Forum politique de haut niveau, Session de 2018,
4e, 5e & 6e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6936

Le Forum politique de haut niveau se penche sur les moyens de rendre les sociétés viables et résilientes

Pour sa deuxième journée de travaux, le Forum politique de haut niveau pour le développement durable organisé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC) s’est penché sur les moyens de rendre les sociétés viables et résilientes face aux inévitables chocs politique, économique, climatique ou bien encore face à la « destruction créatrice » découlant des changements technologiques.

Pour la première des trois tables rondes organisées de la journée, le Forum, tout à son examen de la mise en œuvre des ambitieux objectifs de développement durable, fil conducteur de ses huit journées de travaux, a pu entendre la Secrétaire générale adjointe de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) prôner la mise en place de mécanismes de protection sociale.

« Les politiques économiques et sociales devraient être axées sur les travailleurs plutôt que sur les secteurs », a ajouté Mme Isabelle Durant.  Celle-ci a également préconisé l’effacement de la dette, ou le moratoire, pour les pays qui subissent des chocs.  « En libérant des fonds, le pays est mieux préparé à d’éventuels chocs futurs. »

Les catastrophes naturelles ont été au cœur de la présentation du représentant de « 100 Resilient Cities », M. Jeb Brugmann qui a pris l’exemple de Porto Rico après le passage de l’ouragan Maria en 2017 pour illustrer la complexité du concept de résilience.  Partageant la même fibre sociale que la déléguée de la CNUCED, il a dénoncé le fait qu’après une catastrophe, le Gouvernement et les assureurs, à travers leurs procédures de financement, empêchent l’utilisation des fonds de relèvement pour le développement. 

« Nous avons besoin d’une éducation aux catastrophes à tous les niveaux. »  C’est ce qu’a prôné le Coordonnateur de l’Institut du développement durable de l’Université des Indes occidentales (Jamaïque), M. David Smith, qui a plaidé pour un financement de la recherche et un meilleur accès aux informations scientifiques, en particulier dans les pays en développement et les pays insulaires en développement.  « Il faut bâtir le capital humain et aider les personnes à trouver le financement nécessaire pour qu’elles puissent s’adapter à la résilience. »

Auparavant, la déléguée de la CNUCED avait vanté l’efficacité des technologies innovantes, avant, pendant et après les chocs, ainsi que pour accélérer les progrès et le développement en général.  « La télédétection a ainsi été utilisée pour identifier les zones vulnérables à la désertification, conduisant à des initiatives de reboisement », a-t-elle dit, tout en prédisant un bouleversement total de l’économie lorsque l’utilisation des imprimantes 3D sera généralisée. 

L’apport de la science, de la technologie et de l’innovation (les « STI ») au service du développement durable, mais aussi le potentiel déstabilisant de ces derniers pour les sociétés, ont été au cœur de la deuxième table ronde de la matinée.  « Le rôle des sciences est crucial pour réaliser les objectifs de développement durable », a d’emblée déclaré la Coprésidente du groupe de scientifiques chargé de rédiger le Rapport mondial pour le développement durable, en recommandant aux scientifiques et aux décideurs politiques d’établir davantage de liens entre eux.

Le paradoxe, a fait remarquer un chercheur au sein de l’Université de Vienne pour la technologie, c’est que trois milliards de personnes sont actuellement laissées pour compte par les STI, alors qu’ils sont la clef pour réaliser le développement durable.  Face à la « destruction créatrice » des changements technologiques dont parlait l’économiste Joseph Schumpeter, il a préconisé de lisser les effets de ces changements et de rechercher des synergies.

Certaines délégations ont détaillé les stratégies de leurs pays s’agissant des STI et les progrès déjà engrangés.  Le Kenya consacre ainsi 2% de son PIB à ce secteur, tandis que l’Afrique du Sud est bien classée selon l’Indice mondial de l’innovation.

Enfin, un même vent de pessimisme que lors de la journée précédente a soufflé sur la troisième table ronde de la journée consacrée à l’examen de l’objectif 7 « Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable ».

