Soixante-treizième session,
26e séance – après-midi
CPSD/686

Quatrième Commission: inquiétudes face à la violation des droits des Palestiniens et à l’impunité d’Israël

L’examen, aujourd’hui, par la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation), des pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, a fait rejaillir, comme lors des sessions précédentes, des condamnations très fermes des actions d’Israël, mais aussi de l’impunité dont jouirait, selon certains, cet État.

Les délégations étaient notamment saisies de plusieurs rapports établis par le Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés.

Face à un contexte marqué par la poursuite de la politique de peuplement d’Israël, l’augmentation des actes de violence commis par les colons, la réaction d’Israël à la « Grande Marche du retour », ainsi que l’adoption, cet été, de la loi sur l’État-nation juif, la délégation de l’État de Palestine a appelé à prendre des mesures de reddition de comptes d’envergure.

« De toute évidence, et comme vient le rappeler l’agression militaire de ces derniers jours, Israël continuera d’agir en toute impunité, se comportant comme un État au-dessus de la loi, bafouant les droits de notre peuple et détruisant toutes les chances de paix, avec les répercussions sérieuses que cela présuppose pour les Palestiniens et les Israéliens ainsi que la paix et la sécurité au Moyen-Orient et au-delà », a notamment averti la délégation, qui a décrié le refus « absolu » d’Israël de se plier aux dispositions de la Charte des Nations Unies et aux résolutions du Conseil de sécurité. 

La délégation palestinienne a également vivement dénoncé la « férocité » de l’agression d’Israël contre des civils manifestant « pacifiquement » dans le cadre de la « Grande Marche du retour », ainsi que le blocus de la bande de Gaza, « forme de punition collective la plus scandaleuse » qui, a-t-elle averti, mène Gaza au bord du précipice et aggrave le risque de radicalisation des jeunes. 

« Ces rapports sont une triste chronique d’une situation qui brise le cœur – un conte sans fin des souffrances des Palestiniens plongés dans les ténèbres », a renchéri le Pakistan.  « Assez! » a estimé l’Égypte dont le représentant a avoué sa lassitude après 50 ans de négociations, de condamnations, de rapports, constatant que « les mots n’ont plus de sens et n’ont plus d’impact ».

Ces rapports sont « déjà dépassés et caducs », a tranché la Libye et le débat, « superflu et peu réaliste » face à « la guerre » dont Gaza est le théâtre.  Les justifications qui seront présentées par Israël le seront comme chaque fois au nom de sa sécurité, mais que peut attendre Israël « d’un peuple chassé de ses terres et privé d’espoir? » a demandé la délégation libyenne, en rappelant les « 86 résolutions du Conseil de sécurité et les 705 de l’Assemblée générale ignorées et violées par Israël ».  « Attention! » a mis en garde le représentant libyen: « la philosophie de la vie et celle de la mort » sont les mêmes désormais pour les jeunes palestiniens à bout d’espoir et, à ce jeu-là, personne ne pourra l’emporter.

De nombreuses délégations, dont le Venezuela au nom du Mouvement des pays non alignés, Cuba, l’Égypte, le Qatar, l’Arabie saoudite, au nom de la Ligue des États arabes ont pris la parole pour dénoncer eux aussi le blocus de Gaza entré dans sa douzième année et la poursuite des activités de peuplement, dénonçant que ces agissements restent impunis, malgré la violation flagrante des résolutions de l’ONU et « les nombreux appels de la communauté internationale à y mettre fin ». 

L’absence de reddition de comptes est d’ailleurs apparue pour de nombreuses délégations comme un facteur aggravant d’une situation volatile, aussi l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a appelé les États Membres à prendre des mesures et à adopter des résolutions juridiquement contraignantes pour tenir Israël responsable de ses « crimes de guerre ».

Pour le Liban voisin, la communauté internationale se doit de mettre fin à cette impasse et de passer « de la phase de documentation à celle de l’application du droit international ».

Le représentant d’Israël, qui s’était brièvement exprimé après la présentation des rapports, a repris la parole en fin de réunion pour dénoncer, lors d’un droit de réponse, « la diabolisation » de son pays.

« Pourquoi Israël est considéré comme si terrible?  La réalité, c’est la haine des Juifs qui est diffusée sans cesse dans les pays arabes », a-t-il asséné.  « Nous savons que si nous déposions les armes aujourd’hui, nous cesserions immédiatement d’exister », a-t-il regretté.  Mais il a aussi expliqué l’impasse actuelle par la « division » du camp palestinien, notant qu’il est presque impossible pour les hauts représentants palestiniens de se rendre à Gaza, qui est contrôlé par le Hamas.

« Il faut que les Palestiniens se réconcilient avec eux-mêmes et qu’ils cessent d’inculquer des idées néfastes à leurs enfants », a-t-il déclaré, soulignant qu’il sera impossible de mettre fin à la tragédie qui frappe les Palestiniens tant que ces derniers n’accepteront pas Israël.

La Quatrième Commission poursuivra ce débat demain, mercredi 14 novembre, à partir de 10 heures.

RAPPORT DU COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ D’ENQUÊTER SUR LES PRATIQUES ISRAÉLIENNES AFFECTANT LES DROITS DE L’HOMME DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPÉS

Présentation de rapports

M. SATYA RODRIGO, Président du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, a noté que, comme lors des années précédentes, le Gouvernement israélien n’avait pas donné suite à la demande du Comité spécial demandant un accès aux territoires palestiniens occupés ou au Golan syrien occupé.  Le Comité spécial s’est donc rendu à Amman du 17 au 19 juillet pour s’entretenir avec les autorités palestiniennes et des responsables de l’ONU, ainsi que des représentants de la société civile israélienne, palestinienne et syrienne, des victimes et des témoins.

