Soixante-quatorzième session,
16e séance – matin
AG/EF/3522

La Deuxième Commission réfléchit aux meilleurs moyens de partager les fruits de la mondialisation dans un monde de plus en plus interconnecté

Un système commercial multilatéral actualisé, renforcé, ouvert, transparent, équitable et basé sur des règles est un moteur de prospérité et de croissance, ont asséné nombre de délégations de la Deuxième Commission (questions économiques et financières) ce matin.  Voyant dans les tentations protectionnistes actuelles des entraves au développement durable, elles ont voulu rappeler, comme l’ont résumé le Groupe des 77 et la Chine, qu’« il n’y a pas d’alternative au multilatéralisme ».

Le multilatéralisme et le rôle des Nations Unies dans la promotion du développement sont en effet plus pertinents que jamais dans un monde de plus en plus interconnecté et interdépendant, ont insisté l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Cuba ou encore le Bhoutan.  Nous vivons des tensions commerciales entre les plus grandes économies au monde, a constaté le Népal, en regrettant que cela crée des incertitudes, en ayant en outre, dans un monde interconnecté, des ramifications à grande échelle.

En effet, a relevé la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les avantages et les coûts des systèmes économiques mondiaux continuent d’être inégalement répartis, ce qui débouche sur des modèles de développement non durables, mettant ainsi en péril la réalisation collective du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En outre, la montée des tensions commerciales, le protectionnisme et des actions unilatérales ont ralenti la croissance et sapé la confiance placée en l’ONU et d’autres institutions internationales, a regretté l’ASEAN.

Alors, comment faire en sorte que tous les pays et tous les peuples puissent tirer parti de la mondialisation et comment mettre un terme à la dynamique du nivellement par le bas?  Ce sont les questions sur lesquelles se penche un rapport du Secrétaire général présenté, ce matin, et intitulé « Tenir les promesses de la mondialisation: promouvoir le développement durable dans un monde interconnecté ».  Dans ce débat, le G77 et la Chine ont plaidé pour de nouvelles approches fondées sur la responsabilité et la promesse de garantir l’inclusion et la participation de ceux qui sont le plus en retard pour créer un monde plus inclusif, juste et durable.

Les défis spécifiques auxquels font face les pays à revenu intermédiaire ont été évoqués à maintes reprises au cours de cette discussion.  Les facteurs de croissance ne sont généralement pas les mêmes dans les pays à faible revenu et dans les pays à revenu élevé, ce qui pose des difficultés pour les pays à revenu intermédiaire, qui doivent définir et essayer de nouvelles stratégies de croissance plus efficaces pour éviter de tomber dans le « piège du revenu intermédiaire », a expliqué M. Hamid Rashid, du Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU.  Depuis 2010, quelques pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, à savoir l’Argentine, la Fédération de Russie et le Venezuela, ont atteint le statut de pays à revenu élevé, puis sont retombés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, parce que la croissance de leur PIB avait faibli, à la suite de la dégradation de la conjoncture économique nationale et internationale.  Ceci montre à quel point les pays à revenu intermédiaire sont vulnérables aux chocs économiques internes et externes, a expliqué M. Rashid.

Par exemple, la Thaïlande a noté que si les pays à revenu intermédiaire ont bénéficié de la mondialisation à travers une expansion économique robuste et plusieurs opportunités, ils ont, dans le même temps, fait face à des inégalités multidimensionnelles qui sapent leur croissance à long terme.  C’est dans l’optique de sortir du piège du revenu intermédiaire que le pays a lancé la politique « Thaïlande 4.0 » afin d’opérer une transformation: passer d’une économie fondée sur la connaissance et la valeur à une économie guidée par des technologies et une innovation qui soient écologiquement viables.

À cet égard, le Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire a réitéré sa demande que le système des Nations Unies pour le développement élabore une stratégie globale et à long terme pour faciliter le développement durable à travers l’offre d’un appui coordonné aux pays à revenu intermédiaire.  Pour leur part, l’Indonésie et la Namibie ont demandé la révision des critères utilisés pour classifier les pays.  Quant à l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), elle a recommandé de tirer parti des possibilités qu’offre la quatrième révolution industrielle pour les pays à revenu intermédiaire.  En effet, cela permet de renforcer leurs capacités -institutionnelles, financières et technologiques- à soutenir la croissance et à éviter le « piège du revenu intermédiaire ».

Si la technologie a été considérée, à maintes reprises, comme un moteur dans la mondialisation, plusieurs délégations se sont inquiétées de la fracture technologique et numérique.  Mme Shamika Sirimanne, Directrice à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a souligné que les technologies nouvelles pourraient aider à remédier aux problèmes de développement pressants et accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable.  Toutefois, sans intervention ni accompagnement, les nouvelles technologies n’aideront pas à réaliser ces objectifs, a-t-elle prévenu, préconisant un renforcement des capacités des pays qui en ont besoin. 

En Asie du Sud-Est, le programme « ASEAN numérique » a été lancé pour promouvoir l’utilisation des technologies numériques, avec notamment le « Réseau des villes intelligentes de l’ASEAN » qui comprend 26 villes de 10 pays et vise un développement urbain durable.  L’Arabie saoudite, qui souhaite créer une société numérique et lancer des activités industrielles de pointe, a déjà lancé une plateforme de réalité virtuelle pour les pèlerins du Hadj, au nombre de trois millions cette année.  Quant à El Salvador, il a annoncé avoir créé un secrétariat à l’innovation chargé de moderniser l’État, qui est en train d’élaborer un programme pour la transformation numérique du pays sur les 10 prochaines années, un pas nécessaire pour remplir les conditions de compétitivité dans le cadre de la quatrième révolution industrielle.

