Soixante-quatorzième session,
2e & 3e séances – matin & après-midi
AG/EF/3515

Deuxième Commission: face aux problèmes économiques qui sont toujours les mêmes, les délégations appellent à des actions franches et systémiques

Les inégalités entre les peuples, les conséquences des changements climatiques irréversibles provoqués par l’activité humaine, mais aussi les initiatives de solidarité à l’échelon local et international, et les appels au changement du système financier mondial: tout a été mis sur la table en ce premier jour de débat général à la Deuxième Commission de l’Assemblée générale, qui est chargée des questions économiques et financières.  « La lenteur de la croissance économique et le rétrécissement de l’espace politique nous obligent à sortir des sentiers battus », a d’emblée relevé le Président de la Commission, M. Cheikh Niang, en soulignant le contexte géopolitique morose.

Les grands problèmes, et les outils pour y faire face, n’ayant pas fondamentalement changé depuis l’an dernier, les délégations se sont montrées impatientes en l’absence d’actions franches et systémiques.  « L’anthropocène », notre cycle climatique actuel déterminé par l’activité humaine, a été mis en avant par le scientifique Patrick Keys, invité aujourd’hui à faire une déclaration liminaire.  En cette période de changements rapides, et, pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), « il faut redistribuer les forces d’influence, notamment le système financier », a-t-il recommandé.  L’expert a expliqué que l’action d’un pays sur son environnement a des conséquences bien au-delà de ses frontières.  À titre d’exemple de « risque anthropocène », il a évoqué les conséquences de la déforestation de l’Amazonie, qui vont bien au-delà de son aire géographique, puisque 20 à 25% des pluies tombant en Bolivie, au Paraguay et en Uruguay proviennent du Brésil.

Outre son plaidoyer pour de nouveaux modèles économiques, son appel aux décideurs à adopter une « vision anthropocène du monde », incluant les autochtones, a été entendu par les délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, trois pays habités, à l’origine, par des peuples autochtones, qui appellent eux aussi à leur « protection ».  Dans le même esprit d’inclusion, la Directrice exécutive du New Orleans Community Project, Ashana Bigard, a conseillé de consulter systématiquement les personnes concernées dans les prises de décisions, contrairement à ce qui a été fait dans sa ville au lendemain du passage de l’ouragan Katrina.

S’inspirer du local pour régler des problèmes globaux, voilà ce qu’a prôné un agriculteur brésilien militant d’ATD Quart Monde, Eduardo Simas, qui a observé une solidarité de proximité entre les fermiers pauvres de son pays: cette solidarité doit être « reproductible » à l’échelle des pays pour sauver la planète.  Mais, attention aux aides « mal pensées », a-t-il prévenu: elles peuvent faire plus de mal que de bien.  Des programmes de développement ne tenant pas compte de ce qui existe déjà localement « affaiblissent les liens communautaires et les réseaux de solidarité », épuisent les ressources naturelles, laissant les personnes « encore plus vulnérables à long terme », a mis en garde le militant.

Mises bout à bout, les interventions des délégations aujourd’hui ont décrit le monde comme un village en grand danger.  Si l’urgence climatique n’est pas prise au sérieux, « le monde sera soumis à des destructions qu’aucun programme ne pourra réparer », a prévenu la Norvège.

C’est pourquoi M. Keys a suggéré à la Deuxième Commission de réviser ses concepts macroéconomiques, de recommander des solutions « fondées sur la nature » ou des modèles économiques nouveaux, comme l’économie circulaire, favorables à l’écosystème et à la planète.  Certes, mais comment lutter sans moyens? ont répondu les pays les moins avancés (PMA) en faisant remarquer que leur dette augmente ainsi que les coûts du service de cette dette.  Malgré tous leurs efforts, d’importantes lacunes demeurent: il y a toujours un fossé entre eux et les pays à revenu intermédiaire.

Ces derniers ne s’estiment pourtant guère mieux lotis.  Représentant le tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial et abritant en leur sein 73% des pauvres du monde, ils ont estimé que l’expression « pays à revenu intermédiaire » traduisait mal leur complexité: elle ne reflète pas les multiples défis auxquels ils font face et qui demandent « un engagement ciblé de la communauté internationale ».

Ainsi, les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ont réclamé des conditions de prêt préférentielles et une aide au développement pour faire face aux changements climatiques.  Les petits États insulaires en développement (PEID) ont demandé de prendre en compte leur vulnérabilité dans l’octroi de l’aide publique au développement (APD).  L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a rappelé qu’ils sont confrontés à des obstacles, des « murs » même, et qu’ils font moins de progrès que d’autres groupes de pays vulnérables, « à cause des chocs environnementaux », « des chocs économiques externes » et de leur dette extérieure.  Leurs contraintes structurelles deviennent évidentes en cas de catastrophe climatique alors que, ont-ils dénoncé, « nous n'avons pas créé ces fardeaux ».  L’Iran et Cuba ont d’ailleurs demandé aux principaux pays pollueurs de regarder leur dette écologique en face.

Comme le « débat général » qui ouvre les travaux de la Commission est l’occasion de parler des méthodes de travail de celle-ci, plusieurs délégations ont fait des suggestions à ce sujet.  La délégation de l’UE, qui s’est montrée agacée par les débats qui radotent, a fait part de son intention de ne plus prendre la parole au cours des débats thématiques de la Commission, estimant qu’ils ne font que répéter « ce qui s’est dit au cours du débat général, des évènements parallèles et autres réunions conjointes tenues avec d’autres organes ».  D’autres, comme les PEID, ont plaidé pour la poursuite de la réforme de l’Assemblée générale qui cherche à éviter les doublons.  « Nous cherchons simplement à agir, pas à répéter ces messages bien connus », a tranché l’AOSIS.  Dans le même ordre d’idées, la Suisse a demandé de « redynamiser » la Deuxième Commission qui traite de « trop de résolutions obsolètes » à son avis.  Elle a donc proposé de n’adopter des projets de résolution que tous les deux ou trois ans.

La Deuxième Commission poursuivra son débat général demain, mardi 8 octobre, à 10 heures.

Déclarations liminaires

M. CHEICK NIANG, Président de la Deuxième Commission, a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était un « cadre primordial » pour parvenir au développement durable et assurer à l’humanité et à la planète un avenir prospère.  Il a relevé, à cet égard, que les travaux à l’ordre du jour de la Deuxième Commission n’englobent pas moins de 4 des 5 éléments inclus dans le Programme 2030.  D’abord, l’humanité, un élément lié aux points de l’ordre du jour relatif à la pauvreté, au développement agricole, à la sécurité alimentaire et à la nutrition.  Puis la planète, qui est liée aux travaux sur les changements climatiques, la désertification, la réduction des risques et les Orientations de Samoa.  Il y a aussi la prospérité, liée aux points relatifs aux politiques macroéconomiques, au commerce international, aux produits de base et à l’inclusion financière.  Le Président a également cité l’élément relatif aux partenariats, qui est lié au financement du développement durable et à la question des flux financiers illicites.  Enfin, un élément relatif à la paix figure à l’ordre du jour de la Deuxième Commission, a dit M. Niang en rappelant qu’il s’agit « d’une condition préalable importante pour le développement ».

La Deuxième Commission étant la seule Commission à traiter directement de la question du développement durable et de chacune de ses trois dimensions, « nous endossons de lourdes responsabilités », a-t-il poursuivi.  « Si nous n’accélérons pas nos efforts, certains objectifs de développement durable ne seront pas atteints d’ici à 2030 », a-t-il prévenu en citant par exemple la réduction de l’extrême pauvreté, la sécurité alimentaire et la protection de la biodiversité. 

Pour le Président de la Deuxième Commission, « la lenteur de la croissance économique et le rétrécissement de l’espace politique nous obligent à sortir des sentiers battus », d’autant que le seul moyen d’atteindre les objectifs de développement durable suppose une faible consommation et une production à faible émission de carbone.  Il faut aussi garder à l’esprit l’importance de la solidarité mondiale dans le financement des objectifs de développement durable: « ce n’est pas seulement une question d’argent, mais aussi une question de coopération et de coordination. »  Les pays ont également besoin de plans de financement pour soutenir leur stratégie nationale, a-t-il rappelé: « les inégalités à l’intérieur des pays et entre eux se poursuivent et privent les gens de leur droit de vivre dans la dignité.  Les pays en situation particulière, les femmes, les pays à revenu intermédiaire doivent bénéficier d’un impératif d’inclusion », a-t-il pointé.