Sur la base de briefings et de témoignages, a-t-il déclaré, le rapport fournit des informations actualisées sur plusieurs sujets de préoccupation, notamment l’expansion continue des colonies de peuplement israéliennes; l’exploitation des ressources naturelles; le blocus de Gaza; l’absence de reddition de comptes; la détention d’enfants et le recours à la détention administrative; ainsi que l’hostilité envers les organisations de défense des droits de l’homme dans les territoires occupés.

S’agissant de l’élargissement des colonies de peuplement, il a indiqué que la démolition de maisons palestiniennes par les forces de sécurité israéliennes était l’un des sujets de préoccupation les plus fréquemment cités, précisant que les démolitions sont souvent justifiées sous prétexte qu’aucun permis n’a été délivré.  Selon les informations reçues par le Comité spécial, les forces de sécurité israéliennes ont démoli 213 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, entraînant le déplacement de 579 personnes entre juillet 2017 et juillet 2018.  Les structures fournies par les États au titre de l’aide humanitaire sont également démolies, a-t-il rapporté, citant la destruction, en février 2018, de deux salles de classe construites pour la communauté bédouine d’Abou Nuwar, avec l’aide de donateurs.

En ce qui concerne la situation à Gaza, il s’est dit particulièrement préoccupé par le recours excessif à la force par les forces de sécurité israéliennes lors des manifestations qui ont débuté en mars 2018 près de la clôture entre Gaza et Israël.  Le Comité spécial a appris que, au 31 octobre, 228 Palestiniens, dont 43 enfants, avaient été tués.  Il a souligné que les forces israéliennes devaient respecter les instruments internationaux relatifs à l’application du droit, exprimant ses préoccupations face à « une culture de l’impunité ».  Il s’est aussi inquiété des nouvelles restrictions à l’importation de marchandises à Gaza suite au lancement de cerfs-volants incendiaires depuis l’enclave vers Israël, avertissant que cette situation aggrave encore la crise de l’électricité et menace la fourniture des services essentiels.  L’accès des habitants de Gaza aux soins de santé s’est détérioré depuis le début des manifestations, a-t-il indiqué, précisant que les autorités israéliennes refusaient ou retardaient régulièrement les autorisations de sortie facilitant l’accès aux soins des Palestiniens blessés lors des manifestations.

Le Comité spécial s’est également inquiété de la détention administrative arbitraire de Palestiniens, souvent sur la base d’informations secrètes auxquelles le détenu n’a pas accès, ni la possibilité de le contester.  Son Président s’est également alarmé du fait que les arrestations d’enfants augmentent.

Dans le Golan syrien occupé, a-t-il enchaîné, des informations font état d’une expansion des colonies de peuplement et du détournement de ressources naturelles, telles que l’eau, pour appuyer le développement d’Israël.  En outre, selon les représentants d’organismes rencontrés par le Comité spécial, les élections locales organisées en octobre 2018 visaient à imposer la souveraineté d’Israël sur le territoire.  De plus, les pratiques discriminatoires à l’encontre des Palestiniens et des Syriens se multiplieraient, ce qui entraîne une détérioration rapide de la situation des droits de l’homme et de la situation humanitaire dans les territoires occupés.

M. FRANCESCO MOTTA, Directeur de la branche Asie-pacifique, Moyen-Orient et Afrique du Nord du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué que le rapport sur l’Applicabilité de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, au Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et aux autres territoires arabes occupés, contient un résumé des mesures prises par l’Égypte, l’Irlande et la Syrie pour mettre en œuvre la résolution 72/85 de l’Assemblée générale.

Passant au rapport sur les colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, le Golan syrien occupé, il a expliqué que ce document fait état d’une augmentation des efforts de planification, mais d’une baisse du nombre d’appels d’offres et du rythme des mises en chantier.  De plus, pour la première fois depuis 2016, le rapport signale une hausse des actes de violences commis par des colons et une augmentation des initiatives législatives du Knesset qui a notamment prorogé l’applicabilité de la loi interne dans les territoires occupés.  Le rapport met l’accent sur l’impact des activités de peuplement dans la vallée du Jourdain et sur les droits de l’homme des Palestiniens qui y vivent.  M. Motta a notamment averti que l’augmentation de la violence de la part des colons et du rythme des démolitions, ainsi que le déni d’accès aux services essentiels comme l’eau et l’électricité, risque de pousser les Palestiniens à quitter leur lieu de résidence.  Le rapport recommande que les autorités israéliennes cessent immédiatement toutes les activités qui contribuent à la création d’un environnement coercitif ou qui risquent de déboucher sur des transferts de forces, insistant notamment sur la nécessité de mettre un terme à toute initiative visant à relocaliser les communautés dans la Zone C, y compris les communautés bédouines et pastorales.

Le rapport intitulé Pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, a poursuivi M. Motta, porte sur l’impact du blocus de Gaza et sur la réponse israélienne à la « Grande Marche du retour ».  Ce document met notamment l’accent sur l’impact du blocus sur le droit à la santé des personnes qui se voient niées l’obtention d’un permis de sortie pour suivre un traitement médical.  Il met également en exergue le fait que les forces israéliennes chargées d’encadrer les manifestations ont fait usage d’un niveau de force létale, alors que la menace posée ne représentait pas une menace à la vie de quiconque.  Entre le 30 mars et le 31 mai 2018, précise le rapport, les forces de sécurité israéliennes ont tués 95 manifestants palestiniens, y compris 12 enfants, 2 journalistes et un ambulancier.  L’établissement des responsabilités pour les violations du droit international demeure un défi de taille.