La Deuxième Commission reprendra ses travaux vendredi 18 octobre, à 10 heures, pour débattre de deux points à l’ordre du jour: les technologies de l’information et des communications au service du développement durable et les groupes de pays en situation particulière.

MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE

a) Rôle des Nations Unies dans la promotion du développement à l’heure de la mondialisation et de l’interdépendance

b) Science, technologie et innovation au service du développement durable

c) Culture et développement durable

d) Coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire

Présentation de rapports

Mme MARION BARTHELEMY, Directrice du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport A/74/239 du Secrétaire général intitulé « Tenir les promesses de la mondialisation: promouvoir le développement durable dans un monde interconnecté ».  Ce rapport cherche notamment à répondre aux questions suivantes, a dit Mme Barthelemy: comment faire en sorte que tous les pays et tous les peuples puissent tirer parti de la mondialisation et comment mettre un terme à la dynamique du nivellement par le bas?

Le rapport met en lumière certains des succès et des problèmes les plus récents liés à la mondialisation dans le contexte de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment dans les domaines de la réduction des inégalités par le commerce et le développement, de la compréhension des migrations et de leurs répercussions, et de la mise à profit des technologies numériques pour le bien de tous.  Pour réaliser le Programme 2030, le Secrétaire général préconise dans son rapport d’adopter de nouvelles approches fondées sur l’impératif du partage équitable des responsabilités et sur la promesse consistant à ne pas faire de laissés-pour-compte.

Mme SHAMIKA SIRIMANNE, Directrice de la Division de la technologie et de la logistique à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a présenté devant la Deuxième Commission le rapport « Science, technologie et innovation au service du développement durable » (A/74/230), qui examine l’incidence des technologies nouvelles et naissantes sur le développement durable.  Elle a comparé l’époque actuelle à l’époque atomique: les pays en développement et les pays les moins avancés (PMA), qui ne participent pas au développement des technologies de pointe, seront touchés par leurs conséquences, et doivent donc participer au débat sur leur utilisation au sein de Nations Unies, a-t-elle expliqué.

La nouvelle vague technologique est souvent associée aux chaînes de blocs, à l’intelligence artificielle, aux biotechnologies et aux nanotechnologies, à Internet des objets.  Dans ce rapport, le Secrétaire général explique comment ces innovations peuvent améliorer les secteurs de l’agriculture, de la santé et de l’éducation numérique.  Les technologies nouvelles et naissantes pourraient aider à remédier aux problèmes de développement pressants et à accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), selon le rapport.

Au même moment, l’évolution rapide de la technique pose des problèmes aux gouvernements et aux sociétés qui doivent alors s’adapter, améliorer leur capacité d’évaluation et de prospective des technologies, afin d’être en mesure d’estimer et d’affronter les risques possibles.  L’intelligence artificielle peut avoir des conséquences inattendues et négatives sur certains marchés, par exemple accroître les fossés numériques.  Elles peuvent aussi accroître les préjugés et les discriminations.

Mme Sirimanne a prévenu que sans intervention ni accompagnement, les nouvelles technologies n’aideront pas à réaliser les objectifs de développement durable.  Il faut aider les sociétés à s’adapter à ces changements rapides, a souligné Mme Sirimanne, en renforçant les capacités.  Il faut enfin élargir le spectre de l’orientation technologique à la protection de l’environnement sans se cantonner au pur aspect technologique, a aussi expliqué la représentante de la CNUCED.

Le rapport conclut que de profondes transformations seront nécessaires pour mettre en œuvre le Programme 2030 et atteindre les ambitieux objectifs de développement durable.  Ceux-ci peuvent être réalisés seulement en mobilisant la science, la technologie et l’innovation au profit du développement durable.  À cette fin, ces dernières devraient faire partie intégrante des stratégies nationales de développement, et être promues par les gouvernements et les autres parties prenantes de manière coordonnée et cohérente.

Mme MARIE PAUL ROUDIL, Directrice du Bureau de New York de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a présenté le rapport A/74/286 de l’UNESCO qui dresse un tableau d’ensemble des progrès réalisés dans le domaine de la culture et du développement durable depuis août 2017.  La culture étant interdépendante de tous les aspects du développement humain, elle représente actuellement une source de potentialités insuffisamment explorées, a souligné Mme Roudil.  Elle a constaté un progrès particulier vers l’objectif de développement durable no 11 (villes et communautés durables) grâce à plusieurs initiatives conduites par l’UNESCO dans les domaines de la préservation du patrimoine ou des économies créatives.

La promotion de l’éducation artistique et du multilinguisme a contribué à nourrir la diversité culturelle et à enrichir le dialogue et les échanges interculturels et intergénérationnels.  En outre, l’Année internationale des langues autochtones en 2019 a permis de sensibiliser à la richesse du patrimoine linguistique mondial (7 000 langues).

Le renforcement des synergies entre les mandats et les activités des Nations Unies, la consolidation des partenariats avec la société civile et le secteur privé et l’amélioration de la coopération avec les États Membres et les autorités municipales permettront d’intégrer la culture de manière plus cohérente dans le Programme 2030, relève le rapport.

