Soixante-deuxième session,
6e et 7e séances – matin & après-midi
FEM/2139

L’impact disproportionné de la cyberviolence sur les femmes inquiète les délégations à la Commission de la condition de la femme

Des appels à la mobilisation pour faire face à l’impact disproportionné de la cyberviolence sur les femmes ont été entendus aujourd’hui à la Commission de la condition de la femme qui menait, en parallèle du débat général, une évaluation de la participation et de l’accès des femmes aux médias et aux technologies de l’information et des communications (TIC), basée sur les exposés volontaires de 12 États Membres*.  Les délégations ont aussi dressé un tableau plutôt sombre de la représentation des femmes dans les médias et dans la profession journalistique.

Propagation de messages haineux, sexistes et misogynes, harcèlement, intimidation, « trolling »**, diffusion d’images pornographiques et partages de photos de nus sans consentement, qui représentent les différents visages de la cyberviolence, ou « violence en ligne », ont notamment valu à la délégation de la Belgique de déclarer que « les TIC ont un effet négatif sur l’égalité des sexes ».

Face au constat que cette violence affecte les femmes d’une manière disproportionnée comparativement à la gente masculine, la délégation de l’Afrique du Sud a appelé à la mise en place d’un cadre légal approprié pour protéger les enfants de la propagation de contenus néfastes, ainsi qu’à la mise au point d’un enseignement capable d’aider les jeunes à faire un bon usage d’Internet et des communications électroniques.  La Ministre de la femme de la Nouvelle-Zélande a appelé de son côté à mobiliser les jeunes, « les plus importants utilisateurs de technologie en ligne », citant notamment leur rôle dans la rapidité de la diffusion de la campagne #MeToo. 

La présence des femmes dans les médias, où elles sont « très peu et très mal représentées », a aussi été vivement dénoncée par les délégations d’États Membres et plusieurs organisations professionnelles ou de la société civile.

Chiffres à l’appui, la Belgique a avancé que si la représentation des sexes dans les médias est plutôt paritaire quand il s’agit d’enfants, les femmes disparaissent de l’information dès l’âge de 19 ans, « pour ne plus y apparaître », notamment lorsqu’il s’agit de sujets économiques ou financiers et, dans une moindre mesure, pour l’information politique.  En outre, 90% des experts interviewés dans les programmes d’information sont des hommes.  À cela s’ajoute la situation au sein même des salles de rédaction où il y a « une sortie massive » de femmes à l’âge de 35 ans et où trois femmes journalistes sur quatre font l’objet d’intimidations ou de violences.

La représentation stéréotypée des femmes sportives a également été décriée, les couvertures de magazines sportifs faisant souvent la part belle aux hommes qui y sont présentés sous le jour de la puissance physique, alors que l’on met plutôt en avant les athlètes féminines comme objets sexuels, selon la Vice-Ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne.

Du côté du contenu des programmes télévisuels de fiction, plusieurs délégations, à l’instar de la Tunisie et du Brésil, se sont inquiétées de l’emploi d’un langage violent qui dévalorise la femme.  L’Allemagne a dénoncé pour sa part le fait que seulement 18% des subventions de films soient orientées vers des productions dirigées par des femmes, et que ces dernières se voient davantage confier des seconds rôles à l’écran.

S’agissant de l’accès aux TIC, la Ministre des pêches et de l’égalité des chances du Danemark a fait valoir que 27% des emplois futurs nécessiteront des compétences informatiques.  C’est pourquoi les délégations ont insisté sur l’importance de la participation des femmes dans les filières science et technologie, s’inquiétant notamment de la pénurie d’expertise féminine en matière de TIC et du peu d’intérêt que les jeunes femmes portent à ce domaine, une situation que l’on peut imputer à la prévalence des stéréotypes.

Les femmes saoudiennes sont au contraire très intéressées par les cours en informatique et elles représentent 44% des diplômés dans les TIC, a fait valoir la Vice-Ministre du travail et du développement social de l’Arabie saoudite, le pays étant engagé dans un ambitieux projet de transformation numérique.  Le Gouvernement doit toutefois déployer un vaste éventail d’incitations à l’embauche et à l’emploi, car seulement 13% des diplômées en TIC intègrent ensuite le secteur privé. 

Les délégations africaines ont par ailleurs été nombreuses à vanter l’importance des TIC pour l’autonomisation économique des femmes, par l’entremise notamment du service M-Pesa, qui permet d’effectuer des paiements par téléphone mobile au Kenya.  Au Rwanda, 84% des femmes ayant accès à la téléphonie mobile utilisent les modes de paiement mobiles.

Il existe aussi, au Kenya, un service d’obtention de documents administratifs en ligne, appelé « Huduma Kenya », qui a eu un impact notable sur l’allégement de la charge de travail des femmes.  Les mérites du commerce électronique et les perspectives qu’il offre aux femmes ont aussi été salués, par le délégué de Sri Lanka notamment.  Le Soudan a pour sa part indiqué que la télémédecine avait permis de pallier le manque d’accès des femmes rurales aux soins de santé de qualité. 

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, jeudi 15 mars, à partir de 10 heures.

