Soixante-treizième session,
25e séance – après-midi
AG/EF/3510

La Deuxième Commission adopte huit projets de résolution, dont un sur les migrations internationales et le développement à l’issue d’un vote

À quelques jours de la Conférence intergouvernementale de Marrakech, les 10 et 11 décembre, qui doit adopter le « pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », la Deuxième Commission (questions économiques et financières) a adopté, cet après-midi, un projet de résolution sur les migrations internationales et le développement.  Selon le texte adopté à l’issue d’un vote, qui n’a enregistré que trois voix contre (États-Unis, Hongrie et Israël), l’Assemblée générale s’engagerait de nouveau à veiller au plein respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales de tous les migrants et toutes les migrantes, quel que soit leur statut, et à soutenir leurs pays d’origine, de transit et de destination. 

La Bulgarie, coauteure du projet, a souligné que le processus de négociations avait été difficile sur ce projet que les États-Unis ont rejeté, estimant qu’il empiétait sur les prérogatives et la souveraineté des États Membres.  Quant à la Hongrie, elle a expliqué qu’elle s’était dissociée du pacte mondial sur les migrations et qu’elle ne participerait pas à la Conférence de Marrakech.  Pour sa part, le représentant du Mexique a jugé déconcertant qu’« il existe, dans cette salle et en dehors, des personnes qui refusent d’accepter des réalités évidentes », telles que le poids économique des migrants dans l’économie mondiale.  Il s’est prononcé « contre les discours teintés de xénophobie » et a rappelé que le pacte mondial n’imposait aucune obligation aux États Membres.

Parmi les sept autres projets de résolution adoptés cet après-midi par la Deuxième Commission, six sont consacrés au développement durable.  À ce sujet, la Suisse et l’Union européenne ont regretté le manque de consensus cette année sur la notion de « ne laisser personne de côté », telle que prévue dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le texte intitulé « Harmonie avec la nature » a ainsi fait l’objet d’amendements déposés par l’Union européenne, qui ont été rejetés à l’issue d’un vote.  S’il est adopté par l’Assemblée générale, ce texte décidera que la Journée internationale de la Terre nourricière continuera d’être célébrée tous les ans le 22 avril. 

Quant au projet de résolution consacré à la marée noire sur les côtes libanaises, il a également été adopté à l’issue d’un vote, à la demande d’Israël.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale se déclarerait de nouveau profondément préoccupée, pour la treizième année consécutive, par les conséquences néfastes qu’a eues, pour la réalisation du développement durable au Liban, la catastrophe écologique provoquée par la destruction de réservoirs de carburant par l’armée de l’air israélienne en 2006. 

C’est en revanche par consensus que la Deuxième Commission a adopté un texte par lequel l’Assemblée générale déciderait d’organiser à New York, du 22 au 24 mars 2023, en même temps que la Journée mondiale de l’eau, une conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours des activités relatives à la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable » (2018-2028).  Ces activités sont notamment l’occasion d’insister davantage sur le développement durable et la gestion intégrée des ressources en eau à des fins sociales, économiques et environnementales.

S’agissant du développement durable de la mer des Caraïbes pour les générations présentes et à venir, le projet de résolution vise à encourager les initiatives régionales, de même que celles des partenaires de développement, en faveur de la protection de la diversité biologique exceptionnelle et de l’écosystème extrêmement fragile de la région.  Ce texte demande, en particulier, d’étudier l’idée de faire de la mer des Caraïbes « une zone spéciale dans le contexte du développement durable ».  Soulignant également qu’il est nécessaire de remédier aux conséquences économiques, sociales et environnementales des changements climatiques, ce projet plaide pour un soutien international pour protéger la mer des Caraïbes contre la dégradation résultant de la pollution par les navires ainsi que contre la pollution due aux activités terrestres.

Le Président de la Deuxième Commission, M. Jorge Skinner-Kleé, a informé les délégations que l’Assemblée générale avait accepté de repousser la date de fin des travaux de la Commission du 29 novembre au 5 décembre, en raison du retard accumulé dans l’examen des projets de résolution.  La prochaine séance est prévue le vendredi 30 novembre, à 10 heures.

