Session 2018,
48e & 49e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/6945

ECOSOC: La session de haut niveau s’achève mais la course contre la montre se poursuit pour réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030

La session de haut niveau 2018 du Conseil économique et social (ECOSOC) s’est achevée, aujourd’hui, en entérinant la Déclaration ministérielle adoptée hier soir par le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, après vote sur ce texte et sur plusieurs amendements.  L’ECOSOC a auparavant fini son débat général au pas de course pour « avaler » 87 discours d’États Membres et d’autres acteurs œuvrant pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Forum politique avait adopté, hier soir, la Déclaration ministérielle après une mise aux voix, du jamais vu dans l’histoire de ce Forum.  Un accroc à l’unanimité habituelle qui a été relevé aujourd’hui par plusieurs délégations, désolées de voir que le consensus qui avait prévalu au moment d’adopter le Programme 2030 soit désormais rompu.

Aujourd’hui, l’ECOSOC a adopté la Déclaration ministérielle par 46 voix pour et une voix contre, celle des États-Unis, qui ont jugé le langage inapproprié en ce qui concerne l’occupation étrangère, le commerce et l’imposition d’un modèle de développement.

En même temps, les États Membres dans leurs discours se sont montrés prêts à partager leurs expériences et à collaborer -entre eux et avec les partenaires de tous les secteurs- pour une meilleure mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

« Il faut rétablir l’esprit de solidarité », a prié la représentante du Venezuela en dénonçant les mesures prises par certains pays contre le sien, sur le même ton que l’Iran qui a explicitement rejeté « l’unilatéralisme de certains États qui menace de détruire les efforts de la communauté internationale ». 

Du côté des « parties prenantes », les autres acteurs du développement durable, le grand groupe des organisations non gouvernementales a exhorté le Forum politique à « en finir avec les forces qui ont attaqué le système multilatéral ».  Il s’est plaint que chaque entité de la société civile n’ait eu que deux minutes pour s’exprimer.  Le Centre international du commerce a, lui, insisté sur le fait que la coopération multilatérale devrait être un élément pour encourager la productivité et la performance des entreprises. 

La session, cette année, se focalisait sur la construction de sociétés durables et résilientes partout dans le monde, en accordant la priorité aux plus défavorisés et en veillant à ne laisser personne de côté.

Une des pistes proposées par le Secrétaire général de l’ONU, pour relancer le Programme 2030, est de mobiliser le pouvoir de transformation de la jeunesse.  La représentante « jeunes » du Danemark a défendu à cet égard le droit de ceux-ci à participer à ce processus, qui reste jusqu’à présent au niveau du privilège.  En effet, s’est-elle impatientée, il y a eu seulement 10 délégations comptant des jeunes en leur sein lors du Forum politique, et seulement des pays européens. 

Mais il faut savoir que dès septembre, l’ONU lancera une stratégie pour soutenir et engager les jeunes.  C’est ce qu’a annoncé hier le Secrétaire général qui compte aussi convoquer une réunion de haut niveau sur le financement du Programme 2030 et, l’année prochaine, un sommet sur le climat « pour galvaniser une plus grande ambition climatique ».

Tout au long de la journée, les ministres et hauts responsables ont brandi leurs résultats sur le chemin du développement et leurs contributions en termes d’aide au développement.  Il n’en reste pas moins que « trois ans après l’adoption du Programme 2030, le rythme nécessaire à l’exécution de cet ambitieux programme n’a pas été atteint et que les progrès enregistrés sont inégaux d’un pays ou d’une région à l’autre », selon les termes de la Déclaration ministérielle.  Un même constat fait aujourd’hui, qui a valu plusieurs recommandations adressées à toutes les parties prenantes.

Nombreux sont ceux, comme les Maldives, qui ont appelé à renforcer la capacité des institutions nationales de rassembler, gérer et analyser les données, un élément crucial pour la mise en œuvre et le suivi des objectifs de développement durable.  Cela est particulièrement important pour les pays qui se soumettent à l’examen national volontaire, et ils sont déjà 104 à l’avoir fait depuis 2015, dont 46 à la présente session.

Le grand groupe des femmes a plaidé pour que les gouvernements financent des collectes de données tenant compte, au moins, des facteurs sexe et âge, pour « voir effectivement qui est laissé de côté ».

Du côté de l’ONU, il a été souligné que les agences onusiennes sont bien placées pour articuler des stratégies visant à rattraper les retards dans la réalisation de certains objectifs, notamment à travers des mécanismes comme ONU-Énergie ou ONU-Eau.

Au moment où il se réforme, ou se « repositionne », le système des Nations Unies pour le développement devrait se montrer plus proactif et fournir l’assistance nécessaire aux pays en développement, en tenant compte de leurs véritables besoins et priorités, a suggéré l’Indonésie.  Ce système, ont renchéri les États-Unis, doit servir véritablement les intérêts des personnes dans le besoin.  C’est pourquoi la délégation américaine a demandé à chaque agence de se concentrer sur son mandat et ses avantages comparatifs.

L’Union internationale des télécommunications a, quant à elle, salué l’initiative du Secrétaire général de mettre en place un Groupe de travail de haut niveau sur la coopération numérique.

Avant de mettre fin aux travaux, la Présidente de l’ECOSOC, Mme Marie Chatardová, a souligné que les discussions de ces deux dernières semaines ont permis de réitérer que « le Programme 2030 en appelle à de nouvelles manières de penser et de travailler de la part de tous ».  Elle a dit terminer sa présidence de l’ECOSOC sur « un sentiment d’accomplissement ».

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

Suite et fin du débat général

M. PEARNEL CHARLES Jr., Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque et du commerce extérieur, dont le pays a présenté son examen national volontaire cette semaine, a expliqué que, dès 2009, la Jamaïque avait élaboré sa stratégie nationale de développement qui se fonde sur une forte appropriation nationale et un engagement ferme en faveur des objectifs de développement durable.  Les synergies entre ces deux processus, national et mondial, ont débouché sur la mise en place d’un cadre intégré de suivi et d’application des politiques et programmes de développement.  Le pays est fier des acquis en termes de développement humain et de stabilité macroéconomique qui sont des facteurs favorables à la croissance économique et à la stabilité sociale.  Il suit un modèle de développement qui tient compte des changements climatiques et de la gestion durable des sols et de l’environnement marin.  Toutefois, le Ministre redoute les limites de son pays qui sont liées aux vulnérabilités de l’île, d’une part à cause des dérèglements climatiques et, d’autre part, à cause de son fort niveau d’endettement.  Même si le développement durable doit se faire au niveau national, il a plaidé pour des partenariats nationaux, régionaux et multilatéraux qui englobent les secteurs privés, publics et la société civile.  Enfin le Ministre a rappelé que la Jamaïque, en collaboration avec le Canada, avait été le fer de lance de la création du Groupe des amis du financement des objectifs de développement durable de l’ONU.

M. JOSÉ ISAÍS BARAHONA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Honduras, a déclaré que la ville de Tegucigalpa abritait 1,2 million de personnes, la plus grande concentration de pauvreté urbaine dans le pays, en partie due au manque de logements.  Le plan d’action pour le logement de Tegucigalpa vise à garantir l’accès de tous à des logements basiques, adéquats et abordables et à améliorer les conditions de vie dans les bidonvilles, conformément à l’objectif 11 de développement durable.  Il vise également à garantir la sécurité publique, à pallier la vulnérabilité aux catastrophes, et à mieux utiliser les sols et les transports.  Soulignant que le Honduras figure parmi les 44 pays en 2017 à présenter son examen national volontaire, le Vice-Ministre a poursuivi en soulignant que l’approvisionnement en eau et l’assainissement s’étaient améliorés, notamment grâce à une approche inclusive qui a alterné des ateliers interinstitutionnels et intersectoriels.  L’eau et l’assainissement figurent également parmi les 37 priorités stratégiques du pays jusqu’en 2022, a-t-il ajouté.

Mme RITA SCHWARZELÜEHR-SUTTER, Secrétaire d’État parlementaire du Ministère fédéral de l’environnement, de la conservation de la nature et de la sécurité nucléaire d’Allemagne, a plaidé en faveur du multilatéralisme pour parvenir aux objectifs de développement durable et « aider tous les êtres humains sur la terre ».  Il faut des économies plus vertes, a-t-elle dit en misant notamment sur les technologies vertes, véritable moteur et catalyseur pour la création d’emplois.  La stratégie de développement durable de l’Allemagne est en place, a-t-elle poursuivi en assurant qu’elle est exécutée en consultation avec les parties prenantes.  L’Allemagne s’engage à ne laisser personne à la traîne, a assuré la déléguée avant de mentionner l’importance du respect des droits de l’homme et du bien-être humain.  Elle a émis l’espoir que le sommet de 2019 du Forum politique de haut niveau ferait avancer les choses et a demandé à ce qu’il soit préparé dès aujourd’hui.

Mme NEZHA EL OUAFI, Secrétaire d’État chargé du développement durable du Maroc, a dit que son pays avait mis en place un mécanisme efficace permettant de concrétiser le développement durable, avec notamment une nouvelle Constitution en 2011 qui affirme que le développement durable doit inclure tout un chacun.  Elle a parlé d’une initiative qui permet de mettre en œuvre le développement et de s’assurer de la création d’une économie verte, pour lutter contre les changements climatiques, entre autres.  « Nous voulons accélérer la mise en œuvre de la stratégie 2017-2021 du Maroc », a poursuivi la Secrétaire d’État en présentant ce plan général de développement dont la mise en œuvre a été l’occasion de créer des commissions stratégiques.  Des plans régionaux ont aussi été développés pour lutter contre les effets délétères des changements climatiques.  En ce qui concerne l’examen national volontaire, elle dit qu’il avait été préparé en prenant soin de l’aligner sur le Programme 2030 et en gardant à l’esprit la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Le pays a aussi lancé un projet d’énergie renouvelable, « le plus grand projet d’énergie solaire jamais créé ».  « Nous essayons aussi d’impliquer tout le monde, les femmes et les jeunes en particulier », a-t-elle dit en soulignant en outre l’objectif de parité homme-femme dans tous les domaines. 

M. YAKOV HADAS, Envoyé spécial d’Israël pour la durabilité et les changements climatiques, a rappelé que son pays est connu pour son innovation dans tous les domaines, ayant des politiques efficaces dans la technologie et l’innovation, notamment pour la gestion des ressources hydriques.  L’utilisation de l’énergie renouvelable, même dans un pays baigné de soleil, n’est cependant pas facile, a-t-il observé avant de plaider pour une coopération internationale accrue.  « Nous sommes prêts à partager nos solutions avec la communauté internationale », a-t-il ainsi assuré.  Israël assure le recyclage de plus de 80% des eaux usées, une expérience qui pourrait être partagée, a-t-il ajouté.  L’Envoyé spécial a également indiqué que le Gouvernement appuie le secteur privé israélien pour qu’il soit plus impliqué dans ce partage d’expériences avec les partenaires, se disant honoré de pouvoir participer à cet effort mondial.

M. MAHAMANE A. MAIGA, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères du Mali, a déclaré que son pays faisait face à d’énormes défis pour la mise en œuvre effective des objectifs de développement durable compte tenu des contraintes financières et socioéconomiques qu’il rencontre.  Malgré cela, les autorités ont toujours œuvré à atténuer l’impact négatif de la crise sur les populations vulnérables, a ajouté M. Maiga.  Participe également de cette dynamique, la détermination du Gouvernement pour garantir la stabilité des régions en proie aux attaques des groupes terroristes afin d’offrir aux paisibles populations les dividendes d’une paix durable tant souhaitée.  Dans le même ordre d’idées, le pays s’attèle à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, y compris l’élection présidentielle dont le premier tour est prévu le 29 juillet 2018.  En outre, la dynamique engagée par le Gouvernement a contribué au raffermissement du tissu social.  Ces actions visent notamment à réduire les inégalités dans la fourniture des services sociaux de base, et à atténuer le risque d’insécurité alimentaire, autant d’exemples qui illustrent le souci du Mali de « ne laisser aucun citoyen de côté ».