* Arabie saoudite, Allemagne, Argentine, Belgique, Bulgarie, Colombie, Costa Rica, Kenya, Nigéria, Nouvelle-Zélande, Sri Lanka, et Soudan

** Le fait de lancer sur Internet des querelles ou des propos inflammatoires

 

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ DES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives

Thème de l’évaluation: participation et accès des femmes aux médias et aux technologies de l’information et des communications, et incidence et intérêt de ceux–ci pour la promotion et l’autonomisation des femmes

Exposés volontaires de la Belgique, de Sri Lanka, de la Colombie, de l’Arabie saoudite, de la Nouvelle-Zélande, de la Bulgarie, du Kenya, de l’Allemagne, de l’Argentine, du Soudan, du Costa Rica et du Nigéria

Présentation du rapport du Secrétaire général

Mme CHRISTINE BRAUTIGAM, Directrice de la division de l’appui intergouvernemental d’ONU-femmes, a noté une grande évolution depuis l’adoption des conclusions concertées de la Commission en 2003.  Elle a parlé de l’ère du numérique, qui influence de plus en plus tous les aspects du quotidien, en soulignant un fort impact en ce qui concerne, entre autres, l’inclusion financière mobile et la transformation des domaines de la santé et de l’éducation.  Tout cela a donné lieu à de nouvelles attentes en matière de renforcement des compétences, a-t-elle noté.  De plus, a-t-elle ajouté, l’émergence et la diffusion de plateformes en ligne et de réseaux sociaux n’étaient pas anticipés lors de ces conclusions concertées.  Elle a indiqué, à titre d’exemple, que les travaux de la Commission de la condition de la femme avaient été suivis par 170 millions de personnes en 2017, comparativement à 8 millions en 2012.

Cependant, la révolution numérique n’est pas bénéfique à tout le monde et peut même être nuisible pour certains, a poursuivi Mme Brautigam, pointant notamment les problèmes du fossé numérique et de la violence en ligne qui cible en particulier les femmes.  Elle a jugé essentiel d’atteindre les objectifs de développement durable en matière de technologies de l’information et des communications (TIC), en renforçant la cohérence politique en la matière, ainsi que l’accès des femmes et des filles aux TIC pour favoriser leur autonomisation.  Elle a aussi appelé à combattre le fléau de la violence en ligne et sa propagation.  L’alphabétisation numérique doit aussi être améliorée, a-t-elle plaidé avant de souligner l’importance pour les TIC de prendre en compte la problématique homme-femme.

Présentation volontaire de la Belgique

« Les TIC ont un effet négatif sur l’égalité des sexes », a déclaré d’emblée Mme ALEXANDRA ADRIAENSSENS, qui est à la tête de la Direction de l’égalité des chances du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles de la Belgique.  Elle a expliqué qu’en 2016, la Fédération avait mené une étude sur l’intégration, par les jeunes, des stéréotypes sexistes véhiculés par les TIC, suivie d’une large campagne de sensibilisation à leur encontre, ainsi que de l’adoption, en 2010, d’un plan d’action élargi pour l’égalité et la diversité dans les médias télévisuels.  Elle a indiqué que ces initiatives avaient permis de rendre plus objective la façon dont on abordait la situation dans les programmes télévisuels et d’élaborer des baromètres sur la représentation des femmes et autres groupes au sein de ces programmes.  Depuis, a-t-elle poursuivi, un partenariat a été élaboré avec l’Association des journalistes professionnels.  Pour ce qui est de la place des femmes au sein même des rédactions, la sensibilisation et la formation des journalistes à la problématique homme-femme a aussi pu être travaillée, a-t-elle indiqué.

À son tour, Mme MARTINE SIMONIS, Secrétaire générale de l’Association des journalistes professionnels de la Belgique, a présenté les résultats d’une vaste étude menée par son association.  L’idée, a-t-elle expliqué, est de dépasser l’intuition et le ressenti et de travailler sur des chiffres dans l’objectif de modifier la pratique journalistique inégalitaire car le fait est, a-t-elle indiqué, que les femmes sont très peu et très mal représentées dans les médias.  Chiffres à l’appui, elle a indiqué, entre autres, que les femmes représentent moins de 10% dans le journalisme sportif, et que les médias font appel en moyenne 9 fois sur 10 à des experts hommes, les femmes étant davantage représentées dans un rôle de figurant.

De plus, si la représentation des sexes est plutôt paritaire quand il s’agit d’enfants, les femmes disparaissent de l’information dès l’âge de 19 ans, « pour ne plus y apparaître », notamment lorsqu’il s’agit d’économie et de finance.  Elles sont aussi sous-représentées dans l’information politique.  En outre, à l’écran, les personnes qui sont le plus souvent identifiées par leur seul prénom sont les femmes, tandis que les hommes sont souvent présentés sous leur nom complet.

Mme Simonis a aussi dénoncé l’inégalité de traitement au sein des employés de la profession.  Elle a rapporté que si les femmes entrent à parité dans la profession, il y a « une sortie massive » à l’âge de 35 ans où, a-t-elle indiqué, elles doivent faire des choix radicaux entre une activité chronophage et la vie de famille.  De plus, la durée d’une carrière journalistique pour une femme est de 15 ans en moyenne, contre 20 ans pour un homme, et les femmes journalistes ont tendance à avoir moins d’enfants que les femmes exerçant une autre profession.

Pour remédier à cette situation, Mme Simonis a jugé nécessaire non seulement d’adopter des plans d’action à court terme, mais aussi de sensibiliser les jeunes femmes qui choisissent la filière du journalisme aux défis qu’elles rencontreront dans la profession.  Elle a également parlé d’une initiative élaborée par l’Union des journalistes qui a permis de créer une base de données-Expertdatabank.be- qui recense les noms de femmes expertes disponibles pour donner des interviews.  Au préalable, ces dernières participent à une journée de coaching pour apprendre comment s’exprimer dans les médias.  « Au final, l’objectif est de faire des médias des alliés dans la lutte pour l’égalité », a indiqué Mme Simonis.  Elle a également évoqué la nécessité de combler l’écart salarial dans la profession.

Elle a conclu en citant une étude de la Fédération internationale des journalistes qui indique qu’une femme sur quatre a subi des violences sur son lieu travail, qu’une femme sur deux a été victime de harcèlement sexuel, et que trois femmes journalistes sur quatre ont été l’objet d’intimidations ou de violences sur leur lieu de travail.  « Il reste une longue marche pour l’égalité des femmes journalistes », a-t-elle déclaré.