Alors qu’il avait noté, la veille, des retards dans la réalisation de l’objectif 6 relatif à l’eau propre et l’assainissement, le Forum n’a pu faire qu’un constat similaire s’agissant dudit objectif 7.  « Le monde n’est pas encore en voie d’atteindre l’accès universel à de tels services d’ici à 2030 », a déclaré sans ambages une responsable de la Section de suivi des objectifs de développement durable de la Division de statistique de l’ONU.

« Il faut 12 à 15 milliards de dollars par an pour atteindre cet objectif d’ici à 2030 », a renchéri le délégué du Bangladesh, qui a déploré, à l’instar de nombreuses délégations, le non-respect de la promesse de l’aide publique au développement (APD) et la faiblesse des ressources internes. 

Loin de jeter l’éponge, la Présidente-Directrice générale de la Fondation européenne du climat, qui a lié accès universel à l’énergie et Accord de Paris sur les changements climatiques, a appelé à une forte mobilisation internationale, nécessaire pour « gagner cette bataille ».  « Il faut parachever la décarbonisation du secteur énergétique d’ici à 2030 pour réaliser cet objectif. »

Même volontarisme du côté de la Directrice exécutive d’ENERGIA Zambie, un réseau fondé par un groupe de femmes impliquées dans le travail sur le genre et l’énergie dans les pays en développement.  Invitant les États à « redresser la situation, à 12 ans de la réalisation des objectifs de développement durable », elle a appelé à « intégrer le genre dans les politiques énergétiques, utiliser tout ce qui est possible pour la distribution hors réseau et accroître les investissements dans les nouvelles capacités de production d’énergie ». 

La Réunion du Forum politique de haut niveau pour le développement durable se poursuivra demain, mercredi 11 juillet, à 9 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Transformation des sociétés pour les rendre viables et résilientes

Les participants à cette troisième table ronde intitulée « Transformation des sociétés pour les rendre viables et résilientes » animée par Mme EMILY WILKINSON, Chargée de recherche sur le risque et la résilience à l’Institut de développement à l’étranger du Royaume-Uni, ont fait part de leurs propositions et solutions pour aider les sociétés et les personnes à être ou à devenir résilientes.

La Secrétaire générale adjointe de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Mme ISABELLE DURANT, a rappelé combien les pays en développement sont vulnérables aux chocs en raison de leurs faiblesses structurelles.  Au cours d’une réunion sur le sujet tenue le mois dernier, les participants venus des États Membres ont, dans leurs recommandations, préconisé à ces pays d’élargir leur base économique pour atténuer les conséquences des chocs et des aléas du marché.  En outre, les politiques économiques et sociales devraient être axées sur les travailleurs plutôt que sur les secteurs, a-t-elle dit, en prônant aussi la mise en place de mécanismes de protection sociale.  L’effacement de la dette ou le moratoire pour les pays qui subissent des chocs est un autre outil qui peut faciliter le relèvement: en libérant des fonds, le pays est mieux préparé à d’éventuels chocs futurs.

Mme Durant a également vanté l’efficacité des technologies innovantes, avant, pendant et après les chocs, ainsi que pour accélérer les progrès et le développement en général.  Par exemple, a indiqué Mme Durant, la télédétection a été utilisée pour identifier les zones vulnérables à la désertification, conduisant à des initiatives de reboisement.  En outre, lorsque les imprimantes 3D seront largement utilisées, l'économie sera totalement bouleversée et il faudra adapter les approches de la résilience.  Elle a invité à regarder de près la résilience des petits États insulaires en développement, car ils sont quotidiennement menacés par les chocs.  « Nous devons tirer des leçons de leurs expériences pour mieux nous préparer à notre propre résilience. »  Elle a aussi préconisé la diversification économique de manière à éviter la concentration des chocs sur un seul secteur. 

