Soixante-treizième session,
85e séance plénière - matin
AG/12147

L’Assemblée générale fait du 22 août une Journée internationale pour les minorités religieuses victimes de violences

Face à la récente multiplication dans le monde des violences contre des personnes issues de minorités religieuses, l’Assemblée générale a décidé, ce matin, de proclamer le 22 août « Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou de leurs convictions ».  Malgré l’adoption du texte par consensus, la séance a été marquée par un vif échange entre la Chine et les États-Unis qui se sont accusés de persécuter leurs minorités religieuses.

Ces derniers mois, nous avons été les témoins d’une « augmentation sans précédent » des actes de violence à l’encontre de personnes issues de communautés et minorités religieuses, a déploré la Pologne, en présentant la résolution A/73/L.85, quelques minutes avant son adoption à l’unanimité.  Elle a mentionné les attaques « épouvantables » du mois de mars dernier contre deux mosquées de la ville néo-zélandaise de Christchurch et celles contre la communauté chrétienne sri-lankaise, pendant le dimanche de Pâques.  Ces évènements tragiques nous ont rappelé à quel point la liberté religieuse est un droit de l’homme fondamental et combien la haine des groupes religieux est susceptible de dégénérer en massacres, a mis en garde la Pologne, l’un des sept coauteurs de la résolution, qui s’en est prise aux gouvernements qui interdisent à leurs minorités religieuses de pratiquer leur foi à la maison ou pendant les rites funéraires. 

Pour honorer les victimes et survivants d’attaques contre des minorités religieuses, l’Assemblée proclame ainsi le 22 août « Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou de leurs convictions ».  Elle invite tous les États Membres, les organismes des Nations Unies concernés, les organisations internationales et régionales et la société civile à célébrer cette Journée « comme il convient ». 

Nous sommes fiers de notre tradition de défenseurs des libertés religieuses sur notre territoire, se sont enorgueillis après le vote les États-Unis, également à l’initiative du texte.  Mais, ont-ils relevé, de nombreuses personnes dans le monde continuent de souffrir en raison de leur foi.  En Chine, plus d’un million de Musulmans ouïgours et kazakhs et d’autres minorités religieuses sont internés depuis plusieurs années dans des camps de travail forcé, ont accusé les États-Unis, appelant tous les États Membres à s’élever contre les « abus » du Gouvernement chinois contre ses minorités religieuses.  

Les minorités ethniques chinoises vivent en parfaite harmonie, a rétorqué la Chine, qui a qualifié d’« infondées » les accusations américaines.  Nous nous sommes tout simplement dotés de programmes de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent dans la région autonome du Xinjiang, où des centres d’éducation et de formation enseignent les langues officielles et permettent d’acquérir ces compétences.  « Ces centres ne sont pas des camps mais des pensionnats », a affirmé la Chine, pour qui la situation à l’intérieur de ces centres est bien différente du portrait qu’en ont dressé les médias occidentaux.  Les minorités ne sont opprimées ni linguistiquement ni culturellement, a martelé la Chine, doutant de la sincérité des États-Unis.  Les peuples autochtones de Hawaï et d’Amérique n’accusent-ils pas le Gouvernement américain de vouloir les éliminer, eux et leurs cultures, et de les empêcher de s’exprimer dans cette enceinte même? a répliqué la Chine.  

Les États-Unis sont un cas typique où le populisme des « politiciens ultranationalistes » comme des médias contribuent à faire prospérer l’islamophobie, a renchéri l’Iran, selon lequel il est de plus en plus difficile de pratiquer la religion musulmane et de s’habiller comme un musulman dans le monde.  Lorsque des groupes néonazis sont qualifiés de « personnes bien comme il faut », il ne faut pas s’étonner des conséquences, s’est indigné l’Iran, qui a condamné la montée des attaques et de la discrimination contre les musulmans.