DÉCISION SUR LES PROJETS DE RÉSOLUTION

Suivi et mise en œuvre des textes issus des conférences internationales sur le financement du développement

Par le projet de résolution intitulé « Suivi et mise en œuvre des textes issus des Conférences internationales sur le financement du développement » (A/C.2/73/L.42), adopté sans vote, l’Assemblée générale soulignerait qu’il faut s’efforcer d’appliquer intégralement et promptement le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Prenant acte du rapport établi par le Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement, elle noterait que des progrès, encore qu’inégaux, ont été signalés dans les sept domaines d’intervention du Programme d’action d’Addis-Abeba, tout en relevant que de nombreuses lacunes subsistent dans leur mise en œuvre.

Prenant note avec satisfaction des conclusions et recommandations arrêtées sur le plan intergouvernemental à l’occasion du forum de 2018 du Conseil économique et social sur le suivi du financement du développement, l’Assemblée générale appellerait à leur application intégrale, effective et rapide et compterait bien continuer de participer à l’évaluation des progrès accomplis, à l’identification des obstacles et problèmes rencontrés dans l’application des décisions et la mobilisation des moyens de mise en œuvre, à la promotion de la mutualisation des enseignements tirés de l’expérience aux niveaux national et régional, à l’examen de nouvelles questions présentant un intérêt pour l’application de ce programme, ainsi qu’à la formulation de recommandations pratiques concernant les mesures à prendre par la communauté internationale dans le cadre des conclusions et recommandations qui seront arrêtées sur le plan intergouvernemental à l’occasion du forum de 2019.

Prenant note des activités que mène le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale et des contributions initiales de l’Inde au fonds de contributions volontaires, ainsi que de la contribution de l’Union européenne et d’autres pays aux organes subsidiaires du Comité, l’Assemblée engagerait par ce texte les États Membres à contribuer davantage au fonds de contributions volontaires de façon à faciliter la participation des pays en développement. 

Avant la présentation de la résolution, le représentant de l’Autriche, au nom de l’Union européenne et de ses États membres, a dit que s’il acceptait la notion « qu’aucun pays ne soit laissé pour compte » comme énoncé dans le Programme d’action d’Addis-Abeba, il trouvait que le concept était réinterprété de façon malheureuse: il est appliqué aux individus et non plus aux pays, a remarqué le représentant autrichien.  Il a mis en garde contre la réécriture de ce qui était déjà convenu, et souhaité que la Deuxième Commission soit un organe le plus pertinent possible, sans être pris au piège des renégociations. 

Le représentant du Mexique, qui a présenté le projet, a mis en exergue l’importance de l’intermédiation entre les parties intéressées, comme les innovateurs, pour combler les écarts en matière de développement durable.  Il a remercié les délégations pour leur appui et leur collaboration.

La délégation des États-Unis a précisé que le chapitre commerce et développement était plus important que l’aide publique au développement (APD).  Elle s’est inquiétée du gaspillage de temps et de ressources, des rapports redondants, des négociations parallèles, et des chevauchements en général, dans les travaux de la Deuxième Commission. 

Le représentant du Japon a estimé que le texte aurait pu être amélioré, notamment sur la question des rapports. 

Développement durable

Le projet de résolution intitulé « Marée noire sur les côtes libanaises » (A/C.2/73/L.13) a été adopté par 161 voix pour, 7 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Israël, Îles Marshall, Micronésie et Nauru) et 8 abstentions (Cameroun, Côte d’Ivoire, Guatemala, Honduras, Kiribati, Papouasie-Nouvelle Guinée, Tonga et Vanuatu).  Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale se déclarerait de nouveau profondément préoccupée, pour la treizième année consécutive, par les conséquences néfastes qu’a eues pour la réalisation du développement durable, la catastrophe écologique que l’armée de l’air israélienne a provoquée en détruisant, le 15 juillet 2006, des réservoirs de carburant situés dans le voisinage immédiat de la centrale électrique de Jiyeh (Liban), ce qui a entraîné une marée noire qui a recouvert tout le littoral libanais et s’est étendue jusqu’au littoral syrien.