Dans le paysage mondial actuel, il faut plus que jamais des communautés et des sociétés résilientes, a enchaîné le Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), M. DEREJE WORDOFA, avant d’expliquer que le FNUAP vise à renforcer leur résilience dans trois domaines: mettre fin à la mortalité maternelle; améliorer l’accès à la planification familiale; et mettre fin aux pratiques néfastes telles que les mutilations génitales féminines.  De telles actions renforcent la résilience de nombreuses manières, en particulier en période de conflit.  Les efforts du FNUAP ciblent spécifiquement les jeunes, a-t-il précisé.  Les efforts se sont également concentrés sur la lutte contre la violence sexiste et sur une meilleure compréhension des données démographiques, qui identifient les vulnérabilités et fournissent des informations pour une planification efficace.

En Afrique, a ajouté le haut fonctionnaire, près de 60% de la population a moins de 35 ans.  Les jeunes sont considérés comme les causes et les moteurs des conflits et les jeunes femmes sont considérées comme des victimes.  Cependant, une étude récente du FNUAP montre que les jeunes participent à la prévention et à la résolution des conflits.  Si des investissements stratégiques sont faits dans l’éducation et l’emploi, le potentiel des jeunes peut être élargi.  Les obstacles tels que l’inégalité, l’exclusion et la discrimination à l’encontre des jeunes devraient être aplanis, a encore prôné l’expert.  Répondre à ces défis est essentiel et le FNUAP travaille avec de nombreux États Membres pour, entre autres, améliorer la situation et rendre les communautés plus résilientes.

Le représentant de « 100 Resilient Cities », M. JEB BRUGMANN, a parlé du programme des 100 villes résilientes de la Fondation Rockefeller qui aide les villes à définir ce dont elles ont besoin pour renforcer leur résilience.  Il a pris l’exemple de Porto Rico après le passage de l’ouragan Maria en 2017 pour illustrer la complexité du concept de résilience.  Porto Rico était déjà en pleine crise avant d’être frappé, a-t-il dit.  Il subissait des tensions multiples notamment un niveau élevé de pauvreté, des soins de santé inadéquats, une eau de mauvaise qualité et des pannes de courant constantes, qui ont rendu l’île inapte à répondre aux imprévus.  Tirant les leçons de l’ouragan Katrina et de l’ouragan Sandy, une stratégie de résilience a été réimaginée pour Porto Rico, puis lancée en vue des milliards de dollars prévus pour le fonds de relèvement du Gouvernement.  M. Brugmann a souligné la nécessité de concevoir la résilience de manière globale et a dénoncé le fait qu’après une catastrophe, le Gouvernement et les assureurs, à travers leurs procédures de financement, empêchent l’utilisation des fonds de relèvement pour le développement. 

Une éducation aux catastrophes à tous les niveaux.  C’est ce qu’a prôné le Coordonnateur de l’Institut du développement durable de l’Université des Indes occidentales (Jamaïque), M. DAVID SMITH, en appelant à renforcer les institutions et les capacités humaines pour que le prochain ouragan et la prochaine crise économique ne posent pas autant de problèmes.  Il a aussi plaidé pour un financement de la recherche et un meilleur accès aux informations scientifiques.  Il est indispensable que tout le monde ait accès à l’information, en particulier dans les pays en développement et les pays insulaires en développement.  Il faut bâtir le capital humain et aider les personnes à trouver le financement nécessaire pour qu’elles puissent s’adapter à la résilience. 

Les défis de la résilience ne peuvent être résolus que dans les cadres multilatéraux, et grâce à la coopération aux niveaux régional et transfrontalier, a fait valoir pour sa part le Coordonnateur des activités économiques et environnementales de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), M. VUK ŽUGIĆ.  À cet égard, l’Europe, a-t—il indiqué, accorde beaucoup d’importance à l’intégration et la coopération, ainsi qu’aux partenariats, essentiels pour la mise en œuvre du Programme 2030. 

L’une des priorités de l’Union européenne est en effet de renforcer la capacité des États et des secteurs principaux des pays, et donc la résilience, a indiqué la délégation en précisant que cette politique se base sur le respect des droits de l’homme et de l’état de droit et a pour but la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a averti que la résilience, ce n’est pas préserver le statu quo, mais prendre en compte les risques au moment de la programmation et de la planification.  Il faut aussi prendre en compte les forces et les vulnérabilités du pays.