En outre, dans le cadre des efforts visant à « ne laisser personne de côté », la culture peut donner la parole à des groupes tels que les migrants, les femmes et les filles, les enfants et les jeunes, les minorités ethniques et les peuples autochtones, dont les perspectives peuvent guider les progrès dans la réalisation des ambitions mondiales.  D’ailleurs des efforts pour la promotion des droits culturels pour faire face aux problèmes d’égalité entre les sexes ont été déployés.

L’enthousiasme manifesté par les États Membres pour le Forum des Ministres de la culture de l’UNESCO, qui doit se tenir en novembre 2019 (le premier de ce genre en 21 ans), est de bon augure pour l’avenir du développement durable axé sur la culture.  « Mettre la culture au cœur du développement est un investissement fondamental », a conclu Mme Roudil.

M. HAMID RASHID, Chef du service recherche et développement du DESA, a présenté le rapport A/74/269 intitulé « Coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire », qui évalue les besoins des pays à revenu intermédiaire en matière de coopération pour le développement.  Ces pays constituent un groupe hétérogène mais sont un moteur de la croissance mondiale, qui accueille la majorité des pauvres du monde, a résumé M. Rashid.  Très variés sur le plan de la superficie, de la population, de la géographie et du patrimoine naturel, ils représentent près d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial et sont d’importants moteurs de la croissance mondiale.  Ils font face à un certain nombre de défis et de risques en matière de développement, liés non seulement à des aspects financiers ou à leur reclassement dans la catégorie des pays à revenu élevé, mais aussi principalement à leurs capacités institutionnelles, sociales et technologiques.

Créer et garantir des conditions favorables à la mise au point, à l’adoption et à l’adaptation de nouvelles technologies, notamment des techniques d’exploitation des énergies renouvelables, des biotechnologies et des technologies numériques, demeure une stratégie de développement essentielle pour les pays à revenu intermédiaire.

Le système des Nations Unies pour le développement coopère activement avec les pays à revenu intermédiaire dans plusieurs domaines afin de progresser considérablement dans la mise en œuvre du Programme 2030, de renforcer et de promouvoir l’évaluation de la pauvreté multidimensionnelle et de favoriser l’innovation technologique et le transfert de technologie.  À cette fin, l’Organisation fournit un appui institutionnel, technique et statistique et un appui au renforcement des capacités aux niveaux national, régional et mondial.

Dans de nombreux pays à revenu intermédiaire, l’enjeu majeur du développement n’est pas uniquement d’ordre financier et ne porte pas simplement sur le fait d’être reclassé dans la catégorie des pays à revenu élevé.  Il s’agit plutôt de renforcer leurs capacités institutionnelles, financières, sociales et technologiques afin de maintenir la croissance et d’éviter de tomber dans le « piège du revenu intermédiaire ».  Les facteurs de croissance ne sont généralement pas les mêmes dans les pays à faible revenu et dans les pays à revenu élevé, ce qui pose des difficultés pour les pays à revenu intermédiaire, qui doivent définir et essayer de nouvelles stratégies de croissance plus efficaces pour éviter ce piège.

Depuis 2010, quelques pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, à savoir l’Argentine, la Fédération de Russie et le Venezuela, ont atteint le statut de pays à revenu élevé, puis sont retombés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, parce que la croissance de leur PIB a faibli, à la suite de la dégradation de la conjoncture économique nationale et internationale.  Ceci montre à quel point les pays à revenu intermédiaire sont vulnérables face aux chocs économiques internes et externes.

Concernant le transfert de technologie, la classification des pays à revenu intermédiaire repose uniquement sur le critère du PIB par habitant et ne tient pas compte d’autres mesures du développement, notamment l’indice de pauvreté multidimensionnelle.  Ceci peut les empêcher d’accéder aux nouvelles technologies et de les importer à des conditions souples et favorables, indispensables pour doper la croissance de la productivité et éviter le « piège » du revenu intermédiaire.  Pour échapper au piège, une transformation structurelle s’impose.  Les technologies de pointe, notamment celles qui touchent à l’exploitation des énergies renouvelables, les biotechnologies et les technologies numériques peuvent offrir de nouvelles possibilités de croissance et accélérer la réalisation des objectifs de développement durable, selon le rapport.

Concernant le commerce international, le volume des échanges assurés par les pays à revenu intermédiaire a diminué en 2018, principalement en raison d’une faible croissance de la demande d’importation de marchandises dans la plupart des pays développés.  Les progrès techniques qui conduisent à l’automatisation des tâches, en particulier pour les emplois manufacturiers, peuvent également menacer le modèle de développement reposant sur l’exportation de biens manufacturés, appliqué dans de nombreux pays à revenu intermédiaire.

Le rapport conclut que le Programme 2030 ne pourra être mené à bien, si les pays à revenu intermédiaire ne sont pas en mesure de réaliser l’ensemble des objectifs de développement durable.  L’environnement économique international actuel présente de nombreux risques pour ces pays: conditions d’accès au marché moins favorables en raison du protectionnisme, risques de démantèlement partiel des chaînes de valeur mondiales, risques de sorties de capitaux et de surendettement, renforcement des restrictions aux flux migratoires.  Soit, plus généralement, l’affaiblissement des engagements internationaux en faveur du multilatéralisme, notamment en matière de l’aide publique au développement (APD) et de la lutte contre les changements climatiques.

Dialogue interactif

La représentante du Mexique a posé une question à la Directrice de la CNUCED: que faire pour que la moitié de la population qui n’a pas accès à Internet ne soit pas laissée pour compte et tire avantage de la transformation numérique?

