Conférence de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme,
Matin & après-midi
L/3282

Les Nations Unies accueillent leur toute première Conférence de haut niveau avec les Chefs des organismes antiterroristes du monde

Quand j’ai pensé à convoquer cette Conférence, a confié le Secrétaire général de l’ONU, j’avais un but clair: améliorer la coopération internationale et l’échange d’informations, et nouer de nouveaux partenariats pour trouver des solutions pratiques contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Les Chefs des organismes antiterroristes du monde ont pris note aujourd’hui des six objectifs de M. António Guterres qui a ouvert la réunion de haut niveau, a souligné le Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU, devant 270 États Membres, organisations internationales et régionales, organisations de la société civile et entités des Nations Unies.  Un total de 150 États sont ici, dont plus d’une centaine représentée par des délégations venues tout spécialement de leurs capitales, s’est réjoui M. Vladimir Voronkov, en saluant le succès de cette Conférence de haut niveau qui fermera ses portes demain.

La victoire sur le terrorisme exigera de nous que nous travaillions ensemble « avec souplesse, intelligence et ouverture », a souligné le Secrétaire général.  Il a décrit un fléau, le terrorisme et l’extrémisme violent, qui compromet la paix et la sécurité, divise les communautés, exacerbe les conflits, déstabilise des régions entières et fait obstacle aux droits de l’homme et au développement durable.  Ce problème mondial « complexe » a atteint des niveaux sans précédent, a prévenu M. António Guterres qui a averti du danger d’Internet où les terroristes diffusent leur propagande, recrutent leurs membres et coordonnent leurs attaques.

Notre réponse doit être aussi souple et multidimensionnelle que la menace terroriste elle-même, a plaidé le Secrétaire général dont la Conférence de haut niveau intervient au lendemain du sixième examen par l’Assemblée générale de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies dont la résolution* « consensuelle, simplifiée et plus lisible pour ceux qui ne connaissent pas ‘le jargon des Nations Unies’ » a été expliquée aujourd’hui par les deux Cofacilitateurs et représentants de la Finlande et de la Jordanie.

« Le consensus obtenu n’est peut-être pas idéal mais au moins il a été possible », s’est félicitée la Jordanie, en attirant l’attention sur l’élément nouveau qu’est la question du retour des combattants terroristes étrangers.  Plusieurs rapports indiquent en effet qu’à un moment donné, plus de 40 000 combattants originaires de plus de 110 pays seraient venus gonfler les rangs de groupes terroristes associés à Daech et à Al-Qaida, compliquant les conflits en Iraq et Syrie.  Battus dans ces deux pays, de nombreux combattants sont rentrés chez eux ou se sont installés dans d’autres théâtres d’opérations comme en Libye, au Yémen, en Afghanistan ou aux Philippines.

La mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, des 19 conventions internationales, des protocoles et des nombreux autres instruments régionaux contre le terrorisme exige une volonté politique forte et des ressources et, en conséquence, le renforcement de la coopération internationale, a argué le Secrétaire général, en énonçant le premier de ses six objectifs.

Le deuxième est la prévention et donc la lutte contre les causes sous-jacentes du terrorisme comme les conflits prolongés, l’absence d’état de droit, les violations des droits de l’homme, la pauvreté, le manque d’opportunités et la marginalisation socioéconomique.  Les quatre derniers objectifs sont le respect des droits de l’homme; les investissements « stratégiques » dans les jeunes; l’appui pratique, affectif et psychologique aux survivants du terrorisme; et la consolidation du rôle de l’ONU qui est susceptible de contribuer à des stratégies « fondées sur des principes, efficaces et coordonnées », grâce à l’appui qu’elle apporte au renforcement des capacités dans les États et à la mobilisation des ressources nécessaires.

