions d’emplois- et générerait une hausse de 15% du bien-être, surtout en améliorant la santé grâce à un air moins pollué.  

Les intervenants n’ont pas manqué de souligner que les changements climatiques et le réchauffement de la planète sont la plus grosse menace qui pèse sur le développement durable, comme met en garde le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son récent rapport: une hausse de la température limitée à 1,5° C n’est plus un objectif idéal mais « une question de survie pour l’humanité ».  Ce ne sont pas moins de 1,2 milliard d’emplois dans le monde, soit 40% des emplois, qui dépendent d’un écosystème planétaire en bonne santé, a renchéri l’Organisation internationale du Travail (OIT). 

Parmi les outils de lutte contre les changements climatiques, la Turquie a évoqué l’importance de mettre en œuvre la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, et la Convention sur la diversité biologique.  L’Érythrée a d’ailleurs fait observer que la dégradation des terres et, partant, les moindres rendements agricoles et l’insécurité alimentaire qui en résultent, est un problème gigantesque que les pays ne peuvent aborder seuls et qui nécessite donc une coopération et une coordination internationale.

L’AIEA a fait savoir que la technologie nucléaire peut aussi être très utile pour faire face au manque d’eau, à la dégradation des sols et à l’augmentation des insectes nuisibles et qu’elle a permis à des pays de réduire la pauvreté et la faim, de mieux gérer les ressources hydriques, de diagnostiquer et traiter certaines maladies, et de réagir face aux changements climatiques. 

Trois ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le même constat a été fait aujourd’hui que pendant les deux premiers jours de débat sur le sujet: les défis demeurent ainsi que les écarts entre pays.  Tandis que certains ont fait de grands pas, d’autres souffrent de problèmes de financement ou de conflits internes, a dit la Libye, faisant valoir que le financement constitue la pierre angulaire de la réalisation des objectifs de développement durable.

La nécessaire mobilisation des ressources adéquates pour aider les pays en développement -en particulier les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID)- a du reste été soulignée par plusieurs intervenants, comme la République démocratique populaire lao, qui a appelé à respecter les engagements pris au titre de l’aide publique au développement (APD).  Pour les Maldives, rien ne saurait remplacer les investissements qui promeuvent le développement durable et contribuent au renforcement des capacités pour s’adapter aux changements climatiques et réduire les risques de catastrophe.

La Deuxième Commission examinera demain, à partir de 10 heures, le point de l’ordre du jour consacré à l’élimination de la pauvreté.

DÉVELOPPEMENT DURAPLE

Clôture de la discussion générale

M. VITALY MACKAY (Bélarus) a indiqué qu’un poste de coordonnateur pour le développement durable avait été créé au Bélarus et que le Gouvernement est très responsable vis-à-vis de ses obligations en matière de développement.  Le représentant s’est d’ailleurs félicité de l’amélioration du classement du pays en ce qui concerne l’indice de développement humain (IDH).  Il a estimé que la coopération pour le développement durable était une clef pour le succès.  Le Bélarus, a-t-il fait valoir, a présenté son examen volontaire national au Forum politique de haut niveau en juillet 2017; il s’est aussi soumis à un examen régional.  Le Bélarus a également initié en février 2018 le premier forum de coordonnateurs régionaux pour l’Europe et l’Asie centrale à Minsk et a proposé de créer une base de données de l’ONU sur les coordonnateurs résidents.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a estimé que l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses 17 objectifs de développement durable représentait un pas important dans la construction d’un consensus de la communauté internationale, mais a reconnu qu’il restait beaucoup à faire pour le mettre en œuvre.  Il a recommandé des actions conjointes pour l’éradication de la pauvreté, de la faim, de la malnutrition, de la guerre, des conflits ainsi que des violences contre les femmes et les filles, ainsi que pour se préparer aux changements climatiques.  Il a réclamé davantage d’ambition politique de la part des pays développés, en leur demandant aussi de contribuer davantage en termes d’APD.  Il a en outre recommandé de supprimer toutes sanctions économiques unilatérales, arguant qu’elles constituent un obstacle à la réalisation du Programme 2030 pour les pays qui en font l’objet.  Inquiet de la hausse des températures et de l’absence de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le délégué a ensuite souligné que la Deuxième Commission avait un rôle important à jouer dans le développement durable.  Il a enfin espéré que soient préservés les principes fondateurs des Nations Unies « pour que les peuples vivent en harmonie avec la terre nourricière ».