Les Philippines ont expliqué, à ce propos, avoir adopté une politique de résilience qui est passée de la réponse aux catastrophes à la prévention des risques, en tirant les leçons des dernières catastrophes ayant frappé le pays.  Celles-ci avaient coûté plus de 200 milliards de dollars à l’économie, l’équivalent de 2% du produit intérieur brut.  La nouvelle politique comprend notamment un plan de développement des villes résilientes et met l’accent sur les faiblesses des villes à combler, notamment le système de transport, la fiscalité urbaine et l’habitat. 

La Suisse est également exposée à plusieurs sortes de dangers, a indiqué sa représentante en présentant une mesure prise pour y faire face: une application à télécharger sur les téléphones portables pour préparer les citoyens et partager les informations utiles en cas de catastrophes.

La déléguée du Honduras a préconisé, elle aussi, l’approche préventive en matière de résilience.  Une approche qui doit être conforme au Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, et qui doit être intégrée dans les politiques de développement notamment avec la construction d’infrastructures résilientes.

En République islamique d’Iran, a indiqué la délégation, le Gouvernement consacre 2% du budget à la résilience.  Il alloue aussi 50 millions de dollars aux activités à un centre d’informations sur la prévention des catastrophes. 

Pour la représentante du grand groupe des organisations non gouvernementales, la résilience passe par la création d’un système d’alerte rapide, une protection sociale efficace, un bon accès aux financements, ainsi que la participation de la société civile.

La représentante du grand groupe des enfants et des jeunes, Mme MARIKRIS DE GUZMAN, a d’ailleurs souligné que la résilience commence dès le plus jeune âge et a, de ce fait, conseillé aux États d’adopter un plan national efficace de résilience des jeunes qui assure leur sécurité et leur inclusion.  Pour Mme de Guzman, il est donc important d’investir dans les connaissances, les services sociaux et ne pas se concentrer que sur les catastrophes.

En ce qui concerne le Groupe des personnes handicapées, sa représentante a fait remarquer la difficulté à identifier les obstacles à la résilience de ces personnes, du fait du manque des données de qualité les concernant.  Elle a donc suggéré d’investir dans la collecte de données sur ces personnes et d’examiner en priorité leurs difficultés spécifiques dans le domaine de l’emploi.

De son côté, le grand groupe des peuples autochtones a attiré l’attention sur un obstacle majeur qui entrave la résilience de la plupart des régions autochtones: leur militarisation.  « Cette situation doit changer », a-t-il dit en demandant au Forum d’y apporter une réponse.

« Il faut continuer de réfléchir aux conséquences des catastrophes naturelles », a dit en conclusion le Vice-Directeur de l’Université des Nations Unies (UNU) pour qui la première étape consiste à réduire la vulnérabilité climatique.  Vue la vitesse actuelle des changements climatiques, les gouvernements doivent anticiper les conséquences des catastrophes à l’aide notamment de la coopération sur le renforcement de la résilience. 

Promouvoir la science, la technologie et l’innovation en faveur des objectifs de développement durable

Comment combler les écarts et inégalités découlant des progrès technologiques?  Comment faire en sorte que ces progrès ne laissent personne de côté?  Ce sont les questions formulées par la modératrice de cette discussion, Mme NORMA MUNGUÍA ALDARACA, du Mexique, auxquelles les intervenants ont tenté d’apporter des éléments de réponse.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, M. TOSHIYA HOSHINO, représentant du Japon, a présenté une synthèse des travaux du Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation du développement durable, dont la troisième édition s’est tenue début juin, en sa qualité de Coprésident dudit Forum.  La science, la technologie et l’innovation ne sont pas encore pleinement considérées comme essentielles pour atteindre les objectifs de développement durable, a-t-il regretté, en appelant à y remédier.

