SC/13611

Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur la violence sexuelle au Soudan du Sud

On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, M. Bernard Tanoh-Boutchoue (Côte d’Ivoire):

Les membres du Conseil de sécurité ont condamné dans les termes les plus énergiques les odieuses violences sexuelles et fondées sur le genre commises contre les femmes ces dernières semaines dans la région de Bentiu, dans le nord du Soudan du Sud.

Les membres du Conseil ont exprimé leur vive inquiétude quant au sort des victimes qui comptaient, selon les informations reçues, au moins 150 femmes et filles, que des hommes armés, en uniforme et en civil, ont attaquées dans des zones contrôlées par le Gouvernement du comté de Rubkona.

Les membres du Conseil ont demandé au Gouvernement sud-soudanais de condamner ces attaques, de faire en sorte qu’une enquête approfondie soit menée et que les auteurs des faits répondent de leurs actes, et de rompre le cycle de l’impunité des violences sexuelles et fondées sur le genre.

Les membres du Conseil se sont dits vivement préoccupés par le fait que des parties au conflit au Soudan du Sud recouraient à la violence sexuelle contre la population civile, notamment contre les femmes et les filles, et ont rappelé que le viol et toute autre forme de violence sexuelle perpétrés en temps de conflit armé pouvaient constituer des crimes de guerre.

Les membres du Conseil ont souligné que quiconque se rendait coupable de violations du droit international humanitaire et de violations des droits de la personne et d’atteintes à ces droits, devait répondre de ses actes et qu’il incombait au premier chef au Gouvernement sud-soudanais de protéger sa population contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.

Les membres du Conseil ont rappelé qu’ils étaient prêts à imposer des sanctions ciblées à l’encontre des personnes et entités qui étaient responsables d’actes ou de mesures qui menaçaient la paix, la sécurité ou la stabilité du Soudan du Sud, notamment celles qui, prenant pour cible des civils, en particulier des femmes et des enfants, se rendaient coupables d’actes de violence, y compris de meurtres, d’atteintes à l’intégrité physique, d’actes de torture, de viols ou d’autres actes de violence sexuelle.

Les membres du Conseil ont demandé aux dirigeants sud-soudanais d’honorer sans délai tous les engagements qu’ils avaient pris dans les accords de cessation des hostilités, en particulier de faire le nécessaire pour que la population civile ne soit pas la cible d’attaques et que personne ne soit victime de viol, de violences sexuelles ou d’actes de torture, et de respecter les engagements souscrits dans le cadre de l’accord de paix revitalisé, notamment en mettant fin à toutes les formes de violences sexuelles et fondées sur le genre.

Les membres du Conseil ont demandé aux dirigeants sud-soudanais d’appliquer le chapitre V de l’accord de paix revitalisé et attendent de toutes les parties concernées qu’elles prennent toutes les mesures voulues en vue de la création du tribunal mixte pour le Soudan du Sud et de la Commission vérité, réconciliation et apaisement. 

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur soutien sans réserve à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et au mandat qu’elle avait de décourager et prévenir les violences sexuelles et fondées sur le genre, dans les limites de ses moyens et de ses zones de déploiement, et de détecter les violations des droits de la personne et atteintes à ces droits ainsi que les violations du droit international humanitaire, de mener des enquêtes, de procéder aux vérifications nécessaires et d’en rendre compte.

Les membres du Conseil ont salué les efforts déployés par les organismes des Nations Unies, les partenaires et les donateurs pour apporter un appui immédiat et coordonné à la population, y compris aux victimes de violences sexuelles et fondées sur le genre, et se sont dit conscients qu’il fallait d’urgence offrir aux victimes une aide constante et durable, notamment médicale, psychosociale et juridique.

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