Réagissant à cette intervention, Mme NARJESS SAIDAN, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a constaté que malgré la diversité des femmes dans le monde, les images stéréotypées qui leur sont présentées limitent la manière dont les femmes se représentent leur propre vie et leur avenir.  L’OIF s’est mobilisée à travers son soutien aux Réseaux francophones des régulateurs de médias (REFRAM), a-t-elle indiqué en soulignant que les médias sont des acteurs majeurs pour la promotion de l’égalité femme-homme.  Elle a également cité le lancement par l’OIF d’une plateforme destinée à promouvoir la visibilité des expertes francophones.  Constatant en outre que le mode de consommation des médias est en pleine transformation, elle s’est inquiétée du fait qu’Internet diffuse des contenus qui portent atteinte à la promotion des femmes, sans parler des messages haineux.  « Que peuvent faire les États Membres face à ce phénomène? »

Lui emboitant le pas, M. NOURI LAJMI, Président de la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle de la Tunisie (HAICA), s’est attardé sur les conclusions d’une étude sur la représentation des femmes dans les séries télévisuelles et les professions y afférentes.  Il a relevé que certains métiers sont presque exclusivement réservés aux hommes, qui représentent, par exemple, 80% des réalisateurs ainsi qu’une grande majorité de monteurs et d’autres métiers « valorisant ».  En revanche, la fonction de rédacteur de script est occupée à 100% par des femmes, a-t-il indiqué.  Il a aussi abordé le problème de l’emploi, dans les séries télévisuelles, d’un langage violent qui dévalorise la femme.  Suite à cette étude, des ateliers de formation et de sensibilisation ont été organisés et une charte a été élaborée en concert avec les journalistes pour améliorer l’accès des femmes à la profession.

Suite à ces présentations, la Ministre des pêches et de l’égalité des chances du Danemark a fait observer que 27% des emplois futurs nécessiteront des compétences informatiques ce qui, a-t-elle souligné, appelle à accorder la plus haute importance à l’éducation et à la participation des femmes dans la filière de la science et des technologies.  Elle a parlé d’une initiative de son Gouvernement qui a débouché sur la nomination du premier Ambassadeur mondial de la technologie.  Elle s’est aussi inquiétée de la pénurie d’expertise féminine en matière de TIC et du peu d’intérêt que les jeunes femmes portent à ce domaine, une situation qu’elle a imputée à la prévalence des stéréotypes.

Reprenant la parole, la Secrétaire générale de l’Association des journalistes professionnels de la Belgique a témoigné que les premières réactions aux études de son association avaient été très sceptiques, chaque rédaction estimant tenir correctement compte de la problématique homme-femme.  Mais face aux chiffres récoltés au sein de chaque rédaction, la sensibilisation a commencé à opérer, s’est-elle félicitée.  Elle a également longuement insisté sur la collaboration avec les régulateurs qui, a-t-elle souligné, est extrêmement importante.  Parmi les autres initiatives de son association, elle cité sa mobilisation pour veiller à ce qu’en Belgique, les étudiants en journalisme disposent, dans leur cursus, de deux heures d’études sur la question de la représentation des femmes.  Elle a également annoncé la parution prochaine d’une étude qui examine la manière dont est couvert par les journalistes le phénomène de la violence faite aux femmes, et qui vise à déterminer si le fléau est davantage relégué à la catégorie des faits divers ou abordé sous l’angle d’un véritable phénomène de violence sociétale.

Présentation volontaire de Sri Lanka

La Ministre des femmes et de l’enfance de Sri Lanka, Mme CHANDRANI BANDARA, a déclaré qu’avec un taux d’alphabétisation de 93%, Sri Lanka a l’un des plus forts taux de la région.  Elle a précisé que la scolarisation est obligatoire et gratuite pour les enfants âgés de 5 à 16 ans.  En ce qui concerne l’accès aux médias par les femmes rurales, le Gouvernement s’assure que les informations sont diffusées dans les trois langues les plus usitées du pays: l’anglais, le cingalais et le tamoul.  Un code d’éthique a été élaboré par le Ministère de l’information afin de lutter contre la discrimination à l’encontre des femmes dans les médias, a ajouté la Ministre.  Mme Bandara s’est de plus félicitée de l’augmentation du nombre des femmes journalistes de Sri Lanka, ainsi que de la création de réseaux de femmes exerçant cette profession.  Le Gouvernement entend également lutter contre l’exploitation de l’image des femmes à des fins lucratives dans les médias. 

S’agissant d’Internet, la Ministre a parlé de ce qui est fait pour promouvoir le Wi-Fi gratuit et des mesures prises pour améliorer la quantité des contenus en langues locales sur Internet.  Par ailleurs, un programme a été établi pour promouvoir l’implication des Sri-lankaises dans le commerce électronique, tandis que 1 000 centres d’accès à Internet ont été installés dans les zones rurales.  La fracture numérique reste cependant un problème à Sri Lanka, a reconnu la Ministre en signalant que 29,3% des hommes peuvent utiliser un ordinateur, contre 26% pour les Sri-lankaises. 

Après cette présentation, le représentant du Népal a voulu connaître les mesures prises par Sri Lanka pour faciliter l’accès des femmes rurales aux médias et aux TIC, une préoccupation partagée par le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) qui a également demandé si l’accès des filles rurales à l’éducation s’était amélioré.

Pour répondre à ces questions, la Ministre des femmes et de l’enfance de Sri Lanka a indiqué que 42% des zones rurales ont désormais accès à Internet.  Son gouvernement, a-t-elle expliqué, a établi des points d’accès, des centres de ressources et des bibliothèques en ligne dont la majorité des utilisateurs sont des femmes.  De plus, 4 500 laboratoires informatiques ont été établis dans les écoles à travers le pays.

Présentation volontaire de la Colombie

Mme MARTHA ORDONEZ, Ministre de l’égalité des genres de la Colombie, a relevé que 81% des Colombiennes ont accès à Internet et que 72% utilisent des téléphones intelligents.  Le Gouvernement colombien a mis en place une politique de connectivité en créant par exemple des zones où le Wi-Fi est gratuit.  Une femme sur trois en bénéficie, sachant également que 93% des femmes de 14 à 65 ans utilisent WhatsApp au quotidien. 