Mme LARYSA BELSKAYA, Directrice générale de la diplomatie multilatérale du Ministère des affaires étrangères du Bélarus, a annoncé que son gouvernement avait déjà beaucoup fait pour la réalisation de nombreux objectifs de développement durable.  Une loi a même été votée à l’Assemblée nationale qui inscrit le principe de la durabilité dans le droit, et aussi le droit à l’accès à l’eau.  En juin 2018, le Parlement a examiné la mise en œuvre du Programme 2030 au cours d’une session extraordinaire.  Dans la foulée a été créée une plateforme de collecte de données qui aideront à aiguiser les décisions de mise en œuvre du programme national de développement.  Le Gouvernement sensibilise également la population aux objectifs de développement durable et a intégré les jeunes dans la mise en œuvre.  Il a mis en place des partenariats avec toutes les parties prenantes dans ce dessein.  Au plan international, avec l’ONU, un réseau de partenariat a été créé pour la réalisation des objectifs de développement durable par l’échange des meilleures expériences.  Dans son allocution, la responsable a aussi demandé à renforcer les partenariats internationaux avec les pays à revenu intermédiaire.

M. JUSTIN HUGH MBOMBO MUPANHANGA, Chef de Cabinet adjoint du Président du Zimbabwe, a dit que le Gouvernement s’est doté d’un nouveau programme de développement qui reprend le Programme 2030 et vise à faire du Zimbabwe un pays à revenu intermédiaire avant 2030.  Il compte sur le partenariat international pour y arriver.  Le programme vise aussi à créer la durabilité et notamment à redynamiser l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.  La mise en œuvre de l’objectif de développement durable sur l’accès à l’eau a amené le Gouvernement à établir un programme national de distribution d’eau dans les zones rurales et urbaines.  En ce qui concerne l’accès à l’énergie abordable, moderne et propre, un projet d’électrification des zones rurales est en œuvre.  La création d’une usine hydroélectrique a été lancée dans le sud avec une capacité de 300 mégawatts.  S’agissant de la mobilisation des ressources et pour attirer les investissements nationaux et étrangers, un centre d’investissement a vu le jour.  Des mesures pour rapatrier les ressources illégalement exportées ont été prises, a également noté le représentant.

M. SEBASTIEN DE VAUJANY, Ministère des affaires étrangères et de l’Europe de la France, a rappelé que la France avait été un des premiers pays à présenter un examen national volontaire, un engagement qu’ont pris également de nombreux pays: 104 au total auront présenté leurs actions en faveur du développement à la fin de cette session.  Citant les mesures et initiatives prises par son pays, il a parlé du Sommet « One Planet » organisé à Paris en décembre dernier, qui a constitué un tournant pour prendre de nouveaux engagements pour la planète.  Ce Sommet sera suivi d’un autre sur le même thème en septembre prochain à New York.  La France, a-t-il poursuivi, a mis en place des politiques structurantes, comme le plan biodiversité qui vise à faire de ce domaine une priorité nationale.  La France accueillera d’autres réunions, comme le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (IUCN).  En 2017 la France s’est dotée d’un plan climat et, plus récemment, d’une feuille de route sur l’économie circulaire.  Elle s’est aussi engagée à consacrer 0,55% de son revenu national brut à l’aide publique au développement (APD) en 2022.  Enfin, la France défend un projet de pacte mondial de l’environnement.

M. KEVIN MOLEY, Sous-Secrétaire d’État aux affaires des organisations internationales des États-Unis, a indiqué que « nous ne pouvons plus travailler de la même façon au vu des mutations du monde » et annoncé que « le système des Nations Unies doit également changer ».  Il a souligné que l’APD doit désormais être renforcée par les apports du secteur privé, du commerce et des investissements.  Les États-Unis recèlent de nombreux exemples qui permettent de voir à l’œuvre l’efficacité du secteur privé en matière, par exemple, de renforcement de la résilience des populations.  C’est fort de constat qu’il a plaidé pour des partenariats public-privé pour venir à bout de nombreux défis.  M. Moley a ensuite évoqué l’importance des technologies, soulignant que son pays a déployé des outils, dans des pays en développement notamment, qui permettent de prévoir des sécheresses et de renforcer ainsi la sécurité alimentaire.  Pour ce qui est du système des Nations Unies pour le développement, il doit aider à la mobilisation des investissements nationaux et internationaux en faveur du Programme 2030.  Le délégué a souhaité voir les agences du système se concentrer, chacune, sur son mandat et ses avantages comparatifs, plaidant enfin pour que la réforme engagée de ce système serve véritablement les intérêts des personnes dans le besoin.

M. FRANCESCO LA CAMERA, Directeur général du Ministère de l’environnement, de la terre et de la mer de l’Italie, a dit que le secteur financier sera un élément crucial du Programme 2030.  Comme l’effort international est nécessaire pour la réalisation des objectifs de développement durable, l’Italie a intégré le Programme 2030 dans sa coopération internationale.  Avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Italie a créé un centre africain pour le climat et le développement durable.  Le but est de faire coopérer les bailleurs de fonds et les pays d’Afrique sur ces questions.  L’Italie a également lancé des projets pour aider les pays du lac Tchad à relever les défis liés à l’assèchement du lac. 

M. RACHID BELADHANE, Président de l’organe interministériel de mise en œuvre des objectifs de développement durable au Ministère des affaires étrangères de l’Algérie, a salué le fait que l’extrême pauvreté affecte à peine 0,8% de sa population selon des chiffres de 2016.  Le pays entend se tourner résolument vers l’émergence en 2035.  Pour y parvenir, la gestion durable des ressources en eau est cruciale, a-t-il dit.  C’est pourquoi la Constitution du pays consacre le droit à l’eau comme un des droits humains fondamentaux pour les Algériens.  L’État a également investi pour l’électrification quasi totale du territoire national, notamment grâce à des investissements dans le solaire et d’autres ressources renouvelables, sans oublier le gaz naturel dont le pays est pourvu.  M. Beladhane a en outre plaidé pour que les efforts nationaux des pays en développement soient appuyés par l’assistance internationale, grâce à un partenariat revitalisé qui devrait intégrer la lutte contre les flux illicites de capitaux.  Il a également rappelé l’importance de l’APD pour l’éradication de la pauvreté.

Mme MILICA PEJANOVIĆ-DJURIŠIĆ (Monténégro) a indiqué qu’à l’issue d’un examen national volontaire mené en 2016, son pays avait entrepris, au travers d’une stratégie d’intégration, d’accélération et de soutien aux politiques (MAPS) entamée l’année suivante, en partenariat avec l’équipe de pays des Nations Unies, d’explorer les moyens de lier le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au processus d’accession à l’Union européenne.  Ce processus est « notre priorité numéro un en matière de politique étrangère », a-t-elle précisé.  Cette stratégie MAPS s’est concentrée sur l’accélération de la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-elle ajouté.  Elle a expliqué que, de l’expérience du Monténégro, était ressortie la certitude que la mise en œuvre de ce Programme et le processus d’intégration à l’UE se renforcent mutuellement. 

M. TEODORO LOCSIN Jr. (Philippines) a présenté certaines mesures prises par son gouvernement pour « ne laisser personne de côté », à commencer par le recensement des migrants pour qu’ils soient pris en compte.  Les Philippines appuient d’ailleurs le document final du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qui vise à protéger et promouvoir les droits et le bien-être des migrants indépendamment de leur statut.  « C’est un pacte de la décence », a-t-il estimé ajoutant que ceux qui ne traitent pas les migrants comme des êtres humains ne sont pas humains.  La résilience aux catastrophes naturelles est une autre priorité des Philippines qui intègrent cette question dans leurs programmes nationaux.  « C’est pourquoi nous saluons l’adoption, par l’ECOSOC, de la résolution sur l’utilisation des informations et services géospatiaux » qui permettent de minimiser l’impact et le coût social, économique et humain des catastrophes naturelles.  Le représentant a également souligné l’importance des données complètes, ventilées et disponibles en temps voulu pour pouvoir mieux comprendre la situation de chaque citoyen, en particulier celle des plus vulnérables, car « si l’on n’est pas compté, on ne compte pas ».

Mme SEVINJ HASANOVA, Vice-Ministre du développement économique de l’Azerbaïdjan, a observé que les objectifs de développement durable exigent la création d’une plateforme complexe et efficace de mise en œuvre.  Trois facteurs sont nécessaires à cet égard.  En premier lieu, un engagement au plus haut niveau, l’appropriation nationale et des arrangements institutionnels constituent des éléments clefs.  En deuxième lieu, l’engagement du Gouvernement est important et doit se traduire par un programme complet de mise en œuvre du Programme 2030.  Une large participation à la mise en œuvre est également un impératif.  Enfin, au niveau mondial, la représentante a plaidé pour un véritable partenariat et pour un partage d’expériences et d’informations, soulignant que ce sont d’importants accélérateurs de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le Forum politique de haut niveau est une plateforme excellente à cet effet, a conclu la déléguée.

M. ARIFIN RUDIYANTO, Vice-Ministre des ressources naturelles et des affaires maritimes de l’Indonésie, a indiqué que son pays a lancé l’année dernière son plan d’action national sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable, lequel restera en vigueur jusqu’en 2019.  Le plan sera assorti d’une feuille de route, qui guidera les efforts jusqu’en 2030, et de 34 plans d’action régionaux.  Tout ceci se fait avec les parties prenantes pertinentes dont plus de 230 organisations de la société civile, s’est enorgueilli le Vice-Ministre.  Le plan d’action, a-t-il précisé, est donc devenu un document intégré de planification qui incorpore les programmes du Gouvernement et ceux des ONG.  Son mécanisme de suivi et d’évaluation prendra la forme d’une collaboration dans le cadre de laquelle la société civile mènera une évaluation indépendante de ses propres programmes.  Le rapport national de mise en œuvre sera donc un document consolidé.  Pour le Vice-Ministre, l’examen national volontaire devrait viser à identifier les lacunes et les mesures de correction.  Avec son processus de repositionnement, le système des Nations Unies pour le développement devrait se montrer plus proactif, proposer des mesures orientées vers l’action et fournir l’assistance nécessaire aux pays en développement, en tenant compte de leurs véritables besoins et priorités. 

M. JOSÉ ANTONIO MARCONDES DE CARVALHO, Secrétaire général adjoint à l’environnement, à l’énergie, aux sciences et à la technologie au Ministère des affaires étrangères du Brésil, a rappelé que son pays avait fait une présentation devant le Forum politique de haut niveau l’an dernier.  Le Brésil a désormais établi trois groupes de travail gouvernementaux pour assurer le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le Brésil entend également rendre les cibles et indicateurs de ces objectifs compatibles avec les réalités nationales.  Un « prix Brésil objectifs de développement durable » a même été créé pour favoriser l’appropriation nationale et promouvoir les pratiques optimales.  Il a assuré que le succès des objectifs de développement durable passe par un environnement international favorable qui va au-delà du slogan « ne laisser personne de côté ».

M. SEYED ALI MOHAMMAD MOSAVI, Directeur général aux affaires internationales relatives à l’environnement et au développement durable de la République islamique d’Iran, a noté que 93% de la population de son pays a accès à de l’eau potable.  Quant aux politiques énergétiques actuelles, elles misent sur l’utilisation du gaz tout en y alliant des sources d’énergie renouvelables.  En matière de biodiversité, il a relevé que les tempêtes de sable et de poussière sont l’un des plus grands défis environnementaux du pays, notamment dans sa partie ouest.  Ces « vents noirs » paralysent les activités des populations, a-t-il expliqué, se plaignant qu’ils soient devenus plus fréquents au cours de ces dernières années.  Il a salué la réaction de la communauté internationale à ce phénomène, par le biais de résolutions de l’Assemblée générale.  M. Mosavi a ensuite rappelé l’importance de l’objectif 17 portant sur les partenariats.  Concernant les changements climatiques, il a regretté que l’Accord de Paris soit aujourd’hui mis à mal par certains États.  Les objectifs de développement durable sont le produit du multilatéralisme, a-t-il souligné, rejetant l’unilatéralisme mis en œuvre par certains États qui menace de détruire les efforts déjà consentis par la communauté internationale.

