Soixante-quatorzième session,
39e et 40e séances plénières – matin & après-midi
AG/12221

L’Assemblée générale adopte une Déclaration politique pour accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral

L’Assemblée générale, qui a procédé aujourd’hui à l’examen à mi-parcours du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral 2014-2024, a adopté une Déclaration politique, un document qui « nous interpelle » pour aider ces pays à se relier à la prospérité et aux opportunités, a commenté le Secrétaire général de l’ONU. 

Le Programme d’action de Vienne s’articule autour de six priorités: questions fondamentales de politique en matière de transit; développement et entretien de l’infrastructure (infrastructures de transport, énergétique et relative à l’informatique et aux communications); commerce international et facilitation du commerce; intégration et coopération régionales; transformation structurelle de l’économie; et moyens de mise en œuvre.  Il concerne 32 pays dans tous les continents dont 17 font partie des pays les moins avancés (PMA).

À cinq ans de la date butoir, le Népal a, parmi 56 intervenants, posé un diagnostic sans appel: en dépit de quelques progrès, les engagements ont échoué.  Le défi mondial visant à éradiquer la pauvreté est encore loin d’être réalisé, la croissance économique moyenne n’est pas encourageante et la disparité des infrastructures est énorme.  La dépendance aux matières premières reste étroite et soumet les pays en développement sans littoral aux fluctuations des marchés, accroissant leurs déficits commerciaux.  Leur participation au marché mondial reste anecdotique et, en termes de croissance des exportations, ils ont fait dans leur ensemble moins bien que la moyenne des pays les moins avancés (PMA).  La révolution technologique ne les a pas touchés et ils se débattent avec l’impact des changements climatiques. 

Dans leur Déclaration politique (A/74/L.7), les chefs d’État et de gouvernement, les ministres et hauts représentants reconnaissent dans 9 pages et 66 paragraphes les lacunes et les difficultés auxquelles se heurtent ces pays mais énumèrent aussi les mesures pour accélérer la mise en œuvre du Programme d’action.  Ils soulignent l’importance de mobiliser des ressources suffisantes et engagent les partenaires au développement, les entités des Nations Unies, les institutions financières internationales et les organisations internationales et régionales à fournir un appui technique pour aider les pays en développement sans littoral à élaborer et à exécuter des projets d’infrastructure et de transport susceptibles d’être financés.

Les chefs d’État et de gouvernement réaffirment l’importance de l’Accord sur la facilitation des échanges de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et demandent aux pays en développement sans littoral de notifier leurs besoins en matière d’assistance technique.  Ils appellent les partenaires au développement et les banques multilatérales à faciliter le financement du commerce extérieur, et les États Membres à encourager les investissements directs étrangers et la participation du secteur privé.  Dans leur Déclaration politique, les chefs d’État et de gouvernement se félicitent aussi de la création du Groupe de réflexion international sur les pays en développement sans littoral, dont le Directeur exécutif a parlé aujourd’hui.  Ils invitent l’Assemblée générale à envisager de tenir, en 2024, la troisième Conférence des Nations Unies sur ces pays.

L’espoir, a estimé le Secrétaire général de l’ONU, en saluant un document qui « nous interpelle » pour relier les pays enclavés à la prospérité et aux opportunités, est de parvenir à une solution « gagnant-gagnant » incluant les pays de transit et les partenaires au développement.  Comme beaucoup d’autres, M. António Guterres s’est réjoui de l’Accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine.  Les délégations ont aussi été nombreuses à vanter les mérites de l’initiative chinoise « une Ceinture, une Route ». 

La Déclaration politique atteste de la force du multilatéralisme comme seul moyen de traiter des questions transversales, a commenté, à son tour, le Président de l’Assemblée générale, se félicitant de cette feuille de route qui aligne le Programme d’action de Vienne avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 mais aussi le Programme d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  M. Tijjani Muhammad-Bande s’est particulièrement attardé sur les flux financiers illicites qui entravent la mobilisation des ressources domestiques.  Il a voulu que l’on s’appuie sur les technologies numériques pour les déceler et les traquer. 

Les pays en développement sans littoral souffrent surtout des infrastructures inadéquates, des procédures fastidieuses au passage des frontières, des déficiences structurelles et des capacités limitées pour gérer les chocs externes, ont précisé le Groupe des 77 et la Chine.  La géographie ne devrait pas être considérée comme une excuse au sous-développement, a estimé le Rwanda pour qui « sans littoral » ne veut pas dire « pauvreté éternelle ».  Avec d’autres, il a prôné l’intégration régionale et la multiplication des infrastructures de liaison.  Nous soutenons, depuis 1963, l’intégration régionale du continent, a affirmé la Banque africaine de développement (BAD) qui a expliqué son approche « corridor » pour connecter les villes africaines avec une enveloppe de huit milliards de dollars entre 2004 et 2018. 

La BAD a tout de même reconnu les nombreux problèmes des pays en développement sans littoral, dans un continent où les corridors de transport ont été construits surtout pour connecter les pays riches en ressources naturelles aux ports et où il n’y a jamais eu de politique délibérée de connecter le marché africain et de réduire les coûts commerciaux.  Aux appels à l’augmentation de l’aide publique au développement (APD), instrument fondamental pour booster le financement des infrastructures, les États-Unis ont opposé une mise en garde: l’aide extérieure ne saurait, à elle seule, résoudre tous les problèmes des pays en développement sans littoral.  L’aide au développement, ont-ils insisté, ne saurait se substituer à une croissance économique tirée par le secteur privé.  Le développement requiert que ce secteur travaille avec sa contrepartie publique pour relever les défis, ce qui exige transparence, viabilité de la dette, institutions fortes, éradication de la corruption et règlement des problèmes macroéconomiques.

L’Union européenne a défendu les « cadres de financement nationaux intégrés » qui définissent une stratégie financière et aident les gouvernements à hiérarchiser les actions, à gérer les risques et à tirer le meilleur parti des diverses sources de financement.  Toutefois, des difficultés spécifiques se sont ajoutées aujourd’hui à celles énumérées dans le Programme d’action.  L’Arménie, qui s’efforce de développer son potentiel de transit entre l’Asie et l’Europe, a dénoncé les mesures coercitives unilatérales comme le blocus terrestre avec ses voisins de l’ouest et de l’est, ce qui multiplie les défis de l’enclavement. 

Le Zimbabwe a fustigé des sanctions imposées par certains États Membres des Nations Unies, qui l’empêchent d’avoir accès aux aides du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.  Le Tchad a parlé des attaques terroristes de Boko Haram qui paralysent les exportations et importations avec le Nigéria, la Libye et la République centrafricaine.  L’Afghanistan, qui traverse une période sécuritaire difficile, a dit: vivre dans une région complexe du point de vue géopolitique vous expose à l’imprévisibilité des routes commerciales.  Les commerçants afghans ne savent jamais si leurs produits agricoles pourront être exportés au bon moment. 

L’Assemblée générale a fixé au mardi 24 décembre la fin de cette première partie de session pour laisser du temps à sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  L’examen à mi-parcours du Programme d’action de Vienne devrait s’achever demain vendredi 6 décembre.  La première séance aura lieu à partir de 10 heures dans la salle du Conseil de tutelle. 

SÉANCE PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE CONSACRÉE À L’EXAMEN À MI-PARCOURS DE LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE VIENNE POUR LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT SANS LITTORAL POUR LA DÉCENNIE 2014-2024

Déclarations liminaires

Nous sommes tous pleinement conscients des désavantages géographiques des 32 pays en développement sans littoral, a déclaré M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU: ces pays sont éloignés, n’ont pas accès à la mer et les autres formes de connexion comme les routes, les chemins de fer, l’autoroute numérique manquent ou ne sont pas assez développés.  La conjugaison de ces désavantages augmente les coûts, limite les possibilités et empêche l’intégration de ces pays à l’économie mondiale et régionale, ce qui ne manque pas d’avoir un impact négatif sur la lutte contre la pauvreté et pour le développement durable. 

Mais, a affirmé le Secrétaire général, avec des partenariats, ces défis peuvent être relevés.  La coopération entre les pays de transit et les partenaires au développement est cruciale, a-t-il souligné, prônant le bon mélange des politiques, des investissements accrus, des infrastructures de transit fiables, des opérations douanières efficaces et un accès amélioré aux technologies.  Nous voulons, a dit M. Guterres, la coopération de la communauté internationale pour mobiliser la quantité massive de ressources qui continuent de sortir des pays en développement sans littoral sous la forme de flux financiers illicites.  Nous devons aussi, a-t-il ajouté, aider les pays sans littoral endettés ou menacés de l’être.

Nous avons, a encore affirmé le Secrétaire général, les outils pour gommer les distances et le manque d’efficacité.  Nous avons aussi le cadre de travail qu’est le Programme d’action de Vienne.  L’espoir, a-t-il estimé, est de parvenir à une solution « gagnant-gagnant » pour les pays sans littoral, les pays de transit et les partenaires au développement.  Parmi les progrès, le Secrétaire général a cité l’Accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine et l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la facilitation des échanges. 

Toutefois, a-t-il reconnu, l’intégration commerciale demeure faible, soit moins d’1% des exportations mondiales; plus de 80% des exportations des pays en développement sans littoral sont des produits de base; les infrastructures sont toujours inadéquates; l’investissement étranger direct (IED) continue de baisser; et l’impact de la crise climatique s’aggrave.  Dix-sept des pays sans littoral sont aussi dans la catégorie des pays les moins avancés (PMA), lourdement dépendants de l’aide publique au développement (APD) laquelle doit augmenter et devenir plus prévisible et laquelle exige des gouvernements qu’ils soient plus efficaces dans l’adaptation de cette aide aux priorités nationales.

Les partenaires au développement, a conclu le Secrétaire général, doivent travailler ensemble pour mobiliser ressources domestiques et ressources externes et les orienter vers les priorités génératrices de croissance.  Les financements novateurs pour les infrastructures doivent se multiplier et l’appui à l’émergence du secteur privé dans les pays en développement sans littoral et à l’amélioration du climat des affaires doit s’intensifier, tout comme l’assistance technique et l’aide au renforcement des capacités.  Comme toute décision et politique doivent se fonder sur des données, il faut aussi, a ajouté le Secrétaire général, améliorer les systèmes nationaux de statistiques. 