En outre, a poursuivi la Ministre, le Gouvernement colombien veut promouvoir l’intégration des Colombiennes dans le secteur des TIC.  C’est pourquoi des ordinateurs et des tablettes sont offerts aux institutions universitaires, servant à former 3 763 000 enseignantes et élèves.  De plus, 9 400 femmes ont bénéficié de programmes destinés à renforcer leurs capacités en matière de télétravail, tandis que 2 500 femmes mal voyantes ont reçu des formations en informatique adaptées à leur handicap.  Conscient du fait que l’accès des Colombiennes aux médias et aux TIC accroît aussi leur vulnérabilité, le Gouvernement a mis en place le programme dénommé « je te protège » qui permet de dénoncer les abus et cas d’exploitation sexuelle ciblant notamment les filles et femmes par le biais d’Internet. 

Le délégué de la Norvège a commenté cette présentation en saluant le renforcement de la liberté d’expression en Colombie, tout en soulignant le courage des femmes journalistes dont les deux tiers sont victimes de menaces dans le cadre de leur travail.  Il a donc encouragé le pays à renforcer la sécurité des femmes de cette profession.  « C’est un problème que j’ai moi-même expérimenté en plus de 20 ans de pratique journalistique », a témoigné la Ministre de l’égalité des genres de la Colombie, avant de souligner que la diffusion de l’information sur les violences à l’encontre des filles dans les médias permet de faire avancer positivement les choses. 

Réagissant ensuite à la préoccupation de la représentante du Mexique au sujet de la lutte contre les stéréotypes négatifs ciblant les femmes dans les médias, la Ministre de l’égalité des genres de la Colombie a indiqué que des « femmes défenseurs » sont à pied d’œuvre au sein des médias afin de veiller au respect de l’image des femmes et filles et de lutter contre les stéréotypes négatifs véhiculés par les médias, d’ailleurs très souvent involontairement.  Elle a aussi rappelé que la lutte contre la discrimination est inscrite dans la Constitution du pays.

Présentation volontaire de l’Arabie saoudite

Après la projection d’une courte vidéo sur la transformation numérique dans son pays, Mme TAMADER ALRAMMAH, Vice-Ministre du travail et du développement social de l’Arabie saoudite, a présenté les principaux piliers de ce chantier, précisant que la Vision 2030 du pays repose sur 30 programmes et 36 objectifs pour développer une économie numérique avancée.  Elle a aussi parlé du développement de l’e-gouvernement, ce qui oblige à un renforcement de l’accès numérique et à la baisse des coûts y afférents.  Un programme de bourse a aussi été proposé pour renforcer la main-d’œuvre qualifiée dans ce domaine, tandis que des services de connexion de large bande sont offerts dans tout le Royaume.  En outre, l’e-commerce est largement promu.  Les femmes ne sont pas oubliées, a assuré la Vice-Ministre en citant des initiatives visant notamment à atteindre celles qui vivent dans des zones reculées.

Pour disposer de la main-d’œuvre nécessaire pour appuyer ce programme ambitieux, l’Arabie saoudite a créé des programmes d’études en TIC dans ses 40 universités où sont inscrites de nombreuses femmes.  La Vice-Ministre a ajouté qu’il existe même des établissements d’enseignement supérieur technique réservés aux femmes, ainsi qu’une « Université électronique » qui permet de suivre un enseignement à distance.  Elle a toutefois fait observer que si les femmes représentent 44% des diplômés dans les TIC, seules 13% d’entre elles entrent ensuite dans le secteur privé.  Mais le Gouvernement a lancé des initiatives pour encourager les femmes à entrer sur le marché du travail, en privilégiant notamment le travail à distance.  Des centres de garde d’enfants ont aussi été ouverts pour aider les mères à occuper une activité professionnelle.  En ce qui concerne les femmes à faible revenu, elles peuvent participer à un programme de transport gratuit vers leur lieu de travail.

Suite à cet exposé, la Ministre de la femme du Bahreïn a voulu savoir comment les politiques du Royaume encouragent la femme à participer aux TIC, au vu notamment des fossés qui existent dans les programmes d’éducation.  « De plus, que faire pour que le secteur privé encourage les femmes à faire carrière dans cette filière? »  Elle a aussi réclamé des précisions sur la manière dont les femmes rurales profitent de ces initiatives. 

« Quelles initiatives ont été lancées pour encourager les femmes à s’inscrire à des cours informatiques », a voulu savoir à son tour la représentante de Singapour.  « Existe-t-il des stratégies pour encourager les entreprises à recruter des femmes et pour inciter les femmes à faire carrière? »

Dans sa réponse, la Vice-Ministre du travail et du développement social de l’Arabie saoudite a expliqué que si une femme obtient de bons résultats scolaires, elle peut bénéficier d’un appui du Gouvernement.  Les femmes bénéficient aussi de la sécurité sociale, ce qui retire un peu de la pression que ressentent les entreprises face à un recrutement.  En outre, si une entreprise recrute deux femmes en une année, elle peut bénéficier d’une aide financière qui pourra être augmentée si d’autres femmes sont recrutées à l’avenir, a-t-elle fait savoir.

La rectrice de King Saud University a donné quelques précisions en mentionnant les résultats d’une étude ayant révélé que, contrairement à d’autres régions, les femmes saoudiennes sont très intéressées par les cours en informatique, et qu’au niveau universitaire, elles sont souvent plus représentées dans cette filière que les hommes.  Leur participation dans différents concours nationaux et internationaux démontre les vastes compétences qu’elles ont acquises dans ce domaine.

