Soixante-treizième session,
Dialogue avec les Commissions régionales - matin
AG/EF/3507

Les commissions économiques régionales défendent le renforcement de l’intégration et la coopération pour réaliser le Programme 2030

L’intégration et la coopération régionale pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sont plus que jamais nécessaires pour favoriser la résilience dans un contexte mondial de plus en plus complexe.  Tel était le thème principal abordé ce matin à la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières, au cours de son dialogue annuel avec les cinq Commissions économiques régionales des Nations Unies. 

Ces commissions sont en charge de l’orientation et de l’analyse des politiques de développement dans les régions.  Elles peuvent être utiles pour identifier les besoins et les exigences des États, notamment face aux inégalités croissantes, qui sont l’un des problèmes essentiels dans la mise en œuvre du Programme 2030, a souligné Mme Alicia Bárcena, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et Coordonnatrice des Commissions régionales, qui a modéré le débat.  En bref, chaque Commission cherche comment à gérer les bouleversements globaux de manière régionale.

En présentant les principaux défis de chaque région pour atteindre les objectifs de développement durable, les Secrétaires exécutifs ont parlé de l’élimination de la pauvreté et de la croissance économique.  Évoquant un phénomène « d’hypermondialisation » en cours depuis 2015, la Secrétaire exécutive de la CEPALC a noté une érosion de la confiance des peuples dans les pactes sociaux et une augmentation des inégalités sociales.  Si la région de l’Amérique latine et des Caraïbes a réussi à sortir 70 millions de personnes de la pauvreté ces 20 dernières années, des différences demeurent entre le niveau de vie des hommes et celui des femmes, et les problèmes de qualité des services publics et de violence persistent, sans compter que la dissuasion militaire ne pourra rien contre les migrations.  La Secrétaire exécutive a attiré l’attention sur l’exemple de l’Union européenne où 63% des biens exportés vont vers d’autres pays membres.  Il faut s’en inspirer.

Son homologue de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Mme Vera Songwe, s’est enthousiasmée de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine, déjà signé par de nombreux pays à Kigali, au Rwanda, en mars 2018, lequel permettra aux entreprises de croître plus rapidement.  L’Afrique, a-t-elle expliqué, est caractérisée par une croissance de 3%, bien inférieure au niveau de l’année 2000, et dans 13 pays, la dette a atteint au moins 70% du produit intérieur brut (PIB), ce qui « doit être un signal d’alarme».

Le Secrétaire adjoint exécutif de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), M. Kaveh Zahedi, s’est félicité du recul de la pauvreté et de l’augmentation de l’espérance de vie dans la région Asie et Pacifique qui pourtant ne pourra atteindre qu’un seul objectif de développement durable, celui de l’accès universel à l’éducation.  Les émissions de gaz à effet de serre sont beaucoup trop élevées, les inégalités d’accès à la santé, à l’eau ou à l’assainissement sont frappantes et fait nouveau, la fracture numérique se creuse.  Les catastrophes dues aux changements climatiques tuent cinq fois plus dans la région qu’ailleurs dans le monde, touchant surtout les plus pauvres. 

M. Mounir Tabet, Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) a lui aussi évoqué les changements climatiques, pour souligner que la région contribue pour moins de 5% aux émissions de gaz à effet de serre mais qu’elle devrait enregistrer les plus fortes hausses de température d’ici à la fin du siècle.  Les plus vulnérables sont les pays les moins avancés (PMA).  La région attribue 83% des pertes économiques aux inondations.  C’est aussi dans cette région que la fracture numérique est l’une des plus graves au monde.  M. Tabet n’a pas oublié de mentionner que la région a accueilli plus de 38 millions de migrants en 2017, représentant 14,8% des migrants dans le monde, et que le nombre de réfugiés a atteint près de 8,7 millions.

Pour sa part, Mme Olga Algayerova, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE) a cité quelques Conventions qui ont fait avancer l’intégration de sa région.  La CEE est parmi les premiers à développer des systèmes intelligents de transport, a-t-elle ajouté. 

Au cours du débat interactif, les délégations ont salué le rôle des Commissions dans le renforcement de la coopération régionale et l’aide à la réalisation des objectifs de développement durable.  La Chine a rappelé que la réforme de ces Commissions est un point important de la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  La Fédération s’est d’ailleurs demandé comment envisager leur rôle dans ce nouveau paysage réformé.    

