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Péninsule coréenne, Moyen-Orient, changements climatiques: le Secrétaire général plaide pour « une action audacieuse » en 2018 afin de faire basculer le destin du monde

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a plaidé cet après-midi, lors d’une conférence de presse au Siège de l’ONU, pour une « action audacieuse » en 2018 afin de corriger la trajectoire pour « les domaines dans lesquels la communauté internationale a clairement manqué à ses devoirs », en vue de faire basculer « le destin du monde ». 

Après avoir rappelé qu’il avait demandé début 2017, pour sa première année de mandat, un renforcement de la diplomatie préventive, le Secrétaire général a tiré « la sonnette d’alarme » devant la persistance des conflits, parmi lesquels la situation dans la péninsule coréenne et « le nœud gordien » entre Palestiniens et Israéliens, mais aussi devant les changements climatiques, contre lesquels « nous sommes en train de perdre la course contre la montre ».

Avant de répondre aux nombreuses questions des correspondants de presse, M. Guterres a indiqué que le renforcement des liens entre l’ONU et l’Union africaine (UA), « l’une de mes priorités », serait au cœur de la prochaine visite qu’il doit effectuer à Addis-Abeba, en Éthiopie.  Le Secrétaire général a apporté son soutien à l’Agenda 2063 de l’UA et souhaité que les opérations de paix de l’ONU soient dotées d’un financement pérenne et prévisible.  Il a précisé qu’un nouvel accord conjoint pour le développement devrait être signé entre les deux organisations. 

M. Guterres a également indiqué qu’il se rendrait, en février prochain, en République de Corée pour les Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang, dont il a espéré qu’ils puissent participer à un apaisement des tensions dans la péninsule coréenne.  Interrogé sur ces tensions, le Secrétaire général a affirmé que « la guerre est évitable même si je ne suis pas sûr que la paix soit garantie ». 

Il a tenu à rappeler la forte implication de l’ONU sur ce dossier, matérialisée par la récente visite en République populaire démocratique de Corée (RPDC) du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman.  « Nous connaissons les limites de notre action mais nous sommes déterminés à agir », a-t-il assuré. 

Relevant les récents signaux positifs enregistrés dans la péninsule coréenne, le Secrétaire général a déclaré qu’il existait une « fenêtre d’opportunités » qui, a-t-il espéré, devrait permettre d’éviter une guerre.  « Ne laissons pas passer cette occasion », a-t-il affirmé, avant de juger essentiel des pourparlers directs entre les parties.  « Ceux qui peuvent jouer un rôle de premier plan doivent se parler », a-t-il recommandé.

S’agissant de la Syrie, M. Guterres a rappelé qu’il ne saurait y avoir de solution militaire dans ce pays, avant d’ajouter que l’ONU faisait tout ce qu’elle pouvait pour promouvoir un « dialogue constructif » entre le Gouvernement et l’opposition et faire avancer le processus diplomatique à Genève. 

Se disant satisfait du travail de son Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, il a indiqué avoir demandé aux parties de ne poser aucune condition préalable aux discussions.  M. Guterres a également affirmé que « trop de pays étrangers disposent de troupes en Syrie », jugeant préférable que le peuple syrien règle la situation de lui-même. 

Le Secrétaire général a affiché son optimisme sur le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens, en estimant que la solution des deux États, en faveur de laquelle l’ONU est pleinement engagée, était encore possible.  Il a évoqué le conflit au Timor-Leste, jugé en son temps insoluble, et qui appartient maintenant au passé.  « Faisons tout pour que la solution des deux États devienne réalité », a-t-il martelé. 

Alors qu’un journaliste lui demandait si l’ONU était prête à combler le vide laissé par les États-Unis, depuis leur annonce de Jérusalem comme capitale d’Israël, le Secrétaire général a indiqué que « l’ONU était prête à jouer le rôle que les parties voudront bien lui laisser jouer ».  « Les États-Unis ont des moyens de pression que l’ONU n’a pas », a-t-il fait remarquer, avant d’ajouter qu’il n’y avait pas d’alternative à la solution des deux États. 

Reconnaissant la relation actuelle tendue entre l’Administration américaine et les dirigeants palestiniens, M. Guterres s’est dit vivement préoccupé par l’intention des États-Unis de procéder à des coupes dans le budget de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

« L’UNRWA est un facteur de stabilité et s’il devait être empêché de fournir ses services, ce serait là un défi majeur », a-t-il dit.  Dans ce droit fil, M. Guterres a indiqué que si le budget ordinaire de l’ONU n’avait pas fait l’objet de coupes budgétaires à la demande des États-Unis, il y avait toutefois un « problème » s’agissant du financement des opérations de maintien de la paix.  C’est un problème qui trouvera une solution, a-t-il espéré. 

Le Secrétaire général a ensuite affirmé que le monde était loin d’avoir gagné la bataille contre les conséquences des changements climatiques.  Il a appelé à faire preuve d’une ambition renouvelée en la matière.  Les engagements pris à Paris ne seront pas suffisants pour contenir la montée des températures, a-t-il dit, tout en affirmant que la Chine avait un rôle clef à jouer.

Sur le chapitre « genre », M. Guterres a rappelé la récente nomination d’une femme au poste de conseillère spéciale pour l’Afrique.  « Pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation, il y a désormais une parité hommes-femmes s’agissant des postes à responsabilité », a-t-il affirmé.

M. Guterres a par ailleurs indiqué que le poste de conseiller spécial pour le Myanmar serait bientôt pourvu. 

Le Secrétaire général a tenu à insister sur les progrès enregistrés depuis un an dans la lutte contre les atteintes sexuelles commises par le personnel de l’ONU.  Le délai d’enquête sur les allégations de violence sexuelle est ainsi passé de 42 à 7 jours, a-t-il fait valoir, avant de rappeler la récente nomination d’une défenseure des droits des victimes.  Il a néanmoins estimé que le chemin restait encore long.  « Mais nous ne sommes pas dans le déni, nous savons qu’il y a un problème et nous veillons à le régler », a-t-il assuré.

Enfin, le Secrétaire général a promis, « en ces temps troublés pour l’indépendance des médias », qu’il défendrait résolument l’action de la presse.  Interrogé sur les « propos racistes » qu’aurait proférés le Président américain Donald Trump à l’endroit de certains pays, M. Guterres a voulu rappeler que le respect de la diversité et de la dignité des migrants faisait partie intégrante de l’action du Secrétariat de l’ONU. 

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