Elle considèrerait que la marée noire a pollué gravement les côtes libanaises et en partie les côtes syriennes, et qu’elle a eu, de ce fait, de graves incidences sur les moyens de subsistance des habitants et sur l’économie du Liban, en raison de ses répercussions néfastes sur les ressources naturelles, la diversité biologique, la pêche et le tourisme de ce pays, ainsi que sur la santé de la population.

Elle prendrait acte des conclusions formulées par le Secrétaire général dans son rapport, indiquant que, selon les études menées, les dommages subis par le Liban se chiffraient en 2014 à 856,4 millions de dollars des États-Unis, et demanderait de nouveau au Gouvernement israélien d’assumer la responsabilité qui est la sienne de dédommager rapidement et convenablement le Gouvernement libanais pour les dégâts susmentionnés, ainsi que les autres pays directement touchés par la marée noire, tels que la République arabe syrienne.

Elle noterait que, dans son rapport, le Secrétaire général a engagé les États Membres, les organisations internationales, les institutions financières internationales et régionales, les organisations non gouvernementales et le secteur privé à intensifier leur appui au Liban, notamment dans ses activités de remise en état de ses côtes.  Elle inviterait de nouveau les États et la communauté internationale des donateurs à verser des contributions volontaires au fonds de financement et, dans cette perspective, prierait le Secrétaire général de mobiliser une assistance technique et financière internationale pour faire en sorte que le fonds dispose de ressources suffisantes et appropriées.

Déclarations générales

La représentante d’Israël, qui a demandé un vote sur ce projet de résolution, a estimé que le temps précieux de la Deuxième Commission était pris en otage à des fins politiques.  Elle a déploré que le texte du projet de résolution ne mentionne pas des informations factuelles telles que les tirs de roquette vers Israël.  Il ne mentionne pas non plus qu’Israël contribue au nettoyage, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a-t-elle assuré, avant d’accuser le Gouvernement libanais de s’intéresser davantage à blâmer Israël de tous les maux du monde plutôt qu’à son propre développement. 

Expliquant son vote après le vote, la représentante du Liban s’est félicitée que la Deuxième Commission ait voté massivement en faveur de ce projet de résolution pour la treizième année consécutive et pour demander à Israël d’assumer ses responsabilités et d’indemniser correctement le Liban. 

Par le projet de résolution intitulé « Examen approfondi à mi-parcours des activités relatives à la Décennie internationale d’action sur le thème ‘L’eau et le développement durable’ (2018-2028) » (A/C.2/73/L.24/Rev.1), adopté sans vote tel qu’amendé oralement, l’Assemblée générale déciderait d’organiser à New York, du 22 au 24 mars 2023, en même temps que la Journée mondiale de l’eau, une conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours des activités relatives à la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable » (2018-2028).  Ces manifestations sont l’occasion d’insister davantage sur le développement durable et la gestion intégrée des ressources en eau à des fins sociales, économiques et environnementales, sur la mise en œuvre et la promotion des programmes et projets connexes, ainsi que sur le renforcement de la coopération et des partenariats à tous les niveaux afin de contribuer à la réalisation des objectifs et cibles relatifs à l’eau arrêtés au niveau international, y compris ceux qui figurent dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

L’Assemblée déciderait également que cette conférence serait précédée de réunions préparatoires aux niveaux régional et mondial.  Elle soulignerait qu’il importe de faire participer et d’associer pleinement toutes les parties intéressées, notamment les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées, les peuples autochtones et les communautés locales, à la mise en œuvre des activités de la Décennie à tous les niveaux.

Le représentant du Tadjikistan a invité les gouvernements, les ONG et toutes les parties prenantes à appuyer les préparatifs de la Conférence d’examen approfondi à mi-parcours sur ce thème.