Commentant la Déclaration politique qui sera adoptée par l’Assemblée générale aujourd’hui, M. Guterres a indiqué que ce document « nous interpelle pour aider » les pays en développement sans littoral à devenir des « lieux reliés » à la prospérité et à l’opportunité. 

« Joignons nos forces pour aider les 32 pays en développement sans littoral à réaliser des transformations durables et de meilleurs niveaux de vie pour plus de 500 millions de personnes qui appellent ces pays leurs maisons », a conclu le Secrétaire général, pour qui le « système des Nations Unies réformé et repositionné » reste fortement engagé à appuyer de tels efforts.

M. TIJJANI MUHAMMAD-BANDE (Nigéria) Président de l’Assemblée générale, a remercié les États Membres de leurs efforts en vue de parvenir à un accord sur la Déclaration politique qui atteste, a-t-il dit, de la force du multilatéralisme comme seul moyen de traiter des questions transversales comme celles concernant les pays en développement sans littoral, les pays de transit et les pays développés.

La Déclaration politique, a-t-il estimé, offre une feuille de route qui aligne les objectifs du Programme d’action de Vienne sur les objectifs de développement durable dont le premier d’entre eux, l’éradication de la pauvreté, est une condition préalable au développement.  C’est d’ailleurs pour cette raison, a-t-il rappelé, que j’ai fait de l’éradication de la pauvreté une des priorités de cette soixante-quatorzième Assemblée.

Les pays en développement sans littoral risquent d’être laissés de côté alors qu’un tiers de leur population vit dans des conditions d’extrême pauvreté, que leur croissance économique a décliné ces cinq dernières années, que l’indice de développement humain moyen y est inférieur à la moyenne mondiale d’environ 20% et que sur les 10 pays les moins avancés, 7 sont sans littoral.  De plus, ces pays sont particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques et confrontés à la désertification, à la dégradation des sols, à la sécheresse, à la perte de biodiversité et à la fonte des glaciers. 

Deux d’entre eux, le Malawi et le Zimbabwe, ont d’ailleurs essuyé, il y a quelques mois, de violents cyclones, a rappelé le Président.  Le taux de malnutrition atteignait dans ces pays le taux alarmant de 23,2% en 2016, et l’insécurité alimentaire affecte plus de la moitié de la population, soit 51,6%.  Enfin, 40% de leurs habitants n’ont aucun accès à l’électricité, ce qui impose d’investir massivement dans le développement des infrastructures, a-t-il insisté.

Ce profil doit changer, a poursuivi le Président, en évoquant les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne: le rang des pays en développement sans littoral dans l’Index du développement humain a progressé de 1,5% entre 2014 et 2018 en particulier, les indicateurs de santé, d’éducation et d’égalité des genres, dont un taux de scolarisation des filles de 43,4% en 2016 contre 34,2% en 2010.  De même, les infrastructures de transport ont évolué, en particulier le transport aérien qui a augmenté de 8,4% depuis l’adoption du Programme d’action et des accords commerciaux ont permis l’ouverture de couloirs de transit régionaux depuis 2014. 

La mise en œuvre effective de la Déclaration politique, a encore prévenu le Président, exigera le partenariat des tous les États mais aussi du secteur privé, de la société civile, de la jeunesse et des milieux universitaires.  Elle comprend des engagements sur les objectifs et des actions à impact rapide pour lever tous les obstacles juridiques, sociaux et économiques à l’égalité des genres. 

Le Président s’est dit encouragé par les engagements des États Membres, en particulier ceux pris lors du Forum sur le financement du développement, de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud (BAPA+40) et du Sommet sur le développement durable.  Il s’agit maintenant de faire en sorte que ces efforts se poursuivent et cela suppose de lutter contre les flux financiers illicites qui entravent la mobilisation des ressources domestiques, en s’appuyant notamment sur les technologies numériques pour les déceler et les traquer.  Les pays en développement sans littoral doivent continuer de favoriser les investissements privés et d’améliorer, pour ce faire, leur gouvernance économique et leurs systèmes et régulations bancaires. 

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a regretté que les efforts réalisés jusqu’à présent pour la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne restent « insuffisants ».  Les 32 pays en développement sans littoral sont toujours confrontés à des défis liés à leur éloignement géographique, leur manque d’accès direct à la mer et à leur isolement par rapport aux marchés mondiaux.  Ces défis, a ajouté M. Mansour, sont exacerbés par des infrastructures inadéquates, des procédures fastidieuses aux frontières, des déficiences structurelles et des capacités limitées pour gérer les chocs externes.

Le développement des infrastructures, notamment dans les domaines du transport en transit, des technologies de l’information et des communications, et de l’énergie, est la clef, a dit le représentant, pour réduire le coût du développement et améliorer la compétitivité de ces pays.  Leur participation au commerce mondial reste « marginale » et nous sommes préoccupés par le fait que ces pays comptent pour moins d’1% des exportations mondiales et que nombre d’entre eux connaissent des déficits commerciaux.  De plus, a ajouté le représentant, l’impact des changements climatiques sape leurs efforts en matière de développement durable. 

Nous sommes tous d’accord pour dire que ces défis ne sont pas insurmontables, a poursuivi M. Mansour, en prévenant tout de même que l’application « intégrale » du Programme d’action de Vienne est « fondamentale » pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030.  Il a salué la Déclaration politique et plaidé pour des partenariats durables et efficaces entre les pays en développement sans littoral, les pays de transit, les partenaires au développement, ainsi qu’une série de parties prenantes, dont la société civile, le secteur privé, les milieux universitaires et la jeunesse. 

M. MANQOBA BHEKI KHUMALO, Ministre du commerce et de l’industrie d’Eswatini, a mentionné parmi les défis de son pays, outre le fait d’être enclavé, un déficit budgétaire grandissant, un taux de croissance en baisse et des entraves au développement du secteur privé.  Cinq secteurs de croissance clefs ont été identifiés: l’éducation et les nouvelles technologies de l’information, les mines et l’énergie, l’agriculture, la manufacture et le tourisme.  Il a rappelé l’objectif premier de la politique industrielle et commerciale de son pays, à savoir la diversification de sa production et l’augmentation des exportations à 5% du PIB.  Le Ministre a indiqué que son pays figure au premier rang des échanges transfrontières en Afrique, grâce notamment à l’adoption de la feuille de route nationale pour la facilitation des échanges.  Cette feuille de route vise la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement moderne et sûre et la réduction des coûts commerciaux et des pertes de temps de 30% d’ici à 2022.  Dans ce cadre, l’assistance technique et financière demeure « cruciale », a conclu le Ministre. 

M. RALPH PACHALO JOOMA, Ministre des transports et des travaux publics du Malawi, a indiqué que son pays accorde la plus haute importance au Programme d’action de Vienne, dans la mesure où sa seule voie d’accès au littoral passe par la République-Unie de Tanzanie, le Mozambique et l’Afrique du Sud.  Une traversée coûteuse sur le plan logistique; la facture étant alourdie par la faible production énergétique, le coût élevé des technologies de l’information et des communications et l’impact des changements climatiques, autant de facteurs qui amoindrissent la compétitivité des exportations malawiennes.  C’est la raison pour laquelle le Gouvernement a intégré à la fois le Programme d’action de Vienne et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans sa stratégie nationale, et dans ses stratégies sectorielles comme le Plan-cadre national des transports.  Toutefois, le principal défi reste l’insuffisance des ressources, a souligné M. Jooma, en saluant, dans ce cadre, le Programme de développement des infrastructures en Afrique, défendu par l’Union africaine. 

Au nom des pays nordiques, M. JENS FROLICH HOLTE (Norvège) a considéré, à son tour, que les obstacles auxquels se heurtent les pays en développement sans littoral ne sont pas insurmontables et le Programme d’action de Vienne peut en venir à bout.  Des progrès encourageants ont été accomplis, s’est félicité M. Holte, notant que le secteur des exportations dans son ensemble s’est considérablement diversifié.  La proportion moyenne de la population des pays en développement sans littoral disposant d’un accès à l’électricité est passé de 49% à 56%, a-t-il observé, avant de dire qu’en Afrique, dans certains couloirs commerciaux, comme le corridor de Trans-Kalahari, les objectifs fixés par le Programme d’action de Vienne sur l’amélioration des conditions de transit ont été atteints. 

Les pays nordiques, a rappelé le représentant, orientent leur aide publique au développement (APD) vers les pays les plus vulnérables.  L’APD norvégienne aux pays les moins avancés est par exemple passée de 48% en 2016 à 53% en 2018, dont une partie significative va aux pays en développement sans littoral.  Tous les États doivent augmenter leur APD, a pressé le représentant, en expliquant qu’elle est particulièrement justifiée pour l’atténuation des risques climatiques et la réduction des risques de catastrophe naturelle, sachant que les pays en développement sans littoral sont souvent frappés de plein fouet par des crises qu’ils n’ont pas causées.  Le représentant a conclu en insistant sur la pertinence des partenariats public-privé.

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a indiqué que son pays a toujours aidé les pays en développement sans littoral à « transcender » leurs désavantages géographiques, comme l’atteste la tenue, en 2003 au Kazakhstan, de la première Conférence de l’ONU sur ces pays.  Passant en revue les progrès accomplis par son pays dans la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, il a indiqué que le Kazakhstan est devenu membre de plein droit de l’OMC.  Il a aussi mis en avant le rôle de son pays dans l’initiative chinoise « une Ceinture, une Route ».  Nous avons, a-t-il précisé, construit plus de 2 500 kilomètres de routes, reconstruit 12 000 kilomètres d’autoroutes, ouvert le couloir de transit « Europe occidentale-Chine occidentale », bâti le port sec de Khorgos à la frontière chinoise et modernisé le port d’Aktau sur la mer Caspienne.  En ce qui concerne la transformation structurelle de l’économie, le délégué a indiqué que plus de 1 200 nouvelles entités industrielles ont été créées, 24 nouveaux secteurs manufacturiers ayant par ailleurs émergé autour des technologies novatrices. 