M. JULIUS MUIA, Secrétaire principal du Ministère du trésor national et du plan du Kenya, a énuméré les efforts de son gouvernement en matière d’énergie renouvelable en parlant, par exemple, du déploiement de deux millions d’ampoules économiques dans tout le pays.  Le Kenya mène aussi une politique qui incite à utiliser d’autres sources d’énergies renouvelables.  En ce qui concerne l’objectif 11 de développement durable, qui vise des établissements humains durables, le Gouvernement a lancé une politique de création de 400 000 logements sociaux, a-t-il ajouté.  En dépit de ces avancées, le Kenya a toujours besoin de la coopération nationale, a quand même précisé M. Muia. 

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a fait remarquer que la délégation palestinienne qui devait se rendre au Forum politique de haut niveau n’avait pas pu arriver à New York parce que les États-Unis ne leur ont pas octroyé le visa d’entrée.  L’État de Palestine, a-t-il poursuivi, se heurte à l’obstacle de l’occupation israélienne et aux abus des droits du peuple palestinien dans la réalisation de son développement.  À cela s’ajoute cette année la baisse sans précédent du budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), de même que la baisse des envois des fonds des Palestiniens vivant en dehors de la Palestine.  Le pays ne peut pas non plus exploiter les ressources naturelles du fait de la situation, a-t-il souligné tout en faisant observer que, malgré les obstacles, le Gouvernement palestinien dispose de son propre programme de développement.  « Le Programme 2030 reste notre objectif », a-t-il conclu. 

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a indiqué que son gouvernement avait lancé, l’année dernière, un document blanc de politique étrangère qui guidera l’engagement international du pays pendant la prochaine décennie et au-delà.  Le document place le Programme 2030 au centre des efforts de l’Australie pour promouvoir le développement durable.  Mon pays, a affirmé la représentante, a été heureux de se soumettre cette année à l’examen national volontaire et d’avoir pu expliquer les efforts collectifs du Gouvernement fédéral, des gouvernements locaux, du monde des affaires, de la société civile, des jeunes et autres acteurs dans la mise en œuvre du Programme 2030.  L’examen a mis en lumière les progrès en Australie mais aussi ce que fait le pays pour consolider la stabilité et la prospérité dans le monde et dans la région Indo-Pacifique.  L’examen a aussi montré la contribution des secteurs public et privé et la manière dont l’aide extérieure australienne permet de mobiliser de nouvelles ressources et de renforcer l’aide pour le commerce, au nom d’une croissance inclusive et de la réduction de la pauvreté.  L’Australie contribue également à réduire le coût des envois de fonds des migrants et appuie la mobilisation des ressources internes, grâce à son statut de membre de l’Initiative fiscale d’Addis-Abeba. 

M. CRAIG J. HAWKE (Nouvelle-Zélande) a déclaré que son pays est déterminé à assurer la mise en œuvre intégrale du Programme 2030, ce dont témoignent cinq initiatives de son gouvernement.  Tout d’abord, une législation a été votée pour créer un engagement durable en vue de réduire la pauvreté infantile de 14% à 5% en se basant sur l’indice de revenu de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Ensuite, le salaire minimum a été relevé, revalorisant les revenus des familles à revenus faibles ou intermédiaires.  Par ailleurs, des consultations nationales ont été lancées par Wellington, qui a l’intention de s’engager en faveur de la suppression totale des émissions de carbone d’ici à 2050.  Une autre série de consultations est en cours, à propos de l’agenda Commerce pour tous (Trade for all), en vue de garantir que la politique commerciale pratiquée profite à tous les Néo-Zélandais et contribue aussi à relever les défis qui se posent aux niveaux mondial et régional.  Enfin, a ajouté M. Hawke, nous venons de revoir complètement la nature de notre soutien aux priorités de développement durable des pays de la région du Pacifique, y compris en ce qui concerne le montant de l’aide consentie.

M. KHIANE PHANSOURIVONG, Représentant permanent de la République démocratique populaire lao, a estimé que l’objectif 17 de développement durable (Partenariats pour la réalisation des objectifs) est le plus important car la mobilisation des ressources est cruciale pour la réalisation du Programme 2030.  Il a plaidé pour le renforcement des partenariats entre toutes les parties prenantes.  Il a ensuite fait part de sa préoccupation face au déclin de l’APD et invité les partenaires au développement à fournir les ressources nécessaires pour financer de manière adéquate le système des Nations Unies pour le développement.

M. MILENKO SKOKNIC (Chili) a souhaité que le Programme 2030 soit une priorité pour les nations, au-delà des clivages politiques propres à chaque pays.  Pour le Chili, la question de la désertification est centrale, ainsi que celle de la pollution.  Le pays a donc adopté une loi jugée « historique » qui interdit l’utilisation des sacs plastiques dans les commerces du pays.  Pour le Chili, la réalisation des objectifs de développement durable passe également par l’égalité entre les sexes.  De plus, a recommandé le représentant, « nous devons considérer nos différences comme des complémentarités ».

Depuis son examen national volontaire en 2017, Chypre a poursuivi sur sa lancée dans la réalisation des objectifs de développement durable, a expliqué M. KORNELIOS KORNELIOU (Chypre).  La coordination de ces efforts a été confiée à la Direction générale des programmes européens, de la coordination et du développement, a-t-il précisé en ajoutant que cet organe est également chargé de l’application du programme de réformes ambitieux qui s’inscrit dans la Stratégie 2020 de l’Union européenne pour une croissance intelligente, inclusive et durable.  S’agissant de l’objectif 6 sur la gestion durable des ressources en eau, Chypre a misé sur la désalinisation et la réutilisation des eaux usées d’ici à 2027.  Au niveau régional, une collaboration a été mise en place dans ce domaine avec la Grèce et Israël.  Sur le plan énergétique, Chypre ambitionne de couvrir 13% de ses besoins énergétiques par des sources renouvelables et de passer de l’utilisation du pétrole vers le gaz dans ses centrales électriques.  Le Gouvernement poursuit en outre la mise en œuvre de son plan d’action pour une économie verte, notamment dans le domaine du tourisme.  Parallèlement, un nouveau système public d’assurance maladie devrait permettre la couverture universelle de la population grâce à l’adoption d’une nouvelle législation.

M. MAX H. RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a dit que l’accès à l’eau est un énorme défi pour son pays puisqu’une grande partie de la population vit en milieu rural.  Pour la mise en œuvre des autres objectifs de développement durable à l’examen cette année, le représentant a insisté sur l’importance du renforcement des capacités humaines et institutionnelles.  La Papouasie-Nouvelle-Guinée a besoin de mobilisation de ressources, de renforcement de capacités et de bonne gouvernance, a précisé M. Rai.

Mme VERONICA GARCIA (Costa Rica) a dit que le Programme 2030 exigeait des gouvernements qu’ils innovent en matière de gestion économique et de gouvernance politique.  La mise en œuvre des objectifs de développement durable requiert aussi un consensus entre toutes les parties prenantes.  Au plan national et concernant l’accès à l’énergie propre et moderne, le Costa Rica a pour objectif d’éliminer l’utilisation d’énergie fossile même si c’est difficile et l’affaire de plusieurs générations.  La représentante a ajouté que l’eau est un facteur vital du développement humain.  Le Costa Rica est vulnérable, a admis Mme Garcia, et il est obligé de lutter contre la sècheresse dans tous les coins du pays.  S’agissant des modes de consommation et de production, elle a rappelé l’importance de respecter les normes et pratiques durables en la matière.  Avant de terminer, elle a proposé de faire du 7 juin la Journée internationale de la sécurité alimentaire.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a expliqué que son pays progresse dans l’intégration du Programme 2030 dans ses programmes et stratégies nationales, à la fois pour le Gouvernement d’union et pour Zanzibar.  À ce titre, il a cité les efforts consacrés à la mobilisation de ressources domestiques et de budgétisation du financement du développement, ainsi que la sensibilisation aux objectifs de développement durable des secrétariats régionaux, des autorités gouvernementales locales et des parlementaires.  La Tanzanie investit également dans l’industrialisation et dans des infrastructures essentielles.  Parallèlement, elle a mis en place un plan de suivi et d’évaluation de la pauvreté.  Le pays se heurte néanmoins aux difficultés d’accès aux technologies, à la collecte de données, au financement du développement et en termes de résilience aux changements climatiques.  La Tanzanie a pris des mesures pour favoriser une meilleure gouvernance et améliorer sa résilience économique ou encore sa gestion des risques liés au dérèglements climatiques, mais « cela ne peut se faire seul et les partenariats sont une nécessité ».   Le représentant a donc invité l’ONU à assumer un rôle de chef de file pour renforcer la coopération dans les domaines de la science, la technologie et l’innovation pour permettre aux pays en développement d’en bénéficier et, partant, de faciliter leur réalisation des objectifs de développement durable.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a plaidé pour la mobilisation de toutes les sources de financement possibles pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a souligné que l’APD reste importante à cette fin, c’est pourquoi le Portugal entend augmenter, cette année, sa contribution en ce sens, et ce, malgré une période économique difficile pour le pays.  En plus de l’APD, il a demandé d’aller au-delà des sources traditionnelles de financement et d’explorer toutes les pistes possibles.

Mme KRASSIMIRA BESHKOVA (Bulgarie) a dit que ce sont des données ventilées qui peuvent véritablement permettre de mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Pour sa part, la Bulgarie investit d’énormes ressources financières pour l’autonomisation des enfants, des jeunes et des femmes.  Un projet gouvernemental permet également d’offrir des logements sociaux aux plus démunis en priorité.  Elle a parlé d’un autre projet qui vise à améliorer la qualité de l’air et à lutter contre la pollution.  Dans ce cadre, un fonds d’affectation spéciale garantit un soutien financier aux Bulgares qui achètent des voitures écologiques.  

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a constaté les progrès dans la mise en œuvre du Programme 2030 comme en témoignent les 46 examens nationaux volontaires de cette session 2018.  « Nous avons vu nos discours transformés en actions concrètes dans de nombreux objectifs de développement durable. »  En Inde, a ajouté le représentant, s’agissant de l’objectif relatif à l’assainissement, le Gouvernement a lancé le programme d’assainissement le plus audacieux au monde pour mettre fin à la défécation dans la nature.  Plus de 550 millions d’Indiens bénéficient de cet effort.  Concernant l’accès à l’énergie propre et moderne, l’Inde prévoit, d’ici à 2022, la production supplémentaire de 155 mégawatts d’énergie renouvelable.  Avec la France, l’Inde a lancé la coalition mondiale de l’énergie renouvelable.