Sans accès à Internet, on reste en effet un « oublié de la révolution numérique », a répondu la représentante de la CNUCED, Mme Sirimanne, en précisant que la moitié de la population mondiale n’a pas accès à Internet.  Dans les PMA, c’est même 80% de la population qui n’y a pas accès, a-t-elle ajouté.  Nous devons tous œuvrer pour sensibiliser les gouvernements et les partenaires de développement au fait que l’accès aux technologies de l’information et des communications (TIC) est vital, a-t-elle conclu.

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme SAHAR NASSER (État de Palestine) a plaidé pour de nouvelles approches fondées sur la responsabilité et la promesse de garantir l’inclusion et la participation de ceux qui sont le plus en retard pour créer un monde plus inclusif, juste et durable.  « Redoublons de vigueur pour réduire les inégalités grâce au commerce et au développement, pour comprendre la migration et ses effets, et pour mettre le potentiel des TIC au service du bien commun », a exhorté la représentante.  « Nous devons réaffirmer notre engagement à créer un environnement international favorable pour le développement et à trouver les moyens nécessaires de mise en œuvre, notamment dans les domaines de la finance, du commerce international, de la technologie et du renforcement des capacités des pays en développement », a-t-il ajouté.

Il n’y a pas d’alternative au multilatéralisme, a proclamé la déléguée, en soulignant que c’est la pierre angulaire d’une approche renouvelée d’une mondialisation plus inclusive, durable et équitable.  Mme Nasser a souligné la nécessité de mobiliser et d’intensifier le financement pour la science, la technologie et l’innovation, en particulier dans les pays en développement, en appui aux objectifs de développement durable, de respecter et de comprendre la diversité culturelle, et d’améliorer la compréhension interculturelle et le dialogue.  Elle a aussi réitéré que les pays à revenu intermédiaire font face à des défis majeurs pour réaliser les objectifs de développement durable.  Il faut relever les défis des pays qui ont passé le seuil de la catégorie des pays à revenu intermédiaire supérieur mais qui ont encore des vulnérabilités et des retards structurels.

Au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, Mme KIRA CHRISTIANNE D. AZUCENA (Philippines) a déclaré qu’identifier, mesurer et réduire la pauvreté, améliorer l’accès aux services sociaux, renforcer les systèmes de protection sociale et améliorer la durabilité environnementale font partie des défis des pays à revenu intermédiaire.  À cela, elle a ajouté d’autres difficultés liées à la gestion des ressources naturelles, la dépendance aux exportations de produits de base, les effets des catastrophes et des changements climatiques, les dettes et la volatilité des taux de change et des flux de capitaux.  Les dettes de ces pays ont augmenté de 8% par an de 2009 à 2018 et totalisaient, en 2018, les 2 000 milliards de dollars, a-t-elle précisé.

Face à ces défis, la représentante a plaidé pour que les stratégies de coopération ciblées et différenciées visant à promouvoir la croissance économique et à éliminer la pauvreté soient accompagnées d’actions concrètes pour réduire les inégalités et pour autonomiser les femmes, à s’attaquer aux changements climatiques, à réduire les risques de catastrophe, à promouvoir des infrastructures durables, à promouvoir la science, l’innovation ainsi que le partage des technologies et des expériences.  Elle a invité les Nations Unies et les partenaires financiers internationaux à élaborer une façon de mesurer les progrès du développement durable qui soit transparente et qui aille au-delà du revenu par habitant.

La représentante a ensuite encouragé les banques, les institutions financières internationales et les donateurs bilatéraux à inclure des critères d’éligibilité multidimensionnels dans leurs politiques financières.  Le but est d’offrir une assistance plus ponctuelle, échelonnée et progressive, qui s’adapte le mieux à la nature multidimensionnelle du développement durable ainsi qu’aux opportunités et aux défis présentés par les diverses réalités des pays à revenu intermédiaire.  À cet égard, a indiqué la représentante, le Groupe réitère sa demande que le système des Nations Unies pour le développement élabore une stratégie globale et à long terme visant à faciliter le développement durable à travers l’offre d’un appui coordonné aux pays à revenu intermédiaire.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. COSMOS RICHARDSON (Sainte-Lucie) a souligné que les défis de développement des 14 États membres de la CARICOM sont exacerbés par l’environnement mondialisé.  Une croissance économique lente et volatile, de forts taux de chômage, une forte incidence de la pauvreté, des inégalités de revenu et de richesse, l’exigence de durabilité environnementale dans un contexte de forte vulnérabilité aux catastrophes résultant des changements climatiques, autant de facteurs qui continuent d’entraver la mise en œuvre du Programme 2030, a expliqué le représentant.  Les objectifs de développement durable ne pourront être atteints sans ressources engagées à cette fin et il faut combler le fossé entre l’aspiration et la réalisation, a asséné M. Richardson.

Les avantages et les coûts des systèmes mondiaux continuent d’être inégalement répartis et débouchent sur des modèles de développement non durables, a constaté M. Richardson.  Il a donc recommandé de promouvoir une croissance équitable et inclusive et de stimuler l’investissement dans l’infrastructure.  Il faut aussi une meilleure transparence dans les questions fiscales internationales, ce qui requiert une meilleure coopération au niveau mondial.  En conclusion, le représentant de la CARICOM a demandé de ne pas se contenter de paroles creuses mais de chercher à relever véritablement tous les défis internationaux.