M. AL-NAHDI (Arabie saoudite) a dit que son pays accordait une grande importance à la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a recommandé un développement qui satisfasse les pays développés comme les pays en développement. Le Royaume s’est engagé à préserver ses ressources naturelles et à protéger l’environnement, a-t-il assuré, en soulignant que cela nécessite la création de nouvelles technologies et l’utilisation optimale des ressources hydriques.  Il a insisté sur la protection des côtes, des îles et de la diversité biologique.  Il a aussi encouragé le tourisme environnemental et invité à limiter la chasse illégale.  L’Arabie saoudite a suggéré qu’il fallait lutter contre les phénomènes climatiques délétères en développant des zones de forêts et de pâturages, et en investissant dans des types d’habitats originaux.  Dans son pays, 4 000 hectares de terres arables ont été créées, a-t-il signalé, en faisant remarquer que le Gouvernement fait son possible pour protéger ses ressources naturelles.  Il a enfin condamné les agissements d’Israël au sujet de la marée noire qui a frappé le Liban en 2006.

M. KOMPITA SENGDALAVONG (République démocratique populaire lao) a estimé que, pour réaliser les objectifs de développement durable, la communauté internationale devait respecter ses engagements en termes de développement inclusif et mobiliser les ressources adéquates pour aider les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID).  À cet égard, il a appelé les partenaires de développement à respecter leurs engagements pris au titre de l’aide publique au développement (APD).  Au niveau national, le Gouvernement lao a mis en place un comité de pilotage national pour veiller à la mise en œuvre pleine et entière des objectifs de développement durable.  Il travaille en outre en étroite collaboration avec l’équipe des pays des Nations Unies pour adapter ces objectifs au contexte national.  Le pays a mis l’accent sur la croissance verte, la croissance durable, le développement social et la protection de l’environnement.  Il a présenté son examen volontaire national lors du Forum politique de haut niveau en juillet 2018.

M. MEZANG AKAMBA (Cameroun) a souligné que le Cameroun était gravement touché par les changements climatiques, la déforestation, l’épuisement des réserves en eau douce et la désertification, entre autres obstacles sur la voie de son développement, ce qui a eu pour conséquence de déplacer certaines zones de production.  Le pays s’est engagé dans des mesures de reboisement, de mise en valeur des ressources forestières et de préservation de la richesse biologique.  Particulièrement concerné par les risques de catastrophes, le Cameroun assure la mise en œuvre, sur le plan national, du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe afin d’améliorer sa résilience.  Il a aussi créé un fonds de soutien aux victimes de catastrophes et de calamités naturelles.  Par ailleurs, le Gouvernement accorde une place de choix à la santé et veille à ne laisser personne de côté.  Il fait cependant face à un manque de moyens financiers et de ressources technologiques, aussi, le représentant a-t-il appelé la communauté internationale à respecter ses engagements d’aide au développement.

M. VILIAMI VA’INGA TŌNĒ (Tonga) a mis l’accent sur les défis spécifiques que ce petit État insulaire doit relever pour atteindre le développement durable, saluant, à cet égard, les références aux PEID dans le rapport du Secrétaire général, qui rappelle les risques posés par les effets des changements climatiques et invite à intensifier la coopération internationale dans l’appui à cette catégorie de pays pour les aider dans la mise en œuvre du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Il a précisé que son pays avait aligné ses priorités sur les accords internationaux comme le Programme 2030 et les Orientations de Samoa.  Tonga a d’ailleurs accueilli, en juin dernier, la réunion préparatoire des États insulaires du Pacifique pour l’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa.  Le pays vient aussi de lancer son deuxième plan d’action conjoint pour l’adaptation aux changements climatiques et à la gestion des risques de catastrophe.  Le pays participera, en outre, à la COP14 en novembre à Charm el Cheikh.  Chantre de la promotion de l’énergie renouvelable, Tonga s’est fixé pour objectif d’utiliser ce type d’énergie pour couvrir 50% de ses besoins d’ici à 2020, et abrite le Centre du Pacifique pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique (PCREEE). 

M. BUI THAI QUANG (Viet Nam) a déclaré que le Viet Nam reconnaissait la nécessité d’un accès universel aux sources d’énergie moderne, appelant à promouvoir partout les énergies renouvelables, ce à quoi son pays s’est engagé.  Il a demandé d’adopter des politiques d’appui et des investissements internationaux dans ce domaine pour accompagner la transition.  Le Viet Nam, a-t-il indiqué, veut augmenter drastiquement sa production d’énergies renouvelables en passant de 58 milliards de kilowatts/heure en 2015, à 101 milliards en 2020, pour arriver à 186 milliards en 2030.  Le représentant a enfin dit travailler à des nouvelles voies de production énergétique verte par le biais notamment « de turbines éoliennes, de batteries de voitures, et de panneaux solaires ».