Enfin, le Président a rappelé que le monde était entré dans une ère de développement technologique rapide et qu’il fallait en promouvoir le plein potentiel, pour « faire de l’inimaginable une réalité ».  « Cette Commission a un rôle central à jouer.  Elle a l’occasion de montrer la voie, et d’encourager toutes les parties prenantes à progresser sur la voie de la décennie d’action », a-t-il conclu, avant de donner la parole aux trois orateurs invités pour l’ouverture de la session.

À l’entame de son intervention, M. PATRICK KEYS, chercheur à la School of Global Environmental Sustainability de l’Université de l’État du Colorado, a rendu hommage au peuple Lenape, qui occupait la terre où est situé le Siège de l’ONU, et s’est engagé à porter la voix des autochtones.  Un avenir juste et équitable est-il envisageable? a-t-il ensuite demandé, avant de répondre par l’affirmative, même si peu d’éléments conduisent à cette réponse.  Dans l’ensemble, les niveaux de santé et de richesse ont progressé dans le monde, mais les inégalités ont augmenté de manière significative depuis les années 80, a-t-il noté en faisant le constat suivant: les riches sont devenus encore plus riches, comme l’a décrit l’économiste français Thomas Piketty dans son ouvrage Le capital au XXIe siècle.  L’une des caractéristiques est que le système financier international enrichit quelques-uns au détriment du plus grand nombre et, a souligné M. Keys, « il faut que cela change ».

En outre, a-t-il poursuivi, l’humanité est en train de modifier sans équivoque l’équilibre de la planète.  L’anthropocène est une période de changements rapides et qui s’accélèrent, ce qui signifie que les changements ne sont pas linéaires, a expliqué le chercheur.  À titre d’exemple de risque anthropocène, il a indiqué que la déforestation de l’Amazonie est liée, entre autres, à l’agriculture et à l’élevage mais que ses conséquences ne sont pas limitées à l’Amazonie.  En fait, le Brésil fournit 20 à 25% des pluies qui tombent en Bolivie, au Paraguay et en Uruguay.  Ainsi, des acteurs financiers mondiaux dans un lieu induisent de profonds changements dans l’usage des terres et la déforestation dans un autre lieu, a ajouté M. Keys, soulignant qu’il faut bien comprendre les conséquences temporelles et spatiales de changements qui semblent lointains.  Autre exemple: si le Kenya restaure la couverture forestière le long de sa frontière sud pour atteindre l’objectif de développement durable no 15, relatif aux forêts, cela pourrait stabiliser les précipitations pendant la saison sèche dans d’autres pays d’Afrique de l’Est.  En d’autres termes, l’anthropocène menace la façon d’envisager la durabilité.  De plus, selon M. Keys, si des objectifs pour l’avenir sont nécessaires, ils ne doivent pas être liés au passé.

Ainsi, le monde que nous souhaitons, dans lequel les personnes puissent prospérer dans un système terrestre en bonne santé, n’est pas le monde que nous connaissons aujourd’hui.  Pour atteindre les objectifs de développement durable à long terme, a expliqué le chercheur, il faut redistribuer les forces d’influence, notamment le système financier.  Cela signifie aussi qu’il faut des perspectives locales, autochtones, dans notre rapport avec la terre.  Il a donc plaidé pour de nouveaux modèles économiques capables d’encourager ce type d’activités. 

« Qui définit la durabilité? » a-t-il ensuite interrogé.  « Qui décide ce que signifie le développement et les différents types de financement pour l’atteindre?  Le développement durable est-il possible dans ce contexte d’inégalités croissantes et de changements environnementaux? »  Pour M. Keys, la réponse est positive, mais il faut réviser les concepts utilisés pour prendre des décisions macroéconomiques et adopter des solutions fondées sur la nature ou des modèles économiques nouveaux comme l’économie circulaire, favorables à l’écosystème et à la planète.  Il faut également s’interroger sur les modèles de développement responsables de la dégradation de l’environnement et de la montée des inégalités.  Cette Commission peut encourager l’examen de nouvelles idées qui pourraient arracher de nombreuses personnes à la pauvreté sans dégrader l’environnement, a espéré le chercheur.  Un avenir juste et équitable est possible, a-t-il conclu en appelant les décideurs à adopter une vision anthropocène du monde qui inclut notamment les autochtones.

Mme ASHANA BIGARD, Directrice exécutive du New Orleans Community Project, a partagé son expérience et les leçons tirées de la dévastation causée par l’ouragan Katrina qui a ravagé sa ville natale de la Nouvelle Orleans, en 2006.  Elle a expliqué que non seulement les conséquences de l’ouragan, mais aussi les politiques de reconstruction avaient davantage aggravé les profondes divisions raciales et les inégalités économiques déjà présentes dans la ville avant la catastrophe.  Après Katrina, nous avions l’occasion de construire une ville plus équitable avec des apports d’argent destinés aux plus vulnérables, car ce sont ceux qui étaient les plus meurtris par la tempête et les inondations, a-t-elle dit en regrettant cependant que les habitants de souche de la Nouvelle Orléans n’aient pas été consultés dans les prises de décisions pour la reconstruction de la ville.  Cela n’a fait qu’aggraver les divisions raciales, a-t-elle déploré. 

« Le rêve américain -pouvoir s’occuper de sa famille avec un niveau de vie décent- est en fait un rêve mondial », a poursuivi Mme Bigard.  Mais, selon elle, « l’économie impitoyable » et « la culture de l’avidité » ont eu raison des efforts de reconstruction.  Les quelques 72 millions de dollars distribués n’ont pas empêché qu’énormément de Noirs soient toujours sans emploi dans la ville, a-t-elle affirmé.  Mme Bigard a donc appelé à apprendre du passé pour ne pas reproduire les erreurs du « capitalisme dur ».  Si nous n’apprenons pas et ne progressons pas, « nous perdrons tout: la musique, nos rires, nos joies, tout ce qui est le plus important », a-t-elle mis en garde.  Elle a insisté en particulier sur la place qui revient à tous à la table des prises de décisions: chacun doit avoir une voix dans ces processus.  « Vous qui vous apprêtez à former une société mondiale, conservez ce qui vaut la peine d’être vécu », a-t-elle conseillé à l’assemblée en guise de conclusion, sous les applaudissements. 

M. EDUARDO SIMAS, agriculteur brésilien membre d’ATD Quart Monde, a expliqué s’être installé dans le village de Mirantão, dans l’État du Minas Gerais, afin d’en apprendre davantage sur la réalité de la pauvreté rurale et ses liens avec le monde urbain.  Il a rapidement identifié des problèmes et des obstacles auxquels les communautés sont confrontées qui sont, entre autres, un manque de moyens, comme la terre, et un mauvais accès à l’école, aux services de santé et à la justice.  À cela s’ajoutent l’insécurité alimentaire ainsi que le sous-emploi ou le manque d’opportunités pour les jeunes.  Petit à petit, l’agriculteur a également réalisé que ces villageois avaient leurs propres outils pour affronter les problèmes.  À son grand étonnement, il a constaté que ces pauvres agriculteurs partageaient le peu qu’ils cultivaient, un moyen collectif de contribuer à la richesse de la communauté, et c’est ainsi qu’il est lui-même devenu un paysan agroécologique.

Venant d’une société où chacun apprend à ne pas partager, à économiser, à accumuler, il s’agit d’un moyen novateur de redéfinir ce qu’est la richesse et de véritablement construire une économie de partage basée sur des relations saines et une réciprocité collective, a expliqué M. Simas.  Pour lui, les mêmes principes peuvent être appliqués à la planète.  Il a également regretté les politiques et programmes de développement visant à lutter contre la pauvreté qui ne tiennent pas compte de ce qui existe déjà localement, affaiblissant les liens communautaires et les réseaux de solidarité, épuisant les ressources naturelles et laissant les personnes encore plus vulnérables à long terme.  Le plus grand défi est de lever les obstacles qui empêchent les gens d’offrir entre eux et à la planète le mieux qu’ils peuvent, a conclu le militant d’ATD Quart Monde. 

Débat général

M. ABDULLAH ABU SHAWESH (État de Palestine), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a évoqué le retard déjà pris pour la mise en œuvre du Programme 2030 en rappelant qu’il ne restait que 10 ans pour réduire l’extrême pauvreté et assurer un développement durable à l’ensemble des habitants de la planète.  Par conséquent, il a appelé à augmenter les moyens alloués aux pays en développement, ainsi que les efforts pour lutter contre les flux financiers illicites.  Appelant les institutions financières internationales et l’ONU à mettre au point des systèmes d’évaluation du développement durable allant au-delà de la simple mesure du revenu par habitant, il a aussi exhorté à demeurer fidèle à l’obligation de ne laisser personne sur le côté, soulignant que les objectifs de développement durable sont destinés « à tous les pays, même les pays en situation particulière, et toutes les catégories de personnes, même les plus vulnérables ». 