M. JUAN SANDOVAN MENDIOLEA, représentant du Mexique et également Coprésident du Forum précité a, lui, rappelé les thèmes des 10 sessions organisées lors de cet évènement.  Les effets des changements technologiques, les conséquences des changements climatiques, le besoin d’innovation mais aussi les inquiétudes soulevées par les avancées scientifiques ont été les principaux thèmes évoqués.

« Le rôle des sciences est crucial pour réaliser les objectifs de développement durable », a d’emblée déclaré Mme ENDAH MURNININGTYAS, Coprésidente du groupe de scientifiques chargé de rédiger le Rapport mondial pour le développement durable, de l’Indonésie.  Les sciences nous aident en outre à comprendre pleinement les liens entre les objectifs de développement durable.  Néanmoins, il y a un décalage entre les sciences et les politiques élaborées et il nous revient de le combler, a-t-elle dit, en appelant à des liens plus étroits entre scientifiques et décideurs politiques au service du développement durable.  Elle a fait valoir que les sciences permettent de comprendre l’avenir et de le déchiffrer.  C’est pourquoi il faut, a-t-elle ajouté, des investissements dans les sciences et une promotion des savoirs autochtones.  Les sciences permettent d’identifier les risques et, ainsi, aident à l’élaboration des politiques visant à y remédier, a-t-elle conclu.

Le paradoxe, a fait remarquer M. NEBOJSA NAKICENOVIC, de l’Université de Vienne pour la technologie, c’est que trois milliards de personnes sont actuellement laissées pour compte par la science, la technologie et l’innovation (STI), alors que les STI sont la clef pour réaliser le développement durable.  Il a même parlé de véritable poussée des inégalités, avant de décrire les six transformations majeures nécessaires pour réaliser les objectifs de développement durable: une révolution numérique autour de l’intelligence artificielle; l’avènement de « villes intelligentes »; une gestion environnementale durable; une transition démographique bien gérée; de nouveaux modes de production et de consommation; et une énergie sans carbone.  Enfin, il a souligné le côté déstabilisant des changements technologiques dans le droit fil de l’économiste Joseph Schumpeter qui parlait de « destruction créatrice ».  L’enjeu sera de lisser les effets de ces changements et de parvenir à des synergies, a-t-il conclu.

M. CARSTEN FINK, de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a centré son propos autour de l’Indice mondial de l’innovation et son lien pour réaliser l’objectif 9: « Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation. »  Cet indice mesure l’innovation dans 126 économies et permet de guider les décideurs politiques dans l’élaboration des politiques.  Il a livré les 10 premiers pays du classement de 2018: la Suisse, les Pays-Bas, la Suède, le Royaume-Uni, Singapour, les États-Unis, la Finlande, le Danemark, l’Allemagne et l’Irlande.  Au niveau régional, l’Amérique du Nord se classe première, suivie de l’Europe.  Il a détaillé le système mis en place pour l’innovation par la Chine, grâce auquel ce pays occupe la dix-septième place du classement.  C’est le seul pays à revenu intermédiaire à y figurer.  Enfin, M. Fink a indiqué que les trois principaux « faisceaux » technologiques se trouvent en Asie: à Tokyo, Shenzhen et Séoul.

Pour ce qui concerne l’Afrique, M. ERNEST FOLI, de l’Institut de recherche forestière du Ghana, a indiqué que la transformation du continent sera endogène et ne pourra venir que d’elle-même.  La dépendance vis-à-vis de l’extérieur devra donc être réduite, a-t-il dit.  Les STI seront un élément clef de cette transformation, a-t-il poursuivi, en relayant l’appel lancé en ce sens par l’Union africaine en 2017.  M. Foli a par ailleurs souligné l’importance de la sécurité alimentaire pour réaliser les objectifs de développement durable, avant d’appeler à une création d’emplois suffisants pour absorber la croissance démographique.  Enfin, la lutte contre les maladies est cruciale pour le développement durable de l’Afrique, a-t-il observé. 