M. OMAR A. A. ANNAKOU (Libye) a souligné que trois ans après l’adoption des objectifs de développement durable, les défis demeurent ainsi que les écarts entre pays.  Tandis que certains ont fait de grands pas, d’autres ont des problèmes de financement ou des conflits internes; « d’autres encore souffrent de colonisation », a-t-il souligné.  Il a appelé à mettre en œuvre une responsabilité commune mais différenciée, et averti que les conflits dans le monde causent une grande fragilité des pays.  Le sien souffre d’un problème de migration illicite venant du Sud qui pèse sur l’économie.  Ce problème international revêt divers aspects, et vu le grand nombre de migrants qui passent par la Libye, les pays d’origine devraient prendre leurs responsabilités et mettre fin à cette migration risquée par la mer, a exigé le représentant.  Enfin, faisant valoir que le financement constitue la pierre angulaire de la réalisation des objectifs de développement durable, il a dit qu’il est grand temps de mobiliser les ressources en collaborant entre pays, et de restituer les avoirs volés aux États en cas de corruption.  Aussi, la Libye espère récupérer ses avoirs pour financer son développement et renforcer ses capacités pour faire face aux changements climatiques. 

Mme SU NANDAR HLAING (Myanmar) a déclaré que la politique économique du pays était ancrée dans les engagements régionaux et le Programme 2030, avec 3 piliers, 5 objectifs, 28 stratégies et 251 plans d’action reposant sur une vision à long terme, pour transformer le Myanmar en une nation démocratique, pacifique et prospère.  Si le pays a traversé de multiples et complexes transitions ces dernières années, il a toutefois pu engranger des résultats fructueux pour la vie sociale, politique et économique: le revenu par habitant a augmenté de 50% et le taux de pauvreté a chuté de 40 à 30%.  De surcroît, le Myanmar a rempli avec succès, en mars dernier, tous les critères d’éligibilité pour sortir du statut de PMA.  Le pays a mis l’accent sur les investissements, étrangers et domestiques, et sur le développement des petites et moyennes entreprises par le renforcement des capacités, les prêts en espèces et les infrastructures.  Une feuille de route d’inclusion financière (2018-2022) cible notamment les paysans à faible revenu, les femmes et les personnes travaillant à leur compte.  Le pays a également augmenté le budget destiné à l’enseignement et adopté un plan stratégique national pour la promotion de la femme (2013-2022).  En outre, il existe maintenant des centres d’appui aux femmes pour lutter contre la violence sexuelle.

Mme FARZANA ZAHIR (Maldives) a fait observer que rien ne saurait remplacer les investissements qui promeuvent le développement durable et contribuent au renforcement des capacités pour s’adapter aux changements climatiques et réduire les risques de catastrophe.  Elle a expliqué que l’économie des Maldives est dominée par les secteurs du tourisme et de la pêche, qui se caractérisent par leur capacité à préserver des pratiques durables et attirent les investisseurs.  Les Maldives ont donc tout intérêt à maintenir et promouvoir la santé de l’océan, à préserver la biodiversité marine et à protéger les plages de l’érosion.  Or la plus grosse menace au développement durable est les changements climatiques et le réchauffement de la planète, comme l’indique le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié le 8 octobre, qui a, d’ores et déjà, rappelé qu’une hausse de la température limitée à 1,5°C n’est plus un objectif idéal mais une question de survie pour l’humanité.  Parmi les programmes mis en place par les Maldives figurent la transition vers une énergie propre et durable, a précisé Mme Zahir.