Le Vice-Ministre a encouragé les pays en développement sans littoral à mettre pleinement en œuvre les accords déjà signés, à harmoniser les procédures douanières, à réduire leur dépendance aux produits de base, à recourir davantage aux énergies renouvelables et à apprendre des uns des autres, en collectant les éléments statistiques nécessaires.  Le Kazakhstan entend coordonner l’action collective des pays en développement sans littoral, des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement, afin de former un « bloc de négociation » solide dans toutes les enceintes pertinentes et faire « entendre notre voix ».

La République démocratique populaire lao a, d’ores et déjà, mis en œuvre les domaines prioritaires du Programme d’action de Vienne, grâce à l’intégration de ce dernier dans la Stratégie nationale de développement, a affirmé M. VIENGSAVATH SIPHADONE, Vice-Ministre des travaux publics et des transports.  Les efforts ont permis des « progrès considérables » dans le développement socioéconomique mais aussi dans l’intégration régionale et mondiale.  En matière d’infrastructure, le but est de faire de la République un « pays désenclavé ».  Nous pouvons, en effet, a expliqué le Vice-Ministre, devenir un « hub régional » pour le commerce et les communications, et nous y avons « massivement » investi.  Pour illustrer ses propos, le représentant a cité les corridors, les ponts reliant son pays à la Thaïlande et au Myanmar et les six projets dans le cadre du Plan stratégique ferroviaire 2016-2030, y compris la coopération avec la Chine, dans le cadre de l’initiative « une Ceinture, une Route ». 

La politique commerciale du pays repose sur la Zone de libre-échange de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Un Comité national de facilitation du commerce a été créé, en 2018, pour surveiller, superviser et faciliter les opérations commerciales dans le pays.  Notre pays, a encore indiqué le Vice-Ministre, vient de déposer son instrument de ratification de l’Accord intergouvernemental sur les ports secs.  Il a tout de même conclu en soulignant les difficultés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, dont des contraintes financières, des infrastructures logistiques inadéquates, une faible capacité de production, une compétitivité limitée ou encore la lourdeur des formalités douanières.

Mme SHOISTA SAIDMURODZODA, Vice-Ministre des transports du Tadjikistan, a espéré que son pays pourra mettre en place un système de transit et de commerce efficace, en s’appuyant sur ses voisins.  Le Tadjikistan est devenu membre de l’OMC en 2014, un statut qui lui a permis notamment de faciliter les procédures d’importation et d’exportation.  Le Gouvernement a donc investi dans les infrastructures le long de ses frontières, accélérant la circulation des biens et des personnes.  Parmi les questions en suspens, Mme Saidmurodzoda a évoqué la nécessité de mettre en œuvre des projets régionaux avec le soutien des donateurs, la réduction des coûts opérationnels des échanges commerciaux et l’amélioration des capacités logistiques.

M. HISSEIN TAHIR SOUGOUMI, Secrétaire d’État à l’économie et à la planification du développement du Tchad, a relevé qu’en plus du non-accès à la mer, le Tchad souffre également des difficultés de communication sur le plan intérieur, ce qui rend l’accès à certaines régions aléatoire.  En plus des efforts consentis dans le domaine des infrastructures, le pays fait partie de plusieurs initiatives bilatérales, sous-régionales et régionales visant à intensifier l’interconnexion routière et ferroviaire en Afrique.  Le Secrétaire d’État a ainsi cité des projets d’extension du chemin de fer camerounais et celui du Soudan vers le Tchad, ainsi que différents projets infrastructurels du G5 Sahel et le projet de la Route transsaharienne.  Dans le cadre de la facilitation du commerce, le Gouvernement tchadien a adopté, depuis 2014, des mesures visant la modernisation des administrations fiscale et douanière, comme en atteste le projet de migration du Système douanier automatisé SYDONIA vers SYDONIA World qui est financé par la Banque mondiale. 

En outre, le Tchad entend promouvoir l’industrialisation afin de sortir de la dépendance du pétrole et diversifier la structure de la production, afin de mieux répondre à la vulnérabilité d’une économie dominée par une monoproduction et se tourner vers une économie diversifiée et tirée par des produits manufacturés.  M. Sougoumi a également évoqué le projet de connectivité des villes frontalières tchadiennes au réseau électrique camerounais, et le projet de fibre optique pour réduire le coût des communications téléphoniques et d’Internet.  Il a indiqué que l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale constitue un grand espoir pour le Tchad qui a été l’un des tout premiers pays à ratifier le traité. 

Parmi les défis de la mise en œuvre du Programme de Vienne, il a évoqué la persistance des conflits dans les pays voisins, notamment les attaques terroristes de Boko Haram.  De ce fait, toutes les exportations et importations avec le Nigéria, la Libye et la République centrafricaine sont arrêtées, avec des pertes énormes.  Il a aussi mentionné la stagnation des infrastructures de transport ces dernières années, l’éloignement des principaux marchés, les systèmes logistiques inefficaces et les prélèvements de toutes sortes effectuées sur le principal corridor des transports routiers.  M. Sougoumi a relevé que le Tchad consacre 30% de ses recettes budgétaires en soutien aux efforts sécuritaires de lutte contre le terrorisme qui ravage le Sahel et le bassin du lac Tchad.  Il a donc lancé un appel aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, publics et privés, à renforcer l’appui aux pays en développement sans littoral, en vue de la réalisation du Programme 2030 et du Programme d’action de Vienne. 

Au cours des cinq premières années de mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, a déclaré M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay), le PIB par habitant des pays en développement sans littoral n’a cessé de diminuer.  Quant aux indices de développement humain, a ajouté le représentant, ils se sont maintenus en dessous de la moyenne mondiale.  M. Arriola Ramírez a toutefois mentionné les progrès réalisés par ces pays, dont le Paraguay, en matière de santé, d’éducation, d’égalité des genres, d’autonomisation des femmes et d’accès à l’eau potable.  Entre autres développements positifs, il a cité l’amélioration de l’accès aux technologies de l’information et des communications, le renforcement de l’intégration régionale et l’entrée en vigueur de l’Accord sur la facilitation des échanges (AFE) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Toutefois, aux yeux de M. Arriola Ramírez, ces avancées sont insuffisantes pour remplir les objectifs du Programme d’action de Vienne.  En effet, a-t-il précisé, la participation des pays en développement sans littoral à l’économie mondiale a globalement diminué et leurs économies ne se sont pas suffisamment diversifiées.  En parallèle, ces pays sont en proie de manière disproportionnée aux effets des changements climatiques, a regretté le représentant, citant notamment la désertification, la dégradation des terres et les sécheresses.  « Au total, un tiers de notre population vit toujours dans une situation d’extrême pauvreté », a-t-il déploré.  Dans ce contexte, M. Arriola Ramírez a salué la reconnaissance des besoins spécifiques des pays en développement sans littoral dans le Programme 2030 qui appuie le Programme d’action de Vienne.

Selon M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), il est clair que les modèles financiers ne suffiront pas aux pays en développement sans littoral pour atteindre les objectifs du Programme 2030.  Il est donc crucial de mobiliser tous les flux financiers disponibles.  Ces pays doivent développer une vision stratégique du financement de leurs objectifs de développement durable.  À cet égard, le représentant a mis en avant les « cadres de financement nationaux intégrés » qui lient les différents éléments du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, à l’échelle nationale, tout en facilitant la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Ces cadres définissent une stratégie financière et aident les gouvernements à hiérarchiser les actions, à gérer les risques et à tirer le meilleur parti des diverses sources de financement.

Les infrastructures commerciales sont également cruciales pour les pays en développement sans littoral, dont la croissance économique est freinée par les lacunes de leurs réseaux d’infrastructure.  L’Union européenne, a dit son représentant, a lancé un plan d’investissement extérieur pour l’Afrique et le voisinage européen (PIE), destiné à générer 44 milliards d’euros de nouveaux investissements dans les secteurs les plus générateurs d’emplois décents et de croissance.

En outre, l’UE travaille sur les financements durables pour aider les investisseurs à des opportunités durables et, par ce biais, connecter la finance mondiale aux besoins locaux.  L’Union européenne crée par exemple des incubateurs de projets susceptibles d’intéresser les banques.  Le PIE soutient les investissements contre les changements climatiques et facilite les partenariats public-privé.  Déterminée, via son Programme d’aide au commerce, à intégrer les pays en développement sans littoral au système commercial multilatéral, l’UE soutient les efforts de coopération régionale et salue la création de réseaux régionaux de production d’énergies renouvelables, a conclu le représentant. 

M. KINGA SINGYE (Bhoutan) a expliqué que, grâce à la philosophie du « Bonheur national brut (BNB) », le Bhoutan a fait de réels progrès dans la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne: stabilisation de la croissance économique, ces cinq dernières années, amélioration du développement social par la réduction de la pauvreté, et mise en place des infrastructures d’accès et de connexion.  Le Bhoutan sera le premier pays en développement sans littoral à sortir de la catégorie des pays les moins avancés en décembre 2023, a pronostiqué le représentant.  Il a tout de même énuméré les contraintes de son pays: petite population, diversification économique limitée, prix élevés du commerce et intégration limitée aux marchés régional et international. 

Pour le Bhoutan, a poursuivi le représentant, les priorités sont la transformation de la structure économique et le renforcement des capacités de production, grâce au développement des compétences.  Le pays doit aussi augmenter les investissements dans le tourisme, l’agriculture biologique, l’industrie légère et l’artisanat, et créer un écosystème des entreprises offrant une plateforme pour l’innovation afin de créer des emplois avec la participation du monde des affaires.  Grâce à sa gestion fiscale prudente, le Bhoutan finance déjà sur fonds propres 64% de ses dépenses de développement et met en œuvre le programme « Bhoutan for Life », un mécanisme novateur de financement vert pour augmenter les ressources de la conservation de l’environnement. 

Pour M. JAN KICKERT (Autriche), le soutien des partenaires au développement est essentiel pour compléter les efforts des pays en développement sans littoral.  L’Autriche, elle-même pays sans littoral, a débloqué la somme de 42,7 millions d’euros au titre de l’APD en 2017 et, plus récemment, elle a accordé une aide humanitaire totalisant 1,4 million d’euros à l’Éthiopie et au Burkina Faso, où des situations de conflit ont exacerbé l’impact des changements climatiques.  Pour l’Autriche, la coopération et l’intégration régionales sont essentielles pour relever les défis de l’absence de littoral. 

