393e séance – matin
AG/PAL/1418

Journée de solidarité avec le peuple palestinien: les appels se multiplient pour faire aboutir la solution des deux États

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a observé, ce matin, la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien en tenant une réunion spéciale au cours de laquelle de hauts fonctionnaires de l’ONU et représentants d’organisations internationales ont insisté sur l’importance de faire aboutir la solution des deux États et appelé à tout mettre en œuvre pour relancer les pourparlers de paix.

« Nous n’avons pas d’autres alternatives que d’aider le peuple palestinien, comme hier le peuple israélien, à prendre toute sa place dans le concert des nations », a notamment déclaré le Président du Comité qui a souligné que pour parvenir à l’indépendance, le peuple palestinien a besoin de perspectives politiques crédibles, prévoyant la réconciliation.

Ce dernier s’est également inquiété du fait que l’occupation illégale et le blocus de Gaza ont fini d’instaurer un climat de méfiances entre Israéliens et Palestiniens, les éloignant de plus en plus d’une solution juste et durable.

S’appuyant sur des données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), la Présidente de l’Assemblée générale a notamment rappelé que 43% des Palestiniens sont des réfugiés, que la moitié d’entre eux ont moins de 18 ans et que l’insécurité alimentaire touche 47% de la population de Gaza.  Des chiffres alarmants auxquels le Vice-Président du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes a ajouté le comptage macabre de 228 Palestiniens tués, depuis le début de l’année, dont 43 enfants et 24 362 blessés.

À l’instar du Président du Conseil de sécurité qui a plaidé pour le dialogue et la concertation, le Secrétaire général des Nations Unies a appelé chaque partie à faire un pas vers l’autre.  Qualifiant la question israélo-palestinienne d’« inextricable », il a, d’un côté, exhorté Israël à lever le blocus et, de l’autre, appelé le Hamas à cesser d’accumuler des moyens militaires.  Reconnaissant les griefs légitimes des Palestiniens de Gaza et leur droit à manifester, il a également enjoint le Hamas de prévenir toutes actions violentes et Israël de s’abstenir de l’usage de la force létale. 

« Seule la bonne foi et le respect des paramètres décidés préalablement permettront d’aboutir à une solution désirable et pérenne », a insisté le Secrétaire général.  « Les opérations de démolition, l’expansion des colonies de peuplement et les punitions collectives ne nous permettront pas de bâtir la paix, a-t-il insisté.  De la même manière que les mesures unilatérales ne résoudront pas le conflit et la question du statut final ».

De son côté, l’Observateur permanent de l’État de Palestine s’est félicité qu’une « conscience internationale équitable » se manifeste et se solde par des résolutions fortes en faveur de la cause palestinienne.  Toutefois, il a regretté l’absence de mise en œuvre de ces textes qui a pour effet d’aggraver le conflit et les souffrances endurées par les Palestiniens.  À ses yeux, cette situation « injuste » est la démonstration du « deux poids, deux mesures » qui prévaut à propos d’Israël et renforce cette impression d’un État « au-dessus des lois » qui peut agir dans la « plus complète impunité ».

Plusieurs délégations ont elles aussi concentré leurs critiques sur les autorités israéliennes, dénonçant tour à tour la destruction de domiciles à des fins punitives, la poursuite de la construction de colonies de peuplement, ainsi que l’augmentation du nombre de détentions administratives et d’arrestations d’enfants, entres autres.

Face à cette situation, la représentante de l’Union africaine a insisté pour que la communauté internationale, le Quatuor pour le Moyen-Orient, le Conseil de sécurité et toutes les organisations régionales et internationales demandent à Israël de mettre en œuvre les décisions prises pour promouvoir la paix et la stabilité.  « Israël doit stopper toutes violations aux droits fondamentaux et aux droits de l’homme », a-t-elle asséné, tandis que le Venezuela, au nom du Mouvement des pays non alignés, a accusé la politique israélienne de prendre en otage des générations entières de Palestiniens et le Conseil de sécurité de garder le silence malgré les obligations qui lui incombent.