La Conférence de haut niveau, qui devrait fermer ses portes demain, vendredi 29 juin, se décline en quatre tables rondes sur l’échange d’informations, des compétences et des ressources; la prévention de l’extrémisme violent; la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies; et les combattants terroristes étrangers.  Dès avril 2013, INTERPOL, a indiqué son Secrétaire général, M. Jürgen Stock, lançait un programme spécial contre ces combattants et en mai 2015, elle avertissait le Conseil de sécurité des « risques de contagion » entre zones de conflit.  Aujourd’hui, a constaté le Secrétaire général, nous voyons en effet des mouvements multidirectionnels de ces combattants.  Il a plaidé pour une meilleure fluidité des flux d’informations par-delà les frontières et entre les agences antiterroristes, vantant la plateforme « fiable » de l’acteur « neutre » qu’est INTERPOL pour la circulation des informations déclassifiées.

* A/72/L.62

CONFÉRENCE DE HAUT NIVEAU DES NATIONS UNIES RÉUNISSANT LES CHEFS D’ORGANISMES ANTITERRORISTES DES ÉTATS MEMBRES

Déclarations liminaires

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souligné d’emblée que le terrorisme et l’extrémisme violent compromettent la paix et la sécurité.  Ils divisent les communautés, exacerbent les conflits et déstabilisent des régions entières.  Ils font obstacle à nos efforts pour promouvoir et protéger les droits de l’homme et faire avancer le développement durable.  Ce problème mondial « complexe », a insisté le Secrétaire général, a atteint des niveaux sans précédent.  Il touche tous les pays du monde.

Quand j’ai pensé à convoquer cette Conférence, a confié le Secrétaire général, j’avais un but clair: c’était d’améliorer la coopération internationale et l’échange d’informations, et de nouer de nouveaux partenariats pour trouver des solutions pratiques.

Aujourd’hui, la première ligne de front contre le terrorisme c’est le cyberespace.  Les terroristes exploitent les médias sociaux, les communications cryptées et le « dark Web » pour propager leur propagande, recruter de nouveaux membres et coordonner les attaques.

La défaite militaire de Daech l’année dernière en Iraq et en Syrie veut dire, a prévenu le Secrétaire général, que les combattants terroristes étrangers se sont déplacés, vers chez eux ou vers d’autres scènes de conflit.

On voit aujourd’hui des attaques moins sophistiquées et difficiles à détecter et à prévenir.  Nous devons donc nous adapter et tirer les leçons de ce qui marche et ce qui ne marche pas, a estimé le Secrétaire général, en soulignant que notre réponse doit être aussi souple et multidimensionnelle que la menace elle-même. 

La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et les résolutions associées offrent un cadre global.  Ce mois-ci, l’examen de la Stratégie, sous les auspices du Président de l’Assemblée générale, a offert l’occasion de voir ce sur quoi nous devons concentrer nos efforts.  La priorité, a insisté le Secrétaire général, est de travailler ensemble.

La nature transnationale du terrorisme veut dire que nous avons besoin d’une coopération multilatérale.  Nous devons renforcer les capacités de nos structures et institutions du contreterrorisme et compléter nos efforts avec d’autres efforts concertés pour identifier et traiter des causes sous-jacentes de ce fléau.

Nous devons, a poursuivi le Secrétaire général, assurer la résilience et la cohésion de nos sociétés.  Les communautés et l’État doivent s’unir autour de l’objectif commun de rejeter les idéologies terroristes et de mettre au défi ceux qui les épousent.  Cela veut dire que les gouvernements doivent adopter une approche globale et inclusive, impliquant tous les segments de la société, et cela commence par les communautés de base qui sont en première ligne des efforts pour empêcher les plus vulnérables de succomber à ces idéologies pernicieuses.

Cela veut dire aussi renforcer l’appui aux organisations de la société civile qui font une contribution unique et précieuse à la lutte contre le terrorisme et à la prévention de l’extrémisme violent.  Cela veut dire encore impliquer les femmes et les jeunes gens pour qu’ils puissent jouer un véritable rôle dans le développement, la surveillance et la mise en œuvre des politiques et programmes antiterroristes.

Le Secrétaire général a cité les six objectifs de la Conférence et d’abord le renforcement de la coopération internationale dans la lutte contre le contreterrorisme car la mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies, des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, des 19 conventions internationales, des protocoles et des nombreux autres instruments régionaux exige une volonté politique forte et des ressources.  On peut faire mieux pour élargir les réseaux et échanger les informations de manière légale, régulière et sécurisée, surtout dans les régions les plus menacées par le terrorisme.