En tant que pays industriel au marché intérieur restreint, l’Autriche dépend largement des exportations.  À ce propos, a souligné le représentant, les répercussions positives de l’intégration européenne ont été « indéniables ».  Le secteur privé, a-t-il souligné, a un rôle central à jouer dans la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne.  Les pays sans littoral devraient se concentrer sur ce qui est nécessaire pour attirer davantage d’investissements étrangers directs, dont l’instauration d’un climat des affaires stable, prévisible et favorable.  L’état de droit, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, l’égalité entre les sexes et des institutions transparentes et comptables de leurs actes sont des « facteurs de succès », a insisté le représentant. 

M. LANG YABOU (Gambie) a rappelé que l’Afrique, à elle seule, compte 16 pays en développement sans littoral.  Avec l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine et du Marché unique du transport aérien africain, les opportunités sont là pour faciliter le commerce et le transit entre pays côtiers et pays sans littoral, s’est réjoui le représentant.  Il faut capitaliser sur ces initiatives pour faire progresser le Programme d’action de Vienne, a dit le représentant, qui a espéré le soutien du système onusien et des autres partenaires.  Il a d’ailleurs rappelé à la communauté internationale d’augmenter la part des pays en développement sans littoral dans l’APD.  Ces pays devraient pourvoir bénéficier d’une assistance technique pour collecter et traiter les données statistiques nécessaires à la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne.  Sur le front de la coopération régionale, le représentant s’est enorgueilli de l’inauguration du pont Sénégambie qui a significativement fait baisser le temps de transport des biens et des personnes entre le Sénégal et la Gambie et dans la région en général.  Mon pays, a-t-il assuré, est prêt à soutenir les initiatives de connectivité régionale.

Mme ADELA RAZ (Afghanistan) a souligné, à son tour, l’importance de la connexion régionale et de l’intégration économique.  L’Afghanistan, a-t-elle rappelé, traverse une période sécuritaire difficile.  À cause du manque d’accès, les biens afghans n’atteignent que « rarement » les marchés régionaux et internationaux.  Nous ne comprenons que trop bien la vulnérabilité liée à une trop grande dépendance à un seul pays, a-t-elle avoué.  Vivre dans une région complexe du point de vue géopolitique vous expose à l’imprévisibilité des routes commerciales.  Les commerçants afghans, a-t-elle expliqué, ne savent jamais si leurs produits agricoles pourront être exportés au bon moment.  La priorité de l’agenda économique est donc de diversifier l’économie et de connecter l’Afghanistan aux marchés extérieurs à la région, dont l’Europe et les pays du Golfe. 

Les efforts portent donc sur la transformation en un « pays désenclavé », grâce à des investissements dans les routes commerciales et de transit pour ouvrir aussi la voie aux marchés de l’Asie centrale et du Sud.  La représentante a évoqué, dans ce cadre, l’Accord sur le Couloir lapis-lazuli de transit, de commerce et de transport avec le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, la Turquie et la Géorgie, qui permet aux produits afghans d’accéder aux marchés européens.  L’Accord de Chabahar avec l’Inde et l’Iran ouvre une autre route commerciale et de transit.  Fort de la conviction que l’Afghanistan peut faire de son emplacement géographique « une source de stabilité » au lieu d’une « source de vulnérabilité », elle a souligné qu’au nord, il y a un marché riche de l’énergie et, au sud du pays, une forte demande en énergie.  L’Afghanistan peut faire la jonction entre ces deux marchés, comme en atteste le projet du gazoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde.

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a estimé que relever les défis des pays en développement sans littoral et des pays de transit exigent une action collective de la communauté internationale.  Le représentant a indiqué que l’Irlande est fière des partenariats qu’elle a noués avec ces États, et s’est tout récemment réengagée à renforcer, approfondir et élargir ces derniers, qui ont été conçus pour promouvoir une croissance économique inclusive et le commerce et soutenir les initiatives de nature à dynamiser le commerce et l’investissement.  Rien que la semaine dernière, dans le cadre de notre nouvelle politique de développement, nous avons, a indiqué le représentant, lancé une stratégie de coopération avec nos partenaires au développement africains.  Cette Stratégie 2025 pour l’Afrique permettra de renforcer les partenariats politiques avec différents pays et institutions du continent.  Le représentant s’est félicité de la Zone de libre-échange continentale africaine, soulignant les mérites de l’intégration régionale.

Pour qu’ils deviennent de vrais partenaires au développement, a estimé M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte), les pays en développement sans littoral doivent renforcer leurs capacités de production et accélérer la transformation de leur structure économique, grâce à la diversification économique, à un meilleur accès aux technologies de l’information et des communications et à l’énergie, et au développement du capital humain.  La coopération doit aller au-delà du commerce et s’élargir aux infrastructures, au transport et à l’industrialisation, grâce à des liens entre les chaînes d’approvisionnement régionaux et internationaux, au commerce intrarégional et à la création de zones économiques spéciales. 

Le représentant a aussi insisté sur la nécessité d’attirer les investissements privés et de renforcer la coopération Sud-Sud avec l’implication des donateurs.  Il n’a pas oublié de souligner l’importance de l’APD laquelle, a-t-il précisé, doit s’aligner avec les priorités et les stratégies de développement des pays récipiendaires.  Le représentant a rappelé la quatrième édition du Forum des investissements pour l’Afrique que son pays a organisée le 19 novembre dernier, à l’occasion de laquelle 13 contrats d’un total de 3 billions de dollars ont été signés.  Le Forum a fait sept recommandations dont un appel aux institutions financières internationales et aux fonds d’investissements pour qu’ils financent les projets d’infrastructure en Afrique. 

Le représentant s’est réjoui des opportunités créées par la Zone de libre-échange continentale africaine et a annoncé la tenue, le mois prochain, à Assouan, du Forum « Paix et développement durable ».  L’Égypte, a-t-il conclu, a mis en place son agence du partenariat pour le développement qui est sa première institution pour la coopération Sud-Sud, alors que plusieurs de ses entreprises ont déjà investi dans le secteur des infrastructures des pays en développement sans littoral, en particulier les télécommunications et la construction. 

M. WU HAITAO (Chine) a considéré que les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne sont inégaux et que la communauté internationale doit continuer d’aider les pays en développement sans littoral à réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  À cette fin, le représentant a préconisé trois lignes d’action: renforcer la coopération internationale au développement, afin de créer un environnement favorable à ces pays; construire ensemble « une économie mondiale ouverte », en s’opposant à l’unilatéralisme et au protectionnisme; et édifier « un partenariat mondial de connectivité ».  Il s’agit de renforcer la coopération entre les pays en développement sans littoral et les pays de transit, et de les aider à mieux s’intégrer dans les chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales.  La Chine, a rappelé M. Wu, a toujours appuyé les pays en développement sans littoral.  Dans le cadre de son initiative « une Ceinture, une Route », elle est activement engagée dans une coopération pratique avec ces pays.

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a souhaité que l’action en faveur des pays en développement sans littoral s’oriente vers quatre points, et d’abord le renforcement de l’intégration régionale afin d’améliorer la qualité des infrastructures de transport, les facilités commerciales et les mécanismes de marché.  Deuxièmement, il faut élargir l’accès des pays en développement sans littoral à l’électricité et aux sources d’énergies renouvelables.  C’est d’ailleurs ce que l’Italie fait, notamment en Afrique, grâce à son secteur privé, comme en témoignent les projets d’énergie solaire en Zambie et en Éthiopie. 

Le troisième point à fort impact est en effet le renforcement du rôle du secteur privé.  À ce propos, la représentante a invité les pays en développement sans littoral à créer un climat des affaires attrayant, lequel passe par la protection des droits de la propriété intellectuelle, l’état de droit et la participation démocratique à tous les niveaux.  Il est aussi question, a-t-elle argué, de veiller à ce que les groupes vulnérables, y compris les femmes et les jeunes, aient accès aux opportunités économiques.  La représentante a également mis l’accent sur le renforcement des capacités pour pouvoir négocier les questions complexes de l’investissement.  Il faut, a-t-elle conclu, investir dans le capital humain, car l’éducation et la formation sont des « éléments fondamentaux » de toute stratégie de long terme de développement durable. 

Le Canada souhaite renforcer la coopération avec ses partenaires des pays en développement sans littoral, a affirmé M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada), pour lequel le Programme 2030 représente une opportunité unique pour travailler ensemble.  Il s’est toutefois dit conscient du fait que le développement a été irrégulier dans le monde, en particulier pour les pays en développement sans littoral qui connaissent des obstacles structurels graves, liés en partie à leur éloignement des marchés mondiaux.  « Ces pays risquent de rester à la traîne », a-t-il alerté, d’autant plus que l’impact des changements climatiques ne fait qu’aggraver leur situation.  Dans le même temps, des opportunités existent pour ces pays qui peuvent exploiter les technologies nouvelles et l’économie digitale pour soutenir leur développement.  Le Canada mise en effet sur une coopération au cas par cas avec ses partenaires en développement sans littoral pour prendre en compte leurs contextes spécifiques.  Ainsi, il collabore avec l’Éthiopie pour accroître sa productivité agricole, améliorer la nutrition et promouvoir les possibilités d’emploi et de moyens de subsistance, en particulier pour les femmes.  En Afghanistan, l’aide au développement du Canada est axée sur la santé, l’éducation, les droits des femmes et des filles et l’accroissement des possibilités économiques des femmes alors qu’au Mali, le Canada appuie les politiques et programmes visant à améliorer l’accès aux services de santé reproductive, maternelle et infantile et à l’éducation primaire.

Conscient des besoins en infrastructure des pays en développement sans littoral en tant que vecteurs de leur croissance, le Canada soutient les efforts internationaux pour renforcer les investissements du secteur privé dans les infrastructures à travers le G7, G20, l’ONU et les banques de développement multilatérales.  À ce titre, le représentant a cité le soutien canadien à l’initiative « Closing the investment gap » et au « Global Infrastructure Hub » de la Banque mondiale.  Le Canada applique par ailleurs une franchise de douane aux produits importés des pays en développement sans littoral depuis 1983.  L’une de ses cinq priorités, quand il sera au Conseil de sécurité, est la promotion de la sécurité économique.  Si nous sommes élus pour la période 2021-2022, nous travaillerons, a promis le représentant, à l’alignement des fonds publics et privés pour la réalisation des objectifs de développement durable et au développement de nouveaux moyens pour augmenter les investissements dans les pays en développement, y compris les pays sans littoral. 