Le représentant de l’Organisation de la coopération islamique a jugé, par ailleurs, que la décision américaine de déplacer son ambassade à Jérusalem n’avait fait qu’empirer la situation.  Un constat partagé par son homologue de la Ligue des États arabes, qui y a ajouté la coupure des financements américains à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), et le déficit budgétaire que cela a entraîné. 

« Israël persiste dans ses visées coloniales en s’emparant de nos terres et en transférant ses colons, en violation des Conventions de Genève », a encore fustigé l’Observateur permanent de l’État de Palestine, citant notamment les préparatifs pour la démolition du village de Khan el-Ahmar, ainsi que l’imposition de la « loi de l’État-nation juif ». 

Avertissant d’une impasse politique dangereuse, l’Observateur permanent s’est également demandé quand la communauté internationale acceptera de s’acquitter de ses obligations à l’égard d’Israël qui, a-t-il affirmé, impose à la Palestine un régime raciste « d’apartheid ».  Ce qualificatif a d’ailleurs été repris par le représentant de la société qui a rappelé que « la résistance à l’apartheid n’a pas été uniquement pacifique » et a demandé que soit reconnu le droit des Palestiniens à se défendre. 

La prochaine réunion du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

Déclarations

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a rappelé que si l’État d’Israël a obtenu son indépendance et le statut de membre à part entière de l’ONU, la Palestine ne bénéficie, elle, ni de l’indépendance, ni de la souveraineté et n’est reconnue par les Nations Unies qu’en tant qu’observateur.  L’occupation de son territoire qui dure depuis plus de 50 ans, a-t-il poursuivi, l’empêche d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.  Par ailleurs, l’établissement des colonies se poursuit, avec son lot de destruction d’infrastructures, d’usage de la force et de restrictions de la liberté de circulation des Palestiniens en violation des résolutions et du droit international. 

M. Niang s’est aussi préoccupé du fait que le blocus dure depuis 11 ans dans la bande de Gaza, avertissant que ces privations exacerbent le désespoir et les tensions.  Appelant toutes les parties concernées à prendre les mesures appropriées pour rendre sa dignité à la population civile, il a particulièrement demandé à Israël et au Hamas de maintenir le cessez-le-feu, pour ensuite condamner toutes formes d’incitation à la haine et à la violence.

Le Président du Comité s’est également inquiété du déficit budgétaire qui frappe la prise en charge des actions humanitaires, avertissant qu’il mettait en péril la mission de l’UNRWA à l’endroit de 5 millions de Palestiniens.  « Le Comité se fait l’écho au Secrétaire général pour demander une augmentation des efforts afin de permettre à cette organisation de mener correctement son mandat », a-t-il indiqué. 

Pour parvenir à l’indépendance, a poursuivi M. Niang, le peuple palestinien a besoin de perspectives politiques crédibles.  Or, selon lui, l’occupation illégale « parfois qualifiée d’annexion rampante par des experts » et la poursuite du blocus éloignent Israël et la Palestine d’une solution basée sur deux États.  Il a estimé qu’il revient à l’ONU d’accompagner les deux États sur le chemin d’une réconciliation et d’une coexistence harmonieuse des trois religions monothéistes.  La paix et la stabilité qui en résulteront bénéficieront, par ailleurs, à toute une région traversée de convulsions.  « Face à ces constats, nous n’avons pas d’autres alternatives que d’aider le peuple palestinien, comme hier le peuple israélien, à prendre toute sa place dans le concert des nations », a-t-il conclu.

Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, Présidente de l’Assemblée générale, a jugé que la solidarité avec le peuple palestinien est plus nécessaire que jamais, estimant toutefois que l’empathie ne suffit pas et qu’il incombe donc à la communauté internationale de tout mettre en œuvre pour mettre fin au « cauchemar » qu’endurent les Palestiniens.  Il faut combattre l’engourdissement croissant qui nous saisit alors que l’horreur est devenue quotidienne, a-t-elle lancé, et la situation du peuple palestinien est telle qu’elle nous échoit de faire comprendre l’urgence d’identifier une solution rapide.  Elle a appelé les dirigeants de la planète, y compris les chefs religieux, à faire de la cause palestinienne une priorité absolue et à démontrer une véritable volonté politique. 