La Deuxième Commission reprendra ses travaux, en séance publique, le mardi 6 novembre, à 10 heures, pour examiner des projets de résolution.

DIALOGUE AVEC LES SECRÉTAIRES EXÉCUTIFS DES COMMISSIONS RÉGIONALES SUR LE THÈME « INTÉGRATION ET COOPÉRATION RÉGIONALE POUR LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME 2030 »

Ouvrant le débat en sa qualité de modératrice, Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et Coordonnatrice des Commissions régionales a relevé que le contexte mondial actuel est très complexe et que la coopération régionale peut renforcer la résilience.  Les Commissions régionales sont utiles pour identifier les besoins des États, notamment face aux inégalités croissantes qui sont l’un des problèmes essentiels dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Chaque région a des plateformes intergouvernementales et les Commissions régionales doivent en être les partenaires principaux.

Mme VERA SONGWE, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a donné le contexte et les perspectives économiques du continent africain, en visioconférence.  Elle a d’abord salué l’élection d’une femme à la présidence de l’Éthiopie et la normalisation de la situation dans le pays.  La croissance est revenue en Afrique, a-t-elle affirmé, en entrant dans le vif du sujet.  Mais, a-t-elle prévenu, elle n’est plus aussi forte qu’en 2000.  Elle est de 3% environ à l’échelle du continent et non plus à 6% comme au début du siècle.  Cette croissance, nécessaire pour réaliser les objectifs de développement durable, n’a pas empêché l’aggravation des inégalités.  Elle est beaucoup plus rapide en Afrique de l’Est, grâce à une bonne gouvernance et à l’intégration des marchés.  Le sud du continent -Afrique du Sud, Botswana, Zambie– a, quant à lui, souffert de la chute des prix des produits et d’un taux de chômage élevé.

Concernant précisément la création d’emplois, Mme Songwe a affirmé que les investissements sont là, mais que les petites et moyennes entreprises (PME) stagnent.  De plus, l’Afrique n’épargne pas suffisamment par rapport à des continents comme l’Asie orientale.  Or, l’épargne est essentielle pour générer les investissements, au risque de s’exposer à l’endettement.  Poursuivant, la Secrétaire exécutive a relevé une baisse générale du déficit fiscal par rapport à la période 2015-2016.  Le Cameroun, le Nigéria, l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo ont pu augmenter leurs exportations.

On dit souvent à New York ou à Washington que la dette des pays africains a augmenté, a dit Mme Songwe.  Il est donc nécessaire que l’on s’y attaque.  La dette de 13 pays du continent a atteint 70% ou plus de leur produit intérieur brut (PIB).  « Cela doit être un signal d’alarme pour nous », a-t-elle dit, surtout que 81% de toute la dette extérieure est due à des obligations en euros comme l’illustre le cas du Ghana.  « C’est un problème de taux de change et de gestion de l’inflation, a relevé Mme Songwe devant des questions macroéconomiques qui préoccupent le continent. 

Bien sûr, la solution la plus rapide était d’augmenter les impôts, a-t-elle poursuivi.  Mais la croissance n’a pas suivi.  Les nouvelles politiques fiscales doivent plutôt viser la diversification des revenus.  Par exemple, très peu de pays taxent le secteur de l’immobilier.  « Il faut y réfléchir », a conseillé Mme Songwe.  Le libre-échange est la voie sur laquelle s’est engagée l’Afrique.  L’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (AFCFTA), signé par de nombreux pays à Kigali au Rwanda, en mars 2018, est à saluer, en ce qu’il doit conduire à un marché commun et à une monnaie unique, permettant aux entreprises de se développer plus rapidement.

Elle a enfin constaté que les échanges en dehors de l’Afrique étaient encore très dépendants de l’extraction minière.  Prenant pour exemple l’entreprise de transports Uber, elle a appelé à ce que l’Afrique développe le secteur des nouvelles technologies.

Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a souligné l’importance des questions transfrontalières pour la région.  Des solutions sur les infrastructures et les transports peuvent ainsi permettre d’avancer dans la réalisation du Programme 2030, par exemple s’agissant de la gestion de l’eau.  Montrant une carte routière, Mme Algayerova a insisté sur les coûts de transport.  La CEE a développé les cadres normatifs pour les systèmes de transport, dont la Convention douanière relative au transport international de marchandises sous le couvert de carnets (Convention TIR) qui a réduit le transport maritime de 80% et les coûts de 39%.  De même, l’intermodalité contribue à des systèmes de transport plus efficaces, tout en réduisant l’empreinte écologique.  La CEE figure parmi les premiers à avoir développer des systèmes intelligents de transport.

La pollution de l’air est l’un des principaux risques, qui a des coûts sanitaires et économiques.  La Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière a permis de réduire les émissions et d’augmenter l’espérance de vie de 12 mois.  Au titre des autres défis, la CEE examine les effets des sécheresses et des inondations, dont les coûts sont loin d’être négligeables.  La Convention sur l’eau est bien prise en compte dans les lois et mesures nationales.

La Secrétaire exécutive a aussi cité la Convention sur la prévention des accidents industriels majeurs et leurs conséquences, rappelant l’accident de l’usine Sandoz en Allemagne qui a pollué des affluents du Rhin.  Elle s’est également attardée sur la Convention sur l’évaluation de l’impact sur l’environnement dans un contexte transfrontière qui permet des solutions alternatives pour réduire les risques environnementaux et sanitaires.  Le Protocole sur l’évaluation stratégique environnementale donne des idées aux gouvernements pour construire des infrastructures plus durables et plus résilientes.

M. KAVEH ZAHEDI, Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a relevé que la pauvreté avait diminué dans la région et que l’espérance de vie y avait augmenté.  Néanmoins, la région ne pourra atteindre qu’un seul objectif de développement durable, celui de l’accès universel à l’éducation.  Dans les autres domaines, elle stagne, voire recule.  Les émissions de gaz à effet de serre sont beaucoup trop élevées, les inégalités sont frappantes entre pays et au sein des pays et les catastrophes dues aux changements climatiques tuent cinq fois plus qu’ailleurs dans le monde, touchant surtout les pauvres. 

Soulignant que la coopération est essentielle pour que la région revienne sur la bonne voie, il a relevé quelques progrès et initiatives: la feuille de route régionale pour la mise en œuvre du Programme 2030 ou encore le Forum Asie-Pacifique pour le développement durable.  Aux inégalités, il faut ajouter la fracture numérique.  Mais l’on peut se féliciter du fait qu’il y a deux semaines, les États membres de la CESAP aient décidé de mettre en commun les richesses de leurs agences spatiales pour faire avancer le Programme 2030.  M. Zahedi a mis en avant les activités de sa Commission comme son assistance technique qui, au Bhoutan, porte sur le développement des outils statistiques précieux.  La CESAP participe à la lutte contre les problèmes transfrontaliers et les catastrophes naturelles. 

M. MOUNIR TABET, Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a choisi neuf questions transfrontalières liées à neuf objectifs de développement durable pour exposer les défis et expliquer ce que la CESAO fait pour les relever.  Premièrement, en ce qui concerne les changements climatiques (objectif 13), la région contribue pour moins de 5% aux émissions de gaz à effet de serre mais devrait enregistrer les plus fortes hausses de température d’ici à la fin du siècle.  Les plus vulnérables sont les pays les moins avancés (PMA), en particulier la Mauritanie, le Soudan, la Somalie et le Yémen.  La CESAO a notamment mis en place une plateforme de développement des capacités pour les négociateurs des accords sur les changements climatiques et gère la préparation du premier rapport sur l’impact de ce phénomène et l’évaluation de la vulnérabilité de la région arabe.  S’agissant de la réduction des risques de catastrophe (objectif 11), M. Tabet a rappelé que la région arabe est l’une des plus vulnérables et que 83% des pertes économiques sont liées aux inondations.  La CESAO a préparé une base de données et aide les États arabes à faire face aux tempêtes de sable.