Enfin, pour ce qui est du Golan syrien occupé, le rapport en question résume les réponses reçues par l’Égypte, l’Irlande, le Qatar, la Syrie et l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les mesures prises pour mettre en œuvre la résolution 72/88 de l’Assemblée générale.

Prenant la parole après la présentation des rapports, le représentant d’Israël a expliqué que sa délégation ne reconnaît pas le mandat du Comité spécial dont l’objectif, a-t-il affirmé, est de servir un « discours subjectif » qui sape la possibilité pour Israël de se défendre.  À ses yeux, il est « triste » qu’Israël, pays des droits de l’homme, soit sur la sellette et non pas d’autres pays de la région compte tenu de leurs pratiques.  Il a jugé cette situation d’autant plus grave qu’au cours des dernières 24 heures, 400 tirs de mortiers ont été lancés depuis Gaza contre Israël « ce qui va au-delà de tout ce qui est concevable ». 

Il a reproché au Comité spécial d’enquêter sur les pratiques israéliennes, sans jamais se préoccuper des actions du Hamas.  « Contrairement à ce qui se dit ici c’est le Hamas qui occupe Gaza et non pas Israël », a-t-il affirmé.  Il a formulé l’espoir qu’un jour un comité jugera enfin nécessaire d’enquêter sur les pratiques du Hamas et de se pencher sur le vrai problème du terrorisme.

À son tour, l’observatrice de l’État de Palestine a relevé que les violations les plus flagrantes et les plus choquantes des droits de l’homme des Palestiniens s’appliquaient aux enfants, dénonçant notamment l’emprisonnement de plusieurs dizaines d’entre eux.  Elle a voulu savoir ce que la Haute-Commissaire aux droits de l’homme pouvait faire à ce sujet.

Répondant à ces deux interventions, le représentant du Haut-Commissariat aux droits de l’homme a expliqué que celui-ci a des bureaux dans les territoires palestiniens occupés chargés de promouvoir une prise de conscience quant aux obligations au titre des droits de l’homme et du droit humanitaire.  Le Haut-Commissariat joue également un rôle de plaidoyer bilatéral avec les autorités israéliennes.  M. Motta a ensuite annoncé une potentielle visite de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.

Débat général

Mme FEDA ABDELHADU-NASSER, Observatrice permanente adjointe de l’État de Palestine, a exhorté à une action immédiate et collective pour répondre aux causes sous-jacentes des violations des droits de l’homme des Palestiniens dans le but d’y mettre un terme et d’assurer la résolution juste, pacifique et durable de cette injustice prolongée et grave.

À moins de prendre des mesures de reddition de comptes d’envergure, de toute évidence, et comme vient le rappeler l’agression militaire de ces derniers jours, Israël, a affirmé l’observatrice, continuera d’agir en toute impunité, se comportant comme un État au-dessus de la loi, bafouant les droits de notre peuple et détruisant toutes les chances de paix, avec les répercussions sérieuses que cela présuppose pour les Palestiniens et les Israéliens ainsi que la paix et la sécurité au Moyen-Orient et au-delà.

La seule raison qui nous ramène ici, année après année, a-t-elle enchaîné, est la violation continue par Israël du droit international humanitaire, des droits humains et son refus « absolu » de se plier aux dispositions de la Charte des Nations Unies et aux résolutions du Conseil de sécurité.  Se moquant de manière éhontée de la communauté internationale, Israël persiste à appliquer ses politiques illégales, destructrices, inhumaines et racistes, violant les droits fondamentaux du peuple palestinien, a-t-elle dénoncé.

Malgré la résolution 2334 du Conseil de sécurité demandant la fin immédiate de la colonisation, Israël a continué sans relâche ses campagnes en territoires palestiniens, y compris à Gaza et à Jérusalem-Est.  Cette année encore, des dizaines de milliers de nouvelles unités de peuplement ont été construites, des terres palestiniennes confisquées et des milliers de colons ont été transférés.  D’autres mesures illégales violent le caractère sacré des lieux saints, résilient les permis de résidence des Palestiniens, déplacent de force les communautés bédoines et exploitent sans réserve les ressources naturelles.  L’observatrice a averti que ces politiques et mesures illégales fragmentent et entravent la continuité du territoire palestinien, mettant à mal la solution des deux États.  À ces actions, s’ajoute la déclaration provocatrice, des États-Unis qui ont annoncé le transfert de leur ambassade à Jérusalem en mai, exacerbant ainsi les tensions et aggravant l’impasse politique. 

De plus, la férocité de l’agression d’Israël contre des civils manifestant pacifiquement dans le cadre de la Grande Marche du retour illustre une fois de plus le mépris de la Puissance occupante pour la vie palestinienne.  Ce n’est pas une exagération que d’affirmer que la crise de protection des Palestiniens est dramatique et constante, et nous continuons de demander une protection de la communauté internationale et un réexamen des recommandations formulées en ce sens par le Secrétaire général.

Dénonçant une politique apparente de « tirer pour tuer » et les campagnes de terreurs des colons israéliens, elle a affirmé que la rhétorique incendiaire des dirigeants israéliens a provoqué la mort de 230 Palestiniens, dont 45 enfants, faisant, en outre, plus de 20 000 blessés.  De plus, plus de 7 000 Palestiniens, y compris des centaines d’enfants, continuent d’être détenus dans les geôles israéliennes.