S’appuyant sur des données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), la Présidente de l’Assemblée générale a indiqué que 43% de la population palestinienne sont réfugiés dont la moitié a moins de 18 ans.  De plus, l’insécurité alimentaire touche 47% de la population de Gaza et la consommation d’eau est bien en deçà des recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Pour faire preuve de solidarité, il faut relever ces défis: nous ne pouvons laisser des générations entières dans cette souffrance, a-t-elle insisté. 

Mme Espinosa Garcés s’est ensuite inquiétée de l’important déficit budgétaire auquel a dû faire face l’UNRWA.  Les 122 millions de dollars reçus depuis en contribution ont permis de sauvegarder certains services, a-t-elle salué, avant de réclamer une solution pérenne au financement de l’Office.  Elle a aussi appelé à accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable, avec des investissements suffisants, pour créer des emplois et des moyens de subsistance, et garantir l’accès aux soins.  La Présidente de l’Assemblée générale a, par ailleurs, estimé que la paralysie actuelle reflète l’impasse dans laquelle se trouve le multilatéralisme.  Elle a juté impératif de le renforcer et de faire en sorte que les Nations Unies fonctionnent réellement pour tous.

M. MA ZHAOXU (Chine), intervenant en sa capacité de Président du Conseil de sécurité, a estimé que la solution au problème palestinien ne sera trouvée que par le dialogue et la concertation.  Le Conseil de sécurité reste saisi de la question du Moyen-Orient, a-t-il assuré, avant de rappeler que des exposés mensuels sur le processus de paix lui avaient été soumis et que des débats publics avaient été organisés.  Des séances ont notamment eu lieu suite à l’évolution de la situation dans la bande de Gaza, a-t-il ajouté, et la situation dans cette région du monde reste une vive source de préoccupation pour tous les membres au Conseil de sécurité.  Appuyant la perspective d’un soutien international accru et assurant que tous les membres du Conseil de sécurité condamnent toutes formes de violence, il a réitéré l’appel à la reprise des négociations et l’intensification des efforts.  « Le Conseil de sécurité reste déterminé à parvenir à une paix juste et durable qui répondra aux besoins des deux peuples », a-t-il assuré.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a jugé que la situation israélo-palestinienne est l’un des problèmes les plus inextricables auquel doit faire face la communauté internationale.  « Les opérations de démolition, l’expansion des colonies de peuplement et les punitions collectives ne nous permettront pas de bâtir la paix, a-t-il insisté.  De la même manière que les mesures unilatérales ne résoudront pas le conflit et la question du statut final. »  Selon lui, seule la bonne foi et le respect des paramètres décidés préalablement, permettront d’aboutir à une solution désirable et pérenne.  À cet égard, il a engagé Israël et l’Autorité palestinienne à prendre des mesures audacieuses pour répondre à la promesse d’une solution basée sur deux États coexistant pacifiquement sur la base des frontières d’avant 1967.  C’est, a-t-il insisté, la seule option possible pour la paix et il a exhorté la communauté internationale à soutenir les Israéliens et les Palestiniens pour atteindre cet objectif.

Se disant très peiné des souffrances en cours, à Gaza, le Secrétaire général a rappelé que deux millions de Palestiniens restent englués dans la pauvreté, le chômage et des problèmes d’hygiène et d’assainissement.  « J’exhorte Israël à lever le blocus, a-t-il lancé, j’exhorte aussi le Hamas et les autres groupes à cesser d’accumuler des moyens militaires et de lancer des engins incendiaires. »  Estimant que les Palestiniens de Gaza ont des griefs légitimes et le droit de manifester en paix, M. Guterres a appelé le Hamas à prévenir toutes actions violentes et Israël à s’abstenir de l’usage de la force létale, sauf en dernier recours.  Il s’est ensuite dit encouragé par la diminution des violences.  Le Secrétaire général a, par ailleurs, salué l’UNRWA, qui continue de mener à bien son mandat malgré des difficultés financières sans précédent.