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a souligné que le défi reste la mise en œuvre effective du Programme 2030.  La représentante a demandé aux pays donateurs de respecter les engagements dans le cadre de l’APD à cet égard.  L’élimination de la pauvreté demeure le plus grand défi, a-t-elle poursuivi en constatant l’absence de progrès pour les groupes les plus défavorisés.  Tant que la richesse est concentrée entre quelques mains, les inégalités ne seront jamais réduites, a dénoncé la représentante.  Elle a terminé en notant les efforts de son gouvernement qui a réduit le taux de pauvreté extrême à 7% et qui a augmenté l’accès à l’eau à 91%, avec un objectif de 96% en 2020.  Elle a aussi parlé des progrès dans la fourniture d’énergie propre et moderne dans son pays.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a rappelé que le temps presse et qu’il faut donc travailler dans l’urgence pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Il a regretté le fait que la déclaration ministérielle du Forum politique n’ait pas été adoptée par consensus.  En Éthiopie, le Gouvernement a intégré les objectifs de développement durable dans son plan de développement quinquennal.  Le pays entend atteindre 100% d’accès à l’eau potable d’ici à 2025 et il investit en faveur des énergies renouvelables.  Dans le cadre de sa lutte contre les changements climatiques, l’Éthiopie espère parvenir à une économie neutre en carbone d’ici à 2025.  Il a terminé en invitant la communauté internationale à renforcer son engagement en faveur des objectifs de développement durable.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a rappelé que l’une des urgences aujourd’hui est de trouver les fonds nécessaires pour financer le Programme 2030.  Il a avoué que même pour les pays à revenu intermédiaire comme le sien, mobiliser des fonds n’est pas aisé.  C’est pourquoi les pays d’Amérique latine entendent bénéficier du soutien de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Il a ensuite souhaité que le système onusien s’implique davantage sur les questions de réduction des risques de catastrophe.  Il a rappelé qu’El Salvador a été particulièrement affecté par El Niño, ainsi que par des inondations et des phases de sécheresse.  Il a regretté que la Déclaration ministérielle adoptée hier l’ait été sans consensus, se désolant de voir que le consensus qui avait prévalu au moment d’adopter Programme 2030 soit désormais rompu.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a annoncé que le Comité exécutif sur les objectifs de développement durable, créé l’année dernière, a offert une plateforme efficace de coordination au plus haut niveau pour une collaboration directe et soutenue entre le Gouvernement, le secteur privé, le milieu universitaire, la société civile et les partenaires au développement.  Le Comité sert aussi de plateforme pour la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul sur les PMA.  La Commission tient des réunions régulières avec le Président Abdullah Abdullah.  La coordination entre les parties prenantes s’est véritablement renforcée depuis l’année dernière et les objectifs de développement durable deviennent une partie intégrante du discours officiel sur le développement.  Mais l’Afghanistan est aujourd’hui confronté à une situation où 45% de sa population souffrent d’une insécurité alimentaire aggravée par la dernière sécheresse.  Le Gouvernement a donc lancé, en octobre dernier, l’Agence nationale de la sécurité alimentaire et de la nutrition.  Il a adhéré au Mouvement SUN et commencé à collaborer avec l’Initiative de l’Asie du Sud sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle.  Malgré tous les efforts, les améliorations dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’égalité des sexes se heurtent aux obstacles de la situation sécuritaire.  L’Afghanistan reste déterminé à combattre le terrorisme et l’extrémisme violent, tout en gardant ouvertes les portes du dialogue et d’une paix durable.  Il est clair que le rôle des partenaires au développement restera essentiel pour l’Afghanistan, a conclu le représentant.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a fait remarquer que les difficultés de mise en œuvre du Programme 2030 ne datent pas d’aujourd’hui comme les conflits et les changements climatiques.  Elles exigent donc une bonne coopération internationale.  Pour sa part, le Koweït a décidé d’accentuer son aide aux pays connaissant des situations spécifiques.  Le représentant a appelé la communauté internationale à redoubler ses efforts d’aide au développement.  En guise de partage d’expérience, M. Alotaibi a témoigné de l’utilité de la gestion efficace des ressources naturelles, comme c’est le cas au Koweït, et ce, avant même la découverte du pétrole. 

M. BAKHTIOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a dit que le Gouvernement a mis l’accent sur cinq domaines prioritaires pour la période 2015-2020.  Il mise sur une forte croissance économique.  Pour y arriver, il a créé des zones franches et installé 160 unités industrielles dans le pays.  Des milliers d’emplois ont été créés grâce au dynamisme des petites et moyennes entreprises.  Le Gouvernement a pour sa part mis en place un système de prêt hypothécaire pour soutenir l’activité économique.  En outre, il a lancé la création d’espaces verts pour protéger l’environnement et un système d’aide aux entreprises pour qu’elles intègrent les technologies de pointe.

M. SOVANN KE (Cambodge) a déclaré que son gouvernement avait veillé à aligner l’adoption des objectifs de développement durable avec le cycle à venir du plan national de développement stratégique (2018-2023), dont le suivi est assuré par un mécanisme unique.  Cela rend difficile de faire rapport directement sur les six objectifs à l’examen par le Forum politique de haut niveau.  Il a toutefois mentionné que des progrès avaient été accomplis, notamment s’agissant de l’objectif 6, relatif à la disponibilité et à la gestion durable de l’eau et de l’assainissement, et de l’objectif 7, relatif à la fourniture d’une énergie durable pour tous.  Le Cambodge peut s’enorgueillir d’une distribution d’eau assez étendue, mais fait face à des défis majeurs en ce qui concerne la diversification de son bouquet énergétique et l’exploitation d’énergies propres.  Après avoir passé en revue l’état de mise en œuvre des autres objectifs, le représentant a rappelé que, depuis plus de 20 ans, une économie forte avait fait du Cambodge un leader mondial dans la réduction de la pauvreté, dont le taux est passé de 53,2% en 2004 à 13,5% en 2014.  Son pays, a-t-il également souligné, a reçu un prix des Nations Unies pour avoir réduit de moitié la faim avant la date butoir des objectifs du Millénaire pour le développement.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a annoncé que son pays avait finalisé, avec succès, un document officiel pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable au Bangladesh, assorti d’un plan d’action national pour la mise en œuvre de ces objectifs.  En outre, un mécanisme de suivi a été mis au point, assorti d’une base de données, a précisé le représentant, qui a affirmé que son gouvernement avait pour intention de transformer la société en s’appuyant sur les technologies de l’information et des communications (TIC) pour faire advenir un « Bangladesh numérique ».  Il n’en reste pas moins que son pays fait face à d’énormes défis, notamment pour mobiliser des ressources financières suffisantes, alors que le coût annuel moyen de la mise en œuvre du Programme 2030 y est évalué à 66,32 milliards de dollars.

Mme MAKBULE BAŞAK YALÇIN (Turquie) a indiqué que le plan de développement 2019-2023 de la Turquie est calqué sur le Programme 2030.  Elle s’est félicitée du fait que presque 100% de sa population ait accès à l’électricité.  Le Gouvernement a également amélioré la fourniture de logements sociaux, notamment en facilitant l’accès aux crédits bancaires.  Mme Yalcin s’est par ailleurs réjouie du fait de l’engagement de la Turquie en faveur du développement international, le pays consacrant en effet 0,9% de son revenu national brut à l’APD, selon des données de 2016.  « Renforçons les partenariats internationaux », a lancé la représentante d’un pays qui se targue d’être le premier pourvoyeur de l’assistance humanitaire.  La déléguée a aussi rappelé que la nouvelle Banque de technologies pour les pays les moins avancés a son siège en Turquie.

M. MA ZHAOXU (Chine) a appelé à une meilleure gouvernance économique mondiale, notamment en offrant plus de possibilités aux pays en développement de faire entendre leur voix.  Il a invité les pays du monde à créer des économies ouvertes et à faire preuve d’innovation pour créer des emplois.  Il a noté que l’unilatéralisme récemment manifesté par certains pays est en train de saper la croissance mondiale, disant que la Chine s’oppose à cet unilatéralisme et au protectionnisme commercial et rappelant que son pays est disposé à œuvrer pour le triomphe du multilatéralisme.  Cette année marque le quarantième anniversaire de l’ouverture de la Chine.  Cela fait donc 40 ans que le pays contribue largement à la croissance de l’économie mondiale, s’est-il enorgueilli avant de saluer les bénéfices du projet infrastructurel « la Ceinture, la Route » que son pays met en œuvre dans plusieurs régions du monde.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a souligné l’importance pour les États d’avoir des données de qualité, actualisées et ventilées pour mieux comprendre non seulement les progrès qui ont été faits mais aussi les défis qu’il faut relever dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il faut donc renforcer la capacité des institutions nationales de rassembler, gérer et analyser les données et cela est particulièrement important pour les pays qui se soumettent à l’examen volontaire national.  Le représentant a estimé que le thème de cette année est on ne peut plus essentiel pour les petits États insulaires comme les Maldives, intrinsèquement vulnérables à l’impact des changements climatiques, aux catastrophes naturelles et aux chocs économiques externes.  Reconnaissant la nécessité de transformer la vulnérabilité en résilience et de renforcer les capacités pour pouvoir récolter les fruits du développement durable, les Maldives ont lancé plusieurs projets à large portée.  Le représentant a en effet insisté sur le caractère édifiant de l’examen national volontaire auquel son pays s’est soumis l’année dernière et qui a permis de se rendre compte que les objectifs de développement durable ne pourront être réalisés qu’à travers une forte collaboration entre le Gouvernement, les institutions publiques, le secteur privé, la société civile et le citoyen ordinaire.  Le représentant a conclu en rappelant l’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa prévu l’année prochaine et en mettant l’accent sur l’importance des partenariats pour surmonter les obstacles à la réalisation du développement durable.

Mme SALLY DAVIES (Royaume-Uni) a dit que son gouvernement continuera à apporter son aide pour le développement international.  La réunion prévue la semaine prochaine à Londres sur les personnes handicapées sera une occasion de les inclure dans le Programme 2030, a-t-elle assuré.  Mme Davies a ensuite souligné l’importance de la collecte de données qui sera aussi une priorité du Royaume-Uni.  En outre, le Gouvernement poursuivra son appui à l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il donne aussi 61 millions de livres sterling pour gérer le problème des déchets plastiques dans les océans, a-t-elle dit en signalant aussi l’adoption de la charte bleue de protection des océans.  Par ailleurs, le Gouvernement organisera en octobre prochain la conférence internationale sur le commerce illégal d’espèces sauvages.  Mme Davies a réitéré l’importance de l’égalité des sexes qui est une grande priorité du Royaume-Uni.  Elle a indiqué qu’il faudrait agir ensemble contre la résistance aux antibiotiques qui est une menace directe à tous les objectifs de développement durable.

M. YASSI MAXIMIN BROU (Côte d’Ivoire) a dit que son pays avait mis en place un cadre de concertation nationale multipartite pour s’approprier les objectifs de développement durable, vantant aussi la prise en compte de ces objectifs dans le plan national de développement (PND) 2016‐2020.  « L’ambition du Gouvernement est de faire de la Côte d’Ivoire un pays à revenu intermédiaire avant 2020. »  Ce qui l’a amené à énumérer les projets qui conduiront à la réalisation de cet objectif, notamment le projet d’alimentation en eau d’Abidjan et l’adoption d’une loi sur l’énergie renouvelable.  D’autres mesures ont été prises pour la protection de l’environnement et de la biodiversité.  La Côté d’Ivoire se soumettra à l’examen national volontaire en 2019, a annoncé M. Brou. 

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a souligné que son pays est bien parti pour réaliser tous les objectifs de développement durable.  Les plans nationaux de développement sont calqués sur ces objectifs internationaux, et le pays a ainsi mis en place un conseil national sur les objectifs de développement durable, établissant aussi une structure qui assure le suivi de la mise en œuvre des objectifs.  Le pays se tient prêt à partager son expérience et est ouvert à toute collaboration pour une meilleure mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

M. MOHAMMED HUSSAIN KATHOM ALESSAWI (Iraq) a indiqué que son gouvernement est engagé en faveur des objectifs de développement durable, malgré l’occupation de certaines régions du pays par Daech qui a détruit les infrastructures.  Cette occupation a eu des impacts négatifs sur la réalisation des objectifs de développement durable, notamment dans les zones qui étaient sous occupation.  Un plan de reconstruction des zones libérées a été élaboré, a-t-il indiqué.  Si le calme est revenu, l’insécurité actuelle dans le pays est surtout économique, a-t-il précisé.  Il a donc appelé la communauté internationale à appuyer le pays sur la voie de sa reconstruction. 

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a dénoncé les attaques contre les principes de la Charte des Nations Unies comme la souveraineté et l’intégrité territoriale.  Le représentant a pointé du doigt les mesures prises par certains pays contre le Venezuela, y compris les mesures visant à contrôler ses richesses naturelles.  Le Programme 2030 exige l’effort de tous, a-t-il rappelé en assurant que le Venezuela est disposé à travailler dans ce sens.  « Il faut rétablir l’esprit de solidarité », a prié le représentant. 