Le représentant de l’Autriche, au nom de l’Union européenne, s’est dit déterminé à faire le nécessaire pour atteindre les objectifs de développement durable.  Dans les actions menées à cette fin, il a tenu à ce que soient inclus les efforts de renforcement des capacités et a appelé à accélérer les progrès relatifs à l’objectif 6 de développement durable lié à l’eau.  Il a rappelé que les gouvernements ne pouvaient seuls atteindre les objectifs de développement durable, avant d’inviter la société civile et les universitaires à participer aux efforts. 

Par le projet de résolution intitulé « Vers le développement durable de la mer des Caraïbes pour les générations présentes et à venir » (A/C.2/73/L.27/Rev.1), adopté par consensus, l’Assemblée générale constaterait que la mer des Caraïbes renferme une diversité biologique exceptionnelle et un écosystème extrêmement fragile, ce qui exige des partenaires de développement régionaux et internationaux concernés qu’ils conçoivent et mettent en œuvre conjointement des initiatives régionales visant à promouvoir la protection et la gestion durables de ses ressources côtières et marines, en particulier qu’ils étudient l’idée de faire de la mer des Caraïbes une zone spéciale dans le contexte du développement durable et qu’ils la désignent comme telle.  Elle soulignerait qu’il est nécessaire de remédier aux conséquences économiques, sociales et environnementales des changements climatiques, et insisterait sur le fait que des mesures régionales et internationales sont nécessaires pour renforcer l’action menée aux niveaux national et sous-national en vue de renforcer la résilience.

Se félicitant des ressources fournies par certains donateurs pour appuyer les travaux de la Commission de la mer des Caraïbes, l’Assemblée inviterait la communauté internationale à maintenir et à intensifier son soutien à la Commission, notamment par l’octroi de ressources financières, le renforcement des capacités, l’apport d’une assistance technique ainsi que le transfert de technologies.

Aux termes de ce texte, l’Assemblée demanderait aux organismes des Nations Unies et à la communauté internationale de soutenir l’action que mènent les pays des Caraïbes et leurs organisations régionales pour protéger la mer des Caraïbes contre la dégradation résultant de la pollution par les navires ainsi que contre la pollution due aux activités terrestres.

Notant avec une vive préoccupation que des espèces allogènes envahissantes constituent une nouvelle menace qui pèse sur la diversité biologique de la région des Caraïbes, elle engagerait instamment les organismes des Nations Unies et la communauté internationale à continuer de prêter concours et assistance afin de lutter contre ce problème dans la région.  Elle noterait également avec une vive préoccupation l’invasion de sargasses et son incidence négative sur les populations, le territoire et l’économie des Caraïbes, ainsi que la détérioration des récifs coralliens.

En adoptant ce projet de résolution, l’Assemblée demanderait instamment aux organismes des Nations Unies et à la communauté internationale de continuer de prêter concours et assistance aux pays de la région des Caraïbes pour les aider à exécuter leurs programmes à long terme de prévention des catastrophes, de préparation aux catastrophes, d’atténuation et de maîtrise de leurs effets, ainsi que de secours et de relèvement.  Elle demanderait également aux États Membres d’améliorer, à titre prioritaire, leurs moyens d’intervention d’urgence et la maîtrise des dégâts écologiques, en particulier dans la mer des Caraïbes, en cas de catastrophe naturelle ou d’accident ou incident lié à la navigation maritime.

Déclarations après l’adoption

La représentante de la Turquie a indiqué soutenir pleinement les efforts de la CARICOM pour protéger la mer des Caraïbes mais s’est dissociée de la référence faite à des instruments internationaux auxquels la Turquie n’est pas partie, comme la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

La représentante du Venezuela a indiqué s’être ralliée au consensus sur ce projet de résolution car il s’agit d’une question importante pour le développement durable de la région des Caraïbes.  Toutefois, le Venezuela ne s’associe pas à la référence à des instruments internationaux auxquels il n’est pas parti, comme la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

La représentante de la Colombie a indiqué que son pays est engagé dans la préservation de ces écosystèmes et qu’il s’est doté d’institutions fortes en matière de gestion de la mer et des côtes.  Elle a aussi indiqué que la Colombie n’a pas ratifié la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et qu’il ne faut pas que le texte soit interprété comme une acceptation tacite de cette convention.