M. MUTOTWE KAFWAYA, Ministre des transports et des communications de la Zambie, a partagé quelques progrès de la Zambie dans la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne.  Ainsi, le Gouvernement a mis sur pied une nouvelle politique de transport pour faire du pays un « hub régional » en matière de transport et de logistique.  La Zambie a également largement investi dans le développement et la réhabilitation des infrastructures, notamment en matière d’énergie renouvelable, d’eau et d’assainissement, de technologies de l’information et des communications, et des transports.  Le Gouvernement a engagé la transformation de son économie afin de ne plus dépendre exclusivement du secteur minier, avec l’ambition de promouvoir la production et la consommation locales. 

M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a indiqué qu’en tant que pays de transit, le Pakistan a pris des mesures pour aider les pays en développement sans littoral.  Un accord de transit a été signé en 2010 avec l’Afghanistan, faisant grimper le volume des échanges à 5,5 milliards de dollars en 2018-2019.  Le Pakistan a aussi intégré l’initiative chinoise « une Ceinture, une Route » parce qu’elle contribue à la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, notamment en mettant l’accent sur la connectivité et la coopération et en remodelant le commerce, les investissements et les infrastructures de développement en Asie, en Afrique et en Europe.  Le corridor Chine-Pakistan est un élément majeur de cette initiative qui devrait générer d’énormes bénéfices économiques et de développement aux deux pays, mais aussi à tous les pays de la région. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a plaidé pour le renforcement des partenariats pour mieux aider les pays en développement sans littoral à se désenclaver.  Il faut combler le déficit que connaissent ces pays en matière de financement, a dit le représentant, en invitant la communauté internationale à augmenter l’APD, les investissements étrangers directs.  Il a aussi plaidé pour le renforcement de la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire. 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a établi une corrélation entre la réalisation « à l’unisson » du Programme d’action de Vienne et le Programme 2030 pour relever les défis des pays en développement sans littoral.  Elle a exhorté la communauté internationale, l’ONU et son système pour le développement à accorder une attention spéciale aux six priorités du Programme d’action de Vienne, et ce, de façon coordonnée, cohérente et efficace.  Elle a insisté sur le financement, le transfert des technologies, le renforcement des capacités et les alliances.  Appelant à un nouvel ordre économique juste et équitable, elle a rappelé les pays développés à leurs « responsabilités historiques » et à leurs engagements internationaux en matière d’APD.  Elle les a aussi appelés à une action ambitieuse contre les changements climatiques.  La représentante a défendu « le droit universel au développement » sur la base du respect mutuel et de la responsabilité commune mais différenciée, avant de souligner l’attachement de son pays à la coopération Sud-Sud qui peut pleinement contribuer à la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne. 

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a indiqué qu’en dépit de la situation volatile dans la région, son pays s’efforce de développer son potentiel de transit entre l’Asie et l’Europe.  Par ailleurs, le projet d’autoroute Nord-Sud, en cours, reliera le Golfe persique aux ports de la mer Noire.  Le Gouvernement s’emploie à réduire les coûts et à faciliter l’accès aux marchés extérieurs, en donnant la priorité aux technologies de l’information et des communications.  M. Margaryan n’a pas manqué de dénoncer les mesures coercitives unilatérales, en particulier le blocus terrestre avec les pays voisins de l’ouest et de l’est, ce qui multiplie les défis de l’enclavement.  Les tentatives d’isoler l’Arménie et de l’écarter de la coopération économique et des couloirs de transport violent les principes du droit international, la Convention sur le transit commercial des États sans littoral, la Convention sur le droit de la mer et les normes du système commercial multilatéral.  La fermeture des frontières augmente le coût des importations et des exportations ainsi que des routes de transit, ce qui contredit la lettre et l’esprit du Programme 2030, a dénoncé le représentant. 

M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a jugé nécessaire d’accroître la coopération en faveur des 32 pays en développement sans littoral, en particulier la Bolivie et le Paraguay.  Il a trouvé préoccupantes les différences de croissance du produit intérieur brut (PIB) entre tous ces pays et le fait que leur participation aux exportations mondiales ait baissé de 18% entre 2014 et 2019.  Dans sa région, a souligné le représentant, et d’après le dernier rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL), la Bolivie et le Paraguay ont fait des efforts pour améliorer leurs infrastructures en matière de transport et de connectivité. 

En tant que pays en développement, a assuré M. Gallegos Chiriboga, l’Équateur partage avec les pays sans littoral divers défis: mettre fin à la pauvreté et à la faim, combattre les inégalités, édifier des sociétés pacifiques, justes et inclusives, protéger les droits de l’homme et promouvoir le développement durable dans toutes ses dimensions.  Le représentant a évoqué « les actions de divers acteurs nationaux et internationaux » qui ont conduit à une tentative de coup d’état dans son pays entre le 3 et le 14 octobre dernier.  Il a notamment dénoncé les dommages causés à diverses infrastructures publiques, ainsi qu’à des petites et moyennes entreprises, lesquels se chiffrent en millions de dollars. 

Mme ONTLAMETSE B. WARD, Ministre des investissements, du commerce et de l’industrie du Botswana, a indiqué qu’avec l’Afrique du Sud et la Namibie, le Botswana a mis en place un corridor dans le désert du Kalahari.  Cette autoroute vise à faciliter les mouvements rapides de biens entre les trois pays.  Le pont de Kazungula, qui va relier le Botswana et la Zambie d’ici le milieu de l’année prochaine, va également renforcer le flux des biens et des personnes entre les deux pays, ainsi que dans l’espace de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA).  La SADC, a-t-elle rappelé, a adopté le Programme pour la facilitation du commerce en mars 2016, consciente que les synergies au niveau régional vont considérablement aider à l’intégration des pays en développement sans littoral d’Afrique australe au système commercial multilatéral.  La Ministre a plaidé pour un soutien accru à ces pays, notamment dans le secteur des infrastructures, dont le transport et les technologies de l’information et des communications. 

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a déclaré que, cinq ans après l’adoption du Programme d’action de Vienne, les pays concernés soient encore confrontés à des défis de taille s’agissant de leur développement et de l’intégration au commerce mondial.  L’évaluation à mi-parcours du Programme d’action révèlent que l’élimination de la pauvreté et la réduction des risques de catastrophes associées aux effets dévastateurs des changements climatiques demeurent des priorités incontournables, ce qui rend indispensable l’accélération des efforts.  La représentante a encouragé l’établissement d’alliances stratégiques pour faciliter les investissements publics et privés dans les infrastructures.  Elle a estimé que la prochaine Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral donnera lieu à un dialogue approfondi sur le transport durable, l’impact des changements climatiques et les mesures transversales.  

M. NAGARAJ NAIDU KAKANUR (Inde) a assuré que son pays reste pleinement disposé à appuyer les pays en développement sans littoral et à leur apporter son expérience en tant que pays de transit.  L’Inde a lancé l’initiative Bangladesh, Bhoutan, Inde et Népal (BBIN) pour renforcer la coopération et la connectivité entre ces pays, ainsi que dans les domaines de l’énergie, de la gestion des ressources en eau, des voies de navigation intérieures, et du transport ferroviaire.  Des accords commerciaux ont été signé avec le Népal et le Bhoutan pour faciliter l’import-export et le tourisme.  De même, un couloir direct de fret aérien établi, en 2017, avec l’Afghanistan permet aux Afghans d’accéder aux marchés indiens.  De plus, a précisé M. Kakanur, l’Inde coopère avec l’Afghanistan et l’Iran pour développer le port de Chabahar.  Enfin, le pays a adhéré à l’Accord d’Achgabat qui facilite le transport des biens entre l’Asie centrale et le Golfe persique. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a rappelé que son pays est le plus grand pays de transit au monde et qu’il participe à la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne par les différents corridors qui le traversent d’un point à l’autre, que ce soit de l’ouest à l’est ou du nord au sud.  De même, le transsibérien, avec ses 9 288 kilomètres de rail, est l’un des plus longs chemins de fer au monde.  La position stratégique de la Fédération de Russie fait d’elle le lien naturel entre l’Europe et l’Asie.  C’est ce rôle de facilitation et d’interconnexion que joue, a-t-il noté, l’initiative « une Ceinture, une Route » de la Chine et à laquelle la Fédération de Russie participe. 

Mme LIMPHO MASILO-MOTSMAI (Lesotho) a indiqué que son pays s’est attaché à mettre en œuvre, au cours des cinq dernières années, un plan national stratégique de développement.  Sur la base des enseignements tirés de cette expérience, Mme Masilo-Motsmai a ajouté que le Lesotho a formulé un second plan jusqu’en 2023, qui tient compte des priorités du Programme d’action de Vienne en matière de compétitivité économique et de création d’emplois.  S’agissant du commerce extérieur, la représentante a souligné que les partenaires commerciaux du Lesotho n’ont « pas beaucoup changé » au cours des dernières années et que le pays exporte principalement du diamant, du textile, de la laine et du mohair.  Elle a précisé que le Lesotho s’emploie à identifier des secteurs de croissance pour intégrer ses entreprises nationales à des chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales.  Mme Masilo-Motsmai a ajouté que son pays a ratifié l’Accord sur la facilitation des échanges de l’OMC (AFE) et lancé un projet d’administration électronique pour améliorer l’efficacité du Gouvernement et la qualité des services publics.

Mme SOPHIA TESFAMARIAM (Érythrée) a déclaré qu’en tant que pays de transit, l’Érythrée est consciente de l’importance du travail qui reste à faire pour mettre en œuvre le Programme d’action de Vienne.  Des partenariats innovants, transformateurs et renforcés peuvent, à la fois, créer les bases d’un commerce régional et international et changer les économies des pays sans littoral et ceux de transit, tout en réalisant les objectifs de développement durable.  Dans ce contexte, la question qui se pose est de savoir comment tenir les engagements pris et quelles promesses seront concrétisées dans les cinq ans qui restent.