La forme de punition collective la plus scandaleuse est le blocus de Gaza, entré dans sa douzième année, qui laisse deux millions de Palestiniens virtuellement emprisonnés, isolés et exposés à une grave crise humanitaire, dont la moitié sont des enfants, a enchaîné Mme Abdelhabu-Nasser. Et aujourd’hui, la peur et la panique se propagent parmi la population civile qui affronte la perspective d’un nouveau cycle de violence meurtrière si les efforts visant à rétablir le calme venaient à échouer.

 Cette situation, a-t-elle averti, mène Gaza au bord du précipice et les prévisions l’annoncent « invivable » d’ici à 2020.  Les droits au logement, aux soins et à l’eau continuent d’être violés.  Le territoire dépend de l’aide humanitaire à 80% avec un taux de chômage de 53% -et même de 70% parmi les jeunes-, aggravant leur désespoir et le risque de radicalisation. 

Et pourtant, comme en témoigne la « Grande Marche du retour », la majorité de la population continue d’avoir recours à des moyens pacifiques pour attirer l’attention sur leur détresse et demander que soit mis un terme à cette situation illicite et respecté leur droits.

L’Observatrice a ensuite dénoncé le fait qu’Israël continue de pousser des mesures législatives pour renforcer son agenda raciste dans le but de marginaliser encore plus les Palestiniens et de faire progresser l’annexion de fait de leur territoire.  Elle a ainsi cité la loi sur l’État-nation juif, qui ne fait, selon elle, qu’institutionnaliser la discrimination contre les Arabes d’Israël dans le but de nier les droits des Palestiniens.  Il est temps pour la communauté internationale et tous ceux qui prétendent partager les valeurs démocratiques, de répondre comme il se doit à ce nouvel état de fait.

Il est temps, a-t-elle poursuivi, de rejeter le discours cynique d’Israël selon lequel il serait injustement ciblé.  Les tentatives visant à faire de l’agresseur une victime doivent être rejetées, a-t-elle martelé, et les politiques d’apaisement doivent cesser car elles ne font qu’encourager l’impunité et saper la crédibilité du droit international.  Rien de cette occupation ne peut être considéré comme légal et elle ne subsiste que sur la base de violations.  Et pourtant, s’est-elle insurgée, Israël continue de s’en tirer à bon compte, privilégié et dorloté par de nombreux membres de la communauté internationale, tandis qu’on blâme les Palestiniens pour leur détresse, leur rappelant sans cesse que tout le monde est « fatigué » par ce conflit.

Les prétextes vides qui ne visent qu’à proroger cette situation illicite ne doivent plus être toléré, et les affirmations selon lesquelles ce conflit est religieux, lié au terrorisme ou à l’antisémitisme doivent être rejetées.  Il s’agit, a-t-elle insisté, d’un peuple qui se voit nié sa liberté et ses droits en raison d’une occupation coloniale inhumaine.

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, s’est dit préoccupé par le fait qu’Israël, la Puissance occupante, continue de refuser de coopérer avec le Comité spécial et l’empêche de se rendre sur place pour enquêter en toute liberté.  Il a condamné la poursuite des activités de peuplement illégales d’Israël qui, a-t-il dénoncé, persiste à opérer « en toute impunité » malgré les nombreux appels de la communauté internationale à y mettre un terme.  Ces mesures illégales de colonisation sont un obstacle à la paix, de même que la construction du mur de séparation, les confiscations de terres, les déplacements forcés de Palestiniens ainsi que la terreur et les provocations des colons.  Tous ces facteurs et d’autres combinés à l’absence de reddition de comptes ont contribué à déstabiliser encore plus une situation déjà volatile, s’est-il indigné, avant d’affirmer que « le moment est venu de mettre fin à cette occupation abominable ».

Parmi les autres motifs de préoccupation pour le Mouvement, le représentant a cité les incursions et les raids militaires par les forces d’occupation israéliennes à Gaza, ainsi que l’usage de la force contre des jeunes palestiniens.  Par conséquent, le Mouvement lance un appel pour la reconstruction et le relèvement économique de Gaza, soulignant au passage l’importance du travail de l’UNRWA sur le terrain.  Le Mouvement condamne en outre l’exploitation des ressources naturelles des Palestiniens par Israël, notamment les ressources hydriques et énergétiques, et appelle le Conseil de sécurité à prendre des mesures urgentes pour que la Puissance occupante respecte ses obligations en vertu du droit international, ainsi que pour garantir la reddition de comptes.

Le représentant a également souligné l’impact des activités illégales de colonisation sur la possibilité de réaliser la solution des deux États.  Il a aussi exigé le retrait complet du Golan syrien occupé.

M. FAIYAZ MURSHID KAZI (Bangladesh), qui s’exprimait au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a remercié les membres du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes de continuer à faire respecter le mandat que lui a octroyé l’Assemblée générale, et cela en dépit de l’obstruction continue d’Israël, la Puissance occupante, qui persiste à refuser de coopérer avec le Comité spécial « ce qui est une violation flagrante de ses obligations légales en tant qu’État Membre des Nations Unies ».

L’OCI est préoccupée par les violations massives des droits de l’homme perpétrées par Israël contre le peuple palestinien, ses terres et ses lieux saints.  Le représentant a jugé nécessaire de mettre l’accent sur le respect du mandat du Comité spécial afin de contribuer à la prise de conscience de cette situation « illégale et injuste » et mobiliser l’action internationale pour mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et parvenir à la paix et la justice.  Il a notamment appelé les États Membres à continuer d’adopter des résolutions juridiquement contraignantes pour tenir Israël pour responsable de ses crimes et violations.