Quant aux ressources hydriques (objectif 6), les liens entre conflits et eau sont particulièrement aigus en Iraq et en Syrie, en Palestine, en Jordanie et au Liban.  La CESAO évalue les effets des changements climatiques sur les bassins hydriques transfrontaliers et aide les pays à développer le cadre de la Convention sur les ressources naturelles partagées depuis 2010.  Pour ce qui est de l’énergie (objectif 7), les problèmes de coupures de courant frustrent les efforts de développement, a relevé M. Tabet.  La CESAO fournit un appui technique sur la formulation de politiques visant à renforcer le développement de chaînes de valeur d’énergie propre et promeut les investissements dans l’énergie renouvelable.

Passant aux transports (objectif 11), les défis concernent la faiblesse des réseaux routiers et de chemin de fer et leurs coûts, surtout aux frontières et leurs coûts invisibles comme les pots de vin.  La CESAO aide à identifier les priorités régionales et les solutions novatrices pour mettre en œuvre des systèmes de gestion et développer des transports multimodaux.

Concernant l’intégration économique (objectif 8), les volumes d’échanges sont très bas et les restrictions sont très élevées pour les échanges commerciaux, ce qui ne rend pas la région attractive, a indiqué M. Tabet.  La CESAO évalue principalement les obstacles aux échanges et aide les États à surmonter les difficultés d’intégration économique régionale.

S’agissant de l’accès numérique (objectif 9), c’est un défi considérable car les technologies de l'information et des communications (TIC) ne sont pas disponibles pour la majorité de la population des pays arabes.  La fracture numérique dans la région est l’une des plus élevées au monde, a souligné M. Tabet. La CESAO évaluera les progrès issus du Consensus de Beyrouth sur la transformation et l’économie numérique dans la région arabe.

En ce qui concerne les migrations (objectif 10), M. Tabet a rappelé que la région a accueilli plus de 38 millions de migrants en 2017, représentant 14,8% des migrants dans le monde, et que le nombre de réfugiés a atteint 8,7 millions.  La CESAO s’est engagée à aider à opérationnaliser les objectifs du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Enfin, M. Tabet a parlé de la prévention des conflits (objectif 16) et a indiqué que la CESAO met au point un cadre d’évaluation des risques et qu’elle soutient le renforcement des cadres juridiques et règlementaires pour améliorer la gouvernance dans la sphère économique et sociale.

Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a relevé qu’en Amérique centrale et dans les Caraïbes, la question est de savoir comment gérer les bouleversements mondiaux, notamment les migrations et la transition démographique, les nouvelles technologies et la balance commerciale.  Le monde a longtemps pensé que le libre-échange était la panacée, a-t-elle fait remarquer, mais le protectionnisme croît et l'Amérique centrale et le Mexique pâtissent aussi des tensions entre les États-Unis et la Chine.  Non-émetteurs de gaz à effet de serre, les Caraïbes subissent pourtant le choc des changements climatiques, sans compter le problème des inégalités croissantes.

Les États-Unis demandent au Mexique d’être une zone tampon contre les migrations; l’Europe fait de même avec l’Afrique.  « En même temps, on voit apparaître les premières migrations climatiques, avec le manque d’eau au Guatemala ».  Si la région a réussi à sortir 70 millions de personne de la pauvreté ces 20 dernières années, il n’en demeure pas moins que des différences persistent entre le niveau de vie des hommes et celui des femmes.  Les services publics souffrent toujours de leur faible qualité et la violence est là, même de manière latente.

Passant aux réformes numériques, elle a déploré la concentration des plateformes numériques dans l’escarcelle de « deux ou trois pays ».  La création de valeurs que représentent les données ne profitent qu’à une poignée de gigantesques entreprises, a relevé Mme Bárcena, qui s’est demandé comment évaluer leur impact sur le monde du travail.

Évoquant un phénomène « d’hypermondialisation » en cours depuis 2015, elle a noté une érosion de la confiance des peuples dans les pactes sociaux, une aggravation des inégalités sociales, une classe moyenne mécontente et perdante dans les pays émergents et une classe moyenne gagnante dans les pays développés.  Le problème de l’augmentation de la dette et des flux financiers en dehors de la région vers des marchés plus solides est « grave ». 