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, faisant lecture d’un message du Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, a exprimé sa gratitude aux pays qui continuent d’appuyer la « juste cause » de son peuple, sur la base du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies.  La vigueur de l’appui exprimée par ces États, notamment au sein des forums internationaux, renforce la foi du peuple palestinien dans une « conscience internationale équitable » et l’encourage à poursuivre sa lutte pour la liberté et la dignité.  Il a également réaffirmé la « responsabilité permanente » des Nations Unies envers la question palestinienne, qui, a-t-il souligné, doit être maintenue jusqu’à ce qu’une solution durable et globale puisse être trouvée. 

L’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil des droits de l’homme, la Cour internationale de Justice (CIJ) et d’autres organes de l’ONU ont adopté des résolutions fortes en faveur de notre cause, a poursuivi l’Observateur permanent, tout en regrettant l’absence de mise en œuvre de ces textes, avec pour effet d’aggraver le conflit et les souffrances endurées par les Palestiniens.  Cette situation « injuste » n’a fait que renforcer la conviction qu’il existe une situation de « deux poids, deux mesures » lorsqu’il s’agit de résolutions touchant Israël qui, a-t-il dénoncé, se comporte comme un État « au-dessus des lois », avec la « plus complète impunité ». 

Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, nous rappelons l’adoption de la résolution 181 (II) de 1947, qui a décidé la partition de la Palestine sans le consentement de son peuple, ainsi que la Nakba qui a forcé le « peuple autochtone » de Palestine à fuir ses terres pour se disperser dans la région.  Malgré la signature de l’Accord de paix de 1993 avec Israël, malgré la reconnaissance de l’État d’Israël par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), malgré le fait que la Palestine a honoré ses engagements en vertu des accords signés et a établi des institutions « nationales » respectueuses de l’État de droit, malgré la reconnaissance de la Palestine par 139 pays, de même que, depuis 2012, son statut d’État observateur, Israël, en tant que Puissance occupante, continue de nier les droits du peuple palestinien à la liberté et à l’indépendance sur son propre territoire.  Israël « persiste dans ses visées coloniales en s’emparant de nos terres et en transférant ses colons, en violation des Conventions de Genève », a encore fustigé l’Observateur permanent, citant en exemple les préparatifs pour la démolition du village de Khan el-Ahmar, ainsi que l’imposition de la « loi de l’État-nation juif ». 

Poursuivant, M. Mansour a réitéré sa gratitude envers les pays qui ont promis un appui additionnel à l’UNRWA suite à l’imposition de « mesures punitives » par les États-Unis afin, a-t-il dénoncé, de miner la légitimité des droits des Palestiniens.  Alors que se poursuivent l’occupation militaire israélienne et l’imposition d’un régime raciste, « d’apartheid », l’Observateur permanent s’est demandé quand la communauté internationale acceptera enfin de s’acquitter de ses obligations à cet égard. 

Pour sa part, l’État de Palestine continue de remplir ses obligations et de « tendre la main » afin de parvenir à une paix juste fondée sur la solution des deux États.  La Palestine, a-t-il insisté, n’a jamais rejeté la négociation.  M. Mansour a également parlé des efforts déployés pour assurer la réconciliation interpalestinienne, avec la médiation de l’Égypte. 

Face à une impasse politique dangereuse, il a appelé la communauté internationale à honorer ses engagements et à ne pas laisser se poursuivre la violation continue du droit international.  Il a aussi engagé les États qui favorisent la solution des deux États et qui reconnaissent l’État d’Israël, à reconnaître également l’État de Palestine.  L’Observateur permanent a également appelé à ne pas reconnaitre, ni appuyer la « situation illégale » créée par les politiques israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est, insistant notamment sur l’importance de faire la distinction entre le territoire de la Puissance occupante et les territoires occupés. 