M. BURHAN GAFOOR (Singapour), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a noté que la montée des tensions commerciales, le protectionnisme et des actions unilatérales ont renforcé les incertitudes de l’économie mondiale, ralenti la croissance et sapé la confiance placée en l’ONU et d’autres institutions internationales.  Tout cela met en péril notre réalisation collective du Programme 2030, a-t-il affirmé.  L’ASEAN accorde beaucoup d’importance à un système économique ouvert et inclusif, transparent et basée sur les règles, a dit le représentant, en assurant que l’ASEAN a toujours soutenu le multilatéralisme et promu une intégration plus poussée de ses membres et de ses partenaires externes.

Le représentant a également souligné qu’un système commercial multilatéral ouvert et basé sur les règles est un moteur de prospérité et de croissance pour la région et le monde entier.  Il permet, en outre, de sortir des millions de gens de la pauvreté.  M. Gafoor a estimé que malgré ses limites, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) demeure le forum ultime pour tous les pays, développés et en développement, qui travaillent de concert pour bâtir un cadre commercial mondial.  « Maintenant encore plus que jamais, nous avons besoin de plaider contre le protectionnisme et renforcer le système commercial multilatéral », a déclaré le délégué.

Il a ensuite présenté le programme « ASEAN numérique » visant à promouvoir les technologies numériques au sein des populations.  L’une des initiatives phares, à cet effet, est le « Réseau des villes intelligentes de l’ASEAN » qui a été lancé en 2018.  Ainsi, 26 villes de 10 pays vont œuvrer pour l’avènement d’un développement urbain durable.  L’ASEAN entend également établir un guichet unique en mettant en œuvre un mécanisme d’échange des données douanières, alors que dans le même temps, la connectivité est renforcée par la mise en place d’infrastructures durables.  Enfin, l’ASEAN entend poursuivre son soutien en faveur du renforcement du rôle de l’ONU dans la gouvernance mondiale.

Mme ELENA MELNIK (Fédération de Russie) a fait remarquer que les objectifs de développement durable sont indivisibles et multidimensionnels.  Elle a souligné le devoir de la communauté internationale d’utiliser les effets positifs de la mondialisation pour le bien être de toute l’humanité et la réalisation de ces objectifs.  Persuadée que la mondialisation sera le remède aux inégalités, elle a jugé que dans un contexte d’interdépendance, on ne pouvait oublier le rôle des institutions de Bretton Woods, du G20 et de tant d’organisations multilatérales.

Se félicitant que 30 pays à faible revenu soient devenus des pays à revenu intermédiaire ces 30 dernières années, elle a expliqué que les nouvelles technologies et l’ntelligence artificielle pouvaient contribuer à une croissance durable.  La Russie, a-t-elle dit, a pris des mesures concrètes en ce sens, créant des infrastructures pour transférer et stocker les données au bénéfice de la population mondiale.  Dans une ère de changements profonds pour l’économie mondiale, il est nécessaire de créer un espace économique en Eurasie, a-t-elle ensuite affirmé.  La représentante a aussi parlé de ce que fait son pays pour promouvoir la culture au service du développement durable.  En tant que « l’un des pays les plus multinationaux du monde », la Russie soutient le multiculturalisme, notamment en modernisant dans ses villes les « Maisons de la Culture », qui, historiquement, ont servi les échanges culturels en Russie.

Selon Mme SILVANY PASARIBU (Indonésie), la mondialisation a aussi ses revers comme la difficile répartition des biens acquis, compte tenu du manque de transfert de technologie et des TIC.  Les Nations Unies doivent être au cœur des dispositifs pour réaliser les objectifs de développement durable et pour accompagner les transformations, a insisté la représentante.  En ce qui concerne les pays à revenu intermédiaire, qui jouent, selon elle, un rôle de plus en plus actif au niveau international, elle a noté qu’ils créaient des synergies avec les autres pays en développement.  Néanmoins, ces pays se heurtent à des difficultés spécifiques, a expliqué la représentante, qui a appelé à utiliser un classement catégoriel n’ayant pas uniquement le PIB comme critère.  Elle a aussi appelé à la pleine exploitation des TIC dans les pays en développement pour la croissance mondiale et parvenir aux objectifs de développement durable, sans sous-estimer les risques inhérents aux nouvelles technologies, « potentiellement destructrices d’emplois si elles sont mal gérées ».

Pour M. JUAN MIGUEL GONZALEZ PEÑA (Cuba), le multilatéralisme et le rôle des Nations Unies dans la promotion du développement sont plus pertinents que jamais dans un monde de plus en plus interconnecté et interdépendant.  Le représentant a rejeté les actions unilatérales, protectionnistes et excluantes, promues essentiellement par les États-Unis, qui ne défendent que leurs intérêts nationaux et affaiblissent le cadre des institutions multilatérales, au détriment de solutions globales et multilatérales aux défis auxquels l’humanité est confrontée.

Le représentant a déploré le creusement du fossé entre Nord et Sud alors que les ressources pour faire face aux problèmes tels que la pauvreté ou la faim existent.  Malheureusement, c’est la volonté politique qui manque, a-t-il ajouté.  Il a réitéré la nécessité d’un nouvel ordre économique international, fondé notamment sur l’équité, le bénéfice commun et la coopération entre tous les États, un ordre qui corrige les inégalités actuelles et garantisse aux générations présentes et futures un développement économique et social juste.  Il faut que les pays en développement aient accès à la souveraineté technologique et un meilleur accès au financement, à l’investissement, à de meilleures capacités, à l’infrastructure et au transfert de technologie.