Jugeant qu’il était temps d’insister sur la coopération régionale, elle a souhaité que les régions deviennent résilientes, grâce à l’augmentation des échanges régionaux et à la lutte contre les flux illicites.  « Nous sommes fatigués d’entendre parler des réformes fiscales ».  Ce qu’il faut, c’est une lutte véritable contre l’évasion fiscale, qui coûte des milliards de dollars à la région.  Ce qu’il faut aussi, c’est obtenir un vrai transfert des technologies.

La Secrétaire exécutive a recommandé des investissements dans l’économie circulaire et des progrès vers des migrations plus sûres.  Si les accords de libre-échange sont en danger, le Marché commun du Sud (Mercosur) ou l’ASEAN donnent de bons résultats.  L’exemple de l’Union européenne, où 63% des biens sont exportés vers des pays membres devrait, inspirer sa région.  Elle a proposé la création d’une plateforme régionale pour le lithium, l’intégration des transports et des télécommunications, une gestion commune de l’agroalimentaire et des forêts, la connectivité régionale avec un marché numérique unique pour l’Amérique centrale et un autre pour l’Amérique du Sud.  Le secteur privé est très intéressé par ce genre d’initiatives, a-t-elle souligné.

Débat interactif

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, l’Égypte a insisté sur le rôle « essentiel » de l’approche régionale et sous-régionale pour le succès du Programme 2030.  Elle a donc plaidé pour le renforcement des fonctions des Commissions régionales qui doivent mieux collaborer avec les équipes de pays de l’ONU.  En toutes choses, a prévenu l’Égypte, il faut éviter les doublons et les chevauchements.  L’Égypte attend avec intérêt les options du Secrétaire général sur la restructuration des activités opérationnelles pour le développement.  Il faut éviter les solutions à taille unique et garantir une approche flexible.  Les Commissions régionales doivent aller bien au-delà des analyses et des conseils et s’occuper véritablement du développement et du renforcement des capacités nationales, a estimé l’Égypte.

Comment envisager le rôle des Commissions régionales dans le contexte des réformes? s’est demandé la Fédération de Russie, qui a tout de même pronostiqué que leur charge de travail ira croissant et qu’il faudra leur garantir, en conséquence, le niveau suffisant de ressources humaines.  Le pays a dénoncé l’état actuel des relations internationales de plus en plus érodées en raison de la concurrence déloyale et des mesures unilatérales.  La Fédération de Russie a estimé, à son tour, que les Commissions régionales doivent resserrer leurs liens avec le système des coordonnateurs résidents pour garantir une bonne coopération et un développement « dépolitisé ».  Dans ce cadre, a ajouté le Paraguay, les Commissions régionales ne doivent pas oublier de soutenir le Programme d’action de Vienne pour les pays en développement sans littoral.  Il a souligné la disposition de ce Groupe de pays à parler avec les pays de transit et toutes les autres parties prenantes pour que l’examen à mi-parcours du Programme d’action ait un impact réel. 

Le débat doit se concentrer sur la connectivité au-delà du transport et des infrastructures logistiques.  Il faut, a estimé la Roumanie, parler des liens entre les secteurs productifs, les banques et les fonds d’investissements.  La République de Corée a souligné sa détermination à rester engagée dans le développement de la région Asie-Pacifique, estimant qu’il faut encore renforcer la coopération régionale.

Pour cette région, a estimé le Bhoutan, la priorité est que la CESAP contribue à une meilleure intégration des pays en développement sans littoral aux circuits économiques régional et mondial.  Formuler des politiques de développement, renforcer les capacités et promouvoir l’intégration, c’est ce que l’on attend des Commissions régionales, a dit la Chine.  Des recherches ciblées devraient permettre de renforcer les relations de travail entre l’ONU ici à New York et les Commissions.  Quant à elle, la Chine continuera ses efforts de soutien via le Fonds CESAP-Chine dans des domaines comme l'agriculture, les transports ou la parité.  La Thaïlande a dit son intention de partager son expérience avec la CESAP aux consultations Asie-Pacifique sur la coopération Sud-Sud, qui aura lieu en juin, ainsi qu’à la Conférence de Buenos Aires, en mars prochain.  La CESAP devrait d’ailleurs renforcer ses relations avec l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) et les autres organisations régionales.  Elle pourrait ainsi se mettre au fait des meilleures pratiques.