Nous demeurons résolus à assurer la mise en œuvre des résolutions de l’ONU et à « donner une chance » aux efforts internationaux de paix, a-t-il déclaré, tout en prévenant qu’en cas d’échec, le peuple palestinien ne disparaîtrait pas et n’accepterait pas « l’oppression et l’injustice » comme destin.  Notre lutte, a-t-il souligné, n’est pas dirigée contre le judaïsme mais contre l’occupation coloniale de notre terre et le déni de nos droits inaliénables.  En ce jour de solidarité avec le peuple palestinien, nous exhortons qu’aucun effort ne soit épargné pour résoudre de manière pacifique la question de la Palestine.

M. SHAHRUL IKRAM YAAKOB, Vice-Président du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, a exprimé la rémanence de son inquiétude relative à l’expansion persistante des colonies israéliennes dans les territoires occupés, le blocus de Gaza et l’absence de reddition de comptes, la détention d’enfants et les pratiques de détention administrative auxquelles est confrontée la société israélienne.  L’expansion de colonies et la destruction de domiciles ont entraîné le déplacement de 600 Palestiniens en un an, dont la moitié des enfants, contribuant à l’escalade de la violence.  Le Comité a été informé que la plupart des destructions ont été conduites au motif de l’absence de permis de construire mais surtout, a-t-il dénoncé, à des fins punitives.

À Gaza, au 31 octobre, a-t-il poursuivi, 228 Palestiniens avaient été tués, dont 43 enfants, et 24 362 blessés et le Comité condamne ce recours excessif à la force.  Le blocus, entré dans sa douzième année, demeure le principal obstacle à la reconstruction et au développement et impacte négativement les droits fondamentaux des habitants, a-t-il insisté.  Il a fait savoir que les témoignages recueillis montrent clairement que les pratiques discriminatoires d’Israël augmentent et détériorent encore davantage la situation.  La détention administrative et les arrestations d’enfants en particulier sont en hausse, s’est-il inquiété. 

Le Comité insiste donc sur l’impérieuse nécessité de relancer le processus de paix et réaffirme son soutien à la solution des deux États et se joint aux appels internationaux à trouver une solution juste et durable à la question de la Palestine.  Il appelle toutes les parties à créer un environnement à même de faciliter la confiance mutuelle permettant de reprendre le dialogue.  Israël, a-t-il ajouté, doit protéger les droits du peuple palestinien dans les territoires occupés et cesser les opérations contraires au droit international. 

M. HENRY SUAREZ (Venezuela), au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé que 71 années se sont écoulées depuis que l’Assemblée générale a décidé de diviser la Palestine mandataire et que la Nakba, la catastrophe de 1948, a privé les Palestiniens de patrie pour en faire des déplacés, des réfugiés dont les souffrances persistent à ce jour.  La question de Palestine est la cause profonde des troubles qui agitent le Moyen-Orient, a-t-il noté, en espérant que cette Journée se traduira par des changements réels pour le peuple palestinien afin de parvenir à la paix. 

Il a insisté sur l’importance accrue du multilatéralisme pour régler la question de Palestine par des voies pacifiques, grâce à des mesures collectives permettant de réduire les tensions, et de créer des conditions propices à la reprise des pourparlers de paix.  Depuis plus de sept décennies, les Palestiniens sont privés de leurs droits inaliénables, a-t-il relevé.  Ils participent pourtant de bonne foi aux efforts de paix, respectent le droit international, et ont fait des concessions importantes, mais leur situation s’aggrave en raison de la politique israélienne qui prend en otage des générations entières de Palestiniens. 

M. Suarez a accusé le Conseil de sécurité de garder le silence malgré les obligations qui lui incombent en vertu de la Charte des Nations Unies, pointant notamment l’occupation brutale des territoires occupés, et les punitions collectives infligés par la Puissance occupante aux civils, y compris des enfants.  Il a aussi cité le transfert de « centaines de milliers » de colons israéliens vers les territoires palestiniens, les détentions administratives, le déplacement de civils palestiniens, le blocus de Gaza, ou encore l’exploitation des ressources naturelles et la construction du mur de séparation.  Dans ce contexte injuste et illégal, le Mouvement des pays non alignés appelle la communauté internationale à prendre des mesures conformes au droit international et exige qu’Israël mette immédiatement fin à cette occupation et honore pleinement ses obligations au titre de la quatrième Convention de Genève.