Par le projet de résolution intitulé « Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique » (A/C.2/73/L.44), adopté sans vote, l’Assemblée générale affirmerait que la concrétisation de la neutralité en matière de dégradation des terres permettrait d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable, de favoriser leur intégration, de stimuler le financement du développement durable et de l’action climatique.

Elle inviterait les États Membres à redoubler d’efforts aux fins de la réalisation de l’objectif stratégique de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, relatif à la sécheresse.

Elle estimerait qu’il importe d’avoir recours à des technologies nouvelles et novatrices, à des politiques et des dispositifs adaptés, ainsi qu’à la mise en commun de pratiques exemplaires dans la lutte contre la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse, et prierait le Secrétaire général de recenser, dans son rapport sur l’application de la présente résolution, ces technologies, politiques adaptées et pratiques exemplaires.

Elle soulignerait la nécessité de s’attaquer aux conséquences économiques, sociales et environnementales des changements climatiques et insisterait sur la nécessité d’une action nationale et internationale pour intensifier les efforts faits en vue de renforcer la résilience.

Elle engagerait les pays développés parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, à appuyer activement les efforts déployés par les pays en développement parties à la Convention pour promouvoir des pratiques de gestion durable des terres.  Elle considèrerait que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles continuent de contribuer de manière essentielle à la mise en œuvre effective de la Convention, y compris de son cadre stratégique (2018-2030), et à la réalisation des objectifs fixés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’Assemblée générale demanderait que davantage d’investissements soient faits dans la mise en œuvre du Programme de fixation des objectifs dans le domaine de la neutralité en matière de dégradation des terres et dans le Fonds pour la neutralité en matière de dégradation des terres.

La représentante de l’Islande, pays coauteur du projet, ainsi que le Président de la Deuxième Commission, ont félicité les négociateurs pour le succès des travaux sur ce texte.

Le représentant des États-Unis a appuyé le Plan stratégique sur les forêts mais a souligné qu’il n’acceptait pas ce qui concerne le transfert de technologies.  Il a ajouté que certains paragraphes ne citaient pas de manière exacte la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification.

Le projet de résolution intitulé « Harmonie avec la nature » (A/C.2/73/L.39/Rev.1) a été adopté par consensus, après un vote sur des amendements (A/C.2/73/L.52), qui ont été rejetés par 108 voix contre, 45 voix pour et 12 abstentions. 

La proposition d’amendement avait pour but, d’une part, d’effacer le dernier paragraphe du préambule se lisant comme suit: « S’engageant de nouveau à faire en sorte qu’aucun pays ne soit oublié et que nul ne soit laissé pour compte et à faire porter son action sur les domaines dans lesquels les obstacles sont les plus nombreux, notamment en veillant à inclure et à faire participer les plus défavorisés ».

D’autre part, il était demandé de remplacer le paragraphe 13 du dispositif (« Demande aux organismes compétents des Nations Unies, agissant dans les limites de leur mandat et de leurs moyens respectifs, de veiller à ce que nul ne soit laissé pour compte et qu’aucun pays ne soit oublié lors de l’application de la présente résolution ») par le suivant: « Appelle toutes les parties prenantes à mettre en œuvre la présente résolution afin de réaliser la série complète d’objectifs et de cibles ambitieux, universels, axés sur l’être humain et porteurs de changement du Programme 2030, dans lequel il est énoncé que la dignité de la personne humaine est fondamentale et qu’il faut concrétiser ces objectifs et cibles au profit de toutes les nations, tous les peuples et toutes les composantes de la société, ne laisser personne de côté et s’efforcer d’aider les plus défavorisés en premier ». 

Ces amendements ayant été rejetés, le texte a été adopté dans sa version initiale.