À ce titre, il a notamment dénoncé les agressions israéliennes contre la mosquée Al-Aqsa/Haram el-Charif, ainsi que contre des prêtres coptes à Jérusalem.  L’OCI réaffirme son soutien à la tutelle hachémite du Roi de Jordanie sur ces lieux saints de Jérusalem-Est occupés et insiste sur l’impératif d’en respecter la sainteté.

Le représentant de l’OCI a ensuite dénoncé les campagnes d’Israël qui visent à renier l’histoire ainsi que les droits et aspirations légitimes du peuple palestinien, ainsi que ses pratiques et législations racistes et discriminatoires.  L’OCI reste dépitée par le fait qu’Israël puisse continuer à agir en toute impunité et exige une intervention politique et juridique de la communauté internationale de toute urgence.

M. ABDALLAH AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), s’exprimant au nom de la Ligue des États arabes, a exprimé la colère des pays arabes suite aux nouveaux agissements des forces israéliennes à Gaza et a condamné cette nouvelle escalade de la violence.  Il a dénoncé la poursuite des activités de peuplement, avec leur lot de démolitions et de confiscations de terres, en violation des résolutions du Conseil de sécurité et des Nations Unies.  Cette situation, a-t-il averti, éloigne toute chance de réussite de négociations sérieuses.  Il a rappelé que depuis les Accords d’Oslo en 1993 jusqu’à aujourd’hui, la communauté internationale a reconnu que la question de Jérusalem-Est figure au cœur du conflit.  Il a rejeté toute tentative d’annexer ou d’isoler Jérusalem-Est, soulignant que la législation israélienne en la matière viole les résolutions du Conseil de sécurité. 

Le représentant a exigé la fin de l’occupation israélienne dans le Golan, en Cisjordanie ou à Gaza.  Les violations commises par Israël et le rejet des tentatives de paix avivent les tensions au Moyen-Orient et sapent les chances de parvenir à une solution juste et durable fondée sur la reconnaissance de deux États dans les frontières de 1967.  Il a appelé la communauté internationale à se montrer solidaire avec le peuple palestinien.

M. PIERRE CHRISTOPHE CHATZIVASAS délégué de l’Union européenne a rappelé qu’au cours du mois écoulé 200 Palestiniens ont été tués et plus de 21 000 blessés, majoritairement par des balles réelles et inhalation de gaz.  Alors que les conditions de vie des Palestiniens ne cessent de s’aggraver, a-t-il poursuivi, les protestations et les violences le long de la clôture de la bande de Gaza n’ont fait que s’intensifier, avec notamment des lancers de cerfs-volants incendiaires qui ont infligé de sévères dommages aux communautés israéliennes.  Le représentant européen a dit attendre des autorités à Gaza qu’elles prennent les mesures nécessaires pour prévenir une escalade.  Il a par ailleurs exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue pour éviter davantage de pertes de vies humaines.  S’il a reconnu le droit à l’autodéfense d’Israël, il l’a aussi engagé à respecter le principe de proportionnalité dans sa réponse armée.  Saluant le processus d’enquête interne mené par l’armée israélienne pour évaluer son usage de la force, notamment le 30 mars 2018, il a souhaité que toute la lumière soit aussi faite sur les attaques violentes engagées contre Israël sous couvert de manifestation.

Préoccupé par la crise humanitaire à Gaza, le représentant a ensuite appelé la communauté internationale à appuyer l’opérationnalisation de toutes les interventions économiques et humanitaires à Gaza en coordination avec l’Autorité Palestinienne.  Le retour de cette dernière dans la Bande, a-t-il ajouté, est d’ailleurs indispensable pour améliorer les conditions de vie des habitants.  « La priorité immédiate, c’est de faire baisser les tensions et d’éviter un nouveau conflit », a-t-il insisté.  S’il a jugé qu’un effort financier de la communauté internationale s’imposait, il a souligné que rien ne changerait vraiment à long terme tant que le blocus n’aura pas été levé, tout en répondant aux inquiétudes légitimes d’Israël quant à sa sécurité.  Pendant ce temps, a-t-il assuré, l’Europe continuera de soutenir les efforts onusiens et égyptiens pour parvenir à une réunification de Gaza et de la Cisjordanie sous l’égide d’une seule et légitime Autorité palestinienne.

Il a ensuite rappelé que, 25 ans après les Accords d’Oslo, la paix entre Israéliens et Palestiniens se faisait toujours attendre.  L’Europe a donc exhorté toutes les parties à réfréner toute action unilatérale qui pourrait entraver la relance des négociations autour de la solution des deux États.  À ce titre, a affirmé le délégué, « nous suivons avec grande inquiétude la démolition du village bédouin de Khan al-Ahmar, qui est situé dans une zone stratégique pour la préservation de la contiguïté territoriale d’un futur État palestinien ».  Réitérant son opposition à la politique illégale de peuplement d’Israël, il a jugé qu’elle ne faisait que menacer l’avenir d’une solution politique.

« Ce rapport est une autre triste chronique d’une situation qui brise le cœur – un conte sans fin des souffrances qu’endurent les Palestiniens plongés dans les ténèbres d’une occupation illicite et écrasante qui a d’ores et déjà duré une vie entière », a déclaré Mme MALEEHA LODHI (Pakistan), pour qui les conditions de vie des habitants de Gaza défient l’imagination. Il n’y a rien de laissé au hasard dans cette politique, a-t-elle martelé, en fustigeant un processus « délibéré et pensé » consistant à détruire lentement un peuple entier.  Il s’agit de séparer Gaza de la Cisjordanie, de démembrer la Cisjordanie en petites enclaves et d’emmurer Jérusalem- Est, a accusé Mme Lodhi.  Elle s’est réjouie que la communauté internationale ait contribué au budget de l’UNRWA et y a vu là « un vote de confiance » en faveur de cette agence.  Enfin, la déléguée a jugé que le règlement de la question palestinienne est crucial pour la stabilité et la paix de la région.