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a dit que son modèle de développement repose sur la sagesse des peuples autochtones.  « Le résultat est aujourd’hui palpable. »  La croissance économique est de 4% par an, tandis que les inégalités se sont réduites.  L’accès à l’eau est devenu un droit fondamental inscrit dans la Constitution.  Plus de 85% des Boliviens ont accès aujourd’hui à l’eau potable.  La mortalité maternelle et infantile a été réduite de 52% en 10 ans.  Ces mesures ont été possibles parce que le Gouvernement a rendu les ressources naturelles aux peuples, a expliqué la représentante.  Vantant les progrès décisifs réalisés par son pays, elle a dit que la seule manière d’atteindre le développement durable est de promouvoir un style de vie en harmonie avec la nature, de changer le modèle capitaliste, et d’éviter la consommation excessive.

Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a indiqué que son pays avait mis en place un système de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le Gouvernement entend garantir à tous les citoyens qu’ils bénéficient des retombées de la croissance, dans le respect du principe de « ne laisser personne sur la touche ».  En outre, des efforts sont faits pour assurer un accès universel aux ressources en eau, le pays accordant du prix à une bonne gestion des ressources hydriques.  L’amélioration de la qualité de l’air est également une priorité en Géorgie, ainsi qu’une bonne gestion des déchets et des mesures pour favoriser les transports durables.  Pour parvenir à des résultats probants, le Gouvernement géorgien entend renforcer ses capacités statistiques, a ajouté la représentante.

Il est bien connu, a déclaré M. OLEKSIY ILNYTSKYI (Ukraine), que mon pays lutte pour assurer la stabilité et la sécurité à cause de l’agression étrangère en cours et de l’occupation provisoire de plusieurs parties du territoire.  Malgré tout, a assuré le représentant, l’Ukraine s’est embarquée dans la nationalisation du Programme 2030 et l’a incorporé dans le contexte national.  En partenariat avec le Bureau des Nations Unies en Ukraine, 17 sous-groupes d’experts se sont efforcés d’adapter les indicateurs mondiaux au contexte national.  Les consultations nationales ont réuni près de 500 participants des institutions gouvernementales, des agences de l’ONU, du monde universitaire et de la société civile.  Le fruit de ces travaux est le rapport national intitulé « Objectifs de développement durable: Ukraine » qui sera présenté en septembre prochain.  Le document contient 86 cibles nationales et 172 indicateurs de mise en œuvre. 

Plus que nulle autre au monde, a souligné le représentant, l’Ukraine connaît le prix de la faim.  Elle marquera d’ailleurs, en novembre prochain, la Journée des victimes d’Holodomor, cet affamement artificiel organisé par le régime communiste qui a ôté la vie à des millions d’Ukrainiens.  L’Ukraine ne peut donc fermer les yeux devant les plus de 850 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde et est prête à offrir son aide sur les questions de sécurité alimentaire.  Il y a deux ans, a encore indiqué le représentant, l’Ukraine a franchi une étape importante avec le Plan d’action des Nations Unies sur Tchernobyl à l’horizon 2016 et la Décennie de la reconstruction et du développement durable des régions affectées.  Mais il est clair qu’il faut un effort continu pour maintenir la question en tête des agendas des agences de l’ONU et de la communauté internationale.  L’Ukraine sait combien le développement durable dépend de la paix et de la sécurité et milite pour que tous les objectifs soient accolés à ceux du règlement pacifique des conflits.

M. JAN KICKERT (Autriche) s’est dit fier de voir son pays parmi les 10 premiers de l’Index des objectifs de développement durable.  Nous sommes néanmoins conscients qu’il faut faire plus pour les réaliser tous d’ici à 2030, a reconnu le représentant.  Il a dit revenir de la Conférence de haut niveau sur l’eau qui vient de se tenir à Douchanbe où il a réitéré la disposition de son pays à partager sa longue tradition de gestion de l’eau.  L’eau n’est pas seulement une question de vie ou de mort mais aussi une question de dignité et de droit de l’homme, a estimé le représentant.  La semaine dernière, a-t-il ajouté, l’Autrice a organisé une manifestation parallèle sur le nexus eau-forêts.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur « l’excellent » partenariat entre son pays, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et l’initiative Énergie durable pour tous qui a conduit à la création d’un réseau des centres régionaux d’énergie durable.  Le réseau aide les pays et les organisations régionales à surmonter les obstacles à l’ouverture des marchés de l’énergie durable.  Le représentant a aussi annoncé la tenue, en septembre prochain, du symposium « L’espace pour les objectifs de développement durable » coorganisé avec le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies.  Il s’agira de discuter de la contribution des activités spatiales au développement durable, a-t-il indiqué, avant d’insister sur le lien indiscutable entre le Programme 2030 et la protection et la promotion des droits de l’homme.

M. SYLVAIN KALSAKAU (Vanuatu) a souligné que les changements climatiques constituent toujours la plus grande menace à la réalisation des objectifs de développement durable dans son pays.  Le cyclone Pam qui s’est abattu sur l’île en mars 2015 est toujours un rappel cinglant des conséquences dévastatrices que des changements climatiques non combattus peuvent avoir sur les acquis du développement: faire reculer les pays, détruire la qualité de vie, interrompre les efforts de lutte contre la pauvreté et compromettre gravement la croissance économique.  Une action engagée pour combattre ce phénomène et son impact dévastateur est incontournable pour créer la résilience des petits États insulaires en développement et des pays les moins avancés (PMA).  Vanuatu devrait d’ailleurs sortir de la catégorie des PMA en décembre 2020.  Il compte donc sur des mesures renforcées d’aide internationale au moment de sa transition vers la catégorie des pays à revenu intermédiaire.  Vanuatu attend aussi avec intérêt l’examen à mi-parcours, en 2019, des Orientations de Samoa, a affirmé le représentant.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a estimé que des progrès avaient été accomplis dans la mise en œuvre du Programme 2030, mais que des défis demeurent.  Les autorités belges, fédérales, locales et régionales, continuent, sous l’impulsion de l’examen national volontaire mené l’an dernier, de prendre des mesures pour parvenir à une transformation durable de la société.  Les TIC, la connectivité et l’innovation technologique sont les catalyseurs d’un changement durable, a-t-il affirmé, avant de souligner l’importance de reconnaître l’interdépendance en paix, sécurité et développement. Pour le représentant, le défi est à la fois individuel et collectif, et il a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à réaliser les objectifs de développement durable. 

Mme BECK (Danemark) a affirmé la priorité du Programme 2030 dans son pays.  Elle a insisté sur le fait que les villes de l’avenir passent par de nouvelles solutions: elles nécessitent des plans à long terme qui tiennent compte des problèmes de mobilité.  « Toute transition durable concerne tout le monde et passe par des modes de consommation et de production durables », a-t-elle constaté avant de vanter les mérites des économies circulaires.  La représentante a également plaidé en faveur de partenariats intergénérationnels entre les 193 États Membres.  Elle a regretté qu’il n’y ait pas plus de délégués jeunes au sein des délégations représentées à cette session, en dénombrant seulement 10 délégations qui en ont et en soulignant qu’il ne s’agit que de pays européens.  « Les jeunes demandent à être impliqués comme partenaires et comme commanditaires de la réalisation des objectifs de développement durable; ils ne veulent plus être confinés uniquement à un statut de bénéficiaires du Programme 2030. »   Elle a regretté qu’aujourd’hui cette participation des jeunes reste un privilège et qu’elle ne soit pas un droit.

Mme MAHLEEHA LHODI (Pakistan) a dit que nous sommes dans une course contre la montre pour mener à bien le développement durable.  Tous les objectifs et les cibles ne reçoivent pourtant pas tous l’attention voulue.  La région Asie-Pacifique est en voie de rater le rendez-vous de 2030, notamment en ce qui concerne les objectifs sur la réduction des inégalités, la vie terrestre et les institutions efficaces.  L’objectif le plus important, celui de l’élimination de la pauvreté, est le plus à la traîne.  Il faut améliorer la réponse et prendre des engagements ciblés, a suggéré la représentante.  Elle a rappelé que les États sont les premiers responsables de la mise en œuvre du Programme 2030.  La Vision 2025 du Pakistan inclut tous les objectifs de développement durable. 

Mme MARIA HELENA LOPES DE JESUS PIRES (Timor-Leste) a dit attendre avec impatience l’examen national volontaire auquel son pays a promis de se soumettre l’année prochaine.  L’amélioration des institutions démocratiques et la bonne gouvernance étant « impératives » pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, la représentante s’est dite heureuse d’annoncer que son pays vient de tenir ses toutes premières élections présidentielle et législatives, sans aide extérieure.  Notre huitième gouvernement constitutionnel vient de s’installer, s’est réjouie la représentante, avant de s’attarder sur les progrès remarquables que son pays a enregistrés, s’agissant de l’accès à l’eau potable, à l’assainissement, à l’électricité et au logement.  Des investissements durables, a-t-elle ajouté, ont été faits dans le secteur de l’agriculture alors que la gestion durable des forêts et la préservation de la biodiversité représentent un objectif central du développement du pays.  Le Timor-Leste a d’ailleurs adopté sa stratégie et son plan d’action sur la biodiversité 2011-2020.  Au niveau sous-régional, il est membre fondateur de l’Organisation asiatique pour la coopération sur les forêts (AFOCO) qui attend d’autres ratifications pour entrer en vigueur.  Classé parmi les pays les moins avancés (PMA), le Timor-Leste se félicite de la création de la Banque des technologies.  Nous sommes fiers, a conclu la représentante, qu’un ambassadeur des jeunes timorais ait pu embarquer sur le « bateau de la paix » et participer aux discussions sur les partenariats stratégiques sur les océans et les changements climatiques avec d’autres ambassadeurs des jeunes.

M. HAU DO SUAN (Myanmar) a dit que son gouvernement déploie des efforts importants pour échapper au piège de la pauvreté.  « En dépit des défis persistants, nous mettons en œuvre le Programme 2030 qui a été repris dans le programme national de développement.  Nous sommes en train de rédiger le plan de développement durable qui couvre tous les domaines socioéconomiques. »  Le Gouvernement s’est en outre doté d’une politique de gestion des ressources hydriques qui ont des liens directs avec l’alimentation.  Des efforts sont entrepris pour l’accès à l’électricité, aux logements durables et en faveur de la protection de l’environnement.  Le monde ne va pas atteindre les objectifs de développement durable faute de financement et à cause des changements climatiques, a prédit le représentant qui a indiqué qu’il n’y a plus de temps à perdre. 

M. FRANCOIS MARTEL, Secrétaire général du Forum pour le développement des îles du Pacifique (FDIP), a souligné que les petits États insulaires du Pacifique sont confrontés à des défis comme les changements climatiques et la déperdition des ressources, la croissance urbaine et les menaces posées à la santé et à la sécurité alimentaire.  Pour ces pays, la résilience a été rendue obligatoire par les changements climatiques.  Ces pays demandent donc une action urgente et de l’ambition pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, menacés qu’ils sont dans leur survie et leur existence même.  Pour ces pays, il n’y aura pas de développement durable sans résilience et intelligence face au climat.  En 2015, les leaders du Pacifique ont adopté une charte et lancé un forum multipartite Sud-Sud qui devraient assurer une large participation du public dans le processus régional de prise de décisions sur le Programme 2030 et « La Voie à suivre de Samoa ».

Avec ses 14 membres, le FDIP se concentre sur un modèle unique de « croissance verte dans des économies bleues », conformément aux principes du développement durable.  Au début de cette année, le FDIP et ses partenaires ont piloté l’Initiative de résilience aux Palaos, aux Fidji et dans les Îles Marshall, avec l’appui du programme de dons du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Il s’agit maintenant d’exploiter les résultats de ces projets pilotes et de les étendre à d’autres États insulaires du Pacifique mais aussi des Caraïbes.  Le FDIP a aussi créé un centre vert des affaires pour le Pacifique qui est une plateforme numérique pour diriger les investissements privés et publics vers des projets de la société civile et des gouvernements. 