Le Mouvement exige également la levée totale et immédiate du blocus imposé à Gaza qui entrave la reconstruction et le développement.  De son côté, la communauté internationale se doit d’agir pour ordonner des mesures de reddition de comptes et obliger Israël à mettre fin à ces politiques illégales.  Alors que le processus de paix et sécurité est au point mort, le Mouvement des pays non alignés appelle en outre à identifier une solution sur la base de la résolution 194 de l’Assemblée générale.

M SHAHER AWAWDEH, de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a rappelé que la proclamation de cette Journée de solidarité remonte à 1977 et que le peuple palestinien aspire toujours à créer son État.  Cette célébration a lieu dans des circonstances graves, marquées par un horizon politique bouché dû au non-respect par Israël de ses obligations et à cause de son occupation continue des territoires palestiniens.  De plus, a-t-il indiqué, la décision de l’Administration américaine de déplacer son ambassade a accru le climat de tension dans la région, ajoutant à une situation qui appelle une réaction rapide de la communauté internationale.  Il a appelé celle-ci à s’engager sérieusement dans le parrainage et l’appui à un processus de négociations sur des critères internationaux clairs pour avancer vers la solution des deux États.  Il a réclamé une solidarité accrue et réitéré son soutien à la délégation de Palestine et aux Palestiniens dans leur quête pour la reconquête de leurs droits inaliénables et le retour à l’autodétermination dans le cadre d’un État établi dans les limites des frontières de 1967.

M. MAGED A. ABDELAZIZ, de la Ligue des États arabes, a jugé qu’il revenait à la communauté internationale de défendre ses principes à la lumière des tentatives d’occupation en cours en Palestine.  Cet engagement doit aussi passer, selon lui, par la lutte contre les décisions injustes prises par l’Administration américaine qui a notamment mis un terme à son appui à l’UNRWA, reconnu Jérusalem comme la capitale israélienne et y a transféré son ambassade.  Il a ensuite indiqué que les Forces d’occupation israéliennes poursuivent leur politique de violation du droit international et des droits de l’homme pour miner tous les efforts de paix.  Accusant les autorités israéliennes de mener des pratiques raciales et racistes, il a dénoncé le déplacement des populations, le blocus en cours à Gaza et les tentatives d’effacement de l’identité nationale palestinienne et d’altération de la mémoire historique.

Souhaitant une position ferme de la communauté internationale, il a jugé qu’il s’agit non seulement de mettre un terme à l’occupation mais aussi de lutter contre une opération de colonisation illégale qui, a-t-il averti, menace toute chance de mettre en place la solution des deux États.  Il a ensuite exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait de reconnaître l’État de Palestine dans la limite de ses frontières d’avant 1967. 

Exigeant par ailleurs qu’on mette un terme aux violations perpétrées par les forces israéliennes, il a réaffirmé que la paix est l’objectif des Palestiniens et que l’initiative de paix arabe est toujours un pilier soutenant cet objectif.  Selon lui, il existe actuellement des tentatives de miner l’appui international à la Palestine et l’unité du peuple palestinien par la présentation de nouvelles résolutions à l’Assemblée générale.  « Mais le peuple palestinien ne va pas céder à la politique du fait accompli et des pressions croissantes.  Il va mener sa bataille avec force, détermination et héroïsme pour parvenir à la paix et à l’indépendance », a-t-il assuré. 

Mme MOUSSA FAKI MAHAMAT, de l’Union africaine, a demandé à ce que le peuple palestinien puisse retrouver son droit à exister en tant que nation à part entière.  Rappelant que l’Union africaine a, à plusieurs reprises, exprimé son inquiétude quant aux conséquences des actions unilatérales, des provocations et des constructions illégales d’Israël, sans oublier le blocus de Gaza, elle a jugé que la situation faisait peser une menace réelle sur la sécurité internationale et minait l’esprit de l’Initiative de paix arabe signée en 1982.