M. AHMED NASIR (Maldives) a estimé que la fin des politiques d’apartheid, de blocus et de déni des droits de l’homme devrait être le point de départ pour une solution sur la base des deux États respectant les frontières de 1967.  Parmi les cas de violation du droit international cités dans les rapports du Secrétaire général, le délégué a souligné la démolition des maisons, l’expulsion de familles entières, les arrestations punitives, les procès injustes, les actes de torture et l’usage excessif de la force létale.  Appelant Israël à revenir du bon côté de la loi, les Maldives ont souligné que la bonne stratégie pour parvenir à la paix ne devrait jamais être la violence, avertissant que les restrictions imposées au peuple palestinien ne seront jamais couronnées de succès sur ce plan.  Aux yeux du délégué, il incombe aux Nations Unies de s’assurer de la bonne mise en œuvre des résolutions pertinentes et de trouver les moyens de surmonter les obstacles pour y parvenir.

Pour M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a accusé la communauté internationale de fermer délibérément les yeux sur les agissements d’Israël et ses violations des conventions régionales sur le plateau du Golan, dénonçant par ailleurs sa politique de peuplement et de déplacements forcés.  Ces pratiques ne pourraient jamais se poursuivre sans l’appui de la communauté internationale, a-t-il affirmé, mais il est temps d’agir pour mettre fin à cette occupation injuste. 

Il a dénoncé les violations des droits de l’homme commises par Israël dans le Golan syrien, ainsi que ses tentatives d’imposer la citoyenneté israélienne aux populations du Golan ou d’y organiser des soi-disant élections locales « qui ont cependant misérablement échoué ».  Israël poursuit sa politique de discrimination raciale, empêche les Arabes de communiquer avec la Syrie, et les traite comme des criminels de guerre, a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite demandé la libération des prisonniers arabes détenus dans des prisons israéliennes, dénonçant par ailleurs les amendes arbitraires qui sont imposées aux habitants du Golan syrien qui bravent ces lois arbitraires d’Israël.  

Cette occupation a aussi de graves conséquences économiques, a-t-il poursuivi, elle a transformé des terres agricoles en sites militaires, en colonies israéliennes, et en décharges toxiques.  Israël, a-t-il encore affirmé, prospecte gaz et pétrole et détourne les ressources hydriques vers les colonies israéliennes.  Il a averti que cette attitude « agressive » attise les tensions dans la région, accusant par ailleurs Israël de travailler avec des groupes terroristes, et de viser des sites en Syrie.

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a félicité le travail fait par le Comité spécial en dépit des obstacles rencontrés dans l’établissement de son rapport cette année encore.  Cuba exprime une fois de plus sa profonde préoccupation quant à la gravité de la situation au Moyen-Orient, et en particulier la question de Palestine.  Le représentant a ensuite dénoncé la déclaration unilatérale du Président américain, qui a reconnu Jérusalem comme étant la capitale d’Israël, et lui a reproché de vouloir changer le statut historique de cette ville.

Passant en revue les différentes violations et pratiques illégales commises par Israël contre le peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza, ainsi que la gravité de la situation humanitaire à Gaza, la délégation cubaine a exigé le retrait israélien du Golan syrien et de tous les territoires occupés.  Son représentant a réaffirmé que toutes les mesures visant à changer la nature démographique ou autre des territoires occupés sont nulles et non avenues.

Il est déplorable, a-t-il poursuivi, que le Conseil de sécurité n’ait toujours pas été en mesure de trouver de solutions à l’injustice historique de cette occupation, y compris au blocus de Gaza.  Cuba encourage les négociations directes entre Israéliens et Palestiniens ainsi que la réconciliation intrapalestinienne.  Il soutient aussi la requête palestinienne de devenir membre à part entière des Nations Unies.

Pour Mme REEM AL-HARAMI (Qatar) l’ensemble des rapports témoignent des violations généralisées des droits des Palestiniens.  Elle a notamment dénoncé la politique de détention massive y compris d’enfants, l’exploitation illégale des ressources naturelles palestiniennes, et les colonies de peuplement.  Elle a estimé que la situation des droits humains dans les territoires occupés appelle à redoubler d’efforts pour régler le problème, soulignant les effets positifs que cela aurait pour la région.  Parvenir à une solution juste et durable nécessitera des efforts sincères des deux parties afin d’établir un État palestinien viable dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, a-t-elle ajouté.  La représentante a par ailleurs dénoncé l’occupation du Golan et a affirmé que la décision d’Israël d’y faire appliquer sa juridiction est nulle et non avenue.

M. KIM IN CHOL (République démocratique populaire de Corée) a dénoncé l’occupation des territoires arabes par Israël.  Il a rappelé qu’en 2017, Israël s’était retiré de l’UNESCO sous le prétexte « injustifié » d’avoir été pris pour cible de manière préméditée sur les questions liées au Moyen-Orient.  Il a également dénoncé la loi « draconienne » adoptée cette année par le Parlement israélien qui stipule que l’ensemble d’Al-Qods fait « intégralement partie du territoire israélien » et le déclare comme « sa capitale éternelle », demandant aux États d’y transférer leurs représentations diplomatiques.