M. Mansour a réaffirmé le droit à la souveraineté des peuples et des nations sur leurs richesses naturelles, ainsi que leur droit à l’exercer dans l’intérêt de leur stratégie de développement national.  Il a aussi rappelé que les États devaient se garder d’exercer des pressions ou d’appliquer des sanctions économiques, financières ou commerciales unilatérales sur d’autres États.  Passant au sujet des changements climatiques, M. Mansour a appelé à des mesures d’adaptation conformément à l’Accord de Paris sur le climat, et appelé la communauté internationale à renforcer sa protection des espaces naturels et des espèces menacées.  Soulignant « l’importance extrême » de l’Aide publique au développement (APD), il a réaffirmé qu’elle était la voie principale de coopération en faveur du développement, tout comme la coopération Sud-Sud. 

M. ALBERTO CABALLERO (Paraguay), au nom des pays en développement sans littoral, a rappelé que son groupe, avec une population de plus de 500 millions de personnes, compte parmi les pays les plus vulnérables au monde.  Il a ajouté que les pays en situation particulière doivent faire partie intégrante du travail de la Deuxième Commission et a demandé de prendre en compte la nécessité d’agir maintenant et de consolider le multilatéralisme.  Pour les pays en développement sans littoral, la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne continuera à être une priorité, a dit le représentant qui a souligné l’importance d’une participation active des Nations Unies et de l’ensemble des acteurs concernés, notamment ceux de la société civile.  La prochaine décennie sera essentielle pour surmonter les défis sur la voie du développement, a conclu le représentant.

M. PERKS MASTER CLEMENCY LIGOYA (Malawi), au nom des pays les moins avancés (PMA), a souligné que les catastrophes naturelles entravent le développement des PMA et la réalisation du Programme 2030.  Si beaucoup de progrès ont été réalisés depuis le Programme d’action d’Istanbul en matière de technologies de l’information et des communications (TIC) et dans les réformes des systèmes de santé, il demeure cependant de graves lacunes, selon M. Ligoya, qui a dit compter sur la coopération internationale pour aider les pays les plus à la traîne à atteindre les objectifs.  Il a relevé par exemple que si le PIB de l’ensemble des PMA a augmenté de manière modérée, cette croissance est inégale: des pays font face à des problèmes de volatilité économique et on estime que la croissance en 2020 n’atteindra pas 7%, selon le rapport relatif au Programme d’action d’Istanbul.  Ces freins, selon M. Ligoya, s’expliquent par les changements climatiques et les incertitudes au niveau des échanges commerciaux mondiaux. 

Si la dette des PMA a baissé en général, a-t-il poursuivi, 15 d’entre ces pays ont vu leur dette augmenter.  Tandis que cette charge augmente, les coûts du service de la dette augmentent eux aussi: un problème supplémentaire pour des pays déjà handicapés, a relevé le représentant.  Malgré tous les efforts des PMA, d’importantes lacunes demeurent et il y a toujours un fossé entre eux et les pays à revenu intermédiaire.  M. Ligoya a dès lors appelé à augmenter l’Aide publique au développement (APD) et l’aide sous forme de capitaux privés, qui va aujourd’hui davantage aux pays en développement ne faisant pas partie des PMA.  Le représentant a aussi remarqué que les objectifs de consacrer à l’APD 0,7% du PNB pour chaque État Membre de l’ONU était encore loin d’être atteint.  De plus, les PMA sont encore bien loin de leur objectif de réaliser 2% des exportations mondiales et M. Ligoya a donc appelé l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à les aider à sortir de cet isolement et à mettre en œuvre pour de bon l’ensemble des dispositifs existants concernant les PMA.  Enfin, 68% des pertes économiques des PMA entre 2005 et 2017 ont été dues à des catastrophes écologiques, et la température continue à augmenter, tout comme les problèmes de nutrition.  « Un cinquième de la population africaine est concernée », a-t-il conclu. 

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé que lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale, les dirigeants ont réaffirmé leur volonté de s’engager en faveur d’une décennie d’action.  Il a donc recommandé à la Deuxième Commission de s’appuyer sur cet élan, « dans un esprit de partenariat, de respect et de consensus ».  Il a ensuite fait part des efforts de l’ASEAN pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  La Thaïlande, qui en assure la présidence, a continué à donner la priorité à ces objectifs, espérant étendre les partenariats au sein et à l’extérieur de l’ASEAN afin de bâtir une communauté centrée sur les personnes et qui ne laisse personne à la traîne.  C’est dans cette perspective que des liens ont été établis entre la Vision communautaire de l’ASEAN 2025 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment dans cinq domaines que sont: l’éradication de la pauvreté; l’amélioration des infrastructures et de la connectivité; la promotion d’une consommation et d’une production durables; le renforcement de la gestion durable des ressources naturelles; et le renforcement de la résilience.  Un Centre de l’ASEAN sur les études relatives au développement durable et le dialogue sera inauguré le mois prochain en Thaïlande afin de faire concrètement avancer ces initiatives complémentaires, a annoncé le délégué.

En attendant, a noté M. Srivihok, l’ASEAN a renforcé la coopération dans le cadre de la réponse aux effets néfastes des changements climatiques.  Elle a aussi revu les capacités de la communauté de faire face aux catastrophes naturelles en temps voulu, à travers l’approche « One ASEAN One Response ».  Afin de promouvoir une croissance économique inclusive, l’ASEAN a également mis en place des mesures pour tirer parti de la quatrième révolution industrielle.  Sur un autre plan, l’ASEAN entend mettre en œuvre les résolutions de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud qui a eu lieu en mars dernier en Argentine.  Enfin, l’ASEAN dit soutenir le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement afin de le rendre plus efficace et responsable. 

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, le représentant de la Thaïlande a expliqué que son pays promeut une économie autocentrée qui se développe par la production nationale.  La Thaïlande applique ainsi une « philosophie d’économie de suffisance » comme approche nationale pour atteindre les objectifs de développement durable. 

M. ARIEL RODELAS PENARANDA, (Philippines), s’est exprimé au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire (Arménie, Bélarus, Chili, Colombie, Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Jamaïque, Mexique, Panama, Philippines et République dominicaine).  Le représentant a rappelé que les pays à revenu intermédiaire comptent 70% de la population mondiale, représentent le tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial et ont en leur sein 73% des pauvres du monde.  Il a relevé que l’expression « pays à revenu intermédiaire » ne traduit pas fidèlement les complexités de ces pays et ne reflète pas non plus les multiples défis auxquels ils font face et qui demandent un engagement ciblé de la communauté internationale, notamment du système des Nations Unies. 

M. Penaranda s’est félicité du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la coopération entre l’Organisation et les pays à revenu intermédiaire.  Ce rapport recommande, entre autres, des mesures multidimensionnelles pour lutter contre la pauvreté et d’autres défis spécifiques à ces pays.  Le délégué a relevé que même pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, l’APD reste importante, de même que les financements concessionnels de diverses institutions financières.  Dans le cadre des travaux de la Deuxième Commission, ce groupe de pays exhorte le système des Nations Unies pour le développement à élaborer une stratégie globale et sur le long terme visant à œuvrer au développement durable par le biais d’un soutien coordonné aux pays à revenu intermédiaire.  Ces derniers entendent également voir renforcer et faciliter leur accès aux financements dédiés au développement et à ceux liés aux changements climatiques.  Enfin, a déclaré M. Penaranda, il faudrait aller vers un ensemble de critères multidimensionnels de classement des pays qui aille au-delà du revenu par habitant, afin notamment de veiller à ce que personne ne soit laissé à la traîne dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. EARL COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a indiqué que si la région redouble d’efforts pour atteindre les objectifs de développement durable, les ressources des petits pays sont limitées.  Il a estimé que le système des Nations Unies devait renforcer systématiquement son soutien aux Orientations de Samoa afin que les risques et défis auxquels les PEID sont confrontés soient bien pris en compte.

En ce qui concerne le système financier international, M. Rattray a déploré que certains pays de la CARICOM soient victimes de limitations, voire de sanctions, de la part de l’Amérique du Nord et de l’Europe.  Il a également regretté les limitations à l’accès à des conditions de financement favorables, les pays de la CARICOM étant aujourd’hui classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ce dont M. Rattray a déploré les conséquences négatives.  En réalité, a-t-il fait valoir, les pays ont toujours besoin d’accéder à des ressources à conditions préférentielles de même qu’à l’aide au développement, notamment pour faire face aux impacts des changements climatiques.  L’ampleur et l’urgence de la situation ont été soulignées par la communauté internationale dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a-t-il noté.  Cela dit, les pays de la CARICOM ont l’ambition de respecter l’Accord de Paris, a assuré M. Rattray.