La Conférence doit aussi remettre l’accent sur la prévention du terrorisme car il ne sera jamais vaincu par les seuls moyens militaires.  Il faut passer du « contrer » au « prévenir », donc se concentrer sur les raisons pour lesquelles les gens se laissent leurrer, à savoir les conflits prolongés, l’absence d’état de droit, les violations des droits de l’homme, la pauvreté, le manqué d’opportunités et la marginalisation socioéconomique, a précisé le Secrétaire général.

La Conférence doit également souligner l’importance fondamentale du respect des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme, d’autant plus que ce fléau est fondamentalement le déni et la destruction de ces droits.

La Conférence doit d’autre part souligner les investissements stratégiques nécessaires dans les jeunes car ils sont notre espoir et notre avenir.  Il faut leur donner les moyens pour combattre les discours extrémistes, xénophobes et haineux.  Les mesures antiterroristes doivent refléter leurs vues et leurs préoccupations.

La Conférence, a ajouté le Secrétaire général, ne doit pas oublier de braquer les projecteurs sur le coût humain du terrorisme.  M. Guterres s’est d’ailleurs félicité de la toute première commémoration, le 21 août prochain, de la Journée internationale en mémoire des victimes du terrorisme, lesquelles se comptent en dizaines de milliers.  Nous devons offrir un appui pratique, affectif et psychologique aux survivants, y compris aux enfants des combattants terroristes étrangers qui devront vivre avec ce stigmate.

Enfin, la Conférence doit renforcer le rôle des Nations Unies qui peuvent contribuer à la recherche de solutions multilatérales à ces problèmes complexes.  L’ONU peut contribuer à des stratégies fondées sur les principes, efficaces et coordonnées, grâce à son appui au renforcement des capacités dans les États et à la mobilisation des ressources nécessaires.

La victoire sur le terrorisme exigera que nous travaillions ensemble avec souplesse, intelligemment et ouvertement, a conclu le Secrétaire général.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie), Cofacilitatrice du sixième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a salué la participation internationale « sans précédent » à cette Conférence ainsi que le leadership du Secrétaire général Guterres pour faire de la lutte contre le terrorisme une des priorités des Nations Unies.

Elle a rappelé la création, l’année dernière, du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, une des premières mesures du Secrétaire général pour renforcer les efforts antiterroristes des Nations Unies.  Le Bureau, s’est-elle réjouie, s’est d’ores et déjà avéré efficace, compte tenu du travail qu’il accomplit pour appuyer les entités nationales et régionales dans le monde. 

La Stratégie antiterroriste est un « cadre mondial », a souligné la représentante, en espérant que les décisions du sixième examen inspireront les entités et les délégations présentes ici aujourd’hui.  Dans ces décisions, a expliqué Mme Bahous, des questions centrales ont pu être abordées, comme la lutte contre l’extrémisme violent et le retour des combattants terroristes étrangers.  « Le consensus obtenu n’est peut-être pas idéal mais au moins il a été possible », a-t-elle fait remarquer.

En tant qu’État arabe et musulman, la Jordanie, a souligné la représentante, tient à combattre le terrorisme et l’extrémisme violent et à promouvoir les valeurs de tolérance et de paix de l’Islam.  Mme Bahous a saisi cette occasion pour présenter certaines mesures prises en ce sens par la Jordanie, notamment le lancement du Processus régional d’Aqaba.

Elle a insisté sur le fait que l’ONU est la seule enceinte diplomatique qui peut représenter toute la communauté internationale dans la lutte antiterroriste.  Elle a donc invité les délégations présentes à saisir cette occasion pour soutenir le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme.

« Je viens d’un pays où des discussions franches et des solutions pratiques sont essentielles », a déclaré M. KAI SAUER (Finlande), Cofacilitateur du sixième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Il a fait remarquer que cet examen a été le premier conduit depuis la création du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme.  Il a confié que le processus de facilitation a mis en relief le rôle clef de l’ONU pour ce qui est d’unir la communauté internationale contre la menace terroriste.  Il s’est dit encouragé par le fait que tous les États Membres, en dépit de leurs différences, ont œuvré dans l’esprit d’un objectif commun.