Dans la discussion interactive qui a suivi, les orateurs ont avancé des pistes de réflexion pour faire en sorte que les STI promeuvent au mieux le développement durable tout en réduisant les inégalités économiques.  Le grand groupe des femmes a recommandé la promotion de savoirs traditionnels, en particulier ceux des femmes autochtones, tandis que le grand groupe des enfants et des jeunes a plaidé pour une gouvernance volontariste afin de maximiser les bénéfices des STI.  En outre, le secteur privé est un acteur essentiel pour mettre les STI au service du développement durable, a fait remarquer la Finlande.  La Fédération de Russie a, pour sa part, souligné l’importance des recherches sur le génome.

Les STI sont cruciales pour la viabilité environnementale, a renchéri la déléguée de l’Union européenne.  « Nous continuerons d’investir dans les STI, y compris en appui aux pays en développement », a-t-elle promis, répondant ainsi au vœu de l’Indonésie qui a demandé le renforcement des capacités des pays en développement.  Le Bénin a jugé crucial un tel renforcement, en particulier lors de la phase d’amorçage d’une innovation, tandis que la Turquie a souligné l’importance, à cette fin, de la récente opérationnalisation de la Banque des technologies.

Les orateurs ont par ailleurs détaillé les stratégies de leurs pays et organisations.  Le Kenya consacre ainsi 2% de son PIB aux STI, a dit le délégué de ce pays, tandis que son homologue de l’Afrique du Sud s’est félicité du bon classement du sien selon l’Indice mondial de l’innovation.  La Banque islamique de développement a, de son côté, mis en place un fonds de 500 millions de dollars pour les STI. 

Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable

Au début de la table ronde, le Ministre de l’énergie de la Thaïlande, M. SIRI JIRAPONGPHAN, a été invité par la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme MARIA CHATARDOVÁ, à dire quelques mots après le sauvetage des jeunes footballeurs et de leur coach en Thaïlande.  Le Ministre a confirmé que les 12 garçons et leur coach ont pu être sauvés et sont aujourd’hui sains et saufs.  « Merci de vos nombreuses preuves de solidarité.  La solidarité internationale qui nous a permis de sortir d’affaire montre que le monde peut travailler ensemble pour réaliser les objectifs de développement durable avec le bon cœur qu’il a montré en Thaïlande », a estimé le Ministre.

La discussion a démarré avec l’exposé de Mme HEATHER PAGE, de la Section de suivi des objectifs de développement durable de la Division de statistique de l’ONU, qui a dressé un état des lieux concernant l’accès à l’électricité dans le monde: de 2000 à 2016, la proportion de la population mondiale ayant accès à l’électricité a augmenté de près de 10%, atteignant ainsi 87%.  L'Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne sont les deux régions avec la plus grande proportion de personnes n’ayant pas accès à l’énergie, bien que les deux régions aient fait des progrès considérables.  Mais le monde n’est pas encore en voie d’atteindre l’accès universel d’ici à 2030.  Environ 41% de la population mondiale n’a toujours pas accès aux carburants et aux technologies propres, a-t-elle signalé, soulignant qu’environ quatre millions de décès sont causés chaque année par la pollution intérieure et des modes de cuisson inefficaces.  Si la production d’énergie renouvelable est en pleine expansion, l’utilisation de formes modernes d’énergie renouvelable à des fins de transport reste relativement faible.

Le modérateur du débat, M. ADNAN Z. AMIN, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA), a constaté que le secteur énergétique est marqué aujourd’hui par un impératif: « décarboniser ».  Il a de plus constaté que l’énergie renouvelable est actuellement utilisée dans de nombreux pays: 147 ont adopté des politiques de promotion de l’énergie renouvelable contre 48 en 2004.  Parallèlement, le coût moyen de cette énergie est descendu à 3 cents le kilowatt.  Quelle est la politique pour réaliser l’objectif de développement durable 7 sur l’accès universel à l’énergie?  C’est à cette question que les participants à cette table ronde devaient répondre.

Le Ministre de l’énergie de la Thaïlande, M. SIRI JIRAPONGPHAN, a dit que l’accès à l’électricité a été possible dans son pays grâce à l’investissement consenti par le Gouvernement pour que chaque maison soit raccordée au réseau électronique.  Chaque foyer paie aujourd’hui le même prix pour le courant en Thaïlande où une centrale électrique tournant à l’aide de gaz naturel a permis de stabiliser le coût sur l’ensemble du territoire.  Le prix dans les zones rurales isolées est par ailleurs subventionné. 