La CEA doit, a estimé Cabo Verde aider concrètement les pays à revenu intermédiaire en Afrique à réaliser les objectifs de développement durable.  Cabo Verde a un peu tempéré l’enthousiasme sur l’intégration africaine.  Il a préféré vanter les mérites de l’intégration sous-régionale, en particulier dans les domaines de l’énergie et des infrastructures.  Il faut d’abord lever tous les obstacles à cette intégration avant de penser à intégrer tout le continent, a-t-il estimé.  Quelles mesures concrètes la CEA envisage-t-elle pour aider les petits États insulaires en développement, s’agissant entre autres de la question de la dette.  Les Commissions, dont la CEPALC, restent un instrument intéressant pour l’intégration régionale, a souligné le Mexique.  Le multilatéralisme doit en effet commencer au niveau des régions, a ajouté l’Iran.

Comme nos frontières occidentales réunissent deux grands blocs économiques, a fait observer le Bélarus, nous défendons l’intégration comme principe pour la croissance économique et le développement durable.  Les Commissions régionales devraient examiner toutes les formes de coopération pour créer « un nouveau monde, sans ligne de partage » et assurer une plus grande synergie pour réaliser le Programme 2030.  Elles devraient aussi faciliter la participation des États à certains aspects de leurs travaux, en particulier les mécanismes du commerce international.  L’Indonésie s’est tout simplement dit heureuse du niveau de coopération entre la CESAP et l’ASEAN, s’agissant, entre autres, de la prochaine Conférence de Buenos Aires pour la coopération Sud-Sud en mars prochain.  Comment les Commissions régionales envisagent-elles leur rôle, dans un contexte de transformation du système des Nations Unies pour le développement? a-t-elle demandé.

Le Kazakhstan a réitéré sa volonté d’accueillir le secrétariat de la CESAP à Almaty.  Hôte de la CEA, l’Éthiopie a réaffirmé son soutien aux travaux de la Commission.  Que fait cette dernière, s’est demandé le Nigéria, pour aider l’Afrique à surmonter des obstacles comme les retards technologiques, le manque d’investissements et le fardeau de la dette.  Aucun des défis actuels ne peuvent-être correctement relevés, sans la prise en compte de la dimension régionale, a estimé le Chili.

Conclusions

La voix des pays doit être davantage entendue « ici au Siège », a estimé la Secrétaire exécutive de la CEPALC, qui a regretté que depuis le Mexique, elle n’ait pas la même influence à New York.  Les Commissions régionales, a-t-elle rappelé, sont « des secrétariats d’instance multilatérale ».  « Vous parlez, nous écoutons » a-t-elle dit, encourageant les pays à travailler avec les Commissions régionales pour sensibiliser leurs ministères aux objectifs du Programme 2030.  Nos plateformes sont universelles et personne n’en est exclu.  Elle a dit avoir entendu le Paraguay et ses problèmes de coûts de transport alors qu’en Europe, on a beaucoup progressé sur la question des transports et du commerce.  Il faut s’en inspirer.  La Secrétaire exécutive a aussi dit avoir entendu le Chili qui a parlé d’un statut intermédiaire, dans une région où 85% des pays sont considérés comme des pays à revenu intermédiaire et trois ont été reclassés.  Le produit intérieur brut (PIB) n’est pas un indicateur fiable du niveau de développement.  Il faut de nouveaux indicateurs pour ne pas mettre les pays en porte à faux en les sortant d’une catégorie sans avoir réglé des problèmes structurels.  Les Commissions régionales reçoivent leur mandat directement des États membres.  Elles sont le bras droit de l’ONU en matière de développement.  « Venez nous voir, venez travailler avec nous », a-t-elle conclu. 

Son homologue de la CEA a rappelé la tenue prochaine de la Conférence sur l’économie bleue au Kenya.  Elle aussi a estimé que le Conseil économique et social (ECOSOC) devrait créer un groupe au sein de la CEA sur la situation des petits États insulaires en développement (PEID).  Elle a une nouvelle fois salué l’accord sur la Zone de libre-échange.

La Secrétaire exécutive de la CEE s’est félicitée des expressions de soutien des délégations et a tenu à souligner que sa Commission a toujours collaboré avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Nous souhaitons coopérer avec tout le système des Nations Unies, a-t-elle assuré.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.