« L’Arabie saoudite vit actuellement l’âge d’or de l’autonomisation de la femme », a lancé à son tour un autre représentant de l’Arabie saoudite.  Mais cela n’est pas tant dû au fait qu’elles peuvent désormais conduire leur propre voiture ou participer à des activités sportives, mais au fait que la porte leur a été grande ouverte à des domaines d’études qui étaient jusqu’ici exclusivement réservés aux hommes.  Il en a résulté une nette augmentation du nombre de femmes présentes sur le marché du travail, a-t-il indiqué.

Présentation volontaire de la Nouvelle-Zélande

Mme JULIE ANNE GENTER, Ministre de la femme de la Nouvelle-Zélande, a constaté que les adultes ignorent souvent tout du comportement des jeunes sur Internet et jugé important pour les parents de mieux comprendre ces nouvelles technologies.  Elle a indiqué qu’une étude sur les effets néfastes de l’utilisation des nouvelles technologies par les jeunes avait démontré que les filles ont une expérience très différente des espaces en ligne que les garçons.  Elles utilisent davantage Instagram pour former leur identité, alors que les garçons ne jugent pas les réseaux sociaux si importants.  Les conflits ont davantage de risque de s’aggraver en ligne pour les filles et hors ligne que pour les garçons, les filles étant aussi plus exposées au risque de harcèlement en ligne.  De plus, les garçons partagent plus de photos de filles nues, tandis que les filles ont davantage tendance à effacer la photo d’un garçon nu qui leur parviendrait.

La Ministre a aussi parlé d’une certaine insouciance qui veut que peu de jeunes se sentent directement à risque, en dépit du fait qu’ils connaissent souvent quelqu’un qui a été victime d’une forme ou autre de violence en ligne.  Elle s’est également inquiétée du fait que les jeunes rechignent souvent à obtenir l’aide de leurs parents, préférant plutôt se tourner vers leurs pairs par crainte, entre autres, de voir leur propre comportement en ligne dénoncé.  Elle a jugé nécessaire d’aider les jeunes à obtenir des compétences pour se protéger lorsqu’ils sont connectés en ligne, soulignant également l’importance d’actions collectives comme #MeToo et la nécessité de créer des espaces favorables aux femmes dans l’espace numérique.

À son tour, l’Ambassadrice pour les femmes de l’Australie a cité une étude sur les femmes victimes de violences qui avait démontré que l’utilisation de la technologie en était souvent à l’origine.  À titre d’exemple, elle a indiqué qu’une femme sur cinq a vu des photos d’elle nue partagées en ligne sans son consentement.  Elle a donc jugé nécessaire de s’attaquer aux sites qui favorisent le partage de photos sans consentement.

Le Secrétaire parlementaire à la condition de la femme du Canada s’est lui aussi inquiété du fait que la cyberviolence cible de manière disproportionnée les femmes et les filles, ainsi que certains groupes marginalisés comme les LGBTE.  Il a vivement dénoncé le « trolling » (le fait de lancer sur Internet des querelles ou des propos inflammatoires), les intimidations et la pornographie en ligne, ainsi que les commentaires sexistes et misogynes qui limitent, au final, la participation des femmes à la vie sociale et économique de leur pays.  Alors que des milliards de personnes sont directement concernées, une mobilisation s’impose pour combattre tout discours haineux qui porte atteinte à la dignité de la personne, a lancé le délégué canadien.  Les droits qui existent hors ligne doivent aussi être respectés en ligne, a-t-il martelé.  Il a aussi constaté que les garçons et les filles ont des attitudes très différentes face aux cyberviolences, qui ont davantage tendance à affecter les filles, et a jugé nécessaire de mobiliser les écoles pour lancer des initiatives de sensibilisation.

« Comment utiliser les TIC pour lutter contre les stéréotypes dans différents contextes culturels? », a alors voulu savoir la représentante de la Commission de la femme du Liban, évoquant notamment la situation en zone rurale.

Les jeunes sont les plus importants utilisateurs de technologie en ligne, a répondu la Ministre de la Nouvelle-Zélande.  C’est eux qu’il faut mobiliser en premier lieu, a-t-elle souligné, citant notamment leur rôle dans la rapidité de la diffusion de la campagne #MeToo. 

Suite à une question du représentant de Samoa qui a voulu savoir comment le Gouvernement néozélandais traite la question autochtone dans ce contexte, la Ministre de la Nouvelle-Zélande a indiqué que le peuple maori avait été intégré dans l’enquête sur les effets néfastes des TIC.  Elle a toutefois reconnu la nécessité de réfléchir aux différents éléments dont il faut tenir compte pour autonomiser les jeunes maoris et les sensibiliser au problème de la violence en ligne.

M. GEORGI PANAYOTOV, Représentant permanent de la Bulgarie auprès des Nations Unies, s’est félicité du fait que la Bulgarie soit classée première dans la zone de l’Union européenne (UE) en matière de quota de femmes dans le domaine des TIC, soit 34% de femmes au niveau national contre 16% en moyenne pour le reste de l’Union européenne.  Le pays a introduit la formation aux TIC tant dans le cursus des formations formelles que dans les formations informelles.  En outre, les femmes et les hommes ont les mêmes opportunités de formation dans ce domaine et les femmes bénéficient de mesures spécifiques pour les aider à équilibrer vie professionnelle et vie de famille.  M. Panayotov a aussi salué le fait que 49% des scientifiques du pays sont des femmes, alors que 53% des thèses de doctorat du pays sont présentées par des femmes.

Prenant ensuite la parole, Mme GENOVEVA TISHEVA, Directrice de la Fondation pour la recherche sur le genre de la Bulgarie, une organisation non gouvernementale, a expliqué que les stéréotypes négatifs sont des obstacles à l’essor des femmes dans le domaine des TIC en Bulgarie.  Elle a parlé d’un vaste projet ciblant les zones rurales pour lutter contre les changements climatiques à travers les TIC et les médias sociaux.  Le projet a pu atteindre 20 000 personnes, a-t-elle relevé en insistant sur la lutte contre les stéréotypes sexistes de tous ordres.  Répondant par la suite à une préoccupation du Représentant permanent de l’Arménie auprès des Nations Unies sur l’avenir de ce projet important, elle a précisé que l’objectif d’un monde exempt de mines antipersonnel à l’horizon 2025 sera réalisé en utilisant les TIC, car celles-ci permettent de toucher toutes les écoles du pays.

