Soixante-treizième session,
73e séance plénière – matin
AG/12133

L’Assemblée générale condamne l’attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, et proclame le 25 avril « Journée internationale des délégations »

L’Assemblée générale, qui a proclamé le 25 avril « Journée internationale des délégations », a surtout condamné* aujourd’hui, « avec la plus grande énergie », l’attentat terroriste odieux et lâche commis contre des fidèles musulmans à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, le 15 mars 2019.  La résolution, présentée par le Ministre turc des affaires étrangères, condamne aussi tous les actes de violence et de terrorisme qui continuent d’être commis à l’encontre de personnes, en particulier les membres de minorités religieuses, sous le couvert ou au non d’une religion ou d’une conviction

Saluant l’adoption unanime de la résolution, la Nouvelle-Zélande s’est dite touchée par les marques de sympathie manifestées par tous les musulmans et tous les pays du monde.  L’attaque du 15 mars nous a changés à jamais, a avoué la Nouvelle-Zélande qui a tenu à assurer qu’elle reste et restera une nation ouverte où tous les voyageurs du monde se sentent en sécurité.  Nous sortons de notre deuil mais une chose est claire, cette attaque ne nous a pas divisés, a affirmé la Nouvelle-Zélande.  « Au contraire, nous sommes plus unis que jamais. » 

Par sa résolution, l’Assemblée générale déplore vivement tous les actes de violence visant des personnes en raison de leur religion ou de leur conviction, et ceux visant leurs foyers, entreprises, biens, écoles, centres culturels et lieux de culte, de même que tous les attentats perpétrés, en violation du droit international, contre et dans des lieux de culte, des sites religieux et des sanctuaires. 

Le Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Mevlüt Çavuşoğlu, a déclaré que nous sommes ici pour protéger le caractère fondamental de la vie humaine.  Nous sommes également ici pour condamner le terrorisme contre l’islam et les musulmans parce que l’Assemblée générale, avec ses 193 États Membres, est le meilleur endroit pour réaffirmer notre lutte résolue contre le terrorisme.  Pour le Ministre, la communauté internationale doit parler d’une seule voix et dire qu’elle ne tolèrera plus les actes de terrorisme. 

Son homologue de l’Indonésie, Mme Retno L. P. Marsudi, a appelé à une coopération « concrète ».  Il faut de la vigilance, ont estimé les États-Unis.  Il faut, ont-ils ajouté, mettre l’accent sur la prévention de la radicalisation et sur la réhabilitation des victimes, avec l’aide de la société civile.  La Maison Blanche a d’ailleurs publié une feuille de route contre le terrorisme qui s’appuie notamment sur l’autonomisation des jeunes et des femmes, l’éducation, la communication.  Ce n’est pas facile, mais avec le partenariat mondial, nous pouvons vaincre le terrorisme, ont affirmé les États-Unis.  L’Iran n’a pas manqué de dénoncer ces dirigeants occidentaux qui encouragent l’intolérance contre l’islam et qui interdisent les signes religieux ou l’appel à la prière.  La Ministre indonésienne des affaires étrangères a souligné l’importance du leadership politique pour assoir la tolérance. 

Nous ne devons pas avoir peur de condamner le néonazisme, la suprématie blanche, l’islamophobie, l’antisémitisme et le terrorisme pour ce qu’ils sont, a martelé le Canada dont le Premier Ministre Justin Trudeau a dit: « lorsque nous ne parvenons pas à dénoncer la haine avec une conviction totale, nous donnons du pouvoir aux gens et légitimons leur violence ».  Protéger et promouvoir la liberté de religion ou de croyance comme droit de l’homme, et éliminer toutes les formes de discrimination, sont les priorités de l’Union européenne pour laquelle la résolution souligne la profonde préoccupation de la communauté internationale face à la montée de la discrimination, de la violence et de l’intolérance à l’encontre des communautés religieuses.  L’Union européenne a reconnu les principaux défis auxquels font face les personnes appartenant à des communautés religieuses ou à des minorités à travers le monde, y compris en Europe. 

L’Arabie saoudite, la Jordanie, le Pakistan, la Malaisie et l’Iran ont souligné le rôle des réseaux sociaux et des médias dans la montée du terrorisme.  Détecter les réseaux terroristes sur les réseaux sociaux est notre priorité, a affirmé l’Arabie saoudite, car ces réseaux ne doivent pas être laissés aux terroristes comme espace d’activité.  Toute menace contre un pays doit être prise comme une menace contre tous les autres pays.  Le Koweït a rejeté la confusion entre islam et terrorisme.  Le Ministre turc des affaires étrangères s’en est pris aux politiciens et aux médias qui font cette confusion.  « C’est une injustice de faire de l’islam quelque chose qu’il n’est pas », s’est-il emporté, en rejetant les termes de « terrorisme islamiste » comme si on disait « terrorisme bouddhiste » ou « terrorisme chrétien ». 

Le Nigéria, « victime de Boko Haram », a trouvé que la résolution est une étape importance dans la lutte contre l’intolérance religieuse.  La seule voix discordante est venue d’Israël qui a expliqué qu’il n’était pas coauteur de la résolution, dont les négociations auraient dû se faire plus ouvertement.  Israël a exhorté l’Assemblée générale à lutter contre la résurgence de l’antisémitisme. 

L’Assemblée générale a également décidé** de proclamer le 25 avril « Journée internationale des délégations », qui sera célébrée tous les ans à compter de 2020, l’année du soixante-quinzième anniversaire de la Conférence de San Francisco lors de laquelle 850 représentants ont travaillé à la création de l’Organisation des Nations Unies.  Avec ses 193 États Membres, l’ONU, rappelle la résolution, sert de « principale instance internationale pour un dialogue collectif entre les représentants, femmes et hommes, de ses États Membres ».  La résolution mentionne également la date du 24 octobre à laquelle est célébrée chaque année la Journée des Nations Unies.

Présentant la résolution, le Bélarus a dit que le texte, qui ne fixe pas un nouveau jour férié, est un hommage à ceux qui ont bâti l’ONU.  C’est la responsabilité des délégations, de ceux qui ont travaillé, travaillent et travailleront à l’ONU.  Cette résolution devra donner du sens à nos travaux car ce sont les délégués « ordinaires » qui font l’ONU.  L’Union européenne, moins enthousiaste, a déclaré que cette résolution qui risque de « ternir » l’image de l’Organisation n’apporte aucune valeur ajoutée.  L’accent doit être mis sur nos priorités. 

*A/73/L.79
**A/73/L.78

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