M. OSCAR R. DE ROJAS, Observateur permanent de l’Ordre souverain de Malte, a rappelé son engagement auprès des pauvres depuis plus de 900 ans et actuellement dans le cadre de 2 000 projets déployés dans plus de 120 pays.  Il a détaillé l’assistance offerte aux réfugiés, migrants et déplacés, en particulier en Afrique et au Moyen Orient.  En Syrie, les réfugiés sont traités dans un hôpital de campagne à la frontière avec la Turquie.  « Nos équipes de sauvetage en Méditerranée sont en outre souvent les premières à porter secours aux réfugiés et migrants embarqués sur des bateaux », a-t-il ajouté avant de donner aussi des exemples de ce que fait l’Ordre souverain de Malte au Soudan du Sud, en Bolivie, en République centrafricaine, en RDC, au Kenya, en Ouganda et au Mali.  L’Observateur permanent a conclu en exprimant ses inquiétudes quant à l’augmentation de la traite des personnes en lien avec les flux migratoires, une cause que l’Ordre défend par le biais de deux ambassadeurs basés à Genève et à Nairobi.

M. MENANN-KOUAME, Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), a estimé que la révolution numérique est une opportunité dont devrait se saisir l’ensemble des populations du monde pour faire « ce bond qualitatif » vers un mieux-être et un mieux-vivre.  Cette révolution, s’est-il expliqué, a permis de faciliter l’accès à l’éducation, à la santé, aux biens et services publics.  C’est instruit de toutes ces avancées enregistrées, assez rapidement, que le représentant s’est autorisé à envisager avec optimisme l’atteinte des objectifs de développement durable.  Mais, a-t-il prévenu, les Nations Unies doivent davantage s’intéresser aux obstacles potentiels au développement social qui pourrait naître de la fulgurante évolution du « tout numérique ».  Il s’agit de veiller à ce que les innovations et l’interconnectivité n’accroissent pas les inégalités sociales, par l’ampleur de la fracture numérique, la précarisation du travail, le remplacement accéléré de l’homme par la machine ou l’intelligence artificielle ou encore les risques en matière de cybercriminalité.  Ces enjeux ont d’ailleurs poussé l’AICESIS à réfléchir à l’impact de la révolution numérique sur l’avenir de l’humanité durant les prochaines années pour pouvoir faire des propositions aux gouvernements. 

Mme SALL-BEYE, de l’Union internationale des télécommunications, a repris les propos du Secrétaire général de l’UIT qui a dit « que le monde a besoin des objectifs de développement durable, et ces objectifs ont besoin de TIC (technologies de l’information et des communications ».  L’UIT réaffirme son soutien à tous les pays dans leurs efforts de numérisation et pour l’application de nouvelles mesures sur les TIC dans des domaines essentiels comme les villes intelligentes, la santé, l’entrepreneuriat numérique, les déchets numériques (e-waste), l’agriculture ou encore le e-gouvernement.  La représentante a souligné avec quelle détermination les pays saisissent les opportunités offertes par la révolution numérique, notamment par l’Internet.  Elle a insisté sur l’importance des infrastructures adéquates qui font partie des quatre « i » qui contribuent à réduire le fossé numérique, les trois autres étant l’innovation, l’investissement et l’inclusivité.  L’UIT salue l’initiative du Secrétaire général de mettre en place le Groupe de travail de haut niveau sur la coopération numérique.

M. CONNOR STRONG, de l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN), a souligné que la nature est fondamentale pour le bien-être des hommes et pour le développement durable.  Malheureusement, a-t-il constaté, la nature subit une pression extrême en ce moment, et la biodiversité se perd à un rythme alarmant du fait de multiples facteurs comme l’extinction des espèces et la dégradation des écosystèmes.  Il a relevé que la dernière édition de la liste rouge des espèces en danger de l’UICN prévient que plus de 26 000 espèces sur les 94 000 de la liste sont menacées d’extinction.  Si cela arrivait, a-t-il averti, il y aurait un impact majeur sur la santé et le fonctionnement des écosystèmes.  Il a donc appelé à accélérer le rythme des actions menées en vue de mieux protéger la nature.  

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a noté que les énergies renouvelables sont devenues la source d’énergie la moins chère dans un grand nombre de pays, alors que plus d’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité dans le monde et que trois millions de personnes n’ont pas de solutions de cuisson propres.  En se basant sur l’expérience nationale des Émirats, elle a noté que l’éradication de la pauvreté et la croissance économique dépendent de sources d’énergie abordables et fiables.  Comme autre domaine à la traîne, elle a cité la protection de la biodiversité et la gestion des ressources en eau.  Les Émirats estiment que l’ONU devrait proposer des solutions pour réduire les écarts ou retards dans la réalisation de certains objectifs, rappelant que les agences onusiennes sont bien placées pour articuler de telles stratégies, notamment à travers des mécanismes onusiens comme ONU-Énergie; ONU-Eau ou encore ONU-Transport.  La représentante s’est toutefois dit confiante que le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement permettra d’apporter des réponses plus cohérentes aux problèmes identifiés par le Forum politique.  Dans la mesure où il faut agir au niveau des pays, elle salue le rôle renforcé des coordinateurs résidents.  Elle en a profité pour annoncer la contribution prévisible et pluriannuelle des Émirats au fonds prévu pour le financement du réseau de ces coordinateurs à hauteur de 500 000 dollars par an jusqu’en 2030.

Mme GABRIELA CUEVAS BARRON de l’Union interparlementaire (UIP) a rappelé que son organisation rassemble pas moins de 46 000 députés du monde entier.  Elle a noté que la démocratie et le développement sont les solutions aux défis du monde, en soulignant que « nous ne pouvons transformer le monde qu’en commençant par nos propres communautés ».  C’est donc le rôle de ces élus qui sont, a-t-elle aussi souligné, ceux en charge de la ratification des accords internationaux.  Les parlementaires sont donc incontournables pour le multilatéralisme et l’application des lois.  L’UIP a produit un manuel diffusé dans tous les pays, afin de fournir aux représentants du peuple les mécanismes d’évaluation nécessaires pour mesurer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué qu’actuellement, 1,2 milliard de personnes dépendent directement de la gestion efficace et de la durabilité d’un environnement sain, en particulier pour les emplois dans l’agriculture, la pêche et la foresterie qui dépendent des services et des processus naturels.  La dégradation de l’environnement menace les écosystèmes et les emplois qui dépendent d’eux.  Les travailleurs des pays à faible revenu et des petits États insulaires en développement, les travailleurs ruraux, les pauvres, les peuples autochtones et tribaux et les autres groupes vulnérables sont particulièrement affectés par les changements climatiques.  La transition vers l’économie verte n’est donc pas seulement urgente mais est aussi nécessaire au travail décent.  Créer un travail décent tout en faisant la promotion de la durabilité environnementale est une question de choix politique.  Les directives de l’OIT pour une transition vers des économies et des sociétés écologiquement durables qui bénéficient à tous donnent un cadre politique et constituent un outil pratique afin d’aider les pays à tous les niveaux de développement à gérer la transition vers des économies à faible carbone.         

M. LUCAS TAVARES, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que si plus de 800 millions de personnes sont sous-alimentées, un tiers de la nourriture produite est gaspillée ou perdue.  L’urbanisation rapide signifie qu’il faut davantage de nourriture, de protections sociales et d’opportunités pour les citadins.  L’extrême pauvreté est également concentrée dans les zones rurales, affectant particulièrement les femmes, les enfants et les jeunes, ainsi que les agriculteurs familiaux et les populations autochtones.  Une nouvelle alliance urbaine rurale est nécessaire pour garantir des systèmes alimentaires inclusifs et durables, a-t-il dit.  Il a aussi fait remarquer que de tels systèmes peuvent améliorer la quantité de nourriture et la qualité des régimes alimentaires.  La transformation des systèmes alimentaires est également nécessaire pour veiller à ce que l’agriculture soutienne l’utilisation et la gestion durables des ressources naturelles.

M. ASHRAF EL NOUR, représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a attiré l’attention sur le lien entre migrations et environnement.  Il a également demandé que les migrations soient prises en compte dans la dimension urbaine du développement, pour promouvoir l’avènement de communautés inclusives et productives.  L’OIM travaille sur les moyens envisageables pour apporter un soutien pragmatique dans ce domaine aux autorités locales.  Parmi ses autres activités phares, le représentant de l’OIM a cité le partenariat qui est actuellement en cours de préparation entre l’Economist Intelligence Unit (EIU) et les indicateurs de gouvernance des migrations (IGM).   Dans ce contexte, l’OIM a élaboré, en collaboration avec le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, un indicateur sur « le nombre de pays qui appliquent des politiques sur la migration bien gérée ».  Cet indicateur s’inscrit dans le contexte de la cible 10.7 des objectifs de développement durable.  Avec l’adoption du Pacte mondial pour les migrations, 2019 sera une année importante pour l’OIM qui cherche à capitaliser sur les synergies entre les mécanismes existants, comme le Forum politique de haut niveau, pour assurer un suivi des progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable.

M. MARCO TOSCANO-RIVALTA, représentant du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNISDR), a souligné que l’importance de la communication sur les risques liés aux catastrophes était importante, tout comme la mise en œuvre, par les États Membres, du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030.  Il a promis que son bureau allait continuer d’appuyer les États dans cette optique.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a prôné un développement industriel qui permet de réduire l’empreinte écologique, appuyant ainsi la mise en œuvre des objectifs 6, 12 et 15 de développement durable.  Pour le représentant, si les industries se tournent vers des sources d’énergie renouvelables, elles pourront accompagner les pays vers l’abandon des hydrocarbures, sources de pollution et, de facto, du réchauffement de la température terrestre.

Mme MARINE DAVTYAN, Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida - ONUSIDA, a indiqué que la réponse efficace au sida, c’est l’inclusion sociale et la création de villes durables.  Une riposte efficace au sida peut constituer une plateforme utile pour faire progresser le développement urbain, promouvoir une meilleure santé, l’inclusion sociale et l’égalité des sexes.  Inversement, des villes sûres, saines et durables peuvent apporter une contribution essentielle aux efforts de lutte contre le sida.  En décembre 2014, les directeurs exécutifs d’ONUSIDA et d’ONU-Habitat, le maire de Paris et l’Association internationale des fournisseurs de soins contre le sida ont lancé conjointement la Déclaration de Paris sur les villes accélérées qui veut mettre fin à l’épidémie de sida. 

Depuis, plus de 250 villes et municipalités du monde entier se sont engagées à accélérer leurs ripostes au sida pour atteindre les objectifs 90-90-90 et d’autres objectifs d’ici à 2020 et pour remédier aux disparités en matière d’accès aux services de base, de justice sociale et économique.  À cette fin, les villes adoptent des approches novatrices pour atteindre les populations touchées, stimuler le dépistage du VIH et le diagnostic précoce, optimiser les liens avec les traitements et les soins, mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination et combler les lacunes selon les besoins de chaque ville.  En outre, le Nouveau Programme pour les villes a embrassé l’engagement de mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030.  La représentante a réitéré que la riposte mondiale au sida se trouve dans une situation précaire.  L’action peut maintenant nous remettre sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de 2020.  « L’ONUSIDA appelle les États Membres et toutes les autres parties prenantes à accélérer et intensifier leurs efforts afin que nous puissions réaliser notre engagement commun. »

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a dit que le Programme 2030 a été intégré au plan national de développement de la Tunisie, en mettant un accent particulier sur l’accès à l’eau et à l’énergie.  Le Gouvernement œuvre pour rationaliser l’utilisation efficace des ressources hydriques par la création de barrages et la désalinisation.  S’agissant de l’accès à l’énergie propre et moderne, le Gouvernement a mis en œuvre une politique qui encourage l’investissement privé dans ce secteur.  Pour ce qui est de l’objectif 11 sur les établissements humais, il a mis en œuvre un plan d’aménagement territorial respectant l’équilibre entre campagne, villes et environnement.  Pour relever l’objectif 12 sur la consommation et la production durables, le Gouvernement encourage l’économie verte.  Enfin, pour atteindre l’objectif 15 sur les écosystèmes terrestres, la Tunisie s’est engagée dans une lutte contre la pêche maritime, et contre la désertification et l’érosion.  La Tunisie se présentera en 2019 devant le Forum politique pour l’examen national volontaire, a annoncé le représentant.