Il a rappelé les deux résolutions adoptées, respectivement en décembre 2017 et juin 2018, par une large majorité de l’Assemblée générale, la première stipulant que tout changement du statut d’Al-Qods n’avait aucune conséquence légale et appelant les États Membres à ne pas y ouvrir leurs représentations diplomatiques, et la deuxième portant sur la protection des civils palestiniens dans le contexte des intervention militaires indiscriminées d’Israël.  Le représentant y a vu l’expression de la solidarité internationale avec le peuple palestinien dans sa revendication « juste » de créer un État palestinien avec Al-Qods-Est comme capitale et dans les frontières de 1967.

Il a regretté qu’au cours de ce processus, un membre permanent « soi-disant responsable » du Conseil de sécurité ait fait son possible pour bloquer l’adoption de ces textes par l’Assemblée générale, et ait utilisé son droit de veto au sein du Conseil.  C’est la preuve, a affirmé le représentant, qu’Israël est protégé par un pays « arrogant et culotté » qui abuse de ses outils politiques au sein de l’ONU, « du haut de son siège de membre permanent du Conseil de sécurité ».

M. A.K. AHMAD MUNIR NORDIN (Brunéi Darussalam) a dit son inquiétude quant aux rapports qui témoignent d’une aggravation des conditions humanitaires dans les territoires palestiniens occupés et a demandé à la Puissance occupante de mettre fin à ses activités illégales.  Il s’est aussi ému de l’escalade de violence contre les civils palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, estimant que toutes les souffrances de cette année n’ont fait qu’entraver l’avancée du processus de paix.  Soutenant le dialogue et la négociation comme voies pour régler les problèmes, il a jugé que ce conflit n’est pas différent des autres, et qu’une solution politique sur la base des deux États est la seule issue viable.  Selon lui, le statut de Jérusalem doit aussi faire l’objet de négociations entre toutes les parties concernées.  Considérant qu’en finir avec l’occupation illégale de la Palestine devrait être l’effort de toute la communauté internationale, le délégué a finalement mis l’accent sur l’importance des Nations Unies pour assurer le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

M. SAMI ELGHODBAN (Libye) a regretté que les rapports présentés soient déjà caducs: « à situation exceptionnelle, déclaration exceptionnelle », a–t-il prévenu.  Gaza a connu une véritable guerre et subi des tirs violents aussi, a-t-il estimé, ce genre de débats devient-il superflu et peu réaliste.  Nous savons déjà quelles sont les justifications qui seront présentées par Israël au nom de sa sécurité, a-t-il enchainé, dénonçant une échappatoire utilisée pour désinformer la communauté internationale.  Mais qu’attend donc Israël d’un peuple chassé de ses terres et privé d’espoir d’un avenir meilleur?  À de la reconnaissance? a-t-il lancé.  Il a exigé de connaître les délimitations des frontières de cette terre « israélienne »: qu’on nous dise quelles sont les ambitions sionistes, a-t-il lancé, notant qu’en juillet dernier la loi sur l’État-nation du peuple juif a été adoptée, qui rejette toute relation avec leur terre des Palestiniens.  Cette loi, a-t-il averti, va lancer la transformation de ce conflit politique en conflit religieux.  Et alors que de nombreux conflits terroristes dans la région se fondent sur des bases religieuses, cette loi fournit des arguments aux groupes terroristes qui sévissent en Syrie.

Passant à la situation dans le Golan syrien, le représentant a voulu savoir ce que l’on fomente pour la région arabe avec l’aide des « grands pays » qui ont fait la promesse d’État à Israël.

L’occupation israélienne a refusé toute initiative pour mettre fin au conflit et fait fi des 86 résolutions du Conseil de sécurité et des 705 de l’Assemblée générale: ce sont des « calmants » utilisés par la communauté internationale et offert aux Palestiniens, de fausses promesses pour faire taire ce peuple et étendre cette occupation.  Et à la fin, s’est-il insurgé, il faudrait criminaliser ce peuple qui essaie d’installer un État indépendant.  Il a souligné que les Palestiniens ont un héritage historique et doivent avoir le droit de créer leur État.  Les peuples opprimés ont le droit de recourir à tous les moyens, a-t-il affirmé, regrettant que la communauté internationale ait cessé, selon lui, de soutenir les Palestiniens.  Il est temps que la conscience internationale se réveille, a-t-il ajouté, en réclamant « le gel de l’appartenance d’Israël à cette organisation ».

M. ALAA RIDHA M. HASSAN NAJAF (Iraq) s’est félicité de la résolution adoptée en juin 2018 par l’Assemblée générale réclamant la protection des civils palestiniens, et a soutenu les recommandations faites en ce sens par le Comité spécial dans son rapport.  Il a proposé de mettre en place un mécanisme international à cette fin.

L’agression israélienne qui perdure reflète le mépris total d’Israël envers les Nations Unies, a estimé le représentant, avant d’exhorter la communauté internationale à réagir et à mettre un terme à l’occupation illégale des territoires arabes occupés.  Il a réfuté toutes les lois de la Knesset qui cherchent à créer une nouvelle réalité sur le terrain, notamment celle sur l’État-nation juif et celle qui autorise l’imposition de mesures punitives financières.

Dans la même veine, il a dénoncé toutes les tentatives israéliennes de changer la composition démographique d’Al-Qods et a exigé qu’elles cessent.

L’Iraq soutient pleinement le peuple palestinien ainsi que son droit inaliénable de créer un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale et dans les frontières de 1967.