La déléguée de l’Italie a demandé comment le partenariat avec la société civile se traduit dans la réalité pour faire avancer l’égalité entre les sexes en Bulgarie.  L’ambassadeur de Bulgarie a indiqué que des mécanismes institutionnels ont été mis en place pour consulter la société civile et examiner ensemble comment le pays peut faire avancer la cause de l’égalité entre les sexes.  Mme Tisheva a ajouté que les experts de la société civile participent concrètement au processus d’élaboration des lois en rapport avec l’autonomisation des femmes et filles. 

Présentation volontaire du Kenya

Mme RACHAEL SHEBESH, du Ministère du service public, de la jeunesse et du genre du Kenya, a mis en avant l’importance des TIC pour augmenter la productivité du pays, expliquant d’ailleurs qu’un grand nombre de ces technologies ont été conçues pour renforcer l’autonomisation économique des femmes.  Mais outre les bonnes idées, il importe surtout de disposer d’un bon cadre d’application car, a-t-elle lancé, on ne peut pas contrôler quelque chose qui n’existe pas.  Parmi les initiatives de son Gouvernement, Mme Shebesh a cité la stratégie de diffusion de connexion à large-bande, ainsi qu’un programme de lutte contre la propagation des stéréotypes sexistes par les médias sociaux.  Elle a également cité les mérites du système de paiement électronique M-Pesa (M pour mobile et pesa, argent en swahili).

Des outils novateurs ont également été élaborés à l’intention des communautés agricoles, a-t-elle poursuivi.  Il existe par exemple des systèmes électroniques de distribution de fonds pour l’achat d’intrants agricoles ou d’engrais.  Elle a aussi donné un exemple de l’application des TIC au secteur de la santé: un système de texto permet de rappeler aux personnes atteintes du VIH/sida le moment de prendre leur médicament.  Les TIC facilitent aussi la commercialisation des produits, ce qui a un impact direct sur l’autonomisation des femmes et des filles.  Mme Shebesh a aussi cité le lancement, en 2013, d’un programme de technologie qui a permis de distribuer plus de 700 000 tablettes aux étudiants et de former les formateurs.  En outre, le projet Huduma-Kenya a permis d’aider 15 millions de personnes à obtenir des papiers d’identité, des certificats de naissance et autres documents administratifs en faisant la demande en ligne.  Moyennant l’emploi d’une carte à puce, ce système permet aussi aux Kényans de couvrir certains frais administratifs.

Parmi les défis à relever, elle a cité non seulement la fiabilité des réseaux, mais aussi la prise de conscience quant aux opportunités qu’offrent les TIC, soulignant l’importance d’élaborer des partenariats public-privé pour y arriver.

Suite à cet exposé, la représentante du Rwanda a fait observer que son pays et le Kenya sont à l’origine de « Smart Africa », une initiative qui vise à promouvoir une utilisation intelligente des TIC sur le continent.  Elle a salué l’adoption de la loi kényane sur la communication qui restreint la propagation de stéréotypes dans les médias.  Elle a également vanté les mérites du service M-Pesa susmentionné qui permet d’effectuer des paiements par téléphone mobile.  Au Rwanda, 84% des femmes qui ont accès à la téléphonie mobile utilisent les modes de paiement mobiles, a-t-elle notamment fait savoir.  Elle a toutefois jugé nécessaire de veiller à une collecte diligente de données.

À son tour, la représentante de l’Afrique du Sud a appelé à bien réglementer les médias non seulement pour veiller à la qualité de leur contenu, mais aussi pour enseigner aux jeunes comment faire un bon usage d’Internet et de la communication électronique.  « Il faut absolument protéger nos enfants, nos filles notamment, de la propagation de contenus néfastes en mettant en place une législation appropriée », a-t-elle souhaité.

La représentante de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a constaté que les femmes rurales vivant dans les pays en développement sont souvent « du mauvais côté de la facture numérique » du fait d’un triple facteur de discrimination.  Elle a noté que le programme Huduma-Kenya permet d’alléger la charge de travail des femmes.  Elle a toutefois jugé nécessaire d’utiliser davantage les langues locales dans les TIC.  En outre, la collecte de données ventilées par sexe sur l’utilisation des TIC par les femmes rurales est cruciale pour pouvoir améliorer l’accès de ces dernières, a-t-elle fait remarquer.

Suite à ces commentaires, une autre représentante de la délégation du Kenya a indiqué que le Parlement débat actuellement d’une loi sur le contenu en ligne qui permettra de définir quels contenus s’adressent à qui et à partir de quel âge.  Une autre déléguée a insisté sur l’importance pour les contenus de respecter la culture de l’utilisateur et pour chaque média de privilégier la culture locale.  Le Kenya veille à ce que les TIC soient au service du développement et non pas un facteur de destruction des sociétés, a-t-elle assuré.

Présentation volontaire de l’Allemagne

M. ELKE FERNER, Vice-Ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, a reconnu qu’il restait beaucoup à faire pour assurer une présence équitable des femmes dans les médias allemands.  De même, elle a reconnu un écart de capacités entre les sexes dans le domaine du numérique.  C’est pourquoi au cours de sa présidence du G20 en 2017, l’Allemagne avait convaincu les autres États, réunis à Hambourg, de faire davantage pour l’éducation numérique des femmes et des filles.

Dans l’industrie du cinéma, la situation est similaire avec par exemple à peine 9% de femmes ingénieures de son.  En 2011, seulement 18% des subventions pour les films étaient orientées vers des productions dirigées par des femmes. 