Ainsi ont-ils été en mesure de produire une résolution consensuelle simplifiée, plus lisible pour ceux qui ne connaissent pas « le jargon des Nations Unies », s’est félicité M. Sauer.  L’environnement sécuritaire mondial a considérablement changé et la menace de l’extrémisme violent et du terrorisme croît et évolue à travers le monde.  La Finlande, a-t-il poursuivi, met l’accent sur la prévention.  L’extrémisme violent n’est pas un phénomène nouveau et nous avons des structures en place pour le combattre.  Mais, pour réussir, il nous faut mener un effort concerté multidisciplinaire à tous les niveaux.

Le Cofacilitateur a souligné le rôle de la jeunesse pour ce qui est de la prévention de l’extrémisme violent et de la lutte contre le terrorisme.  Les jeunes doivent être mieux préparés à rejeter la propagande et les tentatives d’incitation à la violence.  Dans le même ordre d’idées, il a vanté le rôle de la société civile et des communautés religieuses qui doivent s’unir contre les crimes de haine.  Enfin, M. Sauer a noté la corrélation qui existe entre l’égalité des sexes et la baisse de l’extrémisme violent.

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint chargé du Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU, a indiqué que 270 États Membres, organisations internationales et régionales, organisations de la société civile et entités des Nations Unies participent à cette Conférence.  Un total de 150 États sont ici, dont plus d’une centaine représentée par des délégations venues tout spécialement de leurs capitales.

Outre la séance d’ouverture, a-t-il expliqué, la Conférence comprendra quatre sessions thématiques qui reflètent les priorités des États pour améliorer la coopération antiterroriste internationale, ainsi qu’une séance de clôture.  Chaque session sera l’occasion de se pencher sur l’application pratique de différents aspects de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, que l’Assemblée générale vient d’examiner, les 26 et 27 juin 2018.

La première session, présidée ce matin par Mme Michèle Coninsx, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme de l’ONU, aura pour thème: « Perspective et difficultés du renforcement de la coopération internationale par l’échange d’informations, de compétences et de ressources. »

La deuxième session, présidée cet après-midi par M. Jürgen Stock, Secrétaire général de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) examinera le thème: « Lutter contre la menace changeante que représentent les combattants terroristes étrangers. »

La troisième session, présidée demain matin par M. Achim Steiner, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), se penchera sur le thème suivant: « Renforcer l’effort international de prévention de l’extrémisme violent, notamment en mobilisant les jeunes et en luttant contre l’utilisation abusive des nouvelles technologies et d’Internet par les terroristes. »

Enfin, la quatrième session, coprésidée demain après-midi par M. Voronkov, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, et M. Yury Fedotov, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), abordera le thème: « Renforcer le rôle et les moyens de l’ONU à l’appui des efforts déployés par les États Membres pour mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. »  Les représentants de la société civile pourront s’exprimer pendant les sessions thématiques de demain, a précisé M. Voronkov. 

Présidente de la session intitulée « Perspectives et difficultés du renforcement de la coopération internationale par l’échange d’informations, de compétences et de ressources », MICHÈLE CONINSX, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme de l’ONU, a rappelé que le Secrétaire général avait fait de la réforme de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies l’une de ses priorités, à commencer par le renforcement de la coopération internationale dans ce domaine.

Elle a précisé que cela doit se faire entre les régions et à différents niveaux et que l’échange d’informations en est la pierre angulaire.  Mme Coninsx s’est dite consciente que cet échange et la confiance vont main dans la main.  C’est la raison pour laquelle, depuis ma prise de fonctions, je me suis concentrée sur la mise en place d’un climat de confiance, a-t-elle souligné. 

Lorsque l’on parle d’échange d’informations, a dit la Directrice, il est impératif d’ajouter « respect des droits de l’homme ».  Consciente également que le manque de capacités peut être un frein à cet échange, elle a préconisé une bonne compréhension des forces et des défis de chacun des États Membres. 