Bien souvent, l’aggravation de l’extrémisme et les appels à la haine contre des minorités religieuses s’expliquent par un calcul électoral, a déploré l’Égypte, qui a pointé le doigt sur un racisme « sans précédent » contre les migrants et les musulmans, ainsi que les actes de violence dont ils sont victimes.  Ces provocations et pratiques xénophobes, colportées par les médias, ne font qu’alimenter le terrorisme et déstabiliser les États, a dénoncé, à son tour, la Syrie.  Elle a accusé certains gouvernements d’alimenter le terrorisme et de manipuler les instances internationales sur les questions autochtones pour servir leurs propres intérêts.  Le peuple syrien a beaucoup souffert du phénomène des combattants terroristes étrangers, mais certains pays semblent vouloir fermer les yeux sur la question, a déploré la Syrie.

Les actes de violence contre des minorités religieuses visent l’essence même de nos valeurs communes, a déclaré le Brésil, pour qui les communautés religieuses nous rappellent les valeurs d’empathie, de pardon et d’altruisme dont nous avons aujourd’hui besoin.  Le Brésil, un pays autrefois à forte majorité catholique, compte désormais plus de 40% de minorités religieuses et ce changement s’est effectué dans la paix, le respect et la coexistence harmonieuse, grâce à un engagement quotidien en faveur de la paix.  « Tuer les autres au nom de Dieu est une offense à Dieu lui-même », a souligné le Saint-Siège.

L’Assemblée était également saisie d’une note du Secrétaire général A/73/876, dans laquelle il indique que Mme Heidi Mendoza, Secrétaire générale adjointe aux services de contrôle interne, mettra fin à son mandat le 25 octobre 2019.  Mme Mendoza, des Philippines, avait pris ses fonctions le 11 décembre 2015 et devait initialement rester en fonctions jusqu’au 10 décembre 2020.  Le Secrétaire général propose d’engager dès maintenant la procédure de recrutement de son successeur et annonce qu’il soumettra prochainement le nom d’un candidat ou d’une candidate à l’Assemblée.

Par ailleurs, les États Membres ont adopté par acclamation la résolution A/73/L.87, dans laquelle ils appellent à améliorer encore les activités du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral.  Ce dernier avait été créé en 1993 par le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan pour financer des projets écologiques.  Le texte adopté aujourd’hui les invite à renforcer la coopération régionale dans le cadre des activités du Fonds, notamment en matière de développement social et économique, de protection de l’environnement, d’interventions en cas de catastrophe naturelle, de gestion des ressources en eau et d’échange d’informations.  L’Assemblée appelle également à renforcer la coopération entre le Fonds et le système des Nations Unies, tout en examinant la possibilité de mettre en place un programme spécial des Nations Unies pour le bassin de la mer d’Aral.  Des consultations auront lieu à cet égard en 2019 entre le Comité exécutif du Fonds, les États Membres et les entités compétentes des Nations Unies.

Il fut un temps où la mer d’Aral était le quatrième plus grand lac au monde, a rappelé le Turkménistan, en présentant la résolution.  Il est revenu sur la catastrophe écologique qui a frappé la zone d’Asie centrale à partir des années 1960, après la forte décrue des eaux du lac provoquée par l’assèchement de ses affluents.  Sans l’aide et l’appui des institutions financières internationales, des pays développés et de l’ONU, nous ne serons pas en mesure de régler ce problème, a indiqué le pays, l’un des sept coauteurs de la résolution. 

Le manque d’efficacité du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral et l’absence de progrès dans la conduite de sa réforme nous ont incités à geler notre participation au Fonds en 2016, a indiqué après le vote le Kirghizistan, estimant que les négociations entre experts régionaux qui se sont déroulées en 2010 et 2011 pour réformer le Fonds avaient échoué en raison de la position « non constructive » de certains États.  La réforme du Fonds exige les efforts communs de tous ses membres, a insisté le Kirghizistan, espérant que de tels efforts permettraient d’améliorer son efficacité au profit de tous les pays d’Asie centrale.

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