Mme EGRISELDA LOPEZ, (Belize), au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a estimé que le point de départ pour agir et atteindre le développement durable dans les pays de l’Alliance, ce sont les Orientations de Samoa, puisque « le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba, le Cadre de Sendai, l’Accord de Paris sur le climat vont tous dans le même sens et que ces programmes sont liés les uns aux autres ». 

Si l’on regarde de près la situation des membres de l’AOSIS, elle est « plus que troublante » selon le représentant: dans ces pays, qui font déjà face à de profondes difficultés et connaissent de grandes inégalités sociales, les changements climatiques et les catastrophes naturelles agissent de manière négative sur leur développement.  L’objectif de croissance à 7%, ne sera pas atteint, a regretté Mme Lopez.  Les pays de l’AOSIS sont confrontés à des obstacles, des « murs », a-t-elle regretté, en expliquant qu’ils font moins de progrès que d’autres groupes de pays vulnérables à cause des chocs environnementaux et des chocs économiques externes, ainsi que du fait de leur dette extérieure qui reste à un niveau non viable.  Les contraintes structurelles graves deviennent évidentes en cas de catastrophe, a-t-elle déclaré.  « Nous n’avons pas créé ces fardeaux », a-t-elle souligné, en se plaignant que rien n’a été fait.

« Nous cherchons simplement à agir, pas à répéter ces messages bien connus. »  Mme Lopez a donc appelé la communauté internationale à agir de manière rapide.  Il faut, selon elle, trouver une réponse appropriée de façon à mettre fin aux cycles d’évènements extrêmes et à éliminer la dette élevée, afin que les pays de l’AOSIS conservent leurs recettes durement gagnées.  Appelant sans équivoque à l’action intégrée pour mettre fin à la perte de biodiversité et à limiter les gaz à effet de serre, elle a aussi souhaité que soient revus les taux préférentiels d’accès à l’aide au développement pour les pays de l’Alliance. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) s’est félicité que l’esprit de la coopération internationale et de la solidarité ait été exprimé clairement lors de la semaine de haut niveau en ouverture de cette session de l’Assemblée générale.  Le développement durable est hautement prioritaire pour le Groupe africain, a-t-il assuré, tout en regrettant que les outils et mécanismes permettant d’y parvenir ne suffisent pas.  Il a donc appelé la Deuxième Commission à contribuer à les renforcer.  En outre, le Groupe est préoccupé par le fait que la communauté internationale ne soit pas tout à fait prête à agir pour l’objectif de développement durable no 1, c’est-à-dire l’élimination de la pauvreté.  M. Kapambwe a également jugé nécessaire de mettre fin aux flux financiers illicites et a demandé à la Commission de prévoir des outils pour y mettre un terme. 

Quant à l’impact des changements climatiques, il menace le développement et l’élimination de la pauvreté dans les pays africains, alors que ceux-ci y contribuent peu, a relevé le représentant, qui a plaidé pour la mise en œuvre d’initiatives afin de rendre l’agriculture africaine plus résiliente.  Il a demandé que les travaux de la Deuxième Commission reflètent cette urgence.  Le Groupe africain est aussi préoccupé par le manque de ressources financières et la diminution de l’APD, a-t-il ajouté.  Il n’y a plus de temps à perdre, a encore insisté M. Kapambwe.

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji), parlant au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a salué les efforts en cours visant à réformer le système des Nations Unies pour le développement, tout en se félicitant d’une mesure instituant un bureau multipays dans le Pacifique Nord.  Le Groupe plaide également pour la poursuite de la réforme de l’Assemblée générale, notamment pour éviter les doublons entre les travaux des Deuxième et Troisième Commissions et ceux du Conseil économique et social (ECOSOC). 

Les changements climatiques restent la plus grande menace qui pèse sur les petits pays insulaires en développement du Pacifique, a rappelé la délégation, avant de souligner le lien étroit entre changements climatiques et sécurité, étant donné que le premier phénomène a un effet sur les migrations, la sécurité alimentaire, la montée du niveau de la mer, voire même les frontières des États et les questions de souveraineté.  Il faut donc que le système onusien reconnaisse ces menaces existentielles et soit prêt à s’y adapter.  La délégation a remercié le Chili qui a désigné la vingt-cinquième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 25) comme « une COP Bleue », reconnaissant ainsi la place des océans dans le débat sur les changements climatiques.  Enfin, pour ne pas laisser ces pays à la traîne, le délégué a plaidé pour que leur vulnérabilité et leur fragilité soient prises en compte dans l’octroi de l’APD, tout en se félicitant de l’engagement renouvelé des dirigeants du monde qui ont adopté une Déclaration politique à la session d’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa en septembre dernier.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a demandé, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030, une ONU à la mesure de la tâche pour apporter son soutien, la Deuxième Commission devant jouer un rôle positif à cet effet.  En parlant du thème de la présente session de la Commission, le délégué a insisté pour une transition vers une économie verte et inclusive, ajoutant que l’économie circulaire est le modèle qui peut aider à y parvenir.  Convaincue que beaucoup reste à faire pour exploiter le plein potentiel de la Deuxième Commission, la délégation a salué l’idée de création d’un groupe de travail informel chargé de réfléchir à l’amélioration de ses méthodes de travail.  L’UE, qui n’entend plus prendre la parole au cours des débats thématiques de la Deuxième Commission, a argué que ces échanges sont une répétition de « ce qui s’est dit au cours du débat général et des évènements parallèles et autres réunions conjointes tenue avec d’autres organes ».  Même si la délégation reconnaît le droit de chaque État à présenter des résolutions, elle souhaiterait tout de même que la Commission se focalise sur des résolutions importantes pour la mise en œuvre du Programme 2030.  M. Gonzato a d’ailleurs relevé que les droits de l’homme doivent être au cœur du Programme 2030, lequel doit être centré sur la planète, être transformateur sur le plan du genre et basé sur le droit international.

En ce qui concerne les changements climatiques, il a demandé que les actions de la communauté internationale ciblent à la fois les efforts d’adaptation et d’atténuation, et que les contributions nationales soient renforcées comme cela avait été convenu dans l’Accord de Paris.  En outre, au sujet du financement du développement, l’UE a rappelé être la plus grande source d’APD, avant de suggérer également des mesures utiles telles que la réforme des système fiscaux des pays en développement, le renforcement de la coopération en matière fiscale tout comme la lutte contre les flux financiers illicites et le blanchiment d’argent, ainsi que l’utilisation des technologies numériques pour lutter contre la corruption.  

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande), également au nom du Canada et de l’Australie (CANZ), a salué les progrès accomplis par la communauté internationale sur la voie du développement durable, tout en soulignant que les inégalités persistent, qu’elles soient économiques ou de genre.  « 2030, c’est seulement dans 10 ans, nous devons faire davantage et ne pas renégocier ce qui a déjà été convenu », a-t-il poursuivi, appelant à « ne pas revenir en arrière ». 

Selon M. Hawke, la pauvreté ne peut pas être combattue si la moitié de la population mondiale est victime de discrimination.  « Nous devons redoubler d’efforts pour qu’il n’y ait plus de laissés-pour-compte, pour prendre en compte les besoins spécifiques des PEID, ainsi que les problèmes spécifiques des pays en développement sans littoral. »  Les peuples autochtones doivent aussi être protégées, a-t-il demandé en signalant que « c’est une question importante pour chacun de nos trois pays ».

Selon le groupe CANZ, les changements climatiques représentent la plus grande menace au développement durable.  Il a précisé que les PEID, avec les PMA, sont « les plus vulnérables d’entre nous ».  À son avis, ce n’est qu’en travaillant ensemble que la menace s’éloignera.  Les trois pays du groupe CANZ souhaitent que les engagements de l’Accord de Paris soient préservés, a-t-il dit en faisant remarquer qu’il y a assez d’argent dans le monde pour agir.  Enfin, M. Hawke a appelé à adopter des méthodes de travail plus efficaces au sein de l’ONU, en limitant notamment les doublons.  