M. BACHIR SALEH AZZAM (Liban) a condamné le fait qu’Israël continue de refuser de coopérer avec le Comité spécial et lui nie l’accès aux territoires occupés.  Il est triste de constater que les pratiques israéliennes contre les Palestiniens n’ont fait qu’aggraver la situation, a-t-il poursuivi.  À ses yeux, il ne s’agit plus tant de violences, que d’une politique systématique mise en œuvre par Israël sous prétexte de sécurité et qui viole les droits fondamentaux des Palestiniens.

Notant que le rapport de cette année fait état d’une hausse des pratiques discriminatoires contre les Arabes et les Palestiniens, il a aussi souligné l’augmentation de 50%, ces quatre derniers mois, des actes de violence commis par les colons par rapport à l’an dernier.  Il a aussi dénoncé la démolition de maisons comme mesure punitive visant les familles des ennemis politiques d’Israël.  « C’est une forme de châtiment collectif interdite par le droit international », a-t-il insisté.  Le représentant a aussi critiqué un usage excessif de la force par les forces de sécurité israéliennes, qui s’est soldé par la mort de plusieurs Palestiniens et des blessures pour beaucoup d’autres.  Aux titres des autres violations du droit international et humanitaire, le délégué a encore cité l’installation prévue de 10 000 nouveaux colons israéliens dans le Golan ainsi que l’usurpation des ressources naturelles.  Selon lui, il incombe à la communauté internationale de mettre fin à cette impasse et de passer de la phase de documentation à celle de l’application du droit international.

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a dit « en avoir assez », 50 ans après l’occupation des territoires arabes par Israël et après 50 ans de négociations, de condamnations, de rapports, et a estimé que « les mots n’ont plus de sens et n’ont plus d’impact ».  Mais si « nous » en avons assez, qu’en est-il de ce peuple en proie à l’insécurité et à l’absence d’une vie digne? a-t-il lancé à la salle.

Si la communauté internationale discute ici de cette question, c’est pour réitérer que la création d’un État israélien est liée directement à celle d’un État palestinien, comme le stipule la résolution 181, a-t-il souligné.  Or cette résolution, et les nombreuses qui l’ont suivie, est restée lettre morte à ce jour.  Ce n’est pas pour faire pression sur une partie que l’on se réunit à l’ONU, mais bien pour sauvegarder les droits inaliénables du peuple palestinien, a-t-il martelé.

Selon lui, le renouvellement annuel des engagements de la communauté internationale à coup de résolutions est le seul espoir du peuple palestinien, jusqu’à ce que les parties influentes et les Palestiniens prennent conscience qu’ils vivront sur la même terre.  Les paramètres susceptibles de résoudre la question palestinienne persistent, et à ses yeux, il n’existe que deux issues possibles, soit le retour à la négociation sur la base de la solution des deux États et de l’Initiative de paix arabe, soit l’option d’un seul État, une option qui est refusé par le peuple palestinien.

En conclusion, il a espéré que l’expérience égyptienne pour parvenir à la paix avec Israël puisse être un exemple à suivre.

Droit de réponse

Le représentant d’Israël a réagi « au nombre incroyable de diabolisations entendues à l’encontre d’Israël ».  À les écouter, a-t-il poursuivi, on croirait presque que « Israël est un grand empire qui veut dominer le monde, qu’il est le père et la mère de tous les maux ».  À ses yeux, la Commission est prise en otage par la question palestinienne.

La haine des Juifs ne prévaut pas seulement en Europe, elle est encore pire dans les pays arabes, a-t-il estimé.  Israël est détesté, accusé de tout, diffamé, alors que c’est le seul pays du Moyen-Orient où les libertés fondamentales sont respectées, a-t-il encore asséné.  « Pourquoi Israël est considéré comme si terrible? a-t-il fait mine de s’interroger.  La réalité, c’est la haine des Juifs qui est diffusée sans cesse dans les pays arabes. »

Selon lui, si les Palestiniens faisaient vraiment preuve de compromis et acceptaient la présence d’un État juif, s’ils montraient vraiment la volonté de vivre en paix, ils trouveraient en Israël un partenaire.  « Mais nous savons que si nous déposons les armes aujourd’hui, nous cesserions immédiatement d’exister », a-t-il regretté.  Rappelant les divisions politiques au sein de la population palestinienne, il a souligné qu’il est presque impossible pour les hauts représentants palestiniens de se rendre à Gaza qui est tenu par le Hamas.  Étant donné cette situation, a-t-il expliqué, il n’y a pas une seule voix palestinienne réellement pacifique.

Répondant aux accusations de violation du droit international, il a critiqué le « vocabulaire onusien »: « Quand on parle de territoires palestiniens occupés, de quoi parle-t-on?  Il n’y a pas d’occupation de la Palestine puisqu’il n’y a pas d’État palestinien.  Quant au blocus de la bande de Gaza, le délégué a rappelé qu’il n’a pas été imposé de manière aléatoire et qu’Israël s’était même retiré de Gaza pendant deux ans "sans problème". »  Mais aujourd’hui, a-t-il poursuivi, « nous voulons être certains que le Hamas n’a pas accès aux armes pour attaquer Israël. »  Il a affirmé que l’aide internationale est détournée pour financer la construction de tunnels permettant d’aller « tuer des juifs », et a expliqué qu’on ne pourrait pas mettre fin à la tragédie qui frappe les Palestiniens tant qu’ils n’accepteront pas Israël.  « Il faut qu’ils se réconcilient avec eux-mêmes et qu’ils cessent d’inculquer des idées néfastes à leurs enfants.  Nous leur offrons notre bonne volonté, mais c’est à eux de s’exprimer d’une seule voix », a-t-il conclu.

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