La Ministre a ensuite passé la parole à une organisation non gouvernementale, « Discover football », qui s’emploie à faire évoluer l’image des sportives dans les médias.  La représentante de cette ONG a ainsi décrié le peu d’accès de femmes dans les rédactions de sports, à cause notamment de stéréotypes négatifs.  Elle a relevé que les couvertures de magazines sportifs font souvent la part belle aux hommes qui y sont représentés sous le jour de la puissance physique, alors que les femmes qui y figurent sont mises en lumière comme des objets sexuels.

Elle a ensuite fait part des résultats d’une étude qui laissent voir qu’en Allemagne, le quota des femmes faisant l’objet de reportages sur des sujets d’information générale était de 24%, et même de 7% en ce qui concerne les informations sportives.  « Il existe bien des athlètes féminines à succès », a-t-elle clamé, tout en plaidant pour une plus grande visibilité de celles-ci, afin de faire des émules.  C’est pourquoi « Discover football » organise des séminaires et conférences pour que les femmes parlent de leur expérience personnelle en rapport avec le sport afin, a-t-elle souhaité, de faire bouger les choses. 

Après ces exposés, la déléguée de la Namibie a voulu savoir « comment l’Allemagne s’assure-t-elle que les femmes sont présentes dans les productions cinématographiques », une préoccupation partagée par la représentante de la Chine.

« L’industrie cinématographique est le reflet de nos sociétés », a répondu la Vice-Ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne en se fondant sur des observations selon lesquelles les femmes occupent les seconds rôles dans les films et jouent des personnages qui mettent en valeur les acteurs de sexe opposé.  Elle a plaidé pour des solutions telles que la parité au sein des organes décisionnels en charge de financer les films.  Il faut imposer des quotas afin de progresser plus rapidement vers l’égalité, a-t-elle suggéré.

Présentation volontaire de l’Argentine   

Mme HELENA ESTRADA, du Centre de développement économique de la femme de l’Argentine, a appelé à renforcer la main-d’œuvre experte en TIC afin de relever les défis de l’avenir.  Elle a parlé de l’adoption d’une loi argentine sur les entreprises, les logiciels et la biotechnologique qui a précisément cet objectif.  Elle a dressé les grandes lignes du « Plan 111 mil » qui permet de former des programmateurs informatiques.  Cependant, sur les 22 000 femmes qui s’y sont inscrites, seules 44% d’entre elles ont achevé le cursus, la majorité ayant abandonné en raison de la difficulté du contenu et de l’éloignement des centres de formation, entre autres.  Le programme a donc été révisé et les enseignants ont obtenu une formation spéciale pour sensibiliser les étudiants à la sexospécificité.

Depuis 2016, le Gouvernement argentin a en outre adopté une stratégie qui vise à fournir des données ouvertes, accessibles à tous.  Un suivi du plan d’action de lutte contre la violence sexiste est par ailleurs prévu ainsi que des initiatives de renforcement de la parité, a ajouté Mme FABIANA TUÑEZ, Directrice exécutive de l’Institut national de la femme de l’Argentine.  À cet égard, une autre représentante du Centre de développement économique de la femme de l’Argentine, Mme PAMELA MARTIN GARCIA, a plaidé pour une plus grande implication de la société civile dans les débats portant sur la question de l’égalité des sexes.

Suite à ces exposés, Mme ANNA MARIA BAIARDI, Ministre de la femme du Paraguay, a appelé à encourager la participation de femmes en renforçant leur confiance en elles, car, a-t-elle constaté, « elles ont tendance à renoncer dès la première petite difficulté » par manque d’estime de soi.

« Le rôle de la société civile est la clef pour assurer l’autonomisation des femmes », a enchaîné Mme FÁTIMA PELAES, Secrétaire nationale des politiques féminines du Brésil, avant d’exprimer ses inquiétudes quant à la représentation de la violence contre les femmes dans les films et séries de fiction.  Elle a aussi signalé qu’une loi sur le crime cybernétique avait été adoptée au Brésil suite à un cas de diffusion d’une photo sur le Web.  « Que faire pour combattre la violence dans les médias en utilisant les TIC? » a-t-elle voulu savoir.

Pour Mme AIMÉE VEGA MONTIEL, Coordonnatrice de l’Alliance mondiale des médias et du genre du Mexique, la Commission de la condition de la femme a un rôle à jouer: les États Membres doivent veiller de manière urgente à ce que les résolutions adoptées par la Commission incluent des recommandations explicites à l’intention des médias.

La délégation de l’Argentine a répondu à toutes ces questions en commençant par mentionner l’adoption en 2013 d’une loi sur les délits sexuels qui tient notamment compte de la pornographie en ligne.  Elle a aussi témoigné qu’une simple initiative incitant les femmes à inviter une amie à suivre un cours du « Plan 111 mil » avait entraîné une nette augmentation de la participation féminine à cette formation. 

Enfin, la représentante de la société civile est intervenue pour recommander à l’Argentine d’élaborer un plan d’action national sur ces questions.

Présentation volontaire du Soudan

Mme FARIDA HASSAN, Directrice de la planification et des projets au Ministère de la sécurité et du développement social du Soudan, a dit qu’étant donné son vaste territoire, le Soudan s’appuie sur les TIC pour renforcer sa connectivité.  Elle s’est félicitée du fait que ce soient des femmes qui dirigent les ministères clefs de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de l’information et celui des TIC. 

Mme Hassan a souligné que le Gouvernement a investi dans la télémédecine pour pallier le manque d’accès des femmes rurales aux soins de santé de qualité.  Le projet a été expérimenté dans l’État de Gezira, permettant de réduire le taux de mortalité des femmes rurales, grâce à l’implication de plus de 400 sages-femmes.  

Une de ses collègues a ajouté que les femmes représentent 40% des professionnels de médias, tandis que 71% de Soudanaises utilisent un téléphone portable.  Un programme gouvernemental a du reste été lancé pour réduire le fossé existant entre les sexes en matière de connaissances informatiques.  Les femmes vivant en milieu rural sont plus ouvertes aux réseaux sociaux que les hommes de leur milieu de vie, s’est-elle aussi félicitée. 