La Corne de l’Afrique, s’est réjouie la représentante, a connu de profondes transformations cette dernière année, lesquelles ont dessiné les contours d’une intégration économique régionale.  C’est la promesse faite aux 120 millions d’habitants de la région qui ont enduré des décennies de guerre, de troubles et de déplacements.  Cela passera, non seulement par la levée des obstacles qui privent des millions de gens de réaliser leur aspiration à mieux vivre mais aussi par une réorganisation du système économique mondial « injuste » ou encore par la promotion d’une intégration effective à l’économie mondiale et aux principaux régimes économiques dont le modus operandi prescriptif continue de limiter la capacité des États et des régions à mettre en place leur propre politique économique. 

Après avoir traversé 20 ans de difficultés considérées comme insurmontables, dont « 9 longues années » de sanctions onusiennes « injustes », l’Érythrée a établi ses propres priorités s’agissant des infrastructures et du développement et a décidé de mobiliser ses propres ressources.  Tous les villages et toutes les villes seront reliés par des routes, de façon à accroître l’accès à l’éducation, à la santé et au transport, jusqu’aux coins les plus reculés du pays.  Les routes menant vers le Soudan et l’Éthiopie seront également réhabilitées, comme le sont aujourd’hui les ports et zones économiques principales du pays.  L’Érythrée a même établi deux zones franches pour l’exportation des produits locaux comme les fruits, la viande et les minerais.  Toutes ces mesures vont profiter à l’Afrique en général et à la Corne de l’Afrique en particulier, a souligné la représentante. 

Mme KUMBIRAYI TAREMBA (Zimbabwe) a assuré que son pays s’efforce inlassablement de réaliser le Programme d’action de Vienne et le Programme 2030, expliquant que sous le leadership du Président Mnangagwa, le Zimbabwe a mis l’accent sur des politiques visant à promouvoir la croissance économique et un environnement propice à l’investissement.  L’expérience du Zimbabwe a démontré que la coopération régionale et bilatérale joue un rôle crucial pour relever les défis posés par l’absence de littoral.  C’est dans cet esprit que le pays est en train de mettre en œuvre une politique nationale visant à se désenclaver, a expliqué la représentante, pour qui il y a des avantages à tirer de la localisation géographique du Zimbabwe.  Quand il était Président de la Communauté de développement des États d’Afrique australe (SADC) en 2015, le Zimbabwe a en effet contribué à l’adoption de la stratégie d’industrialisation.  Les efforts ont été consentis et le sont toujours dans un contexte très difficile, en raison des sanctions imposées par certains États Membres des Nations Unies.  Ces sanctions, a expliqué la représentante, empêchent le Zimbabwe d’accéder aux financements du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.  Ces sanctions « illégales, injustes et oppressantes » continuent de causer des souffrances indicibles au citoyen ordinaire « de notre grand pays », a conclu Mme Taremba, en regrettant que leurs conséquences se fassent ressentir aussi sur les pays limitrophes. 

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a dit que son pays a toujours été attaché à la mise en œuvre des six priorités du Programme d’action de Vienne et des objectifs de développement durable, grâce à la coopération régionale.  Il s’est félicité du renforcement de cette coopération et des relations de bon voisinage entre les États d’Asie centrale avec lesquels les échanges commerciaux ont doublé ces dernières années, tandis que le nombre des initiatives communes a quadruplé.  Le représentant a relevé que son Président a invité ses pairs d’Asie centrale à tenir un forum sur les investissements et à créer un conseil régional sur le transport.  Il les a également conviés à établir une gestion conjointe des eaux d’Asie centrale.  Le délégué a précisé qu’un Afghanistan stable est une condition préalable au développement durable de l’Asie centrale.  L’Ouzbékistan a donc établi un centre logistique à la frontière avec son voisin, afin de gérer l’augmentation des échanges commerciaux entre les deux pays. 

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a souligné l’importance pour son pays de faire face aux besoins et aux enjeux des pays en développement sans littoral comme les rigidités structurelles, la faiblesse des parts dans le marché mondial, l’enclavement, l’insuffisance des infrastructures et la faible résilience aux chocs internes et externes.  Le représentant a mis en exergue quelques activités dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, citant en premier, le Groupe de travail créé l’an dernier pour coordonner la mise en œuvre nationale du Programme, la création d’une institution chargée de l’interconnexion du réseau électrique, la construction de 6 000 kilomètres de routes goudronnées, les différents accords avec les pays voisins sur notamment l’accès à l’eau, à la mer et au transport aérien, et la mise en œuvre du couloir Mongolie-Russie-Chine.  Dans le cadre de cette dernière initiative, 32 grands projets doivent être lancés pour augmenter les échanges commerciaux, développer les infrastructures, assurer la concurrence et faciliter le transport transfrontalier.  Avant de terminer, M. Sukhee a déclaré que ces cinq dernières années, la Mongolie a appris que l’inclusion et les financements innovants sont essentiels pour réaliser le Programme d’action de Vienne. 

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a dit attacher une grande importance à l’examen à mi-parcours du Programme d’action de Vienne, qui permet de traiter des questions d’intérêt commun entre pays de transit et pays en développement sans littoral.  Le Chili accorde un large droit de transit sur son territoire et dans ses ports du Pacifique à son plus proche voisin sans littoral qu’est la Bolivie, en vertu du Traité de paix et d’amitié de 1904.  Il fournit également à la Bolivie un stockage gratuit dans les ports chiliens, des tarifs douaniers préférentiels, des exonérations fiscales, un oléoduc pour l’entrée et la sortie de combustibles, ainsi que des infrastructures routières et portuaires, contribuant ainsi à la mise en œuvre de l’un des piliers du Programme d’action de Vienne. 

Pour le représentant, il importe que les droits découlant de ce régime de libre transit s’exercent en vertu du droit international et de l’ordre juridique interne du pays de transit, sans porter atteinte à des aspects fondamentaux tels que la sécurité des personnes, l’environnement et le respect des normes du transport international.  Le Chili, a indiqué le délégué, a rempli plusieurs des objectifs du Programme d’action de Vienne, avec notamment la création d’un dépôt gratuit à Antofagasta en faveur du Paraguay, autre pays en développement sans littoral, ou encore les avantages économiques accordés aux importations boliviennes.  Le Chili réitère en outre son intérêt à collaborer à la réalisation d’un couloir bi-océanique qui réunirait le centre-ouest du Brésil et les ports du nord du Chili en traversant le Paraguay et l’Argentine. 

D’autre part, a poursuivi M. Skoknic Tapia, le Chili est partie à l’Accord de facilitation des échanges de l’OMC depuis octobre 2017 et a créé, en avril de cette année, un Comité national de facilitation du commerce dépendant du Ministère des relations extérieures, qui a pour objectif d’examiner des projets.  Conscient des défis énormes auxquels sont confrontés les pays en développement sans littoral, le Chili travaille à la formation d’alliances plus étroites qui bénéficient aux peuples, réduisent les écarts et permettent d’atteindre les objectifs de développement durable, a conclu le représentant. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a affirmé que son pays s’est investi dans la consolidation des liens de coopération et d’échanges avec les pays en développement sans littoral, à travers une coopération Sud-Sud dynamique, solidaire et agissante.  L’intérêt que le Maroc porte à ces pays s’est manifesté également par l’organisation à Marrakech de la réunion d’examen à mi-parcours du Programme d’action de Vienne pour la région africaine, au mois de mars dernier.  Le Maroc a réitéré son appel à la communauté internationale afin qu’elle appuie plus que jamais la coopération Nord-Sud, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, arguant que ce sont là des outils à même de contribuer à la réussite de la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne.  Le représentant a dit qu’une plus grande solidarité entre pays en développement sans littoral est indispensable et urgente.  Il a souhaité que les nouveaux Coordonnateurs résidents du système des Nations Unies pour le développement jouent un rôle clef dans l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action, surtout quand ils sont en fonction dans les pays en développement sans littoral. 

M. FERNANDO DE LA MORA SALCEDO (Mexique) a rappelé que plus de 500 millions de personnes habitent les pays en développement sans littoral, sans réel accès aux marchés mondiaux et gravement affectés par les changements climatiques.  Alors que la croissance mondiale ralentit, le moment est bien choisi pour imaginer de nouveaux modes d’échanges afin de stimuler le commerce et la compétitivité économique, a-t-il estimé, en citant l’énorme potentiel des technologies digitales.  Mais il a aussi reconnu l’énormité du fossé numérique, en particulier entre zones urbaines et rurales. 

Pour le combler, a-t-il poursuivi, le Mexique lance un appel à l’aide internationale et aux investissements privés.  Aujourd’hui, les envois de fonds représentent l’essentiel des revenus étrangers des pays en développement sans littoral, davantage que les investissements étrangers directs et l’APD.  Or, la technologie peut contribuer à en réduire le coût: c’est un moyen de soutenir directement les communautés et de veiller à ce que personne ne sera laissé de côté.  Isoler les marchés mondiaux n’est pas compatible avec la vision de développement durable promue par cette « Maison », a ajouté le représentant, pas plus que ne le sont les mesures économiques coercitives ou unilatérales ou l’exploitation irresponsable de ressources naturelles. 

Mme WALLACE (États-Unis) s’est associée au consensus autour de la Déclaration politique, disant comprendre les défis auxquels les pays sans littoral sont confrontés tels que les problèmes de transit, de commerce international et d’intégration régionale.  Malgré ces écueils, des progrès ont été accomplis dans de nombreux pays, notamment des réformes radicales comme la Zone de libre-échange continentale africaine.  Elle en a félicité l’Union africaine, ses membres et ses partenaires.  L’aide extérieure ne saurait, à elle seule, résoudre tous les problèmes des pays en développement sans littoral ni remplacer le développement des secteurs publics et privés, a-t-elle averti.  L’aide au développement ne saurait se substituer à une croissance économique tirée par le secteur privé, a insisté la représentante.  Le développement durable requiert que les secteurs publics et privés travaillent ensemble pour identifier et relever les défis du développement. 