M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) s’est inquiété de la situation de l’économie mondiale sur fond de fragilité du système financier et de l’augmentation de la dette.  Dans ce contexte, la Deuxième Commission doit être renforcée, a estimé M. Dapkiunas, ajoutant que les objectifs de développement durable sont un bon indicateur de l’activité multilatérale.  S’agissant du commerce mondial, il a condamné l’imposition de mesures coercitives unilatérales, estimant que seul un commerce basé sur l’inclusion et la transparence peut contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.  Par ailleurs, le représentant s’est félicité de l’attention que la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) porte aux pays à revenu intermédiaire mais a regretté le manque de mécanisme clair concernant la coopération de ces pays avec les Nations Unies, qu’il a pourtant jugée fondamentale dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030.  Au niveau national, le Bélarus a fait des efforts pour atteindre les objectifs de développement durable et a tenu cette année le premier forum de développement durable avec les pays de la région, a fait valoir M. Dapkiunas.

M. SOLOMON JAMIRU (Sierra Leone) s’est dit fermement engagé en faveur du Programme d’action d’Istanbul pour les PMA et s’est félicité des améliorations enregistrées dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour la Sierra Leone, la gouvernance des ressources naturelles est un pilier essentiel du développement.  Le pays continue d’améliorer également ses infrastructures et attend que les financements internationaux viennent compléter les ressources nationales.  Le représentant s’est d’ailleurs inquiété du déclin de l’APD et a estimé qu’il fallait en faire davantage en termes de financement du développement, de transfert de technologie, de renforcement des capacités et de lutte contre les vulnérabilités face aux changements climatiques.  Le nouveau plan de développement de la Sierra Leone à moyen terme s’aligne sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme 2030 et met l’accent sur l’objectif de développement durable no 4, (éducation) et l’objectif de développement durable no 16, (justice).  M. Jamiru a assuré qu’il s’engageait à poursuivre son action sur la voie des progrès déjà enregistrés.

M. EVGENIY A. STANISLAVOV (Fédération de Russie) a jugé indispensable de continuer à coordonner au mieux le travail fait à l’ONU, ou au sein du G20.  Avec les incertitudes de l’économie mondiale, la volatilité des marchés et du cours des matières premières, la dette considérable des États, les changements climatiques, l’immigration illégale, « on voit les lignes de fracture augmenter entre pays », a noté le représentant.  Il a aussi relevé que les règles de l’OMC sont « réinterprétées de manière politique », ce qui fragmente encore plus le monde et détériore le niveau de vie des populations.  La Russie est prête à travailler de manière constructive avec l’OMC, a assuré le représentant.  Concernant le financement pour le développement, M. Stanislavov a appelé à davantage de coopération pour lutter contre les fuites fiscales, et s’est déclaré pour l’établissement d’un régime international juridique.  Les banques internationales de développement doivent travailler avec davantage d’énergie concernant les pays en développement en situation post conflit, a-t-il aussi pointé.  Enfin, la Russie, qui a signé l’Accord de Paris, a dit agir en conséquence pour adapter son économie nationale aux changements climatiques.  

Pour Mme ANAT FISHER TSIN (Israël), le tableau des progrès concernant les objectifs de développement durable est mitigé.  Progrès dans les énergies renouvelables, diminution de l’extrême pauvreté d’un côté; augmentation de la faim, biodiversité en danger de l’autre.  « Il revient aux pays développés de prendre des décisions difficiles aujourd’hui », sans laisser les générations prochaines hériter de cet irréversible fardeau, a-t-elle estimé.  À la Deuxième Commission, Israël présentera cette année une résolution sur les technologies agricoles au service du développement durable, un secteur clef, avec la gestion efficace des ressources hydriques, selon la représentante.

Appelant à « produire plus en gaspillant moins », et à coller sans faute au Programme 2030 dans tous les travaux de la Deuxième Commission, Mme Fisher Tsin a évoqué la prochaine journée de Yom Kippour, fête la plus importante du calendrier juif, appelant la Commission à faire comme les juifs ce jour-là: « se demander comment s'améliorer ».

M. KIM IN-RYONG (République populaire démocratique de Corée) a estimé que la tâche la plus importante pour atteindre les objectifs de développement durable est la création d’un environnement paisible.  Le développement socioéconomique souffre en effet de sérieux revers en raison de l’instabilité politique comme les conflits, la violence, la pauvreté ou l’escalade des tensions dans de nombreuses régions du monde.  Il ne faut pas accepter toute tentative de saper la paix et la sécurité dans le monde, a dit le représentant, ajoutant que la portée des manœuvres d’un « certain pays » pour mettre un terme au développement durable et à la coopération mutuelle est évidente lorsque l’on regarde tous les types de sanctions appliqués par ce même pays contre quelque 70 pays dans le monde.

M. Kim a dit que le succès de la mise en œuvre des objectifs de développement durable exige de garantir à tous les pays un exercice complet et permanent de leur souveraineté sur les activités économiques nationales et d’interdire l’application de mesures économiques, financières et commerciales unilatérales, qui vont d’ailleurs à l’encontre de la Charte des Nations Unies.  Il a ajouté le nécessaire établissement d’un ordre économique mondial juste.  Renforcer la solidarité entre pays sur la base de la justice, de l’égalité et de l’impartialité équivaut à créer un environnement international favorable pour atteindre les objectifs de développement durable, a précisé M. Kim.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a constaté que les progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable sont inégaux et que la communauté internationale n’a pas vraiment commencé à lutter contre les changements climatiques.  L’élimination de la pauvreté multidimensionnelle doit être une priorité, a estimé le représentant, ajoutant qu’il fallait s’occuper, en priorité, de ceux qui sont laissés de côté dans les zones rurales ou isolées.  Le développement du partenariat entre l’Indonésie et les États insulaires en développement visera en particulier les conséquences des changements climatiques.  Quant aux investissements, le représentant les a jugés loin d’être suffisants, invitant les délégations de la Deuxième Commission à se pencher sur cette question, ainsi que sur celles du transfert de technologie et du renforcement des capacités.

M. ALEJANDRO G. VERDIER (Argentine) a rappelé que l’Argentine avait accueilli en mars dernier la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, qui a permis aux pays concernés de s’associer dans des conditions d’horizontalité et de bénéfice mutuel pour échanger des connaissances et renforcer leurs capacités sur plusieurs questions: de l’agriculture et l’environnement à la santé et aux droits de l’homme, en passant par la science et la technologie.  Pour l’Argentine, la science, la technologie et l’innovation ont un caractère central pour faire face aux multiples dimensions de la pauvreté.  Le pays souligne également l’importance de l’éducation, raison pour laquelle il copréside le Groupe des amis de l’éducation et l’apprentissage tout au long de la vie.  L’Argentine, a ajouté le représentant, travaille avec l’UNESCO pour atteindre l’objectif de développement durable no 4, relatif à cette question. 

Le représentant a également souligné que l’élimination de la pauvreté n’est pas possible si l’on n’instaure pas les conditions garantissant un emploi digne à tous.  Enfin, M. García Moritán a fait observer que les petites et moyennes entreprises (PME) sont un acteur très important pour l’économie, quel que soit le pays, et qu’elles peuvent intégrer des pratiques commerciales responsables et durables dans les complexes chaînes de valeur mondiales.  Les PME peuvent ainsi contribuer à l’amélioration de la qualité de l’environnement et à l’atténuation des impacts des changements climatiques, à l’égalité de genre et à l’autonomisation des femmes et des filles, ou encore à la réduction des inégalités.

M. NEBIL SAID IDRIS(Érythrée) a déploré le fait que malgré les engagements pris dans le cadre des objectifs de développement durable, des centaines de millions de gens continuent de souffrir de la pauvreté ou de mourir de maladies facilement évitables, et que pendant ce temps les inégalités de revenus ne cessent de croître.  Il faut donc un changement de paradigme, a-t-il préconisé, en conseillant aussi de réorganiser le multilatéralisme et d’agir pour le bénéfice de l’humanité.  Selon le délégué, on ne peut réaliser l’objectif de « ne laisser personne de côté » quand la solidarité internationale se contracte et quand l’assistance attendue continue de s’accompagner de conditions paralysantes.  On ne peut pas non plus réaliser les objectifs de développement durable si on se refuse de reconnaître que l’on vit sous des idéologies sociales, économiques et politiques dominantes qui tendent à exploiter et qui ne bénéficient qu’à quelques individus, a-t-il déploré, en appelant à forger de nouveaux modèles économiques.    

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a affirmé que son pays était activement engagé dans la lutte contre les flux financiers illicites qui privent des gouvernements et citoyens de ressources financières pour le développement durable.  Elle a noté que l’esclavage moderne et le trafic d’êtres humains sont des crimes horribles affectant 40 millions de gens à travers le monde et générant 150 milliards de dollars de revenus par an.  C’est pourquoi son pays a lancé, en collaboration avec l’Australie et les Pays-Bas, un partenariat public-privé en 2018: « l’Initiative du Liechtenstein » pour une Commission du secteur financier sur l’esclavage moderne et la traite des êtres humains.  Cette initiative vise à « équiper le secteur financier mondial afin de prévenir et combattre ces crimes par un financement durable et innovant ».