La représentante du grand groupe des femmes a argué que parvenir à l’égalité entre les sexes requiert la solidarité internationale et des actions orientées sur les besoins locaux.  Elle a relevé qu’alors que 8 des 17 objectifs de développement durable font clairement référence à des engagements en faveur des femmes et des filles, la réalisation de tout le Programme 2030 aura des implications sur la vie des femmes et des filles.  Le grand groupe des femmes prône une plus grande participation des femmes à la prise de décisions sur tous les sujets de société, de la question de l’accès à l’eau à la protection des forêts ou la sécurité dans les centres urbains.  Sur tous ces sujets, les femmes ont de l’expertise et devraient de ce fait se retrouver à la table où les décisions sont prises.  Elle a plaidé pour que les gouvernements financent des collectes de données tenant compte, au moins, des facteurs sexe et âge, expliquant que « cela permettra de voir effectivement qui est laissé de côté ».  Elle a également appelé à lutter contre les stéréotypes sexistes, le travail non rémunéré des femmes, tout en plaidant pour des budgets tenant compte de l’approche genre, sans oublier de protéger les droits des femmes et d’assurer la responsabilisation des dirigeants dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

M. DEJAN BOJANIĆ, représentant du grand groupe des enfants et des jeunes, a rappelé que ces deux groupes sociaux sont « les gardiens de nos sociétés ».  Il a rappelé les propos du Secrétaire général à la clôture du Forum politique de haut niveau, hier, qui avait appelé à la « mobilisation du pouvoir transformateur dans jeunes ».  Le représentant a aussi plaidé pour que les enfants les plus marginalisés soient écoutés et soutenus.  Il a appelé à placer le bien-être de tous les enfants et les jeunes au cœur de nos actions.   

Mme BLICKLEY, International Federation for family development, a expliqué que cette organisation a pour objectif d’examiner les moyens, pour les villes modernes, de devenir résilientes.  Elle évalue leurs atouts qui permettent aux familles de s’y établir et d’y mener une vie saine.  Le représentant a suggéré notamment que l’aménagement des villes tienne compte de la situation des familles et des groupes sociaux, prévoie une certaine flexibilité urbaine et offre des services sociaux pour tous.  Cet aménagement doit aussi faciliter le logement des citadins, notamment par le biais de la promotion de solutions de cologements, la création de logements économisant l’énergie, et l’offre de logements abordables pour les jeunes. 

M. CARVALHO, grand groupe des organisations non gouvernementales, a estimé que le monde n’était pas sur la bonne voie de la réalisation du Programme 2030.  « Il faut réorienter notre marche et redevenir plus ambitieux », a-t-il plaidé.  Le représentant s’est dit préoccupé que le Forum politique n’ait pas de mandat comme le Conseil des droits de l’homme.  Il est aussi inquiet de voir que, au Forum politique, l’espace alloué à la société ne cesse de se réduire.  Il a dénoncé les deux minutes de déclaration accordées pendant le débat général pour chaque entité de la société civile.  « Le Forum n’a pas respecté son engagement.  Ce qui se passe est le témoin d’une crise. »  Il a exhorté le Forum à « en finir avec les forces qui ont attaqué le système multilatéral ».

M. DANILO PARMEGIANI, représentant de « Legiao da Boa Vontade » (la légion des bonnes volontés), une ONG brésilienne de lutte contre la pauvreté qui est présente dans de nombreux pays d’Amérique latine et aux États-Unis, a salué le travail des milliers de leurs volontaires sur le terrain.  Leur action a eu un impact sur la vie de 600 000 personnes en 2017, a-t-il déclaré.  Il a souligné que ce pouvoir des populations pourra efficacement accompagner les Nations Unies sur la voie de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Trois étudiants, JENSEN, ELZINGA et ASHENAFT, ont pris la parole au nom des communautés des montagnes, en lieu et place de l’Académie russe des sciences naturelles.  Ils ont rappelé que 39% des populations des montagnes des pays en développement vivent dans l’insécurité alimentaire.  Des étudiants de l’Université Valley, située dans l’État de l’Utah (États-Unis), ont mené des travaux pratiques dans les communautés de montagne afin d’apporter leur appui aux populations y vivant.  Les étudiants ont créé le forum international des montagnes de l’Utah et ont pu mobiliser 250 000 dollars pour des projets de développement dans les montagnes locales.  Cette initiative, ont relevé les orateurs, laisse voir que les étudiants peuvent et doivent jouer un rôle actif dans la mise en œuvre du Programme 2030.

Mme RIEFQAH JAPPIE, Centre du commerce international, a rappelé que son rôle est d’aider les petites et moyennes entreprises des pays en développement à être compétitives sur le marché international.  Elle a déploré la détérioration du multilatéralisme ces deux dernières années et a insisté sur le fait que la coopération multilatérale devrait être un élément pour encourager la productivité et la performance des entreprises.  « Il faut corriger le tir », a-t-elle dit.  « Il faut que le multilatéralisme fonctionne pour tout le monde. »

M. JAYESH JOSHI, de l’Organisation Vaagdhara dont le but est de définir des stratégies qui permettent de construire des communautés autochtones viables et résilientes dans l’ouest de l’Inde, a plaidé pour la souveraineté tribale et la sauvegarde de l’identité de ces communautés avec une dignité sociale.  Les mesures qu’il a préconisées sont notamment la promotion de pratiques agricoles écologiques et durables qui tiennent compte du savoir-faire traditionnel, rejetant catégoriquement le recours aux pesticides, le but étant l’autosuffisance de ces communautés.  L’organisation met également l’accent sur l’obligation du gouvernement de rendre des comptes sur les allocations budgétaires favorisant le développement tribal.

M. ROBERTO BORRERO, grand groupe des peuples autochtones, a souligné que les connaissances des peuples autochtones peuvent servir à lutter contre les changements climatiques.  Mais pour soutenir la durabilité des peuples autochtones, les États Membres doivent reconnaître leurs droits fondamentaux et leurs droits au développement.  Les politiques de développement des gouvernements ne doivent pas nuire aux droits des peuples autochtones, a prôné le représentant, mais doivent plutôt viser à réduire les inégalités et coopérer avec eux.  Les États Membres doivent respecter les droits de l’homme des peuples autochtones quelles que soient les circonstances, a-t-il martelé.

Au nom du grand groupe des travailleurs et des syndicats, Mme CRAVIOTTO, Confédération syndicale internationale (CSI), a déclaré que les travailleurs et les syndicats appellent à une transition « juste, rapide et équitable » vers des sociétés socialement responsables et écologiquement viables.  La transition doit se concentrer sur le travail décent et veiller à ce que personne ne soit laissé de côté, dans un effort collectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de protéger le climat et la biodiversité et de promouvoir la justice sociale et économique.  La tendance à la diminution de la part des salaires dans le PNB mondial doit être inversée de toute urgence.  Un accès soucieux de l’égalité des sexes à l`éducation, à la santé et aux services sociaux, y compris pour les migrants et les réfugiés, est essentiel pour créer un développement socioéconomique durable et lutter contre la pauvreté et les inégalités.  Il faudra, a poursuivi la représentante, des investissements importants pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Les travailleurs et les syndicats sont convaincus que des investissements publics ayant en leur cœur les biens publics mondiaux sont l’instrument de choix. 

Nous sommes donc profondément préoccupés, a avoué la représentante, par la tendance accrue à la privatisation des secteurs publics, même à travers les partenariats public-privé.  On ne peut en aucun cas les considérer comme une façon plus rapide de mettre (en œuvre) le Programme 2030, alors qu’ils compromettent la qualité, l’égalité et les droits de l’homme et induisent souvent des coûts additionnels sur le long terme.  Les gouvernements doivent appuyer les cadres régulatoires et politiques requis pour veiller à ce que le secteur privé contribue au respect des droits de l’homme et définir des objectifs nationaux liés au Programme 2030, conformes à l’intérêt public.  Un monde à « zéro carbone » et « zéro pauvreté » est à portée de main mais il exige des efforts collectifs et inclusifs ambitieux, a conclu la représentante.

M. REGINALD VACHON, représentant du grand groupe de la communauté scientifique et technologique, a rappelé certaines réalités inéluctables comme le fait que la population mondiale va augmenter de 2,5 milliards de personnes d’ici à 2050, dont 90% en Afrique et en Asie et essentiellement en milieu urbain.  Par conséquent, il a encouragé l’ONU à promouvoir des cadres basés sur des normes pour garantir un développement qui aligne les services en termes d’infrastructures sur la planification urbaine.  Il a également mis en avant le rôle clef de la science, la technologie et l’ingénierie dans la transformation en cours vers des sociétés durables et résilientes.  L’ONU devrait donc pousser les États à investir dans ces trois domaines, en particulier dans les PMA.  Il a demandé que l’ONU soutienne les activités menées par son groupe pour promouvoir la coopération internationale dans ces trois domaines; et que l’ONU favorise des approches qui tiennent compte du cycle de vie de tous les projets et à toutes les échelles, notamment dans le cas des investissements dans les infrastructures.  En tant que scientifiques et ingénieurs, nous devons reconnaître la diversité qui existe entre les disciplines et à travers les traditions intellectuelles de différentes régions géographiques pour définir de priorités en vue d'intensifier les actions de développement durable, a-t-il conclu.

Au nom du grand groupe des entreprises et de l’industrie, M. BRIAN GRIFFITH, Président Directeur général de Griffith Foods, a souligné que l’implication évidente de tant d’entreprises dans la mise en œuvre du Programme 2030 montre que le secteur privé entend participer et investir dans les transformations requises pour réaliser chacun des 17 objectifs de développement durable, éradiquer la pauvreté, promouvoir la durabilité et assurer une prospérité à partager par tous.  Nous le faisons, a dit le représentant, malgré les incertitudes créées par la hausse des taxes, un obstacle au commerce et aux progrès sur lesquels nous avons tant travaillé.  Nous encourageons, a-t-il dit, le respect du système commercial basé sur des règles et soulignons l’importance de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et du système multilatéral.  Le représentant a insisté sur le rôle essentiel que les entreprises et l’industrie peuvent jouer pour veiller à ce que personne ne soit laissé de côté.  Nous, hommes d’affaires, sommes les générateurs du changement, les innovateurs et les moteurs des objectifs de développement durable.  Nous avons, a-t-il conclu, des moyens et des capacités uniques à créer des solutions positives qui changent le monde et qui assurent des profits durables, grâce à des pratiques tout aussi durables. 

M. MARCUS RILEY, représentant du groupe sur le vieillissement, a souligné que les personnes âgées souffrent souvent de l’exclusion, de la discrimination et de la marginalisation, ce qui constitue des violations de leurs droits.  « Ceci est inacceptable. »  Le représentant a recommandé la participation des personnes âgées au processus d’élaboration des politiques de développement.  Il faut aussi susciter leur engagement et les faire participer aux activités de développement et surtout éliminer l’exclusion et la discrimination, a-t-il insisté.

Au nom de l’Alliance des groupes de volontaires, M. WESLEY MOE, a rappelé qu’il y a plus d’un milliard de volontaires dans le monde dont le travail peut être le plus précieux qui existe précisément parce qu’il est effectué sans attendre une rémunération.  Les volontaires comprennent que le coût de l’inaction est toujours trop élevé à long terme.  Ils sont souvent les premiers à répondre à une catastrophe et à rester le plus longtemps dans les efforts de reconstruction.  Les volontaires représentent 14 millions des agents de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sans compter les millions d’autres qui ne sont affiliés à aucune organisation.  Les gouvernements ont donc tout intérêt à instaurer une culture de volontariat bien avant les catastrophes.  Le représentant a donné l’exemple de ces volontaires qui, au nombre de 1,5 million, ont planté 60 millions d’arbres en un jour en Inde, établissant un nouveau record mondial pour la réalisation de l’objectif 15 du Programme 2030 relatif à la lutte contre la déforestation.  L’impact des volontaires, a-t-il souligné, dépend de la qualité de l’appui que leur apportent les gouvernements car le volontariat s’épanouit quand il est soutenu politiquement et financièrement par une législation, des politiques et des partenariats concrets et quand il est évalué, reconnu et encouragé.  Cette année, s’est félicité le représentant, 29 des 47 pays qui se sont soumis à l’examen national volontaire ont reconnu la contribution des volontaires.  Il a donc appelé les États à créer des programmes, des lois, des schémas, des politiques et des campagnes pour encourager le volontariat, à évaluer la contribution des volontaires à la réalisation des objectifs de développement durable et à impliquer les volontaires et la société civile comme partenaires à part entière de la collecte et de l’analyse des données liées au Programme 2030.