Notant que le crédit et l’investissement privé sont chaque fois plus accessibles aux pays en développement, elle a prévenu que ces flux sont vulnérables aux risques, tels le manque de transparence et les dettes non viables qui caractérisent les pays aux institutions faibles, au niveau élevé de corruption et aux problèmes macroéconomiques.  La représentante a prescrit transparence dans la gestion de la dette, discipline fiscale et bonne gouvernance.  Malgré les signes positifs, elle a jugé les progrès encore trop lents, trop inégaux et carrément insuffisants dans de nombreux cas, mais a tenu à applaudir les efforts tendant à faire la lumière sur les défis persistants et à axer l’action sur les principaux besoins.  La représentante a réitéré la position de son pays sur tous les accords internationaux dont certains sont mentionnés dans la Déclaration politique. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a indiqué que son pays a réalisé un travail important avec la Bolivie et le Paraguay, pays sans littoral, dans le cadre du projet Hidrovia Paraguay-Parana, qui vise à améliorer les 3 400 kilomètres de voies navigables desdites rivières, dont 1 240 kilomètres sur lesquels l’Argentine exerce une compétence exclusive.  Une série d’accords internationaux ont été signés, dont l’Accord de transport fluvial par l’Hidrovia Paraguay-Parana, donnant lieu à un véritable système normatif qui régule la navigation fluviale sur ce cours d’eau.  Récemment, a expliqué M. García Moritán, l’Argentine et le Paraguay ont institutionnalisé une « table ronde bilatérale » sur les thèmes de la navigation fluviale, et une initiative similaire est en cours avec la Bolivie.  De plus, l’Argentine a pris une série de mesures pour permettre à la Bolivie et au Paraguay d’accéder aux marchés d’outre-mer dans des conditions plus compétitives.  Enfin, dans le cadre du Marché commun du Sud (MERCOSUR), un comité technique est en train d’élaborer un projet d’accord pour faciliter la libre circulation transfrontière des marchandises.  

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a souligné que, depuis l’adoption du Programme d’action de Vienne, l’Éthiopie a intégré et continué sa mise en œuvre en adéquation avec son Plan d’action national.  Le pays a pris des mesures politiques pour faire progresser sa base industrielle et sa compétitivité.  Une attention particulière a été donnée à la transformation des produits agricoles, du cuir et du textile: des parcs industriels ont été mis en place, simplifiant l’accès à la terre, la logistique commerciale et l’offre de services personnalisés.  Ces mesures ont permis au pays d’améliorer sa compétitivité à l’international. 

En outre, le Gouvernement a réalisé des investissements massifs dans les infrastructures, avec l’objectif de renforcer ses capacités de production et de promouvoir l’intégration régionale.  Des progrès encourageants dans le secteur des routes, du rail et de l’air ont été enregistrés, et des travaux ont été entrepris avec les pays voisins pour établir et maintenir un système de transit efficace sur la base de leurs intérêts communs.  À cela, il faut ajouter la décision historique de rejoindre la Zone de libre-échange continentale africaine, ce qui permettra au pays de diversifier ses débouchés maritimes et de promouvoir davantage son intégration régionale.  Pour maintenir ce cap, le Gouvernement éthiopien a établi un Plan décennal allant jusqu’à 2030 qui se concentrera sur la transformation économique structurelle du pays, intégrant à la fois les objectifs de développement durable et le Programme d’action de Vienne. 

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a déclaré que la région d’Asie centrale, qui n’a pas d’accès à la mer, requiert la mise en place de programmes de coopération et le développement d’infrastructures de transport et de communication.  C’est pour cette raison que son pays a conclu des accords avec 20 autres pays sur le transit international.  La coopération dans la région, qui profite d’une dynamique positive, a par ailleurs atteint un niveau qui permet aujourd’hui au Kirghizistan de résoudre les problèmes frontaliers avec ses voisins, de libérer les échanges, d’harmoniser les systèmes juridiques, de promouvoir la sécurité régionale et le transit, tout en coordonnant les approches dans les secteurs de l’énergie et du transport.  Ainsi, le Projet pour le commerce et l’approvisionnement en électricité en Asie centrale et en Asie du Sud (CASA-1000) est en cours de mise en œuvre.  Le Kirghizistan est en outre devenu membre, en 2015, de l’Union économique eurasienne et a rejoint, le 1er juin 2017, l’Accord multilatéral portant création d’un Groupe de réflexion international sur les pays en développement sans littoral.

En plus d’être un pays sans littoral, le Kirghizistan est un pays montagneux.  C’est pour cette raison qu’afin d’attirer l’attention sur les défis que rencontre cette catégorie de pays en matière de développement durable, d’accès et d’amélioration des services de santé et de préservation de l’environnement, il a initié les résolutions de l’Assemblée générale sur l’Année internationale de la montagne et la Journée internationale de la montagne.  Le Kirghizistan a également établi le Groupe des Amis des pays montagneux, a indiqué la représentante. 

Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a, citant le Président Paul Kagamé, déclaré que « la géographie ne devrait pas être considérée comme une excuse au sous-développement », en d’autres termes, être sans littoral ne veut pas dire condamnation à une pauvreté éternelle.  Le Rwanda, a-t-elle dit, a fait le choix de saisir sa chance au lieu de blâmer sa géographie et les résultats sont plutôt encourageants.  En termes économique et social, le PNB a triplé entre 2008 et 2010, permettant au Rwanda de réaliser tous les objectifs du Millénaire pour le développement, sauf un, grâce à une vision et à des politiques innovantes. 

L’intégration régionale et les infrastructures de liaison sont d’une grande importance pour les pays en développement sans littoral, a souligné la représentante, indiquant que les pays de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) se sont engagés dans divers projets d’infrastructures comme le projet du réseau routier est-africain et les postes frontières uniques.  À ce jour, le premier progresse bien et le second apporte de bons résultats.  Avec un budget de cinq milliards de dollars, le projet ferroviaire reliant Dar es-Salaam et Isaka, à Kigali, est à sa phase de mobilisation, tandis que se finalise la régulation régionale du Marché unique du transport aérien africain.  Les pays de la région continuent également de mettre en œuvre divers projets énergétiques, notamment le projet hydroélectrique Rusumo entre le Burundi, le Rwanda et la République-Unie de Tanzanie, le Kagitumba-Mirama et le Shango-Birembo. 

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a déclaré qu’alors que l’on s’oriente vers les cinq dernières années du Programme d’action de Vienne, il faut une coopération renforcée entre les pays en développement sans littoral et les pays de transit, pour trouver des solutions innovantes et réduire les coûts du transport et du commerce.  Cette coopération peut en particulier se renforcer dans les domaines des infrastructures, de la maintenance, du transport, de l’énergie et des télécommunications.  Elle peut aussi se renforcer par l’harmonisation des cadres et normes législatives et procédurales.  Le représentant a également estimé que l’Accord sur la zone de libre-échange continentale africaine devrait faciliter la libre circulation des biens, des services et des personnes, transformant la population africaine, forte de 1,2 milliard de personnes en une vaste plateforme de croissance.  L’objectif est de promouvoir la prospérité, y compris pour les petits pays.  Mais pour atteindre cet objectif, il faudra les financements de tous les partenaires, y compris les États Membres, les organisations internationales et le secteur privé, a-t-il dit. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a rappelé que, lors de son adoption il y a cinq ans, le Programme d’action de Vienne se voulait un engagement fort de la communauté internationale en faveur des pays en développement sans littoral.  Mais en dépit de quelques progrès, ces engagements ont échoué, a-t-il estimé, en appelant à accélérer le mouvement.  Le défi mondial visant à éradiquer la pauvreté est encore loin d’être réalisé, la croissance économique moyenne n’est pas encourageante et la disparité des infrastructures est énorme.  La dépendance aux matières premières reste étroite et soumet les pays concernés aux fluctuations des marchés, accroissant leurs déficits commerciaux.  Leur participation au marché mondial reste d’ailleurs anecdotique et, en termes de croissance des exportations, ils ont fait dans leur ensemble moins bien que la moyenne des pays les moins avancés (PMA). 

De plus, la révolution technologique ne les a pas touchés et ils se débattent avec les impacts des changements climatiques.  Par conséquent, les pays en développement sans littoral sont loin de pouvoir atteindre les objectifs de développement durable, ce qui constituerait une entorse au principe de « ne laisser personne de côté ».  Pour le Népal, a dit le représentant, le meilleur moyen de soutenir les pays en développement sans littoral est de garantir la mise en œuvre rapide de l’ensemble du Programme d’action de Vienne.  Cela suppose l’augmentation des investissements étrangers directs dans les infrastructures, la coopération des pays de transit, le soutien des partenaires internationaux et du secteur privé pour augmenter les capacités de production et enfin l’adoption de mesures favorisant la participation de ces pays aux marchés mondiaux « sur un pied d’égalité », a martelé le représentant. 

Selon M. SATYAJIT ARJUNA RODRIGO (Sri Lanka), il est crucial, à mesure que la date butoir du Programme 2030 se rapproche, de redoubler d’efforts pour ne laisser personne de côté.  Il est tout aussi crucial de ne pas seulement identifier les lacunes et les difficultés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, mais de décider aussi de la manière d’aller de l’avant.  Sri Lanka, a dit le représentant, estime que des infrastructures résilientes, particulièrement dans les secteurs du transport en transit, de l’énergie et des technologies de l’information et des communications, sont cruciales pour que les pays en développement sans littoral s’intègrent à l’économie mondiale et accroissent leur compétitivité.  Renforcer les capacités de lutte contre les changements climatiques et dynamiser le secteur agricole accélèrera leur voyage vers le développement.  Sri Lanka, a ajouté le représentant, met en avant les partenariats qui jouent un rôle important, qu’ils soient noués avec des pays de transit, avec des partenaires au développement, avec la jeunesse ou la société civile.

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) a estimé que cet examen à mi-parcours devrait permettre de prendre des actions cruciales permettant aux pays en développement sans littoral d’exploiter tout leur potentiel.  Ces pays, a-t-il dit, ont besoin de l’engagement collectif de la communauté internationale, ainsi que d’une coopération renforcée et du soutien du système des Nations Unies pour le développement.  Le représentant a déploré l’absence de données fiables, ce qui est un obstacle à l’adoption de décisions informées.  Comme les petits États insulaires en développement, les pays en développement sans littoral sont vulnérables aux chocs externes et aux changements climatiques.  Les Fidji appellent donc à renforcer la résilience des économies et des sociétés, en augmentant par exemple le financement de l’action climatique.  Alors que les pays sans littoral font face au coût élevé du transport terrestre, les petits États insulaires en développement sont confrontés à celui du transport maritime.  Mais, des politiques adéquates peuvent venir à bout de ce problème et l’ONU pourrait mettre sa pierre à l’édifice, a estimé le représentant. 