Mme TIFOUMNAKA KOUBODENA (Togo) a souhaité évoquer la question de l’énergie, qui occupe une place centrale dans le Programme 2030, rappelant que plus d’un milliard de personnes dans le monde vivent sans électricité.  En outre, 3 milliards n’ont pas accès à des modes de cuisson propres et sont exposées aux dangers de la pollution de l’air intérieur, problème qui causerait 3,8 millions de décès prématurés par an, notamment chez les femmes et les enfants.  La représentante a salué la création de l’Alliance internationale pour l’énergie solaire et le rôle qu’elle joue dans la promotion des énergies renouvelables.  Pour le Togo, il serait difficile d’atteindre les objectifs de développement durable sans résoudre durablement cette question de l’accès à l’énergie, raison pour laquelle le Gouvernement a mis en place une politique énergétique qui s’appuie sur le partenariat public-privé.  L’objectif est de passer de 37% de couverture énergétique actuellement à 50% en 2020, 75% en 2025 et 100% en 2030. Plusieurs initiatives d’envergure ont été lancées pour ce faire, comme le projet CIZO, avec l’appui de l’Union européenne et de la Banque mondiale, visant à installer 100 000 systèmes solaires domestiques hors réseau.  L’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable est désormais indispensable au développement humain, a conclu Mme Koubodena.

Mme AYŞE ŞEBNEM MANAV (Turquie) a reconnu le rôle de la Deuxième Commission dans l’orientation normative pour résoudre les défis économiques, écologiques et de développement.  Elle a axé son intervention sur la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique; de la Convention sur la diversité biologique; et sur la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière.  Dans le cadre de l’Initiative d’Ankara qui vise à lutter contre la désertification, la Turquie a signé un mémorandum d’accord avec l’Agence panafricaine de la grande muraille verte, a indiqué la déléguée.  Elle a aussi signalé aussi que le pays a conclu un partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) tendant à épauler l’Érythrée, la Mauritanie et le Soudan dans leur combat contre l’érosion des terres et la désertification grâce à une gestion durable de leurs ressources naturelles et à la restauration des forêts et des paysages érodés.

Le pays étant situé sous trois différents climats et zones biogéographiques, il dispose d’extraordinaires écosystèmes et d’une grande diversité d’habitat naturel, avec plus de 12 000 plantes enregistrées et plus de 1 500 espèces vertébrées, 2 grandes routes de migration aviaire et 2 821 zones protégées sur 5,6 millions d’hectares.  À ce propos, elle a appelé à l’intensification des efforts de mise en œuvre du Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 et de ses objectifs d’Aichi.  Elle a assuré que la Turquie, en tant que pays hôte en 2022 de la COP16 à la Convention sur la diversité biologique, est engagée à mettre en œuvre le cadre post-2020 qui sera fondé sur les objectifs d’Aichi et aligné avec le Programme 2030.  Étant en outre exposée aux tempêtes de sable et de poussière provenant d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, la Turquie a dit attacher la plus haute importance à la coopération régionale et au renforcement de la résilience.

Mme JUAREZ ARGUETA (Guatemala) a indiqué que son pays avait lancé un processus national et multisectoriel pour mettre en œuvre le Programme 2030 au niveau national.  Le Plan Guatemala 2032 oriente les travaux de l’État en vue de transformer profondément le pays, a-t-elle précisé, en souhaitant une plus grande cohésion entre politiques globales, nationales et locales, afin d’inclure toute la société guatémaltèque dans le processus.  « Nous ne devons oublier personne », a souligné la représentante: ni la population, ni le secteur privé.  Le Guatemala, qui présentera un rapport volontaire tous les deux ans sur les progrès dans le développement national, soutient les travaux menés à cette fin par les Commissions régionales de l’ONU, et souhaite que le Forum politique de haut niveau renforce ses travaux.

La représentante s’est félicitée que son pays se soit associé à la campagne « océans propres » de l’ONU, en octobre dernier, en précisant que son pays utilise de plus en plus un outil novateur: des filets fabriqués avec des résidus plastiques, nommés « bio clôtures », qui aident à récolter les déchets et à leur donner une nouvelle vie.  Les pays voisins se sont associés à cet effort, a-t-elle signalé.  Sur le plan du financement du développement durable, le Guatemala a reconnu qu’il fallait renforcer la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, et demandé aux Nations Unies d’aider les pays en développement, d’où sont issues les populations les plus vulnérables aux changements climatiques.  

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a signalé les progrès et les obstacles dans la réalisation des objectifs de développement durable, et recommandé d’accélérer l’exécution du Programme 2030, en particulier dans les pays en développement.  Pour éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes, il convient d’adopter une approche préventive, plus concentrée sur les personnes, et de développer des stratégies multirisques jusqu’à 2020, a-t-elle recommandé.  Citant le phénomène El Niño de 2015-2016, elle a appelé à se préparer et à renforcer la résilience durant les « années neutres », entre chaque phénomène.  La neutralité de la dégradation des sols peut contribuer efficacement à la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-elle aussi relevé.  L’Équateur a enfin reconnu qu’il était crucial d’accélérer l’accès aux énergies renouvelables pour protéger la Terre nourricière, ou « Pachamama », comme elle est appelée en Équateur. 