Pour M. KHALED MOHAMMED A. ALRAYES (Arabie saoudite), « la culture est l’âme de la vie ».  Les cultures variées sont un vecteur de rapprochement et sont donc un corollaire du développement et de la coexistence, a-t-il insisté.  Ayant foi dans le multiculturalisme, notamment dans le domaine social et économique, le pays intègre la culture comme partie intégrante de sa stratégie de développement et dans ses efforts visant la réalisation des objectifs de développement durable au niveau national.  Se félicitant des riches coutumes et du patrimoine de son pays, le représentant a mentionné la création d’un ministère de la culture, en juin 2018.

Le royaume souhaite créer une société numérique, lancer des activités industrielles de pointe, attirer les investissements et améliorer la compétitivité économique du pays, a-t-il expliqué en précisant que l’Arabie saoudite renforce ses infrastructures, notamment le très haut débit, et améliore la qualité des TIC.  Le représentant a aussi indiqué que l’Arabie saoudite pourvoit aux pèlerins du Hadj, au nombre de trois millions cette année, des services de TIC, à travers l’initiative « pèlerinage intelligent », ainsi qu’une plateforme de réalité virtuelle qui aide les pèlerins à accomplir les rites lors de leur parcours spirituel.

M. MUDASHIRA HUSAIN (Nigéria) a jugé important de renforcer la coopération et de renouveler l’engagement en faveur du multilatéralisme dans le contexte du développement durable.  Le représentant s’est dit préoccupé par la persistance de la fracture technologique entre les régions, les pays et les peuples.  Il a appelé les partenaires de développement à soutenir les pays en développement pour qu’ils parviennent à une société de l’information inclusive et centrée sur l’humain. Plus généralement, il a appelé le système des Nations Unies et les États Membres à renforcer leur coopération en matière de développement avec les pays à revenu intermédiaire afin que ceux-ci puissent attirer les investisseurs et stimuler leurs capacités de production.

En venant aux migrations, M. Husain a dit qu’elles font partie intégrante de la mondialisation et qu’elles contribuent à la croissance.  Si le monde est sincère dans l’engagement de ne laisser personne de côté, il doit réduire les inégalités envers les migrants, a-t-il ajouté.

Mme ALEJANDRA GONZALEZ VARGAS, représentante de la jeunesse du Mexique, a noté avec préoccupation la progression des inégalités due à la mondialisation.  Au sujet des migrations, qui concernent environ 3% de la population mondiale, elle a réaffirmé l’appui du Mexique au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, et condamné fermement les discours de haine et de xénophobie ainsi que les actes de violence qui en résultent.  Il faut respecter les cultures d’origine, et la mondialisation doit valoriser leur contribution au développement durable, a estimé la jeune déléguée.

Quant aux TIC, l’Institut mexicain de la jeunesse a lancé un programme pour donner aux jeunes les connaissances et compétences exigées sur le marché du travail.  Le Mexique est favorable à un système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, juste et transparent dans le cadre de l’OMC.  Il est préoccupé par les tendances à la fuite de capitaux, le protectionnisme unilatéral, le démantèlement partiel de chaînes de valeur mondiales, les restrictions migratoires et l’affaiblissement des engagements multilatéraux.

Mme PAVEENA SUTTHISRIPOK (Thaïlande) a noté que si les pays à revenu intermédiaire ont bénéficié de la mondialisation à travers une expansion économique robuste et plusieurs opportunités, ils ont, dans le même temps, fait face à des inégalités multidimensionnelles qui sapent leur croissance à long terme.  C’est dans l’optique de sortir du piège du revenu intermédiaire que la Thaïlande a lancé la politique « Thaïlande 4.0 » afin de transformer son économie en une économie fondée sur la connaissance et la valeur, une économie guidée par des technologies et une innovation qui soient écologiquement viables.  Au cœur de cette politique se trouve l’ambition de développement des ressources humaines du pays.  C’est pourquoi la Thaïlande consacre la plus grande part de son budget à l’éducation de qualité pour tous.  La scolarité est gratuite pendant 15 ans, de la maternelle au secondaire, y compris pour les enfants de migrants, a affirmé Mme Sutthisripok.  Pour préparer cette ressource humaine à la quatrième révolution technologique, les autorités ont, en outre, mis l’accent sur la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques.

M. LI GEN (Chine) a remarqué que si, du fait de la mondialisation, les habitants du monde sont plus connectés que jamais, l’inégalité entre riches et pauvres ne fait que s’accroître.  Cela se fait ressentir dans les pays à revenu intermédiaire, qui subissent aussi les changements climatiques et le protectionnisme de certains pays, a-t-il relevé.  Le représentant a réaffirmé l’attachement de la Chine aux efforts de développement, estimant notamment que ce n’est qu’avec le développement que l’on pourra s’attaquer aux causes profondes des conflits.  Il a plaidé pour un consensus mondial et des résultats concrets, donnant l’exemple de ce qu’a fait son pays en reliant des villes de 16 pays d’Asie-Pacifique par voie ferrée.  De plus, ces forums attirent des entreprises du monde entier, s’est enorgueilli le représentant. La Chine, a-t-il assuré, ouvre son marché pour que le monde puisse en tirer parti.  En conclusion, il a défendu une mondialisation ouverte et bénéfique à tous.