La déléguée a indiqué que l’innovation financière ainsi que des technologies telles que la chaîne de blocs, ont le potentiel de lutter contre les trafics illicites d’êtres humains, et peuvent, dans le même temps, aider à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Ainsi, la chaîne de blocs peut apporter la transparence à la production et permettre de détecter les cas d’esclavage moderne, a—telle argué.  Par exemple, l’identification digitale des personnes peut aider à accélérer l’inclusion financière de victimes potentielles et des survivants de trafic.  De même, les transferts de fonds par la technologie de la chaîne de blocs peuvent permettre de réduire le coût des transferts de fonds.  Le Liechtenstein est l’un des premiers pays au monde à avoir adopté une législation qui maximise le potentiel de la chaîne de blocs tout en minimisant les risques y associés, a souligné Mme Oehri.  Un évènement spécial sera d’ailleurs organisé par la délégation, au Siège des Nations Unies, le 17 octobre, pour présenter cette loi, a-t-elle indiqué.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a d’emblée fait savoir que son pays, qui quittera l’Union européenne le 31 octobre, restera un membre actif de la Deuxième Commission.  S’agissant des changements climatiques, la représentante a plaidé pour une accélération des actions et a indiqué que le Royaume-Uni voulait jouer un rôle actif, ajoutant que le pays avait déjà augmenté ses investissements dans ce sens.  En ce qui concerne le financement du développement, elle a dit sa fierté que le Royaume-Uni respecte l’engagement de 0,7% du PIB consacré à l’APD. Selon elle, il sera impossible d’atteindre les objectifs de développement durable si les promesses ne sont pas respectées.  Quant au Programme 2030, elle a estimé que le développement devait être inclusif.  Le Royaume-Uni, a-t-elle assuré, continuera à promouvoir le respect des droits de l’homme.

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a plaidé pour une riposte politique appropriée afin de relever les défis plutôt que d’agir de façon isolée et cloisonnée.  L’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes reste un défi majeur, a-t-il souligné, mentionnant le programme de l’Agenda 2063 de l’Union africaine en ce sens, pour ajouter que les pays africains ont toujours besoin du soutien des Nations Unies.  L’Algérie a présenté, cette année, son premier examen national volontaire sur la mise en œuvre du Programme 2030: cela a montré que les objectifs de développement durable avaient déjà bien été pris en compte dans les politiques nationales.  En venant au problème des peuples sous occupation coloniale ou domination étrangère, M. Remaoun a appelé tous les États à lutter contre le commerce illégal des ressources naturelles volées à ces territoires. 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a rappelé que les changements climatiques affectent davantage les pays les plus vulnérables, comme ceux en situation particulière ou subissant une occupation.  Cuba souhaite le strict respect des textes internationaux et de l’esprit multilatéraliste de l’Organisation, a-t-elle déclaré, en demandant notamment que les réalités nationales soient respectées, ainsi que l’égalité de chacun des membres de la communauté internationale.  L’élimination de la pauvreté, y compris extrême, est le défi le plus important pour l'humanité, et « nous n'y parviendrons que si nous éliminons les causes du mal », a-t-elle plaidé, en dénonçant les réalités humainement inacceptables.  Elle a ainsi pointé la concentration de richesses qui détonne amèrement avec le sous-développement de la plupart des pays du monde, qualifiant cette situation de « honteuse ».  Dénonçant le budget militaire des États-Unis –1,7 milliard de dollars par jour-, la représentante a réclamé une nouvelle architecture du système financier international.  Elle a aussi demandé de respecter l’Accord de Paris, bien qu’elle le trouve insuffisant.  Elle a fustigé, à cet égard, les États-Unis, « un des plus grands pollueurs du monde », pour « ne pas se soucier de sa dette écologique », ainsi que pour son blocus « injuste » de l’île de Cuba, qui travaille tant bien que mal à la réalisation du Programme 2030.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan), se disant pessimiste quant à la réalisation des objectifs de développement durable, a appelé à redoubler d’efforts et à mettre en œuvre le Programme 2030 dans son intégralité.  En effet, a-t-elle fait remarquer, on ne peut pas choisir les objectifs de développement durable à la carte.  Pour cela, la représentante a réclamé la mise à disposition de ressources suffisantes, demandant aux pays développés de « revoir leur APD à la hausse », ainsi qu’à lutter davantage contre les flux financiers illicites.  La coopération Sud-Sud, un des instruments les plus importants des pays en développement, ne peut remplacer la coopération Nord-Sud, a-t-elle, par ailleurs, insisté.  S’agissant de la coopération triangulaire, elle a estimé qu’elle devait rester encadrée par la coopération Sud-Sud.  Enfin, les changements climatiques sont un problème crucial au Pakistan, pays dépendant largement des ressources naturelles, et Mme Lodhi attend beaucoup du prochain Sommet Action Climat, à cet égard.

M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a souhaité que la Deuxième Commission reste pertinente, en alignant son travail sur le Programme 2030.  Il a également salué la décision de créer un groupe de travail informel consacré aux méthodes de travail.  Le délégué a souhaité que l’accent soit mis, au cours de la présente session, sur le lien existant entre les 17 objectifs de développement durable, insistant sur le fait qu’aucun objectif ne saurait être réalisé isolément.  La République de Corée est particulièrement préoccupée par la question des inégalités, au sein et entre les pays, étant donné que cela érode la cohésion sociale et empêche de parvenir à un développement qui soit équitable.  Le pays, qui assure la présidence du Groupe des Amis sur l’objectif de développement durable no 10, sur la réduction des inégalités, a ainsi œuvré pour que cette question devienne une préoccupation transversale. 

M. Cho a également appelé à renforcer l’action climatique, rappelant que la République de Corée entend doubler sa contribution en faveur du Fonds vert pour le climat.  Enfin, le délégué a demandé plus d’action pour renforcer le partenariat en faveur du Programme 2030, plaidant un plus fort engagement de la part du secteur privé et une plus grande implication des communautés locales, des organisations de la société civile, du monde universitaire, entre autres partenaires importants.

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a affirmé que son pays était engagé à mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat, le Gouvernement visant même d’atteindre la neutralité en carbone en 2040.  La nouvelle politique de développement internationale de l’Islande met l’accent sur cette question climatique, ainsi que sur la réduction des inégalités entre les genres, a-t-il précisé.  Le délégué a aussi mis l’accent sur la « planète bleue », rappelant que 70% de la terre est recouverte d’eau et, de ce fait, « les changements climatiques sont également des changements des océans ».  Le délégué a aussi souligné que la dégradation des terres est la cause de nombreux problèmes sociaux, avant de plaider pour que tous les pays accordent une attention particulière aux groupes sociaux qui sont privés de leurs droits fondamentaux, notamment les LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexués) et d’autres groupes vulnérables.

Mme MONA JUUL (Norvège) a mis l’accent sur les changements climatiques et les catastrophes qu’ils ont provoquées, pour souligner l’urgence à réduire les risques, notamment pour les PMA et les petits États insulaires.  Si l’urgence climatique n’est pas prise au sérieux, le monde sera soumis à des destructions qu’aucun programme ne pourra réparer, a-t-elle mis en garde.  Un nombre alarmant d’espèces disparaît et les solutions pour préserver la nature et atténuer les changements climatiques sont liées, a-t-elle fait observer.  Mme Juul a fait part des efforts de la Norvège en ce sens, considérés comme une priorité pour son développement, et le renforcement de sa contribution au titre de l’Accord de Paris. 

S’assurer de la bonne santé de la planète est essentiel pour parvenir aux objectifs de développement durable, a-t-elle rappelé.  Elle a plaidé pour le renforcement de la mobilisation des ressources nationales et pour la mise en place de régimes fiscaux justes et prévisibles, de même qu’il faut lutter contre la corruption et les flux financiers illicites.  Quant à l’APD, la Norvège est fière de lui allouer 1% de son PIB depuis déjà 10 ans.  Si beaucoup de changement reste à faire, Mme Juul a reconnu que de nombreux pays font des progrès, comme le montrent les examens volontaires nationaux.