M. THOMAS RATHMELL WOODROFFE (Royaume-Uni) a indiqué que son pays aide les pays en développement sans littoral à tirer parti de l’Accord sur la facilitation des échanges qui favorise leur accès aux ports, en passant par des pays de transit.  Les programmes d’aide au commerce du Royaume-Uni permettent aussi de surmonter les barrières commerciales par le soutien à la mise en œuvre d’infrastructures commerciales cruciales ou par la suppression des réglementations contraignantes, la baisse des coûts du transport et la réduction du temps de passage aux douanes.  Le délégué a souligné l’importance pour les pays en développement sans littoral d’accéder à des sources d’énergies propres et abordables pour faciliter leur croissance économique.  Aussi le Programme britannique « African Clean Energy » est-il mis en œuvre en Éthiopie, au Malawi, au Rwanda, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe, ciblant en particulier les ménages défavorisés.  L’accès à l’énergie va de pair avec l’ambition de lutter contre les changements climatiques dans les pays en développement sans littoral. 

M. PHILIP OCHEN ANDREW ODIDA (Ouganda) a souligné les progrès réalisés par son pays au cours des cinq dernières années, notamment via la promotion de la libre circulation des biens et des personnes dans la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), la facilitation du fret par voie fluviale entre l’Ouganda, le Kenya et le Rwanda et la création d’un réseau de transport routier de 4 551 kilomètres dans le territoire national.  Le représentant a également rappelé que son pays a été l’un des premiers à signer et ratifier l’Accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine.  Grace aux efforts des autorités ougandaises pour élargir l’assiette fiscale du pays, a-t-il ajouté, les revenus de l’impôt ont augmenté de 17% au cours de la décennie écoulée.  Pour accompagner ces évolutions positives, l’Ouganda, a conclu le représentant, appelle les partenaires des pays en développement sans littoral à apporter l’aide nécessaire à une mise en œuvre intégrale du Programme d’action de Vienne.

Pour M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud), les pays en développement sans littoral sont parmi les groupes de pays les plus vulnérables qui continuent de faire face à des défis spécifiques liés à l’absence d’accès à la mer et à l’éloignement géographique.  L’Afrique, qui compte le plus grand nombre de pays en développement sans littoral, voit ces défis exacerbés par ses mauvaises infrastructures, ses lourdeurs dans les formalités douanières, sans parler de sa mise à l’écart des marchés mondiaux, pourtant un levier de la croissance économique.

Tenant compte de ces différentes contraintes, l’Union africaine a accéléré l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine.  Plus l’Afrique empruntera le chemin de l’intégration, plus elle sortira ses pays enclavés de l’isolement.  Il faut, a pressé le représentant, ouvrir les frontières et promouvoir la libre circulation des biens et des personnes.  L’« Agenda 2063 » de l’Union africaine est totalement aligné sur ces initiatives.  Un autre obstacle, a-t-il dit, est la situation géographique de nombreux pays qui sont dans des régions extrêmement sèches et arides, ce qui accroît davantage leur vulnérabilité aux effets des changements climatiques, de la désertification et de la dégradation des terres.  Mais, a-t-il conclu, nous conviendrons tous que ces défis ne sont pas insurmontables si le principe fondamental du Programme 2030, à savoir, « ne laisser personne de côté », est respecté.

M. MOHAMED TRAORE (Mali) a rappelé que son pays, à vocation agro-sylvo-pastorale, demeure fortement exposé aux changements climatiques qui le frappent de plein fouet avec l’avancée de la désertification et son impact sur la faune et la flore, l’assèchement des fleuves et des cours d’eau, et l’augmentation de la chaleur et des inondations.  À l’occasion de cet examen à mi-parcours, il a salué la tenue des réunions d’examen régional et estimé que le handicap géographique que constitue l’éloignement de la mer, accentué par les contraintes liées à la logistique commerciale et aux procédures de dédouanement, a été en partie atténué par le Système douanier automatisé (SYDONIA) mis en place par les administrations de 90 pays dont 23 pays en développement sans littoral, parmi lesquels le Mali.  Pour cette raison, le responsable a souligné l’attachement de son pays à la mise en œuvre intégrale du Programme d’action de Vienne. 

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a déclaré que son pays reconnaît les besoins et les défis spécifiques des pays en développement sans littoral, avant de rappeler le rôle joué par le Brésil dans l’élaboration du Programme d’action de Vienne.  Mon pays, a-t-il dit, a continué de participer au développement de ces pays, au moyen de la coopération Sud-Sud.  Il a cité les domaines d’élection de cette coopération, tels que l’agriculture, l’éducation, la santé, le renforcement des capacités, le renforcement des marchés locaux et la coopération technique, en Amérique latine, en Asie et en Afrique.  La coopération Sud-Sud demeure l’une des priorités de mon gouvernement, a déclaré le délégué.  Il a souhaité que l’examen à mi-parcours du Programme soit l’occasion de renouveler l’engagement politique collectif à réaliser des progrès dans les six domaines prioritaires et à identifier les lacunes et difficultés qui demeurent.  Ce Programme d’action fait partie intégrante du Programme 2030, que nous nous sommes tous engagés à réaliser, a conclu le délégué. 

M. ODBAYAR ERDENETSOGT, Directeur exécutif du Groupe de réflexion international sur les pays en développement sans littoral, s’est réjoui de s’adresser à l’assistance en tant qu’organisation intergouvernementale pleinement opérationnelle.  À ce jour, a-t-il indiqué, 14 pays en développement sans littoral ont, d’ores et déjà, adhéré ou ratifié l’Accord multilatéral portant création du Groupe: l’Afghanistan, l’Arménie, le Bhoutan, le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la République démocratique populaire lao, la Mongolie, le Népal, le Paraguay, le Tadjikistan, le Niger et l’Azerbaïdjan.  Après avoir donné un aperçu de la composition et de la structure du Groupe établi en 2017, M. Erdenetsogt a évoqué les différentes études et manifestations initiées, notamment la réunion inaugurale organisée en Mongolie en juin 2018.  Cette réunion n’était pas seulement une manifestation symbolique pour l’inauguration du Groupe, elle a aussi offert une plateforme pour des discussions multilatérales sur des thématiques aussi variées que l’investissement étranger direct et la diversification économique; la connectivité; le développement des infrastructures; le transport de transit; et la facilitation du commerce.  Cette année, le Groupe a finalisé une étude globale sur la diversification économique en analysant quatre pays: le Bhoutan, la Mongolie, le Népal et le Paraguay. 

Le Directeur exécutif s’est, par ailleurs, réjoui de travailler étroitement avec le système des Nations Unies.  Cette collaboration englobe un large éventail de sujets en relation avec les infrastructures de transport et le désenclavement, a-t-il précisé.  Pour finir, il a encouragé les pays sans littoral à rejoindre le Groupe de réflexion et invité les partenaires au développement à le soutenir et à favoriser l’échange d’expériences. 

Le non-accès à l’énergie, a dit M. AHMED ABDEL‑LATIF, Observateur permanent de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), fait partie des principaux obstacles au développement des pays en développement sans littoral.  C’est donc à juste titre que la Déclaration politique appelle à accélérer le déploiement des sources d’énergie renouvelables.  Le représentant s’est tout de même alarmé de la lenteur des projets et de leur déficit financier.  L’IRENA, a-t-il assuré, est prête à apporter son soutien pour aider ces pays à surmonter ces obstacles.  Elle le fait déjà par le biais de l’initiative « évaluation relative à l’état de préparation du pays en matière d’exploitation des ressources renouvelables » (RRA) qui évalue l’état de préparation à une bonne exploitation des ressources renouvelables.  Neuf pays en développement sans littoral ont déjà été évalués.  Par ailleurs, en septembre dernier, l’IRENA a signé un mémorandum d’accord avec l’ONU pour renforcer la coopération dans la mise en œuvre du volet énergétique du Programme d’action de Vienne. 

Mme ZODWA MABUZA, chargée de l’Intégration régionale à la Banque africaine de développement (BAD), a affirmé que, depuis 1963, sa Banque soutient l’intégration régionale du continent.  C’est d’ailleurs une de ses priorités stratégiques et, dans les sept prochaines années, l’accent sera mis sur la connectivité, le commerce, les investissements et l’intégration financière.  En collaboration avec l’Union africaine et la Commission économique pour l’Afrique, la Banque a adopté une approche « corridor » pour connecter les villes africaines.  Elle fournit un appui financier au Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) et aux autres corridors non couverts par ce dernier.  Entre 2004 et 2018, la Banque a déboursé plus de huit milliards de dollars pour un corridor de 127 000 kilomètres de routes.  La Banque a aussi créé des postes frontières à arrêt unique pour faciliter la libre circulation des biens et des services.  Ces corridors ont bénéficié à plus de 230 millions de personnes.  L’approche « corridor » pour le développement des infrastructures de transport vise à réduire les coûts du commerce et à améliorer la connectivité, a insisté la représentante.  Elle a parlé de l’Initiative « autoroute transafricaine » qui reliera les villes et qui prévoit en tout neuf autoroutes avec différentes sections. 

En 2018, la Banque a déboursé 860 millions de dollars pour des projets régionaux de transport, ponctionné du Fonds d’investissement pour les infrastructures.  Après avoir détaillé les projets et expliqué ce que la Banque fait pour mettre en œuvre les cinq priorités du Programme d’action de Vienne, la représentante a énuméré, maintenant que la Zone de libre-échange continentale africaine est là, les nombreux problèmes des pays en développement sans littoral, dans un continent où les corridors de transport ont été construits pour connecter les pays riches en ressources naturelles aux ports et où il n’y a jamais eu de politique délibérée de connecter le marché africain et de réduire les coûts commerciaux. 

Les défis de ces pays sont le manque de financement puisque l’Afrique est dépourvue d’un marché financier ou d’un marché des capitaux.  En outre, un certain nombre d’entre eux sont extrêmement fragiles et ont du mal à mettre en œuvre les projets d’infrastructure.  Les barrières non tarifaires sont aussi un grand obstacle au désenclavement de ces pays, sans compter le mauvais entretien des infrastructures actuelles et la lenteur dans l’application des mesures de facilitation du commerce.  La BAD, a conclu la représentante, continuera à mobiliser les ressources pour financer les infrastructures de développement.

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