La Direction exécutive et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ont mis en place des programmes visant à faciliter l’échange d’informations.  Mais pour la question du retour des combattants terroristes étrangers, c’est la coopération bilatérale qui est perçue comme la clef.  Les enquêteurs doivent en effet traiter de dossiers complexes avec des preuves provenant de multiples sources. La Direction exécutive a une expérience unique pour évaluer la capacité de réaction et d’action des États dans la lutte antiterroriste, a-t-elle poursuivi, ajoutant qu’elle effectue des missions dans les pays et qu’elle dispose d’un réseau de recherche qu’elle partage avec les États Membres.

« L’époque où nous pouvions compter sur des réseaux terroristes traditionnels est révolue et, par conséquent, il est impératif de s’adapter collectivement à cette nouvelle donne pour rester pertinents », a averti la Présidente de cette séance thématique avant d’ouvrir le débat aux États Membres.

Quant à la session intitulée « Lutter contre la menace changeante que représentent les combattants terroristes étrangers », son Président, M. JÜRGEN STOCK, Secrétaire général d’INTERPOL, a affirmé d’emblée que le partenariat ONU-INTERPOL existe depuis fort longtemps et que les deux organisations ont la vision partagée d’aider leurs membres à faire du monde un lieu plus sûr.  Ce partenariat est ancré dans la volonté de soutenir les organismes antiterroristes du monde.

Pour INTERPOL, la Conférence de haut niveau est l’occasion de se pencher sur les solutions rendues possibles par la coopération internationale entre les polices.  Cela fait plus de 30 ans, a souligné le Secrétaire général, qu’INTERPOL a « institutionnellement » reconnu la nécessité de faire face au terrorisme mondial.  INTERPOL a travaillé avec les forces de l’ordre du monde entier pour se préparer et répondre aux flux changeants du terrorisme.  Elle a modifié sa perspective, ses stratégies et ses capacités opérationnelles en même temps la menace évoluait.

Ainsi, en avril 2013, les préoccupations liées aux combattants terroristes étrangers ont poussé INTERPOL à lancer un programme spécial.  En mai 2015, devant le Conseil de sécurité, INTERPOL a attiré l’attention sur les risques de contagion entre les zones de conflit au-delà de la Syrie et l’Iraq.  Aujourd’hui, a constaté le Secrétaire général, nous voyons des mouvements multidirectionnels de ces combattants.

Pour essayer d’endiguer ces mouvements grâce à l’identification rapide des suspects, les pays ont échangé avec INTERPOL les profils des combattants terroristes et pendant les cinq dernières années, le nombre de ces profils n’a cessé d’augmenter.  Le système a permis l’arrestation des suspects aux postes-frontières, l’arrestation en moins de 24 heures de certains terroristes après qu’un pays-source ait donné l’information.  Mais, a reconnu le Secrétaire général, le système montre encore des lacunes qui ont été dangereusement exploitées. 

Il est impératif, a martelé le Secrétaire général, de fluidifier les flux d’informations par-delà les frontières et entre les agences.  Les informations doivent être accessibles là où elles importent le plus.  Toute lacune de la base mondiale des données a un coût trop lourd à payer.

Un système qui fonctionne est déjà en place pour assurer des flux d’informations sécurisés et systématiques dans le monde.  L’état de préparation des premières lignes de front est bien meilleur lorsque les frontières sont connectées aux ressources d’INTERPOL et que la volonté nationale de les alimenter et de les consulter régulièrement existe.

Dans les zones de conflit, les informations sur les combattants terroristes étrangers ne sont connues que des militaires, a fait observer le Secrétaire général, alors qu’elles pourraient être précieuses pour les forces de l’ordre et les agences antiterroristes dans le monde.  M. Stock a vanté la plateforme « fiable » d’INTERPOL, acteur neutre, pour la circulation des informations déclassifiées.

Il a souligné, en concluant, que les partenariats entre les organisations internationales et régionales jouent un rôle critique pour mettre en place des mécanismes multilatéraux au bénéfice de tous. 

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