M. MAHESH KUMAR (Inde) a préconisé de prendre des mesures pour inverser les tendances « antimondialisation ».  Il faut, a-t-il ainsi recommandé, un multilatéralisme collaboratif et effectif pour gérer les opportunités et les enjeux auxquels le monde fait face collectivement.  La gouvernance mondiale doit refléter les réalités actuelles, a-t-il ajouté, avant d’appeler à créer un environnement économique favorable et un système commercial équitable pour pouvoir réaliser pleinement le potentiel de la mondialisation.  Il nous faut aussi réduire le fossé numérique pour que la quatrième révolution industrielle soit inclusive.  Des changements transformateurs sont nécessaires pour mettre en œuvre le Programme 2030 et réaliser les objectifs de développement durable, a conclu le représentant, qui a appelé l’ONU à organiser des discussions sur les systèmes de valeurs devant guider les efforts dans les domaines liés à la mondialisation.

Mme AYSHA ALMENHALI (Émirats arabes unis) a déclaré que 2019 avait été nommé « Année internationale de la tolérance » aux Émirats arabes unis.  Convaincus de l’importance d’un partenariat efficace aux niveaux régional et international pour réaliser le Programme 2030, les Émirats défendent des valeurs qui rejettent la violence et l’extrémisme, et s’attachent à préserver les sites religieux historiques.  La représentante a vanté l’ouverture d’esprit de son pays et a fait valoir qu’il rénove des minarets et des églises en zones de conflit.

Engagés dans les TIC, les Émirats veulent renforcer les initiatives dans le domaine de la révolution technologique, le tout sans que personne ne soit laissé de côté.  Ils travaillent actuellement sur un projet de satellite collaboratif en partenariat avec d’autres États arabes, premier projet du genre, a signalé la représentante.  Enfin, elle a dit que son pays allait organiser une exposition en 2020 sur l’intelligence artificielle, avec la participation de 4 000 décideurs, dirigeants et groupes de réflexion.

Selon Mme OUMIA PABA SALE (Cameroun), pour tirer pleinement parti du potentiel de la mondialisation, il faudra relever les défis qui se posent en termes d’immigration, de réduction des inégalités, de paix et sécurité.  Reconnaissant que la mondialisation pourrait être un levier pour l’éradication de la pauvreté mais, la représentante a prévenu qu’il faudrait faire preuve d’audace en réformant pour de bon l’architecture de la gouvernance mondiale avec un système commercial multilatéral actualisé, renforcé, ouvert, transparent et équitable, dans le cadre des règles de l’OMC.

Le Cameroun, qui soutient le Pacte de Marrakech, note avec satisfaction que la pénétration rapide des technologies mobiles contribue à créer des emplois, à réduire la faim et à rendre le monde plus durable.  C’est pourquoi il plaide pour la mise en œuvre d’infrastructures numériques abordables dans les pays en développement.  L’informatique en nuage, les réseaux sociaux, les cyberattaques mettent à rude épreuve les réglementations nationales, a-t-elle cependant noté.  C’est pourquoi le Cameroun a exhorté la communauté internationale à se pencher sur les questions de la cybersécurité dans tous les pays, y compris les pays en développement.  Enfin, Mme Paba Sale a condamné les flux financiers illicites, la propagation des « fake news », la criminalité transnationale et la circulation des déchets polluants.  Elle a réaffirmé sa volonté de refonte du système des Nations Unies pour le développement, conformément à la résolution des Nations Unies A/72/279.

M. KALDEN DORJI (Bhoutan) a dit que, malgré les bénéfices de la mondialisation, il est inquiétant de voir le fossé qui ne cesse de s’agrandir entre les possibilités qu’elle offre et les gains réels pour des millions de gens pris dans « le piège de la pauvreté, de la peur, de l’anxiété et du désespoir » à cause des conséquences négatives du phénomène.  Il faut donc au plus vite adopter de nouvelles approches qui s’appuient sur les impératifs du partage des responsabilités et de la promesse de ne laisser personne à la traîne, a recommandé M. Dorji, en demandant à l’ONU de jouer les premiers rôles.  Le représentant a expliqué que les défis auxquels le monde fait face sont nombreux et multidimensionnels, ce qui les rend difficiles à régler par un seul État.  Paradoxalement, il a souligné que le multilatéralisme est remis en cause alors même qu’on en a le plus besoin en ce moment.

Guidé par la philosophie du bonheur national brut, le Bhoutan a toujours fait attention à préserver l’équilibre entre la croissance économique, le développement social, la durabilité environnementale et la préservation culturelle, a dit le représentant.  Il a insisté sur le rôle de la culture dans la perspective de réaliser un développement qui soit durable et pour contrecarrer les effets déstabilisants de la mondialisation.

M. WADE HENCKERT (Namibie) a déploré l’accession de son pays à la catégorie des pays à revenu intermédiaire « qui est utilisée pour lui refuser des financements concessionnels nécessaires pour son développement ».  Le représentant a demandé la révision des critères utilisés pour classifier les pays en recourant à ceux utilisés par le Comité des politiques de développement qui sont le revenu, l’indice du capital humain, et l’indice de vulnérabilité économique.  Il a fait savoir que les changements climatiques ont un effet déterminant sur la productivité en Namibie, et que cela affecte donc sa vulnérabilité économique.