Réagissant à cette présentation, la déléguée du Maroc a demandé comment est-ce que le Gouvernement soudanais s’y est pris pour relancer les programmes en faveur de l’autonomisation de la femme soudanaise après une longue période de conflit dans le pays.  Ce à quoi la déléguée du Soudan a répondu en mentionnant un plan d’action sur cinq ans mis sur pied après le conflit, un plan qui offre des microcrédits aux femmes rurales, notamment celles qui ont souffert le plus du conflit.

Exposé volontaire du Costa Rica

Mme ALEJANDRA MORA MORA, Ministre du statut de la femme du Costa Rica, a jugé nécessaire d’identifier les raisons des écarts rencontrés en matière de représentation des sexes dans certaines professions.  Elle a indiqué que dans son pays les femmes ne représentent que 2% des étudiantes en électronique et que les chiffres sont similaires en ce qui concerne l’étude des mathématiques pures, un phénomène qu’elle a imputé au fait que certaines professions sont considérées comme étant purement masculines.  Face à de tels chiffres il est difficile d’arriver à la parité dans ces domaines, a-t-elle reconnu.

Après avoir passé en revue les grandes lignes de la Politique nationale pour l’égalité et l’équité du Costa Rica, la Ministre s’est attardé sur le problème de l’écart des salaires, l’isolement des femmes universitaires et la prévalence de la violence contre les femmes, par l’entremise notamment des réseaux sociaux.  Elle a ensuite indiqué que le Costa Rica vient de lancer une politique nationale pour l’égalité dans les médias et les TIC.  Elle a aussi insisté sur l’importance de mettre en place un système de sensibilisation aux TIC dès la plus petite enfance et d’assurer l’appropriation sociale de la science et de la technologie avec une perspective de genre.  La Ministre a par ailleurs décrié la diffusion d’images qui promeuvent une image stéréotypée du rôle des femmes dans le monde professionnel.

La Ministre a ensuite parlé de la création du fonds de télécommunication FONATEL qui a permis de connecter 14 000 foyers, ce qui a bénéficié à 30 000 femmes.  Il existe aussi un programme de renforcement des services publics qui permet de fournir des équipements électroniques dans les zones les plus reculées du pays, a-t-elle ajouté.

Face à ces exemples, la représentante d’El Salvador a jugé vital de continuer de mettre en œuvre des politiques de promotion de la femme.  Consciente des aspects culturels qui limitent la participation des femmes dans les filières des TIC, elle a demandé des précisions sur les principaux obstacles qu’affrontent les femmes au fil du temps.  « Quel pourrait être le rôle du partenariat public-privé pour combler les écarts entre hommes et femmes », a demandé à son tour la représentant du Panama.

À cela, la Ministre du statut de la femme du Costa Rica a de nouveau insisté sur l’importance de veiller à une éducation aux TIC dès la petite enfance.  Il faut également faire voler en éclat tout système qui continue de véhiculer une image stéréotypée des femmes et des hommes, a-t-elle martelé.  Elle a également insisté sur le rôle du secteur privé, indiquant que son Gouvernement a mis sur pied un système de certification pour les entreprises qui réussissent à combler les écarts en matière de représentation des femmes.

Présentation volontaire du Nigéria

Mme AISHA JUMMAI AL-HASSAN, Ministre de la femme et du développement social du Nigéria, a relevé que la population de son pays est de 193 millions, dont 46,7% sont des femmes.  Le Nigéria a mis sur pied un plan d’action pour la prise en charge des femmes affectées par les conflits, a-t-elle indiqué, ajoutant que le taux de scolarisation des filles au primaire est de 56%.  Le pays a en outre mené une campagne pour la protection des droits des femmes et adopté en 2015 une loi de lutte contre les violences à l’égard des femmes.  Cela représente, a-t-elle dit, « une victoire après un plaidoyer de 15 ans ». 

Poursuivant sa présentation, la Ministre a parlé des huit centres de formation qui ont été créés pour apporter aux femmes rurales des compétences utiles pour s’insérer dans le monde de l’emploi.  Elle a souligné à ce propos que les TIC sont un formidable outil d’autonomisation des femmes et filles rurales.  Elle s’est aussi enorgueillie de voir que le taux de mortalité maternelle a baissé de 7% depuis que les femmes enceintes des zones rurales peuvent consulter des sages-femmes grâce à leur téléphone portable.  Elle a également parlé d’un programme d’aide monétaire aux populations les plus démunies des zones reculées.

La Ministre a ensuite insisté sur le rôle des médias pour faire changer les mentalités et diminuer, de facto, la discrimination et les stéréotypes dont les femmes sont victimes.  Elle a salué l’existence d’une association nationale des femmes journalistes et d’émissions diffusées régulièrement pour vulgariser les droits des femmes.

Après cet exposé, la déléguée du Maroc a demandé si ce programme d’appui monétaire avait des bénéfices probants sur les populations rurales. 

« Bien entendu », lui a répondu la Ministre de la femme et du développement social du Nigéria, expliquant que les ménages recevant des transferts d’argent pouvaient désormais augmenter leur revenu et investir dans des domaines tels que la santé et l’éducation.  Justement, s’est enquise la représentante du Royaume-Uni, « comment agissez-vous pour aller vers un taux de scolarisation de 100% ? »  

Le Gouvernement, a dit Mme Al-Hassan, octroie des crédits sans intérêt aux femmes rurales afin de renforcer leur autonomisation économique.  Ce soutien a un impact sur le taux de scolarisation des filles qui n’ont plus besoin de quitter l’école pour exercer des activités rémunératrices, a-t-elle expliqué.  De plus, le programme des cantines scolaires, financé par le Gouvernement, permet aussi de retenir les enfants sur les bancs de l’école.  

 

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