 Aux termes du texte adopté, l’Assemblée générale, sachant que la Terre et ses écosystèmes sont notre habitat, que l’expression « Terre nourricière » est couramment utilisée dans plusieurs pays et régions, déciderait que la Journée internationale de la Terre nourricière continuera d’être célébrée tous les ans le 22 avril.  Elle lancerait un appel pour que le développement durable soit envisagé dans une perspective globale et intégrée, et dans ses trois dimensions, afin d’encourager l’humanité à vivre en harmonie avec la nature et de l’inciter à agir pour rétablir la santé et l’intégrité des écosystèmes terrestres.

Consciente que l’adoption d’une perspective globale de la protection des écosystèmes, qui évite les pratiques néfastes aux animaux, aux plantes, aux microorganismes et aux milieux abiotiques, permet à l’humanité de coexister en harmonie avec la nature, elle encouragerait tous les pays à améliorer la qualité et à accroître la quantité des données statistiques nationales de base sur les trois dimensions du développement durable, et considèrerait qu’il faut adopter des indicateurs de progrès plus généraux que le seul produit intérieur brut en vue d’éclairer la prise de décisions.

Déclarations générales avant le vote sur les amendements

C’est parce qu’il estime que le paragraphe 13 du projet de résolution ne représente pas le Programme d’action d’Addis-Abeba ni le Programme 2030, que le représentant de l’Autriche, au nom de l’Union européenne, a proposé les amendements contenus dans le document A/C.2/73/L.52, à savoir supprimer le dernier paragraphe de préambule et modifier le paragraphe 13 du dispositif. 

Le représentant de la Suisse a regretté le manque de consensus sur ce projet de résolution, se disant convaincu que « la recherche de solutions communes à des problèmes communs est ce qui fait vivre le multilatéralisme.  Cette année, la notion de ne laisser personne de côté, telle que prévue dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, n’a pas suscité le consensus, a-t-il noté, en constatant que plusieurs projets de résolution sont soumis à un vote pour cette raison.  Le représentant a indiqué que ce manque de consensus conduisait la Suisse à s’abstenir lors de ces votes. 

Explications de vote après le vote sur les amendements

Le représentant de l’Égypte, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a expliqué avoir demandé un vote sur les amendements portant sur des libellés convenus lors des consultations officieuses, et ce, afin de préserver les règles en vigueur à la Deuxième Commission et également parce qu’il estime qu’il n’y a pas de justification sérieuse aux demandes de modification ou de suppression.

Le représentant des États-Unis s’est dissocié de tout libellé parlant de « ne laisser personne de côté ».  Il a estimé que la modification proposée érodait cette notion pour aller plutôt dans le sens des intérêts étroits.

Le représentant de l’Autriche, au nom de l’Union européenne, a indiqué avoir voté pour l’amendement qui avait pour objectif de revenir à l’intention originale du Programme 2030.

Par le projet de résolution intitulé « Lutte contre les tempêtes de sable et de poussière » (A/C.2/73/L.45), adopté sans vote, l’Assemblée générale considèrerait que ces tempêtes constituent une grave menace pour le développement durable des pays et des régions touchés, et que ces dernières années, elles ont causé des dommages socioéconomiques et environnementaux considérables aux habitants des zones arides, semi-arides et subhumides sèches du monde, notamment en Afrique et en Asie.  Elle soulignerait qu’il faut prendre sans tarder des mesures pour y faire face.

Réaffirmant que les changements climatiques constituent l’un des plus grands défis de notre temps, elle constaterait que les tempêtes de sable et de poussière entraînent de nombreux problèmes de santé dans diverses régions du monde, en particulier dans les régions arides et semi-arides.

Elle se féliciterait que soit établie, dans le cadre de la mise à jour en cours des directives de l’Organisation mondiale de la Santé concernant la qualité de l’air, la version définitive d’un rapport sur les conséquences pour la santé des tempêtes de sable et de poussière, et que l’Organisation mondiale de la Santé mette au point, en collaboration avec des spécialistes de l’Organisation météorologique mondiale, des procédures opératoires standard pour l’évaluation et la gestion des effets potentiels à court terme des poussières désertiques sur la santé.