Les pays vulnérables aux changements climatiques ont besoin de financement pour atténuer les impacts et développer leurs capacités d’adaptation, a-t-il ajouté.  M. Henckert a demandé aux partenaires de développement d’intensifier les efforts et de respecter leurs engagements en matière de financement climatique, conformément à l’Accord de Paris sur le climat et le principe des responsabilités communes mais différenciées.  Il a souligné la nécessité de soutenir le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour la neutralité en matière de la dégradation des terres.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a annoncé que son pays avait créé un secrétariat à l’innovation, qui concentrera son travail sur la modernisation de l’État, la formation de personnel ainsi que la mise en place de politiques mettant l’accent sur le développement et l’innovation.  Il est également en train d’élaborer un programme pour la transformation numérique du pays sur les 10 prochaines années, qui est nécessaire à la compétitivité dans le cadre de la quatrième révolution industrielle.  En outre, El Salvador souhaite que l’utilisation des technologies se transforme aussi en moyen de réduire les inégalités.  À cet égard, la représentante a souligné l’importance de la coopération internationale et du transfert de technologie orienté vers des résultats concrets et centrés sur les personnes en matière de développement durable.

À propos de coopération, elle a fait part de sa préoccupation quant à la classification des pays par groupe de revenu, qui est basée sur le seul indicateur de revenu par habitant, sans tenir compte d’autres éléments tels que les inégalités sociales et les vulnérabilités territoriales ou les changements climatiques.  En effet, si les pays à revenu intermédiaire tels que El Salvador ont fait des progrès économiques, ils restent confrontés à d’autres défis spécifiques pour lesquels la coopération internationale peut jouer un grand rôle.

Mme PRATHAMA UPRETY (Népal) a noté qu’il y a un déséquilibre dans le partage des bénéfices de la mondialisation au sein et entre les nations.  Elle a noté que les deux catalyseurs majeurs de la mondialisation, le commerce et la technologie, connaissent des moments particuliers de nos jours.  Ainsi, nous vivons des tensions commerciales entre les plus grandes économies au monde, ce qui crée des incertitudes et perturbe les chaînes de valeurs, a-t-elle constaté.  Dans un monde interconnecté, a-t-elle relevé, une telle situation a des ramifications à grande échelle.

En ce qui concerne les technologies, les bénéfices de celles-ci ne vont pas à tous de manière équitable, a regretté Mme Uprety.  Alors que la fracture numérique s’accroît, les pays en développement, notamment les PMA, n’arrivent pas à s’adapter aux nouveaux modes de production et de consommation.  Il faut donc des réformes de la gouvernance mondiale et de l’architecture financière internationale de toute urgence, afin de faire que la mondialisation soit véritablement globale, a plaidé la représentante.  Parmi les mesures avancées par le Népal, elle a cité le transfert de technologie en faveur des pays en développement, les investissements dans des infrastructures de connectivité telles que les routes, les voies ferrées, les voies fluviales et les réseaux de transmission.  La déléguée a terminé son propos en affirmant que la mobilité des personnes est un aspect crucial de la mondialisation, et c’est également un courant majeur de notre temps.

Mgr FREDRICK HANSON, observateur du Saint-Siège, a cité le pape François pour qui « la dimension globale doit être prise en compte sans jamais perdre de vue le niveau local ».  Pour parvenir à un tel équilibre, la mondialisation doit s’appuyer sur la dignité inhérente à chaque personne et sur la reconnaissance de la solidarité nécessaire et réelle entre les individus et les peuples, a poursuivi l’observateur.  D’autre part, a-t-il ajouté, la mondialisation est nuisible lorsqu’elle se manifeste, par exemple, par des actions unilatérales en réponse à des défis internationaux, des politiques partisanes ou nationalistes étroites qui excluent et aliènent, la domination du puissant sur le faible, ou encore l’imposition de la volonté et des idéologies des nantis sur ceux qui sont démunis.

Le fait de ne pas reconnaître que la communauté internationale est une famille de nations partageant un même destin et une maison commune est au cœur des nombreux défis auxquels le multilatéralisme est confronté aujourd’hui, a expliqué le représentant, en soulignant que les conséquences les plus dévastatrices de cette mondialisation négative se font sentir dans les pays les plus défavorisés et dans les secteurs de population les plus faibles.  Il a donc prôné une coopération multilatérale plus efficace pour faire face à ces impacts négatifs et promouvoir le bien commun de tous dans un monde encore plus interconnecté.

Pour Mme CLAUDIA LINKE-HEEP, de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), mettre en perspective les opportunités résultant de la quatrième révolution industrielle est important pour les pays à revenu intermédiaire car cela renforcerait leurs capacités institutionnelles, financières et technologiques à soutenir la croissance et à éviter le « piège du revenu intermédiaire ».  L’industrialisation inclusive et durable est essentielle pour aider ces pays à dépasser leurs propres problèmes, dont la modernisation industrielle, a expliqué la représentante.

L’ONUDI soutient cette catégorie de pays dans trois domaines fondamentaux.  Elle les aide à surmonter la fracture technologique entre pays développés et pays en développement par le transfert et l’adaptation de nouvelles technologies au niveau multisectoriel.  Deuxièmement, elle encourage le capital humain en élargissant les plateformes visant à renforcer le développement de compétences industrielles, en particulier pour les jeunes et les femmes.  Troisièmement, elle aide les pays à revenu intermédiaire à réaliser une transformation industrielle verte par la mise en place de technologie bas-carbone et de système circulaires, l’adoption d’une gestion des déchets circulaire et des modèles d’affaires fondés sur les complémentarités et les synergies propices à renforcer la productivité.   Garantir le développement industriel inclusif et durable contribue à réduire les inégalités entre et au sein des pays, a assuré la représentante.

 

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