M. CAPPALAINEN, délégué des parties prenantes des secteurs de l’éducation et universités, a expliqué que la mise en œuvre des objectifs de développement durable, y compris ceux qui étaient examinés au cours de cette session du Forum politique de haut niveau, en appelle à l’éducation et à un apprentissage permanent tout au long de la vie.  Il a déploré la privatisation de l’éducation dans de nombreux pays, du fait notamment du manque de fonds des États.  Selon le représentant, l’éducation est un droit fondamental de l’homme qui doit être garanti à tous.  

M. DE GUZMAN, représentant des parties prenantes de Sendai, qui comprend des communautés rurales et urbaines, des professionnels, des scientifiques et des spécialistes du gouvernement et de la société civile, a assuré qu’ils œuvrent à la réduction des risques liées aux catastrophes.  Le Cadre de Sendai reconnaît l’importance d’une approche portée par « toute la société » pour arriver à transformer les pratiques en vigueur en termes de développement, afin de promouvoir les investissements dans la résilience.  Les communautés locales et la société civile doivent explorer tous les moyens de se faire entendre et construire des partenariats en vue d’institutionnaliser de telles pratiques, a affirmé le représentant.  À ce titre, il a préconisé des actions comme la collecte de données locales ventilées sur les risques de catastrophe, pour reconnaître les besoins spécifiques des différents groupes et communautés; le renforcement des capacités des acteurs locaux pour promouvoir la résilience, en particulier des jeunes; et l’allocation de ressources financières et techniques au niveau local pour soutenir des actions prorésilience émanant des communautés.

Adoption de la Déclaration ministérielle

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, la représentante du Venezuela a demandé un vote sur l’amendement au paragraphe 28 visant à remplacer les mots « mutuellement bénéfique » par « internationale ».  Il s’agit de la phrase suivante: « Nous nous consacrons collectivement à la réalisation d’un développement durable à l’échelle mondiale et d’une coopération mutuellement bénéfique, dont tous les pays et toutes les régions du monde peuvent tirer des gains considérables. »  Les États-Unis ont dit que le Forum ne devrait pas adopter des termes qui font l’objet d’un quiproquo.  L’amendement a été rejeté par 31 votes contre, 14 votes pour et aucune abstention.

Les États-Unis ont présenté un amendement au même paragraphe 28 consistant à remplacer la phrase « Nous continuerons à promouvoir un système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce, ainsi qu’une vraie libéralisation des échanges » par « Nous réaffirmons que le commerce peut contribuer à la promotion du développement durable et à l’élimination de la pauvreté, comme énoncé dans le Programme 2030 ».  L’amendement a été rejeté par 42 votes contre, 1 voix pour et l’abstention du Japon et de la République de Corée.

Les États-Unis ont demandé un autre vote sur le paragraphe 12 qui fait référence au droit au développement.  L’amendement a été rejeté par 31 voix contre, une voix pour et 14 abstentions.

Les États-Unis ont encore demandé un vote sur le paragraphe 12 qui appelle à la suppression des « obstacles à la pleine réalisation du droit à l’autodétermination des peuples sous domination coloniale ou sous occupation étrangère, qui continuent de nuire au développement économique et social de ces peuples ainsi qu’à leur environnement ».  Israël a dit que ce texte est politisé.  « Ce genre de texte n’est pas de mise à l’ECOSOC. »  L’amendement a été rejeté par 30 voix contre.  Les États-Unis et Israël ont voté pour, et il y a eu 14 abstentions

La Fédération de Russie a proposé un amendement au paragraphe 16, expliquant que sa délégation est certes attachée à la promotion de l’égalité des sexes, à l’autonomisation de toutes les femmes et les filles et au plein exercice de leurs droits fondamentaux, mais elle déplore la tentative de certains pays et groupes de pays qui veulent imposer leur approche en ce qui concerne les questions de sexospécificité et de droits de femmes.  La Fédération de Russie regrette aussi que les négociations sur ces questions n’aient pas pris en compte les avis de tous les États. 

Le Canada a ensuite demandé que la déclaration faite la veille par sa délégation, au nom d’un groupe de plusieurs États, soit considérée dans son entièreté dans le contexte de la présente discussion.  Dans ladite déclaration, le Canada « avait rappelé le devoir de chaque État de garantir le respect des droits sexuels, un « impératif » pour tenir les promesses du Programme 2030 ».  « L’égalité des sexes contribue à la réalisation du Programme et, en particulier, à assurer un monde pacifique et prospère », avait encore plaidé le Canada.  Le paragraphe 16 a été maintenu par 34 voix pour, 5 voix contre (Bélarus, Fédération de Russie, Guyana, Nigéria et Soudan) et 4 abstentions (Algérie, Chine, Iraq et Tchad).  

La Turquie a ensuite indiqué qu’elle se dissociait de la cinquième phrase du paragraphe 23, au motif qu’elle « ne respecte pas le libellé agréé dans le cadre des objectifs 5 et 6 de développement durable ». 

La délégation des États-Unis a ensuite demandé une mise aux voix de la déclaration ministérielle.  Celle-ci a ensuite été adoptée par 46 voix pour et une voix contre (États-Unis).

Le Venezuela a regretté qu’un État Membre ait soumis au vote l’adoption de la Déclaration ministérielle.  Il a aussi regretté que la mise en œuvre du Programme 2030 ne figure pas dans la Déclaration.  Les mesures unilatérales sont contraires à la Charte des Nations Unies, a-t-il dit en demandant la cessation des politiques contre le Venezuela qui visent notamment le changement illégitime de gouvernement.  Il a réitéré sa réserve concernant le paragraphe 12 de la Déclaration, n’acceptant pas les mesures de contrôle sur la gestion de ses ressources naturelles.

Les États-Unis ont dit avoir voté contre la Déclaration en raison d’un langage inapproprié sur l’occupation étrangère, le commerce ainsi que sur l’imposition d’un modèle de développement.  Les États Membres et les groupes qui insistent sur des dispositions controversées devraient réfléchir aux dommages qu’ils causent au développement durable.  Ils devraient se demander si les ressources consacrées à la Déclaration ministérielle n’auraient pas été mieux dépensées pour promouvoir la réalisation des objectifs de développement durable.  En outre, les États-Unis se sont joints à Israël pour voter contre le paragraphe 12 qui contient une référence inacceptable à l’occupation étrangère.  Une fois de plus, certains États Membres ont cherché à politiser les questions de développement.  En ce qui concerne le droit au développement, mentionné au paragraphe 12, le représentant a déclaré que la position des États-Unis était bien connue et que ce terme n'avait pas de signification au plan international.  Tout développement, y compris le développement durable, doit être entrepris dans le respect des droits de l’homme.  Aucune circonstance ne permet aux pays de déroger à leurs obligations en matière de droits de l’homme, quel que soit leur niveau de développement.

Le représentant a rappelé le retrait de son pays de l’Accord de Paris sur les changements climatiques ainsi que son opposition à une formulation qui porte atteinte aux droits de propriété intellectuelle.  Au sujet du libellé du paragraphe 28, il a indiqué que son pays n’appuyait pas les références aux questions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans les documents des Nations Unies.  Le Programme 2030 n’est pas un engagement à fournir un nouvel accès au marché ou à modifier un accord ou une décision de l’OMC.  Il a également réitéré la position de son pays sur le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, qui, selon lui, est un document non contraignant qui n’a pas donné lieu à des obligations ou à des engagements financiers.

La Chine, qui a voté en faveur de la Déclaration ministérielle, a insisté pour dire que le commerce est vital pour la réalisation du Programme 2030. 

La Fédération de Russie a indiqué avoir voté pour la Déclaration ministérielle à l’exception du paragraphe 16.  Concernant le paragraphe 17 sur la participation des enfants mineurs, le représentant a estimé que cette participation doit se limiter à la famille et à l’école.  Il a déploré qu’on n’ait pas pu adopter cette Déclaration par consensus.  On a même voté pour adopter la Déclaration elle-même, s’est désolé le délégué.

L’Égypte, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a rappelé que le Groupe avait fait, au cours des négociations, des propositions pour « assurer l’équilibre entre les trois dimensions du développement durable ».  Le Groupe, a-t-il dit, réaffirme la nécessité de prendre en compte les particularités des pays aux situations particulières et regrette que certaines de ses propositions aient été ignorées dans la Déclaration ministérielle.  Le G77 appelle aussi les États à se garder de mettre en œuvre des mesures unilatérales contraires à la Charte des Nations Unies.

Il a expliqué que le G77 a tout de même soutenu la Déclaration ministérielle afin de garantir le consensus, même s’il s’est dit déçu de voir des amendements proposés tardivement, même après que le texte a été distribué, ce qui porte à croire que certaines délégations ont voulu faire prévaloir leurs intérêts politiques sur le Programme 2030.  Le G77 rappelle également l’importance du concept de droit au développement pour tous les États.  Enfin, trois ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le G77 se dit préoccupé de voir que la Déclaration ministérielle du Forum politique a été mis aux voix, au sein du Forum et devant l’ECOSOC. 

L’observatrice du Saint-Siège a, pour sa part, rappelé que « le Programme 2030 est une lueur d’espoir », comme l’avait dit le pape François devant l’Assemblée générale des Nations Unies.  Le Saint-Siège déplore l’absence de consensus qui est pourtant essentiel pour faire avancer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Ensuite, le Saint-Siège a tenu à se dissocier des libellés mentionnant les termes « sexe » et « genres », arguant que le sexe est visible dès la naissance et n’est en aucun cas une construction sociale.  De même, la délégation regrette qu’il n’ait pas été fait mention du rôle des parents dans la Déclaration ministérielle, alors que c’est bien ces derniers qui, avec les tuteurs et autres responsables légaux, ont la charge d’éduquer les enfants.

L’ECOSOC a pris note des documents intitulés « segment de haut-niveau ».

Déclaration de clôture

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. LIU ZHENMIN, a déclaré que le Forum s’achève avec une meilleure conscience du fossé à combler dans la mise en œuvre du Programme 2030, une connaissance qui aidera à focaliser les efforts pendant l’année à venir.  « C’est aussi la raison pour laquelle nous devons garder le moral et améliorer le travail du Forum politique de haut niveau.  Nous en aurons l’opportunité à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale lorsqu’elle examinera, à son tour, les résolutions du Forum politique. »

Au moment de concrétiser le Programme 2030, il a invité à ne pas oublier comment nous sommes unis autour d’un accord historique avec une ambition et une vision partagée de ne laisser personne de côté.  « Avec 2030 comme date butoir, regardons les scenarios possibles et à long terme.  C’est ce que nous venons de faire aujourd’hui au Forum politique. »

M. Liu a invité à accorder une attention plus grande aux conséquences que des questions comme le changement technologique et le vieillissement de la population auront sur chaque aspect de la société.  Il a salué le fait que l’Assemblée générale aura l’occasion de refocaliser le segment de haut niveau de l’ECOSOC sur les tendances à long terme.  « Nous avons besoin d’un Forum dans lequel les gouvernements se rassemblent pour envisager le futur. »

« Embarquons-nous maintenant dans un nouveau cycle avec enthousiasme et un engagement renouvelé pour montrer les progrès lorsque le Forum politique se réunira l’année prochaine », a exhorté le Secrétaire général adjoint qui a rappelé que le Forum se réunira en juillet puis en septembre 2019 pour examiner tout le Programme.  La réunion de septembre sera un sommet et nous attendons avec impatience tous les chefs d’État et de gouvernement.

Le Département des affaires économiques et sociales continuera d’appuyer les États Membres et travaillera avec le système des Nations Unies pour examiner les objectifs de développement durable et d’autres dimensions du Programme 2030, a-t-il assuré.  

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