M. DAOVY VONGXAY (République démocratique populaire lao) a indiqué que son pays avait souffert, comme beaucoup d’autres, des impacts des changements climatiques, cette année, remerciant ses partenaires de développement, les agences des Nations Unies et d’autres parties prenantes pour leur soutien, qui a permis au Gouvernement de répondre aux besoins des personnes touchées.  Pour le représentant, ces changements, de même que les incertitudes économiques mondiales, les catastrophes naturelles et le creusement des inégalités de revenu, entre et au sein des pays, menacent gravement de perturber l’activité économique mondiale et d’avoir des conséquences négatives sur le programme de développement à long terme. 

En bref, la croissance économique est inégalement répartie entre les pays et les régions et ne parvient pas jusqu’à ceux qui en ont le plus besoin, à savoir les PMA, les pays en développement sans littoral et les PEID, a résumé le représentant.  Ceux-ci ont besoin de davantage d’investissement, et la communauté internationale devrait prêter plus d’attention à leurs besoins de développement afin de s’assurer qu’ils ne soient pas laissés pour compte.  À cet égard, un multilatéralisme revitalisé et résilient ainsi qu’une coopération régionale et internationale élargie sont nécessaires, a-t-il conclu.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a parlé de « détérioration » de la mise en œuvre des objectifs de développement durable depuis 2015, et regretté que le monde développé ne respecte pas sa partie du contrat, notamment en termes de renforcement des capacités et de soutien pour élargir l’accès aux technologies de l'information et des communications.  Le multilatéralisme subit des camouflets, a-t-il aussi regretté, en faisant référence aux embargos engagés contre certains acteurs.  L’Iran, a-t-il dit, espère que le financement du développement ne deviendra pas l’otage de « mouvements de coercition ».  Le pays est aujourd'hui la cible de mesures unilatérales qui ne lui permettent pas de faire face aux défis actuels, comme les changements climatiques, a-t-il expliqué.  Alors que l’Iran est signataire de l’Accord de Paris, le représentant a appelé au respect des principes de cet accord et a demandé aux pays développés d’assumer leur responsabilité historique dans ce problème.  Dénonçant des « sanctions financières non justifiées » contre les pays en développement les privant de l’accès au développement, il a jugé dommage que l’accumulation des inégalités provoquées par des approches discriminatoires contre les pays en développement réduise à néant les efforts de ces derniers.

M. OMER MOHAMED AHMED SIDDIG (Soudan) a jugé que l’éradication de la pauvreté était une condition sine qua non de la réalisation des objectifs de développement durable, étant le défi le plus important à relever.  Beaucoup de chemin reste à parcourir cependant, a-t-il déclaré.  Malgré les efforts du Soudan, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est en danger, selon M. Siddig, à cause de la sécheresse et de la désertification rapide de régions entières.  Le Soudan n’est pas une exception: l’un pays moins avancés, sortant de conflit, alourdi par des dettes, accueillant plus de deux millions de réfugiés sur son territoire, il combat des sanctions économiques imposées qui entravent ses plans de développement.  Appelant la communauté internationale à respecter ses engagements financiers envers les PMA, le Soudan a demandé de multiplier les aides publiques au développement et au transfert de technologies.

M. WU HAITAO (Chine) a plaidé pour une nouvelle dynamique en vue d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable et de mettre le développement au cœur des travaux de la communauté internationale.  La pauvreté est le plus grand défi et son élimination devrait être une priorité, ainsi que l’éducation et l’accès aux soins de santé, a dit M. Haitao.  Il en a également appelé à une coopération internationale juste et transparente, dont les pays en développement devraient davantage bénéficier.  De plus, il a défendu le multilatéralisme et s’est opposé aux mesures unilatérales. 

Cette année marque le soixante-dixième anniversaire de la République populaire de Chine, a fait observer le représentant.  Au cours de la dernière décennie, le pays a réussi le processus d’industrialisation et a sorti des centaines de millions de personnes de la pauvreté.  Le pays est également le principal contributeur au maintien de la paix dans le cadre des Nations Unies.  Cela étant, il reconnaît être toujours un pays en développement et accuser des retards dans certains domaines, a précisé le délégué. 

Mme ADELA RAZ (Afghanistan) a souligné que, malgré les progrès engrangés dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, la situation actuelle au niveau mondial et les pressions subies ralentissent le processus.  Elle a plus précisément déploré l’adoption de mesures protectionnistes par certains pays et a plaidé pour des mesures décisives dans ce domaine. 

En tant que PMA sans littoral frappé par un conflit, l’Afghanistan n’ignore pas l’ampleur des défis, tout en restant à la pointe de la lutte contre le terrorisme, a indiqué le délégué.  Le Gouvernement a créé un mécanisme de suivi intégré pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable en Afghanistan et reste concentré sur son principal objectif de venir en aide aux plus vulnérables.  La consolidation des moyens de mise en œuvre et la coopération internationale sont nécessaires pour les PMA, les pays sans littoral et les pays en conflit, a dit la représentante, plaidant pour des partenariats plus importants et l’amélioration des efforts collectifs, à cet égard.  Lutter contre les lacunes dans le domaine des infrastructures permettrait de trouver des solutions durables en termes de transport, a-t-elle ajouté.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a indiqué que son pays avait déjà réalisé des avancées significatives en matière de lutte contre la pauvreté et d’accès aux services publics, en matière d’infrastructures physiques, ainsi qu’en ce qui concerne le renforcement et la consolidation des droits et des libertés, pour un ancrage solide et sain de la pratique démocratique.  Il a relevé que le Maroc avait pris l’initiative d’introduire, cette année, une nouvelle résolution sur la gestion intégrée des zones côtières, au vu de l’importance qu’elles revêtent pour l’économie nationale, continentale et internationale.  Le délégué a aussi mentionné que le développement durable nécessite d’investir davantage dans l’élément humain, de lutter contre les inégalités sociales et les disparités spatiales.  Il a, en outre, affirmé que « le multilatéralisme est l’ultime remède de la majorité des maux de notre monde d’aujourd’hui ». 

L’Afrique, a poursuivi M. Hilale, a besoin d’une attention spécifique et d’un accompagnement ciblé.  Il a lancé un appel aux Nations Unies en vue de la création d’un fonds pour soutenir la mise en œuvre des objectifs de développement durable sur le continent, en particulier dans le cadre de l’action climatique, la promotion de l’agriculture durable et la transition aux énergies renouvelables.  Il a ajouté que la sécurité alimentaire est considérée comme l’un des défis majeurs à relever à l’échelle mondiale, et plus particulièrement en Afrique.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a fait observer que la Mongolie, qui a très peu contribué aux changements climatiques, en subit, cependant, des conséquences avec des hausses de température supérieures à la moyenne mondiale.  En outre, les zones de permafrost ont été réduites de moitié et de nombreuses sources d’eau sont désormais asséchées, alors que la majeure partie de la population rurale dépend de la nature.  La Mongolie a pour objectif d’avoir 30% d’énergies renouvelables à l’horizon 2030, et travaille à la diversification de son industrie, même si beaucoup reste à faire, a fait savoir le représentant.  Le Gouvernement a aussi l’intention d’organiser un atelier sur le développement des corridors pour les pays sans littoral.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a relevé que le développement mondial connaît une grande accélération.  Il a tenu à ce que l’avenir laissé aux enfants soit positif.  L’Arabie saoudite a mis en place une vision ambitieuse à l’horizon 2030 et a intégré le Programme 2030 dans sa politique, a-t-il indiqué, précisant que son objectif est de devenir l’une des économies les plus puissantes, dans laquelle chaque citoyen puisse réaliser ses rêves.  Le royaume est devenu le septième pays au monde en termes d’efficience des dépenses publiques et a connu une hausse des revenus non pétroliers, a fait savoir le représentant.   

Mme ISBETH LISBETH L. QUIEL MURCIA (Panama) a considéré que l’élimination de la pauvreté exigeait des transformations à tous les niveaux.  La qualité de l’éducation est un défi à relever, en prenant en compte les changements technologiques rapides, grâce à une collaboration entre pays de plus en plus essentielle, a-t-elle recommandé.  Selon la représentante, faire face aux changements climatiques passe par une politique intégrée, comme dit lors du Sommet Action Climat.  Le Panama travaille, d’ailleurs, à faire de la question climatique une priorité numéro 1 de sa politique de développement.  La complémentarité cruciale entre le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Programme 2030 exige un engagement résolu, politique, entre les États Membres, en matière de TIC, de lutte contre les flux financiers illicites et de renforcement des capacités, a encore relevé Mme Quiel Murcia qui a appelé à adopter de nouveaux indicateurs de mesure de la pauvreté.  Point de passage commercial, le Panama est fier de son rôle de pont commercial, et considère le commerce international comme une excellente voie pour sortir les populations de la pauvreté.