L’accès universel à l’énergie est l’un des moyens de mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a poursuivi la Présidente-Directrice générale de la Fondation européenne du climat, Mme LAURENCE TUBIANA, en appelant à une forte mobilisation internationale pour parachever la « décarbonisation » du secteur énergétique d’ici à 2030 et gagner cette bataille.  Elle s’est réjouie que des pays grands consommateurs comme la Chine et l’Inde investissent beaucoup dans le secteur de l’énergie renouvelable.  Les villes et les entreprises doivent être encouragées à utiliser cette énergie dont le coût doit continuer de baisser, a estimé Mme Tubiana.  La « décarbonisation » du transport est en outre fondamentale.   

Mme SHEILA OPARAOCHA, Directrice exécutive d’ENERGIA, Zambie, a apporté le regard de son réseau fondé par un groupe de femmes impliquées dans le travail sur le genre et l’énergie dans les pays en développement.  Le manque d’accès universel à l’énergie pose des problèmes en ce qui concerne les modes de cuisson, de préparation des aliments et de leur conservation, a-t-elle indiqué en soulignant la nécessité d’utiliser la technologie moderne dans ces domaines.  Pour redresser la situation, à 12 ans de la réalisation des objectifs de développement durable, elle a recommandé d’intégrer le genre dans les politiques énergétiques.  Elle a aussi conseillé d’utiliser tout ce qui est possible pour la distribution d’énergie « hors réseau », et d’accroître les investissements dans les nouvelles capacités de production d’énergie en donnant la priorité aux femmes entrepreneures et aux besoins des femmes au foyer. 

Il faut trouver une solution au problème de l’énergie utilisée par les ménages pour la cuisson, a insisté le Directeur politique du Département de l’énergie et des changements climatiques du Ministère des affaires étrangères de la Norvège, M. HANS OLAF IBREKK, en interpellant les entreprises privées à ce sujet.  Il a aussi appelé à un changement de mentalité chez les femmes aux foyers pour qu’avec elles on trouve une solution à cette question.  M. Ibrekk a aussi demandé à réexaminer ce qui a été fait pour mobiliser des ressources nationales pour l’énergie.  Pourquoi n’a-t-on pas réussi à avoir plus de financements pour les pays en développement afin de relever ce défi? a voulu savoir le responsable.

Si le secteur privé investit 7 milliards de dollars par an dans les services énergétiques durables, cela suffira pour compléter le financement public consacré à cet objectif, a assuré un expert de la Banque mondiale, M. RICCARDO PULITI, qui est Directeur principal d’Energy and Extractive Industries Global Practice.  Mais il faut pour cela savoir attirer les investissements privés, a-t-il relevé en invitant les gouvernements à créer les conditions propices.  Il faut aussi qu’il y ait une concurrence suffisante pour que les prix soient compétitifs et pour faire diminuer les risques.  Des crédits à long termes, ainsi qu’un cadre réglementaire prévisible et stable sont nécessaires pour développer ce nouveau secteur, a indiqué M. Puliti.

La Présidente de GEIDO-US, Mme MENGRONG CHENG, a vanté le fait que la province chinoise de Shanghai dépasse désormais le Portugal dans la production d’énergie renouvelable.  La production d’énergie verte couvre neuf jours de consommation par mois de toute la province, s’est-elle réjouie. 

La question des services énergétiques durables a aussi été examinée sous l’angle des peuples autochtones.  La production d’énergie renouvelable entraîne souvent le déplacement et la destruction de leurs moyens de subsistance, a fait remarquer la représentante du grand groupe des peuples autochtones- TEBTEBBA, Mme JOAN CARLING.  « Nous ne sommes pas opposés à l’énergie renouvelable mais il faut faire participer les peuples autochtones à ces projets.  Autrement, nous courons vers l’échec. »  Cela implique aussi un renforcement des connaissances et des capacités de ces peuples, a-t-elle ajouté, souhaitant qu’ils soient véritablement en mesure d’utiliser l’énergie renouvelable en étant conscients de leurs avantages.  Il faut aussi des politiques cohérentes qui tiennent compte des droits l’homme, de la justice et de la responsabilité y compris du secteur privé. 