Elle a considéré qu’il n’a jamais été aussi urgent de trouver une issue durable basée sur la solution des deux États, notant que les dirigeants palestiniens menés par le Président Mahmoud Abbas, ont toujours souligné qu’ils examineront les efforts politiques et diplomatiques à tous les niveaux pour reconnaître les droits légitimes du peuple palestinien.  La représentante de l’Union africaine a, par ailleurs, insisté pour que la communauté internationale, le Quatuor pour le Moyen-Orient, le Conseil de sécurité et toutes les organisations régionales et internationales demandent à Israël de mettre en œuvre les décisions prises pour promouvoir la paix et la stabilité.  « Israël doit stopper toutes violations aux droits fondamentaux et aux droits de l’homme », a-t-elle asséné.

Selon elle, les territoires occupés assistent actuellement à une escalade israélienne dans les sphères politiques, sociales et économiques, alors qu’Israël s’empresse d’annoncer le début d’une activité de colonisation accrue qui cible notamment Jérusalem-Est et sa périphérie.

Bâties sur des territoires volés et confisqués, ces colonies illégales sont, à ses yeux, au cœur du conflit et la principale raison de la construction du mur et des restrictions de déplacement imposées aux Palestiniens en Cisjordanie.  Cette situation, a-t-elle averti, provoque des déplacements de force, empêche l’accès à des ressources indispensables et accentue la politique de ségrégation, ainsi que les inégalités structurelles entre les Palestiniens et les Israéliens.

M. MARC LAMONT HILL, militant et universitaire américain, a estimé que les droits de l’homme fondamentaux ont été définis dans une perspective occidentale qui ignore le colonialisme mais, malgré leur imperfection, ils sont sensés garantir la dignité.  Or depuis la Nakba, les Palestiniens en ont été privés à chaque minute, a-t-il dénoncé.  Plus de 60 lois israéliennes les privent de leurs droits fondamentaux, dont la liberté, et les exposent à une violence disproportionnée, notamment lors de manifestations pacifiques, qui ne distingue pas entre civils et combattants, ainsi qu’à des actes de torture. 

En Cisjordanie, a-t-il poursuivi, les Palestiniens sont placés à l’isolement sans jugement.  Presque tous les cas sont qualifiés d’« exceptionnels » et tous les Palestiniens sont considérés comme des terroristes et traités comme tels.  Placés jusqu’à six mois en détention administrative et sans jugement au prétexte de « menace à la sécurité », les Palestiniens sont punis pour leurs opinions plutôt que pour de véritables faits de justice, a-t-il dénoncé, pointant notamment le fait que les tribunaux militaires israéliens condamnent plus de 99% des accusés palestiniens. 

Le représentant de la société civile a aussi dénoncé l’expansion des colonies de peuplement, le blocus de Gaza et la crise humanitaire qui en résulte, ainsi que la récente loi sur l’État-nation juif qui rejette l’arabe comme langue officielle et présente les colonies comme une valeur nationale. 

« En tant qu’Américain », il a aussi regretté que l’Administration du Président Trump continue implicitement d’encourager Israël, qualifiant de provocation le déplacement de l’ambassade des États-Unis et dénonçant la fin de l’engagement américain à financer l’UNRWA. 

Il a appelé à user de la parole pour résister, tout en soulignant que la solidarité doit aussi « se concrétiser ».  Insistant sur le fait qu’il s’exprimait en tant que « noir américain », il a rappelé que cette population avait su résister à l’esclavage et aux lois de Jim Crow, avant d’exhorter à adhérer au mouvement « Boycott, désinvestissement et sanctions ». 

Enfin, il a stigmatisé les limites de la gauche progressiste qui l’est, selon lui, sur toutes les questions « sauf celle de la Palestine ».  Rappelant que « la résistance à l’apartheid n’a pas été uniquement pacifique », il a appelé à reconnaître le droit des Palestiniens à se défendre.  Il faut, a-t-il insisté, préconiser la non-violence, tout en s’abstenant d’approuver une « politique de respectabilité » qui laisse les Palestiniens les bras croisés.  Il a conclu, en appelant à une solidarité par l’action entre Noirs américains et Palestiniens, sans distinguer entre les actions locales, régionales, et internationales.

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