M. AHMED BIN SAIFI AL-KUWARI (Qatar) a assuré que le Qatar avait joué un rôle de figure de proue dans la mise en place d’un prix carbone à l’international, et dans l’aide aux PEID, pays en première ligne face aux changements climatiques.  Il a appelé à un environnement international ouvert, inclusif, non discriminatoire, conformément aux recommandations de l’OMC.  Invitant à augmenter les aides financières aux PMA et aux pays en situation de conflit, il a souligné l’importance d'une éducation de qualité, instrument le plus important, selon lui, pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a enfin assuré que le Qatar était l’un des pays qui fournissait le plus d’assistance humanitaire aux pays du monde, et qu’il accueillerait en 2020 une conférence internationale sur les PMA, en souhaitant travailler, coopérer et créer des partenariats pour parvenir au développement durable.

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a invité les États Membres à rechercher des solutions communes et consensuelles aux défis auxquels « nous faisons face », avant de leur demander d’avoir le courage d’une culture de négociation qui recherche le compromis et le consensus.  Le délégué a estimé qu’il était nécessaire de redynamiser la Deuxième Commission qui traite de « trop de résolutions obsolètes, qui ne s’inscrivent ni dans le dynamisme que nous souhaitons donner à l’ONU, ni dans les préoccupations actuelles de nos concitoyennes et concitoyens; et des jeunes avant tout ».  Il est donc grand temps, a-t-il suggéré, que certaines résolutions soient bi ou tri annualisées, voire biffées du programme de travail, afin non seulement de rendre le travail de la Commission plus efficace, mais aussi de permettre l’émergence de thèmes nouveaux et actuels.

Au sujet de questions importantes pour le travail de la Commission, le délégué a mentionné la numérisation qui offre des opportunités indéniables d’accélérer l’avènement du développement durable.  « S’il soulève beaucoup de questions, il apporte aussi beaucoup de réponses », a-t-il argué, en notant que les bons choix dans ce domaine clef engendreront des synergies prometteuses pour un grand nombre de thèmes discutés en Deuxième Commission.  La Suisse accorde aussi du prix à la question des données statistiques, a dit le délégué, en plaidant pour des données qui soient davantage actualisées et pertinentes, et avant d’annoncer que Berne accueillera, l’an prochain, le Forum mondial des Nations Unies sur les données. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé que son pays traverse des circonstances exceptionnelles et cherche à améliorer la coopération avec le système des Nations Unies pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Il en a appelé à la non-politisation des travaux de développement.  L’examen national volontaire de son pays sera présenté l’année prochaine et le Gouvernement est très conscient des limites à son développement, en raison des sanctions et du terrorisme.  Les stratégies de développement sont fondées sur l’autonomisation des sociétés, a rappelé le représentant, mais il faut que l’ONU se positionne contre les mesures unilatérales coercitives.  Il a également dénoncé l’occupation israélienne qui continue de piller les ressources dans le Golan syrien occupé.

Mme CATHERINE UDIDA (Nigeria) a jugé important que la Deuxième Commission travaille de façon collaborative pour que les pays puissent faire face aux objectifs ambitieux du Programme 2030 et de l’Accord de Paris.  Elle a plaidé pour un renforcement des moyens de mise en œuvre dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Au niveau national, le Gouvernement se concentre sur l’élimination de la pauvreté.

Au niveau international, la représentante a insisté sur la lutte contre les flux financiers illicites, qui constituent une entrave au développement, et a invité les délégations à se concentrer sur l’élimination des paradis fiscaux.  Quant au problème des changements climatiques, elle l’a qualifié de plus grand défi de notre époque et s’est félicitée des efforts du Secrétaire général et de la convocation du sommet Action Climat.  Elle a invité les pays industrialisés à s’engager davantage sur cette question.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) a souligné l’importance de prendre en considération les défis auxquels les pays en développement sont confrontés, y compris les pays à revenu intermédiaire, à l’heure de mettre en œuvre le Programme 2030 et notamment l’objectif d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions.  Les pays en développement sont en effet confrontés à de terribles problèmes: les effets des changements climatiques, la hausse des inégalités, les poches persistantes de pauvreté et de faim, l’urbanisation accélérée et la dégradation de l’environnement.  Raisons pour lesquelles la représentante a jugé nécessaire de chercher une transition vers des sociétés durables et résilientes qui intègrent une gestion responsable des ressources naturelles et l’accès aux services de base, ce qui est non seulement un droit humain fondamental mais aussi un élément indispensable sur la voie du développement durable.

La délégation a dit observer avec beaucoup de préoccupation la réduction de l’accès au financement préférentiel à mesure que les revenus des pays augmentent, comme c’est le cas des pays à revenu intermédiaire, qui font pourtant face à de nouveaux défis en termes de développement.  Le critère de classification, selon le revenu national ou par habitant, réduit à une seule variable le degré de développement d’un pays, a regretté Mme Ortez, alors que la réalité économique et sociale est beaucoup plus complexe.  Aussi, a-t-elle plaidé pour des indicateurs multidimensionnels, rappelant que si les inégalités entre les pays ont été réduites, elles se sont creusées au sein des pays.  Faire face aux changements climatiques et encourager le développement durable sont les deux faces d’une même médaille, et l’un ne va pas sans l’autre, a conclu la représentante.

M. JAIME GNECCO (Colombie) a déclaré que la Colombie avait intégré le Programme de développement durable à l’horizon 2030 à sa stratégie de développement.  Les progrès d’une société plus inclusive nécessitent la garantie des services sociaux essentiels, et de créer des opportunités pour les entrepreneurs en développant son économie, a fait remarquer le représentant. Engagée dans la protection de la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques, « plus grande menace de l’humanité », la Colombie appelle à mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation concrète, a dit M. Fernandez de Soto avant de se féliciter de la négociation d’un nouveau cadre mondial pour la protection de la biodiversité, qui devrait avoir lieu en 2020, y voyant une opportunité.  La Colombie soutient aussi sans réserve la réforme du système financier des Nations Unies pour le développement.

M. SYLVESTER MUDANDA (Zambie) a espéré davantage d’actions pour arracher les personnes à la pauvreté en Zambie.  La croissance du pays, en progrès, fait toutefois face aux difficultés résultant des changements climatiques et des sécheresses, qui nuisent à l'agriculture et à la production d’électricité, alors que la Zambie dépend largement des pluies pour sa production industrielle et agricole.  Le représentant, qui prévoit un bilan en berne en 2019 pour la génération d’électricité, a bon espoir que science et politique de développement fassent bon ménage à l’avenir.  S’agissant du financement pour le développement, le Gouvernement a mis en place des partenariats publics-privés pour réduire le fardeau de la dette zambienne.  Le représentant a aussi appelé à mieux lutter contre les flux financiers illicites, et à taxer plus efficacement l’économie numérique en croissance rapide.

M. JASON LAWRENCE (États-Unis) a appelé à « sortir des débats stériles » et à mener un véritable dialogue au sein de la Deuxième Commission.  Il a estimé que trop de points sont inscrits à l’ordre du jour chaque année alors qu’un rythme biannuel suffirait dans de nombreux cas.  L’engagement des États-Unis en faveur du développement reste fort et le pays est fier d’être le premier fournisseur d’APD, a-t-il dit.  Mais lorsque le Gouvernement investit dans un pays en développement, il veut s’assurer que cela ne remplace pas les capacités de financement privé, a fait valoir le représentant.  Il a ensuite insisté sur la nécessaire autonomisation des femmes et sur un environnement fondé sur la transparence et l’état de droit. 

Encourager la prospérité économique est l’un des objectifs de cette Commission et les États-Unis s’opposeront à tout libeller politique défendu par les États Membres, a averti le représentant.  Les Nations Unies sont fondées sur la transparence et la neutralité, or, lorsque les résolutions sont utilisées pour promouvoir les intérêts d’un État Membre cela sape sa légitimité, a-t-il précisé.  Il a réitéré son opposition à toute politisation des travaux.

Mme FARAH SIBLINI (Liban) a fait observer que le Liban est un pays à revenu intermédiaire situé au centre de l’une des régions les plus volatiles du monde.  Pour autant, faisant preuve d’une « remarquable résilience », il a lancé le programme d’intégration des objectifs de développement durable, a témoigné la représentante.  Elle a dit que le Liban avait ainsi récemment défini une stratégie et commencé à contacter toutes les municipalités, afin de mieux identifier leurs besoins.  Quant à la diaspora libanaise, sa contribution représente un levier important pour l’économie libanaise.  La représentante a aussi mentionné la question des réfugiés syriens et la destruction de nombre d’infrastructures parmi les obstacles sur la voie du développement durable.

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