Au nom des pays les moins avancés, le représentant du Bangladesh a dit que ces pays ont un long chemin à parcourir avant de parvenir à l’accès universel à l’énergie.  Plus d’un milliard de personnes sont toujours privées d’électricité, a-t-il regretté en rappelant qu’il fallait 12 à 15 milliards de dollars par an pour atteindre l’objectif 7 d’ici à 2030.  Il a déploré au passage le non-respect des promesses faites au titre de l’aide publique au développement (APD) et la faiblesse des ressources internes. 

En Israël, le Gouvernement a consenti des efforts pour réduire son empreinte énergétique, a indiqué le représentant de ce pays qui abrite de nombreuses sociétés de recherches sur les véhicules intelligents.  D’ici à 2050, 40% du parc automobile national devrait rouler avec de l’énergie verte.  La représentante des jeunes néerlandais a dit qu’aux Pays-Bas, l’on se sert beaucoup du vélo.  Les jeunes font en moyenne plus de 300 kilomètres à vélo avant d’entrer dans la vie d’adulte.  Ils veulent une transition rapide vers l’utilisation de l’énergie propre et réduire l’empreinte carbone de 40% d’ici à 2030. 

La Suisse vise la réduction de 30% de sa consommation d’énergie fossile en concentrant ses efforts sur les voitures et le secteur du bâtiment.  Les centrales nucléaires seront fermées à la fin de leur cycle de vie et ne seront pas remplacées, a annoncé la délégation.  La Suède a insisté sur l’urgence d’abandonner la consommation d’énergie fossile, tandis que l’Irlande a parlé de son nouveau programme d’investissement lancé cet année, qui consacrera 20 milliards d’euros dans les énergies renouvelables pour les 10 prochaines années.  Le Kenya a pour sa part mis en place le service « pay as you go » pour répondre aux besoins d’énergie domestique à coût abordable pour les familles modestes. 

L’Union européenne, qui a exhorté à appliquer l’Accord de Paris sur les changements climatiques, milite pour l’élimination des subventions de l’énergie fossile et l’accès aux énergies renouvelables.  Elle consacrera 3,7 milliards d’euros à ces objectifs.  Le grand groupe des enfants et des jeunes a énuméré les exigences du groupe: investir davantage dans l’éducation des jeunes à l’énergie renouvelable, renouveler les engagements de financement du Fonds vert afin de mettre en œuvre l’Accord de Paris et faire passer les investissements de l’énergie fossile vers les énergies renouvelables. 

Pour le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), les trois cibles énergétiques doivent être visées ensemble.  Les séparer aurait permis de faire des progrès dans un domaine mais aurait retardé les résultats dans d’autres.  De plus, il est très difficile d’accroître la part de l’énergie renouvelable de manière significative si l’énergie est utilisée de manière inefficace.  Il est également difficile d’étendre rapidement l’accès à l’énergie si l’on ignore les technologies d’énergie renouvelable.  Autre constatation du PNUE: l’utilisation d’équipements inefficaces et en fin de vie rend d’autant plus difficiles l’accroissement de l’approvisionnement en énergie et l’accès aux zones non desservies.  Ces trois cibles sont liées intrinsèquement et une approche systémique est nécessaire pour les réaliser, a expliqué le PNUE.

La Présidente-Directrice générale de la Fondation européenne pour le climat a proposé trois pistes pour avancer dans cette direction.  En premier lieu, il faut généraliser l’accès des ménages et des producteurs à l’énergie.  En deuxième lieu, il faut construire des unités de production d’énergie renouvelable dans tout le territoire.  En troisième lieu, elle a préconisé la production décentralisée de l’énergie renouvelable.

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