Mme AZIZAH BINTI ABD AZIZ (Malaisie) a remarqué que, dans un monde de plus en plus connecté, les questions ou les problèmes affectant un pays affecteront les pays voisins à un moment ou un autre.  Aussi a-t-elle appelé la communauté internationale à coordonner ses efforts pour accélérer le rythme et prendre les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les 17 objectifs de développement durable.  La Malaisie a réduit la pauvreté extrême à moins de 1% de la population et tient à réduire de 45% l’intensité d’émissions carbone d’ici à 2030.  Elle s’est également engagée à accélérer le processus de réduction des risques de catastrophe par une mise en œuvre cohérente du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Mme Abd Aziz a réitéré son appel aux pays développés à prendre leurs responsabilités en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre.  Comme l’un des pays les plus divers, la Malaisie est aussi engagée dans la conservation et la durabilité de la biodiversité. 

Mme MICAEL (Érythrée) a indiqué que la bonne gestion des ressources naturelles est absolument nécessaire au développement économique et environnemental du pays.  Elle a fait observer que la dégradation des terres est un problème gigantesque que les pays ne peuvent aborder seuls et qui nécessite une coopération et une coordination internationale.  Pour relever le défi de la sécurité alimentaire, l’Érythrée a mobilisé la société civile et construit des micro barrages, a-t-elle indiqué.  Mais davantage d’investissements seront nécessaires pour assurer un approvisionnement alimentaire suffisant pour la population, a-t-elle expliqué en appelant à continuer à renforcer les capacités de pays comme le sien.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a cité le pape François qui a qualifié de « signe important d’espoir » l’adoption par la communauté internationale du Programme 2030.  Le nouveau paradigme pour le développement durable nécessite une collaboration plus ferme, a-t-il estimé en expliquant qu’il fallait une éthique basée sur l’individu.  À propos de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, il faut s’assurer de ne pas remplacer un ancien problème par un nouveau, a-t-il prévenu: le produit intérieur brut (PIB) pris comme un but statistique fait parfois fi de l’individu.

Pour pallier la pauvreté extrême, il est nécessaire de rendre leur dignité aux gens, a poursuivi le nonce.  Prenant l’exemple du tourisme, une des sources de croissance, il a conseillé de le voir aussi comme une rencontre.  En effet, de plus en plus de visiteurs de pays développés visitent des pays en développement et se concentrent sur les beautés de la nature sans rencontrer ses habitants, a déploré Mgr Auza.  Il a célébré la culture de la rencontre, l’être humain devant être au centre de tout, craignant que le manque de rencontres soit un frein au développement durable.  En conclusion, il a recommandé de construire des sociétés plus inclusives.  Il a fustigé l’état d’esprit qui veut « réduire la pauvreté en éliminant les pauvres ». 

Mme AMBER BARTH, de l'Organisation internationale du Travail (OIT),  a rappelé que 1,2 milliard d’emplois dans le monde, soit 40% des emplois, dépendent d’un écosystème planétaire en bonne santé.  L’OIT a conclu que les actions limitant les changements climatiques à moins de 2o C détruirait 6 millions d’emplois mais en créeraient 24 millions d’autres grâce à la généralisation des pratiques écologiques.  L’Accord de Paris sur les changements climatiques appelle à prendre en compte les principes d’une transition juste et d’un emploi décent et de qualité, a-t-elle rappelé.

L’augmentation de la chaleur aura de plus en plus de poids sur les économies et sur la santé des travailleurs; elle réduira de 2% le nombre total d’heures de travail dans le monde.  Ce facteur aura des conséquences délétères sur la croissance du PIB des pays en développement, a estimé Mme Barth, et cela représente un défi mondial pour les entreprises.  L’OIT recommande une orientation qui permette une transition juste pour les entreprises et les travailleurs.  Le Gouvernement sud-africain, en collaboration avec des agences onusiennes, accueillera les 10 et 11 janvier 2019 la troisième Conférence ministérielle du Partenariat pour l’action en matière d’économie verte (PAGE), qui rassemblera de nombreuses parties prenantes dont 500 innovateurs et dirigeants de gouvernements, de la société civile et du secteur privé.  Mme Barth a invité les délégations à y participer. 