Elle encouragerait les entités compétentes des Nations Unies, notamment l’Organisation mondiale de la Santé, le Programme des Nations Unies pour l’environnement, le Programme des Nations Unies pour le développement, l’Organisation météorologique mondiale, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et le Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat, et les donateurs à fournir plus de moyens et l’assistance technique voulue pour lutter contre les tempêtes de sable et de poussière.

Mondialisation et interdépendance

Par le projet de résolution intitulé « Migrations internationales et développement » (A/C.2/73/L.46), adopté par 177 voix pour, 3 voix contre (États-Unis, Hongrie et Israël) et zéro abstention, l’Assemblée générale estimerait qu’il faut renforcer les synergies entre les migrations internationales et le développement à tous les niveaux, y compris aux niveaux mondial, régional, national et local, selon qu’il conviendra.

Elle s’engagerait de nouveau à veiller au plein respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales de tous les migrants et toutes les migrantes, quel que soit leur statut, et à soutenir leurs pays d’origine, de transit et de destination, dans un esprit de coopération internationale, en prenant en compte la situation de chaque pays.

Elle noterait la tenue de la Conférence intergouvernementale chargée d’adopter le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, à Marrakech (Maroc), les 10 et 11 décembre 2018.

Elle constaterait que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières est le premier texte négocié par les gouvernements, sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies, couvrant les migrations internationales sous tous leurs aspects.

Elle noterait qu’une fois le Pacte mondial adopté, le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement sera redéfini et deviendra le « Forum d’examen des migrations internationales ».  Ce Forum servirait de principal espace intergouvernemental, permettant aux États Membres de débattre et de s’informer mutuellement des progrès accomplis dans la mise en œuvre de tous les aspects du pacte.

Elle déciderait de tenir, dans le courant du premier semestre de 2019, un débat de haut niveau d’une journée sur les migrations internationales et le développement, sous les auspices de la Présidente de l’Assemblée générale, en lieu et place du Dialogue de haut niveau de 2019, pour pouvoir contribuer au Forum politique de haut niveau pour le développement durable, qui sera l’occasion d’examiner les objectifs et les cibles relatifs aux migrations du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en tenant compte des textes issus d’autres mécanismes concernant les migrations internationales et le développement.

Avant le vote, la représentante de la Bulgarie, pays coauteur du projet, a souligné que le processus de négociation avait été difficile. 

La représentante des États-Unis a dit que son gouvernement se prononcerait contre, du fait du ciblage trop important de l’ONU sur la question des migrations.  Ce ciblage empiète, selon elle, sur les prérogatives et la souveraineté des États Membres.  Elle s’est aussi désolidarisée de toute mention de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, et n’ayant pas participé au processus de négociation du Pacte, a dit également rejeter celui-ci.  Elle a insisté sur le droit souverain des États-Unis d’accepter qui le pays voulait sur son territoire national.

Après le vote, la représentante de la Hongrie, qui a voté contre le projet, a expliqué qu’elle s’était dissociée du Pacte mondial sur les migrations et ne participerait pas à la Conférence de Marrakech prévue en décembre.  Les conclusions de cette Conférence n’auront donc aucune incidence sur la politique hongroise, a-t-elle précisé.

Le représentant du Mexique a jugé ce texte « important » en raison des liens entre migrations et développement durable.  Il a aussi trouvé déconcertant qu’il existe « dans cette salle et en dehors des personnes qui refusent d’accepter des réalités évidentes », telles que le poids économique des migrants dans l’économie mondiale, et leur rôle d’acteur du développement, à la fois de leurs pays d’origine et de leurs pays de destination.  Il s’est prononcé « contre les discours teintés de xénophobie », avant de rappeler que le futur pacte mondial n’imposerait aucune obligation aux États Membres.  S’il a estimé que le débat était légitime, il a rappelé que « seule la coopération internationale pourrait faire avancer ce dossier ».

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