M. XOLISA MABHONGO, de l'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) , a rappelé que la science et la technologie nucléaires contribuent directement à la réalisation de 9 des 17 objectifs de développement durable.  Elles ont permis à des pays de réduire la pauvreté, la faim, de gérer les ressources hydriques, de diagnostiquer et traiter certaines maladies, comme le cancer, et de réagir face aux changements climatiques.  Le programme de coopération technique de l’AIEA est un mécanisme unique qui a permis de promouvoir l’utilisation de la technologie nucléaire et de renforcer les capacités dans les pays en développement, y compris par la formation de scientifiques, a expliqué M. Mabhongo.  Quant au Forum scientifique de l’AIEA, qui s’est tenu en septembre à Vienne, il s’est concentré sur le rôle que la technologie nucléaire peut jouer dans la réduction et l’adaptation aux changements climatiques.  Par exemple, l’énergie nucléaire peut limiter les émissions de gaz à effet de serre par la moindre utilisation de combustibles fossiles.  La technologie nucléaire peut aussi être très utile pour faire face au manque d’eau, à la dégradation des sols et à l’augmentation des insectes nuisibles, par exemple grâce à des techniques isotopiques qui peuvent être plus efficaces que l’irrigation au goutte à goutte.

Mme EMMA ABERG, de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA),  a salué les conclusions du rapport sur le réchauffement climatique du GIEC publié la semaine dernière.  Selon l’analyse de l’IRENA, l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique représentent la meilleure voie pour réduire les émissions de CO2 liées à l’énergie.  L’intérêt des énergies renouvelables est également de plus en plus patent, surtout pour les pays vulnérables aux changements climatiques.  Au-delà des réductions des émissions, l’IRENA démontre que la transition énergétique apporte des avantages socioéconomiques significatifs: elle doperait la croissance du PIB de 1% d’ici à 2050, emploierait près de 29 millions de personnes dans le secteur des énergies renouvelables (avec un gain net de 11 millions d’emplois) et générerait une hausse de 15% du bien-être (surtout en améliorant la santé grâce à un air moins pollué).  L’énergie renouvelable est au cœur du développement durable, a fait observer Mme Aberg, plaidant pour une approche holistique et une accélération des progrès déjà enregistrés pour cette transition.  Elle s’est félicitée, à cet égard, de la baisse des coûts des panneaux photovoltaïques et des éoliennes en mer.

M. RICHTER, de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a mis en exergue la fréquence et l’intensité accrue des catastrophes naturelles subies en raison des répercussions des changements climatiques, les estimations étant que, chaque année, 26 millions de personnes sombrent dans la pauvreté et qu’en 2017, 18 millions de personnes ont été déplacées dans leur propre pays par des catastrophes liées aux conditions climatiques, soit plus que le nombre de celles forcées au déplacement par les conflits ou la guerre.  De la même manière, la lente dégradation écologique risque de conduire à la migration, notamment lorsque les moyens de subsistance sont menacés par la dégradation des terres agricoles ou la raréfaction des ressources halieutiques due à l’acidification des océans.  Soulignant que toutes les régions du monde sont à la même enseigne, l’OIM a tenu à préciser que les PEID, les PMA et les pays en développement enclavés paient un lourd tribut car ils sont les moins à même de se redresser des effets des changements climatiques sur leur économie, ce qui entrave grandement les progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable.

En termes de mobilité, cela se traduit par des niveaux plus élevés de migration forcée.  On estime en effet qu’entre 2008 et 2017, quelque 320 000 personnes ont été déplacées par des catastrophes naturelles dans le Pacifique.  L’OIM a auguré que plus de 3 millions de personnes des PIED, résidant actuellement dans les zones côtières à faible élévation, sont menacées par l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière.  L’OIM s’efforce, en conséquence, de mettre en œuvre des solutions pour appuyer les migrants climatiques et les États amenés à répondre à ces défis dans un climat en changement.  Le représentant s’est dit encouragé par la prise de conscience en matière de politique et par le consensus autour de la nécessité d’envisager des solutions concrètes à la migration climatique, un travail vital étant à présent effectué avec les cadres multilatéraux d’envergure comme la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières représente un autre jalon car le texte final dégage des engagements spécifiques sur les moteurs de la migration environnementale et répond aux défis auxquels se heurtent à la fois les migrants et les États.  Il s’agit enfin de voir comment traduire l’engagement politique en action concrète, a conclu le représentant.   

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